Première nuit CLOS / A LAISSER !

Ambrose déambulait comme à son habitude, sans direction précise et sans aucun but. Elle allait là où elle trouvait quelque chose d’intéressant à voir ou à faire. Cette fois-ci son attention se porta sur un oiseau aux couleurs chatoyantes. Prenant une posture de prédatrice, elle se mit à le pourchasser... Mais soudain, au détour d'une ruelle qu'elle avait emprunté en suivant la petite bête, elle se retrouva en plein coeur d'un chaos démentiel. Elle resta figé un instant, se demandant si elle ne devenait pas folle. Des choses quelle ne connaissait pas sortaient de partout. et la seule pensée qui lui vint en cet instant fut *Danger!*

Le poil hérissé jusqu'au bout de la queue, elle fit demi tour et couru quelques mettre avant de se rendre compte que de ce côté là aussi le chaos régnait. Paniquée, elle regarda en tout sens pour déceler une quelconque échappatoire. Et elle le vit. Ses yeux de félin distinguèrent au milieu de cette mêlée incompréhensible de cris et de fuite une lueur salvatrice tout au bout de la rue.
Elle dégluti avec difficulté et, fermant à moitié les yeux pour ne pas être distraite, elle fonça vers la lueur. Mais c'était sans compter toutes ces choses immondes qui l'entouraient à présent.

Alors qu'elle n'était plus qu'à quelques coups de pattes, une grosse bête aux poils sombres se dressa devant elle, la gueule pleine de crocs et les yeux gourmands. Elle se figea et fit le dos rond, prête à tout pour sauver sa peau de matou. Elle se plaqua ensuite au sol et fila entre les pattes arrière du loup monstrueux. Sauvée! se dit-elle alors. Mais elle buta contre la lueur comme sur une fine toile impénétrable. Horrifiée, elle y donna un coup de patte, puis un autre jusqu'à ce que l'haleine du monstre la rappelle à la réalité. Elle allait se faire dévorer.
Elle cracha, se hérissa, brandissant sa patte toutes griffes dehors. Une lueur amusée passa dans le regard du loup garou dont les râlement étaient semblables à un rire sortit d'outre tombe.

Mais soudain, alors que tout semblait perdu, le loup disparu. Pouf! Et une jeune femme à l'allure sévère se trouvait derrière elle. Et sans trop comprendre comment, Ambrose se retrouva du bon côté de la lueur. Si les chats pouvaient sourire, le sien fendrait son visage en cet instant même. Soulagée, elle suivit la jeune femme dont elle n'avait absolument pas écouté les paroles. Elle était sauve, c'était tout ce qui comptait.

Elle suivit la femme jusqu'à l'entrée du bâtiment, trottinant joyeusement lorsqu'une magnifique plume aux reflets hypnotisant atterrit juste devant elle. D'un bond, elle se jeta sur la plume et se mit à la mâchouiller vivement la partie la plus dure tout en donnant de grands coups de pattes arrière sur la partie la plus souple. Roulant sur le dos, l'envoyant en l'air, se rejetant dessus.... elle était subjuguée par ce nouveau jeu et rien d'autre ne pouvait plus l’intéresser pour le moment.

Alors qu'elle jouait avec, la plume s'envola. Irritée que son nouveau jeu se sauve, elle se remit sur ses pattes et lui couru après. En deux bonds elle la rattrapa et se remit à la mâchouiller sauvagement de ses petites canines pointues et féroces.
Elle continua ainsi à poursuivre la plume qui se sauvait toute seule, à la fois agacée et amusée. Jusqu'au moment où elle plaqua la plume au sol.
*Cette fois tu n'iras nul part!*
Puis elle se rendit compte qu'elle se trouvait devant les genoux de la femme qui l'avait sauvée. Elle était accroupie et un sourire fendait son visage qui n'avait dès lors plus rien de sévère. Elle esquissa un mouvement de la main et Ambrose se figea, s’attendant au pire, et se préparant à bondir en arrière au moindre signe de danger. Tous ses sens en alerte, elle restait là à regarder la main de la femme s'avancer délicatement puis se poser en douceur sur le haut de son petit crâne. Ce n'est qu'alors qu'elle se rendit compte qu'elle avait cessé de respirer et elle lâcha un énorme soupir qui n'avait rien d'animal. Elle laissa la jeune femme passer sa main sur ses poils sans broncher, mais lorsqu'elle se mit à la gratter derrière les oreilles, elle n'y tint plus, elle laissa échapper un long ronronnement et vint frotter son petit museau contre le genou qui était toujours à sa hauteur.
*Trop bon* pensait-elle *Encore!*
Mais la jeune femme se redressa d'un coup et Ambrose, qui était appuyée contre elle perdit l'équilibre qu'elle avait pourtant d'infaillible et se retrouva le museau par terre. Contrariée, elle miaula rageusement et se remit sur ses quatre patte. Puis elle posa son petit derrière sur le carrelage froid et observa la jeune femme qu'elle aimait un peu moins désormais, le regard mauvais.

La lueur du crépuscule baignait la ville de teintes oranges et rouges. Ichimaru, accoudé à la rambarde de son balcon, observait le spectacle qui se jouait sur l'horizon. Une légère brise, dansait sur sa peau et sa queue se balançait le long de son dos. Le vent lui apporta également une étrange odeur. Cela venait de la ville. Le jeune homme, intrigué, prit sa forme de chien pour mieux analyser ce message olfactif. Peu à peu ses bras devinrent des pattes, son nez une truffe et sa morphologie changea. Il renifla en direction de la ville qui se trouvait à 1 kilomètre environ. Des odeurs qui lui étaient inconnues se mêlaient. Il décida donc de se rendre en ville.
Très vite, les bâtiments commencèrent à se dessiner devant lui. Des bruits inquiétants retentissaient dans les rues et des hurlements en tout genre firent sursauter Ichimaru. Soudain, il se retrouva face à une créature qu'il n'avait jamais vu auparavant. Une sorte de chien à la forme humanoïde, battis comme un rock, aux yeux démoniaque et la gueule couverte de sang. L'hybride resta figé un instant, observant cet animal effrayant et à la taille qui lui paraissait gigantesque. Cela devait être un lycan. Ichimaru en avait entendu parler, mais il n'avait jamais eu l'occasion d'en croiser un. C'est ce-dernier qui bougea le premier. Il se jeta sur l'hybride la gueule grande ouverte, tout crocs dehors. Le chien usa alors de son pouvoir pour esquiver l'attaque du monstre. Il fit un bond de plusieurs mètres avant de retomber un peu plus loin derrière la créature. Ichimaru ne demanda pas son reste et courut aussi vite que possible. Le garçon traversa plusieurs rue et c'est à ce moment qu'il se rendit compte du chaos qui s'était emparé de la ville. Partout, des créatures sortaient des recoins sombres pour attaquer les humains. Bien sûr, Ichimaru s'en fichait pas mal et souriait même en voyant ces pitoyables êtres supplier leur agresseurs.

