| par Invité Dim 22 Sep - 1:45
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La louve ne savait plus où poser les yeux. Tantôt, rivés sur ceux de son amant, les détaillant presque l’un après l’autre. Tantôt, baissés sur la plante de ses pieds à se demander comment il aurait réagit si elle était revenue chez lui, couverte de sang. A l’entendre, elle n’était pas assez humaine pour être obligée de se contrôler. A cette réflexion, Leann se demanda quel était le point de vue de ce professeur sur cette race dite « faible ». Mais quelque chose lui disait qu’à défaut de les détester, il ne les portait pas non plus dans son cœur ou ils le laissaient indifférent peut-être. La raison de cette hypothèse ? Le fait qu’il ne cherchait pas à la faire vivre comme telle mais bel et bien comme une lycanne. Alors que dès l’instant où elle avait survécue à son attaque, on l’avait obligée à être le plus humaine possible, au risque de se voir enfermer avec de l’argent si elle se laissait trop aller. Retenant un frisson à ses souvenirs, la louve reporta son attention sur les iris hétérochromes de Jilan, attendant toujours qu’il lui communique sa vision des choses. Mais étrangement, elle appréhendait un peu moins que quelques minutes auparavant. Etait-ce grâce à ses pensées ? A se dire que cela ne pouvait pas être pire que ce qu’elle avait déjà pu vivre ? Probable. Mais, également parce qu’elle avait une certaine confiance en cet homme. Peut-être qu’elle se fourvoyait complètement et qu’il allait finir par la lâcher et la mettre dehors suite à ses déclarations, mais il restait une petite partie d’elle qui se refusait à le penser. Etait-ce parce qu’il l’avait manipulé de sorte qu’elle ressente ses sentiments à son égard ? Même si c’était le cas, Leann s’en moquait puisqu’elle lui avait dit accepter qu’il l’utilise. Simplement en contre partie de son aide à la rendre plus forte. Elle devait être naïve sur bien des points et probablement pour pas mal de personnes, à agir ainsi, mais pour elle, c’était l’une des meilleures façons pour atteindre son but. Tout ce qui l’importait, c’était de survivre. Et dans l’état actuel des choses, elle n’irait pas très loin. Elle ferait donc le nécessaire pour remédier à cela et la lycanne était prête à accéder à toutes les requêtes de Jilan. Là où des individus pouvaient voir une jeune femme candide, Leann ne voyait qu’une façon d’arriver à ses fins. Qu’on l’utilise par la suite, ne la préoccupait pas. A vrai dire, avec ce qu’elle avait vécu, cela lui paraissait presque naturel. Peut-être que Jilan résoudrait ce petit problème de personnalité par la même occasion ? Même si, elle n’était pas assez naïve pour se laisser berner par n’importe qui. Elle pouvait même aller jusqu’à penser que c’était du donnant-donnant. Il l’aidait à survivre, elle l’aiderait dans ce qu’il voudrait. C’était une vision des choses normales pour la louve. Arrêterait-elle de l’aider une fois qu’elle pourrait se débrouiller seule ? Probablement pas. Comme elle lui avait dit, elle lui resterait fidèle. Pour un peu, ils auraient pu passer pour un jeune couple. Cette pensée faillit arracher un soupire à la louve. Coucher avec un homme ne l’a dérangeait nullement, même après si peu de temps après la mort de son compagnon. Mais avoir de nouveau des sentiments semblables, c’était trop tôt. Même si elle avait dit faire de son nouvel amant, son attache. Ce n’était pas le même type d’attache. Leann faillit louper les premiers mots de Jilan tellement elle était partie loin dans ses pensées. Heureusement pour elle, une partie de son cerveau continuait d’être attentif au moment présent. La jeune femme aurait pu prendre peur en entendant le son de cette voix, mais ce ne fut pas le cas. Il ne s’agissait pas de n’importe qui, pourquoi aurait-elle peur de lui ? Elle se focalisa d’ailleurs davantage sur le sens de ses paroles plutôt que sur leur intonation. Il avait raison, elle n’avait jamais laissé