Miroir visuel [ PV: Natsume Kageya]

17h30: La fin des cours.

Profitant de l'inattention de l'infirmière scolaire, un jeune homme quitta la salle de repos sur la pointe des pieds pour se mêler à la masse grandissante des étudiants en marche vers un nouveau weekend rempli de festivités en tout genre. Après avoir essuyé les boutades de ses camarades de promo sur sa disparition soudaine lors du second cours de l'après midi, Natsume les quitta, le sourire aux lèvres. Ses fréquentes visites à l'infirmerie lui causaient plus de tort qu'il ne l'aurait souhaité. A croire que cela les amusaient de le taquiner au sujet de l'infirmière. Elle n'avait, à ses yeux, aucun charme qui aurait attisé sa curiosité. Comme il ne voulait pas rentrer chez lui, retrouver ce studio vide et silencieux à vous glacer le sang, il préféra flâner en ville. Il n'avait rien à craindre en plein jour. Les rues étaient animées et sécurisantes ou presque. Et puis la douleur à la poitrine qui l'avait terrassé quelques heures plus tôt s'était estompée, du moins pour le moment. Pourquoi ne pas en profiter ? Il réajusta la lanière de son sac sur son épaule droite et commença sa balade.

Natsume n'avait que peu d'intérêt pour le shopping, n'achetant que le strict nécessaire, ses rares folies se résumant à des ouvrages littéraires ou scientifiques quand l'occasion se présentait. Il ignora alors les magasins alimentaires ou de vêtements qui bordaient les rues, déçu de ne pas découvrir une nouvelle librairie au coin d'une des nombreuses ruelles qui rejoignaient l'avenue commerçante. Le jeune homme les avait toutes fouillées minutieusement, en vain. Il ne trouvait pas de réponses à ses questions et cela le déprimait. Il prit une grande inspiration et, tandis qu'il s'apprêtait à revenir sur ses pas, vers le quartier où il résidait, il aperçut un parc. Cela lui rappela des souvenirs. Ses parents et lui allaient souvent manger sur l'herbe quand le soleil acceptait de partager ses rayons chaleureux avec eux. Il chassa la nostalgie de son coeur. Il n'avait pas besoin de ce genre de sentiment. S'il se montrait faible, cela le perdrait.
Il poursuivit donc son chemin, se dirigeant droit vers le parc. A cette heure de la journée, bon nombre de bancs étaient occupés, soit par des étudiants peu désireux de rentrer chez eux, soit par des parents en sortie avec leurs enfants. Le garçon se dit qu'à défaut de dénicher un banc libre, il rentrerait chez lui. Heureusement, il lui restait une dernière carte à jouer. Il s'approcha du grand saule pleureur, sans prendre la peine de dissimuler sa présence.

Surpris et désorienté, Natsume ne répondit pas toute de suite. D'ordinaire, personne n'occupait ce banc, totalement à l'ombre à cause de l'arbre qui le surplombait. Les branches du saule avaient dissimulé en traître la personne qui s'y trouvait, prenant l'étudiant au dépourvu. A l'intonation de la voix, le garçon devina qu'il s'agissait d'une jeune femme. Elle semblait nerveuse.

Tout en parlant, il se pencha légèrement sur le côté pour tenter de l'apercevoir, hésitant à s'approcher davantage. Sa voix lui était vaguement familière. Où l'avait-il entendu ? A l'université ? Sa propre réflexion lui parut stupide. Il y avait tellement de personnes, d'étudiants là-bas qu'il s'avançait un peu trop en pensant avoir reconnu l'une d'entre elles.

Le feuillage de l'arbre était trop dense pour y décerner quoique ce soit. Natsume n'était pas certain de l'identité de la jeune femme, le fait d'avoir crû reconnaitre sa voix n'était peut-être que le fruit de son imagination. Elle avait tendance à un peu trop s'exprimer depuis sa sortie du coma... Il hésita à venir à sa rencontre. Ce n'était pas dans ses habitudes et puis il avait mieux à faire que de discuter avec des inconnus. Alors qu'il s'apprêtait à tourner les talons, la voix féminine se fit de nouveau entendre, plus sereinement cette fois-ci.

