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Message par Invité Mer 28 Mai - 23:44

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Je m'étais levée de très bonne humeur ce matin. De bonne humeur, mais aussi de bonne heure. Je m'étais réveillée, étendue de tout mon long, les ailes déployées, Smoothie collé contre mon flanc, lui aussi étalé avec ostentation sur la couette. Il avait l'air bien là... Il semblait paisible, les yeux fermés, la respiration posée et la tête appuyée contre une boule faite par la couverture. Moi, j'étais emmêlée dans mes draps, ces derniers ayant laissé de vagues marques sur ma peau, comme c'était souvent le cas. J'avais beau être une créature plutôt pacifique, j'avais un sommeil très agité. Je passais mon temps à me retourner et à faire la crêpe toute la nuit. Je me souvins que, quand j'étais petite, il m'était même arrivé de me réveiller allongée sur le sol, parce que j'avais glissé de mon lit durant la nuit, à cause d'un cauchemar. Ma mère venait alors me retrouver, elle me portait dans ses bras et me reposait entre mes couvertures avant de m'embrasser sur le front pour me laisser émerger lentement des bras de Morphée. Aujourd'hui, ça ne m'arrivait plus. J'avais la tête bien calée sur mon oreiller, le regard tourné vers la fenêtre. La journée s'annonçait belle, d'ailleurs : un fin rayon de soleil passait entre les rideaux en voile clair qui pendaient aux carreaux. Il faisait déjà chaud, mais c'était apaisant.... Il flottait dans la pièce une certaine sérénité, comme si les problèmes de ce monde étaient bloqués par une protection magique entourant ma demeure. Bien évidemment, ce n'était pas le cas. Seulement, je savais que toutes mes attaches étaient ici, et que tous les gens dans cette maison veillaient à me protéger. En retour, je les protégeais comme je pouvais. Ma mère, mon père et ma sœur étaient encore sûrement endormis. En effet, ils ne posaient pas le pied à terre avant dix ou onze heures du matin. Il m'arrivait rarement de faire la grasse matinée, bien que j'adorais me prélasser dans mon lit. Seulement... Rester au lit était bien, mais à deux, c'était quand même mieux ! Sauf qu'à cause de ma part animale, de mon côté bestial et du handicap que pouvait représenter mes ailes, et bien... Je n'avais jamais connu l'amour et ce moment magique de se réveiller dans les bras de celle qu'on aime. Ah, oui... Parce que je n'aimais pas les hommes. Ca avait toujours été le cas, même si je savais que, dans ma vie, je n'en avais pas laissé certains indifférents. En revanche, ils me laissaient de marbre.

Décidée à ne pas laisser ces pensées moroses me pourrir la journée, je me levais, réveillant mon chien sans le vouloir. Il était trop mignon, avec ses poils décoiffés comme si un pétard y avait explosé et ses yeux entrouverts. Il s'allongea sur le ventre, tourné vers moi, et posa lourdement sa petite tête sur ses pattes avant, comme pour me reprocher de l'avoir éveiller. Je souris et m'excusais à voix haute, comme si je parlais à un être humain et il éternua, comme s'il voulait me dire qu'il acceptait mon excuse. Seulement, je savais que ma boule de poils préférée allait être grincheuse pendant une bonne partie de la journée. En chemise de nuit, les pieds nus, je me traînais jusqu'à mon placard, duquel je tirais une chemise blanche bien repassée et un pantalon droit ressemblant furieusement à ceux que portaient les secrétaires ou autres bureaucrates. Ca pouvait paraît très habillé, surtout pour une jeune fille, mais à la fac d'histoire, rares étaient ceux qui se pointaient avec des fringues troués et les cheveux peints en rouge ou vert... Les affaires posées sur mon bras, je déposais le tout dans la salle de bain qui jouxtait ma chambre. Après une rapide douche, très bénéfique, que je pris en regardant Smoothie qui s'était écroulé sur l'épais tapis et écoutait l'eau couler, je sortis et m'habillais. Mes grandes ailes de plumes blanches maladroitement pliées entre mes omoplates, je me maquillais rapidement ( un coup d'eye liner, un peu de mascara et de gloss et le tout était joué, j'avais horreur de ressembler à un pot de peinture), je descendis jusqu'au rez-de-chaussée, où je me préparais un petit déjeuner express : une tasse de café, deux tartines et l'engloutis rapidement. J'avais peu de temps avant de devoir partir pour le campus. J'enfilais très vite les sangles qui me permettais de tenir mes ailes et je remontais en vitesse pour me brosser les dents, retrouvant Smoothie qui avait finalement opté pour l'option : «  Je retourne me coucher ! Si tu as besoin de moi, tu sais où je suis. » Je pris mon sac en dessous de mon bureau, lui fit une grattouille sur la tête, attrapais mes clefs de voiture dans un cendrier et quittais la villa.

A peine arrivée sur le campus que les problèmes se succédèrent : nous fûmes tirés de nos classes par l'alarme incendie, déclenchée par un crétin qui avait fumé dans le couloir, puis un prof se sentis mal, ce qui nous obligea à appeler les secours, qui l'emmenèrent à l'hôpital, son cours étant finalement annulé. Pour continuer dans les « bonnes surprises », nous découvrîmes que des vandales s'étaient infiltrés dans l'école et avaient tagués les casiers des étudiants, avant d'entrer dans la salle des profs et de tout mettre sans dessus-dessous. Ils avaient au passage volé des livres, saccagé des cartes à grands renforts de cutters. Et, bien sûr, personne n'avait rien rien ni rien entendu, si bien que personne ne savait qui était à l'origine d'un tel carnage. Pour finir dans notre optique de «  journée pourrie », je retrouvais ma voiture sans ses enjoliveurs, ce qui eu le don de me mettre en rogne. Je n'avais plus qu'à en racheter ! Comme si je n'avais que ça à faire... Surtout que ça coûtait cher et que ce n'était pas la première fois qu'on me les piquait. Le problème étant que ça le faisait moyen d'avoir une berline luxueuse sans gentes... Bref, je quittais les cours à 20 heures, complètement lessivée et sur les nerfs. Pour faire un peu de vide dans mes pensées, je décidais d'aller m'aérer la tête au bar Bouken, où j'avais l'habitude de me poser pour me détendre. Montant dans ma voiture, je priais pour qu'une nouvelle tuile ne me tombe pas sur la tête avant la fin de la soirée. On ne sait jamais, des fois qu'un crétin ait l'idée de siphonner mon réservoir pendant que je buvais un verre... J'arrivais au bar vers 20h30, et bien sûr, il y avait déjà foule. Je dus attendre dix minutes pour pouvoir trouver une table et quand ce fut fait, je m'effondrais sur ma chaise avec une élégance totale.

