| par Invité Dim 8 Juin - 12:53
| En cette belle journée, chaude et ensoleillée, ses pas l'avaient conduit en dehors de la ville. Pour quelle raison ? Il l'ignorait totalement. Le darkness avait ressenti le besoin de prendre l'air, chose rare quand on savait que ceux de sa race préféraient de loin le crépuscule comme seul moment de la journée où ils pouvaient sortir sans subir les rayons brûlants de l'astre solaire. Plusieurs destinations s'offraient à lui mais Natsume opta rapidement pour la forêt : l'épais feuillage des arbres qui la constituait, atténuerait l'effet du soleil sur le haut de son crâne et sur son humeur également. Pourtant, malgré la présence de l'énorme boule de feu dans le ciel au-dessus d'eux, le garçon ne se sentait pas irrité plus que ça. Il faut dire que ses pensées étaient toutes tournées vers autre chose que la position de l'astre solaire. Les deux derniers souvenirs de sa vie d'avant n'avaient toujours pas livré tous leurs secrets. Même après tout le temps passé à les fixer dans l'espoir que quelque chose, y compris un simple flash-back lui revienne en mémoire. Et il s'impatientait d'en apprendre davantage ! L'Avventura était certes une ville d'une taille conséquente étant donné les divers types de population qui y vivaient mais à l'échelle nationale, elle faisait office d'un petit pois sur une assiette... Comment ne pouvait-il pas trouver les deux personnes figurant sur la photographie arrachée en vitesse du frigo de l'appartement après avoir arpenté les rues de la ville pendant plusieurs mois ? Ni même la libraire où il aurait emprunté ce petit ouvrage ?! L'alchimiste... A cette pensée, Natsume porta machinalement une main vers l'une des poches arrières de son jeans dans laquelle se trouvait l'objet de forme rectangulaire. Une chance que la personne qui le lui avait donné avait choisi le format poche. Rien qu'à l'idée de devoir se trimbaler un véritable pavé littéraire, le darkness sentait son humeur se dégrader.
Dès lors que l'ombre parsemée d'étoiles lumineuses que formait le feuillage des arbres au-dessus de sa tête, remplaça la chaleur ardente du soleil sur celle-ci, le garçon sentit son corps se détendre de lui-même. Il ne l'admettrait peut-être pas à haute voix mais le soleil n'était décidément pas sa tasse de thé. Il aurait sans doute mieux fait d'attendre que les heures passent, enfermé dans sa petite chambre d’hôtel miteuse. Mais à présent qu'il était sur place... Pourquoi faire demi-tour sans en avoir profiter un peu ? Le regard rubis observa les alentours avec une indifférence qui ferait même frémir un élémentaire de plante. Dire que certains se seraient émerveillés devant le spectacle qu'offrait la Nature lors du retour des beaux jours, lui n'y était tout simplement pas réceptif. La foule de questions et d'interrogations qui grandissait chaque jour un peu plus à l'intérieur de sa tête, l'empêchait d'admirer les environs. A quelques mètres de là, se trouvait un décors complètement différent de celui-ci : la forêt corrompue. Rien qu'au nom, on pouvait imaginer quel genre de lieu nous attendait sur place. L'apparence grisâtre des arbres calcinés n'était pas visible de ce côté ci du bois et puis Natsume ne ressentait aucune espèce d'envie d'aller s'allonger dans la poussière mêlée de cendres que représentait le sol de cette partie de la forêt, jadis verdoyante à souhait comme l'était l'espace où il s'avançait peu à peu. Débouchant sur une petite clairière, le garçon leva brièvement les yeux en direction du ciel. Le feuillage des arbres alentours le cachait entièrement à la vue des promeneurs indiscrets. Le darkness garda cette position quelques instants, pesant le pour et le contre dans l'idée qui venait de germer dans son esprit, puis leva lentement les bras jusqu'à ce que ces derniers soient parallèles au sol. Il se laissa alors basculer en arrière, sans un regard par-dessus son épaule pour se retrouver allongé sur le dos, dans l'herbe humide et délicieusement parfumée de la forêt.
Tomber de cette hauteur ne lui fit pas mal et Natsume se laissa aussitôt envahir par d'autres sensations que celle de la douce brise balayant son visage. Quelques mèches blanches virevoltaient légèrement sur son front, venant quelques fois lui chatouiller l'extrémité du nez. Mais loin de faire un geste quelconque pour replacer les mèches rebelles, le darkness ne remua pas le petit doigt, trop flemmard pour ça. D'autres sensations lui parvinrent alors : d'abord le contact accueillant de l'herbe sous lui puis son odeur, unique et pourtant tellement descriptible, s'infiltrant en lui. Surprenant comment une simple pelouse mal entretenue pouvait posséder tant d'odeurs différentes en fonction de la météo de la veille. Le bruit du vent dans les feuillages environnantes surpassa son odorat. De là où il se trouvait, le garçon pouvait entendre le gazouillement des oiseaux jouant à cache-cache sur les branches. Un peu plus loin encore, il crut même discerner le bruit régulier d'un ruisseau. A moins que ce ne soit simplement son imagination ? Natsume savait que son ouïe n'était pas aussi développée que celle d'autres races. Il songea vaguement à suivre son intuition, comme pour aller s'assurer de lui-même, que ses oreilles ne l'avaient pas trompé en lui faisant entendre le clapotis du cours d'eau contre les rochers qui le marquaient ci et là. Installé de la sorte, le garçon ne se préoccupait plus des heures qui passaient. Seul ce sentiment inhabituel de quiétude comptait. Pour quelqu'un comme lui qui ne le ressentait pas de manière fréquente, sauf au détriment d'autrui. Il se surprenait lui-même à ne pas s'être déjà lassé de la Nature.
