Un loup peut en cacher un autre [PV Leann Ridley et Bran Marok]

Cette chasse. Sommaire à bien des niveaux, tant par le peu de kilomètres parcourut par la cible que les vagues assauts des loups, pourrait en faire rire certains. Pourtant, aux yeux de la louve, c’était une vraie partie de plaisir. Bien sûr qu’elle avait déjà chassé en compagnie de Bran, plusieurs fois et même régulièrement. Mais jamais d’êtres humains. Et quoi qu’on puisse dire, même si leur proie courait beaucoup moins vite que les animaux, il y avait quelque chose qui faisait qu’elle appréciait davantage cette poursuite que n’importe quelle autre. Peut-être parce que c’était là, le dernier pas à franchir ? Le point de non-retour ? Parce que chasser un Homme, était à bien des égards vu comme l’acte le plus barbare et ultime ? Certainement ! Et pour la conscience de Leann qui restait tapie au fond de sa louve, à regarder la chasse prendre forme, à ressentir les sensations de son autre moitié... Elle ne regrettait en rien ce qui était en train de se passer sous ses yeux. Pire, même sa partie humaine prenait plaisir à cette course, à sentir le goût de peur sur sa langue, dans ses narines, le vent dans son pelage, la terre sous ses pattes. Un mélange de sensations délicieux et excitant. Et elle était heureuse de pouvoir le partager avec un ses semblables, avec Bran. Parce que même si elle avait déjà goûté à la chair humaine, à n’en laisser aucunes traces, elle n’avait pour autant, pas chasser d’Homme. Et c’était ce qui faisait toute la différence ! Tout comme son ami avait pu chasser les meurtriers de ses parents, sans pour autant les manger. Tout un monde de nuance, bien réel. Mais aujourd’hui, les limites volaient en éclat. Le duo de lycan ne pourrait plus faire marche arrière, même si elle doutait que ce soit dans leurs intentions. Quoi qu’il en soit, plus les minutes passaient à traverser des morceaux de la forêt, à passer devant des arbres et fleures aux senteurs diverses, plus le lien entre les deux jeunes gens s’intensifiait. Bien sûr, tout cela était du point de vue de Leann, peut-être que Bran ne verrait pas cela du même œil, ne ressentirait pas la même chose. Mais une chose était sûre : ils n’avaient pas besoin de communiquer avec des sons pour se comprendre. Un simple hochement de tête, un coup d’œil dans une direction ou même une simple posture, et l’un comprenait l’autre. Cela aurait pu être perturbant, quand on savait qu’ils n’étaient pas amants, mais cela voulait aussi dire, qu’il y avait un autre lien entre eux. Peut-être plus fort que celui de l’amour que peut se porter un couple. Oui, étrangement, elle se sentait plus proche de Bran qu’elle ne le serait sans doute jamais de Jilan. Cette pensée lui laissait un goût amer dans la bouche, mais la vie n’était pas toujours juste et chaleureuse. Et la louve avait assez enduré de douleur pour ne plus avoir à pleurer à la première difficulté ou au premier rejet.