Posant mon sac sur mes genoux ( j'avais tous mes papiers d'identité et mon argent dedans, et je sentais bien que la cerise sur le gâteau serait qu'on allait me le voler, histoire de me faciliter encore un peu la vie...) je commandais un verre de coca-cola au serveur ( je sais, un vendredi soir, il était bizarre de nos jours de boire du soda plutôt que de se défoncer à l'alcool, mais je n'aimais pas ça!) Bref, j'étais une jeune femme tout à fait atypique, mais que voulez-vous ? Tout le monde ne pouvait pas avoir une vie ordinaire... Ca pouvait avoir ses avantages, mais la plupart du temps, c'était plus une sinécure qu'autre chose. Bon, d'accord, j'avoue ! J'avais plus d'une fois prié pour avoir rien qu'un jour tout à fait normal ! Mais depuis ma naissance, rien n'avait été banal. Déjà, quelle idée de venir au monde en était à moitié femme et à moitié cygne ? Bah demandez à mon père, ce n'est pas moi qui me suis amusée avec l'ADN de mon enfant ! Toujours était-il que, bien contente d'être cinq minutes calme et seule, je fermais un instant les yeux et pris une grande inspiration. Rouvrant les yeux, je portais mon verre à mes lèvres, avant de me rendre compte que j'étais observée. Seulement, je sentais le poids d'un regard sur moi, sans savoir d'où, ou plutôt de qui, ça pouvait bien venir. Je regardais autour de moi, mais je ne vis personne me regarder fixement. Je finis par hausser les épaules, me disant que c'était sûrement le fruit de mon imagination et je retournais à mon activité, c'est à dire.. Ne rien faire. Sauf que ça devint invivable de sentir ses yeux braqués sur moi. Je finis alors par croiser les yeux d'une jeune femme qui était plutôt belle, mais qui me semblait un peu pâle pour être humaine. Je pris alors conscience du fait qu'il faisait nuit...

Message par Invité Mer 11 Juin - 5:20

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La salle d’interrogatoire numéro 4 était faite comme toutes les autres. Les murs étaient hauts et blancs cassés, le plancher fait de béton gris, et au centre se trouvait une table de bois dur et deux chaises carrées en fer forgé, éclairées de néons qui émettaient une lumière d’un blanc cru et un bourdonnement léger mais constant. Une caméra était encastrée dans l’un des coins, près de la porte. Sur l’une des chaises était assis un homme très maigre au teint cireux, aux cheveux châtains et hirsutes, recouvert d’une couverture grise qui cachait ses habits oranges et les menottes qu’on lui avait passé aux poignets. Son oeil gauche était mauve et enflé, sa lèvre inférieure était coupé à plusieurs endroits, et, lorsqu’il portait à ses lèvres, de temps à autre, un verre en polystyrène qui contenait de l’eau, on pouvait voir diverses écorchures et éraflures qu’il s’était fait aux avant-bras et aux mains. Il arrêtait net tout mouvement chaque fois qu’Eleonor portait les yeux sur lui, car alors il savait qu’elle avait une nouvelle question. La vampire feuilletait des dossiers lentement, faisait peser un silence qui visait à le rendre nerveux, puis parlait :

- Avez-vous le souvenir, même partiel, d’un endroit où ils avaient l’habitude de se rencontrer?

Le prisonnier déposait son verre, affichait un air profondément courroucé, et s’échauffait de nouveau.

- Pour la centième fois je vous dit que non! Non, non et non! Je ne me souviens de rien, et je ne me souviendrais jamais de rien, parce que je n’étais pas conscient de ce qui se passait lorsque ça s’est produit! Je ne peux rien faire pour vous aider, rentrez-vous cela dans le crâne!

Eleonor commençait à être exaspérée, cet interrogatoire durait depuis une bonne heure et elle n’avait pas récolté la moindre information utile. Ce matin à 6h15, le Cercle avait procéder à l’arrestation d’un certain M. Bates, qui avait acquis la réputation de tremper dans des affaires louches, certaines concernant le crime organisé et, croyait-on possiblement, les rebelles, bien que rien n’avait été prouvé de ce côté là. On avait donc procéder à l’arrestation de cet homme, qui s’était toujours montré introuvable, lorsque deux policiers avaient été dépêchés sur les lieux d’un triple meurtre qui avait été commis dans le quartier dévasté. Sous les premiers rayons du soleil, M. Bates avait été retrouvé assis au centre des cadavres ensanglantés, immobile, et semblait dans un état de demi-conscience, bien que ses yeux et sa bouche grands ouverts, qui fixaient ses mains tremblantes et couvertes de sang, auraient pu laisser croire le contraire. Les policiers, craintifs, lui avaient donner l’ordre de se lever et de mettre ses mains en l’air, mais, voyant la léthargie complète dans laquelle se trouvait M. Bates, s’étaient jetés sur lui sauvagement pour le rouer de coups. C’est ainsi qu’il s’était retrouvé sous la charge d’Eleonor, qui cherchait maintenant à extraire autant d’information que possible de la part de ce criminel.

- Nous savons bien des choses sur vous, M. Bates. Que vous êtes possédé d’un darkness sur lequel vous n’avez aucun contrôle, et que la bande que nous recherchons vous utilise comme arme pour abattre leurs ennemis. Il y a, rien que dans ce dossier, assez de cas dont vous êtes responsable pour que vous passiez le reste de votre vie derrière les barreaux. Je vous conseille donc de collaborer, cela ne pourra que réduire votre peine.

