Avventura
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Message par Invité Mar 21 Oct - 1:08

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Il y avait bien longtemps qu’Eleonor n’avait pas remis les pieds à l’Université de l’Avventura. Assister à cette conférence aujourd’hui était une façon pour elle de tourner la page, de faire la paix avec le passé. Depuis son procès, qui avait eu lieu il y a maintenant un an et demi, la vampire avait laissé derrière elle sa carrière dans le domaine médicale et ne s’était plus concentré que sur la politique et les lois. Pourtant cette passion qu’elle avait toujours eu pour le fonctionnement du corps humain ne s’était jamais tarie, et elle avait songé, il y a quelques jours, aux nombreuses conférences qu’elle y avait donné au temps où elle était chirurgienne et recevait sur son lieu de travail des étudiants en résidence, elle avait songé à tout cela lorsqu’elle avait vu un panneau publicitaire accroché à un bus, qui vantait une conférence qui serait donné sur la virologie. Et elle avait pris la décision formelle d'y aller, et de retourner à toutes les autres conférences qui l'intéresseraient par la suite. Normalement, Vegeo l’aurait probablement accompagné ce soir, mais il n’était pas disponible. La voilà donc qui comptait y aller seule, jusqu’à ce qu’elle n’en parle au bureau. Marina, la nouvelle seconde représentante des hybrides du Cercle, s’était montré curieuse de cette conférence, et s’était même gentiment proposé pour accompagné notre vampire. Depuis leur rencontre au Bouken il y avait plusieurs mois de cela, les deux femmes s’étaient trouvés en bonne entente, et ce hormis leur très grande différence d’âge. Eleonor l’avait vite remarqué, Marina avait beau être jeune, elle n’en demeurait pas moins sagace et, surtout, ses valeurs concordaient parfaitement avec celles du Cercle, où elle avait très bien su s’intégrer. C'est ainsi que notre vampire se retrouvait à marcher aux côtés de sa jeune amie dans l’immense couloir de l’Université. Le pavillon principale était assez fastueux, et haut de plusieurs mètres. À l'entrée de l'amphithéâtre, plusieurs personnes formaient des groupes et discutaient, près des affiches de la conférences qui étaient accrochées un peu partout. Il y avait beaucoup d’étudiants, des professeurs. Eleonor reconnaissait certains d’entre eux, un peu mal à l’aise, et demandait alors à Marina d’entrer directement dans l’amphithéâtre. Elle se fit cependant saluer par l’un d’entre eux, à qui elle rendit un sourire timide. Mais cet homme ne le comprit pas de cette façon, et s’approcha alors d’elle, le regard pétillant, et agitait une main en l’air.

- Eleonor Doherty! Ça faisait si longtemps!

- Oui, très longtemps, dit-elle de façon un peu forcé alors qu'elle cessait de marcher en direction de l'amphithéâtre.

- J’ai bien vu que vous êtes devenu représentante. Félicitations. Ça a été toute une nouvelle qu’ils vous aient engagés après un si long procès!

Eleonor rougissait affreusement. Cet homme était terriblement exubérant, la vampire en gardait un drôle de souvenir. Il était sincère et gentil, mais n’avait aucune discrétion, ni délicatesse, et disait à voix haute tout ce qui lui passait par la tête. La vampire ne savait plus où se mettre, et ne cherchait plus à rencontrer le regard de Marina, qui ne devait rien comprendre de la situation.

- Hé bien… dit-elle gênée.

- Oh! Mais vous savez tout le monde a oublié! Il se passe des tas de trucs bien plus condamnables dans cette ville. D’ailleurs l’Université vous reprendrait n’importe quand si vous vouliez de nouveau participer à des projets de recherche.

- C’est très aimable…

L'homme, qui n’était autre qu’un professeur émérite du département de génie génétique de l’Université, grattait sa tête parsemée de cheveux blancs et rares et de tâches de vieillesse, et son sourire faisait apparaitre aux coins de ses yeux de nombreuses petites rides de malice. Il était toujours si heureux de revoir des gens qui avaient refait leur chemins, et pouvait aisément se perdre des heures durant dans du papotage sur tous les sujets. Il disait sans trop réfléchir :

- Avez-vous entendu parler des percées récentes concernant les traitements pour guérir le vampirisme? Je suis à la tête de ce projet de recherche et nous pensons y arriver par le génie génétique, vous lirez mes articles si vous avez le temps. D’ici une dizaine d’années déjà nous pourrions effectuer nos premiers testes sur des volontaires… (Il claquait des doigts, illuminé) Hé! Peut-être voudriez-vous en faire partie? C’est si difficile pour nous de trouver des gens qui veuille se soumettre à des expériences de ce genre!

