Avventura
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Message par Invité Dim 27 Déc - 18:04

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Après un réveil toujours aussi dur, la routine habituelle et un long soupir, j’entrepris de commencer à vider mon atelier. J’allais enfin travailler pour le Cercle, il ne me restait plus qu’à déplacer tout ça vers mes nouveaux locaux. Quoi que je pourrais garder ça peut-être, et ça aussi !

Dans ma tenue jaune, j’essayais de me démêler des fils qui m’étreignaient tout en portant quelques maigres cartons. Mais à quoi sert ce fil ? En le débranchant, je compris que c’était l’alimentation de la faible lampe qui me permettait de ne pas être dans le noir complet. C’est sans surprise que, finalement, je tombai à la renverse dans un terrible fracas.
A peine eu-je le temps de me remettre de la chute que je dégainai la lampe de torche de ma ceinture, vérifiant, anxieux, qu’aucun de mes bébés n’ai subit de dommages. Ayant arrêté de respirer, je testais rapidement quelques appareils. Je pus enfin souffler lourdement : rien n’avait été abîmé. En finissant avec les fils, je me relevai et pris le temps de jurer contre la douleur qui parcourait dorénavant le bas de mon dos. Parfois, j’enviais les lycans et leur force herculéenne.

Un chronomètre avec mesure relative, un semi-exosquelette de 25 kilos pouvant en pousser 30, un aspirateur à humidité, des bottines pour absorber les chocs ayant tendances à légèrement rebondir. Je passais en revue toutes mes créations passant sous ma main. Quand j’avais un projet en tête, je l’amenais toujours à aboutissement. Malheureusement, l’optimisation n’en faisait pas partie à mes yeux. Qui sait, peut-être que certaines de ces inventions auraient put rapporter gros mais à quoi bon s’attarder outre-mesure ? Cela empêcherait  de créer encore plus de merveilles. Je les aimais comme ça : magnifiques et avec leurs défauts.
J’avouerais tout de même qu’en effet, certains auraient grand besoin d’une petite amélioration.

Je m’étais perdu dans mes pensées quand la sonnette de l’atelier retentit. Avec elle tinta une douce mélodie d’une seule note. Une de mes dernières inventions. C’était une alarme pour un client bien spécial. Elle détectait les légères variations électriques dans l’air. Enfin, je l’attendais depuis un certain temps celui-là ! Pensais-je en souriant.
Encombré de plusieurs cartons, je décidai de les ramener près de la porte. Déposant les quelques fils trainant sur mes épaules, je commençai à faire la discussion pour éviter d’ennuyer mon précieux client.
« Salutations, laissez-moi 20 secondes. » dis-je en tentant de me frayer un chemin parmi quelques cartons.
« Donc, ces gants, comment vont-ils ? Vous avez eu l’occasion de faire joujou avec ? Satisfait de leurs puissances ? Ca a fait de belles étincelles ? »

J’arrivais enfin devant mon établi, essoufflé, et déposai les cartons. Je m’étirai de toute ma hauteur espérant faire disparaître mon mal de dos puis adressa un regard à mon invité.
Je restai figé quelques secondes avec le même sourire sur mon visage avant que la surprise puisse probablement s’y lire. Je m’étais  trompé, ce n’était pas Rémio ! Je lançai un regard noir à ma nouvelle alarme, essayant vaguement de déceler quelle erreur  avait put apparaître. Elle n’était censée ne réagir qu’aux entités émettant un signal électrique.

Enfin, ce n’était pas le moment de penser à ça. Passant rapidement la main droite dans mes cheveux pour essayer de plaquer mes cheveux non-coiffés et réajustant piètrement ma tenue avec la main gauche, je tentai de me justifier.
« Hum, excusez-moi madame, je vous ai pris pour quelqu’un d’autre.  Bienvenu dans l’atelier Paliakov ! Tomhas Paliakov pour vous servir, que puis-je faire pour vous ? » J’essuyai ma main sur ma jambe droite avant de lui tendre pour la saluer convenablement.
Je pris enfin le temps d’observer ma nouvelle cliente. Les cheveux bleus et une tenue pour le moins non-conventionnelle. Elle m’intriguait déjà. Peut-être n’était-ce pas une erreur que l’alarme se soit déclenché. Je trépignais déjà d’impatience quant à savoir le motif de sa venue. La petite sœur de Rémio peut-être ? Non, elle ne ressemblait pas à un elfe. De plus, est-ce que les élémentaires peuvent-ils au moins avoir une sœur ? Diffuse-t-elle, naturellement ou non, de l’électricité dans l’air ? Une inventrice, une concurrente ?

Message par Invité Dim 27 Déc - 23:26

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La neige craquait doucement sous ses pas à mesure que son envie de découvrir un peu plus la ville l’entraînait Dieu seul savait. Les commerçants avaient installé des guirlandes lumineuses ou d’autres décorations un peu partout dans les rues et parfois jusque sur leurs propres vitrines. Et dès que l’on s’éloignait du centre-ville, l’inquiétude de retrouver le paysage terne et triste de l’Avventura recouverte d’un fin tapis blanc se dissipait bien vite en constatant que les simples habitants avaient pris le relais. En effet, certains logements étaient magnifiquement décorés et la petite élémentaire, l’air béat, se perdit volontiers dans la contemplation des façades de certains d’entre eux, le nez en l’air. Si bien qu’elle ne voyait pas les regards surpris que les passants lui jetaient : il faut dire que se promener en jupe, même accompagnée de jambières multicolores à cette période de l’année, c’était un fait plutôt rare.

En réalité, le sens de certaines coutumes humaines lui échappait encore. Noël par exemple. En France par exemple, il s’agissait d’une fête religieuse alors que tous les français n’étaient pas catholiques. Et au Japon, où il y en avait encore moins, on la fêtait aussi mais pour une toute autre raison : Noël devenait une fête à passer en couple, non en famille. Vraiment, les humains avaient de curieuses pratiques ! Une façade moins décorée que les autres attira soudain son attention. Oh bien sûr, elle aurait pu ne pas s’y attarder et passer son chemin pour cette raison justement mais un petit quelque chose l’attirait malgré elle vers cette étrange boutique. Vu de l’extérieur, l’endroit semblait poussiéreux, tout comme les objets qui se trouvaient de l’autre côté de la vitrine.

Intriguée, Roxa s’approcha un peu plus, collant presque son nez à la vitre, sans se préoccuper davantage de la buée qui venait s’écraser sur celle-ci, la rendant brièvement opaque et floue l’espace de quelques secondes, le temps d’une respiration en fait. Quel genre d’établissement pouvait entasser des objets aussi étranges ? Dont l’utilisation lui échappait complètement ? Ils se situaient à mi-chemin entre la technologie et ceux que l’on trouvent dans les brocantes. Un mélange étonnant, qui fascinait la jeune femme. A tel point qu’elle ne prêtait plus la moindre attention à la musique qui passait en boucle dans son casque audio sans fil, dernier cri. Doucement, elle approcha sa main de la vitrine, avec l’impression de pouvoir caresser l’un de ces objets au contact de la vitre glacée.

Ce fut à ce moment précis que la lumière qu’elle distinguait faiblement à l’intérieur de l’établissement disparut brusquement. D’abord interdite, la petite élémentaire paniqua. Avait-elle provoqué un énième court-circuit à l’intérieur ? Le verre n’était pas dans sa liste de matériaux conducteurs jusqu’à présent pourtant… Et si, quelqu’un avait des ennuis par sa faute ? Roxa savait qu’elle ne pouvait pas partir comme une voleuse d’électricité ! Alors elle poussa la porte de la boutique et se précipita à l’intérieur. Quelques coups d’œil furtifs lancés à droite et à gauche pour finalement s’apercevoir que la lumière était revenue, aussi soudainement qu’elle avait disparu. Du bruit aussi. Donc personne n’était blessé ou pire ? En voyant un homme étrangement vêtu, la jeune femme ouvrit la bouche pour s’excuser mais l’autre ne lui en laissa pas le temps.

« Salutations ? »


Bien sûr qu’elle connaissait le mot. Séparément des autres. Tout comme elle savait aussi qu’il n’était plus – alors très peu – employé dans le langage actuel des humains. Si bien qu’elle mit quelques secondes avant de comprendre ce que son interlocuteur voulait dire en réalité, un laps de temps que ce dernier exploita merveilleusement pour remettre de l’ordre dans ses affaires semble-t-il. Mais la pauvre élémentaire n’était pas au bout de ses peines.

« Des gants ? Des étincelles ? Mais de quoi parle-t-il ? »

Son esprit moins prudent que celui d’un humain lambda ne songea pas encore à la possibilité d’être tombée sur un fou à lier. La jeune femme n’avait pas de pareilles craintes pour la simple et bonne raison qu’elle s’évertuait de voir le bien en chaque être vivant. A commencer par cet individu qui s’agitait de plus belle devant elle. Ah, non. Il venait de s’immobiliser, pour la dévisager avec l’expression de découvrir une nouvelle planète. Heureusement, il se reprit, se justifiant dans le même temps, ce qui dissipa toutes les interrogations de Roxa sur le champ. Son regard alla du visage de son interlocuteur à cette main tendue, qu’elle finit par saisir à l’aide des siennes, la secouant vivement. Et dans la foulée, la question qui brûlait ses lèvres franchit celles-ci.

« C’est vous qui avez créé tous ces objets ? Et de quels gants vous parliez ? Ils peuvent vraiment générer des étincelles ? Comment ? Avec des piles ? »

Les interrogations se révélèrent plus nombreuses que prévu finalement. Si le dénommé Tomhas Paliakov avait pu lui paraître un peu fou sur les bords, alors il ne faisait aucun doute qu’elle-même devait passer pour une hystérique à enchaîner ainsi les questions sans jamais lâcher la main de son interlocuteur ou même reprendre son souffle entre chaque. Non vraiment, les mœurs humaines n’étaient pas encore sa tasse de thé.

Message par Invité Lun 28 Déc - 2:58

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Mon interlocutrice répondit vigoureusement à mes salutations. Utiliser ses deux mains ? C’est peu commun. A peine avais-je eu le temps de faire ce constat que je fus accablé de questions.

« C’est vous qui avez créé tous ces objets ? Et de quels gants vous parliez ? Ils peuvent vraiment générer des étincelles ? Comment ? Avec des piles ? »

Un mélange de curiosité, d’impatience et d’exaltation se mêlait dans ces questions. Un peu trop peut-être même. Comment faisait-elle pour respirer ?! Cela eut pour principale effet de me contaminer. On me parlait de mon Art, comment aurais-je put résister ?

« Respirez un peu voyons. » répondis-je en laissant éclater un rire franc.

« Voyons … En effet, chacun de ces objets est l’un de mes enfants !  Vous pouvez voir ici plusieurs années de réflexions et de pratique, j’avoue être fier de chacun d’eux. Quant à ces gants, je les ai confectionnés suite à une commande. J'en attends des retours. Ce sont l’une de mes plus récentes et plus aboutis inventions.» Dis-je non sans montrer une pointe de fierté.

« Ils génèrent même plus que des étincelles, ils peuvent créer des arcs électriques de 150 volts ! Vous imaginez bien que, pour cela, il faut bien plus qu’une simple pile au lithium. » Insinuais-je, souriant légèrement.

Je me dirigeai rapidement vers mon établi, décrochant le plan correspondant du tableau faisant face et fit signe à ma cliente de s’approcher. Elle ne comprendrait probablement pas le quart mais j’étais trop impliqué pour y songer. Je déroulai le plan sur l’établi. « Ne voyez-vous pas un problème sur ce plan ? » Questionnais-je vicieusement.

Elle semblait lire le plan mais je n’étais pas là pour la taquiner : tout inventeur savait qu’on ne pouvait comprendre le croquis d’un autre qu’après de très longues minutes. Je trouvais toujours magnifique l’étape où l’on tente de comprendre le but, le mécanisme, l’idée de notre prédécesseur.  « Voyez-vous, il n’y a pas de batteries suffisantes, à peine une courte bobine. » J’appuyais mes propos en pointant l’origine de tous les circuits : le « poignet » du gant. « C’est de là qu’il tire sa fabuleuse énergie. » Affirmais-je, je l'avoue, avec un ton légèrement taquin.


« Vous n’allez probablement pas me croire, mademoiselle. J’ai eu l’incroyable chance de recevoir cette commande d’un authentique et véritable élémentaire de foudre ! » Je marquais un court temps d’attente pour que mon interlocutrice puisse digérer cette nouvelle qui la prenait sûrement au dépourvu.

« En effet, à Avventura, même les élémentaires ne sont plus que des contes et j’ai eu la chance d’en rencontrer un. Comment s’appelait-il déjà ? » Je me concentrai, pressant mes deux mains contre mon front, le poussant en arrière. Comme si ce geste pouvait me faire cracher ce nom qui restait fixer sur ma langue.

« Rémio ! C’est ça. » Je marquais une courte pause, je devais vérifier une hypothèse. Je soulevai la main, demandant un court moment à mon interlocutrice, avant de me retourner fouiller dans un carton. Il doit être quelque part par là !

« Vous avez dût entendre une sonnette et une sonnerie en entrant ici, pas vrai ? La seconde lui était destinée. »Ah le voilà ! Pourquoi l’ai-je déjà rangé ? Je sortis un ampèremètre du carton et m’approcha de nouveau de ma cliente.

« Puis-je ? » Demandais-je, approchant les deux pinces-crocodiles. « Pardonnez ma curiosité, j’aimerais comprendre ce problème d’alarme. » Je pourrais enfin savoir si cette femme était la source du problème, ou plutôt de mes interrogations, ou cette fichue alarme.