- Vous n’avez donc rien compris?!, tonna-t-il en s’emportant avec fureur et en frappant la table de ses deux poings. J’en ai assez maintenant! Qu’on se le dise clairement : ce n’est pas moi qui ait fait ça! Ce n’a jamais été moi! C’est lui le meurtrier! C’est lui que vous recherchez! Chaque nuit, chaque nuit sans exception c’est la même chose, il prends le contrôle que je le veuille ou non, et parfois, il tue! Et je n’y peux rien! Vous croyez peut-être que c’est facile de se réveiller au petit matin, au milieu de nul part avec du sang sur les mains? Que c’est facile de décider de s’enfuir tout en sachant que, dans une semaine, un mois, un an, on va vivre encore la même foutu situation? J’ai passé toute ma vie à lutter contre ce monstre, jusqu’à en devenir presque fou, et il n’y a rien à faire! Rien à faire, et personne ne peut m’aider!

- Calmez-vous immédiatement M. Bates, disait Eleonor d’un ton catégorique.

L’homme garda la mâchoire serrée, et son regard de feu planté dans celui d’Eleonor, sans bouger d’un pouce. Celle-ci prenait le temps de réfléchir à tout cela. Ce n’était pas le premier cas de darkness commettant des crimes et faisant inculper son enveloppe humaine à sa place. Et l’examen minutieux de son comportement la poussait à le croire.

- Il y a une chose que je ne comprends pas, dit-elle. Pourquoi vous enfuir chaque fois alors que vous pourriez vous faire aider de la police?

- Ha!, criait l’homme, éperdu. Parce que vous comptez m’aider, peut-être?

- En cellule au moins vous ne feriez de mal à personne.

- Foutaise, encore une fois! Écoutez-moi bien parce que je ne le répèterai pas : vous pouvez me garder bien tranquillement en cellule toute la journée durant si vous voulez, et je ne chahuterai pas. Au fond je suis un chic type. Mais cette chose qui est en moi, ce parasite ignoble, cette monstruosité démoniaque, elle va se réveiller la nuit venu, c’est immanquable. Elle va se réveiller et trouver le moyen de tuer. Et si vous me dites que vos gardes l’en empêcheront, c’est que vous ne l’avez jamais vu à l’oeuvre! Elle attendra le temps qu’il faudra, mais elle y mettra toute son âme, sournoise, patiente, et, le moment venu, cinq de vos gardes et moi-même seront manquant, c’est inéluctable. Au moins quand je suis libre, cette chose peut rester latente plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant de se manifester. Si vous l’emprisonnez, vous la rendrez furieuse!

Eleonor prenait une longue respiration et fermait les yeux. Les cas comme ceux-ci étaient infiniment compliqués. La plupart du temps, cela ne se terminait pas bien du tout pour l’hôte du darkness. Il y avait eu un autre cas, comme celui-là, d’un possédé qu’on avait mis sous médication, et dans une camisole de force. Le darkness avait tué son enveloppe de chair pour s’évader, et la vampire craignait que la même chose ne se produise si on traitait M. Bates de la même façon. Les issus étaient minces. Eleonor plantait son regard dans le sien, comme l’homme avait fait avec elle plus tôt.

- Dites-moi où ils se réunissent, M. Bates. Je sais que vous savez.

Tous deux se regardèrent avec profondeur, jusqu’à ce que le possédé ne déclare :

- Je ne vous dirais rien.

- Je croyais que vous étiez un chic type.

Il approchait son visage hagard et fébrile à quelques centimètres de celui d’Eleonor, et disait tout bas, comme on dit un secret :

- Je veux bien être de votre côté… C’est vrai, je ne suis pas un criminel, mais… je ne peux pas trahir mon darkness… Si je fais ça, j’aurais droit à des tortures qui dépassent de loin votre imagination… vous comprenez?… Je préfèrerais mourir plutôt que de vous donner le moindre indice.

Long silence.

- Je comprends, M. Bates. Passez une bonne journée.

Eleonor s’était levé et avait quitté la salle avant de rejoindre quelques collègues. Il fut déterminé que la médication et la camisole de force avaient été des erreurs qu’on ne souhaitaient pas commettre de nouveau, et que seuls des lycans ou des vampires seraient autorisés à garder le prisonnier en cellule, en attendant d’avoir plus de réponse. C’était là-dessus qu’Eleonor, le soir venu, s’était rendu au Bouken pour déprimer tranquillement devant l’impasse face à laquelle elle se trouvait. Peut-être prenait-elle tout cela trop à coeur? Elle avait emporté, dans une sacoche de cuir carré, des documents classifiés confidentiels, et avait examiné quelques photos prises sur les lieux du dernier crime avant de se commander à boire. Puis elle avait levé les yeux sur son environnement. Elle avait été si absorbée dans ses pensées qu’elle ne s’était pas rendu compte d’à quel point l’endroit était bondé. Des gens de toutes les races et de toutes les strates de la société s’étaient réunis pour faire du bruit et boire jusqu’à plus soif. Là, quelques ribauds gloussants qui se tripotaient sans vergogne à la vue et au su de tous, juste à côté des hommes qui parlaient sport ou politique et s’échauffaient un peu plus à chaque gorgée de bière, un peu plus loin des ivrognes qui déprimaient silencieusement, une jeune femme qui célébrait son anniversaire en bonne compagnie. Il y avait des gens de toutes sortes. Il y avait même, assise seule à une table, une femme ailée qui buvait du coca-cola tandis que de l’argent s’échappait lentement de son sac à main… Eleonor ouvrait grand les yeux et portait attention. Il y avait un jeune homme, pas très loin d’elle, qui feignait de regarder dans une autre direction, mais qui avait déjà attirer à lui quelques billets. Un pouvoir de télékinésie, certainement. La jeune femme ailée, après un moment, se tournait vers Eleonor, qui avait tenté d’attirer son attention par des regards insistants. Elle bougeait ses lèvres de façon à ce qu’elles prononcent sans le dire (car les deux femmes étaient trop loin et le bar trop bruyant pour qu’elles ne puissent s’entendre) : « Votre sac à main. » Elle pointait ses propres cuisses, pour signifier à la jeune femme de regarder les siennes, car elle verrait alors les billets manquant et deux autres qui flottaient dans les airs.

