| par Invité Mer 3 Oct - 17:29
| Le soupir de Néro était très explicite. Ma réponse pouvait très aisément passer pour un manque total de motivation. Pourtant, il n'en était rien. J'avais simplement peur à en crever. J'avais parlé de détruire la ville, mais ça, ce n'était pas vraiment ce qui me préoccupait le plus. J'avais la trouille de blesser Néro, ou même de me faire du mal, si je mettais un pied dehors dans mon état actuel.
Mon fiancé se faisait un devoir de me tirer de là, seulement, je ne voulais pas le laisser m'aider si c'était au risque de le blesser, même si ce n'était pas mortellement. Je savais que je l'avais aidé par le passé, lors de la rencontre avec Miku, quand il l'avait mordue et qu'il avait pété un boulon et manqué de détruire la ville. Mais là, c'était différent. J'étais sûre qu'il ne s'en prendrait jamais à moi.
Moi, j'étais complètement incontrôlable, capable d'égorger mon meilleur pote si je le croisais dans la rue. Et Néro, plus qu'un ami, était tout ce que j'avais. Je ne pouvais me permettre de le perdre, et l'attaquer me tuerait.
-Je ne suis pas défaitiste. je suis réaliste. C'est différent. J'ai peur, Néro. Peur de moi, et de ce que je pourrais te faire si ces flashs venaient à m'emporter de nouveau. Il est hors de question que j'accepte de te mettre en danger.
Je comprenais qu'il insiste. Pourtant, même si je l'agaçais par mon entêtement, je ne pouvais pas me permettre un tel acte. Je sentais que cette maladie allait mettre notre relation au défi. Je n'étais même plus moi-même, et à peine capable de réfléchir correctement. Je me sentais bel et bien dans la peau d'une enfant. Cette pensée fit couler sur ma joue une larme de sang.
Cette histoire causait bien plus d'émotions que je ne pouvais en supporter, même dans ma condition de vampire. Ma voix tremblait, tandis que je sortais du lit pour répondre à Néro:
-Tu me connais bien, c'est vrai. Mais tu me connais quand je suis dans mon état de tous les jours. Même moi je ne peux pas prédire ce que je vais faire une fois que je suis plongée dans cet état second. Je serai peut-être même capable de te benner une bouteille d'eau dessus, ou de t'hypnotiser jusqu'à ce que tu te fouttes la gueule au soleil suffisemment longtemps pour en mourir. Et je ne me le pardonnerai jamais. Tu veux une démonstration, peut-être ?
Je marchais alors vers Néro, jusqu'à lui prendre la main. Je m'immergeais dans mon esprit, jusqu'à recréer les scènes de torture de la veille. Quand je revis ces images, plusieurs autres larmes vinrent s'écraser sur ma peau blême. La vision s'acheva et je m'écratai de Néro.
-Je ne supporte pas l'idée que je puisse te faire subir la même chose, tu m'entends ? C'est horrible, même venant d'un vampire ! Comment puis-je encore me supporter après pareille horreur ? Je n'en sais rien, mais jamais tu ne deviendras ma prochaine cible. Je ne le tolérerai pas. C'est une certitude.
Je continuai à m'éloigner, jusqu'à rejoindre la fenêtre. Je la découvris, ouvrant la vue sur un ciel bleu marine étoilé. Les larmes se suivaient à présent sans espace, noyant mon visage sous le liquide rouge. Les mots de néro, bien qu'honnêtes, me laissaient tout de même perplexe. Surtout que j'aurais été prête à écrater le rideau, même en plein jour. Je devenais complètement suicidaire.
Néro se rapprocha de moi, et, coincée contre le mur, je ne pus me dérober. Il tourna alors mon visage vers lui tout en le rapprochant du sien, continuant à me parler.
-Je t'aime aussi. Mais je ne peux pas te laisser m'aider si c'est au risque de mettre ta vie en péril.
C'est alors que vint ce que j'attendais depuis un moment, malgré mes mots. Le baiser que me donnait Néro était toujours aussi vertigineux. Je fermais les yeux, tandis que le flot de larmes s'arrêta. J'eus du mal, au départ, à lui rendre son baiser. J'avais mauvaise conscience. Mais le retour de bons souvenirs me dérida finalement, même si c'était un peu contre ma volonté. Pourtant, je ne voulais pas qu'il croit qu'il avait gagné.
Pourtant, son geste était signe qu'il ne me considérait pas, comme je le pensais, comme une enfant dont il aurait eu peur d'abuser. Et l'intensité, mêlée à la douceur, rendait compte de ses sentiments. Pourtant, je tremblais toujours autant de le mettre en danger. J'avais mal à en mourir, mais malgré tout, quand il s'éloigna de mes lèvres, je le retins pour le garder contre mon corps, et contre mes lèvres.
L'embrassade ne pouvant pas durer éternellement, à mon grand regret, n'avait pourtant pas retiré de l'idée de Néro qu'il me ferait sortir du manoir. Sa plaisanterie tomba à plat, mais je savais qu'il était capable de tous les jours me rabâcher sa requête. Autant que je pouvais moi même être butée, autant que je savais qu'on pouvait être deux à jouer selon ces règles.
-J'aime autant te dire que si je te fais du mal, je m'expose à la lumière du jour et je me laisse griller comme un toast. |
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