| par Invité Jeu 4 Juin - 6:02
| L'endroit par lequel j'étais arrivé se tenait entre la grotte qui nous abritait et la louve qui, un jour, avait été un loup. Avec un peu de chances, les créatures à l'ouïe fine qui se trouvaient à distance d'oreilles seraient en mesure de percevoir les échos de notre conversations et agir en conséquence. En humant l'air, je sentis l'odeur toute fraîche et récente de l'hybride renard qui m'avait accompagné, et donc avec un peu de chance il avait réussi à prévenir nos chers camarades qui avaient commencé à s'activer. D'ailleurs, en prêtant vraiment l'oreille, je pouvais entendre une certaine agitation dans ce sombre lieu nous servant de repère. Un lieu assailli par l'ennemi. Une ennemie qui se tenait d'ailleurs juste devant moi. Pendant quelques instants je songeai à la laisser passer. Bien qu'il y avait déjà dû avoir plusieurs membres qui s'en étaient aller accueillir nos assaillants, il restait très certainement bon nombre de nos alliés à l'intérieur. La louve, aussi forte et rapide qu'elle soit, ne tiendrait pas longtemps. Mais dans toute cette considération, il fallait prendre en compte qu'elle était armée, et donc bien plus potentiellement dangereuse qu'une louve à main nue, surtout si on lui donnait multitude de cibles. Trop de dégâts dans nos rangs avec un seul soldat ne serait pas bon pour le moral général et l'avancée de la bataille qui s'annonçait. Quand à cette louve -Cal ?-, elle avait l'air d'être tendue, dans l’expectative d'un mouvement suspect de ma part. Tout en elle évoquait la crispation et la mise en garde silencieuse. Elle écouta mes paroles et renifla l'air encore une fois. La dernière fois qu'elle avait du sentir mon odeur, elle devait contenir à la place de cette virilité quelques touches de féminité. Mais tout comme moi, elle semblait rassembler les bouts petit à petit, et rapidement elle arriva à la même conclusion que moi.
-Personne ne s'en prend gratuitement aux membres de ma famille, sache le, grondai-je. Je veille sur les miens. Je suis chez les Rebelles, ils me connaissent, et au moins ça dissuade beaucoup de faire des conneries la concernant. Si je faisais parti du Cercle, qu'est ce que cela aurait changé dit moi ?
Elle essayait de me prendre par les sentiments, tout comme jadis elle avait essayé de me convaincre que si mes parents avaient réussi à trouver une paix dans leur couple malgré leur différence raciale, que je devrais supporter leur cause. Tout comme les siens. Mais ce n'était pas le cas. J'étais orphelin parce que deux imbéciles d'humains avaient décidé de s'en prendre à mon père lycan et avaient fini par tué ma mère -une humaine tout comme eux- dans le processus. Les humains étaient déjà assez pourris pour s'entre-tuer même avant la grande révélation au monde de l'existence des autres races. Maintenant qu'ils savaient pour nous, créatures de la nuit, et qu'ils voyaient en nous à juste titre des prédateurs pour leur espèce, ils pouvaient légitimer leurs envies de meurtre en nous traitant d'abomination. Ou alors, ils s'arrangeraient pour nous rendre aussi dociles que des toutous qui suivraient leur règle à la perfection. Revenant à la situation présente, je ne me laissai pas impressionné par le fait que cette dernière m'appelle par mon nom complet, pas comme cette policière -agent Ridell si je ne m'abusais- qui m'avait abordé en pleine rue. Alors comme ça ils avaient un peu creusé sur moi. Quoi d'autres connaissaient-ils sur moi ? Peu importait. La louve des forces du Cercle semblait sereine face à moi, comme si elle ne craignait en rien l'affrontement qui était écrit d'avance entre nous deux. Peut-être comptait-elle sur ses années supplémentaires pour ce combat. Peut-être devait-elle. Peut-être pas. Je m'étais éveillé à mon loup très jeune, et depuis lors avait développé un goût prononcé pour les combats. Parmi nos rangs figuraient des militaires de toutes races qui nous avaient aussi fait profiter de leur entraînement. Certes nous n'étions pas aussi bien armés que les forces de l'ordre, comme ils aimaient à s'appeler, cela n'enlevait en rien nos capacités individuelles au combat. Gare à celui qui nous sous-estimerait, pensant que nous n'étions qu'une bande de sauvages sans entraînements. Mais cette louve osait m'attaquait sur les sentiments, alors qu'elle ne savait rien, RIEN DU TOUT de ce que j'avais enduré et ce par quoi j'étais passé. Une colère sourde vint agiter mon fort intérieur, mais paradoxalement seul un rire s'échappa de ma gorge, dure et méprisant.
