| par Invité Ven 28 Jan - 16:57
| Le bar était plein à craquer et je voyais déjà la clientèle me verser quelques pourboires.
Après une douche rapide mais intense, j’avais quitté mes habits de serveur pour enfilé ma chemise et mon pantalon de soirée, tenue indispensable pour monter sur scène. Je laissai tomber mes longs cheveux bruns en cascade sur mes épaules, vérifiai que ma chemise était ouverte et que mon bouc était présentable. Après quoi j’enfilai mes chaussures de cuir noir et quittai mon appartement.
Pourquoi les humains conduisaient-il ? Je me posais la question en suivant le trottoir qui menait au bar Bouken, à deux petites centaines de mètres de chez moi. Je trouvais ça étrange, l’homme dépendait de la technologie… Chose qu’il ne maitrisait visiblement pas. Les voitures, les ordinateurs… L’Humain était tellement dépendant. J’étais sûr qu’il ne saurait même pas chasser ! Je marchai distraitement. Mes pieds semblaient aller d’eux-mêmes, connaissant parfaitement le chemin. J’usais le trottoir depuis bien longtemps sur cet itinéraire…
Les Humains… Ils n’avaient rien de grands prédateurs. Leurs atouts étaient séparables de leur corps, leur protections, leur moyens d’attaque… Tout ce qui pouvait faire d’eux des êtres dangereux ne s’assemblait à eux que comme des pièces de puzzles…
Non, A y bien réfléchir, leur Raison ne leur est pas retirable, et Dieu sait qu’un humain peut être dangereux avec ça…
Je pouffai en bifurquant à droite, me retrouvant rapidement devant le bar alors que la nuit était tombée. Jamais je n’avais vu un coin aussi animé, à croire que personne venant ici ne dormait… Je traversai la rue sans regarder, et entrai dans le bar sans prêter attention aux gens qui se trouvaient devant, me jaugeant de leur œil éthylique.
J’entrai, anonyme. Je slalomai habilement entre les table, usant de ma souplesse animale pour ne faire tomber et ne déranger ni serveuses ni clients. Le patron m’en voudrait à mort si j’avais le malheur de renverser une bière sur la chemise de quelqu’un…surtout si ce quelqu’un était un colosse au sang chaud…
Je passai derrière le bar et saluai le barman d’une tape amicale sur l’épaule. Je franchis la porte derrière le comptoir et marchai rapidement jusqu’à la petite scène aménagé. Dessus, les musiciens se mettaient en place. Un guitariste, un batteur et un bassiste. Les airs de piano étaient généralement diffusés par des haut-parleurs… Je saisis le micro et attirai l’attention du tout le monde en tapotant dessus pour voir s’il fonctionnait.
- Bonsoir, bonsoir messieurs, dames ! Je suis ravi de vous retrouver pour une nouvelle soirée à chanter pour vous. En espérant que ça vous plaise toujours..! demandai-je indirectement.
J’eus rapidement la réponse de la foule, une série de rire amusé et beaucoup de « oui ! ». J’inclinai la tête avant de prier les musiciens de commencer à jouer. On s’était mis d’accord sur le programme des chansons à passer et je n’avais pas à leur demander le titre deux fois.
- Frozen, de Celldweller, citai-je avant de commencer à chanter.
La musique commença, mes lèvres commencèrent à bouger, comme automatique alors que l’air entêtant emplissait la pièce. Les gens me regardaient chanter, m’écoutait, j’avais leur attention, rien qu’à moi, pour un temps. Je chantais juste, je dirais même que je chantais bien. Entre deux couplets j’effectuai les mimiques encourageantes et rythmées qui s’accordaient avec la musique. Mo regard lui, s’attardait sur l’assistance, notamment vers un groupe de jolies filles, visiblement timides, riant entre elles à chaque regard intense que je leur portai.
« I am…So cold… » achevai-je la chanson.
Je saluai le petit public ne m’inclinant respectueusement avant d’entamer une autre chanson… Puis une autre chanson. Rapidement l’activité retrouva sa normalité, si certains me regardaient encore chanter, d’autres étaient allé se resservir une bière ou bien étaient partis.
Je parcourrai tout un éventail d’artiste, passant du rock au folk, alternant slows et morceaux rythmés.
...
Vingt-deux heures.
Je descendis de scène, ramassais les pourboires des clients et allai m’accouder au bar. Je regardai un instant le barman avant qu’il ne m’apporte sa part. Une bière glacée.
- Merci…
J’attrapai habilement le goulot entre deux doigts et d’un geste rapide et sûr, je bus une longue gorgée. Sur scène, les musiciens entamaient des morceaux sans paroles, reproduisant l’air de grands classiques.
- Dis, interpelai-je à nouveau le barman. Tu sais combien de temps ça fait ?
Il me regarda sans comprendre
- Que je suis ici ! (j’obtins une réponse qui ne fut pas ce que j’espérais) Comment ça t’en sais rien ! Mon vieux, ça fait cinq mois exactement que je suis ici ! à servir le jour et à chanter la nuit !
Surpris, il sortit une bière et nous trinquâmes à mes cinq longs mois passés dans ce trou. Pas que je n’aimais pas cet endroit, mais je pensais que j’avais tout de même autre chose à faire que servir des boissons à des gens que je n’aimais pas…
Je continuai de boire ma bière en discutant un peu avec le barman, songeant que je devrais, à un moment ou à un autre, rentrer me coucher. Et ce jusqu’à ce que mes oreilles frémissent…
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