Sans savoir qu'il était l'objet d'une foule de questions, il se retourna vers le banc. Sa curiosité était piquée au vif. Il avait beau reconnaitre ses limites et l'absurdité d'un tel engouement, il ne pouvait se défaire de la certitude d'avoir déjà entendu cette voix. Il voulut la questionner davantage mais ne savait trop comment s'y prendre. Les relations humaines n'étaient pas son fort. Il laissa un silence planer, espérant secrètement qu'elle reprenne la parole mais lorsque ce fut le cas, ses mots le déstabilisèrent à nouveau.

Indélicat peut-être mais c'était réellement direct comme approche ! Passée sa surprise et sa gêne, Natsume se dit que c'était l'occasion d'en savoir davantage sur cette inconnue décidément très mystérieuse. Il ne savait pas si le décors jouait en sa faveur ou non mais cela rendait l'ambiance étrange. A défaut d'avoir un prétexte pour ne rien lui répondre, il décida de se livrer. Ce n'était pas grand chose à ses yeux. Une simple vie d'étudiant.

Il avait, en réalité, peu de lieux à lui communiquer. Oui il passait du temps à l'université mais il sèchait aussi régulièrement depuis peu, ce qui ne faisait pas de lui un étudiant très présent. Son quartier ? La ville était grande, peu de chance qu'ils se soient croisés. Ou peut-être avait-elle un jour commandé une pizza -une envie toute à fait normale en soi- et qu'elle était tombée sur lui par hasard ? Dans ce cas, c'était encore plus improbable qu'il eut reconnu sa voix. Il entendait tellement de clients en une journée... Alors qu'il parlait, il remarqua une fente s'ouvrir entre les feuilles. Cette entreprise le fit sourire une nouvelle fois. Elle l'amusait. Mais son sourire s'estompa bien vite quand il entre-aperçut le visage de son interlocutrice. Tout comme elle, il fut surpris de la couleur de ses cheveux et de ses yeux. Une telle personne... Il se serait souvenu de son visage. Ce n'était pas le genre de caractéristiques à passer inaperçues !

Il se doutait que sa réponse ne pourrait pas la satisfaire. Lui-même la trouvait vraiment minable. Il contourna silencieusement le saule pleureur avant d'apparaitre devant elle. Son expression le surprit mais il ne le montra pas. Il comprenait parfaitement le fait qu'elle fut tout aussi surprise que lui. Le garçon s'efforça de se montrer sympathique et lui adressa un sourire gêné.

Pendant qu'il se présentait à elle, Natsume remarqua que l'expression de son interlocutrice avait changé. Elle arborait maintenant un drôle de sourire et le jeune homme se demanda un instant si elle avait seulement conscience de l'effet qu'il provoquait sur l'ensemble de son visage. Il se retint à grand peine de rire et l'écouta avec toute l'attention dont il était capable dans cet état.

Pendant une fraction de seconde, il lui avait semblé qu'elle avait hésité à lui révéler son nom. Pourquoi autant d'hésitation ? Etait-il aussi intimidant que cela ? Certainement pas. Il reconnaissait son manque de sociabilité envers les autres mais il avait fait d'énormes efforts pour entretenir un semblant de conversation avec cette jeune femme. Alors pourquoi avait-elle hésité ? Comme si elle butait sur son propre nom, c'était étrange, peu importe l'angle sous lequel on envisageait le problème. Pourtant, elle replaça son bras sur le banc comme si de rien n'était et poursuivit la conversation sans lui laisser le temps de repenser à cet incident.

Il se rappela soudain qu'elle lui avait annonçé être elle aussi étudiante. Cela renforçait ses soupçons. Il avait certainement dû la croiser à l'université sans croiser son regard de braise d'où son étonnement quand il avait découvert ses traits du visage si similaires aux siens. Et voilà maintenant qu'elle s'intéressait à ses études. Pour quelqu'un dont il venait à peine de faire la connaissance, elle n'avait pas la curiosité dans sa poche c'était le cas de le dire ! Enfin, il fallait bien commencer par quelque chose. Tôt ou tard, il aurait eu à parler de sa banale vie d'étudiant. Presque banale si l'on excluait quelques détails comme le fait de sa possession... Il décida de jouer à son jeu de questions-réponses, sans lui révéler trop de choses sur sa situation actuelle.

