| par Invité Lun 27 Oct - 13:11
| J'avais passé la journée à errer dans mon grand manoir, comme à chaque fois. Chaque nouvelle journée qui passait devenait un calvaire, la monotonie de mon quotidien me tuant à petit feu. Je rêvais que quelque chose vienne enfin bouleverser ma routine, mais malheureusement, ça ne vint pas. J'avais essayé de frapper un peu dans mon sac à la cave, mais ma lassitude mentale avait plombé ma force physique. Je me sentais molle, faible et vulnérable. Les profondeurs de mon ennui étaient de plus en plus visibles, et je regrettais ces longues balades sur la plage de Toscane, sous le soleil bienfaisant.... Ces rendez-vous volés avec Cathy.... La piscine derrière la villa... Tous ces souvenirs qui avaient tournés aux cauchemars après l'assassinat de mes proches. Je me remémorais alors tout ce qui me manquait malgré mes moyens illimités, l'argent et le confort dont je disposais. L'amour d'une personne sincère, la complicité d'une vie de couple sans manipulations ou illusions. Une vie faite de choses simples et banales m'avait été retirée en même temps que ma vie d'humaine. Je revis alors le visage souriant de ma sœur, son sourire et l'effluve de son parfum me revenait comme si elle était assise à côté de moi... Je ressentais la peau douce sous mes doigts et le regard d'un émeraude chatoyant caressant ma peau de la vampire que j'avais aimée, et qui m'avait aimée en retour, avant qu'elle ne disparaisse de manière inexpliquée et suspecte. Longtemps je l'avais cherchée, aux quatre coins du monde, suivant toutes les pistes, mêmes les plus maigres, les plus vaines, les plus désespérées. J'avais tout fait pour retrouver cette harmonie et cette voix incomparable aux doux accents chantants, qui me murmurait à l'oreille des mots d'amour torrides. J'avais beau faire semblant d'aller bien, d'être heureuse, je savais pertinemment que ce n'était qu'une façade. Au fond de moi, je regrettais tout ce que j'avais perdu dans l'immortalité. J'étais seule à présent, désemparée et soumise à la nuit. Privée de mes longues escapades diurnes, de mes après-midi à l'écart de toute civilisation où j'écoutais le chant de la nature pour me ressourcer.
Aujourd'hui, ma vie n'était plus que business, strass et paillettes. Sorties nocturnes, attaques d'innocents et soif de sang. J'appréciais parfois cette vie, qui fut longue à construire, faite de mes passions qu'étaient la danse et la musique. Mais le revers de la médaille était tellement plus sombre.... Bien que je sois en phase d'acclimatation, de maîtrise de ma soif d'hémoglobine, il était encore difficile, parfois, de ne pas céder et de ne pas se dire que c'était tellement plus simple de briser la glace, de se jeter au cou d'une victime qui n'avait rien demandé à personne et de sucer jusqu'à la dernière goutte de ce précieux liquide rouge qui coulait dans ses veines.... Pourtant, je me devais de résister. Je le devais, parce que j'en avais fait la promesse solennelle à ma défunte mère, que j'avais eu la chance de revoir pendant que j'étais dans le brouillard après la morsure de Danaliel au club, à l'époque où il en était encore le patron. Je lui avais juré de redevenir celle que j'étais, douce et attentionnée... De cesser de traquer les humains et de piocher dans la foule lorsque j'avais faim. Mais il était horriblement compliqué de lutter à chaque seconde contre sa nature profonde. De rester fidèle à ses convictions, à ses serments. D'être bon en toute circonstance malgré la noirceur de son âme. Malgré ses pulsions les plus sauvages, les plus animales. Perdue dans la contemplation des nombreux méfaits que j'avais commis au fil de mon siècle d'existence, je ne vis plus les heures passer. C'était peut-être la solution miracle finalement... Se laisser rattraper par la nostalgie, se complaire dans la tristesse de mon passé. Mais heureusement, tout n'était pas aussi obscur dans mon histoire. Il y avait aussi eu de l'amusement, du lâché-prise. Des soirs de fête, de conquête, le voyage et les rencontres.