sortir pleinement sa bête. Peut-être cette fois-ci, dans la forêt, où elle s’était retrouvée seule ? Pourtant, même là-bas, sa partie lupine avait agit plus dans l’intérêt de son alter-ego humaine que dans le sien. Le cœur de la danseuse marqua un temps d’arrêt en l’entendant parler de suicide. Bien sur qu’elle ne l’avait jamais fait. Comment le pourrait-elle ? Son grand frère s’était sacrifié pour la protéger, pour qu’elle puisse avoir une vie, comment pouvait-elle vouloir y mettre fin ? Ce serait comme cracher sur la mort de Micah, comme si elle n’avait servit à rien. Et cela, c’était impossible pour Leann. Machinalement, cette dernière porta sa main droite à son collier, celui qui avait appartenu à son premier protecteur. Alors qu’elle serrait le trèfle dans sa paume, elle en voulut à Jilan. En l’espace de quelques heures, il lui avait rappelé cette perte douloureuse. Bien sur, il ne pouvait pas le savoir mais le résultat était le même. Ne le quittant pas des yeux, elle finit par lâcher son collier lorsqu’il termina sa phrase. « Un point c’est tout ? » Sans s’en rendre réellement compte, Leann était en train de sourire. S’il pensait que c’était ce qu’il lui fallait, alors d’accord, elle se laisserait davantage aller à ses pulsions. Elle espérait simplement qu’il savait ce qu’il était en train de faire et des conséquences que ces mots allaient pourvoir avoir.
Lorsqu’il commença à s’avancer vers son visage, elle sentit son sourire disparaitre lentement. Les yeux de Jilan ne communiquaient aucun envie salace, ce qui signifiait que la conversation importante qu’ils étaient en train d’avoir n’était pas encore achevée. Elle le laissa faire sans bouger, attendant qu’il lui transmette la suite de ses pensées. Et elle n’eut pas longtemps à attendre pour cela. Aussitôt ces quelques mots prononcés, elle partie dans ses réflexions. Faire confiance à sa bête ? Cette dernière l’avait déjà en partie. Leann avait conscience que cette partie d’elle n’avait jamais agit contre elle, et ce depuis le début de leur cohabitation. Peut-être était-ce dû à leur condition de vie commune ? Si l’une dérapait, les deux prenaient. Jilan avait surement raison, elle devait la laisser plus souvent libre de ses mouvements pour apprendre à la connaitre pleinement. Une nouvelle fois dans la soirée, le cœur de la louve manqua un -et même plusieurs- battement. La cause de cet effet ? La suite des dires de son amant. Lui dire qu’il l’avait accepté en connaissance de cause... Cela soulageait la jeune femme à un point qu’il ne pouvait même pas imaginer. Ainsi, s’il lui disait de se laisser aller à ses envies, c’était qu’il savait -ou pouvait penser- ce qui pourrait arriver ? Et cela ne l’encourageait pas à l’arrêter ? Ou même à la repousser ? A l’entendre : non. S’il était resté en face d’elle, il aurait pu lire dans ses yeux combien elle lui était reconnaissante. Au lieu de cela, elle ouvrit la bouche pour le remercier mais, aucun mot ne parvint à franchir ses lèvres. A cause de l’émotion ? Surement. Aussi, referma-t-elle sa bouche sans essayer de parler davantage. Leann sourit une nouvelle fois en entendant la fin de sa phrase et sa question. Comment pouvait-il en savoir autant ? Deviner ce qu’il fallait lui dire ? Elle se souvient alors de quelques unes de ses paroles. Ne lui avait-il pas laissé entendre qu’il connaissait d’autres lycanthropes ? Est-ce qu’il essaierait de les lui présenter ? Cette idée faillit faire frissonner la jeune femme. Elle ne savait pas quel genre de ses semblables il pouvait côtoyer et elle devait reconnaitre que cela pouvait lui faire peur. Mais bon, elle avait confiance en Jilan et ça lui suffisait. Peut-être qu’elle lui poserait la question, dans quelque temps. Elle le sentit se déplacer et ils se regardèrent une nouvelle fois. La louve se rendit alors compte qu’elle n’avait pas reprit la parole ou répondu quoi que ce soit depuis qu’elle avait terminé de parler. Pour ce