Le jeune homme s'étonna lui-même du caractère désinvolte de sa requête. La chaleur déclinante des derniers rayons de soleil l'avait informé que l'astre solaire entamait les quelques heures qui le séparait de l'apparition de son double lunaire. Les bancs autour d'eux se libéraient les uns après les autres, il aurait sans douté été plus normal d'interrompre cette conversation qui ressemblait davantage à un interrogatoire, et de choisir un autre siège pour admirer le coucher du soleil. Pourtant, elle n'émit pas d'objection et s'écarta légèrement pour lui laisser de la place. Son silence dérangea le garçon. Il avait essayé de se montrer agréable et d'agir comme un étudiant normal malgré sa situation mais il n'avait réussit qu'à la mettre encore plus mal à l'aise qu'avant, si c'était possible... Il s'en voulut de s'être montré trop intrusif mais tourner les talons à ce moment là aurait définitivement ruiné le tableau. Il s'avança vers le banc, s'efforçant de ne pas croiser son regard -sinon il se serait certainement excusé avant de partir en courant dans la direction opposé-, ôta la lanière noire de son épaule et posa négligemment le sac sur le sol, à peine soutenu par l'un des pieds du banc. Il s'assit à ses côtés, prenant appui sur le dossier du banc, les bras dans le vide derrière ce dernier. De cette façon, il se retrouvait plus bas qu'elle et il espérait que cela la détendrait un petit peu, de ne pas se savoir épiée par quelqu'un qui était son double opposé.

Il ne savait pas comment débuter son discours. Il ne trouvait que peu d'intérêt à sa vie alors la conter à quelqu'un d'autre... Il réfléchit un instant et reprit:

Tout en parlant, il laissa son regard dériver sur le parc qui se vidait peu à peu. Il se demanda un instant ce que les gens pouvaient penser d'eux. Ils se ressemblaient vraiment beaucoup, peut-être penseraient-ils à une soeur et son frère ? Cela le fit sourire malgré lui. Il était fils unique et n'aurait plus jamais l'occasion d'avoir un petit frère ou une petite soeur. Il ne se déstabilisa pas pour autant et poursuivit:

Il ne préféra pas développer sur le véritable motif de ses absences répétées. Entre ses recherches personnelles et ses douleurs à répétition, il fréquentait plus l'infirmerie que les salles de classe quand il prenait la peine de se présenter à l'université. Heureusement pour lui, ses notes n'en pâtissaient pas et il parvenait toujours à s'arranger avec ses professeurs. Il lui jeta un coup d'oeil discret.

Sur ses derniers mots, son interlocutrice laissa échapper un petit rire. Enfin, elle avait ri. Natsume le vécut comme une première victoire. Il ne voulait pas se montrer grossier ou ennuyeux, surtout envers une jeune femme aussi intriguante. La crainte de l'importuner s'envola avec le son cristallin de la voix de la demoiselle. Sur le moment, il se demanda si s'être présenté comme un étudiant en deuxième année de psychologie sonnait vrai. Cela faisait-il un peu pompeux ? Il ne savait qu'en penser. Là encore, l'expérience lui faisait défaut. Il n'avait pas l'habitude d'en parler autour de lui. Pas de famille à qui se confier et entre collègues on avait d'autres sujets de préoccupations que le parcours scolaire d'autrui. Pour en venir à livrer des pizzas, le niveau de diplôme importait peu et cela ne creusait pas les inégalités entre salariés. Heureusement, elle reprit à sa suite, coupant court à ses réflexions personnelles:

Ainsi, elle était également étudiante, et ce, en science. Le jeune homme se revit à l'entrée de l'université, deux ans en arrière. Son intérêt pour la psychologie n'était pas encore bien défini et il avait longuement hésité entre les différentes sections. Contrairement à ses camarades, il ne se projetait pas dans l'avenir avec autant d'entrain. Il se savait confronté à quelque chose qu'eux-même n'auraient le malheur de connaitre. Dans un sens, il les enviaient mais regrettait leur manque de maturité. Avec la tombée de la nuit, le parc s'était entièrement vidé. Ils ne restaient plus qu'eux deux, semblables à un miroir inversé. Soudain il prit conscience de son erreur. Il avait trop tardé. Avec l'obscurité, ses migraines allaient revenir à l'assaut et empirer. Mais ce n'était que la partie émergeante de l'iceberg. Bientôt, il allait devoir faire face aux attaques répétées de la Darkness en lui. Il ne voulait pas impliquer Djenna dans ses problèmes...Il lui fallait partir au plus vite. S'excuser et...

Inconsciemment, il se raidit. Des problèmes ? Pas vraiment. Ils n'étaient certes pas très intéressants pour la plupart mais hormis ses problèmes de santé, il n'avait pas de raison de sécher les cours. Mais il voulait éviter ce sujet là en particulier.

Il chercha désespérement une réponse, un argument qui pourrait la convaincre tout en crédible à ses oreilles. Devait-il aborder son job à mi-temps ? C'était inapproprié mais il n'avait que cette idée pour le moment.

Cela lui avait échappé. Il ne s'attendait pas du tout à une telle réflexion, pensant avoir gagné la sympathie de son interlocutrice. Dans son élan, le jeune homme s'était retourné vers elle, élevant son regard jusqu'au sien. Il reconsidéra son attitude envers elle et tenta de se rattraper avec maladresse.

Il était sincère mais il se demanda combien de temps il pourrait encore rester avec elle. Maintenant qu'il avait affirmé qu'il appréciait la jeune femme, il ne pouvait pas partir précipitament. Il regretta de ne pas travailler ce soir, cela lui aurait donné une excuse de choix. Il se contenta de répondre à sa première question.

Voilà qui était dit. Il espéra secrètement que ce demi-mensonge lui sauverait la mise.

Entendre que l'opinion de la jeune femme rejoignait le sien, détendit Natsume. Son mensonge avait fonctionné, même si cela ne le réjouissait qu'à moitié. Il avait pris l'habitude de mentir pour échapper à l'horrible vérité qui s'imposait à lui et surtout pour n'impliquer personne dans ses problèmes. Mais plus le temps passait, plus il détestait avoir recours à ce procédé. Etait-ce donc si difficile de se montrer franc et honnète ? Peut-être bien... Il chassa ses sombres pensées pour reporter son attention sur les propos de Djenna.

A ces mots, l'ombre d'un sourire flotta sur les lèvres du garçon. Le compliment lui fit plaisir. Mais Djenna n'imaginait pas un seul instant ce qui se cachait derrière le terme de projet aux yeux de Natsume. Pour ce dernier, les études arrivaient au second plan, son objectif principal étant bien plus préoccupant. Comme cela était ironique. Voilà à présent qu'elle l'encourageait pour quelque chose dont elle n'avait pas la moindre idée de ce que cela représentait en réalité. Sans doute était-ce mieux ainsi après tout. Il l'écouta poursuivre et lui retourna son sourire de manière plus affirmée cette fois. Il la remercia poliment pour ses compliments et lui confirma que ce serait un plaisir pour lui que de la revoir lors de leurs pauses communes. Son soucis de l'heure revint à la charge. Comment s'éclipser sans ternir son image de gentleman ??

Il n'en revenait pas. Lisait-elle dans ses pensées ? Non c'était absurde, sinon elle aurait depuis longtemps abrégé la conversation entre eux. Et elle ne lui aurait certainement pas proposé de la revoir. Son sourire s'élargit. Il était amplement satisfait par une telle proposition et il la rejoignit en quelques pas, le temps d'attraper son sac au passage puis il la remercia pour les branches, remerciements qu'elle balaya d'un nouveau sourire. Ils remontèrent lentement les allées du parc, simplement éclairés par la douce lueur de la lune qui apparaissait soudainement entre deux nuages. Ils parlèrent de choses et d'autres, la plupart concernaient l'université et ses anecdoctes croustillantes, ce qui les fit bien rire. Il ne leur fallut pas longtemps pour se mettre à critiquer certains de leurs professeurs respectifs. Hormis leurs ressemblances physiques, on aurait pû penser à deux amis rentrant ensemble.