Le moment de mettre à mort leur proie arriva. Bien trop vite aux yeux de la bête, mais ce n’était que partie remise et les humains inconscient qui se baladaient en forêt ne manquait pas ! La possibilité de chasser de nouveau un membre de cette race faible serait à leur portée.  Comme un commun accord silencieux, Bran fut le premier sur le joggeur. En général, c’était le dominant qui touchait à la proie le premier, mais dans ce cas de figure, Leann préférait ne pas penser comme ça. Pour le coup, elle pensait plutôt comme une humaine qui laissait à son ami l’honneur de goûter à la chair le premier parce qu’elle avait déjà eu cette occasion. Elle le regarda mordre au niveau du cou du pauvre malheureux, alors qu’elle jappait de plaisir en voyant son ami faire. Et une fois l’homme à terre, elle ne perdit pas de temps pour venir le rejoindre et mordre à son tour dans cette chair, au niveau des cuisses. Elle supposait que la chair serait bonne à cet endroit puisque la victime courait surement régulièrement. Le muscle c’était nettement meilleur à de la graisse ! Qu’on se le dise ! Le repas se fit avec des grognements et toutes sortes de sons animales, provenant des deux lycans. Le sang avait recouvert une bonne partie de leur gueule et le pelage alentours. Le plus frappant, c’était pour Bran, avec sa robe blanche, le rouge qui la tâchait ressortait davantage que sur celle de la louve. Même s’ils ne laissaient pas de traces, hormis les os de l’homme, le sang sur eux serait une véritable preuve de leur crime. Ils iraient se laver dans le lac ! Ou mieux : Leann s’approcha de son ami, après qu’ils aient terminé les derniers morceaux de chair, pour venir lui lécher le côté droit du museau. Avant de le mordiller pour lui faire comprendre qu’elle voulait jouer. Ce repas et cette chasse l’avait assez excité pour qu’elle ait envie de se mesurer à un membre de sa race. Et qui de mieux que Bran pour cela ? Elle vient ensuite lui mordre, un peu plus fort une patte, avant de se reculer légèrement et elle se mit à japper. Avant de partir en courant, slalomant entre les arbres comme s’ils n’étaient que de vulgaires obstacles sans importance. Vers où se dirigeait-elle ? Vers le lac, aussi rapidement qu’elle le pouvait. Et sans avoir à se retourner, quelque chose lui disait que son ami n’était pas très loin derrière elle, si ce n’était à côté d’elle. Une fois arrivée près de la berge, elle n’attendit pas et sauter dans l’eau. Alors que son corps de loup était en train de couler, elle était en train de reprendre forme humaine. La sensation de l’eau sur sa peau en pleine métamorphose était étrange mais ce n’était pas désagréable. Mais en même temps, qu’est-ce qui pourrait être plus désagréable que le fait de sentir ses os, ses muscles changer de place. Une fois redevenue humaine, Leann émergea de l’eau en riant.

« Alors ? Comment c’était ? » Demanda-t-elle en direction de son ami, s’il avait pris forme humaine, il pourrait lui répondre...

Il n’y avait pas à dire, lorsqu’elle se retrouvait avec Bran, la jeune femme perdait étonnement de son sérieux et il lui était beaucoup plus facile de se laisser aller aux rires. A bien y réfléchir, il devait être le seul avec qui elle agissait ainsi. Le seul à la connaitre sous presque tous ses angles. Bien sûr, il y en avait un ou deux où Jilan était plus exprès, mais cela ne comptait malheureusement pas à ses yeux. Non, c’était bien son jeune ami qui la connaissait surement le mieux dans cette ville et cela ne la dérangeait nullement. Ayant accepté de ne pas se montrer plus insouciante que nécessaire aux yeux de son amant. Dire que son frère de meute ne devait même pas en avoir conscience, puisqu’elle ne lui en avait jamais fais part. Il devait surement penser que c’était leur supérieur commun qui détenait cette place... Penser au jeune professeur de la sorte la rendit légèrement morose, mais seulement l’espace de quelques instants, parce que bien vite, la bonne humeur de Bran se communiqua de nouveau à elle. Et la petite morsure qu’il lui fit à la cuisse fit partir toutes ses anciennes pensées. Leann le regarda sortir de l’eau alors qu’elle était en train de passer ses doigts dans ses longs cheveux violets. Avec le sang qui avait sécher ci et là, il lui fallait commencer dès maintenant à en retirer le plus possible. Sinon, elle passerait plus de temps que nécessaire sous la douche. Et ce n’était pas vraiment ce qu’elle avait envie. Restant à moitié dans l’eau, elle regarda amusée, Bran et son geste la fit rire un peu. Il pouvait être aussi comique que sanguinaire ! C’était tellement plaisant ! Et son envie de le protéger refit surface. Jamais elle ne voudrait qu’il perde ce sourire. Ce qui était surement stupide avec le chemin qu’il avait choisi aujourd’hui, mais elle voulait faire en sorte qu’il ne soit trop malheureux. Quand son interlocuteur prit la parole pour lui répondre, un sourire amusé et sincère se dessina sur les lèvres de la louve. Il avait raison, cette chasse avait été trop courte, même à ses yeux. Mais pouvait-on en demander davantage à des humains ? Ils n’étaient pas fais pour courir aussi vite et longtemps qu’eux. Comment ne pas les fatiguer plus pour faire durer le plaisir ? Et surtout, comment garder le sentiment de peur pendant toute la chasse ? En chassant d’autres êtres vivants ? C’était une idée à ne pas laisser tomber. Ses yeux finirent par être moins noués par le sang et elle décida dans de sortir, au moment où il lui demandait son avis. Elle serra sa chevelure entre ses doigts pour les essorer au maximum.