Message par Invité Lun 23 Juin - 0:47

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En ce début de soirée, les gens étaient encore à peu près sobres. Ca n'allait pas durer, bien évidemment. Je me doutais que les incidents n'allaient pas pas tarder à se succéder alors que l'alcool agissait sur les corps et échauffaient les esprits. Comme d'habitude, ça allait commencer par des mains baladeuses, des remarques outrageuses, des insultes. Puis, ça allait tourner au vinaigre, des sièges allaient être poussés par terre, le ton allait monter, les coups allaient remplacer les mots. Du sang allait couler des nez, des bouches.... Bref, je savais déjà comment la soirée finirait et pourtant, je restais. C'était stupide, me direz vous. Mais je ne voulais pas rentrer chez moi, car je savais que ma mauvaise humeur passerait le pas de la porte en même temps que moi, et je ne voulais pas semer la zizanie chez moi. Certes, ça m'aurait sûrement éviter les problèmes. Quoique ce n'était pas encore sûr, puisque j'étais persuadée qu'où que l'on soit, si un problème devait venir vous pourrir la journée, il finirait quand même par vous trouver, avec la même efficacité qu'une balle traçante. Alors à quoi bon essayer de fuir ? De toute façon, je n'avais pas envie d'être seule, et si j'avais été me « réfugier » chez moi, c'est ce qu'il se serait passé, puisque ma sœur devait être partie faire la fête avec ses amis et mes parents étaient sûrement au restaurant, comme à l'heure habitude. Autrement dit, seul Smoothie était resté dans la grande villa, et même s'il était adorable, il manquait malheureusement de... Conversation. En bref, seule la foule, même chauffée à blanc, pouvait être un baume efficace sur mes nerfs à vif. Je portais de nouveau mon verre à mes lèvres, profitant de la fraîcheur de ma boisson comme si une rivière sillonnait mes veines en feu. Je réalisais à cet instant que j'avais bien besoin de vacances... En ce moment, tout allait de travers. Je savais qu'il y avait des périodes comme ça. Mais là, c'était un trou noir sans fin qui me happait, et ça commençait à bien faire. J'essayais de me concentrer sur la musique qui passait en sourdine, mais qui était en partie masquée par le brouhaha des clients. Je pris à ce moment-là conscience que j'étais très peu entourée et que ma famille ne me suffisait plus. Seulement, comment trouver quelqu'un qui nous accepter quand on était le fruit d'une expérience qui avait mal tourné ?

Je serrais spasmodiquement les doigts sur mon verre, essayant de retenir les larmes qui montaient en moi. J'avais passé ma vie à essayer d'accepter ma nature d'hybride, et j'y arrivais plutôt bien la plupart du temps. Jusqu'à ce que la solitude me frappe de plein fouet et me rappelle que j'étais un monstre et rien de plus. L'humanité. Voilà un mot dont j'avais si souvent rêvé. Être comme les autres, pouvoir se glisser parmi la foule, sans avoir l'impression que tous les regards que je croisaient me disent : « Tu es une erreur de la nature. Tu te caches, mais moi, je sais qui tu es. » Fermant les yeux, j'essayais de maîtriser ma force pour éviter que le verre ne se brise et répande son contenu sur la table. Si j'avais été une lycanne ou une vampire, il aurait déjà volé en éclat. Sans compter que j'avais toujours le poids de ce regard qui m'agaçait, pour tout arranger ! Quand mes prunelles croisèrent celles d'une jeune femme qui me faisait des signes étranges, comme si elle voulait me faire passer un message, je trouvais un bizarre sentiment de familiarité et de bonté pure. Comme si, toute sa vie, cette femme-là s'était dévouée pour les autres, pour protéger les plus faibles et faire en sorte que ce monde de dingues tourne un peu plus rond. Quand elle montra ses cuisses, je fronçais les sourcils. Au départ, je pris ça comme une proposition tendancieuse, et je me repris bien vite : cette jeune femme aux yeux profonds et brillants ne semblait vraiment pas être le genre de personne à agir comme ça. Soudain, je me souvins que j'avais mon sac à main sur mes propres cuisses, et que ce n'était sûrement pas une coïncidence si on essayait de me faire comprendre quelque chose en rapport avec ça. De plus en plus perplexe et toujours un peu agacée, je baissais les yeux sans défroncer les sourcils. Je vis alors, lentement, les billets s'échapper de mon portefeuille, comme s'ils étaient attirés par une main invisible.

L'incompréhension laisse de nouveau place à la colère : visiblement, un télékinésiste avait trouvé un moyen très peu honnête de gagner sa vie ! J'avais souvent entendu parler du don de faire bouger les objets par la force de la pensée, mais jusque là, je n'avais jamais rencontré de personnes possédant ce pouvoir. J'aurais préféré les croiser dans d'autres circonstances... Je me levais et cherchais dans la foule la personne susceptible d'être mon voleur et trouvais dans la masse un homme qui semblait ne pas faire attention à moi, mais qui semblait étrangement concentré. De plus, il avait dans la main une petite liasse de billets bleus et rouges, qu'il tenait fermement entre ses doigts. Comme si on pouvait voler un voleur... Mes yeux brillaient d'une rage peu contenus, un éclat d'or liquide remplaçant la lueur amicale habituelle. M'approchant du type, qui semblait étrangement humain ( c'était sûrement une sorte de sorcier ou de magicien), je tirais de sous ma veste mon couteau de rituel, que j'avais précautionneusement rangé dans son fourreau avant de partir et lui dit d'une voix forte, pour couvrir le vacarme du bar :


-Vous avez quelque chose qui m'appartient. Je compte bien le récupérer. Ne me forcez pas à user de la force.