Message par Invité Lun 28 Déc - 14:15

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Respirer ? Ah oui, respirer ! La jeune femme referma la bouche pour interrompre le flux de questions qui lui venait à l’esprit et inspira longuement. Dire qu’elle n’avait pas réalisé à quel point elle aurait fini par manquer d’air : la sensation de celui-ci pénétrant ses poumons de nouveau fut agréable. Le rire de son interlocuteur la fit ressentir un début d’embarras, même si un sourire flottait sur ses lèvres. Non, elle ne regrettait pas d’avoir exprimé sa curiosité de vive voix devant lui et par chance, Tomhas Paliakov daigna répondre à ses interrogations. Pourtant, elle bugua, littéralement, dès les premiers mots de son interlocuteur. Ses enfants ? Mais il était fait de chair et d’os tandis que ces objets demeuraient…inanimés… Complètement perdue, la suite des explications de l’homme lui passa au-dessus de la tête et le regard de Roxa se posa vaguement sur chacune des inventions que l’autre lui désignait d’un geste de la main. Heureusement, lorsqu’il en arriva au sujet principal, à savoir, les fameux gants, la petite élémentaire retrouva toute son assurance ainsi que son entrain. Dans sa tête, elle fit rapidement le calcul : du point de vue de son interlocuteur, 150 volts semblaient être une valeur considérable mais elle se savait capable de faire plus. Seulement…

« Mais… Comment faites-vous pour générer autant à partir de simple gant ? Ce n’est pas… »

Possible ? Comment pouvait-elle affirmer une choses pareille sans avoir vu les gants en question ? Peut-être que l’homme en face d’elle avait plus d’un tour dans son sac ? A défaut d’être un fou incompris de ses semblables, il était devenu un génie en la matière ? Sa curiosité s’en retrouva exacerbée. Suivant son interlocuteur, Roxa posa son regard sur le plan. Ses yeux suivirent la courbe du croquis, notant et lisant furtivement les quelques notes gribouillées ci et là par le créateur lui-même. Avec si peu de temps pour en analyser toutes les subtilités, la jeune femme était bien incapable de mettre le doigt sur la faille du plan. Ce fut à ce moment-là qu’elle obtint la réponse à ses interrogations passées. Tirer son énergie. Mais bien sûr ! Elle avait toujours su qu’elle n’était pas la seule dans cette situation, œuvre vivante de Mère Nature. Mais de là à entendre de la bouche d’un inconnu que ce dernier avait rencontré personnellement l’un de ses semblables… C’était incroyable ! Le temps qu’elle réalise la nouvelle, Roxa aperçut un drôle d’objet entre les mains de son interlocuteur lorsqu’elle se tourna dans sa direction. Un coup d’œil aux pinces crocodiles suffit pour la convaincre. Dans son excitation, la petite élémentaire ne se souciait plus de son environnement. Elle lui prit elle-même les pinces pour les accrocher aux deux couettes qu’elle s’était faites avant de quitter son logement ce matin. Sans tenir compte de l’expérience qui se déroulait sur elle à cet instant précis, elle reprit ses questions :

« Et ce Rémio dont vous m’avez parlé, il habite où ? Il ressemble à quoi ? Vous le connaissez depuis longtemps ? Parce qu’en fait… »

Tandis qu’elle parlait, l’ampèremètre s’affola sous la quantité d’électricité que la petite élémentaire dégageait sous l’effet de l’excitation. Roxa eut tout juste le temps de lâcher l’information qui lui tenait à cœur :

« … Je suis aussi une élémentaire de foudre ! »

Et comme pour marquer le coup, l’ampèremètre sauta au moment précis où elle dévoilait son secret. Une fumée noirâtre s’en échappa alors que le compteur s’affolait et que de petits arcs électriques couraient le long des fils reliant les pinces-crocodiles à l’appareil lui-même. A ce stade, cela devenait même dangereux pour son interlocuteur.

Message par Invité Lun 28 Déc - 17:42

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Elle sembla accepter mon étrange demande. Je soufflai : cette personne avait piqué ma curiosité, la faire fuir aurait été un désastre. Elle attacha les deux pinces à ces couettes ce qui me fit sourire. Je voyais une scène bien peu commune et assez drôle, n’en ferais-je pas un tableau un autre jour ? Qui sait ce que nous réserve demain ?

Bon, commençons donc cette expérience. Elle me posa de nouvelles questions mais je fis vite préoccuper par autre chose : le voltage passait frénétiquement de « + » à « - ». Les piles devaient commencer à se faire vieilles. Je tapotais légèrement le côté de l’ampèremètre, espérant corriger un éventuel faux contact. Aller s’il-te-plaît, ne me lâche pas là ! L’aiguille aussi ne faisait plus que des siennes : elle faisait des va-et-vient frénétique tout en se rapprochant de plus en plus de la limite. Ce n’était pas du matériel pour hautes-tensions mais amplement suffisant dans mes tâches quotidiennes.

Un petit bruit commençait à se faire entendre, m’inquiétant. Ce n’est pas un problème de pile ça. Pensais-je alors que l’aiguille avait atteint la limite.
« … Je suis aussi une élémentaire de foudre ! »
A ces mots, je relevai mon regard de l’appareil pour fixer mon interlocutrice, surpris. Et merde. A cet instant là précis, l’ampèremètre rendit l’âme, grillant et laissant échapper une épaisse fumée. Les fils étaient parcourus de petits arcs électriques qui me firent instinctivement lâcher prise.

La chose la plus dangereuse quand on travaille avec de l’électronique, ce n’est pas l’électrocution comme on pourrait le penser de prime abord, c’est les produits contenus à l’intérieur même des composants, lithium et autre produit explosifs ou nocifs.

« Ne bougez surtout pas, arrêtez de respirer ! » vociférais-je en courant ouvrir la porte de l’atelier. Sur le retour, j’attrapai un torchon et me jetai sur le carton que j’avais remplit ce matin même. Le voilà ! Je me rapprochais, toujours en courant, vers l’élémentaire. De ma main droite légèrement protégé par le torchon, je saisis l’ampèremètre dont je fracassais la tranche sur l’établi afin de faire sauter le couvercle. Je nettoyais rapidement les débris grâce à l’aspirateur. Je lâchai tout ce que je tenais et me retourna vers ma cliente.

« C’est bon, vous allez bien ? » demandais-je, inquiet, débranchant d’un geste rapide les deux pinces. Je voulus la saisir pour vérifier son état mais m’arrêta subitement. Il fallait être prudent : il ne manquerait plus que je me fasse électrocuter.

J’agitais futilement ma main devant elle pour disperser d’hypothétiques résidus de fumée. « C’est bon, respirez profondément. » Je fis de même, manquant de m’étouffer. Pendant ces quelques secondes qui m’avaient semblées des minutes, j’avais retenu ma respiration. L’adrénaline est le meilleur outil de l’Homme. En cas de danger, elle permet des exploits pouvant nous sauver. Je sentis de nouveau une vive douleur dans le bas de mon dos qui me fit grimacer. Ah tiens, je l’avais oublié celle-là. Je me laissai tomber sur le tabouret de mon établi et respirait profondément.

C’est bon, le pire a été évité. « C’est bon, pas eu trop peur ? » demandais-je en souriant légèrement. Apercevant ma carafe, je saisis deux tasses qui traînaient. « Un café ? Excusez-moi, il doit être à peine tiède. » Je servis deux cafés.

Je bus le mien, reprenant peu à peu mon calme. Elle était donc un élémentaire de foudre. Elle aussi ? Il était déjà rare de croiser des élémentaires, en croisé deux du même type était exceptionnel. Je portai mon regard sur mon ampèremètre, je l’avais conçu moi-même, le munissant de diverses résistances qui s’étaient ici avérées inutiles. « Oh, que t’as donc fait papa ? » demandais-je inutilement tout en me saisissant d’un tournevis.

« Une élémentaire de foudre donc ? Je dois avouer que vous m’avez pris au dépourvu. Excusez-moi, j’aurais dut vous le demander. Cela explique le cas de l’alarme finalement. » Je marquais une légère pause.

« Rémio ? Je ne connais pas grand-chose de lui, c’est l’un de mes clients. Je ne connais même pas son nom mais je doute qu’il en est un. Les gens comme lui n’en ont pas besoin. » Affirmais-je, adressant un sourire complice à l’élémentaire.

Je retirais la batterie qui n’avait pas supporté la soudaine chaleur de mon outil. Je me mettais en quête d’autres parties qui avaient put être endommagées.

« Rémio n’est pas qu’un élémentaire, cela aurait sûrement été trop conventionnel pour lui. » Dis-je en riant légèrement. « Vous et moi sommes des humains mais lui, selon des rumeurs, est un elfe. » Une nouvelle fois, je lui laissai le temps de digérer la nouvelle. « Vous savez, même ici à Avventura, les elfes sont pour beaucoup des contes. Je vous avouerais ne pas avoir eu l’occasion de lui demander confirmation. »

« Je ne sais pas où il habite. Quant à son apparence, je m’en souviens que très peu. Bruns, cheveux mi-longs, à peu près de ma taille. Je ne le connais qu’en tant que client, à vrai dire, il n’est venu que deux fois ici : pour passer commande et pour la récupérer. Il repassera sûrement pour diverses révisions ou réparations mais je ne sais pas quand, désolé. »

La batterie, les fils et l’écran sont foutu, il faudra que je le démonte entièrement pour le réparer. Cela reviendrait sûrement à moins cher de simplement le changer. Cette idée me motiva d’autant plus à remette d’aplomb mon précieux outil.

« Et vous, que pouvez-vous me dire sur vous ? J’ai beau avoir eu à faire à un élémentaire, je n’en sais finalement pas plus que ce qu’on apprend dans les contes. Est-ce vrai que vous naissez dans des roses et des choux ? » Demandais-je en riant.  « D’où venez-vous, pourquoi vous être arrêté ici ? Vous savez, je ne crois pas aux coïncidences. Rémio avait déjà dit qu’il était arrivé ici par hasard, vous m’accorderez que la probabilité que deux élémentaires de foudres s’arrêtent ici est faible, pour ne pas dire inexistante. »

J’espérais enfin en apprendre plus sur les élémentaires et celui-ci me semblait au moins aussi bavard et curieux que moi.

Message par Invité Mer 30 Déc - 0:21

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Ne pas bouger ? Ne pas respirer ? Aussitôt demandé, aussitôt fait ! La petite élémentaire inspira longuement et gonfla les joues, à présent pleines d’air. Dans la foulée, elle bloqua sa respiration, comme une enfant sait si bien le faire. Tout le caractère sérieux de la situation n’empêcha pas Roxa d’observer attentivement la fumée noire qui s’échappait de l’ampèremètre. Heureusement que son interlocuteur eut les bons réflexes, tout d’abord en allant ouvrir la porte pour générer un courant d’air à l’intérieur de l’Atelier puis en s’occupant de l’appareil, en bon expert qu’il était. La jeune femme sursauta lorsque Tomhas fracassa soudain la tranche de l’ampèremètre. Sur le moment, elle songea à protester ou du moins, à demander pour quelles raisons il traitait ainsi son matériel mais la petite élémentaire se rappela qu’elle ne pouvait pas maintenir l’air à l’abri dans ses joues et parler en même temps. Alors elle respecta les directives du propriétaire des lieux. Roxa roula des yeux quand ce dernier se retourna vers elle. Comment pouvait-il lui poser des questions en lui intimant le silence quelques minutes plus tôt ? Elle hocha la tête, machinalement, un signe internationalement connu à travers le monde, pour répondre par l’affirmative. Ce ne fut que lorsque Tomhas lui donna de nouveau l’autorisation de respirer normalement, sans doute parce que le visage de la jeune femme prenait une drôle de couleur à mesure que les secondes se succédaient, que cette dernière ouvrit la bouche dans un grand « Aaaah ! », inspirant et expirant de nouveau comme tout être humain normalement constitué. Le processus, pour avoir été retenu aussi longtemps, prit quelques minutes, le temps pour Roxa de se remettre à respirer de manière fluide, sans les grands renforts d’inspirations et expirations bruyantes, parfois accompagnés de gestes.

« Une seconde de plus et je mourrais asphyxiée ! Les élémentaires aussi respirent vous savez ! » s’exclama-t-elle le plus naturellement du monde.

Pourtant, un sourire ne tarda pas à réapparaître sur son visage. Peur ? Elle ?

« Je n’ai pas peur de l’électricité. Mais vous avez cassé votre appareil à cause de moi, je suis désolée… »

Comme la plupart du temps, Roxa était sincère dans ses propos et elle l’observa timidement s’occuper de l’ampèremètre. Papa ? Une image lui revint en mémoire. Comme cela s’appelait déjà ? Un souvenir ? Oui ! Les humains appelaient les images dans la tête, des souvenirs ! Elle revoyait son propre père. Même si aucun lien du sang les unissait et les unirait jamais, elle considérait cet homme comme son créateur et père. Etait-ce le cas pour ce petit appareil ? Non, c’était ridicule, un ampèremètre n’avait pas ce genre de réflexions. Ils n’en avaient pas tout court ! La petite élémentaire écouta les propos de son interlocuteur. Les gens comme lui ? Pas besoin de nom ?

« J’ai un nom moi ! Roxa Falkenhorst ! » cria-t-elle presque la fin, en insistant bien sur chacune des syllabes composant son nom de famille.

En effet, l’intéressée n’en était pas peu fière. C’était son histoire, son héritage et elle tenait à ce que la Terre entière le connaisse !

« Ce Rémio doit aussi en avoir un, c’est simplement qu’il ne vous l’a pas donné. Vous êtes sûr que c’est l’un de vos clients ? »

Pour la première fois depuis qu’elle avait connaissance de sa propre existence, la jeune femme doutait. Une sensation étrange, dont elle ne comprit pas immédiatement la provenance. C’était si curieux d’avoir le besoin de remettre systématiquement en question la moindre information fournie par Tomhas. Et s’il lui mentait depuis le début ? Sur Rémio ? Et le reste ? Cette sensation s’intensifia quand son interlocuteur lui parla… D’elfes ?