Sans avoir la moindre idée de l'heure qu'il était, le darkness s'étira alors de tout son long. Ce n'était pas en paressant de la sorte qu'il trouverait les réponses à ses questions, il le savait, cruellement. Natsume ouvrit soudain les yeux, pour découvrir le même spectacle que précédemment, même s'il lui semblait vaguement que l'astre solaire s'était quelque peu décalé vers la droite. Le darkness se redressa doucement et une fois debout, se débarrassa des dernières traces de sa petite sieste sur ses vêtements. Jetant un regard vague sur les environs, il se dit alors qu'il allait plutôt rentrer, quitter à arpenter encore un peu les rues de l'Avventura dans l'espoir de dénicher des indices tant convoités. Mais alors qu'il tournait les talons lentement, comme si inconsciemment, il désirait rester encore un peu sur place, le bruit sourd d'une masse percutant la surface de l'eau résonna non loin. Le garçon pivota aussitôt sur lui-même, surpris et curieux en même temps. Quelle pouvait bien être l'origine de ce son ? Un écureuil malhabile qui venait de rater son saut entre deux branches et était tombé dans le ruisseau ? Non... C'était plus fort que ça... Comme si la masse elle-même était plus importante que la petite boule de poils roux... Fronçant les sourcils, Natsume se laissa guider par son intuition concernant l'emplacement du point de chute, espérant simplement ne pas s'en éloigner au lieu de vouloir s'en rapprocher. Sans qu'il ne s'en rende compte, le nombre d'arbres diminuait progressivement autour de lui, preuve matérielle qu'il arrivait en lisière de forêt. Effectivement, quelques mètres plus loin, il déboucha sur une falaise dominant une vaste plaine. S'il se doutait de trouver un endroit pareil dans les alentours de la ville ? Pas le moins du monde ! Passée la surprise, le darkness laissa son regard être entraîné vers le bas. N'étant pas soumis au vertige, il eut tout le loisir de détailler les lieux : le creux de la falaise laissait s'échapper un ruisseau jusqu'à former une petite rivière en contrebas. Jusque là, rien d'anormal, mais les iris couleur sang remarquèrent rapidement une traînée humide s'échappant du cours d'eau pour se diriger un peu plus loin. Natsume suivit du regard la trace laissée par la malheureuse victime de la Dame Nature et laissa échapper un hoquet de surprise en voyant qu'elle prenait la direction d'une petite cabane en bois, située non loin de la rivière. Un animal, quel qu'il soit, n'aurait pas agi de la sorte n'est-ce pas ? A moins d'être apprivoisé ou salement amoché, ce qui aurait diminué sa crainte de l'homme, mais en l'absence de sang aux abords de la rivière, le garçon ne put que rejeter cette théorie. Et s'il ne s'agissait pas d'un animal...
Cédant à la curiosité, le darkness évalua brièvement la distance entre le bord de la falaise et la plaine s'étalant à la base de celle-ci. Il avait déjà sauté de plus haut que ça. N'écoutant que sa curiosité, Natsume s'élança dans le vide, tâchant tout de même de ne pas rater sa chute puisqu'il n'avait aucune envie de se casser quelque chose dans un endroit pareil, aussi reculé de toute forme de civilisation, si l'on excluait la cabane en bois. Se pourrait-il qu'un ermite ait trouvé refuge dans ce coin désert ? Peut-être que le darkness s'était alarmé pour un rien à la suite du bruit sourd et que rien de grave ne se passait. Si c'était bel et bien le cas, pourquoi se sentait-il irrésistiblement attiré par l'aura qui émanait de la cahute ? Le conte d'Hansel et Gretel lui revint alors en mémoire, ce qui lui arracha un drôle de sourire. Lui ? En petit garçon perdu cherchant le réconfort auprès d'un ermite malfaisant ? Cette blague ! Mais ce qui émanait de la cabane était bien sombre... Un autre darkness peut-être ? Curieusement, Natsume ne parvenait pas à croire cette hypothèse. Parce qu'il aimait penser être le seul de sa catégorie à se trouver en ville ? Oui mais ici, l'Avventura n'était plus la cité aux milles ruelles plus ou moins malfamées. Qui sait ce qui se trouvait à l'extérieur de la ville ? Hésitant, le garçon ne sut quel comportement adopter. Parce qu'il doutait de pouvoir se battre convenablement, avec tout ce soleil lui tapant sur le haut du crâne, si jamais la situation venait à dégénérer avec ce qui se cachait dans la cahute. Après quelques minutes de réflexions silencieuses, le darkness s'approcha prudemment de la cabane, veillant à anticiper la moindre agressivité de la part de son occupant. Il parvint à atteindre une fenêtre sans que quelque chose n'en sorte et jeta un coup d’œil à l'intérieur. Le soleil se reflétait sur les vitres, l'empêchant de bien distinguer ce qui se trouvait de l'autre côté du verre et Natsume maudit une nouvelle fois l'astre solaire. Nul ne sait comment il échappa de justesse à une douloureuse rencontre avec l'objet qui traversa la fenêtre à cet instant. Réagissant instinctivement, le garçon bondit en arrière, prêt à se défendre si une attaque de l'occupant suivait le vol plané de cette... bouilloire en cuir ? |
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