Le type ne répondit pas, encore prisonnier de sa concentration, alors qu'il attirait à lui d'autres billets tout droit sortis de mon sac. Décidée à reprendre ce qui était à moi de droit ( je travaillais bien assez pour l'obtenir!), je secouais l'individu par l'épaule, qui sembla s'extraire subitement de sa transe. Surpris de me voir ici, il laissa échapper les billets qu'il m'avait dérobés et je les récupérais bien vite avant de les mettre dans ma poche de mon pantalon. La lame de mon couteau scintilla à la lumière que dispersaient les lampes pendues au plafond, ce qui fit pâlir l'homme. Je pris une voix menaçante, ma mauvaise humeur reprenant le dessus :

-Vous avez mal choisi votre victime ce soir ! Vous allez vous excuser pour ça et déguerpir vite fait, avant que je ne commette un acte que je regretterais !

Je bluffais, bien sûr : jamais je n'aurais tué de sang froid, même un voleur. Pourtant, dans ce monde, il fallait savoir se montrer fort et possiblement violent pour se faire respecter. Le type me présenta des excuses en bégayant, puis il se rua dehors, en faisant tomber sa chaise par terre dans sa précipitation. Je retournais alors à ma table pour récupérer mon sac, rangeant mon couteau dans son étui, avant de me rendre à la table de la vampire qui m'avait prévenue du vol en cours, qui n'aurait pas manqué réussir si elle ne m'avait pas fait signe :

-Merci de votre aide, mademoiselle. Je vous suis redevable à présent ! Puis-je commencer par vous offrir un verre pour vous remercier ?

Je lui souris avec affabilité et gentillesse, la lueur menaçante de mon regard ayant disparu avec la fuite du vandale. A ma place, un grand nombre de gens se seraient sûrement servi tout de suite de la violence. Mais c'était un de mes grands défauts... Je préférais parler avant de me battre ! En tout cas, j'espérais que je n'avais pas fait mauvaise impression à la vampire, qui semblait d'une bonté sans bornes pour quelqu'un de sa race.

Message par Invité Mar 8 Juil - 7:56

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La nuit s’était glissé tout doucement, comme un voile, sur le bâtiment du Cercle. Charles Bates, nouvellement arrivé dans sa cellule, en était encore à apprécier les commodités qu’on avait mis à sa disposition. Il y resterait 23 heures par jour jusqu’à nouvel ordre. Ainsi on avait mis à sa disposition tout le nécessaire à ce qu’il vive confortablement. Les murs, tout comme ceux de la salle d’interrogatoire, étaient hauts et d’un blanc immaculé, et il y avait là aussi une caméra de surveillance encastré dans un des coins. Un lit simple à matelas ferme était positionné dans le fond à droite, et, dans le coin gauche, juste en dessous de la petite lucarne striée de barreaux épais en acier qui laissaient doucement filtrer la blafarde clarté de la lune, était placé un bureau de bois et une chaise toute simple. Cette cellule ne comportait que trois murs blancs, le quatrième étant fait de lourds barreaux, ceci afin que les gardiens puissent avoir leur prisonnier constamment à l’oeil. Ce soir les deux employés qui se dévouaient à cette tâche ingrate étaient un lycan de grande taille, baraqué, jeune et impulsif, répondant au nom de Thomas, et un vampire dans la cinquantaine, jeune d’apparence, à la physionomie très séduisante, au regard félin, qui, lui, répondait au nom de Philippe. Les deux hommes avaient installé une table et deux chaises près des barreaux, et s’adonnaient tranquillement à une partie de cartes en buvant discrètement de la bière, placé hors du champ de la caméra, bien entendu. Ils étaient si bien formés et si bien préparés à toute situation, et si confiants de leurs moyens, qu’ils avaient osés se relâcher un peu après à peine deux heures de garde. Charles Bates, quant à lui, observait le dernier élément qui complétait l’ensemble des commodités de sa cellule : une toilette très simple et métallique accompagné d’un évier. Il éprouvait de l’amertume et de l’embarras à l’idée de devoir uriner devant ses gardes, mais on ne pouvait pas risquer de le laisser seul la nuit, pas même pour ce genre de besoin. L’homme aux cheveux hirsutes, qui s’était retenu plus durant plus de deux heures, s’était donc placé dos aux deux gardes et avait fait ce qu’il avait à faire, incapable de se retenir plus longtemps. Les deux gardes avaient discuté depuis tout ce temps, et Charles avait écouté sans participer, trouvant leurs conversations futiles.

- Vous êtes vraiment obligés de me regarder?, lança-t-il hargneux à l’intention des deux employés.

- Ça va, te met pas dans cet état. Tiens, je regarde mon jeu, content?, répondait le lycan décontracté, qui mâchait un cure-dent depuis une bonne minute.

Le prisonnier avait fini d’uriner et revenait vers les barreaux.

- Et arrêtez de boire de la bière. Si vous vous enivrez … vous ne savez pas de quoi est capable cette chose.

Les deux gardiens se regardaient mutuellement avant de partager le même un rire gras. Un lycan et un vampire, incapable de faire face à un darkness? Mais pour qui se prenait-il? Aujourd’hui c’était un garde plutôt laxiste qui était aux caméras de surveillance, alors les deux hommes comptaient bien en profiter et boire un peu, ils le méritaient! Le vampire, d’abord insulté par cette remarque, s’était adoucie avant de déclarer :

- T’inquiète pas mon grand. Si « cette chose » comme tu dis te cause des ennuis, cette grosse masse de muscle que tu vois juste là te plaquera au sol et je t’injecterai ce truc.

Il pointait du doigt le lycan, puis une seringue déjà rempli d’un liquide transparent, qui avait été déposé sur la table.

- Mme Doherty a été chirurgienne, alors tu peux lui faire confiance. Elle dit que ça va t’endormir plus vite qu’un tranquillisant pour chevaux, et empêcher le darkness de se manifester. Elle m’a fait suivre une formation médicale rien que pour ça tu vois.

Charles Bates regardait la seringue, qu’il n’avait pas remarqué plus tôt car le bras du vampire l’avait tenu caché, avec insistance, soudain intrigué.

- Mais… mais alors pourquoi ne pas m’en injecter tout de suite à titre préventif? Vous auriez dû m’en donner dès que la noirceur est apparue, et m’en donner tous les autres soirs par la suite.

- Nah, elle a aussi dit que le médicament créait une… euh, comment elle a dit? Une accoutumance. Tu finirais par ne plus ressentir les effets.