Soudain, il sentit une odeur familière. Il l'a suivit à travers plusieurs rues, avant d'apercevoir au loin une étrange barrière lumineuse. Il reconnu l'odeur d'Ambrose et elle se dirigeait précisément vers cet endroit scintillant. Ichimaru, qui avait horreur de courir, fit un dernier effort et arriva devant une toile brillante. Le chien la toucha de la patte et se rendit compte qu'il ne pouvait pas la traverser. C'est alors qu'il aperçut la petite chatte, Ambrose, allant à sa rencontre. Avec elle se trouvait une femme étrange. Cette-dernière laissa entrer le chien et ajouta :

"- Même si tu ne les aimes pas, je fous pas la merde ici. Sinon tu dégages, à moins de mourir. C'est un endroit neutre, tu peux comprendre cela."

Ichimaru comprit qu'elle avait vu sa véritable nature. Elle avait senti sa véritable aura. Malheureusement, il y avait plein d'humains ici et cette femme les protégeait de toute évidence. Ichimaru n'avait jamais vu une personne comme elle auparavant. De grandes ailes blanches se dessinaient dans son dos et ses pouvoirs semblaient très puissants. Enfin elle ajouta :

"- Si tu as compris tu peux rester."

Ichimaru décida d'agir comme avec les autres personnes, c'est-à-dire de ne pas montrer ce qu'il était. Alors il répondit avec un sourire angélique, le regard brillant poliment :

-Mais je ne vois pas de quoi vous parlez chère ange. Pourriez-vous m'expliquer quel est tout ce chaos ?

Finalement, la jeune femme prit Ambrose dans ses bras et celle-ci, trop heureuse de voir le monde d'un peu plus haut, ne fit rien pour l'en empêcher. Ce n'est qu'alors qu'elle remarqua les ailes soyeuses qu'elle avait dans le dos. Les yeux fixés dessus comme si elle voulait y bondir, elle resta cependant calme, recommençant à ronronner sous les caresses. Elle ferma même les yeux un instant, jusqu'au moment où une odeur familière vint emplir son petit museau. Elle dressa la tête et les oreilles à la recherche d'une ombre familière et elle l’aperçut. Ichimaru était là, claudiquant vers eux d'une allure nonchalante comme si tout ce qui se passait dans la rue lui était égal. C'était d’ailleurs sûrement le cas. Ambrose connaissait l'aversion de son ami pour les humains mais elle s'en fichait. Il ne la détestait pas elle et c'était déjà pas mal.
Elle quitta son perchoir confortable et sauta a terre pour se précipiter vers son ami. Elle l'accueillit a grand coup de miaulement et de bousculade amicales. Elle s'amusa à lui sauter par dessus, à se glisser sous son ventre pour ressortir sous sa tête pour ensuite lui ressauter par dessus et ainsi de suite.
« Petit frère ! On joue ? On joue dit ! Allez !  »lui susurra t-elle en miaulant.
Puis elle vint frotter son pelage contre celui du chien, si doux et si confortable. Cette pensée lui donna envie de dormir soudain, de faire une bonne sieste contre la fourrure de son ami. Mais la situation ne s'y prêtait guère. Elle se souvint de l'état de la rue, de son chaos et son envie de jouer lui passa. Elle se resserra plus encore contre son ami, le seul au monde qu'elle croyait capable de la protéger.

La petite neko s’amusait autour d’Ichimaru en faisant des cabrioles. Comme à son habitude, le jeu passait avant tout. Etrangement, c’était la seule au courant de sa véritable nature et de son dégoût pour les humains mais elle n’avait en aucun cas peur de lui. Contente de le retrouver elle s’adressa à lui joyeusement :

« Petit frère ! On joue ? On joue dit ! Allez ! »

Puis elle se frotta contre la fourrure de chien avant de s’y blottir. Mais l’heure n’était pas au jeu et Ichimaru eut vite fait de lui expliquer :

-Désolé, mais pour le moment il vaudrait mieux ne pas se comporter de façon inconsciente. Nous jouerons plus tard d’accord ? dit-il, un sourire rayonnant.

Certes, le chaos qui se déroulait n’était pas bon du tout. En temps normal, Ichimaru se serait senti euphorique à la vue de tous ces humains morts, seulement les créatures déchaînées qui arpentaient les rues en ce moment même, attaquaient également certains de leurs frères. Il ne voulait pas que Ambrose soit blessée.
Pour le moment, il était coincé ici, avec tous ces humains répugnants protégés par cette femme. Ichimaru se méfiait d’elle car elle semblait très puissante et se doutait de quelque chose quant aux réels sentiments de l’hybride. Il préféra jouer la carte de l’innocence et de la gentillesse, en espérant qu’Ambrose ne fasse pas une boulette. Ichimaru écouta donc la femme avec attention.

"- Je ne sais pas chers hybrides... Je ne le sais pas... Mais la cause viendra à un moment où à un autre tenter de semer le chaos ici."

Personne ne savait donc ce qui se passait dans cette ville, ni même la raison de tous ces massacres. D’après cette femme, cet endroit était protégé, sûrement par ses pouvoirs. C’était parfait, Ambrose n’avait qu’à rester ici et il ne lui arriverait rien.
La jeune femme continua de parler :

"- Je m'appelle Alissa Channing... Ou du moins, c'est l'identité que je me suis donnée il y a quelques années. Je sais que vous n'êtes pas que des animaux... Mais à moins de vous donner des surnoms, que vous n'aimerez peut être pas je préfère savoir vos prénoms."