« J’ai particulièrement apprécié cette chasse en duo. On avait besoin que d’un regard pour se comprendre. Et même si elle n’a pas duré aussi longtemps qu’on l’aurait voulu, faire cette expérience avec toi était super. Et ma louve est du même avis ! »

Elle se demanda alors si sa bête pourrait vouloir faire du loup de Bran son compagnon. Leann savait que ça ne pourrait jamais être Jilan, il n’était pas assez lupin pour ça et même si ça ne lui plaisait pas, elle comprenait parfaitement sa bête intérieure. Elle avait besoin de sentir un autre loup près d’elle pour se sentir bien. Mais que se passerait-il si ça devait vraiment arriver ? Si elle ne voyait plus Bran et son autre moitié, comme des frères ? Parce que les deux jeunes gens se considéraient davantage comme des frère et sœur que comme un potentiel couple. Leann la première. Mais comment Bran le prendrait-il ? Cette dernière sourit bêtement en voyant les quelques coups d’œil que lui lançait son ami et elle ne pu s’empêcher de dire, pour le taquiner :

« Tu sais que tu peux me regarder franchement ? »

C’est alors qu’elle eut une petite idée, pour répondre à sa question silencieuse qu’elle s’était faite elle-même. Elle bondit sur quelques pas pour sauter sur son ami, le faisant tomber sur le dos et s’asseyant sur lui, à califourchon. Evidemment, si quelqu’un devait passer par là, les doutes sur ce qui était en train de se passer entre les deux individus n’étaient pas permit. Et Leann accentua encore cette vision des évènements en se pensant sur lui, pour venir lui mordre la lèvre avant de la lécher pour y récupérer le sang qu’elle venait de faire couler par sa morsure. Il y avait un certain sérieux dans ses yeux, plus pour savoir comment il allait réagir avec de telles avances qu’autre chose. Sa propre bête gronda d’une étrange manière et la propriétaire légitime du corps ne parvient pas à savoir si elle appréciait ce comportement ou non. Et Bran ? Comment le prendrait-il ? Il avait dû sentir les sentiments qui animaient la jeune femme en présence de Jilan, mais également une certaine tristesse. Comprendrait-il qu’il s’agissait d’un amour à sens unique ? Non, Leann était plus désireuse de voir comment il allait réagir face à cet assaut.

