| par Invité Mar 5 Oct - 19:19
| Ce qu'elle prenait pour des frissons dus à l'air d'une nuit bien fraîche, n'était qu'une manière d'extérioriser cette peur qui commençait à naître en elle. Elle se retourna vivement, certaine, cette fois, d'avoir entendu des bruissements derrière elle. Ce qu'elle ne parvenait pas à comprendre, c'était qu'elle avait l'impression que les bruissements étaient venus d'en haut et autour d'elle, il n'y avait que des arbres et le silence. Son souffle se fit plus rythmé, sa poitrine se gonflait et s'abaissait de manière bien plus prononcée, alors qu'elle faisait tout ce qui était dans ses cordes pour se calmer. Elle tourna lentement sa tête, cherchant percevoir ce bruit, des craquements, bien plus nets lui indiquèrent alors dans quelle direction elle devait regarder. Elle fronça les sourcils, troublée, les craquements changeaient de côté, comme si la personne qui s'approchait ne faisait que décrire des cercles autour d'elle. Une image s'imposa alors à son esprit, une image dont elle ne pouvait se défaire, celle d'un prédateur, d'un félidé, chassant sa proie, jouant avec elle. Ce que cette image lui suggérait aussi était l'idée qu'un chat jouer toujours avec sa proie avant de l'achever.
Elle ne pouvait pas avoir affaire à un homme ou une femme, ce devait être une créature. Malgré la peur qui grandissait en elle, hormis le fait qu'elle aurait pu tirer avantage de la lueur d'une nuit étoilée pour fuir, elle ne bougeait presque pas. Sa tête suivait le bruit que l'inconnu faisait volontairement.
Puis elle apparut. Laëllyra écarquilla les yeux, elle avait cru un instant voir des ails immenses, tels ceux qu'en portent les démons sur les plus vieilles calligraphies de ce monde, mais cela ne pouvait être, l'ombre des arbres et la peur devaient brouiller son esprit.
Ensuite elle se rapprocha. Laëllyra ferma la bouche, de surprise, elle l'avait ouverte, oubliant l'étiquette stricte qu'on lui avait enseignée. Elle n'avait pas imaginé ces ailes, tout comme elle ne rêvait pas. Non elle ne rêvait pas, elle était en plein cauchemar et malheureusement pour elle, ce cauchemar était bien réel, ce cauchemar était la réalité, sa réalité.
Finalement elle prit la parole. Laëllyra déglutit, sa gorge était sèche, son cerveau ne semblait plus fonctionner. Elle avait bien les lèvres bouger, elle gardait ses yeux rivés sur ses lèvres, son cerveau avait imprimé le mouvement, et elle se rejouait ces quelques secondes en boucle, encore et encore. Elle n'avait pas entendu ce chuchotement qui avait été tu par le vent. Mais à force de se ressasser les images, elle comprit ce qui avait été dit, ce qu'elle lui avait dit:
"Êtes-vous perdue ?"
La voix rauque et inhumaine n'avait pourtant rien à voir avec un doux chuchotement, et aurait été porté même à travers la pire tempête. Alors pourquoi n'entendait-elle? Car elle se refusait de croire à ce qu'elle avait face à elle. Les vampire, les lycaons, les fées, oui. Elle était une fée! Mais ce... cette... chose? Créature? Démon? Non. Impossible!
La peur était là, toujours aussi présente, mais les battements de son cœur se calmaient peu à peu, car la certitude qu'elle était en plein cauchemar la gagnait et elle savait que tout était irréel. Où son esprit avait pu piocher de telles sottises, des horreurs de ce genre, elle ne pouvait le déterminer, mais elle n'avait pas envie de se pencher sur la question. Il fallait tout simplement qu'elle se réveille. Très rapidement elle évalua la situation, quand elle était en train de rêver et qu'elle se réveillait en sursaut, c'était souvent la sensation de chute qui la réveillait, ou le moment où cette mauvaise personne qui la coursait parvenait à la rattraper. Oui... elle allait donc user d'un de ces fameux moyens pour se réveiller. Même si elle dormait, elle ne voulait pas que cette créature la touche, elle ne voulait rien avoir à faire avec, c'était d'ailleurs pour cela qu'elle ne daigna même pas répondre à la voix caverneuse que son esprit avait bloqué.
Pour la première fois depuis son arrivée dans cette ville, où vivaient toutes sortes de créatures réelles, elle allait dévoiler son identité. Un sourire aux lèvres, elle se rappela qu'elle ne dévoilait nullement son identité, puisqu'elle était en train de rêver et que personne ne pouvait donc témoigner de la transformation qui s'opérait. De son dos poussèrent une paire d'elle d'un violet clair, soyeuses, transparentes, et ô combien fragiles. Elle allait tout simplement s'envoler, et se laisser tomber. Bien qu'elle n'avait nul besoin du vent pour s'envoler, la fée s'était toujours plu à le faire tournoyer autour d'elle. Elle avait tellement réfuté son appartenance à sa race de peur d'être rudoyée, qu'elle sentait bien que ses ailes était comme engourdies. Ce n'est pas grave, elle avait tout son temps, le temps était aussi un facteur sans importance lorsqu'il s'agissait du domaine du rêve. |
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