- J’y réfléchirais, promis, mais j’avais l’intention d’accompagner…

- Oh d’ailleurs! Qui est cette jolie jeune femme que je n’ai pas encore salué? Bonjour mademoiselle! Je suis le docteur Hammerstein, un éminent et ancien collègue d’Eleonor.

Il serrait la main de Marina sans même qu’elle ne la lui donne d'abord et agitait ses mains dans tous les sens lorsqu’il parlait. Ses discours étaient toujours longs et animés et, malheureusement pour elle, Marina semblait avoir attiré son attention.

- Je suis bien heureux de constater que les sciences médicales intéressent aussi les jeunes gens. Vous verrez que la virologie est un monde merveilleux qui offre de nombreuses opportunités de recherche!

Il prenait une pause durant laquelle ses yeux se promenèrent, sans aucune discrétion, sur tout le corps de la jeune hybride, avant de s’arrêter, ahuris, sur ses longues ailes blanches.

- Ce sont bien des ailes que je vois là? Vous savez, une chirurgie pourrait vous en débarrasser si elles vous gênent, mais nous ne pouvons guérir les hybrides de leur maladie pour l’instant, la recherche n’en est simplement pas là, dit-il avec le plus affable des sourires.

Eleonor lançait un regard désolé à la jeune hybride et priait pour que ce moment finisse. Elles n'avaient définitivement pas eues de chance d'être tombés sur lui dans un moment pareil. Aujourd’hui cependant, la chance lui sourit, puisqu’une femme annonça, debout sur une chaise, près des portes d’entrée de l’amphithéâtre, que la conférence allait bientôt commencer et qu’il était préférable pour les gens qui trainaient encore dans l’entrée du pavillon, de se rendre dans l’amphithéâtre sans plus tarder et de prendre place. Notre vieux professeur prenait alors un air surpris et s'agitait de nouveau.

- Comme le temps passe vite! Je voudrais bien rester ici à discuter avec de si charmantes invités, mais je participe à la conférence, et je dois tout de suite me rendre à l’arrière-scène! Je vous souhaite une bonne conférence mesdames.

Il fit alors une chose tout à fait surprenante, mais qui allait pourtant si bien avec son caractère : il embrassa le dessus de la main d’Eleonor, puis celle de Marina. Puis il marcha en direction d’une porte réservé au personnel, pas très loin de la porte d’entrée de l’amphithéâtre. Eleonor éprouvait un mélange de sentiments bien étrange en cet instant, et ne savait pas du tout ce qu’il serait convenable pour elle de dire. Les nombreuses incartades du professeur avaient du soulever bien des questions dans l'esprit de la jeune hybride, et Eleonor se préparait mentalement à y répondre si elle les lui posait. Elle s’était pour le moment contenté de s’excuser pour cet épisode étrange et l’avait sommé de l’accompagner jusque dans l’amphithéâtre, là où la majorité des gens avaient maintenant pris place.