« C’est quoi un elfe ? Ça se mange ? » demanda-t-elle innocemment.

Il faut dire que les ouvrages fantastiques telle que l’œuvre de Tolkien, ne faisaient pas partie de sa liste de lecture. Les précisions suivantes l’empêchèrent de se focaliser sur l’identité même du dénommé Rémio. Elfe ou pas, il s’était présenté comme étant un élémentaire de foudre. Et Tomhas, tout inventeur un peu fou qu’il était, ne pouvait pas transmettre cette information sans en avoir eu la confirmation au préalable. Notamment, en ce qui concernait la commande de ces fameux gants de la part de son congénère. Un peu déçue tout de même de ne pas en apprendre davantage lui permettant de retrouver la trace de l’élémentaire, Roxa prit son mal en patience. Heureusement que le propriétaire des lieux n’hésitait pas à relancer la conversation sur un tout autre sujet.

« Dans les roses et les choux ? » répéta-t-elle en penchant la tête sur le côté. « Je n’ai pas rencontré d’autres élémentaires en ville alors je ne sais pas ce qu’il en est vraiment. La première fois que j’ai eu conscience d’exister, c’était derrière un écran d’ordinateur. Et puis j’ai intégré ce monde ci quand… »

Curieusement, elle s’interrompit et son regard se perdit dans le vide. Elle ne voulait pas se souvenir de ces souvenirs horribles. Le jour où ils étaient arrivés.

« Je… En fait, je regardais les décorations de Noël sur les maisons alentours et les objets dans votre vitrine ont attiré mon attention. J’ai eu peur d’avoir provoqué un court-circuit en voyant le noir s’installer à l’intérieur alors je suis rentrée pour m’excuser… Ça m’arrive souvent sur mon lieu de travail alors… » conclut-elle en lui adressant un petit sourire désolé.

Avec le recul, Roxa avait deviné qu’elle n’était en rien la cause de cette soudaine et brève pénombre qui s’était abattue sur le magasin.

« Vous êtes vraiment impressionnant… Pour avoir créé tous ces objets. Ils sont uniques, comme chaque être humain. »

Tout en lui faisant part de ses commentaires, la petite élémentaire se déplaçait dans la boutique, jetant des regards curieux et intrigués autour d’elle, découvrant sans cesse de nouvelles créations, jusque-là insoupçonnées, demeurées à l’abri des regards des passants, loin de la vitrine. Quand elle reposa enfin son regard sur son interlocuteur, Roxa ne put s’empêcher de remarquer la légère grimace de douleur qui étirait les traits de ce dernier.

« Pourquoi vous faites cette tête ? Vous avez mal quelque part ? »

Dire qu’elle était prête à faire de son mieux pour le soulager de son mal être, même si en soi, réparer l’une de ses inventions était plus facile que guérir un corps humain. Elle allait tenter le tout pour le tout !

Message par Invité Mer 30 Déc - 1:58

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Derrière un écran d’ordinateur ? Parlait-elle dans le sens figuré ? Elle disait qu’elle avait intégré ce monde-ci. Plus elle parlait, plus je me suspendais à ses lèvres.

Malheureusement, elle coupa court au sujet. Elle n’avait pas finit sa phrase, voulait-elle me cacher quelque chose ou souffrait-elle encore ? J’avais eu la même réaction quand j’avais dût parler de ma blessure. Un mélange de honte, de regret et d’impuissance. Je décidai donc de passer outre.

Noël ? Quoi, déjà ?! C’était l’année dernière pourtant ! Je vérifiais par la porte et, en effet, les autres maisons étaient illuminées et la présence de neige ne laissait plus place au doute. Il faudra que j'en fasse un tableau, tiens.
Ça lui arrive de provoquer des courts-circuits ? La pauvre, ça ne devait pas être facile tous les jours. Je remarquai alors que ces gants auraient put l’aider. Néanmoins, je ne produisais pas de doublon. De plus, Rémio semblait contrôler ses pouvoirs. Elle était peut-être jeune, ou lui vieux alors ? Avec le temps, elle apprendra probablement à mieux s’en servir.

« Vous êtes vraiment impressionnant… Pour avoir créé tous ces objets. Ils sont uniques, comme chaque être humain.»
La modestie m’était presque une valeur inconnue et cette personne savait comment me flatter. « En effet, je suis fier de chacun d’entre eux même si aucun n’est prévu pour la vente. Ce sont des idées, des modèles voire certaines de mes envies. Ils sont loin d’être exempt de défaut à vrai dire. Comme chaque être humain. » Pour reprendre ses mots.

Essayant de retrouver une position confortable sur mon tabouret, je fus repris d'une douleur grimaçante.
« Pourquoi vous faites cette tête ? Vous avez mal quelque part ? »
Je souri légèrement. « En effet. A vrai dire, je dois aussi m’excuser : quand vous avez vu la lumière disparaître, c’était ma faute. » Dis-je non sans une pointe de honte. « Là où un homme normal aurait lâché tout ce qu’il avait dans ces mains et se serait rattrapé, je n'ai pas put me résigner à abandonner mon carton et suis tombé à la renverse. » Continuais-en souriant.
« Enfin, je suppose que vous n’y pourrez pas grand-chose. » Je marquai une légère pause avant de remarquer mon indélicatesse. « Mais ne vous inquiétez pas, après un douche chaude je suis sûr que ça ira mieux. » Si Nina m’entendait, elle serait probablement furieuse.

« Quant à ces courts-circuits, quand cela vous arrive-t-il ? Après tout, vous avez put me serrer la main. Rémio ne présentait pas non plus ce genre de problèmes. A ce rythme, il pourrait s’avérer dangereux de ne serait-ce lui serrer la main. » Je n’avais pas la moindre idée de ce qui arriverait si elle perdait ainsi son énergie face à Rémio, à fortiori à cause des propriétés conductrices des gants.

Je me levai puis alla chercher un écran adapté à mon ampèremètre et un nouveau cache. Après quelques dizaines de secondes, je revins à mon établi. Une fois le tout remis en place et fermé, je me levai une nouvelle fois, un peu trop violemment, réprimant une nouvelle grimace.

« Voilà, comme neuf ! » m’exclamais-je tout en le brandissant le plus haut possible. Je pris le temps d'admirer sous tous les angles la nouvelle mue de mon joujou et fit quelques test primaires pour vérifier son bon fonctionnement.

« Donc, madame Falkenhorst » j’insistais légèrement sur le nom avec une pointe d’insolence. « que comptez-vous faire maintenant ? » Je marquai une courte pause, en profitant pour enfiler mes propres gants. « Si vous n’avez rien de prévu, je peux vous proposer un café, chaud cette fois. » Précisais-je avec un large sourire, balançant ma tête vers la porte au fond de mon atelier, pour indiquer le chemin. Il me tardait de m’affaler dans mon fauteuil.

Message par Invité Mer 30 Déc - 15:59

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Pardon ? S’excuser ? Sur le moment, Roxa ne put s’empêcher de pencher la tête sur le côté, preuve de son incompréhension à trouver le lien unissant les différents éléments apportés par les dires de son interlocuteur. Et lorsqu’enfin, la raison tomba, elle retrouva le sourire. Rassurée de n’être pas la cause de ce désordre – du moins, si on excluait le sort du malheureux ampèremètre – la jeune femme s’inquiéta en revanche des conséquences de cette mauvaise chute sur le dénommé Tomhas. A l’annonce de la douche, un frisson la parcourut des pieds à la tête. Un plaisir non négligeable pour certains, certes, une terreur pour elle. La petite élémentaire ne pouvait pas blâmer le propriétaire des lieux pour ces propos. Après tout, ses congénères et elle étaient encore méconnus des autres races. Perdue dans ses pensées, Roxa ne vit pas venir les nouvelles questions de son interlocuteur, concernant les fameux courts-circuits. Devant les interrogations se muant injustement en crainte, elle ne put réprimer un sourire amusé avant de l’en dissuader.

« Oh non, ne vous en faites pas ! Vous ne risquez rien en serrant la main d’un élémentaire de foudre – du moins je crois -, les courts-circuits surviennent en présent d’objets électriques. Quand on se laisse trop aller, il arrive que les plombs sautent… Ou bien quand nous sommes en contact avec de l’eau en grande quantité, notre organisme ne le supporterait pas, à la manière d’un élémentaire de feu et… On pourrait même en mourir… » conclut-elle avec gravité.

Cette expression ne lui était pas familière, loin de là. Aussi la jeune femme s’empressa de chasser les sombres pensées qui lui venaient à l’esprit. Elle savait comment gérer le problème de la douche ou du bain et elle refusait d’approcher des grandes étendues d’eau. Jusque-là, elle ne risquait rien ! Curieuse, Roxa observa les allées venues de son interlocuteur et elle lâcha une exclamation enthousiasmée et l’applaudit avec entrain lorsque ce dernier annonça que l’ampèremètre était réparé. La petite élémentaire avait vraiment redouté de lui avoir causé des ennuis dès l’instant où la fumée noire s’était échappée de l’appareil en question. Elle se fit songeuse. Ce qu’elle comptait faire ? Pesant le pour et le contre, la jeune femme finit par déclarer, le plus sérieusement du monde :

« Va pour le café ! Mais avant ça, je vais vous masser le dos si vous avez mal ! »

Tout en parlant, Roxa ôta le casque audio sans fil qu’elle avait laissé retomber autour de sa nuque au moment de se précipiter à l’intérieur de la boutique. Sitôt qu’elle eut trouvé un endroit dégagé et propre, la petite élémentaire l’y déposa puis entreprit de remonter ses manches, à la manière d’une madone sur le point de corriger ses enfants pris en flagrant délit de bêtise aggravée. Si elle avait une quelconque connaissance dans l’art de masser ? Pas le moins du monde ! Mais ce ne devait pas être bien compliqué… Non ?

« On va dire que c’est pour m’excuser d’avoir détraqué votre appareil. Siiiii j’insiste ! J’aurais vous dire dès le départ que j’étais une élémentaire de foudre pour vous éviter d’avoir à vous en assurer vous-même ! Et comme je suis gentille, je vous laisse choisir l’endroit où vous voulez vous installer ! Aller ! » l’empressa-t-elle alors en agitant les mains.

Message par Invité Jeu 31 Déc - 3:05

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« Va pour le café ! » Parf… « Mais avant ça, je vais vous masser le dos si vous avez mal ! » Hein ?

« Non, ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas obli.. » Protestais-je inutilement, elle avait arrêté de m’écouter. Elle était d’ores et déjà en condition. Elle est donc ce genre de femme… Pensais-je avant de secouer frénétiquement la tête pour sortir de mes pensées. Elle semblait étonnement motivée à l’idée de me prodiguer des soins.

« Mais je n’ai même pas de table de massage ! » Argumentais-je. Mes mots tombaient dans l’oreille d’une sourde. Je soufflai quelques secondes. On n’y peut rien, je suppose.

« Bien, suivez-moi alors. » consentais-je dans un souffle. Ouvrant la porte, je me retrouvai dans le salon. Le canapé semblait l’endroit le plus propice pour m’allonger mais mon invitée n’aurait pas eut la place d’elle-même s’installer. Dans ce cas-là, il ne restait plus qu’un seul endroit.

« Hum, cela ne vous dérange pas qu’on fasse cela dans la chambre ? » Demandais-je en tentant d’éviter le regard de mon interlocutrice, rougissant. C’était une demande peu commune pouvant être mal interprétée.

Je demandais deux minutes, le temps de me préparer et m’isola dans la chambre, laissant mon invitée dans le salon. J’abandonnai ma tenue jaune, sale, dans un coin puis enfilai ma tenue habituelle, la partie inférieure du moins. Restant torse nue, si jamais on omettais la plaque de titane recouvrant mon épaule droite.

Je me débarrassais de mes gants et tout l’attirail qui l’accompagnait. Je ne les aurais pas beaucoup portés, aujourd’hui. Pensais-je avec une pointe de regret. Je les déposais soigneusement sur la table de chevet. Je profitai de l'occasion pour enfin me coiffer et sortir ma paire de lunettes carrées. Pourquoi ? Je ne le sais pas moi-même, sûrement un rite ? A chaque tenue sa paire de lunette. En m’asseyant sur mon lit, j’appelai mon invitée dans l’autre salle.

Je regrettais n’avoir que deux lumières murales tamisées, le tout donnant une ambiance plus cosy que je ne l’aurais désiré mais c’était une chambre après tout. Je m’allongeais ensuite sur le ventre, la tête contre un coussin, fermant les yeux. Entendant la porte s’ouvrir puis se refermer, j’accueillais sans trouver les mots l’élémentaire. « Installez-vous à votre aise. » Après un court silence, je continuai « J’ai mal ici » précisais-je en pointant du bout des doigts le bas de mon dos.

« Je suis désolé, cette situation doit vous paraître embarrassante. » Ramenez ainsi une femme que je venais à peine de rencontrer dans ma chambre et finir torse nu, la situation avait de bonnes raisons de paraître embarrassante. Le plus étonnant étant que ce n’était pas la première fois qu’une situation vaguement similaire se présentait. A croire qu’un sort m’affectait.

Message par Invité Ven 1 Jan - 15:19

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Les protestations de son interlocuteur n’eurent pas l’effet escompté sur elle. Une table de massage ? L’espace d’une fraction de secondes, la jeune femme eut un sursaut d’hésitation. Elle ne connaissait strictement rien à l’art de masser les personnes. Et si cette fameuse table était un outil indispensable aux yeux de Tomhas ? Heureusement pour elle, ce dernier finit pas capituler, accédant à sa requête dans les minutes qui suivirent et la petite élémentaire lui emboîta le pas, tout sourire. Son regard se posa sur le canapé mais tout comme son interlocuteur, Roxa douta que ce soit le meilleur endroit pour lui masser le dos. Même en se plaçant à califourchon sur lui, la jeune femme doutait de parvenir à tenir en équilibre afin de prodiguer les meilleurs soins dont elle était capable, c’est-à-dire, bien peu de choses en réalité.