Elle s’appelait donc Alissa Channing. Ichimaru grava avec attention son nom dans son esprit. Mais ce n’est pas tout, elle voulait connaître leurs noms. Comme son amie ne répondrait sûrement pas, le chien le fit à sa place, toujours un sourire scintillant aux lèvres et avec une intonation solennelle :

-Je me nomme Ichimaru. Et mon amie s’appelle Ambrose. Nous sommes enchantés de faire votre connaissance chère Alissa.

Cette-dernière regarda le ciel puis ajouta :

"- Une Neko, un Inu et une Lightness pour protéger ... une petite quarantaine d'humains... C'est pas beaucoup. Mais c'est mieux que rien."

Protéger des humains ? Il en était hors de question pour Ichimaru et une grimace furtive se dessina sur son visage avant de disparaître aussi rapidement qu’elle n’était apparue. Alissa posa le regard sur le chien et ce-dernier espéra qu’elle n’avait pas remarqué ce dégoût qui l’avait traversé. Apparemment non, et elle soupira avant de reprendre :

"- La Neko protégée par l'Inu. S'il arrive à tenir devant des lycans et des vampires... Et pour moi, les autres... Au moins c'est équitable... Quoi que ... Entre les darkness, les lycans, les vampires, ... Cela fait du beau monde. Et des centaines de repas..."

Des centaines de repas ? Que voulait-elle dire par-là ? Cette femme était vraiment étrange. Cela confirma la crainte qu’Ichimaru avait d’elle. Si elle pouvait « dévorer » un lycan, un hybride ne serait même pas une gêne pour elle. Il valait mieux faire semblant d’être de son côté que d’être son ennemi… du moins pour l’instant. De plus si elle pouvait lire à travers Ichimaru cela pourrait représenter un réel danger pour lui.
Soudain, alors que l’hybride était perdu dans ses pensées, le regard brillant d’Alissa le ramena à la réalité. La jeune femme se dirigeait à présent vers le bâtiment qui leur faisait face et les invita à entrer :

"- Vous n'allez pas rester dehors à la vue de tout types de monstres..."

Ichimaru ne l’avait pas remarqué, mais la nuit était tombée et les ténèbres avaient recouvert la ville d’un voile sombre. Il valait mieux la suivre. Le chien avança donc derrière la jeune femme et la suivit à l’intérieur.
Une pensée lui traversa alors l’esprit, Rose. Rose était resté au manoir. Même si Ichimaru n’avait pas senti la présence du moindre monstre en partant, il espérait qu’elle ne se fasse pas attaquer. Après tout c’était une humaine. Envahit par ses émotions, Ichimaru laissa échapper un mot :

-Rose !

La nuit tombait. Et avec elle, les ténèbres se rapprochaient. Ambrose leva son petit museau dans l'air ambiant afin d'y déceler un danger. Des choses se rapprochaient de l'endroit où ils se trouvaient. Ses oreilles sensibles distinguaient des bruits, des râlements, des rires, qui lui firent se dresser le poil sur le dos.
Voyant que Ichimaru se dirigeait vers l’intérieur du bâtiment, elle l'y suivit en trottinant. Mais lorsqu'ils se retrouvèrent à l'intérieur, Ambrose vit qu'il y avait pas mal d'humain. Aussitôt, elle se sentit mal. Non pas pour elle, car elle se fichait bien des humains. Ils lui apportaient caresses et nourriture. Non elle s'inquiétait pour son ami. Il ne supportait pas la présence des humains. Il les haïssait. Seule Rose trouvait grâce à ses yeux.
Puis son regard se reporta sur la femme dont les ailes fendaient l'air au rythme de sa marche souple. Elle était dangereuse. Elle avait fait disparaître le loup qui allait la dévorer, sans le moindre effort. Et c'était elle qui maintenait le bâtiment sous protection. Si elle se rendait compte qu'Ichi aimait tuer les humains, il risquait de subir le même sort que le loup garou. Et ça, elle ne le permettrait pas !

Elle s’approcha de celui qu'elle considérait comme son petit frère et lui souffla en un miaulement discret :
« Ne fais rien d'absurde. Tu ne ferais pas le poids. »
Toute trace de naïveté et d’enfantillage avait disparut de sa voix. Elle était désormais calme et sur ses gardes. Toute envie de s'amuser s'était évanouie et elle ne quittait plus l'ange des yeux de peur que celle-ci se retourne d'un coup pour attaquer son ami. Elle savait bien qu'elle ne ferait jamais le poids face à une telle créature mais si elle avait la moindre chance d'aider son ami à survivre, elle était prête à se sacrifier.
A ses côtés, Ichimaru semblait suivre la même trame de pensée qu'elle et l'inquiétude se lisait sur son visage canin. L'inquiétude, mais aussi la rage. Se retrouver ainsi en présence de tant d'humain sans avoir le droit ne serait-ce que d'en mordiller un ! Comme cela devait être frustrant !

Voyant la population au rez-de-chaussée, je poussais une gueulante. Je ne les voulais pas ici. Et d'ailleurs ils commençaient déjà à me taper sur le système, je voulais bien les protéger mais ils devaient écouter, voir obéir. Ma voix augmenta pour se faire entendre et comprendre de la foule.

"- Dégagez de ce niveau. Montez dans les étages, descendez dans les sous-sols, mais ne restaient pas ici."

Ma voix vibra dans l'air suivit de près par le brouhaha pressé de la populace. Finalement je me retrouvais seule dans la pièce avec Ambrose et Ichimaru. Je m'assis tranquillement sur une chaise avant de laisser mon regard dériver vers l'extérieur.. Un sourire flotta sur mon visage en sentant des proies approcher... Mes paupières se fermèrent avant que ma respiration devienne lente. Je suivis le parcours des mutants. Ma voix se fit rauque et sauvage.

"- Alors voila l'origine des blessures de Nathaniel... De quoi faire un bon encas, ou du moins des réserves."

Je les figeais avant de leur pomper rapidement leur énergie. Leur désespoir était palpable dans l'air. Aucun son n'était audible. Mon rythme de respiration changea. Mes yeux papillonnèrent avant que je regarde autour de moi. Puis je dis d'une voix neutre.

"- Je sais que vous vous méfiez de moi, et c'est compréhensible..."

La tristesse et les sentiments accumulés depuis des années était audible dans ma réplique. Je regardais Ambrose avant de demander.

"- Pourquoi as tu changer aussi rapidement. Je ne t'ai pas fait de mal pourtant..."

Se rappelant la scène avant l'arrivée d'Ichimaru, je grimaçais.