Message par Invité Jeu 30 Oct - 22:14

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Lève assidue de l'Université de la ville, j'avais très vite entendu parler de la conférence sur la virologie qui allait être organisée dans le grand amphithéâtre. Qui plus est, c'était dur de la rater : des affiches avaient été placardées absolument partout, de la porte de la salle des profs au foyer des élèves, dans les couloirs et sur les fenêtres des bureaux de l'administration. Je n'avais pas prévu d'y aller, n'étant pas particulièrement savante en matière de médecine, mes domaines étant plutôt l'archéologie, l'histoire et tout ce qui s'y rattachait. Mais ce qui me convint d'y aller, malgré le fait que je risquais de ne rien y comprendre, ce fut d'entendre mon amie Eleonor en parler dans les bureaux du Cercle, où je travaillais maintenant la plus grande partie de mon temps. Un peu de culture n'étant jamais superflu, je m'étais proposée pour y aller avec elle. Ca faisait six moins maintenant que j'étais entrée dans leurs rangs, et je m'y étais plutôt bien intégrée. En effet, je m'étais fait des amis, discutant facilement avec tous mes collègues. Je partageais une pièce commune avec la vampire, que j'avais rencontrée dans des conditions plus que périlleuses. Cependant, ça ne nous avait pas empêché de sympathiser et je concédais à l'accompagner, car je n'aurais pas voulu la laisser y aller seule. Je savais plus ou moins qu'elle avait travaillé dans le monde de la santé un temps, et il n'était pas surprenant qu'elle s'intéresse au domaine des virus. Après tout, dans ce monde pollué, des virus il devait y en avoir beaucoup et de tous types. Il était sûrement bien, d'ailleurs, qu'un membre de l'organisation soit informé sur le sujet. Après tout, ça pouvait toujours servir... En espérant que l'on en arrive pas là. Les seuls à pouvoir nous menacer étaient les Rebelles, mais étrangement, ils s'étaient fait discrets ces derniers temps, ce qui les rendait durs à localiser et avait endormi la vigilance de mes nouveaux collègues. Mais je trouvais bizarre qu'ils ne se manifestent pas plus que ça, c'était suspect. Peut-être qu'ils étaient en train de manigancer quelque chose... Mais quoi ? Je n'en avais pas la moindre idée. J'avais essayé d'en informer ma camarade, mais elle avait l'air... Préoccupée. Je n'étais pas au courant, mais des rumeurs étranges circulaient, sur Eleonor et son retour à l'université. Je n'avais pas réussi à en savoir plus, notamment parce que je n'avais pas cherché. Cela dit, c'était une des raisons qui me poussait à assister au cours magistral qui allait y être donné. Peut-être que mon amie se confierait à moi, après tout ? Elle n'avait pas de raisons de se défier de moi, et je savais qu'elle en était consciente. Pourtant, tout le monde avait ses secrets et ses motifs pour les garder...

Le jour de la conférence vient, et je guidais mon amie à travers le dédale de couloirs de la fac, jusqu'au pavillon indiqué. Je connaissais les lieux par cœur à présent, bien que je n'y étais pas entrée depuis très longtemps. Mais j'y passais tellement de temps qu'il m'avait été facile de mémoriser l'emplacement d'une grande partie des salles de cours. Il y avait déjà beaucoup de monde, qui attendait en discutant par petits groupes devant les portes. Des enseignants, des élèves, des gens extérieurs que je ne reconnus pas. Il y avait, à ma grande surprise, un grand nombre de mes camarades de section qui étaient venus, alors que la virologie n'était pas au programme et que beaucoup se destinaient à des carrières de conservateurs de musées, de galeristes, d'historiens ou même de journalistes. Apparemment, la curiosité avait fait pas mal de victimes, et comme c'était gratuit et qu'on pouvait partir comme on voulait sans être obligés de rester jusqu'à la fin, c'était peu contraignant. J'étais perdue dans mes pensées quand un homme me surprit. Il parlait fort et venait d'interpeller bruyamment ma camarade, qui se tenait à côté de moi. Je sursautais et me retournais pour voir qui était l'importun. Compte tenu de son âge et de son style, il était probablement enseignant ou chercheur. Il portait un manteau assez long et ouvert sur une chemise blanche presque impeccable ( elle était un peu froissée par endroit, il était probablement célibataire ou veuf) et sur une cravate noire. Une tenue classique pour un homme qui semblait assez quelconque. Ses petits yeux enfoncés brillaient de curiosité et d'intelligence. Cependant, il semblait ignorer le sens du mot délicatesse. Eleonor s'arrête de marcher pour lui répondre, d'une façon qui me semblait peu naturelle. De toute évidence, elle ne le portait pas particulièrement dans son cœur. Quand il évoqua un procès, je fronçais les sourcils. Je n'avais pas entendu parler de cette histoire de procès... Je me faisais une note à moi-même de la questionner à ce sujet. Je la vie rougir et fuir mon regard. Il semblait qu'elle ait des choses à se reprocher...