Sa réponse ainsi que son rire eut le mérite de se communiquer à la louve. D’autres personnes seraient devenues rouge pivoine à cette réflexion, mais pas Bran. Lui, il le prenait sur le ton de la plaisanterie et c’était ce qui était bien avec lui. Qu’il arrive à allier sa bonne humeur et la lui transmettre à sa sauvagerie. C’était un mélange qu’elle n’avait encore jamais eu le loisir de découvrir. Tant dans le caractère de Danaliel que dans celui de Jilan. Et voila qu’elle recommençait à penser à ces deux hommes. Se retenant de secouer la tête, la jeune louve passa alors à l’action. Son comportement eut l’air de surprendre son ami. Peut-être parce qu’elle n’avait pas l’air de jouer à cet instant ? Si toutes les autres fois, elle avait agit ainsi, cela avait été pour le taquiner et s’amuser. Mais cette fois, c’était un peu différent. Et plus les secondes passaient au dessus de lui, aussi proche de lui, qu’elle se rendait compte que ça plaisait à sa bête. Si elle en était heureuse ? Leann était partagée sur la question. D’abord, parce qu’il ne s’agissait pas de n’importe quel loup, il s’agissait de Bran. Ensuite, parce qu’il y avait une certaine limite à ne pas franchir et que cela risquait d’être difficile au vu du comportement de sa louve intérieure. La jeune femme pu voir l’hésitation et peut-être une pointe d’incompréhension dans les iris de son ami. Oui, il ne devait pas comprendre pourquoi elle lui sautait subitement dessus de la sorte. L’accélération de ses battements de cœur ne passa pas inaperçu à ses oreilles et cela eut l’air de plaire à la bête. Mais avant qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche pour tenter de s’excuser et surtout de s’expliquer, les choses bougèrent. Le propre loup de Bran voulait également participer à leur échange et il ne lui valut que très peu de secondes pour renverser la situation à son avantage. Bien sûr, elle aurait pu tenter de lui opposer un peu de résistance, mais ce n’était pas dans les intentions des deux côtés féminines. Bien que cela aurait pu être violent, Leann ne ressenti aucune douleur dans son dos au moment où celui-ci toucha le sol. Cela déçue un peu la bête de ne pas le voir plus violent que cela mais ce sentiment disparut rapidement avec le grondement ainsi que le visage du jeune homme en train de changer. Pour le pousser à se transformer encore un peu plus, Leann -dictée par les envies de sa bête- vient lui mordre de nouveau la lèvre déjà blessée -et qui se guérissait déjà-. Elle voulait le titiller assez pour que l’esprit de Bran ne soit pas assez sûr de lui pour garder le contrôle et le voir se transformer au dessus d’elle. Mais en voyant l’expression dans les yeux de son ami, Leann commençait à se dire que son comportement n’avait pas du tout été une bonne idée. A voir leur loup respectif réagir de la sorte, cela ne semblait vouloir dire qu’une chose : ils étaient prêts à former un couple animal. Un couple de dominant. La tension qui se dégageait de leur deux parties l’en attestait encore un peu plus. Mais comme pour accentuer le malaise de la situation ou simplement celui de Leann, la simple question de Bran résumait la dangerosité des choses. Prudent ? Non, ce n’était pas prudent et encore moins raisonnable. Sa partie lupine avait envie de répondre qu’elle se fichait des conséquences, qu’elle ne voulait qu’une chose : être plus proche de cet autre loup. Mais Leann... Elle savait que tout ceci n’était pas raisonnable. Mais son amour pour Jilan l’était-il ? Elle lui était dévouée de corps et presque d’âme, mais ça ne serait toujours que dans un seul sens. Ne souffrirait-elle pas autant de temps qu’elle resterait à ses côtés ? Mais c’était pourtant ce qu’elle désirait. Elle acceptait qu’il l’utilise et se serve d’elle autant de temps qu’il le voudrait. Elle avait beau dire ce qu’elle voulait, qu’elle n’était plus aussi soumise qu’elle ne l’avait été, il n’en restait pas moins qu’elle l’était toujours un peu en ce qui concernait son amant.