"- Enfin pas volontairement."

Regardant l'Inu je demandais finalement.

"- Quoi, Rose ?"

Suivit par Ambrose en entrant dans le bâtiment, Ichimaru remarqua son inquiétude compte tenu des événements. Trottinant à ses côtés, elle lui murmura quelque chose à l’oreille :

« Ne fais rien d'absurde. Tu ne ferais pas le poids. »

Ichimaru avait beau être avide de vengeance, et même si tous ces humains pétrifiés par la peur rassemblés en si grand nombre étaient très tentant, il n’était pas stupide au point de les attaquer en présence d’Alissa. Mais autre chose le tracassait. Il se figea sur place en repensant à Rose. Que devait-il faire ? Il ne pouvait aller dehors. Et quand bien même il réussirait à aller la chercher, il ne pourrait la protéger de toutes ces créatures avant d’arriver dans ce bâtiment. Il ne pouvait donc qu’attendre et espérer qu’il ne lui arrive rien. Un bourdonnement grondait à ses oreilles, mais la voix d’Alissa le ramena à la réalité :

"- Dégagez de ce niveau. Montez dans les étages, descendez dans les sous-sols, mais ne restaient pas ici."

Peu à peu tous les humains qui se trouvaient dans la pièce, disparurent. Ils avaient intelligemment écouté les ordres de la jeune femme. Ichimaru se sentait un peu mieux car il détestait prendre sa forme de chien en présence de ces infâmes créatures.
Alissa s’assit sur une chaise sûrement épuisée par tout ce remue-ménage. Puis elle se laissa bercer par d’étranges paroles qu’Ichimaru ne comprit pas.

"- Alors voila l'origine des blessures de Nathaniel... De quoi faire un bon encas, ou du moins des réserves."

Qui pouvait bien être Nathaniel ? Et pourquoi cette femme parlait sans arrêt de proies, de repas ou d’encas ? Ichimaru n’avait pas la moindre d’idée de ce qu’elle pouvait-être, mais il était sûr a présent qu’il valait mieux se faire discret. Apparemment elle avait lu en l’hybride comme dans un livre ouvert car elle ajouta après quelques minutes :

"- Je sais que vous vous méfiez de moi, et c'est compréhensible..."

Ichimaru déglutit sans bouger puis s’assit doucement sur le sol froid du bâtiment. Alissa s’adressa alors à Ambrose :

"- Pourquoi as tu changer aussi rapidement. Je ne t'ai pas fait de mal pourtant..."

C’est vrai que la petite chatte se méfiait à présent de la jeune femme. Mais Ichimaru ne pensait pas que cette-dernière représentait un réel danger pour son amie. Puis presque aussitôt elle ajouta :

"- Enfin pas volontairement."

Un silence pesant flottait dans la pièce et la voix de cet ange semblait résonner. Ichimaru ne bougeait plus et fixait Alissa. Elle le regarda à son tour avant d’ajouter :

"- Quoi, Rose ?"

A ce moment là, l’hybride s’inquiéta à nouveau et ses pupilles se resserrèrent d’angoisse. Son cœur palpitait et un frisson glacé parcouru son échine. Mais il se reprit et déclara d’une voix basse en regardant le sol :

-Euh… non rien.

Il sourit à nouveau. Ce sourire mielleux et faux, qui semblait pourtant si vrai, si sincère.
Puis le silence retomba. D’ici, Ichimaru entendait les bruits inquiétants et à la fois somptueux des créatures venu tuer les humains. Quelle douce mélodie qui se jouait à ses oreilles. Entendre les cris effrayés de ces êtres dénués de tous pouvoirs, massacrés par leurs victimes d’autrefois. Ichimaru regrettait de ne pouvoir assister à ce spectacle délectable. Une veine bourdonnait à sa tempe et son sang bouillonnait. C’était sa haine des humains qui résonnait. Il aurait voulu rire à gorge déployée, mais hélas Alissa l’aurait tué sur-le-champ. Quel dommage !
Soudain, la voix solennelle et mielleuse de l’hybride perça le silence :

-Dîtes-moi… que pensez-vous qu’il va arriver ce soir ?

Ambrose n'avait pas comprit grand chose aux explications de l'ange dont la voix commençait à l'agacer. Se resserrant un peu plus contre l'Inu, elle ne rêvait que d'une chose : que tout cela cesse. Elle n'aimait pas les bouleversements. Cela la rendait nerveuse et elle commença à sortir et à rentrer ses griffes de façon machinale pour se détendre. Le cliquetis que cela produisait sur le carrelage avait des airs de métronome funeste, comme un compte à rebours avant l'instant fatal...

Puis soudain, tout son poil se hérissa. Elle se mit à faire les cent pas autour de Ichimaru qui la regardait, inquiet. Elle tournait, retournait, faisait demi tour, tout ça à un pas pressé mais néanmoins furtif. Se rendant compte qu'elle était l'auteur d'une véritable tension, elle lâcha en un miaulement désolant :
« PIPI ! »
Seul Ichi l'avait comprise et elle vit son visage canin se décomposer en une grimace qui évoquait un énorme sourire. Elle lui fit les gros yeux pour le mettre au défi de rire.
Elle regarda partout autour d'elle puis elle se rendit compte que le seul endroit où elle pourrait soulager son besoin pressant se trouvait dehors, loin derrière la barrière qui les protégeait du chaos de la ville. Elle s’assit sur le carrelage, le poil toujours hérissé. Un instant, elle envisagea de faire discrètement dans un petit coin de la pièce mais l'ange avait les yeux rivés sur elle. Ce qui ne fit que la désespérer plus encore.
« Au secours ! Qu'est-ce que je doit faire ! »

Puis, un éclair de génie comme il ne lui en arrivait pas souvent la traversa. Elle était dans un bâtiment d'humain, il devait donc y avoir des commodités spéciales pour les humains ici. Heureuse d'avoir trouvé un semblant de solution, elle prit forme humaine en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
C'était à présent une jeune femme d'une vingtaine d'année, complètement nue et accroupie dans une position qui évoquait sans conteste un chat qui regardait la lightness d'un œil enjoué.
Puis, sur le ton le plus naturel du monde, comme s'il ne se passait rien d'anormal au dehors, elle lança :
« Où sont les toilettes ? »
Sa queue fine et noire battait l'air dans son dos et ses oreilles pointues étaient dressées sur son crâne, seul vestiges de sa véritable nature. Ses griffes félines continuaient de marteler le carrelage en un métronome agaçant, et un sourire fendait son visage.

