| par Invité Jeu 13 Nov - 19:21
| « Ils m’aiment, me sentent, me veulent, ma chaire est délicieuse, ils s’en délectent et l’a partagent, l’envoyant d’un bout à l’autre de l’abysse. Ils me veulent, ils m’appellent, ils sentent ma peine et cherchent à me consoler. Ils ne peuvent m’abandonner, je ne peux les oublier, ils m’aiment ! Cette absence totale de chaleur me brûle le cœur, je sens leurs langues, ils me goutent et me portent en haute estime. Oui, mon sang est le meilleur des vins, il s’échappe de mes veines, remplissant leurs coupes dont ils s’enivrent. J’aime les entendre rirent, ils s’amusent, m’observent et m’enchantent. Eux seuls me rendent heureuse. Malheureusement, le festin est terminé, mes os restent étaler sur cette immense table sans pieds. Mon crâne se perd parmi les côtes fêlées de mes prédécesseurs, je ne disparaîtrais pas, je serais simplement perdu, spectatrice décharnée, je me contente de les admirer. Consolé par mon incapacité à pouvoir les applaudir, je comprends tout. Ignorée, méprisée, oubliée, voilà pourquoi ils m’aiment, me veulent, me goûtent puis me crachent.» Danaliel s’était laissé foudroyer par le changement radical du bonhomme, s’il n’y avait pas quelque chose qui clochait autant lui dire. Non mais sans blague, ça ressemblait à quoi cette histoire ? Il lui proposait de venir, en sachant pertinemment qu’ils devaient bouger. Si ça ne ressemblait pas à un plan sournois, alors qu’est-ce que c’était ? Peut être était-il un peu trop à cran, il avait passé les derniers jours à fouiller plusieurs quartiers de la ville. Se basant sur ce qu’il savait de Nahelle, pour fouiller les endroits lui convenant le mieux. Jusqu’à ce qu’ils réalisent après avoir disparu trois fois, qu’il n’était jamais entré dans la prison. Un déclic simple qui lui permit de retrouver son corps. Bref, il était fatigué, étrange de dire ça pour un esprit, mais ses nerfs allaient céder d’une minute à l’autre. Heureusement qu’il avait pu frapper Nahelle assez librement, fallait admettre qu’il ne connaissait pas de meilleur méthode. La cigarette, au bout de troisième ça énervait plus qu’autre chose. Puis, ce n’est pas qu’elle était lourde, mais les femmes étaient toujours un problème à transporter. Danaliel ne savait jamais quand les porter, lorsqu’il les portait à bout de bras, il les sentait toujours se coller contre lui. Pareil pour le dos, la seule position fiable était de les porter sur son épaule, ce qui compliquait pas mal de choses. N’ayant pas la stature d’un terminator, il s’obligeait à plier leur hanche contre son épaule. Bref, le trajet fut un véritable supplice de paranoïaque consciencieux. En y repensant il venait de la torturer alors pourquoi s’emmerder ? « Un flou terrible embrassait ma vision, je ne peux plus respirer, je me sens partir. Ils ont mal, ils semblent outrés. Beaucoup hurlent à nous en fendre les os, ils pleurent, c’est normale. Leurs griffes charnues viennent frapper la pile dans laquelle je me trouvais, je sens mon corps se volatiliser. S’éparpillant au-delà des limites du néant, je ne suis plus. Je le sais, l’existence même est une simple blague nul part, je ne vois rien, ne comprends rien et je ne les entends plus. Pourtant, je la sens en moi, cette chaleur qui me consume, je ne peux saigner, pourtant je sens mes forces s’en aller. Ils sont restés là bas, que puis-je y faire ? Je les rejoindrais plus tard. Quelque chose semble profaner cette flamme sacrée, elle m’habite, joue et se rie de moi. Elle me hait, me méprise, me frappe et m’épuise. Je n’en peux plus, elle suinte la haine, je regrette tellement ce qu’elle me murmure. Je sens ses dents se refermer sur mon feu, elle l’éprouve lui aussi, elle pourrait l’éteindre, souffler dessus,se contenter de me noyer là ou nul n’est. Il n’en est rien, se contentant d’en absorber une partie, agrandissant l’emprise de ce froid infâme qui me pétrifie, je fonds entre ses crocs et remercie l’enfer pour avoir assécher mes yeux. »
Ils étaient désormais l’un devant l’autre, se tenant dans cette modeste chambre avec une femme couverte de sang reposant sur un lit qu’il espérait confortable. Danaliel n’avait pas encore décidé d’allumer une cigarette, par prudence il se tenait tout de même à côté de la fenêtre. Ouvrant cette dernière sans faire de bruit, il demanda en murmurant, ne désirant pas attirer l’attention des voisins, le zombi se contenta d’allumer une petite lampe qu’il déposa sur le sol. Gardant un œil sur son prétendu ami, ainsi que sur l’extérieur du bâtiment, sait-on jamais. Il en avait marre des traquenards et compagnie, à chaque fois il était obligé de se battre. A croire qu’il attirait les excités, bon il aimait bien taper dessus. Mais là Nahelle était blessée, certes s’était de sa faute, mais elle était aussi responsable pour s’être comportée comme une conne pendant plus de deux mois. Plus il analysait la situation, plus il se rendait compte à quel point la vérité l’obsédait. Penser qu’en moins d’une une minute, une femme aurait bouleversé ses projets. Un soupir las lui échappa : « Natsume, je ne te fais pas confiance alors mesure chacun de tes mots. Le seul et unique moyen logique pour que tu comprennes nôtre position de fugitif est… »Nahelle sembla gémir, tremblant comme si elle s’était retrouvée emballée dans un bout de carton au milieu de la neige. Ne pouvant réellement lui offrir de chaleur avec son manteau, Danaliel s’évertua à étendre la couverture au dessus d’elle. Laissant sa supposition en suspend, le zombi reprit, tout en tirant la couverture : « Mais je t’en pris, rends moi nos souvenirs, je suis impatient de retrouver l’un de mes amis. " |
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