Je me crispais quand le vieil homme se mit à évoquer un remède contre le vampirisme. Il avait l'air de savoir qu'Eleonor en faisait partie, mais ça n'eut pas l'air de le déranger. Il balança son anecdote comme si de rien n'était, allant même jusqu'à proposer à la jeune femme de faire partie du programme de recherches, en tant que cobaye... Choquée, je jetais un regard surpris au chercheur. Malheur à moi ! J'avais à présent attiré son attention, et il semblait particulièrement intéressé par mon cas à moi, soudain... Je n'avais pas spécialement envie de lui serrer la main, mais ça ne l'arrête pas : il la prit sans se soucier de mon avis et l'agita un moment, avant de se décider à la relâcher pour se remettre à gesticuler. Un « ancien collègue d'Eleonor » ?


-Je m'appelle Marina. Je suis une amie d'Eleonor. Je suis surtout venue ici pour l'accompagner. Je suis archéologue et chercheuse en histoire. La virologie n'est pas tellement mon domaine, Docteur Hammerstein.

Cet homme commençait sérieusement à m'agacer, et je dus faire un effort de volonté pour rester polie avec lui. En temps normal, je discutais facilement, mais ses manières, ou plutôt son manque de manières, et son exubérance me tapaient sur le système....Sans compter qu'il ne se privait pas de me reluquer sans même chercher à s'en cacher. Gênée, je ramenais les pans de mon manteau devant moi, mais trop tard : il avait repéré la sangle qui tenait mes ailes refermées dans mon dos et avait décidé de jeter son dévolu sur elles, avec son tact visiblement légendaire :

-Avec tout le respect que je vous fois, je n'ai pas l'intention de me débarrasser de mes ailes. Elles font partie intégrante de moi. Qui plus est, je ne suis pas malade. Mon père a simplement joué les apprentis chimistes avec mon ADN et il l'a fusionné avec celui d'un cygne. Je n'ai pas à rougir de ma mutation.

Je croisais le regard désolée de mon amie. En ce moment, nous espérions sûrement autant l'une que l'autre que l'homme parte, qu'il nous laisse tranquilles. Heureusement, ce fut l'annonce du début de la conférence qui nous tira de cette situation grotesque aux allures surréalistes. Je laissais échapper un immense soupire de soulagement. Le bonhomme se remit à s'agiter, se perdant en excuse : il devait y aller, car il faisait partie des gens engagés pour animer la conférence. Malheur... Il remit au goût du jour le baise-main, que je trouvais absolument répugnant venant de lui avant de tourner les talons et de se rendre à l'intérieur de l'amphithéâtre. Je m'essuyais discrètement la main dans un mouchoir, soupirant de nouveau.

-Drôle de type, hein.. ? Je ne sais pas d'où tu le connais, mais tu n'es pas gâtée. Il a parlé d'un procès , ou j'ai rêvé... ? C'était... Surréaliste. Vraiment.

Message par Invité Ven 14 Nov - 23:27

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Au moins, Marina ne s’en laissait pas imposer. Il était assez gênant pour Eleonor de voir son amie se faire cribbler de questions par cet homme si indiscret qu’elle ne connaissait pas. Mais au moins la jeune femme répondait de façon très franche, quoique poli, au docteur Hammerstein, qui ne semblait franchement pas comprendre leur malaise et continuait d’avoir des propos scabreux à leur sujet. Elle ne s’était même pas emporté lorsque le professeur eut comparé l’hybridisme à une maladie. Suite à cet incident, nos protagonistes avaient toutes deux enfin pu entrer dans l’amphithéâtre pour assister à cette fameuse conférence, et Eleonor s’était mise à chercher des places des yeux tandis que Marina essuyait d’un mouchoir toute potentielle trace de la répugnante salive que le vieille homme aurait pu déposer sur le dessus de sa main.

Les places encore disponibles étaient peu nombreuses, il faut dire que les deux jeunes femmes avaient attendus les dernières minutes avant le début de la conférence pour enfin entrer dans l’amphithéâtre. Celui-ci était l’une des salles les plus impressionnantes de l’Université. Les murs faisaient au moins une dizaine de mètres de hauteur, tous blanc-beige, et les places étaient disposées en rangées circulaires qui allaient en descendant à la manière des amphithéâtres grecs. Tout au fond trônait la scène faite d’un bois magnifique, sur laquelle on avait simplement planté un pupitre de conférence, sur lequel avait été placé un fin micro. Au moment où les deux femmes jetaient pour la première fois un regard sur cette salle, des responsables priaient déjà les retardataires de prendre place. Cet évènement avait été annoncé longtemps d’avance, l’Université semblait y avoir mis beaucoup de temps et d’énergie, et les commentaires qu’on faisait à propos du professeur Jilan étaient tous élogieux. Il était le principal chargé de la conférence et, de ce qu’Eleonor avait entendu dire, c’était un jeune homme tout à fait brillant et émérite dont les travaux étaient sujet tantôt à l’admiration, tantôt à la jalousie de ses collègues. Pourtant on le disait prétentieux et froid. Hé bien, que ça ne l’empêche pas d’être intéressant! Les génies étaient souvent incompris.