Après ses quelques mots, Alissa fronça les sourcils tout en le regardant. Elle semblait avoir détecté l'étrange état du chien. Ichimaru se reprit donc, et tenta de prendre un air détendu, bien que cela fut assez difficile. Puis la jeune femme haussa les épaules et répondit à sa question :

"- Si tu veux parler des dix heures à venir, je ne sais pas. Mais avant la fin de cet épisode, au moins un darkness viendra."

Un darkness ? Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? L'hybride n'eut pas le temps de poser la question car Alissa lui expliquait déjà la nature de ces créatures :

"- Pour voir donner quelques explications, un darkness est mon opposé. Théoriquement les lightness sont considérés comme étant le bien et les darkness comme étant le mal. Mais nous sommes aussi puissants les uns que les autres... A vous d'imaginer la puissance et l'apparence d'un darkness en l'imaginant par rapport à moi..."

En effet, cela semblait inquiétant. Bien qu'Alissa soit très puissante, au moins son but n'était pas de les tuer alors que d'après sa description des darkness, ils auraient plutôt tendance à les éliminer sans réfléchir. Et dire qu'Ichimaru pensait être à l’abri. Pire encore, Ambrose était là elle aussi. D'ailleurs le chien posa un regard sur son amie qui se trouvait toujours à côté de lui.

"- Mais par contre, en attendant, je suis la seule créature dans la ville capable de vous protéger de la folie urbaine actuelle..."

Oui c'était vrai. Pour le moment ils n'avaient rien à craindre. Mais jusqu'à quand...
Soudain, Ambrose s'appuya contre les flancs de l'hybride. Il sentait sa respiration s'accélérer et s'emballer et pouvait observer ses griffes félines rentrer et sortir machinalement en produisant sur le carrelage du bâtiment un cliquetis discret. Puis comme si un courant d'air glacial avait parcouru son corps, les poils de son amie se hérissèrent et elle se mit à tourner en rond. Ichimaru la regarda inquiet. Avait-elle peur de ce que venait de dire Alissa ? Et finalement, la petite boule de poils miaula bruyamment :

« PIPI ! »

Surpris par cette déclaration, Ichimaru ne savait quoi répondre et il en était même quelque peu gêné.
Il ne fallait pas qu'elle se soulage parterre, l'hybride aurait du mal à expliquer cela à la lightness. Puis Ambrose reprit son ballet infernal avant d'ajouter :

« Au secours ! Qu'est-ce que je doit faire ! »

Le chien la fixait avec un air désolé. Il aurait voulu lui proposer d'aller aux toilettes mais savait-elle seulement de quoi il s'agissait. Et puis si un humain les apercevait qu'est-ce qu'il aurait pensé ? Un chien et un chat dans les toilettes ? Une telle scène ne devait pas se voir tous les jours.
Tout à coup alors qu'Ichimaru était en pleine réflexion, il vit Ambrose prendre forme humaine. Elle était nue comme un vers accroupit comme un félin. On avait du mal à imaginer qu'il s'agissait d'une jeune femme de 20 ans. Ichimaru se rendit compte qu'il continuait de la fixer et il se senti extrêmement gêné. S'il s'était trouvé sous forme humaine, il serait sûrement devenu rouge comme une pivoine. Son pelage se hérissa et il fit volte-face. Il avait à présent le dos tourné à la fille-chat et il déclara le ton plein de gêne et quelque peu agacé :

-Je t'ai déjà dit de ne pas te transformer devant moi comme ça !

Ambrose dit quelque chose, mais l'Inu n'y prêta pas attention. Lorsqu'il se retourna, elle était déjà partie. Il était à présent seul avec Alissa et le silence était à nouveau présent. Il n'était pas dans les habitudes d'Ichimaru de faire la conversation. C'est alors que la jeune femme entreprit un dialogue :

"- Elle tient une place importante dans ton cœur, et c'est réciproque."

Alissa avait visé juste. Mais Ichimaru avait horreur qu'on le lui fasse remarquer car cela amenait le plus souvent les gens à poser des questions sur son passé. Ce passé... il y repensa quelques secondes en serrant les dents puis reporta son attention sur ce que lui disait Alissa :

"- Je ne vais pas la manger, ton Ambrose. Mais il est vrai que je l'aime bien, la petite chatte... Par contre, je crois que tu ne va pas vouloir apparaître devant moi sous forme humaine, Ichimaru ?"

Il aurait bien aimé se transformer car il n'appréciait pas d'être vu comme un chien parlant. Mais il se serait retrouvé nu et si un humain arrivait il aurait été affreusement gêné. Non pas que la nudité le dérangeait mais il aurait vu son corps frêle et fragile ainsi qu'une queue et des oreilles animales. Ichimaru avait l'habitude, lorsqu'il sortait de son manoir, de dissimuler ses oreilles de chien sous un large bandeau noir, invisible sous ses cheveux noirs de gais. Ainsi il pouvait se promener sans que des regards indignés ne se pose sur lui.
Il vint soudain une idée à l'hybride. Même s'il n'avait pas l'habitude de faire plaisir aux gens, montrer son apparence humaine à la lightness ne lui coûterait rien, et elle se méfierait peut-être moins de lui.
Bref, en réfléchissant à tout cela, le chien continua d'écouter Alissa :

"- Tu dois surement être au minimum sympa à regarder. Mais il faudrait quand même éviter de choquer une vieille dame de deux siècles."

Deux siècles... Ichimaru n'aurait jamais imaginé que cette femme à l'allure si jeune puisse être si vieille. Il en était même épaté.
L'hybride, face à l'insistance de la lightness, décida de prendre forme humaine :

-Très bien puisque vous le souhaitez tellement, j'accepte de vous montrer ma forme humaine.

Ichimaru hésita tout de même un instant puis se tourna. Faisait-il bien de se transformer devant une femme ? Après tout il n'avait que 17 ans et elle 200 ans. Finalement il se tourna et prit peu à peu forme humaine. Ses pattes devenaient des bras, sa morphologie changeait et sa fourrure disparue. Seules traces de sa véritable apparence, ses oreilles et sa queue n'avaient pas changées.
A présent, il n'y avait plus de chien dans la pièce, mais un jeune homme svelte aux cheveux noirs. Sa peau lisse était blanche comme si elle n'avait presque jamais vu le soleil. Il était de dos et regarda par-dessus son épaule pour parler à Alissa. On voyait à présent une partie de son visage angélique au regard ténébreux. Il fixait la lightness et des paroles s'échappèrent d'entre ses lèvres fines :

-Vous avez de la chance je n'ai pas l'habitude de faire plaisir aux gens.