Gêné par ses propres réflexions, il évita le regard de Djenna pendant un court instant. C'était bien le moment de penser à ce genre de chose. Il ne la connaissait qu'à peine et cela devait certainement la perturber davantage que lui. Pour retourner la situation à son avantage, il lui proposa de la raccompagner jusqu'à chez elle. Il se faisait tard et les rues n'étaient pas sûres la nuit. Etre à plusieurs découragerait peut-être un éventuel tueur rôdant dans l'obscurité ? L'obscurité... Un frisson le parcourut. Pourtant il n'y avait pas de vent. Quelque chose cognait dans sa poitrine. La tête lui tournait. Il se rapprocha soudain de la jeune femme, la tête légèrement inclinée vers elle. Il savoura un instant l'odeur que dégageait sa nuque avant de lui murmurer tout contre l'oreille:

Le coup partit dans l'instant. La jeune femme pivota sur elle-même et le gifla avec force. Le garçon ne chercha pas à éviter la claque mais elle le sonna et lui rendit ses esprits. Interdit, il la regarda, incapable de dire quoique ce soit. Il n'avait pas perçut ce que la Darkness avait vu en Djenna mais les mots qu'elle avait prononcé de sa bouche même l'horrifiait.

Natsume était désemparé face à la réaction de la jeune femme. Il ne voulait pas en arriver là... Lui qui avait presque réussi à sympathiser avec elle et s'en faire une amie, une alliée. Tout ceci était la faute de cette chose en lui. A croire que son souhait le plus cher, après celui de le voir mourir, était de le couper de tout. A ce rythme, il allait réellement finir seul. La solitude... n'était-ce pas ce qu'il avait vainement cherché à éviter ? Etait-ce une souffrance supplémentaire que lui infligeait la Darkness ? Ou...

C'est ce qu'il aurait voulu lui dire à ce moment, lui faire comprendre que ce n'était pas lui qui avait prononcé ces mots blessants mais ses lèvres refusèrent de lui obéir. Et que pourrait-il lui dire après tout ? Qu'il était possédé ? Conscient mais impuissant ? Personne n'allait croire à une pareille histoire, surtout pas quelqu'un dont il venait d'offenser l'égo à un point inimaginable. Pire encore, Djenna allait le voir comme un menteur et un hypocrite... Sa gorge se noua. Mais la jeune femme n'en avait pas fini avec lui.

Il croisa alors le regard de son interlocutrice et celui-ci le glaça. Il avait tout perdu de sa chaleur d'avant. Non seulement il l'avait blessée, mais beaucoup plus qu'il n'osait l'imaginer. Il s'en voulait, terriblement... Il savait qu'il ne pourrait jamais suffisament s'excuser auprès de la jeune femme, qu'elle ne voudrait sûrement plus jamais lui reparler après cet incident et cette perspective le déprima. Il avait essayé de tenir tête à cette chose, de braver son influence et de s'ouvrir aux autres. Quel échec. Sa poitrine lui fit mal. Ravalant sa peine, il accusa les répliques sanglantes de la demoiselle et s'apprêta à tourner les talons à son tour quand sa dernière réflexion lui redonna un mince espoir.

Il se retourna vers elle, désappointé mais elle avait déjà refermé la porte sur elle. Claqué serait le mot juste. Ainsi donc, ils se recroiseraient peut-être ? Il espéra sincèrement pouvoir un jour s'expliquer avec elle sur ce qui s'était passé ce soir là. Désormais livré à lui-même, il reprit lentement le chemin en direction de son studio, perdu dans ses pensées et peu désireux de faire une mauvaise rencontre nocturne.