- Drôle de type, hein.. ? Je ne sais pas d'où tu le connais, mais tu n'es pas gâtée. Il a parlé d'un procès , ou j'ai rêvé... ? C'était... Surréaliste. Vraiment.

C’était ce qu’Eleonor redoutait le plus. Qu’on lui pose des questions à ce sujet. À dire vrai, toute la ville avait oublié cet évènement depuis longtemps, cela avait causé un très bref et très vif scandale parce qu’il s’agissait là d’un crime perpétré en temps de guerre par un médecin, et que de voir un riche docteur se faire trainer dans la boue est toujours agréable pour le petit peuple. Mais nous étions à l’Avventura, et à l’Avventura, des crimes plus odieux et plus graves étaient commis presque tous les jours. On pourrait alors croire que la vampire saurait facilement faire face à ce sujet, qu’elle serait en mesure d’en parler très ouvertement. Mais il s’agissait d’Eleonor. Combattre la vampire en elle avait été une lutte acharné qu’elle avait mené toute sa vie. Ainsi, discuter de ses moments de faiblesse lui était difficile, et elle en voulait amèrement au docteur Hammerstein d’avoir amené le sujet. Elle s’entendait si bien avec Marina, pourquoi devoir lui avouer ce genre de chose? C’était pénible, en même temps la vampire avait énormément de difficultés à mentir, et Marina était suffisamment maligne pour trouver les fichiers reliés à son procès dans les bureaux du Cercle.

- Il est étrange oui!, répondait Eleonor avec le sourire. Crois-le ou non, il est responsable de percés incroyables dans le domaine du séquencage génétique des vampires et de d’autres races. Il ne plaisantait pas lorsqu’il disait qu’on pourra un jour enrayer le vampirisme, c’est homme brillant. Exubérant et un peu agaçant, mais brillant.

La vampire pointait du doigt deux places vides non loin de la scène et entamait sa marche dans cette direction. Elle ne voulait pas perdre une miette de la conférence, pas même de la présentation du docteur Hammerstein, qui, elle le craignait bien, aurait malheureusement, sans doute, quelques propos qui déplairaient à de nombreuses races. Elle espérait qu’il ne se fasse pas huer, mais avait l’impression que, s’il tenait les même propos qu’il avait tenu avec elle et Marina, cela risquait bien de se produire. Ce n’était que grâce à ses découvertes prodigieuses qu’on le gardait à l’Université et qu’on tolérait son manque de tact. Les deux femmes prenaient place parmi le brouhaha épais et grisant de la salle. Les gens discutaient bruyamment, mais les déplacements avaient pratiquement cessés. Eleonor prenait une pause avant de parler directement.

- Quant à cette histoire de procès… Hé bien, comme tu le sais, j’ai été chirurgienne à l’hôpital de l’Avventura, et j’ai aussi exercer ce métier au cours des trois jours sombres…

C’est ainsi que la vampire, trop honnête pour même chercher à dissimuler la vérité, s’était mise à raconter aussi ouvertement que possible, sans omettre de détail, ni modifier les faits, les actes qu’elle avait commis il y avait de cela 4 ans maintenant. Elle ne s’étendait pas de long en large sur les évènements, mais faisait un résumé afin que Marina ait une idée de ce dont le docteur Hammerstein avait voulu parler.

- Je crois que depuis le Cercle m’a pardonné, étrangement. Mais, c’est un souvenir qui me colle à la peau, et je n’y peux rien. Alors, autant en parler de façon transparente, dit-elle en s’efforçant de sourire.

La vampire jetait son regard autour d’elle. Et elle cru percevoir, du coin de l’oeil, un homme aux yeux vairons faire des signes d’assentiment à deux personnes situés tout près des portes. Il y avait quelque chose, une atmosphère bizarre qui s’était installé d'un coup dans l’immense salle. Ou peut-être n’était-ce qu’une impression?