Quelques secondes passèrent avant qu'Ichimaru n'ajoute :

-Sil vous plaît... j'aimerais rester sous cette forme mais il me faudrait des vêtements... y en a t-il ici ? De plus je ne voudrais pas attraper froid.

Sa voix masculine était tout à fait celle d'un jeune homme de 17 ans. On avait du mal à imaginer qu'il pouvait se transformer en chien. Il attendait à présent la réaction d'Alissa et espérait qu'elle puisse lui trouver des vêtements.

La jeune femme lui indiqua où aller et elle prit la direction des toilettes. Elle traversa le-dit couloir et se retrouva devant la bonne porte. Se dandinant comme un ver pour ne pas se faire dessus, elle passa la porte et … resta figée. Un gros bol blanc se trouvait au centre de la pièce, contre le mur. Aucune trace de litière, pas de bac ni de gravillon, pas de terre ni de sable. Une grimace d'horreur sur le visage, elle se dit qu'elle devrait prendre forme humaine plus souvent juste histoire de se tenir au courant des habitudes humaines. Elle s'approcha tout doucement du grand bol blanc qui grimpait le long du mur et regarda à l’intérieur. Une forte odeur d'urine s'en échappait et une pastille blanche à l'odeur mentholée se trouvait posée dans le fond. C'était donc là dedans qu'il fallait faire... mais comment ? Elle tenta de s'y asseoir mais dès que sa peau toucha la porcelaine glacée, elle fit un bond en poussant un petit cri horrifiée. Elle essaya sans toucher cette matière froide mais c'était mission impossible. Elle resta un moment debout dans la pièce qui sentait fort l'urine masculine à se dandiner telle une enfant, allant même jusqu'à remarquer le petit symbole sur la porte restée entrouverte. La silhouette d'un homme était représentée.
Elle repassa la tête par la porte, sur le point de demander un peu d'aide, mais alors qu'elle cherchait son ami des yeux, elle le vit... sous forme humaine. Il tournait le dos à la lightness et donc... lui faisait face. Son corps frêle et pâle comme la mort n'avait jamais eut autant d'attrait auparavant... Elle sentit quelque chose se tordre dans son ventre mais ce n'était pas dû à son irrépressible envie de faire pipi.
Soudain, Ichimaru leva la tête et l’aperçut. Gênée d'être ainsi prise à l'observer elle repassa sa tête dans la pièce et s'adossa contre la porte qu'elle avait refermée d'un coup sec. Dans le miroir, elle aperçut son reflet et vit que le rouge lui était monté aux joues.

Elle éclata alors de rire. Jamais elle n'aurait pensé qu'un visage pouvait changer de couleur. Une douleur au niveau de la vessie lui rappela la raison de sa présence en ce lieu et elle recommença à étudier la pièce pour en découvrir ses mystères.

Finalement, au bout de quelques minutes, elle opta pour une autre solution. Elle reprit la forme d'un chat, grimpa sur l'évier et s'y soulagea.
Fière d'elle, elle sauta sur la poignée qu'elle attrapa avec ses petites pattes agiles et la porte s'ouvrit. Elle se glissa dans l'embrasure et rejoignit les deux autres, un peu plus légère.

Dans le couloir, elle croisa Ichi qui portait dans ses bras un tas de chiffon, surement des habits. Elle lui fit un clin d'oeil taquin et, sans s'arrêter devant son ami qui devint écarlate, elle rejoignit la lightness.

"Miou!" fit-elle pour annoncer son arrivée puis elle posa son petit derrière sur le carrelage froid en plein milieu de la pièce et entreprit de faire sa toilette avec soin.

Ichimaru attendait toujours assis sur le sol froid, en regardant par-dessus son épaule. Il aperçut la lightness faisant une étrange chose. Elle tendit une main dans l’espace de la pièce, puis attendit. Elle semblait se concentrer. Mais sur quoi ? Ichimaru entendit des bruits provenant des étages. D’étranges bruits, comme des flottements dans l’air. En réalité il s’agissait de vêtements. Ils volaient comme par magie et quand le jeune homme les vit, ils se déposèrent légèrement dans la main d’Alissa. La jeune femme les libéra et les donna à Ichimaru. Puis cette-dernière déclara :

"- Je n'ai pas trouver à ta taille et il n'y a pas de sous vêtements pour vous deux, mais il y a de quoi vous vêtir quand même. Toutefois, je te trouve très craquant comme cela."

Même s’ils étaient trop grands c’était déjà pas mal d’en avoir. Bien qu’Ichimaru préfère un autre style de vêtements et qu’il ne pouvait cacher ses oreilles, il se contenterait de cela. Car le courant d’air du hall parcourait sa peau nue et le faisait frissonner.
La lightness se dirigea vers le comptoir de l’entrée, trouva du papier et un crayon, puis se mit à dessiner. Ichimaru lui, fixait le couloir qui se trouvait sur sa gauche et sembla apercevoir Ambrose. Le jeune homme n’y prêta pas attention et se leva les vêtements à la main tout en se dirigea vers le couloir. Il croisa alors son amie revenant des toilettes. Mais… il n’avait pas rêvé… elle était sortie des toilettes pour homme. Elle lui sourit et Ichimaru plaqua sa main sur son visage, désespéré. Se rendant compte qu’il n’était pas encore habillé, il fut parcouru d’un frisson honteux. Lorsque la petite chatte fut partie, le jeune homme commença à s’habiller. Il déboutonna la chemise qu’Alissa lui avait trouvée et il y glissa un bras, puis deux. Il la referma et ensuite enfila un jeans large. Au moins, il y avait assez de place pour sa queue de chien.
Ichimaru remit ses cheveux en place et retourna dans le hall. Alors, Alissa lui dit :

"- Alors, pas trop grand ?"

-Un peu mais ça devrait aller… merci.

