Revenez! (Natsume/Nahelle/Jilan/Soleon). [CLOS PUTAIN DE MERDE]

Les souvenirs se confondaient au sein d’une brume vaporeuse dans son esprit. Il se souvenait de la rage de sa congénère, le baiser d’Elisabeth et les propos de l’entité démoniaque venant clore la conversation. Danaliel. Ils l’avaient ramené, au profit de l’existence de la sorcière. L’albinos revoyait encore le visage familier, bien que creusé, de son ami. Quelle était la mission qu’ils lui avaient confiée ? Les surveiller ? Cette blague. Quoique non. L’ancien lycan était tout à fait capable de s’accomplir d’une pareille tâche. Restait à savoir s’il accepterait de se soumettre à leur volonté. Que restait-il de la sienne après toutes ces années au service d’une autre ? Il fallait qu’il lui parle. Sa bouche s’agitait toute seule, sans qu’aucun son ne franchisse ses lèvres. Un souvenir. Comme tant d’autres. Natsume n’avait pas d’emprise dessus, contraint de revivre les dernières secondes de ce qu’avait été cette rencontre du troisième type. Quand, enfin, il ouvrit les yeux, trois jours plus tard, dans une chambre d’hôpital atrocement familière, le garçon en avait perdu la notion du temps. Son esprit s’extirpa doucement des limbes dans lesquelles il avait bataillé des jours durant. Une voix féminine résonna non loin de lui. Un visage inconnu encadré de boucles rousses passa furtivement au-dessus du sien puis des bruits de pas s’éloignant lui parvinrent, toujours de manière diffuse.

Amer constat. L’interrogatoire ne s’était pas exactement déroulé comme le colosse et lui l’auraient voulu. En parlant de lui, le darkness reçut une visite inattendue de la part du gardien de la prison. En vue d’obtenir des explications. D’entrée de jeu, apprendre que le lion les avait retrouvés tous les trois inconscients n’aidait en rien à paraître innocent. Natsume ne put s’empêcher de soupirer en apprenant le coma du roux. Tant bien que de mal, il essaya de décrire la rencontre avec ces êtres surnaturels, dont les souvenirs perdaient en couleurs et précisions au fil des jours. Evidemment, son interlocuteur fut des plus sceptiques et l’albinos, agacé, lui rétorqua d’« aller cordialement se faire foutre s’il ne le croyait pas ». Curieusement, cette pique de vulgarité gratuite ne mit pas un terme à la conversation. Tous les deux avaient d’autres chats à fouette, alors se prendre le chou pour si peu. Qu’importe le caractère invraisemblable du phénomène en question : il leur fallait à présent assumer les conséquences. Une prisonnière s’était évaporée dans l’air de la cellule, laissant la place à un homme encore moins coopératif que ne l’était le darkness, si toutefois c’était possible. Quant à leur principal suspect, il était désormais plongé dans un coma, dont peu de médecins se risquaient à définir les chances qu’il en sorte un jour. Retour à la case départ en somme.

Après les faits, vinrent les hypothèses. Si Natsume écouta volontiers les rares qui sortaient de la bouche de son interlocuteur, il n’eut en revanche pas le cœur d’énoncer les siennes. D’une certaine manière, il se savait responsable de ce chaos. Sans la tentative de résurrection du lightness, imposée par ses soins, ils n’auraient jamais été envoyés dans cette dimension, dont seulement deux étaient revenus intacts, ou presque. La perspective de pouvoir s’entretenir seul à seul avec l’ancien lycan, après que ce dernier ait été entendu par les forces de l’ordre, allégeait un peu sa peine. Pas suffisant cependant pour l’empêcher de se rappeler qu’il allait également faire face à Lily. Un jour. Qu’importent les actes commis par le jeune professeur, il restait son frère. Le darkness ne pouvait pas croire qu’elle approuvait le rôle qu’il avait joué au sein de l’organisation criminelle, sinon son poste au sein des forces de police risquait d’en pâtir. Ou au contraire, revêtir une dimension des plus perverses. Et qui était-il, lui, vis-à-vis d’elle, pour oser appliquer sa propre justice ? Dire qu’il avait bravé pire que ça, pour avoir réussi à infiltrer les rebelles, conduisant ainsi à l’assaut donné sur leur repaire principal et que le courage lui faisait défaut pour affronter le regard azur.