- Et c’est pas pour te narguer mon potes, mais t’es ici pour rester! Alors il est pas question que tu deviennes résistant à ce truc, disait le lycan moqueur qui continuait de mâcher tranquillement son cure-dent.

Les deux hommes riaient. Charles Bates devenait rouge de colère face à ces deux idiots qui se payaient sa tête. N’avaient-ils aucune idée de ce dont était capable un être extrêmement sournois et intelligent? La force brute ne servait à rien pour le vaincre.

- Tu veux jouer?, demandait soudain le vampire en montrant sa main peine de cartes.

...

Il était encore tôt. Le jeune télékinésie, qui se servait régulièrement de son pouvoir dans ce bar pour voler subtilement la populace, avait joué avec le feu en s’attaquant à une jeune femme sobre alors que la soirée venait à peine de commencer. Ses chances de suces étaient bien plus grandes avec les ivrognes qui trainaient encore au bar à la fermeture. Souvent, ces débris humains somnolaient à leur table et il était extrêmement facile de les détrousser, ainsi le jeune voleur, qui était affreusement lâche, avait fait de ces personnes ses victimes de prédilection. Et il s’assurait également de ne jamais s’en prendre aux lycans ou aux vampires, ni aux individus suffisamment sobre ou suffisamment fort pour lui ficher une raclée. La raison pour laquelle ce jeune homme avait fait une entorse à ses habitudes était qu’il allait à la même fac que la jeune hybride. C’est grâce à ce petit détail qu’il avait pu entendre, entre les couloirs de l’école, que la jeune Marina était l’héritière de la famille Fererra. Autrement dit, cette jeune femme était très, très riche, et elle avait sûrement beaucoup d’argent liquide sur elle. En voyant sa voiture rutilante se stationner avec style près de l’entrée du bar, l’étudiant s’était dit qu’il serait absurde, surtout pour un voleur de sa trempe, de laisser passer une telle occasion. Mais il avait vite regretté sa décision. À l’évidence il avait pu collecter pas mal d’argent, jusqu’à ce que la jeune femme ne le sorte de sa transe et le secouant brusquement. Il avait alors adopté la technique qu’il adopte toujours en de telles situations : trembler, s’excuser et s’enfuir. Bien sûr c’était un comportement extrêmement lâche, mais cela lui permettrait de rester en vie et de voler d’autres personnes demain. Les plus téméraires ont une espérance de vie plus courte, et surtout lorsqu’ils sont humains comme lui!

Étonnamment (ou pas), le sac à main de la jeune hybride, qui était resté sur sa chaise, avait attiré un autre individu. Il jetait ses prunelles embué par l’alcool autour de lui, comme pour s’assurer que personne ne le voyait faire, et s’était heurté au regard rébarbatif d’Eleonor. L’homme ignorait la mise en garde et mettait sa main sur le sac. Eleonor ouvrait légèrement la bouche, sans expression faciale particulière, simplement pour montrer ses crocs vampirique. Le presque voleur reculait et retournait à sa table. Il était déconcertant de constater le nombre de personnes malhonnête dans cet endroit. La jeune hybride n’avait pas laissé son sac à main sans surveillance plus d’une minute que déjà un inconnu s’avançait pour le lui prendre. En même temps, laisser son sac à main hors de son champ de vision, même si c’était pour aller corriger un voleur, n’était peut-être pas un geste des plus prudents. Nous étions à l’Avventura, et comme dans toutes les grandes villes, il valait mieux ne pas trop faire confiance aux inconnus.

Lorsque la vampire eut porté son regard sur la jeune femme ailée, ce fut pour la voir, dague à la main, faire trembler de terreur le télékinésie qui rendit l’argent en parti sans demander son reste. « Humm… Un peu direct, au moins ça n’a pas dégénéré », pensa-t-elle, car la vampire ignorait que la jeune femme bluffait. Celle-ci remis la main sur son sac et vint s’asseoir à la même table qu’Eleonor.

- Merci de votre aide, mademoiselle. Je vous suis redevable à présent ! Puis-je commencer par vous offrir un verre pour vous remercier ?

Cette jeune femme semblait chercher la compagnie, puisqu’elle ne s’était pas contenté de simples remerciements. Mais au fond elles étaient dans un bar, l’endroit propice pour rencontrer des gens. Il n’y avait donc rien d’étrange à ce qu’Eleonor se fasse aborder de la sorte. La vampire quant à elle n’était malheureusement pas dans les meilleures dispositions pour socialiser, elle avait toujours en tête ce cas qu’elle n’arrivait pas à résoudre. Certes il y avait la police et les enquêteurs pour faire ce boulot, c’était simplement qu’elle s’était intéressé à l’affaire de trop près et qui n’arrivait maintenant plus à penser à autre chose. Ayant accès à tout les dossiers du Cercle, la représentante pouvait jouer à résoudre des enquêtes à loisir, bien que cela ne faisait pas directement partie de ses tâches. Et cette fois elle s’était vraiment laissé prendre au jeu. Néanmoins, elle se trouvait présentement dans une impasse, et il n’y aurait probablement pas de nouveaux développements avant demain. De plus, Eleonor était trop polie pour refuser la compagnie d’une personne qui en avait si gentiment fait la demande. Elle prit donc la décision formelle d’oublier ses problèmes dès à présent et pour le reste de la soirée. Et qui sait? Cette jeune femme pourrait se révéler très intéressante.

- Hé bien… pourquoi pas, dit-elle d’un ton affable. Je prendrai un verre de vodka-sang. Comme la plupart des vampires, je n’affectionne pas particulièrement les rhum et coke.

La vampire croyait à tord que c’était ce que la jeune hybride buvait. Elle tenta par la suite de se dérider un peu, la soirée était encore si jeune. Si d’ordinaire Eleonor aurait trouvé inconvenable de laisser une si jeune personne lui payer un verre, elle révisa ses principes en songeant à tout l’argent que cette femme avait sur elle en liquide, et à la qualité de son sac à main et des vêtements qu’elle portait. Il suffisait de l’observer attentivement pour constater que cette jeune hybride n’était pas le portrait type de l’étudiante fauchée, loin de là.