Merci, un mot qu’Ichimaru ne disait pas souvent et qui lui laissait un goût amer.
Quelques secondes après, Alissa ajouta quelque chose que le jeune homme avait un peu de mal à comprendre, mais il écoutait avec attention :

"- Il se peut que nous ayons de la visite d'ici quelques minutes, si elles arrivent à venir rapidement ici."

De la visite ? Ichimaru n ‘aimait pas trop cela. Il ne voulait pas qu’Ambrose soit blessée. Et puis de qui s’agissait-il ? La lightness continua :

"- Je ne sais pas comment tu réagis face à une autre fille de ta race, Ambrose... Mais je le découvrirais bien assez rapidement. Par contre, Ichimaru ?..."

Ichimaru semblait un peu rassuré, il ne pensait pas qu’un hybride puisse attaquer l’un de ses semblable. Mais après tout, il fallait se méfier.

"- Évite de sortir les crocs canins quand tu verras les demoiselles qui vont arriver. Cela me ferait pas très plaisir de stopper ta mise à mort parce que tu l'auras énervée."

Pour qui le prenait-elle ? Ichimaru n’était pas un simple toutou impulsif qui grognait sur la moindre personne. Il avait des manières tout de même. Et puis il ne comptait pas se battre contre qui que se soit. Devant de telles paroles il ne put rester de marbre :

-Rassurez-vous, je ne me comporte pas comme un stupide animal dénué de tout bon sens.

Une fois de plus un sourire mielleux laissait entrevoir ses dents blanches. Pourtant ses yeux eux ne changeaient pas. Ils gardaient toujours le même regard, froid et ténébreux.

Ichimaru revenait, des vêtements trop grands pour lui lui pendaient sur les épaules. Elle le regarda approcher sans cligner une seule fois des paupière et il entama une conversation avec la lightness. Il semblait quelque peu irrité et Ambrose écouta un morceau de la conversation. La seule chose qu'elle capta fut qu'un lycan allait venir ici. Aussitôt, la panique s'empara d'elle. Comment pouvait-elle laisser un tel monstre entrer ici ?
Son poil se hérissa, elle cracha furieusement et se précipita dans les bras de son ami qui l'accueillit avec douceur. Blottie tout contre son cœur, elle écoutait son rythme régulier et s'apaisa un peu. Son propre cœur lui, battait la chamade et sa respiration était courte.
Elle sentit alors quelque chose lui caresser la tête. Cette fois-ci elle ne se laissa pas faire et donna un violent coup de tête en arrière pour se dégager et enfonça ses petits crocs dans la main de la jeune femme. Elle les en retira aussitôt, ressentant une vive douleur dans la mâchoire et grimpa sur l'épaule d'Ichimaru d'où elle fit le dos rond, toutes griffes dehors.

« Je suis pas une peluche ! » Miaulait-elle furieusement sans pour autant être comprise de la jeune femme, agitant sa patte comme pour la mettre au défi d’approcher encore.
« Je ne t'aime plus ! Tu est trop bizarre et tu me fais peur ! » continua t-elle.

Sous elle, elle sentit Ichimaru se figer et elle se rendit compte qu'elle lui enfonçait les griffes dans la peau. Elle se calma un peu et posa son petit museau contre la joue chaude de son ami comme pour s'excuser. Puis elle ferma les yeux et lui souffla un « Pardon » que lui seul pouvait comprendre.

[suite au rp avec Clémentine au Cercle, je me permet de répondre maintenant et ici.]

Amarra avait repris sa forme animale à laquelle elle s'était habituée et étrangement s'était aussi celle où elle se sentait le mieux. Peut était-ce dû aux sentiments qui s'amenuisaient et donc à l’oublie du vide en elle. Mais qu'importe il lui fallait aider cette enfant à retrouver un endroit calme et elle ne voyait nul autre lieu que celui de cette ange : Alissa ...
L'enfant accepta d'y aller et c'est ensemble qu'elles prirent la route, fuyant le Cercle et le sang répandu ainsi que les deux cadavres. Dehors, Amarra prit une grand bouffé d'air et ses oreilles se couchèrent sur sa tête. La ville ressemblait à une hécatombe où le sang s'était imposé en taches régulières. Combien de mort y' avait-t-il ? Elle l’ignorait mais elle ne désirait pas le savoir non plus. Elle jeta un regard en coin à Clémentine et sentit qu'elle avait peur. Alors doucement, elle se reprocha d'elle jusqu'à ce que sa fourrure noire caresse les jambes de l'enfant afin de la rassurer par sa présence assez impossante puis elles commencèrent à s'élancer dans les rues étrangement calme.
Amarra s'écarta un peu de la petite et prit la tête de file afin de mieux se repérer et de prévenir tout danger. Son flair l'aidait à se diriger et à repérer les groupes de créatures qui erraient dans la ville. Elle pouvait ainsi les contourner. Cependant un autre lycan les repéra et la louve se tourna vers l'enfant et gronda rapidement.

"Nous sommes suivies. Il va falloir courir vite petite."

La louve baissa alors les yeux sur la jambe de Clémentine et pesta intérieurement, se doutant qu'elle ne pourrait pas tenir l'allure. Alors elle revint vers l'enfant et lui présenta son flanc et lança un "monte". Elle attendit que l'enfant soit correctement installé sur elle et lui demanda de s'accrocher à son pelage de toutes ses forces puis elle s'élança d'un bond rapide avant de partir au galop dans la ruelle.
Ses pattes foulaient le sol rapidement, tentant de semer leur poursuivant mais ce dernier gagnait en terrain. Amarra avait guéri de ses blessures mais elle ne s'était pas reposée et cette course prenait ses réserves. Bon ce n'était pas le poids de Clémentine qui pesait mais la route, elle, n'était pas courte.

Cependant elles débouchèrent enfin dans la rue où une douce lumière émanait du bâtiment. La louve s'arrêta net et leva la tête pour flairer les environs. L'odeur de son ennemi s'était dissipée comme s'il se doutait de son sort s'il osait s'approcher du bâtiment. Pourtant, Amarra s'avança bien qu'elle était hésitante. Après tout elle était une lycane et son allure n'avait rien de rassurant. Elle tourna sa tête vers la petite et la regarda. Malgré son épais pelage, elle sentait la chaleur de son corps frêle et cela la rassurait et la détendait.

"Nous sommes arrivés, tu seras en sécurité ici."