« Quand on veut, on peut non ? » se rassura-t-elle intérieurement.

La voix de l’homme la tira de ses pensées et la petite élémentaire reporta son attention sur lui. Elle ne comprit pas pourquoi le visage de ce dernier avait pris une teinte plus rouge qu’auparavant et le souvenir de sa drôle de rencontre avec Stanichou, la chaleur qui montait à ses joues et la sensation de vouloir disparaître dix pieds sous terre… Tomhas avait honte ? Honte de quoi ? Roxa songea brièvement à lui poser la question mais pour s’être elle-même déjà retrouvée dans une situation similaire – du moins, en était-elle convaincue – elle préféra ne pas l’embarrasser davantage.

« Non pas du tout ! » répondit-elle avec un sourire qu’elle s’efforçait de rendre chaleureux. « A moins qu’elle ne soit pas rangée ? »

Détendre l’atmosphère. Tenter de mettre son interlocuteur en confiance. Le faire rire qui sait ? Elle avait cru comprendre, d’après ses propres connaissances sur les humains, relativement réduites tout compte fait, que seuls les enfants avaient ce genre de problème et que les adultes leur faisaient parfois cette réflexion. Pourtant, Tomhas n’avait pas l’air d’être un enfant… Ou un grand enfant dans ce cas ! La jeune femme attendit patiemment qu’il se mette à son aise, ne rougissant pas à la vue de son interlocuteur torse nu. Roxa secoua faiblement la tête sous les propos qui lui parvinrent :

« Non, ne vous inquiétez pas et essayez de vous détendre ! »

Ensuite, elle vint prudemment s’installer à califourchon sur le propriétaire des lieux, lui tournant le dos afin de mieux pouvoir masser la zone douloureuse selon les dires de ce dernier. C’était le moment où jamais ! La petite élémentaire inspira longuement, étirant ses bras puis ses doigts entre eux, allant jusqu’à faire craquer les jointures puis posa ses paumes sur la peau à nue de Tomhas. Un frisson se fit sentir et elle s’excusa aussitôt :

« Désolée… Elles doivent être froides… Soyez courageux ! »

Puis, elle commença à les déplacer sur son interlocuteur, appuyant d’abord doucement et enfin de plus en plus fermement. La jeune femme ignorait si ce qu’elle faisait était bien ou non, pas dans le sens moral de la situation dans laquelle elle s’était jetée, mais plutôt d’un point de vue purement médical : Roxa ne voulait surtout pas lui faire encore plus mal !

« Dites moi si… Je vous fais mal ou si… Vous sentez quelque chose ? »

Tout en attendant la réponse de Tomhas, la petite élémentaire continuait son massage, s’appliquant du mieux qu’elle le pouvait, avec le peu de connaissances, à la fois de la pratique en elle-même, que du corps humain, à commencer par celui d’un homme. Et soudain, elle s’allongea entièrement sur son interlocuteur, pressant le peu de poitrine qu’elle possédait dans le creux du dos du propriétaire des lieux, sans même s’en embarrasser. Elle pensait avoir trouvé le point douloureux qui avait l’air de tant faire souffrir le principal intéressé.

Message par Invité Ven 1 Jan - 19:41

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Elle me conseilla de me détendre. Je pris une grande inspiration et soufflai doucement. Je l’entendais s’approcher, monter sur le lit. Pour être plus précis, je pouvais entendre sa façon de marcher et le moindre grincement du lit. Tant de petits détails auxquels on ne faisait pas attention quand on avait les yeux ouverts.

Elle s’asseyait sur moi, à mon grand étonnement ce qui me fit rouvrir les yeux que je ne tardai pas à fermer une nouvelle fois. Après tout, elle s’y connaissait probablement plus que moi en massage si elle s’était ainsi proposée. Était-elle une professionnelle ? Cela n’était pas important pour l’heur.

Tendis qu’elle faisait craquer ses doigts, je sentais une douce odeur. Probablement son parfum, à moins que ce ne soit son shampoing ? Dire que je n’y avais pas fait attention plus tôt. Enfin, ses mains touchèrent le bas de mon dos. Elles sont froides ! Pensais-je en aspirant inutilement de l’air entre mes lèvres presque closes. Ses mains reculèrent un instant, instinctivement, par peur de m’avoir fait souffrir, probablement. Elle s’excusait. Cela aurait plutôt été à moi de m’excuser : faisait-il si froid dans mon atelier ? Quand je travaille, je ne fais plus attention à ce qui m’entoure. Je fondis intérieurement en excuse, me promettant d’augmenter le chauffage le plus tôt possible.

Elle commença à déplacer ses doigts. Tantôt faisant des cercles du bout des index et des majeurs, tantôt compressant fermement à l’aide de ses pouces. La douleur se mélangeait au soulagement. Elle entrecoupait ses phrases, respirant par la bouche probablement.

« Ca fait un peu mal …» Je laissai la phrase en suspension, reprenant un demi-souffle. Elle venait d’appuyer fermement avec le pouce à l’endroit exact où j’avais mal. « mais c’est bon. » Finis-je dans un souffle, souriant.

Elle se laissa glisser en arrière, me faisant lever un sourcil comme signe d’interrogation. Elle baissa ensuite son centre d’équilibre jusqu’à … s’allonger sur moi ? Remarquais-je, une nouvelle fois étonné. Elle s’y connaissait plus que moi, c’était probablement pour assurer une meilleure force mais ce n’était pas ce qui me marquais le plus, je dois l’avouer. Désormais, je sentais son souffle chaud remonter le long de ma colonne et sa poitrine pressé contre moi. Inévitablement, je sentis plus fortement encore le parfum désormais caractéristique de … mon invité ?

Au fur et à mesure que les secondes passèrent, je maudissais de plus en plus la concentration dont me faisait bénéficier le fait d’avoir les yeux fermés, me permettant de ressentir la moindre sensation. Je ne pouvais non plus rouvrir les yeux : le large miroir disposé à gauche de mon lit m’aurait montré l’étrange image de la scène que j’imaginais déjà. De nombreuses fois, mon Amour des femmes m’avait joué des tours mais c’était la première fois dans ce sens là.

Je tentais vainement de me concentrer sur ma respiration tandis que l’élémentaire continuait assidument son massage. Ma curiosité me fit me demander où elle avait bien put apprendre à masser ainsi. Cela s’éloignait de l’idée dont je m’en faisais mais était loin d’être pour autant désagréable. Au moins, j’avais complètement oublié la douleur initiale.

Message par Invité Dim 3 Jan - 18:14

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Un peu mal ? Roxa se raidit malgré elle, ralentissant le mouvement de ses doigts jusqu’à manquer de s’arrêter complètement de masser son interlocuteur. Lui faire mal n’avait jamais été dans ses intentions, bien au contraire ! Heureusement que la fin des propos de Tomhas la rassura, arrachant un léger soupir de soulagement à la petite élémentaire. Elle continua donc ce qu’elle avait commencé, s’appliquant de plus belle dans chacun de ses gestes. Roxa ne compta ni les secondes, ni les minutes, encore moins les heures passées à masser un parfait inconnu, rencontré il y a peu. Quand elle sentit ses propres mains devenir chaudes au contact de la peau de son interlocuteur, elle se redressa, respirant un grand coup avant de remettre en place une mèche bleue qui s’était échappé des liens élastiques de l’une des couettes pour venir retomber sur le visage de la petite élémentaire.

« Ouf ! J’ai fini ! Vous vous sentez mieux ? »

Tout en parlant, elle demeurait assise sur le dos de Tomhas, tournant la tête en direction de ce dernier. La jeune femme réalisa alors que ce n’était pas pratique de tourner le dos à quelqu’un quand on voulait lui parler mais elle craignait de donner un coup de pied involontaire au propriétaire des lieux en essayant de pivoter sur le dos de ce dernier. Roxa se pinça les lèvres, concentrée comme elle était, et tenta le tout pour le tout. Elle voulut passer sa jambe gauche au-dessus de la tête de l’homme, priant pour que Tomhas ne décide pas de relever la tête, justement à ce moment précis et le caractère périlleux du mouvement en lui-même s’évanouit à l’instant où la petite élémentaire perdit brusquement l’équilibre pour s’écraser aux pieds du lit du propriétaire des lieux. Plus classe, tu meurs. En entendant les exclamations paniquées de son interlocuteur, Roxa leva un bras bien droit, au bout duquel se dressait une main tendue, signe que tout allait bien.

« Je vais bien ! Je vais bien ! Pas d’inquiétudes ! »

De là où il se trouvait, sans doute que Tomhas ne pouvait pas apercevoir son expression ravie, aussi la petite élémentaire se redressa une fois encore. A présent à genoux aux côtés du lit de l’homme, elle prenait appui dessus avec ses avants bras ainsi que ses coudes et en croisant l’expression de son interlocuteur, la jeune femme ne put s’empêcher de se mettre à rire. Elle n’éprouvait aucune honte ou embarras devant la situation, pour le moins étrange et ambiguë entre eux. Seul l’amusement demeurait. Elle se trouvait bête d’avoir perdu l’équilibre aussi facilement pour se rétamer royalement sur le sol. Et tant mieux si son rire se montrait contagieux en se communiquant à Tomhas. Mieux valait en rire qu’en pleurer après tout ! Après de longues minutes de fou rire incontrôlé, elle parvint néanmoins à se reprendre, essuyant les quelques larmes qui perlaient à présent au coin de ses yeux.

« Votre proposition de partager une tasse de café tient toujours ? »

Message par Invité Lun 4 Jan - 9:40

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Le temps passa et je m’habituais peu à peu à cette agréable situation. Finalement, elle se redressa avant de demander de mes nouvelles.

« Oui, je suis désormais au meilleur de ma forme ! Merci beaucoup. » Déclarais-je sans la moindre ironie. Je tentais d’établir un contact visuel avec mon interlocutrice, en vain. La plaque de titane m’empêchait les mouvements trop amples dans cette position. Je me contentais de la regarder au travers du miroir.

Après quelques instants d’hésitations, elle se décida à se relever. Je retenais ma respiration, espérant bouger le moins possible et priant pour éviter le pied de Damoclès au-dessus de ma tête. Elle trébucha. Je me relevais tant que je le pouvais, paniqué, à la recherche de mon invitée.

« Att…Ca va ? Vous allez bien, rien de cassé ? »
M’empressais-je d’ajouter. Avant d’avoir eu le temps de bondir du lit, une main s’éleva, signifiant qu’il y avait eu plus de peur que de mal. Je soufflai longuement.

Elle se releva. Enfin, elle s’appuya sur le lit pour être plus exact. Sa coiffure était inévitablement légèrement ébouriffée. J’avais toujours cette expression grave, ayant peur d’une éventuelle blessure. On ne fait pas attention à l’importance d’une blessure jusqu’à ce qu’on voit le sang en coulant, étrangement.

Soudainement, elle se mit à rire. Étais-je trop grave ? Ou peut-être riait-elle de sa propre maladresse. Voyant que tout allait pour le mieux et son rire me contaminant, j’en fus aussi pris. Après quelques minutes, je m’arrêtais de rire. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu une telle occasion de rire. C’était agréable. J’observais avec un sourire Roxa qui essuyait quelques larmes. Elle était aussi un bon vivant.

« Votre proposition de partager une tasse de café tient toujours ? »
« Hum, oui, bien sûr ! Suivez-moi, ce sera prêt dans quelques minutes. » Rétorquais-je.
J’enfilais rapidement mon haut et ouvrai la porte à l’élémentaire. Je remarquai alors que je n’avais pas accompli mon rituel habituel. Je souriais à la preuve évidente de ma gêne et pénétrai dans le salon. D’un geste de mon bras droit, j’indiquais le canapé à mon invité.
« Mettez-vous à votre aise, ce ne sera pas long. » Étais-je un maniaque du temps ?

Je m’affairais alors dans la cuisine et revint avec deux cafés. Je déposai la première coupole et posai la seconde devant moi avant de m’asseoir.

« Ce n’est pas sucré, faîtes attention. »
Précisais-je avant de moi-même me servir un sucre. Je sais, il vaut mieux avoir du sucre en poudre mais je ne pouvais pas résister à la Beauté de voir le café remonter le long du sucre. On a tous nos pêchés mignons, non ?

« Sinon, madame Falkenhorst » Ce nom était certes compliqué mais on s’y habituait étonnement rapidement, à ma grande surprise. « Dîtes m’en plus sur vous. Travaillez-vous déjà par exemple ou quels sont vos hobbys ? » Questionnais-je avant de me saisir de ma tasse et d’en boire une gorgée.

N’était-ce pas la meilleure occasion d’en apprendre plus, autour d’un café ? Certes, le massage aurait aussi été une bonne occasion mais je n’y avais étonnement pas songé.

Message par Invité Lun 4 Jan - 12:21

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Emboîtant aussitôt le pas à son interlocuteur, Roxa ne tarda pas à se retrouver dans le salon. Elle se demanda soudain comment toutes ces pièces, si différentes d’apparence, pouvaient se réunir pour former un tel lieu. La petite élémentaire n’avait pas pour habitude de rencontrer des individus qui vivaient sur leur lieu de travail. C’était pour le moins impressionnant ! Elle opina d’un signe de la tête quand l’homme lui désigna le canapé et la jeune femme alla s’y asseoir sans faire d’histoire. Elle n’eut pas à attendre longtemps avant que l’odeur de café ne s’échappe de la cuisine pour venir lui titiller les narines mais Roxa en profita tout de même pour détailler un peu plus son environnement, profitant que son interlocuteur ne soit pas dans les parages. Elle avait lu quelque part – Dieu sait où ! – que c’était mal poli de dévisager quelqu’un ou un endroit de manière trop insistante…

« Merci pour le café ! »

Un rien l’enthousiasmait, à tel point qu’elle devait paraître bizarre. Néanmoins, la petite élémentaire ne s’en fit pas la réflexion, observant plutôt comment Tomhas s’y prit avec sa propre tasse. Méthodiquement, la jeune femme reproduit les gestes de son hôte, n’ayant jamais bu de café auparavant. Ce devait être une boisson répandue d’après ce qu’elle avait entendu et l’odeur lui était familière pour l’avoir déjà sentie avant ce jour. Roxa émit un glapissement de surprise lorsque le carré de sucre fut lentement engloutit dans les eaux sombres de sa tasse fumante. Le phénomène était surprenant. Cependant, elle ne tarda pas à imiter son hôte, encore une fois et se saisit de sa cuillère pour remuer l’amer breuvage. Le spectacle du sucre lui collait encore aux rétines quand la voix de Tomhas retentit dans l’air.