À moins de deux mètre de nos deux protagonistes, un homme en avait empoigné un autre et s’était mis à hurler des invectives à son intention. Un silence quasi-complet avait alors plané dans le bar, et le barman avait crié :

- Sortez d’ici vous deux! Pas de ça dans mon établissement! Vos problèmes, vous pouvez aller les régler dans la rue!

Et le portier imposant conclu cette scène en reconduisant un petit groupe d’homme qui allait très probablement terminé cette dispute dehors comme demandé. Le climat silencieux était alors peu à peu redevenu cacophonique comme avant cette incartade. Eleonor poussait un soupir.

- Je me demande toujours pourquoi je reviens ici… L’ambiance semble constamment à deux doigts de dégénérer en une bagarre générale et les clients sont tous ivres avant 21h. Pourtant il m’est arrivé à plusieurs reprises d’atterrir dans cet endroit après une mauvaise journée.

La vampire fit un sourire. Elle y avait aussi fait de grandes rencontres, il serait utile de le mentionner.

- Au fait, je m’appelle Eleonor, c’est toujours plus agréable de savoir à qui on s’adresse. Et vous êtes?

HRP:

Message par Invité Jeu 14 Aoû - 13:22

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La soirée venait seulement de commencer, et j'étais encore plus en colère qu'avant de passer la porte de ce bar ! Un voleur, qui s'amuse à aller fouiller dans mon sac pour me tirer à la barbe les billet donnés par mes parents et durement gagné par mes recherches archéologiques dans les montagnes !
Cette espèce de petit voleur, qui avait apparemment l'habitude de sévir dans le coin, avait cependant mal choisi sa proie cette fois. Plutôt que de s'attaquer à l'un des piliers de bar, qui étaient déjà bien ivres alors qu'il était très tôt, il avait pris le risque de s'en prendre à une personne sobre et en pleine possession de ses moyens physiques et mentaux. J'avais mis un moment à reconnaître cette petite vermine. Sous l'effet de la fureur, je n'avais pas fait le rapprochement. Mais maintenant, j'étais certaine de le connaître. Il arpentait les couloirs du campus comme un fantôme, sans but ni objectif quelconque en rapport avec les études. Il était là pour voler les élèves les plus fortunés, si bien que le directeur de l'université était déjà au courant de ses méfaits depuis longtemps. Mais évidemment, ce petit merdeux était intouchable ! Donc, il n'avait pas pu être renvoyé et il continuait tranquillement à faire les poches des plus riches. Mais quand il se retrouvait face à une lame de couteau, là c'était une autre affaire ! Ce rat d'égout avait fuit comme un lâche, la queue entre les jambes. Je soupirais, essayant de reprendre le contrôle de mes émotions. Rangeant mon arme dans mon fourreau, je regrettais amèrement d'avoir une voiture aussi rutilante. C'était une vraie enseigne lumineuse indiquant : «  Ici, femme riche facile à plumer ! » Comme si j'avais l'intention de laisser ces malfaiteurs s'attaquer à moi ! J'avais beau être une pacifiste convaincue et avoir bluffé en braquant cette lame sur la gorge de cet imbécile, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin ! Mais le seul problème, c'était que s'il n'avait pas réussi à récupérer mon argent ce soir, il s'attaquerait à quelqu'un d'autre demain, et le jour d'après... Parce que ce type ne vivait que de ses rapines. C'était malhonnête, mais je ne pouvais pas y faire grand chose toute seule. Les seules personnes qui auraient pu m'aider à faire régner un certain ordre, c'étaient celles qui faisaient partie du Cercle.

J'avais toujours partagé leurs idéaux, mais je n'avais jamais trouvé de moyen de pénétrer dans leurs rangs. J'avais cherché, pendant plusieurs années, quelqu'un pour me permettre de les rejoindre et de combattre parmi eux, mais jamais je n'avait réussi à leur mettre la main dessus. Ces gens étaient de vraies anguilles, et j'avais plus perdu mon temps qu'autre chose en leur courant après. Cela dit, je ne comptais pas renoncer. Ca prendrait le temps qu'il faudrait, mais je finirais par y parvenir. En me retournant, je me rendis compte que j'avais de nouveau laissé mon sac sans protection sur ma chaise. Et ça avait attiré un autre vautour aux yeux vitrifiés par l'alcool. Je tournais mon regard vers la jeune femme au teint blême qui m'avait avertie pour le premier voyou et je me rendis compte qu'elle lui lançait un regard agressif qui aurait suffit à dissuader n'importe quel autre homme, pour peu que son esprit ne soit pas trop embrumé par la boisson. Si un simple regard ne l'empêcha pas de poser la main sur mon sac, l'apparition des longs crocs de vampire de ma « protectrice » le fit reculer, plus efficacement que de la citronnelle pour les moustiques. Maintenant, j'étais certaine que cette femme était une immortelle, mais pour quelle raison m'aider ainsi ? Les vampires étaient plutôt connus pour leur égoïsme, leur égocentrisme et leur mode de vie solitaire. Il n'était pas dans leurs habitudes de secourir les gens, et encore moins de faire preuve de bienfaisance.... Décidant de ne pas trop m'attarder là-dessus, je choisis de récupérer mon sac et de la rejoindre. Après tout, soit c'était une ruse pour me piéger, soit c'était une vampire du Cercle. Il n'y avait que les membres du Cercle pour faire preuve d'une telle bonté en étant un être au caractère complètement opposé à celui de sa propre race.

Pensant à la journée déprimante qui m'attendait demain au campus, à devoir recevoir les cours d'histoire sur des choses que je savais sûrement déjà et les maléfices de mes petits camarades de classe, je me dis que, de toute façon, je ne perdrais rien à m'asseoir à la table de la vampire, de voir qui elle était vraiment et de boire un coup pour me détendre ! Après tout, si elle faisait vraiment partie du Cercle, elle pourrait peut-être m'aider à y entrer. Le fait qu'elle semble préoccupée à ce point par une affaire qui m' échappait totalement me laissait penser qu'elle était une personne importante, qu'elle soit d'un camp ou d'un autre. Ou même à aucun des deux.


