| par Invité Sam 30 Aoû - 23:21
| De part leurs natures, darkness et lightness étaient capables de percevoir les émotions de leurs interlocuteurs, si celles-ci allaient dans leur sens. Ils s'en nourrissaient, s'enhardissaient avec elle, pour finalement déjouer leurs adversaires. Qu'importe si le terme « d'émotions » était pompeux aux yeux de certaines personnes, désireuses de mettre en doute l'existence de ces créatures et la possession de capacités telles que celles-ci. D'autres savaient se montrer plus conciliant en admettant qu'il pouvait également s'agir « d'auras », ce genre d'intuition qui nous permet de deviner l'état d'âme de la personne qui se trouve en face de nous à cet instant précis. Quoiqu'il en soit, Jilan n'eut en aucun cas besoin de cette capacité, devenue familière pour lui avec le temps, pour comprendre que l'enthousiasme qui avait auparavant habité le vampire, venait soudain de perdre en intensité. Il suffisait de voir le sourire présent sur les lèvres de Faust se réduire peu à peu, jusqu'à disparaître complètement, pour s'apercevoir que quelque chose, un détail probablement, l'avait ennuyé dans les propos que le jeune professeur avait tenus. Restait à découvrir la raison de son mécontentement apparent. Pour une créature sensée camoufler habilement ses émotions en temps normal, ce vampire-ci n'y parvenait pas spécialement. Peut-être était-ce le fait d'avoir passé autant de temps enfermé, seul, dans le noir, sans personne pour commenter vos mimiques, pire, pour vous donner la réplique, qui lui faisait à présent défaut ? Le Lightness n'eut pas l'intention de lui poser directement la question, gardant pour lui ses interrogations mais prenant tout de même soin de les noter dans un recoin de son esprit. Jusqu'à ce stade de la conversation, son interlocuteur s'était montré particulièrement conciliant et agréable à écouter sur sa vision des choses. De ce fait, Jilan n'avait aucune envie de s'en séparer, songeant qu'il ferait une recrue remarquable, sur laquelle on pourrait prendre exemple si besoin. Il était presque tenté de le laisser agir jusqu'à ce que le vampire se trahisse, rendant l'heure de la sanction plus cruelle encore. Mais tout ceci, était encore entre les mains de Faust sans que celui-ci en ait conscience. Toutefois, le jeune professeur sortit de ses pensées lorsqu'un élément dans la réponse -définitive en apparence- du vampire, retentit dans la pièce. Qu'il s'évertue à rendre justice à ses frères de la nuit passe encore, bien qu'on pourrait les croire indifférents au sort de leurs congénères. Mais aux lycans ?
« Pour un représentant d'une race sensée haïr les boules de poils, je vous trouve bien prévenant... » commenta t-il avec un sourire en coin.
En soi, cette remarque n'attendait pas de réponse de la part de son interlocuteur. Libre à lui d'y répliquer quelque chose, en gardant à l'esprit que la moindre justification de sa part pourrait être considérée comme suspecte. A bien des points de vue, on pouvait considérer le Lightness comme un pervers. Pas seulement au sens devenu général aux oreilles de la population mais plutôt dans le sens premier du terme en lui-même. Alors s'il pouvait en apprendre indirectement sur les opinions et les goûts de ses recrues pour mieux les exploiter contre elles, il ne s'en priverait pas ! Le jeune professeur savait déjà que Faust refuserait les ordres d'un humain. Cela devait s'expliquer par l'obscure trahison qu'il avait évoqué un peu plus tôt. Jusque là, rien d'anormal. Alors pourquoi les lycans ? Toujours cette question sans réponse... Dans tous les cas, à moins de faire preuve de sarcasme en considérant les secondes comme égaux aux premiers dans sa précédente phrase, l'intéressé allait bien se plaire au sein de l'organisation de ce côté... En voyant son interlocuteur prendre congé de lui, Jilan crut sincèrement que la conversation s'arrêterait là. Après tout, ils avaient échangé leurs opinions respectives et concluent un semblant d'accord pour la suite des événements. Le Lightness n'en attendait pas plus, peu désireux de développer ses liens avec des personnes qui, à ses yeux, constituaient toujours un risque de trahison plus ou moins élevé suivant les mentalités. Dans le cas du vampire, le risque paraissait faible, aussi, du moment qu'il remplissait son rôle en tant que rebelle, le jeune professeur n'en demanderait pas plus. Pour le temps qu'il passait à la Grotte de surcroît... Cependant, les propos qui franchirent les lèvres de Faust l'intriguèrent. Plus parce qu'il osait lui poser la question en ayant perçu quelque chose, que pour ses doutes légitimes sur sa véritable nature...
« J'apprécie votre franchise et je comprends vos doutes. Peut-être que vous trouverez mon profil gauche, inapproprié à la gestion d'un groupe terroriste et c'est justement parce que le Cercle pense comme vous que j'occupe ce poste. Ils ne s'attendent pas à une personne de mon acabit. Ma couverture me permet de tuer en pleine rue sans le moindre soupçon à mon égard. A l'occasion, je vous ferai peut-être une démonstration qui sait ? » S'étant un peu laissé emporter sur la fin, il reprit avec une voix un tantinet plus calme qu'auparavant. « Faites abstraction de ce détail et tout se passera bien. Je suis parfaitement apte à assumer ce poste, croyez-moi. »
Dans le silence qui suivit sa tirade, on frappa à la porte. Le regard hétérochrome passa alors du visage de son interlocuteur à celui du nouvel arrivant qui n'attendit pas qu'on l'autorise à pénétrer dans ce bureau, ce qui irrita le Lightness. Encore un sot qui ne connaissait pas l'art de vivre. Heureusement pour lui, l'hybride chien facilement reconnaissable à ses oreilles et à sa queue, leur apporta une bonne nouvelle, ce qui prolongea sa durée de vie sans qu'il en ait conscience.
« Pardonnez-moi de vous déranger Chef mais les armes que nous avions commandées sont arrivées. On m'a demandé de vous prévenir et... »
« J'ai compris. J'arrive tout de suite. » le coupa brutalement Jilan.
Le ton qu'il employa, aussi bien que le regard qu'il adressa à son nouvel interlocuteur, firent comprendre à l'intéressé qu'il avait bien rempli sa mission. L'hybride-chien se dépêcha de ressortir du bureau sans demander son reste et le jeune professeur se tourna vers Faust, retrouvant son sourire.
« Voulez-vous m'accompagner ? Sauf si ma présence vous dérange bien entendu... »
S'il se riait de lui sans le dire ouvertement ? Et comment ! Car de son point de vue, le Lightness comprenait tout à fait ce qui pouvait ennuyer le vampire. Les créatures de lumières ne côtoyaient pas spécialement celles de la nuit. Certains les prétendaient même ennemis dans une autre époque.
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