« Oui je travaille à la Cage, en tant que DJ. J’aime tout ce qui est électrique ou technologique malheureusement, je m’emporte parfois un peu trop, provoquant des coupures du courant… »

Une petite mine désolée apparut sur son visage, pourtant toujours illuminé d’un sourire.

« J’adore les animes et leurs héroïnes ! Je passerais ma vie devant un écran si je le pouvais mais… J’aime tellement mon travail et sortir que je veille à respecter mon quota d’heures passées devant… »

Là-dessus, elle porta sa propre tasse à ses lèvres, les trempant dans le breuvage noir et malgré l’ajout d’un sucre, la petite élémentaire ne tarda pas à grimacer, tirant à moitié la langue.

« Beurk… Ce n’est pas bon le café… »

Evidemment, Roxa ne put réprimer ce commentaire pour le moins mal poli, alors même que c’était elle qui avait réclamé d’en partager un avec son hôte. Quand cette pensée lui traversa l’esprit, la jeune femme s’empressa de se justifier :

« C’est la première fois que je goûte… Avant, je connaissais cette boisson chaude de nom seulement. »

Nouveau regard en biais avec des yeux de chien battu. Mais cette impression s’estompa rapidement quand elle voulut poser les questions qui lui tenaient à cœur concernant Tomhas :

« Et vous ? Vous êtes né ici ? Depuis combien de temps travaillez-vous ici ? Vous êtes marié ? Vous avez des enfants ? Quel âge avez-vous ? »

Message par Invité Lun 4 Jan - 15:44

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A la cage ? Je devrais peut-être y faire un tour un jour, tiens. J’avais donc à faire à une passionnée de technologie, tout comme moi. Je pris un instant pour être désolé : je ne sais pas ce que j’aurais fait si j’avais un tel handicap. Tout à coup, j’enviais un peu moins les pouvoirs des élémentaires. Néanmoins, elle ne semblait heureusement pas le vivre si mal.
« Beurk… Ce n’est pas bon le café… » Dit-elle en grimaçant.

Pourquoi en avoir pris alors ? Loin de vouloir être grincheux, ce fut la première question qui traversa mon esprit, tout simplement. Elle ne tarda pas à se justifier. Elle n’avait donc jamais but de café ? Étrange fait, néanmoins, j’aurais dût lui laisser le choix. Au moins, elle aura essayé et ai mise au fait, dorénavant.

Ce fut à son tour de m’interroger et, comme à son habitude, j’en fus assailli. Il était revigorant de voir une personne si passionnée, c’était assez rare pour être noté.
« Voyons … » laissais-je en suspens pour la faire patienter.

« Je ne suis pas né ici, je viens de Paris. J’ai beaucoup voyagé aussi. Je travaille ici depuis … Peut-être une année ? Un peu moins je dirais. Quant au mariage, je suppose que cette grande demeure impersonnelle et vide ainsi que l’absence de bague à mon doigt répond à votre question. » Dis-je, taquin, montrant ma main gauche à mon invitée. J'aimais définitivement les énigmes à la Sherlock Holmes. « Néanmoins, je suis en couple avec une femme qui, malheureusement, habite encore sur Paris. »

Je remarquai trop tard que ma voix était peut-être trop mélancolique et je compensai donc par un sourire, légèrement forcé. « Je ne doute pas, qu’un jour, elle me rejoindra. Il suffit juste d'être patient. Je n’ai pas d’enfants non plus du haut de mes 28 ans. »

Je marquai une pause, réfléchissant si je n’avais omis aucune des interrogations de l’élémentaire.

« Voilà, je pense avoir répondu à tout, n’est-ce pas ? » Confirmais-je en souriant largement à Roxa.

Je me levai, me dirigeai vers le frigidaire et revint avec un verre de jus de fruit que je déposai face à mon invité ainsi qu’une paille à côté.
« Excusez-moi, je n’ai pas grand-chose ici autre que du café. J’ai parfois des horaires extravagants et il me faut bien ça pour tenir. » M’excusais-je, frottant ma nuque de la main droite.

« Quant à vous, êtes-vous originaire de cette ville ? Il y a-t-il un monsieur Falkenhorst ? » Demandais-je sur un ton taquin. Après tout, la question était censé : elle était jeune, installée et ma foi assez jolie, les prétendants devaient être nombreux.

Du coin de l’œil, j’aperçus mon calepin, à sa place habituelle. Je souris légèrement puis l’attrapa, chercha une feuille vierge et pris le crayon en main.

« Puis-je ? » Demandais-je, légèrement insistant à la lumière de mes actes. Cela pourrait faire un beau rituel. Pensais-je amusé.

Message par Invité Lun 18 Jan - 10:05

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Paris ? La capitale de la France ? La petite élémentaire se rappelait vaguement avoir lu quelque chose à ce sujet, comme quoi les parisiens avaient la réputation d’être - comment on disait déjà ?- des individus peu avenants ? Ou alors dans le langage courant, des grincheux ? Pourtant Monsieur Paliakov n’avait pas l’air d’être désagréable à première vue. Il était même plutôt sympathique ! Décidément, les humains étaient pleins de surprises… Quand son interlocuteur vint à répondre à la question portant sur le mariage, Roxa ne comprit pas quel était le lien entre la bague et cette cérémonie. Penchant la tête sur le côté, elle observa les doigts de l’homme – dont un en particulier – mais aucune réponse ne s’imposa à elle. Aux prises avec ses interrogations, la petite élémentaire n’eut pas le temps – heureusement ou malheureusement selon le point de vue que l’on adoptait – d’interroger Tomhas plus en détails à ce sujet car ce dernier enchaînait déjà sur autre chose. Ou plutôt, il se levait pour effectuer un bref aller-retour entre le salon et la cuisine. Les yeux de Roxa s’émerveillèrent devant la boisson, surtout la couleur de celle-ci. Une jolie nuance orangée, qui lui rappelait un peu les cocktails que l’on servait à la Cage. Si bien qu’elle y trempa légèrement les lèvres, s’assurant d’abord que cette boisson ci n’était pas alcoolisée, non sans avoir remercié son hôte au préalable. Puis, sans autre forme de politesse, la petite élémentaire but une longue gorgée du jus de fruit, dissipant ainsi le goût amer que le café avait laissé dans sa bouche.

« Merci ! C’est bien meilleur ! Mais vous ne devriez pas non plus vous surmener, le corps humain a ses faiblesses. »

Une succession d’exemples lui vint aussitôt à l’esprit, tandis qu’elle se remémorait certains ouvrages qu’elle avait consultés, directement sur Internet à ce sujet. C’était la meilleure manière d’en apprendre davantage sur les êtres humains, bien avant de commencer à les côtoyer non ? Roxa s’autorisa une nouvelle gorgée de son jus de fruit – lequel la faisait presque passer pour une enfant avec son attitude et son look mais la principale intéressée ne s’en souciait pas le moins du monde – et elle manqua de s’étouffer avec le liquide sur lequel elle s’était émerveillée tantôt concernant la couleur, quand la question tomba. Lentement, la petite élémentaire éloigna le verre de ses lèvres mais ne put se résoudre à le reposer sur la table basse devant elle. Aussi, elle se contenta de le tenir fermement entre ses mains, comme un rempart à cette douleur sourde qui se répandait dans sa poitrine. Dire que ce phénomène lui était encore inexpliqué… Pourtant, elle en devinait la raison.

« Je… Je suis bien née ici mais… »

Par où commencer ? Comment s’expliquer en présence de cet homme ? La mort, la tristesse et le deuil étaient des choses que Roxa ne parvenait pas encore à cerner. Même après avoir expérimenté la première, l’ignorance la saisissait de nouveau.

« Monsieur Falkenhorst est... »

Sans qu’elle ait besoin de formuler la cruelle vérité de vive voix, son expression sombre, inhabituelle sur ce petit visage enfantin qu’était celui de l’élémentaire, coupait court aux éventuels doutes naissant sur le destin de ce fameux Monsieur Falkenhorst. La mélancolie ne lui était pas familière pour autant. Dire que Roxa ne s’apercevait même pas de la gêne provoquée par cette révélation. Elle avait bien trop à faire avec ses propres émotions, pour en plus prendre celles de son interlocuteur en compte, à commencer par le fait de passer pour une veuve à tout juste 20 ans ! Même si ce genre de cas existait, ce n’était pas fréquent. Et la possible différence d’âge entre les deux amants séparés bien trop rapidement, s’imposait tout aussi vite aux esprits. Dès lors, on se mettait à juger. Qu’avait-elle à aimer les hommes d’âge mûr ? Serait-elle l’une de ces veuves noires, rendues célèbres pour assassiner leurs maris afin d’hériter de leur fortune ? Non, la petite élémentaire était bien loin de se remettre en question au sujet de telles dérives sociales. Elle fut tirée de sa torpeur mélancolique par du mouvement en provenant de Tomhas. Un peu surprise, Roxa le découvrit, matériel en main, visiblement sur le point de dessiner quelque chose… Ou quelqu’un ?

« Hein ? »

Ou comment se montrer plus impolie envers un inconnu, pour le moins agréable jusqu’à présent… La jeune femme se reprit, souriant faiblement.

« Oh oui, bien sûr, je vous en prie, vous êtes chez vous après tout ! » enchaîna-t-elle dans la foulée.

Après avoir porté ses mains à ses yeux pour brièvement les essuyer, la petite élémentaire réalisa une chose : son interlocuteur la fixait. Mince, elle avait vraiment plombé l’ambiance alors ? Lorsque l’homme commença à dessiner, Roxa sursauta. La lumière se fit alors dans son esprit et elle goûta finalement à la douce chaleur se répandant sur son visage alors que l’embarras la saisissait devant le constat qui s’imposait soudain à elle.

« Ah non ! Vous ne pouvez pas me dessiner ! Pourquoi d’abord ? Je dois avoir une tête affreuse ! Monsieur Paliakov ! » haussa-t-elle légèrement le ton sur la fin, en voyant que son hôte ne cessait pas pour autant les mouvements de son crayon sur la feuille de papier, jadis vierge.

Cela ne suffit malheureusement pas à dissuader le dénommé Tomhas, aussi la petite élémentaire gonfla les joues, en signe de désapprobation, affichant désormais une mine boudeuse à souhait. Elle avait reposé le verre sur la table basse, à présent bien entamé, pour être en mesure de croiser les bras sur le canapé où elle se trouvait toujours assise. Et enfin, vint la menace ultime à ses oreilles :

« Si vous n’arrêtez pas, je m’en vais ! »

Ouh. Toute l’Avventura en tremble encore !

Message par Invité Lun 18 Jan - 19:32

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Alors que je commençais à visualiser la scène, sans dire un mot, je me replongeais dans mes pensées, bien déterminé à avoir le fin mot de cette intrigante histoire. Qu’était-il advenu de ce monsieur Falkenhorst ?

La tristesse avait teinté sa voix, cela était donc indubitablement un événement triste. Bien Sherlock. Elle était donc mariée mais ne possédait à première vue pas de bague. Après avoir regardé plus attentivement, elle ne possédait ne serait-ce pas la marque de cet anneau. Cela faisait donc longtemps qu’elle ne l’avait pas portée. Était-ce pour en prendre soin ou par peur de la perdre ? Je ne le pensais pas, en général, les veuves préféraient conserver ceci comme ultime preuve d’amour.

Autre hypothèse : elle avait rompue. Ainsi, les éléments coïncidaient parfaitement. Le marié avait récupéré la bague ou elle s’en était débarrassé dans un excès de colère alors : elle était bien trop mélancolique pour s’en séparer volontairement et sciemment. Comment devais-je la consoler ? Simplement lui dire que cet homme n’était pas le bon ? Ce serait probablement mal venu d’un homme qu’elle vint juste de rencontrer.

Je soufflai : il n’était fatalement pas facile de posséder les habilités d’Holmes mais je ne me découragerais pas. M’extirpant de mes pensées, je commençais à faire balader le crayon sur la feuille, dans une attitude neutre à défaut d’avoir pensé à mieux.

Après quelques traits, son visage vint incompréhensiblement se teinter de rouge. Ses yeux étaient grand ouvert tandis qu’elle vociférait quelques mots qui eurent pour effet de me faire rater mon trait.

Un instant, je m’arrêtai. Non, elle a bien accepté pourtant, il doit y avoir une autre raison …
Elle semblait avoir une basse estime d’elle-même à moins que ne ce fut de ces manières nobles. Cela faisait longtemps que je n’y avais pas été ainsi confronté et, à vrai dire, même à l’époque je ne les comprenais que très mal. Ainsi, je continuais comme on me l’avait appris à le faire à l’époque.

Une fois, je m’étais arrêté suite à une telle remarque et la dame concernée sembla avoir été offusquée. C’était en Autriche je crois.

Elle changea de posture. Était-ce cela comment elle voulait être dessinée ? A vrai dire, je fus charmé par cette pose peu commune qui était, ma foi, authentique. C’est alors que, d’autant plus inspiré, je repris le dessin selon ce nouveau modèle.