Message par Invité Mer 3 Déc - 18:40

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J’étais fière de moi : je ne m’étais pas laissé marcher dessus par ce rustre. Beaucoup de gens se seraient sûrement emportés en entendant ses propos, aussi déplacés qu’insultants. Mais j’avais réussi à me contrôler et à lui répondre avec tact et respect. Cependant, je n’en pensais pas moins de ce type. Je ne comprenais même pas comment on pouvait tolérer un homme pareil dans une université aussi respectable que celle de l’Avventura. Il avait vraiment dû faire des progrès spectaculaires dans le domaine de la médecine pour qu’on ne le vire pas dans la minute… Le fait de vraiment pouvoir « soigner » le vampirisme en libérerait beaucoup, qui détestaient leur nature et étaient obligés de lutter contre elle toute leur très longue vie. Mais il y avait cependant un problème majeur : qu’on l’applique à des volontaires étaient une chose, mais avions-nous le droit de forcer d’autres vampires, qui se sentaient bien dans leur peau, sous prétexte que leur nature profonde les poussait à tuer des innocent ? Je n’approuvais certes pas le mode de vie de certains immortels, qui usaient des Humains comme de simples poches de sang chaud à leur disposition, mais sommes-nous autorisés à les forcer à redevenir eux-mêmes mortels ? Ce serait sûrement la pire des punitions… Cependant, le docteur avait proposé à Eleonor de faire partie des volontaires pour les programmes de test pour son remède, et je savais que mon amie ne vivait pas comme ces monstres : elle ne buvait et ne vivait pas de sang humain. Pourtant, pour s’y tenir, elle devait batailler tous les jours. Entourée d’humains tout le temps, je pouvais me douter que la tentation devait être insupportable, et que ce traitement serait sûrement pour elle une délivrance… Mais, tout comme moi qui me refusait à voir mon hybridité comme une maladie et refusais d’être « guérie » de cette dernière, est-ce que la jeune femme n’avait pas fini par se résoudre à rester vampire, peu importe les sacrifices que ça lui demandait au quotidien ? J’étais mieux placée que quiconque pour comprendre qu’on ne veuille pas changer, même si nous n’aimions pas ce que nous étions, par simple habitude. Et puis, si redevenir humaine lui faisait abandonner sa lutte pour le Cercle ? Après tout, c’était sa situation qui faisait qu’elle comprenait mieux que personne ce que nous devions combattre… J’étais persuadée que, de toute manière, il serait injuste, et même cruel, de lui imposer ce traitement expérimental, comme avait essayé de le faire le docteur Hammerstein avec nous deux. Il nous avait simplement vues comme des cobayes pour ses expériences bancales…

L’incident avec le docteur oublié, ou du moins remis à une conversation plus approfondie future, nous pouvions enfin pénétrer dans l’amphithéâtre pour assister à la conférence. Hammerstein nous avait retardées jusqu’à la dernière minutes, et les places disponibles étaient très rares à présent. Les derniers curieux venus assister au débat et aux présentations finissaient de s’installer et je cherchais des yeux deux sièges côte-à-côte afin que nous puissions nous installer. Je remarquais, en bonne historienne que j’étais, que la construction en hémicycle de l’amphithéâtre correspondait aux gradins traditionnels de la Grèce antique, construit à l’époque où le théâtre et les jeux avaient une importance sociale et centrale de la civilisation. A croire qu’aujourd’hui encore, ce genre d’événements empêchaiet le peuple de se poser trop de questions… Malheureusement, à partir du moment où ils bénéficiaient de divertissement, ils ne pensaient plus à rien, pas même à l’essentiel… Bien sûr, Eleonor et ses réflexes de vampire trouvèrent des places bien avant moi, juste devant l’estrade en bois lustré et brillant, sur laquelle se tenait juste un simple pupitre pour le conférencier. C’était la première fois que je venais dans cette salle-là, mes cours d’histoire des civilisations étant faits dans le plus petit amphi, les participants étant très peu nombreux. J’étais impressionnée par la taille de la structure et le nombre de places qu’elle contenait : il y avait bien au moins 500 personnes, regroupées au même endroit… Soudain, l’angoisse qui m’avait titillée à notre arrivée me repris à la gorge. Ce genre d’événements était la cible idéale pour les Rebelles. Je craignais qu’ils ne se servent de cette manifestation pour passer à l’action… Surtout que ça faisait un bon moment maintenant qu’ils n’avaient pas lancé une attaque de grande envergure contre le Cercle…