-Les meurtriers de mes parents ? Moi, pareil ? Ils ont payé le prix du sang, c'est tout. J'ai peut-être rejoint les Rebelles, et peut-être parmi eux figurent des individus comme les meurtriers de mes parents. Mais je sais qui je suis, et mon identité n'est pas perdue dans la masse. N'insinue même pas un quelconque rapport entre nous, dis-je avec mépris. Et comme je t'ai dit, je veille sur les miens, ne t'inquiète pas pour ma tante. Mais dit moi, cela ne fait-il pas de vous des hypocrites, tous autant que vous êtes ? Des meurtriers qui se cachent derrière un masque de bienfaiteur et utilise leurs pulsions meurtrières contre les criminels que vous pointez du doigt, tout ça pour vous donner bonne figure ?! Et encore, si il n'est jamais arrivé qu'un de vous ne dérape bien sur ! Je te l'ai dit, je ne suis pas un humain, et je refuse de vivre comme tel...
Car soyons honnêtes, les vampires, lycans et autres créatures qui se battaient pour le Cercle étaient tous autant qu'ils étaient des meurtriers. Même ces humains qui se prétendaient "bons" n'étaient que des chiens auxquels on retirait leur muselière pour pouvoir mordre leur cible. Et c'était à ce qu'ils voulaient que je ressemble ? Un fusil chargé auquel on montrait une cible sur laquelle tirer ? Un outil ? Ou alors un civil discipliné, qui aurait renié tous ses instincts pour vivre "en harmonie" avec ces humains ? Et si l'un d'entre eux -ou même un vampire, un autre lycan- venait à s'en prendre à ma famille ? Mes amis ? Les êtres qui m'étaient chères ? Je devrais rester là les bras croisés et attendre que leur soit-disant justice soit rendue ? Non. Ce n'était pas ainsi que je voyais les choses. Et quoi qu'elle puisse me dire, cela ne changerait rien. Mais encore une fois, la louve sembla humer une odeur et un grondement menaçant s'échappa de sa gorge. Fronçant les sourcils, je flairai les alentours mais ne sentis aucune autre odeur proche à part les nôtres. En plus de cela, l'explosion de la colère de la louve vint emplir mes narines avec une violence non contenue. Son poing s'écrasa sur une des parois de la grotte et la déforma. Je plissai les yeux afin de comprendre ce qui se passait. Elle murmura alors quelque chose entre ses dents, cependant je n'eus aucun mal à percevoir les paroles de la membre du Cercle. Son odeur ?
-De quoi parles-tu...?
Sa colère devenait de plus en plus oppressante, sa bête dangereusement près de la surface. Mais qu'est ce qui se passait à la fin ? Qu'avait-elle donc senti. La tête de mon interlocutrice était baissée, cachant ses yeux à ma vue, alors que j'étais quasi-sur qu'ils avaient changé de couleur pour revêtir les nuances de celle du loup. Tout d'un coup elle répéta une suite de mots similaires qui avaient tous pour but de symboliser exactement la même idée, finissant sur un hurlement de pure rage qui vint presque remuer les arbres aux alentours : elle voulait ma peau. Pour quelle raison ? Je n'en savais rien. Mais certainement pas seulement parce que j'étais un Rebelle. Et sans préavis, elle se transforma en une louve de fourrure épaisse et noire. Encore une fois, l'ironie de la situation me fit sourire. Une louve noire au service de l'ordre, un loup blanc au service du chaos...Quelle poésie n'est-ce pas ? Mais je n'avais pas le temps de m'attarder sur ces considérations. Elle fonça sur moi, et alors que je renforçais mes appuis au sol pour pouvoir la contrer, elle se ramassa et se servit des parois de la grotte pour bondir sur moi. Pas mal, mais je l'avais vu venir. Alors qu'elle bondissait, je bondis à mon tour sur cette dernière tout en recouvrant la forme du loup blanc d'un mètre cinquante tout en muscle, en griffes et en crocs que j'étais. Je tentai dans un même élan de la percuter et de mordre son encolure et ses flancs par la même occasion. |
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