Le regard colérique et détourné, les joues gonflées, le torse bombé et les bras croisés, tout allait naturellement et harmonieusement ensemble. Cela me confortait dans mon idée qu’elle venait probablement d’une famille noble. Quelle maison alors ?  Falkenhorst ? Je n’avais ne serait-ce jamais entendu ce nom, pourtant son attitude reflétait une famille importante. Peut-être cela venait d’Angleterre ? Je me mordis l’intérieure de ma joue, me maudissant de ne pas avoir mieux étudié quant à cette culture.

Je repensai soudainement à mon attitude maladroite et inappropriée. Je l’avais accueilli vulgairement, lui avait faire boire un banal jus de fruit et présenté un café probablement si infect qu’il n’en méritait plus le nom à ses yeux. Pire que tous, je m’étais permis un massage !  Bien que j’aie hérité du nom de ma mère, cela viendrait à entacher la réputation de la famille Misson si cela venait à s’apprendre. J’espérais simplement ne pas faire une erreur qui lancerait les hostilités entre nos deux familles. Il fallait que je corrige le tir, subtilement.

J’hésitai à laisser tomber le crayon, me pliant à ses exigences mais la situation était bien trop similaire à ma mésaventure autrichienne pour que ce soit une coïncidence, je réfutai alors cette idée.

« Voyons, restez et ne dîtes pas cela. Votre mine est loin d’être affreuse ! Pour tout vous dire, vous êtes même radieuse. »
Rétorquais-je aimablement, souriant, la regardant droit dans les yeux. D’une main légère, je continuai le dessin pour ne pas attirer ses foudres. L’exercice se révélait être bien plus ardu que je ne l’aurais tout d’abord pensé.

« Vous savez, il est de ma nature de toujours vouloir saisir les belles choses. » Espérons qu’elle ne comprenne pas de travers cette phrase. « De plus, mes talents sont reconnus si c’est la peur que je vous fasse honte qui vous motive. » Je reprenais ma respiration, adressant un regard à mon calepin, vérifiant que le trait n’avait pas dévié. « Contre ce dessin, je peux même accéder à une de vos demandes si vous le voulez. »

Je réfléchissais à comment piquer l’intérêt de mon invitée. « Cela pourrait même être le tableau que j’en ferais. » Pas mal Tomhas, je pense que tu t’es bien repris.

« Alors ? » Demandais-je, dessinant toujours d’une main baladeuse. A vrai dire, je plaignais plus le pauvre fou qui avait osé rompre avec elle plutôt que ma propre situation. J’en profitais pour ajouter, souriant. « Outre cela, vous voulez peut-être autre chose à boire ou à grignoter ? » demandais-je en me levant promptement.

Peut-être, en effet, que le stress pouvait se lire sur mon visage. Mais cela était de bien grand mots !

Message par Invité Mar 19 Jan - 3:19

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Radieuse ? Roxa mit quelques instants avant de comprendre que c’était un compliment vis-à-vis de sa propre personne. Pour autant, elle ne pouvait toujours pas croire son interlocuteur sur parole. Et pour cause ! Repenser à son père, parti trop tôt pour l’autre monde, avait de quoi teinté son visage d’émotions dont la petite élémentaire n’avait pas habitude. Alors forcément, elle doutait de l’image qu’elle renvoyait à ce moment précis ! Doutant légèrement de sa réaction, la jeune femme garda le silence quelques minutes, dégonflant les joues lentement mais sûrement. Tomhas ne cessait pas de la dessiner malgré sa pseudo menace à son encontre ! Pour sûr, cela se voyait qu’il avait envie de lui tirer le portrait, même si Roxa ne comprenait pas cette expression. A vrai dire, elle trouvait cette démarche aussi surprenante que stupide. Dessin ? Tableau ?

« Vous voulez une photo de moi ? » demanda-t-elle naïvement.

Toute sa colère avait disparu, ainsi que la mélancolie qui l’avait habitée précédemment. La lumière se faisait dans son esprit et même si elle ne connaissait pas encore quelles étaient les raisons qui pouvaient motiver cet homme à conserver pareil souvenir de sa petite personne, Roxa n’avait rien contre. Les pervers ? Elle ne connaissait pas. Et avant que son interlocuteur n’ait le temps de lui répondre, la jeune femme enfouit sa main droite dans la poche de son haut – un sweat trop large pour elle – pour en ressortir le gadget présent dans les mains de tous les adolescents, à savoir, le téléphone portable. Sauf que celui de la petite élémentaire était le dernier cri de la technologie. Chose étonnante quand on savait avec quelle naïveté et simplicité elle découvrait le monde qui l’entourait. Question technologie, Roxa ne se privait de rien, toujours à l’affut d’une nouveauté à acquérir. Autant dire qu’elle rendait de nombreux services à cette société de consommation et ce, sans même en avoir conscience ! Dans la foulée, la jeune femme se prit en photo – selfie mania quand tu nous tiens ! – le plus naturellement du monde avant de diriger l’appareil vers Tomhas pour que ce dernier puisse voir le résultat.

« Et voilà ! Je vais vous l’envoyer sur votre portable, c’est plus simple non ? Pourquoi perdre votre temps à me dessiner sur ce bout de papier ? »

Toute naïve qu’elle était, Roxa ne pouvait pas imaginer un seul instant que son interlocuteur n’était pas autant équipée qu’elle sur le plan technologique. Ni même que ce dernier pourrait se froisser de la manière qu’elle avait de parler de sa passion pour le dessin et la peinture. Aux yeux de la petite élémentaire, elle ne faisait que lui simplifier la tâche, ne voyant pas dans cette méthode, une quelconque manière de blesser son hôte. Voyant que Tomhas buguait légèrement devant sa proposition, la jeune femme fronça légèrement les sourcils. Pourquoi hésitait-il à ce point ? Détachant son regard de celui de son interlocuteur toujours béat, Roxa parcourut des yeux l’ensemble de la pièce qui les entourait. Certes, ils ne se trouvaient plus dans l’atelier de son hôte, mais il lui venait néanmoins une idée.

« A moins que… »

Courte hésitation alors qu’elle retrouvait tout d’un coup son enthousiasme légendaire.

« Vous n’auriez pas une machine pour créer des images ? »

Par là, il fallait bien sûr entendre « une imprimante » ou toute machine ayant pour usage d’imprimer divers dessins sur différents supports. La petite élémentaire était tellement impatiente qu’elle s’était également levée dans la foulée, tout comme son hôte. Et si la machine de ce dernier ne fonctionnait pas ? Elle pourrait toujours lui donner un coup de jus, autant dans le sens littérale que physique du terme…

Message par Invité Mer 20 Jan - 23:21

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Le silence s’imposa de nouveau, je m’installais de nouveau dans mon siège et continuai ma précédente activité. Elle semblait accepter implicitement ma demande. Après réflexion, il était parfaitement logique qu’une Dame digne de ce nom ne s’abaisse pas à marchander ainsi. Même Cathie ou moi aurions put en apprendre de ce modèle de noblesse.

Je pus dessiner de longues minutes. Au fur et à mesure, ses traits se firent moins forts : la fin de ma séance s’approchait. Habituellement, j’oubliais le côté humain de mon Art pour favoriser mon immersion mais, à ma grande surprise, cette fois-là, je faisais d’autant plus attention aux attentes de mon modèle.

« Vous voulez une photo de moi ? »

Comment ça ? J’essayai en vain de comprendre ses mots. Quel était le sens caché derrière cette question ? Était-ce une expression mal traduite ? « Do you want … » Non, cela ne semblait pas être la raison. Quoi alors ?

A peine plongé dans mes réflexions qu’elle dégaina son téléphone avant de se photographier elle-même. Mais ce n’est pas logique, on doit voir le bras sur le côté non ? Est-ce un effet artistique, une critique de l’autoportrait peut-être ? Elle me tendit le résultat tout en prononçant d’énigmatiques mots.

« Et voilà ! Je vais vous l’envoyer sur votre portable, c’est plus simple non ? Pourquoi perdre votre temps à me dessiner sur ce bout de papier ? »

Je restai figé, la bouche à moitié ouverte et les yeux grands ouverts. Clignant de temps à autre des yeux.

L’envoyer sur mon portable ? Pour que je la redessine ensuite ? Non, bien sûr que non, une simple image, prise à la va-vite de plus, ne peux pas refléter tous les éléments dont j’ai besoin. Tous ces petits détails dans sa posture, ses gestes inconscients, cet éclat dans les yeux. La personnalité même d’une personne !

« Perdre mon temps » ? « Bout de papier » ? Je ne comprenais pas le sens de ces mots. Était-elle entrain de parler de l’Art, de mon Art ?

Elle reprit la parole, me faisant soulever un sourcil d’interrogation.

Une machine à créer des images ? Qu’est-ce ? Une de mes inventions ? Je n’en avais pas la moindre idée. Soudainement, je me rappelais qu’on m’avait déjà fait ce genre de blague incompréhensible : dans les écoles, il arrivait que des blagues proviennent du jargon du métier enseigné, c’était donc l’une de ces blagues ! Tout s’expliquait. Je n’avais pas fait de grandes écoles mais cela n’était pas étonnant qu’une Dame de bonne famille en ai fait. J’avais donc à faire à une artiste ? Avait-elle fait les Beaux-arts ?

Remarquant ma stupidité et mon affligeante rigidité, je me décontractais et riait à gorge déployé, pris par un fou rire, une main devant les yeux pour en cacher les larmes. Ce n’était donc que ça, une blague.

Voyant l’incompréhension dans le regard de mon invité. Je m’arrêtai soudainement de rire. Était-elle sérieuse ? Il le semblait. Devais-je répliquer ? Non si je le faisais … Au diable l’honneur, les bonnes manières ou les Misson : on critiquait mon Art !

Tout en gardant un léger sourire, je protestais. « Voyons, une simple image comme celle-ci n’a rien à voir avec une peinture ou ne serait-ce un croquis. Il manque de la vie, des émotions, la touche de l’artiste et mille et une autres choses. » Je reprenais une forte inspiration. « Quand un artiste créer quelque chose, il y insuffle son âme, ses humeurs et ses chagrins. C’est pour cela que chacune de mes œuvres est comme l’un de mes enfants. Une telle proposition est en quelque sorte … insultant » conclus-je après une courte hésitation.

Je me servis un second café dont je bus instantanément la moitié. Cette femme était pour moi un mystère. Pourquoi faire une telle chose ? Par ennui ? Cela était sa façon de me transmettre son impatience ? Peut-être.

« De toutes façons, le croquis est finit. Merci bien de m’avoir accordé de votre temps suite à ma demande égoïste. Que puis-je bien faire pour vous remercier ? »


Je m’étonnais moi-même d’avoir ainsi gardé mon calme. La dernière fois qu’un ivrogne c’était ainsi moqué de mon Art, cela avait été plus … tumultueux. Oui, c’est le mot. Peut-être était-ce parce que c’était une femme ?

Message par Invité Jeu 21 Jan - 7:36

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Devant le silence de son interlocuteur, Roxa se demanda si elle devait renouveler sa proposition ou bien radicalement changer de sujet. L’incompréhension qui se lisait sur le visage de Tomhas, peu à peu remplacée par la perplexité, la petite élémentaire s’interrogea soudain : aurait-elle dit un truc de travers ? Pour un peu, elle crut s’être exprimée dans une autre langue… Peut-être que les mots n’étaient pas les bons ? Ah, les humains avec leur langage compliqué ! La Nature n’avait pas besoin de pareils outils pour communiquer ! Quoique… A bien y réfléchir, peut-être cette dernière avait-elle bien fait de revoir ses principes fondamentaux, pour les envoyer, elle et ses semblables sur Terre ? Puisque les humains qui la foulaient ne semblaient pas toujours réceptifs à ses signaux… Cette révélation – et pas des moindres – dans l’esprit de la jeune femme, lui fit momentanément oublier le lieu où elle se trouvait et à qui elle faisait face. Si bien que le rire de son hôte, en plus de la faire revenir au moment présent, la fit sursauter. Lentement, Roxa baissa le bras qu’elle avait tenu tendu pendant tout ce temps, essayant de comprendre la raison d’une telle hilarité en la personne de Monsieur Paliakov. Ses joues se teintèrent d’une jolie couleur rosée. Elle en était certaine maintenant, elle avait dit une bêtise ! Sans doute venait-elle d’inventer un mot étrange, chose qui avait plongé son interlocuteur dans une surprenante hilarité. Lui qui paraissait faire attention à ses manières à chaque seconde qui passait… Un timide sourire se dessina malgré tout sur les lèvres de la jeune femme. Elle était tout de même contente de le décoincer un peu dans un sens… Toutefois, elle demeurait curieuse de comprendre la raison de son rire et l’heure des explications arriva. La petite élémentaire écouta avec attention ce que l’autre avait à lui dire, s’abreuvant même des paroles de ce dernier. L’art… La peinture… Le dessin… En passant par le simple croquis… Elle n’y connaissait pour ainsi dire, pas grand-chose…

« Je suis désolée, je ne savais pas… A vrai dire… » Elle marqua une pause, cherchant visiblement ses mots. « Je ne connais rien de ces choses-là… Je connais la peinture pour ce qu’elle est mais je ne comprends pas ce que les gens ressentent à son contact. Je ne connais pas ce genre d’émotions… Je pensais que vous vouliez simplement un souvenir de moi alors je pensais bien faire… »

Dire qu’elle s’exprimait en toute sincérité, s’en était presque touchant ! Sa curiosité se réveilla de nouveau à l’annonce du croquis terminé et le visage de la jeune femme rayonna de plus belle.