qu’elle pouvait lire dans les iris de son amant, cela n’avait pas l’air de le préoccuper plus que cela. C’était aussi bien parce qu’elle ne voyait pas quoi dire. Acquiescer à ces paroles ne lui paraissait pas être nécessaire. Comme on le dit « Qui ne dit mot, consent » et c’était le cas de la jeune femme. Elle sortie de ses pensées lorsqu’il se releva et leva à son tour la tête pour continuer à le regarder. Allait-il l’inviter à reprendre ce qui avait été interrompu à plusieurs reprises ? Cela lui semblait peu probable, même si elle n’aurait pas refusé. Mais ce qu’il lui proposa surprit davantage Leann qu’une potentielle partie de jambe en l’air. Elle savait que son étonnement devait se lire sur son visage mais elle n’essaya pas de le cacher, à quoi bon ? Mais passer la surprise, se fut la gratitude qui s’afficha sur ses traits. Avec ce qui venait de se passer dans son appartement, il était peu probable qu’elle puisse y retourner de si tôt. Le meurtre de plusieurs policiers n’allait pas être bâclé aussi vite, la scène de crime resterait donc un endroit probablement souvent visiter pour les jours voir semaines à venir. Elle sourit lorsqu’il lui stipula qu’il attendait d’elle qu’elle suive ses conseils... Pensait-il qu’elle lui demanderait de l’aide pour faire fi de ce qu’il pourrait lui dire ? Ce n’était pas une manière de faire et certainement pas celle de Leann. Mais que pouvait-il en savoir ? D’accord, le doute était donc permit. Elle regarda alors la main qu’il lui tendit pendant plusieurs secondes sans bouger ou dire quoi que ce soit. Finalement, elle commença à se redresser et une fois arrivée à mi hauteur, elle prit sa main. Elle n’en avait pas vraiment besoin pour se relever, mais elle ne refuserait pas son aide, quel qu’elle soit. Même si cela pouvait paraitre sans intérêt. Une fois debout, elle donna un discret coup de pied dans ses bottes pour les ranger sur le côté et ne pas les laisser devant la porte d’entrée. Une fois cela fait, elle se dit qu’il était temps pour elle de répondre. Le regardant dans les yeux, elle prit donc enfin la parole.
« Aucunes. Je suivrais vos conseils ci et les prochains, je crois en vous. » Elle finit par lui lâcher la main et réprima un soupire en jetant un coup d’œil à ses pieds. « Cela vous gène si je vais prendre une douche ? »
Comme elle s’y attendait, Jilan répondit par la négative et lui indiqua l’emplacement de sa salle de bain. Leann se déshabilla et mit ses vêtements sur un côté avant d’aller sous la douche. Elle prit soin de ne pas trop mouiller ses cheveux. Dormir ces derniers mouillés, avec la longueur qu’elle possédait, cela devenait vite gênant. Elle parlait en connaissance de cause. La lycanne ne resta pas très longtemps sous l’eau, simplement le temps de faire une toilette rapide et surtout, retirer le sang sécher de son corps. Pour avoir déjà expérimenté une fois, avoir du sang séché sur soi, cela finit par tirer la peau et ce n’était pas très agréable. Alors qu’elle fermait les robinets, elle entendit du mouvement dans la pièce d’à côté et elle se souvient qu’il s’agissait de la chambre du maître des lieux. Elle finit par se sécher et replia la serviette pour la poser à côté d’une déjà existante. C’est donc après une dizaine de minutes qu’elle sortie de la pièce et le vit allongé dans son lit. La louve hésita une petite seconde avant de se diriger vers lui, nue et elle se faufila sous la couette sans un mot. Elle aurait évidemment pu choisir le canapé, cela aurai peut-être été plus normal et logique mais... Elle n’avait pas envie de dormir seule. Ce n’était pas forcément pour une partie de jambe en l’air, si elle avait lieu tant mieux, sinon ça ne ferait aucune différence. Mais ce soir, elle ne voulait pas s’endormir en ne sentant aucune présence auprès d’elle. Evidemment, s’il lui disait de partir, elle le ferait sinon... Elle s’endormirait à ses côtés...
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