Mes rêvasseries furent interrompues par mon téléphone portable. Plus précisément, par un SMS que je reçus par le biais de mon portable. La sonnerie me ramena au monde réel. Un peu agacée soudain par cette dernière, je déverrouillais le mobile et pris connaissance du contenu du message. Il n'y avait pas de nom ou de numéro d'expéditeur. Aucune trace indiquant qui me l'avait envoyé. J'essayais de remonter sa trace par tout un tas de techniques numériques et informatiques, sans y parvenir. Frustrée, je me contentais alors de lire : « Rendez-vous ce soir aux amphithéâtres de l'Université de la ville. Conférence. Retrouve un vampire du nom de Faust sur place. » Voilà qui était bien vague. Je n'avais aucune idée de ce que je devais aller faire là-bas, mais ce qui était sûr, c'est que je devais y aller. Je n'avais pas le choix. Que ça me plaise ou pas, c'était une obligation. Parce que si je n'y allais pas, j'allais avoir de très lourds problèmes. Bien que je n'ai pas de preuves, j'étais sûre que ce message provenait du haut commandement des Rebelles. Eux seuls pouvaient trouver mon numéro de portable ainsi et masquer avec tant d'efficacité leur identité. Ils ne pouvaient, de plus, pas prendre le risque que quelqu'un d'autre que moi voit ceci. Raison pour laquelle ils avaient limité les informations données. J'avais promis, il y avait de ça un long moment maintenant, une allégeance totale à leur cause. Seulement, les événements qui avaient eu lieu entre ce moment et aujourd'hui avait fait changer la donne.... Et ma personnalité. Seulement, je savais que le groupe ne tolérerait pas qu'un de ses éléments ne vacille et retourne sa veste...Je savais également que je ne pourrais pas rejoindre le Cercle, parce que je savais qu'ils n'accepteraient pas d'un vampire buvant du sang humain. Alors, une fois la nuit tombée, je me préparais et pris la moto, direction l'Université.
Il y avait déjà beaucoup de monde dans le bâtiment. Je suivais les panneaux jusqu'à l'amphithéâtre en question et je trouvais là encore plus de monde. Visiblement, ils étaient tous des étudiants, du moins ils en avaient tous l'air. Je marchais dans la salle, cherchant du regard le vampire que le message m'indiquait. Seulement, je ne pouvais pas hurler dans la salle : « Est-ce qu'un vampire nommé Faust et membre des Rebelles traîne ici ? » J'allais devoir la jouer bien plus finement que ça. Balayant la pièce du regard, je cherchais quelqu'un qui avait l'air bien trop à l'aise, ou au contraire, qui ne l'avait pas l'air du tout. Je finis par trouver mon bonheur ; un homme, au teint bien trop blême pour être humain, se tenait dans un coin, le plus loin possible de tous les autres. Il avait l'air sur les crocs, tiraillé par un sentiment que je connaissais trop bien : la soif de sang. Et Dieu savait que la tentation était grande dans une salle pleine de monde comme celle-là. Je prenais une coupe de champagne sur un plateau tendu par une jeune femme à la queue de cheval impeccable, aux yeux marrons et à la tenue masculine qui soulignait parfaitement sa taille de guêpe. Parfaitement mon genre ! Malheureusement, je n'étais pas là pour ça, et je me dirigeais vers mon coéquipier :
-Bien le bonsoir ! Vous m'avez l'air étonnement perdu... Mon petit doigt me dit que vous n'êtes pas là pour la conférence. Ai-je raison ?
C'était pour le moins direct, mais s'il me répondait sincèrement qu'il ne voyait absolument pas de quoi je parlais, j'aurais la preuve que ce n'était pas celui que je cherchais. Au contraire, s'il va dans mon sens, ça confirmera mon intuition. |
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