Quand je parlais du procès alors que nous étions en train de rejoindre nos places afin de ne pas retarder d’avantage le lancement de la conférence, je jetais un rapide coup d’œil à Eleonor. Elle avait semblé redouter mes questions à ce sujet et paraissait en vouloir au docteur d’avoir une fois de plus ouvert sa grande bouche à tort et à travers. Apparemment, cet épisode n’était pas un moment glorieux du passé de mon amie, et je m’en voulais un peu d’être aussi curieuse. Après tout… Nous étions dans le même camp et c’était des doutes de ce genre qui nous fragilisaient dans notre lutte contre les criminels des Rebelles. Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander ce qui avait bien pu se passer pour que la jeune femme réagisse ainsi à l’évocation de ces faits… Il y avait forcément une bonne raison à sa réaction. Pourtant, quoi qu’il se soit passé, je ne voyais pas ce qu’il pourrait y avoir de suffisamment grave pour que notre bonne entente vole en éclat. J’étais tolérante par nature et j’appréciais beaucoup Eleonor. Par ailleurs, nous avions tous nos périodes noirs et nos secrets. C’était normal, peu importait la race à laquelle nous appartenions. Personne n’avait une histoire parfaitement rose et irréprochable, ça je me refusais de croire que ça existait.


-S’il n’était pas brillant, l’université l’aurait sûrement mis à ma rue depuis longtemps, compte tenu de son manque de tact à toutes épreuves… S’il est comme ça avec ses élèves pendant les cours, il ne doit pas avoir beaucoup de fans. Enfin… Heureusement qu’il y a des gens pour travailler là-dessus. Ca n’empêche pas d’avoir un minimum de savoir-faire avec les gens… Tu penses suivre ce traitement contre le vampirisme, s’il vient à aboutir ?

Le bruit ambiant commençait à devenir pesant pour moi. J’étais habituée à la lourdeur des conversations des étudiants avant les cours, pendant ou même lors des temps libres. Pourtant, j’avais du mal à supporter cette attitude très longtemps, le bruit m’assommant avec vélocité. Mes gênes animales me rendaient sensibles au brouhaha. Peut-être pas autant qu’un vampire, mais il devenait vite gênant de me retrouver dans une foule aussi dense. Je devais me concentrer au maximum pour pouvoir entendre ce que me disait ma camarade, les gens parlant eux-mêmes de plus en plus fort pour se faire entendre, ajoutant toujours plus de bruit à celui déjà présent. J’espérais que le début de la conférence mettrait fin à tout ce cirque avant que je ne devienne folle.

-Les Trois Jours Sombres sont une sale période de notre histoire… Il y a eu beaucoup de dégâts dans la région, de sang versé, de crimes odieux camouflés par la violence qui régnait partout… Je n’y étais pas, mais les livres sont une précieuse mine de renseignements, comme la télévision. C’est ce qui a forgé les tensions actuelles entre Cercle et Rebelles. Pour eux, cette époque était un paradis, où il n’y avait plus ni lois, ni ordre, ni personne pour faire respecter ce qu’il y avait à respecter. C’était l’Apocalypse… J’espère bien qu’on n’en reviendra pas là dans le futur. Je ne sais pas si la ville s’en remettrait… Mais tout ça, c’est du passé. Les crimes qui ont été commis ne pourront pas être vengés et les gens tués ne reviendront pas. Il faut aller de l’avant.

J’affichais un grand sourire, attrapant spontanément la main de mon amie pour la serrer, afin de lui remonter un peu le moral. Alors que des gens s’agitaient aux bordures de mon champ de vision, se faisant des gestes étranges, je sentis l’air devenir lourd et ma tête tourner. Ma respiration devint laborieuse, je fus prise de vertiges. Je cherchais le regard d’Eleonor, perplexe. Visiblement, elle ne comprenait pas ce qu’il se passait non plus. Autour de nous, les gens commençaient à s’effondrer les uns après les autres. Avant que tout devienne noir, le pressentiment que j’avais eu me sembla des plus réels. Je n’eus que le temps de murmurer deux mots avant de tomber parmi les autres :

-Les Rebelles…

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