Leann ferma quelques instants les yeux. Elle voulait se reprendre, éloigner le plus possible sa bête, qui se mit à donner des coups de griffes psychiquement parlant pour témoigner de son mécontentement et de son désaccord. Non, elle ne voulait pas se voir enfermer au fond de son être. Elle voulait davantage se voir libérer et pouvoir laisser court à ses pulsions animales avec le loup de Bran. Mais la partie humaine de la stripteaseuse tint bon et ne lâcha rien. C’était de sa faute si la situation avait autant dégénérée. Elle aurait simplement pu poser la question à son ami au lieu de mettre le feu aux poudres. Maintenant, ils avaient une réponse plus ou moins claire de ce que pouvait devenir la relation des deux loups et en même temps l’impossibilité à celle-ci. Si elle regrettait son comportement ? La réponse était clairement oui, notamment parce que leur bête semblait encline à aller plus loin mais que les parties plus humaines ne voyaient pas leur relation du même œil. Le pire dans tout cela, c’était que l’espace de quelques longues secondes, même Leann l’aurait accepté. Elle savait que sa bête serait de nouveau entière avec la présence d’un autre loup à ses côtés et que dans le fond, elle savait que Bran tenait à elle. Surement davantage que Jilan lui-même. Cette pensée lui fit mal et elle secoua la tête pour la chasser rapidement avant de rouvrir les yeux. Il ne tenait surement pas à elle comme son ami, mais il savait tout de même se montrer possessif pour sa personne non ? Perdue dans ses propres doutes, Leann croisa le regard de son interlocuteur, qui était redevenu presque normal.

« Je suis désolée... J’ai voulu jouer avec le feu et maintenant... »

Il allait falloir l’éteindre... Sans pour autant que ça détruise leur relation. Est-ce que Bran allait lui en vouloir ? Avait-il seulement comprit le but de son action ? Et maintenant ? Peut-être que lui aussi allait être embêté par sa bête, par sa faute. Elle resta allongée sur le dos, le temps qu’il se relève de lui-même. Elle tourna la tête pour regarder ailleurs, plus loin entre les arbres,  en éloignant son envie de prendre ses jambes contre elle. Elle se sentait presque mal et cela ne lui plaisait pas qu’il s’en rende compte, parce qu’elle savait qu’il le sentait.

« Si... Tu souhaites que l’on ne se voit plus... Pendant un moment... Je comprendrais... »

Et c’était parfaitement sincère. Le temps que leur partie lupine se calme chacune de leur côté. Même si le fait même de ne plus se voir jouerait surement le rôle inverse espérer. Ce qu’elle pouvait être sotte de ne pas toujours réfléchir ! Elle avait eu une envie, une idée et elle s’était laissée aller. Et quand on voyait maintenant le résultat...

