| par Invité Mar 15 Juil - 5:27
| Lorsque mes yeux virèrent au doré, elle me regarda attentivement, d'un air calme, sans se départir pour autant de sa curiosité apparente. Il était indéniable que cet aspect de mes yeux me donnait une allure se rapprochant peu à peu de celle de la bête à l'intérieur, et c'était à dessein afin d'illustrer les propos qui suivaient. Et sa réaction surprise mais satisfaite me rappela encore une fois celle d'un enfant partant à la découverte du monde avec son esprit rempli de comptes et de légendes, de savoir et à la fois d'ignorance. Cela me rappela l'époque où moi aussi j'avais eu le loisir de me faire raconter des comptes sur les créatures de la nuit -toutes celles parcourant l'Avventura-, mais aussi sur des fées et des elfes, des nains et des gnomes, racontés par ma mère ou mon père lorsqu'ils me mettaient aux lits. C'était il y a bien longtemps, lorsque j'avais encore des parents pour me raconter des histoires. Il y a un peu plus de 10 ans maintenant, mes parents étaient partis, et depuis je n'avais fait face qu'à la réalité pure et dure de la vie, avait affronté plusieurs créatures de la nuit mais n'avait jamais rencontré de fées, d'elfes ou ce genre d'êtres. Alors si les rumeurs concernant l'Avventura étaient fondées ? On pouvait dire que oui. Parmi mes rencontres, j'avais eu l'occasion d'affronter des lycans et des darkness, j'avait aussi fait la rencontre d'une vampire assez grincheuse, et même si je n'avais jamais réellement rencontré d'élémentaires j'en avais flairé quelques fois en me promenant en ville : pas dur de les distinguer des autres alors que certains sentaient les cendres, d'autres la végétation ou la mer, ou encore une nuit par un temps orageux...Mais je doutais que Aéris en sache autant sur les créatures de notre monde.
J'acquiesçai donc à ce qu'elle venait de dire, sentant toutefois sa curiosité à mon égard se renforcer. J'imaginais que si elle avait entendu des légendes à propos de nous, elle se demandait certainement si celles-ci étaient véridiques. C'était tout à fait normal. Par ailleurs, il véhiculait plusieurs légendes à propos de nous les lycans dont la plus part -que je sache- étaient fausses. La plus célèbre d'entre elles étaient notre capacité à nous transformer uniquement lors des soirs de pleine lune -répandant par la même occasion terreur et carnage sur notre chemin-. J'étais bien placé pour savoir que cette rumeur était entièrement fausse du fait que je pouvais me transformer à tout moment de la journée et du mois, et bien que j'étais loin d'être un gentil petit loup apprivoisé, mes chasses se faisaient dans le silence le plus total la plus part du temps et n'incluait pas d'effusions excessives de sang. Cependant la deuxième légende à notre propos -concernant notre vulnérabilité à l'argent- était parfaitement vraie et j'en portais d'ailleurs la preuve sur mon torse où une fine cicatrice à peine visible avait pris naissance après mon affrontement contre Ryuku. Mais passons. Cette dernière m'avoua qu'en effet, elle était jeune (à peu près le même âge que moi) et qu'elle n'avait en fait jamais voyagé au cours de sa courte vie. En effet son apparence était celle d'une jeune fille de 17 ans mais en matière de vampire je préférais ne pas m'y fier comme elle venait de le faire remarquer. Cependant son âge voulait soit dire qu'elle avait donc été transformée à ses 17 ans et qu'elle était une très, très jeune vampire -de l'ordre de quelques mois- ou alors qu'elle était une vampire dès la naissance. Et mon instinct me disait que la deuxième option était la bonne. Cela ne m'empêcha de poser la question, tout en ne pouvant m'empêcher de sourire, amusé par son tirage de langue.
-Oh, je suppose donc que tu es née en tant que vampire ?
Elle accepta de me suivre pour que je lui montre le chemin vers la ville, même si à bien regarder elle ne me suivait pas vraiment et profitait pour gambader un peu partout dans la forêt comme une jeune fille emplie de curiosité. Ce que je ne doutais pas qu'elle soit, à vrai dire. Elle ne courrait pas assez vite pour me distancer sous ma forme humaine, mais je ne prenais pas le temps pour autant de lui courir après. Cependant elle veillait à ne pas trop s'éloigner de moi, comme si elle avait peur de me perdre et de s'égarer à nouveau dans ce terrain qu'elle ne connaissait pas. Même si, en fait, je la retrouverais si jamais elle s'égarait trop loin de moi. Je me contentais juste pour ma part de suivre le chemin, sachant qu'elle me retrouverait à l'odeur, écoutant distraitement ses petits rapides sur le sol de même que j'humais son parfum pour savoir constamment où cette petite vampire pleine de vie se trouvait. Je marchais les mains dans les poches, sereinement, lorsqu'elle revint pour la énième fois et que je déclinai mon identité de façon très peu formelle. Ce qui, une fois de plus la fit rire alors qu'elle se prêtait au jeu. Je n'avais pas rencontré beaucoup de vampires, mais la seule avant elle était une grincheuse invétérée ce qui rendait le contraste entre ces deux personnalités assez saisissant. Mais comme quoi, les clichés vampiriques existaient aussi, et étaient faits pour être démolis. C'est alors que d'un coup, sans emphase, elle me posa une question qui me surpris un peu. Mais, me communiquant sa bonne humeur, je me mis à rire à mon tour, pas le moins du monde offensé par son manque de tact qui semblait faire partie d'elle.
-Bizarre ? Non, pas du tout. Je suis né ainsi, en tant que lycan, et j'ai toujours eu cette dualité à l'intérieur de moi. Ça ne me fait plus mal maintenant non plus lorsque je me transforme même si au début, ça faisait un mal de chien, fis-je avec un clin d'oeil pour la petite blague un peu nulle sur les bords. Puis reprenant mon sérieux. Mais je sais que ce n'est pas le cas pour tous mes semblables.
Pour d'autres, souvent les lycans mordus, il était parfois plus difficile d'accepter la bête et tout ce qui allait avec. Et ma transformation, comparée à la leur, était bien moins douloureuse et bien plus courte. Fallait dire aussi que j'avais 18 ans de pratique et que je me transformais pratiquement tous les jours ce qui rendait le geste presque habituel. Mais assez parler de moi.
-Et toi Aéris, tu viens d'où ? |
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