Elle reprit alors son chemin et s'avança encore sans pour autant entrer dans le bâtiment puis elle poussa un aboiement qui ressemblait à un appel et attendit un signe de la gardienne des lieux, invitant cependant l'hybride à rentrer sans elle. Après tout, la jeune lycane avait été refusé dans ces lieux peu avant et malgré que sa rage s'était évanouie avec la mort de Nargreige, elle n'en restait pas moins un animal dangereux pour les autres et son attaque contre Clémentine en été une preuve.

Alissa porta sur Ichimaru un regard froid et répondit à ça déclaration :

"- Je sais que tu n'es pas un stupide animal. Tu es un Inu. Toutefois, je sais aussi tes sentiments envers Ambrose Mais Je l'ai rencontré alors qu'elle allait se faire attaquer par un lycan. Ce dernier est mort, mais une demoiselle, victime de sa nature vient amener une neko ici..."

Un lycan avait failli tuer Ambrose ?! Soudain, le cœur d'Ichimaru se serra et c'est comme si tout son corps s'était pétrifié. Dans sa poitrine, tout s'était arrêté comme une horloge cassée et son cœur semblait suffoquer. Il aurait voulu crier mais sa langue resta collée à son palais. Les mots ne sortaient pas. Le jeune homme en tremblait presque. Mais il fut ramené violemment à la réalité par son amie qui lui sautait dans les bras. Ambrose se blottit si fort contre lui, qu'il pouvait sentir son petit cœur battre la chamade. Elle devait être effrayée après avoir entendu qu'un lycan allait venir ici. Il fut distrait et n'entendit pas ce que la lightness lui dit. Cependant il comprit qu'il ne devait pas énerver la lycane. Alissa ajouta quelque chose avant de caresser le crâne de son amie.

"- Ichimaru, tu crois que je laisserais arriver malheur à des individus que je protège ? Et toi, Ambrose, tu crois que je t'ai sauvé d'un lycan pour que tu finisse dans la gueule d'un autre lycan..."

Mais Ambrose lui mordit la main sauvagement puis grimpa sur les épaules d'Ichimaru. La petite boule de poils semblait bien énervée et planta ses griffes acérées dans la peau du jeune homme. Celui-ci grimaça puis laissa échapper une remarque, un peu en colère par rapport à ce qu'elle avait fait à la lightness :

-Ambrose ! Pourquoi as-tu fais ça !

Mais il ne pouvait lui en vouloir très longtemps et lorsqu'elle frotta son museau tout en s'excusant, sa colère disparue.
Cependant, lorsqu'il regarda Alissa, il vit que son regard était remplit de tristesse. Ichimaru savait parfaitement reconnaître ce genre de sentiments, puisque c'étaient ceux qu'il apercevait chaque jour dans ses propres yeux. Elle semblait profondément blessée et c'est comme si des larmes invisibles perlaient sur ses joues. Comme si une vague froide et sanglante avait envahit la pièce. Ichimaru le ressentait et même s'il ne pouvait pas être furieux contre Ambrose, il regrettait son geste à sa place. Il y voyait aussi de la mélancolie, peut-être repensait-elle à son passé. Ce-dernier devait sûrement être chargé car après tout, 200 ans c'était long. Mais le jeune homme percevait également de la solitude. Il découvrit alors une autre personne. La ligthness qui paraissait autoritaire s'effaça et l'hybride vit quelqu'un de triste et solitaire. Ichimaru voulut s'excuser pour son amie mais... Un aboiement perça le silence pesant qui s'était installé. Ichimaru porta son attention vers la porte d'entrée et aperçut une gigantesque silhouette. Alissa se reprit et la personne sévère revint. C'était la lycane. Elle était arrivé et déposa une hybride devant la porte. Le jeune homme ne distinguait pas très bien la lycane mais se rendit compte que l'hybride était blessée. Il serra Ambrose dans ses bras pour la rassurer. Celle-ci tremblait comme une feuille.

Quand la louve annonça à Clémentine qu'elles étaient suivies, la neko sombra dans la crainte la plus totale. Elle ne le montrait pas, mais ses pensées allaient vers la mort et la solitude, sa vision se troublai mais elle ne voulait pas pleurer, elle devait être forte car elle n’était pas seul. Elle grimpa sur le dos épais et chaud de la louve et fut surprise par le départ en trombe de l'animal. Clémentine était bien accrochée et heureusement, car sinon, elle serait tombée en arrière et aurait surement eu incroyablement mal. Pendant la course de la louve, Clémentine était rassurée par la vitesse qu'elle leurs offraient, et par la fraîcheur du vent. Elle aimait beaucoup cette sensation de bien être, et tout ce qui l'entourait, les maison, les échoppes, les cadavres et le sang, disparaissaient de sa vue grâce à la vitesse.

Elle n'avait pas lâcher prise tout le long de la course folle et avait regardé de nombreuses fois derrière elles pour voir si leurs poursuivant était proche. Elle avait vu sa silhouette au loin, alors qu'elle traversait une des plus grandes rues de la ville. Elle avait compris que le danger était grand en voyant la taille impressionnant et la vitesse de la bête. Le vent lui fouettait le visage et faisait voler ses longs cheveux roux derrière elle.

Un peu plus loin, un bâtiment attira l'attention de Clémentine. Il était de taille moyenne et avait la particularité d'être éclairé d'une lumière apaisante, la seule lumière des environs. Elle se demandais ce qu'il était ce beau bâtiment, et eût vite la réponse. La louve l'emmena vers celui-ci et se stoppa devant.

"Nous sommes arrivés, tu seras en sécurité ici."

C'était donc lui, le seul immeuble protégé par... par quoi d'ailleurs ? Clémentine fixait les fenêtres allumées comme si elle n'en avait jamais vu de si belle et regarda la porte d'entrée. Soudain un aboiement assourdissant retentit à côté elle. Si puissant que Clémentine sursauta, et les corbeaux au alentour, dégustant surement quelques cadavres éparpillés, s'envolèrent en coassant. la neko descendit de la louve, et trébucha en atterrissant sur le pavé à cause de sa jambe blessée. Elle s'approcha de la porte et mit son visage dans la lumière.

- Tu ne rentre pas ? Tu me laisse seule ici ?

Elle regardait la louve avec tristesse. Elle remarqua soudain qu'elle ne connaissait même pas leurs nom et prénom respectifs. Clémentine ne voulait pas la quittée ainsi, mais elle comprenait que la louve ne souhaite pas rester ici.