Leann ne savait pas si elle devait le remercier de s’être glisser à côté d’elle pour ne plus être sur elle. Même si la position était pour le moins ambigüe, surtout avec ce qui venait de se passer, elle lui permettait au moins d’être en contact avec son corps et de l’apaiser un peu. Mais elle ne pouvait pas non plus lui demander de rester sans bouger. Avec ce qu’elle venait de faire, elle n’en avait pas le droit. Ce qui la rassura tout de même, ce fut qu’il resta là. S’il avait réellement mal prit son comportement, il n’aurait pas pris la peine de reste à ses côtés, n’est-ce pas ? C’était du moins comme cela qu’elle voulait voir les choses. Ou comme cela qu’elle voulait les voir. Sa question eut l’air de surprendre Bran, pourtant, de son point de vue, la louve l’a trouvait parfaitement légitime. La main de son ami qui vient prendre la sienne parvient à la calmer et à lui ôter un poids qu’elle avait sur le cœur. S’il acceptait de la toucher, cela lui donnait déjà un début de réponse positive, du moins, elle l’espérait. Son mouvement de pouce lui fit fermer les yeux quelques instants et elle en oublia presque ce qui venait de se passer. Mais si seulement cela pouvait être aussi facile... Dès les premières paroles du jeune loup, Leann faillit laisser échapper un soupir de gratitude. Même si ce n’était que de simples paroles, elle était encore assez naïve pour croire en elles. Mais elle avait confiance en Bran, alors comment ne pas croire à ce qu’il lui disait ? A la promesse qu’il lui faisait ? Elle n’avait aucune raison de douter de lui, depuis qu’elle le connaissait, tout se passait bien. Peut-être même un peu trop... La suite de ses paroles, bien qu’elles se voulaient surement décontractées et pleines de plaisanteries ne firent pas vraiment leurs effets sur la louve. La faire repenser à Jilan dans ce genre de situation lui rappelait qu’elle ne pourrait certainement pas avoir ce type de relation avec lui. Elle devait s’y faire, elle pensait l’avoir accepté mais apparemment, ce n’était pas le cas. Si seulement elle était parvenue à faire ce qu’il lui avait dis ce soir là. Qu’il fallait ne pas avoir d’attaches et plus profond que ça : ne pas avoir de sentiments pour autrui. Dans un sens, si elle l’avait écouté, elle ne serait probablement pas dans cette situation délicate. Mais serait-elle parvenue à avoir la même relation de communion et de confiance qu’elle avait actuellement avec Bran ? C’était peut-être moins sûr. Mais la louve garda dans un coin de sa tête ses pensées, peut-être qu’elle y réfléchirait plus en profondeur une fois seule. Pour prendre une décision sans être perturbée par une présence. Peut-être qu’elle n’arrivera pas à ne plus être sentimental. Après tout, malgré son passé et tout ce qui lui était arrivé, elle avait gardé une certaine âme... Cela allait surement devoir changer. Qu’en penserait Bran ? Parce qu’elle ne se faisait pas trop de soucis pour Jilan de ce côté là. Peut-être que sa relation avec son ami en pâtirait ? Ou pas du tout... Perdue dans ses pensées, elle n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit concernant sa plaisanterie sur leur chef commun. Dans le fond, ce n’était pas si grave, puisqu’il avait pu sentir sa réaction. Parfois, les mots sont inutiles. A ses dernières paroles par contre, Leann sourit, rassurée et elle leva la main qui était entrelacée à celle du loup pour la porte à sa bouche et y déposer un tendre baiser sur le dos de cette dernière. Accompagné d’une petite morsure, pour jouer et lui faire comprendre que même si sa tentative pour détendre l’atmosphère n’avait pas vraiment marché, elle se sentait tout de même mieux.

« Merci Bran... »

Alors qu’elle pensait que la discussion allait s’arrêter là, la question de son interlocuteur eut le mérite de la surprendre. Son désir ? A elle ? De ne plus le voir ? Comme si elle pourrait vouloir d’une chose pareille ! Leann mordit plus fort la peau de son ami, pour lui laisser les traces de ses dents pendant quelques instants. Elle se redressa sur un coude, de son côté pour pouvoir le regarder dans les yeux.

« Non. Je serais malheureuse si je devais ne plus te voir. Et ma louve deviendrait surement insupportable... » Elle l’embrassa sur la petite marque sur sa main avant de la lui rendre et de sourire. « Alors continuons comme si de rien n’était ? On arrivera à gérer hein ? »

Oui, elle était étrangement confiante. Si sa bête voulait plus, elle ferait en sorte de la contrôler et de gérer la situation. Leann se leva alors, écoutant la réponse de son ami, s’il y en avait une avant de lui annoncer qu’il serait temps de se quitter. La matinée avait pas mal avancé et elle ne serait pas surprise de découvrir qu’ils étaient plus en début d’après-midi. Elle avait perdu la notion du temps lors de la chasse et encore plus pendant les discussions qu’elle avait eu avec son ami.

« A la prochaine ! Et cette fois, je te promets d’être seule ! »

Sa voix avait reprit ce ton plus doux et taquin qu’elle avait souvent en sa présence. Signe qu’elle allait surement mieux. Elle se mit alors à trottiner, pour retourner à l’arbre où elle avait laissé la chemise de Jilan. Elle ne pouvait pas retourner en ville nue. Déjà qu’en chemise, elle attirerait l’attention...