« Je peux voir ? »

Ce ne fut que grâce à l’insistance dont elle fit preuve, que son hôte finit par accepter de lui montrer son ouvrage. Prudemment, Roxa se saisit de la feuille, comme s’il s’agissait d’une véritable œuvre d’art, le genre de trésor que l’on souhaite préserver de tout, y compris des dommages du temps. Sans même s’en rendre compte, la petite élémentaire retint son souffle l’espace de quelques secondes, le temps de parvenir à trouver la bonne manière de tenir la feuille en question, espérant de tout cœur ne pas l’abîmer par mégarde. Et elle fut agréablement surprise en découvrant son portrait.

« Wouah ! C’est comme si je me regardais le matin dans le miroir de la salle de bain ! » s’exclama-t-elle alors, les yeux rendus brillants par une telle découverte.

C’était bien entendu la seule image qui lui venait en tête pour illustrer O combien elle trouvait le dessins – ou croquis, peu importait – ressemblant. C’était même assez perturbant de se voir ainsi, gribouillée sur une feuille de papier blanche. Définitivement différent d’un reflet dans le miroir en fin de comptes. Même si Roxa était bien incapable de l’exprimer de vive voix à cet instant. Seul son instinct le lui soufflait.

« Vous êtes doué ! » conclut-elle, tout sourire, avant de lui rendre la feuille, toujours en veillant à faire attention, à tel point que ses gestes précautionneux en devenaient ridicules ainsi poussés à l’extrême.

« Inutile de me remercier pour ça ! Ce n’est pas grand-chose ! Ce serait plutôt à moi de vous remercier pour votre hospitalité et votre talent ! »

Sa manière de s’exprimer et sa vision des choses dénotait encore et toujours sa différence avec un humain lambda. Heureusement que la principale intéressée ne le remarquait pas, trop prise dans la conversation qui se tenait actuellement.

« Mais je veux bien voir vos autres croquis ! » finit-elle par demander néanmoins, avec une adorable candeur.

Message par Invité Jeu 21 Jan - 11:24

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Elle me demanda de voir d’autres de mes croquis. Si se moquer de mon Art était la chose qui me m’était le plus en colère, le respecter ainsi était ce qui me rendait le plus heureux. À la lumière de ses explications et de ses actions, il était indéniable que c’était juste une personne un peu maladroite. Il était étrange qu’une noble n’ai pas eu été initié à ces arts. Peut-être me trompais-je ?

Je n’en avais pas la moindre idée. À vrai dire, cette personne était bien mystérieuse et incompréhensible à mes yeux. Autant dire une personne passionnante. Suite à sa demande, je lui passais mon calepin où résidaient quelques croquis de différents paysages de l’Avventura que je n’avais pas encore utilisé.

« Si vous voulez en voir d’autres, parmi mes meilleurs, suivez-moi. » L’invitais-je avant de traverser une nouvelle fois ma chambre pour atterrir dans mon Atelier.

« Voilà, c’est ici mon petit temple. » Affirmais-je avec un large sourire.
Je ne précisais pas la nécessité de faire attention. Après tout, cette jeune femme avait manié un simple croquis comme si c’était un texte de 2000 ans. C’était drôle et un peu flatteur.

Portraits et paysages tapissaient les murs, les croquis étaient empilés à côté de mon chevalet. Il serait bientôt temps d’une nouvelle fois faire de la place sur les murs. Parfois j’envoyais de mes peintures à Paris, parfois j’en entreposais ou en donnait. Indétrônable, le portrait de Cathie et l’objectivement horrible tableau qu’elle avait décidé jeune étaient toujours là. J’étais particulièrement à l’aise dans cette pièce.

Sur le mur de droite résidait le plus récent tableau. Celui de cette jeune vampire, Aline. J’avais délibérément usé et abusé d’un rouge écarlate. Je l’avais fait un peu distante, menton relevé. C’était comme cela que je la voyais malgré que je n’eu pas le temps de bien la connaître. Je n’avais néanmoins pas encore peint le fond.

« C’est mieux avec de la couleur, n’est-ce pas ? »
Lâchais-je en souriant.
« Actuellement, les tableaux ne sont que des lieux dans l’Avventura, peut-être en reconnaissez-vous quelques-uns ? » Demandais-je.
« Si j’ai bien compris, vous n’êtes pas habitué aux tableaux, n’est-ce pas ? Étrange fait. Votre avis m’intéresse d’autant plus à vrai dire. » Déclarais-je avec un clin d’œil complice.

Comme à mon habitude, je profitais de l’occasion pour regarder attentivement une nouvelle fois chacun de mes tableaux, jamais entièrement satisfait malgré une certaine fierté. Sur tel tableaux, l’arbre manquait de feuilles, sur un autre les tuiles ne souffrent d’aucune imperfection. Sur ce dernier, le coucher de soleil est trop omniprésent. Même sur mon chef d’œuvre, la pigmentation du bleu n’est pas assez lisse.

À la manière de mes inventions, les peintures semblaient toutes posséder quelque défaut que ce soit. Cela les rendait plus humaines, j’imagine.

Message par Invité Lun 25 Jan - 9:28

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Aussitôt, la petite élémentaire lui emboîta le pas, sans songer à protester une seule seconde. La curiosité l’animait toute entière et elle n’aurait raté cette opportunité pour rien au monde ! Roxa suivit donc son interlocuteur à travers la maison, jetant des coups d’œil autour d’elle sans la moindre gêne, découvrant et redécouvrant certaines pièces avant qu’ils n’atteignent finalement leur destination, laquelle n’était pourtant qu’à quelques minutes du salon où ils avaient pu échanger quelques mots. Ne s’attardant pas sur la manière qu’eut son hôte de décrire son atelier, la jeune femme s’avança prudemment à l’intérieur de celui-ci. Elle étouffa un cri de surprise en voyant le nombre impressionnant de tableaux qui ornaient les murs, à tel point qu’ils semblaient former une étonnante quoique grotesque tapisserie hétérogène de toutes les tailles et de toutes les couleurs, regroupés ainsi en un même lieu. Deux d’entre eux cependant se démarquaient des autres. Des portraits. Comme celui que Tomhas avait fait d’elle auparavant dans le salon, même si ceux-là paraissaient plus travaillés. Ou alors, était-ce l’impression qu’elle en avait en les voyants en couleurs ? Trop absorbée par sa contemplation de l’endroit, la petite élémentaire ne prêta qu’une oreille distraite aux propos qui sortaient de la bouche du maître des lieux. De nouvelles questions l’assaillaient déjà :

« C’est votre concubine ? » demanda-t-elle en désignant le portrait de Cathie.

Comment passer à côté de ce portrait, trônant fièrement au centre du mur qui donnait directement sur la porte ? Le temps que Roxa se souvienne du terme le mieux adapté pour désigner cette femme, en couple et pourtant pas mariée à Tomhas, et la question franchissait ses lèvres. A en juger par le sourire de son interlocuteur, elle avait vu juste. Plutôt satisfaite d’elle, la jeune femme reprit sa contemplation des autres tableaux. Même sans les commentaires de son hôte, elle aurait rapidement compris que ce dernier avait largement consacré son art aux paysages naturels qui entouraient l’Avventura. Pourtant, la petite élémentaire dut reconnaître ne pas en connaître un seul et pour cause : elle ne mettait pas les pieds en dehors de la ville. L’activité de celle-ci lui suffisait pour qu’elle ressente le besoin de se ressourcer à l’extérieur, à même la nature, comme le faisaient certainement la plupart de ses semblables. En revanche, elle reconnut d’autres lieux, moins nombreux cependant, tels que le parc ou encore la fête foraine battant son plein à la tombée de la nuit. Ces endroits lui étaient davantage familiers, paradoxalement.

« Je reconnais celui-là et celui-là ! » s’exclama-t-elle en pointant un doigt en direction des tableaux concernés. « Non, j’ai déjà vu des tableaux. » le reprit-elle alors avant de poursuivre sur sa lancée. « Je connais La Joconde ou Le Cri. Tout comme je connais le Louvres. C’est juste que, je ne ressens rien de particulier en les regardant. »

Laissant le temps au maître des lieux d’assimiler ce qu’elle venait de dire, Roxa se perdit dans la contemplation de l’un des tableaux. Celui-ci représentait une partie de la plaine qui bordait la ville, ainsi qu’un pan de montagne et plus loin encore, de forêt. Une très belle façon d’illustrer la mixité sur laquelle l’Avventura s’était bâtie.

« Quand je regarde ce tableau, je m’interroge sur ce qui vous a poussé à le peindre. Il est joli c’est vrai. Mais la Nature sera toujours plus belle, vue à travers vos yeux plutôt qu’un tableau. Personne ne peut l’emprisonner dans un tableau. J’en suis convaincue. Alors, je ne comprends pas pourquoi vous cherchez à reproduire la Nature quand tout est sous vos yeux. »

Les humains étaient-ils à ce point aveugles ? Etait-ce la raison pour laquelle sa Mère lui avait donné la vie ? Roxa éprouva une pincée au cœur en réalisant cela. Elle savait que son hôte n’était pas méchant, du moins, il ne l’avait pas été avec elle. Mais son sens de l’art sonnait comme une insulte à la Nature elle-même. La petite élémentaire secoua vivement la tête, pour dissiper les pensées négatives qui envahissaient doucement son esprit. Détachant ses yeux du tableau, son regard s’arrêta sur le second portrait qui se trouvait dans la pièce. Un frisson lui parcourut la colonne vertébrale lorsqu’elle croisa le regard, hautain, de cette jeune personne. Si jeune et pourtant si hargneuse…

« Qui est cette personne ? »

La réponse de son interlocuteur se perdit dans un concert d’exclamations, précédé par le bruit d’une explosion. Elle n’eut soudain, plus aucun intérêt aux oreilles de la jeune femme, simplement préoccupée par ce qui se passait à l’extérieur.

« Vous avez entendu ? »

Question idiote. Bien sûr qu’il avait entendu ! Tout le quartier avait entendu ! Roxa se précipita dehors, sans s’assurer que le maître des lieux lui emboîtait le pas ou non et se retrouva de nouveau dehors. Un regard à gauche, un autre à droite. Et soudain, elle vit l’origine de l’explosion : au bout de la rue, sur le trottoir de gauche, une fumée noire s’échappait d’une petite échoppe. Un cercle de passants s’était massé autour de l’endroit et étant donné sa petite taille, la jeune femme ne pouvait espérer distinguer quelque chose. Alors elle abandonna l’atelier derrière elle et s’approcha de l’origine de la fumée.

« Bougez plus ! Ou j’la bute ! » beugla alors quelqu’un.

Une voix d’homme. Nerveuse. Furieuse. Fiévreuse ? Parvenue jusqu’aux abords du cercle de badauds, la petite élémentaire aperçut l’homme qui venait de crier. Il avait le teint malade, trop pâle et la bouche agitée de tics nerveux. Quant à ses yeux, ils étaient injectés de sang… Sans savoir qu’elle avait affaire à un drogué en manque, Roxa pouvait deviner que l’autre était malade. De son bras droit, il serrait une jeune femme contre lui. En effet, son avant-bras était pressé sur la gorge de l’inconnue. Dans sa main droite, un objet reflétait les rayons du soleil, si bien qu’elle mit du temps avant de reconnaître un taser.

« Le premier qui appelle les flics… ! J’vous jure que j’la tue ! »

Message par Invité Lun 25 Jan - 18:10

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« Pourquoi » ? Pourquoi préférais-je dessiner plutôt que simplement contempler ? Bonne question. Était-ce par envie de vouloir transmette ce que j’avais vu à d’autres ? Pour immortaliser le moment ? Peut-être même pour faire ressortir l’onirisme de la scène ? Je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. Sa façon de pensée était manichéenne mais juste. C’est comme si on demandait « pourquoi aimer ? » La raison n’était pas évidente et, heureusement, l’élémentaire se tournait vers un autre tableau, n’attendant pas de réponses.

« Qui est cette personne ? » demandait Roxa devant le tableau inachevé.

« C’est une personne que j’ai rencontré il y a peu de temps. Elle m’a, pour le moins dire, laissé une forte expression ! » Exclamais-je gaiement. « C’est la première fois que j’essaie ce genre d’expression contre les règles de bienséances et c’est un exercice en tout point exaltant. Voyez comme, au travers de la gestuelle j’ai … » Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’un bruit d’explosion coupa net à ma tirade.

Roxa fut la première à emboîter le pas, réagissant plus rapidement que moi. C’est une explosion, il vaudrait mieux aller vérifier que ce n’est rien de grave. Notifiais-je avec du retard. Mon invitée avait déjà quitté la salle et je m’empressais de la suivre, attrapant mes gants au passage dans la chambre. Je n’avais pas le temps de les mettre convenablement. Je devais donc me contenter de les enfiler par-dessus ma veste, laissant les fils visibles longeant mes bras et se réunissant dans mon dos. Pourquoi je les avais pris ? Peut-être pour disperser les passants en cas de danger ? Je traversais à toute vitesse le salon pour finalement arriver dans mon atelier mécanique, saisissant ma clé en argent en passant. Pourquoi l’ai-je pris, celle-là ? C’est toujours utile … pour resserrer quelque chose ? Non, je m’étais instinctivement armé. A croire que cette ville me forgeait.

J’atteignais finalement la rue et rejoignait la foule agglutinée autour d’une échoppe. Tiens, j’avais une échoppe si près de chez moi ? Il est vrai que je recherchais rarement des bars mais … là n’était pas l’important pour l’heure ! Je me frayais un chemin pour rejoindre mon invitée. Il était bien pratique dans ces moments là d’être légèrement plus grand que la moyenne.

Une prise d’otage. Remarquais-je en me mordant la joue. Qu’est-ce qu’il voulait ? Étais-je arrivé trop  tard pour le savoir ? On ne prend pas des gens en otage pour rien ! En voyant l’homme, je compris à quel genre on avait à faire. Il ne fallait pas le contrarié mais cela finirait tout de même en bain de sang si on le laissait. Que pouvions-nous faire ?

Du calme. M’ordonnais-je, tentant de ralentir les battements de mon cœur. Tout d’abord, il faut le séparer de la jeune femme. Ensuite on doit le neutraliser. Je pourrais bien évidemment lui foncer dessus mais il aurait le temps de tirer. Utiliser mes gants pour bénéficier de l’effet de surprise puis l’attaquer ? Cela était risqué mais représentait toujours ma meilleure chance. J’augmentais déjà légèrement le son de mes gants tout en resserrant mon emprise sur ma clé à molette.

Si seulement on pouvait l’immobiliser. Poison, pétrification, peur, électricité, tranquillisants. Je portais alors un regard plein d’espoir à l’élémentaire qui m’accompagnait, la saisissant par le bras. J’aurais dût être désolé de l’entraîner là dedans mais je n’eus pas le temps de m’en soucier. Je lui glissais la clé entre les doigts tout en chuchotant. « C’est de l’argent. Tu t’occupes du gars au signal.»

Je ne savais pas à quel point elle maîtrisait ses pouvoirs. Avec cela, elle augmentait sa rallonge et sa précision le cas échéant. Le seul problème restant étant qu’elle toucherait aussi l’otage. Espérons qu’elle ne soit pas trop gravement atteinte. Si je pouvais le faire la lâcher un court instant… J’augmentais au maximum la puissance de mes haut-parleurs. Avec ça, il devrait couvrir instinctivement ses oreilles, et perdre quelques cellules auditives peut-être. Pour minimiser les dégâts collatéraux, il fallait se rapprocher mais il pourrait voir mon dispositif et tirer instantanément.

Je me faufilais au travers des quelques personnes restantes tout en levant légèrement les mains, pour lui montrer que je n’étais pas armé. Cette position avait aussi l’avantage de cacher tous les fils qui se trouvaient au-dessus de mes bras.

Éclaircissant ma voix, et me rapprochant doucement, je m’adressais à la menace. « Voyons monsieur, je suis sûr qu’il y a un autre … » Souriant, je remarquais que ma voix le déconcentrait un tant soit peu, éloignant son doigt de la gâchette.

Je t’en prie, dis-moi que tu as compris. Pensais-je intérieurement, à l’intention de Roxa. M’excusant mentalement auprès de l’otage, j’activais le dispositif sonore. Une vibration assommante se produisit dans mes oreilles, prouvant que mes oreillettes fonctionnaient belles et bien, à mon grand soulagement. Comme prévu, toutes les autres personnes s’écroulaient et appliquaient les mains sur leurs oreilles. Tout du moins, celles dans mon champ de vision. Tout reposait désormais sur la rapidité d’exécution de ma complice.

Message par Invité Ven 29 Jan - 9:43

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Un taser ? Roxa fouilla dans sa mémoire. Elle avait déjà vu des objets de ce type… Dans certaines séries américaines au moment d’immobiliser la cible des forces de l’ordre. Alors pourquoi l’homme parlait-il de tuer son otage ? Ce n’était pas le genre d’arme qui permettait de prendre une vie… Au mieux, il pourrait salement blesser la jeune femme mais cela s’arrêterait là. La petite élémentaire ne détachait plus ses yeux du taser, pesant le pour et le contre. L’arme envoyait des décharges électriques, si elle se concentrait un peu, elle pourrait certainement absorber l’électricité qu’il contenait, le rendant ainsi inutile. Sauf que ce scénario comportait quelques risques : d’abord, Roxa ignorait tout de la portée de l’absorption. D’ordinaire, elle le faisait de manière involontaire alors la jeune femme considérait cette aptitude davantage comme un inconvénient qu’une solution désespérée. Si elle échouait, ce n’était pas bien grave, personne n’en souffrirait mais elle perdrait un temps précieux. Et si elle réussissait… Et bien, la petite élémentaire risquait d’affecter tous les autres objets émettant ou fonctionnant à l’électricité dans le même périmètre… Par chance, l’Avventura ne possédait pas quelques-uns de ces trains électriques qu’on appelait tramways. Donc aucun risque qu’elle cause un accident de ce côté cependant, elle appréhendait de provoquer d’autres catastrophes. Car un catastrophe ambulante, Roxa en était définitivement une !

La soudaine prise sur son bras la tira de ces sombres pensées où elle se voyait comme une parfaite incapable. Surprise, la jeune femme releva la tête avant de songer à se dégager – ce que toute personne normalement constituée aurait fait – pour reconnaître le visage devenu familier, de Tomhas. L’air soucieux qu’elle put lire sur celui-ci, rappela à la petite élémentaire combien la situation était urgente. Mais avant qu’elle n’ait le temps d’ouvrir la bouche pour s’enquérir de la raison de cette prise sur son bras ou des éventuelles idées de son hôte, improvisé complice, l’homme prit la parole, la devançant de peu. Ou plutôt, il lui mit un objet froid entre les mains, tellement froid, que Roxa faillit le lâcher sous l’effet de la surprise, une fois de plus. Qu’est-ce que c’était que ce drôle de truc d’ailleurs ? Que voulait-il qu’elle fasse avec ? Ce n’était pas le moment pour lui faire un cadeau ! Etait-ce la seule manière qu’il avait trouvée pour la remercier d’avoir posé pour lui ? La petite élémentaire aurait voulu lui rendre l’objet fait d’argent selon son généreux donateur mais ce dernier s’éloignait déjà. S’occuper du gars ? Avec ce truc ? Mais enfin ! La jeune femme roula des yeux avant de serrer le manche de la clé avec ses deux mains.

Son attention ne tarda pas à s’en détacher puisque la voix de Tomhas retentissait de nouveau, s’adressant à quelqu’un d’autre qu’elle cette fois. Dire qu’elle ne comprenait toujours pas à quoi il jouait… La petite élémentaire sursauta lorsque le son – plus faible et supportable – lui parvint. La foule s’agita et elle ne sut pas pourquoi les gens grimaçaient soudain en se bouchant les oreilles. La plupart s’éloignaient en courant, tandis que des insanités franchissaient leurs lèvres à l’intention de Tomhas, imperturbable lui. Le drogué ne faisait pas exception à la règle. Sa bouche se tordit en un rictus déplaisant alors que sous l’effet de la douleur mêlée de surprise, il repoussait brutalement son otage pour plaquer ses mains sur ses oreilles également. La lumière se fit alors dans l’esprit de Roxa. Serait-ce ça, le signal dont l’homme lui avait parlé quelques secondes auparavant ? La jeune femme serra plus fort le manche entre ses doigts. Même si elle comprenait que c’était à son tour d’agir, elle ne savait pas quoi faire ! La panique s’empara d’elle et la petite élémentaire fit la seule chose qui lui traversa l’esprit.

« ENFOIRE ! »

La bave aux lèvres, l’inconnu se rapprochait dangereusement de Tomhas. Même si les armes de ce dernier empêchaient efficacement l’autre de se servir de son taser, le drogué constituait une menace. Mais alors qu’il avançait encore d’un pas, il reçut une clé en argent en pleine tête. Sa progression se stoppa net, son corps tout entier parut hésiter, parcouru de tremblements. Il roula des yeux et s’effondra lourdement en avant, lâchant son taser par la même occasion, à présent parfaitement inconscient de ce qui se déroulait autour de lui. Sa chute le conduisit non loin de son otage, sonnée mais en mesure de se boucher les oreilles elle aussi, qui hurla en s’écartant rapidement de lui. Tout le monde se tourna vers Roxa, restée dans la même position que son geste désespéré avait occasionnée, c’est-à-dire, le haut du corps légèrement penché vers l’avant et le bras droit tendu en direction de sa cible, laquelle s’était tenue debout quelques secondes auparavant. Sans ressentir l’embarras d’être dévisagée de la sorte, la petite élémentaire reprit une position normale, avant de se mettre à sautiller sur place en agitant les bras, fière d’elle.

« STRIKE ! Popopo ! »

Derrière son sourire, la jeune femme masquait habilement son soulagement. Elle avait véritablement douté de sa capacité à atteindre sa cible. De quoi aurait-elle eu l’air si elle avait touché un passant dans la foule ? L’otage ? Pire encore, Tomhas lui-même ? A présent, ce dernier n’avait plus de raison d’utiliser ces drôles d’instruments sonores et le silence revint rapidement sur la place. Dans peu de temps, on pourrait entendre les sirènes des forces de l’ordre. Car malgré les avertissements du fou furieux, quelqu’un les avait prévenues.

[HRP : Je ne sais pas si on fait intervenir un PNJ pour la police ?]

Message par Invité Sam 30 Jan - 12:11

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En ajustant la position de mes mains, maintenant que je n’étais plus entravé par les apparences, je pus faire disparaître tous les sons que j’émettais. J’esquissai un sourire de bonheur : mon invention fonctionnait parfaitement. J’entendais toujours les bruits ambiants, comme si de rien n’était, même les oiseaux s’enfuyant au loin. Un court instant, j’avais oublié le danger et l’homme en profitait pour s’approcher de moi sans que je ne l’aperçoive.

Finalement, un son métallique me sortis de mes pensées. J’ouvrai ces yeux que j’avais fermés inconsciemment pour voir Roxa dans une position explicite. Un cri de victoire se fit retentir de sa part et je baissai alors les yeux sur l’agresseur, étalé au sol. Un temps en retard, j’éteignais le dispositif sonore et chercha à comprendre la situation que j’avais raté. Ce manque de sérieux me coûtera cher un jour.

Regardant la jeune femme, je compris enfin. Elle l’a assommé ! Elle l’a assommé avec la clef à molette ! Ce constat me provoqua un fou rire, me poussant au bord des larmes.

« Ahah, tu l’as vraiment fait, tu l’as frappé avec ! » Plaçais-je entre deux rires. Je ne lui avais pas précisé de se servir de ses pouvoirs au travers de ce métal conducteur, après tout. Une nouvelle fois, elle m’avait surpris car je n’avais pas été assez explicite. C’était rafraîchissant.

Après plusieurs dizaines de secondes de rire intense, je me ressaisis et me dirigeai vers la principale victime qui s’était évanouie, m’assurant qu’elle n’ait pas subit un malaise. Elle m’en voudra probablement. Néanmoins, elle ne semblait pas blessée outre-mesure. Était-ce le stress qui l’avait fait tombée ainsi ? Peut-être. J’appelais une ambulance et on me recommanda de l’asseoir contre un mur.

Cela fait, je me retournai vers Roxa et me rapprocha. Je la pris dans mes bras. « Dieu merci » dis-je dans un soufflement. Qu’avais-je fait, comment aurais-je fait sans elle, elle avait rapidement réagit, la foule aurait put la gêné, elle aurait put rater aussi.
« Désolé de t’en avoir demandé tant. » Dis-je avant de la relâcher.

Bon, et maintenant ? On ne pouvait pas tout simplement rentrer et recommencer nos paisibles tâches. Un café alors ? Plutôt un jus de fruit. Conclus-je. Les sirènes retentirent au loin. Ah oui, peut-être qu’ils auront quelque à y redire, eux.

Ils arrivèrent, dissipant la foule autant qu’ils le pouvaient. À vrai dire, il la repoussait juste de quelques mètres. Seul la victime, le coupable et nous deux restions à leurs côtés. L’ambulance ne tarda pas non plus. Il faudrait que je pense à lui envoyer des fleurs. Après un court échange avec un agent, je soupirai et me retournai vers Roxa pour lui expliquer la situation. « Ils veulent notre version des faits, on doit donc faire une déposition au commissariat. Vraiment désolé de t’avoir impliqué là dedans. » Expliquais-je, gêné. Tu ? Depuis quand la tutoyais-je ?
« On se reverra bientôt, j’en suis certain. » ajoutais-je avant de monter au côté de l’un des policiers. Je voulais me débarrasser de ces devoirs administratifs le plus rapidement possible.


« Donc, vous vous êtes servis de ces … trucs …
- Des amplificateurs sonores
- Oui donc, de ces trucs, pour divertir cet homme, permettant à cette femme de l’assommer. N’est-ce pas ?
- C’est bien cela. » Cela faisait plus d’un quart d’heure qu’on parlait des récents événements et on en voyait enfin la fin.

« Bien, une dernière question : ne pensez-vous pas que votre réaction était exagérée ?
-Bien sûr que non, cet homme était armé et avait un otage, en plus de la foule ! Il aurait put tirer sur plusieurs personnes sans ces mesures.
-Un taser.
-De quoi ?
-C’était un taser. » Conclut-il

Je restais cois quelques longues secondes. Un taser ? Je n’en avais jamais vu, n’était-ce pas une arme réservée à la police ? Il était stupide de penser cela. Avais-je put confondre une arme à feu et une vulgaire arme de dissuasion ? Pourtant, la situation semblait si grave … Est-ce que, dans mon empressement, n’avais-je pas sauté trop vite aux conclusions ? Cette grande taille, dont je me ventais un peu plus tôt m’avait finalement joué des tours, dissimulant une partie de l’arme sous la gorge de l’otage. Ce n’était pas la seule chose qui m’avait trompée. Une fois de plus, je m’étais transposé dans un thriller et avait mélangé illusion et réel.
Je rougissais de honte. Heureusement, ce policier semblait plus compréhensif que je ne l’avais imaginé. Était-ce cette ville ou ma vision du système judiciaire qui était erronée ? Je pourrais reprendre cette idée pour une nouvelle …

Après quelques courtes salutations, il me raccompagna à l’entrée et je rentrais, à pied, chez moi. Quelques minutes de trajet plus tard, je remarquai que je n’avais pas récupéré ma clef à molette en argent. Mince, bah tant pis, elle me le rendra la prochaine fois qu’on se verra. Pour moi, il ne faisait aucun doute qu’on se reverrait un jour. Après tout, n’était-ce pas un coup du destin cette seconde rencontre avec un élémentaire, de foudre de plus ? Car, après tout, la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit, n’est-ce pas ?

HRP:

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