-Un verre de vodka-sang ? Pas très original pour un vampire, je suppose ! Compte tenu du fait que vous n'avez pas sauté à la gorge de ces deux voleurs pour les vider de leur hémoglobine, je suppose que vous ne chassez pas les humains. Vrai ? Par ailleurs, je ne bois pas d'alcool, je ne supporte pas ça. Sans compter que ça me terrasserait bien plus vite que vous, et j'ai besoin de mes esprits.

Les vampires étaient connus pour être d'une richesse indécente. Par le fait qu'ils vivaient longtemps, ils étaient capables d'amasser des sommes colossales d'argent. Et le fait qu'une femme aussi jeune que moi propose de payer son verre devait la surprendre un peu. Cependant, ça se voyait de loin que j'avais les moyens de m'offrir ça et bien plus si je le voulais, même s'il n'était pas dans mes habitudes de dépenser mon argent à tort et à travers. Mais j'avais bien besoin de prendre un peu de bon temps, alors si pour ça il fallait que j'offre une vodka-sang à une vampire qui m'avait empêchée de me faire voler, ce n'était pas vraiment un énorme prix à payer. C'était même dérisoire. J'appelais la serveuse et commandais son verre à la jeune vampire dont je ne connaissais pas toujours pas le nom. Elle partit avec son plateau et revint quelques instants plus tard, posant le verre devant moi avec un grand sourire un peu hypocrite. Je repoussais moi-même le verre devant la jeune vampire en levant le mien pour trinquer. Mais je fus interrompue par deux hommes qui s'empoignaient non loin de là, s'invectivant avec ferveur. C'est le barman qui les remit à leur place en leur demandant de sortir en le garde de sécurité les ficha dehors avec un coup de pied aux fesses. Imagé, bien sûr... Il était fort probable que le petit groupe d'hommes allait se taper dessus à peine la porte franchie.

-J'en suis au même point que vous... Je me suis retrouvée ici sans trop savoir pourquoi et si vous n'étiez pas venue à mon aide je serais partie après avoir corrigé ce voyou. Il a eu de la chance que je ne sois pas agressive ou violente et que je maîtrise bien le bluff... Une autre que moi l'aurait égorgé sans tergiverser.

Portant mon verre à mes lèvres, j'avalais une grande gorgée de mon Coca-Cola. La boisson, fraîche, me remis un peu les idées en place après les tourments infligés par les voleurs.

-Je m'appelle Marina Ferrera. Pourquoi avoir empêché ce second type de s'emparer de mon sac et m'avoir prévenue pour ce jeune homme ? Rien ne vous y obligeait. Qui êtes-vous au juste, Eleonor ?

Message par Invité Dim 14 Sep - 6:15

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- Tu veux jouer?, demandait soudain le vampire en montrant sa main peine de cartes.

- C’est du canasta, disait le lycan.

- Je ne sais pas jouer à ce jeu, répliquait sèchement Charles Bates en détournant le regard, préoccupé par le darkness et la possibilité qu’il se manifeste bientôt.

- Très bien, comme tu veux, disait le vampire qui laissait tomber ses cartes sur la table avant de se lever et de s’étirer un peu.

L’homme en habits oranges faisait les cent pas dans sa cellule, anxieux. Il n’était pas du tout satisfait de la situation. La seule personne qui était passé à un doigt de le comprendre avant quitté les lieux depuis longtemps, et la chose en lui bouillonnait d’impatience de se manifester, il le sentait.

- Écoutez, vous devez comprendre que quand mon démon intérieur devient furieux, il est extrêmement difficile de l’arrêter, et que peu importe la dose de médicament qu’elle a prévu pour moi, il vaudrait mieux l’augmenter.

- Tu devrais faire confiance à Mme Doherty. Elle est un peu raide parfois, mais très intelligente, disait Thomas.

- Et elle a toute ton admiration, narguait le vampire en lui donnant des coups de coude dans les côtes.

- Oh arrête avec ça! On avait dis qu’on n’en parlait plus.

Le prisonnier avait la frustrante sensation que ses interlocuteurs ne l’écoutaient pas du tout.

- Mais de quoi est-ce que vous parlez?, demandait Charles ahuri par leur changement si abrupt de sujet.

- Figures-toi donc que ce plouc a eu l’audace de demander à Mme Doherty d’aller prendre un verre après le travail, disait le vampire hilare en donnant une claque dans le dos du lycan.

- Je pouvais pas savoir qu’elle avait déjà quelqu’un, elle parles jamais de sa vie privée!, plaidait le pauvre Thomas.

- Mais ça ne m’intéresse pas! s’indignait Charles. Et j’insiste pour que vous augmentiez la dose de médicament, si ce monstre s’éveille…

Philippe, le vampire, qui ne prêtait aucune attention aux inquiétudes du prisonnier, donnait alors une série de coups de poing rapide sur le bras de son compère, et disait d’une voix saccadée qui allait avec le rythme de ses coups :

- Qu’elle soit prise ne change rien! Comme si elle aurait voulu se taper un plouc mal dégrossi comme toi toute une soirée!

Le lycan, provoqué, attrapait la tête du vampire avec son bras.

- Eh! Qui tu traites de plouc mal dégrossi? On a pas tous la même chance dans la vie. Si j’étais un vampire avec une belle gueule comme la tienne, j’enchaînerais les histoires sans lendemain moi aussi!

Les deux amis continuaient à se chamailler en se lançant des piques et en rigolant. Les espoirs de Charles d’entretenir un dialogue intelligent avec ces deux hommes étaient vains. Ses gardiens ne l’écoutaient plus, et étaient maintenant plongés dans un dialogue creux sans queue ni tête. Il soupirait. « Quelle bande de crétins. », pensa-t-il, ennuyé. Et, justement, un autre être s’ennuyait à mourir. Une douleur glaciale diffusait au creux de son ventre, latente. Il sentait que l’instant arrivait, que cette chose suffoquait à l’idée de devoir rester enfermé entre ces murs pour une durée indéterminée.

« Tu t’ennuies, n’est-ce pas Charles?, murmurait la voix. Moi aussi. Pourquoi ne pas jouer ensemble une dernière fois? Tu m’auras bien servit un temps, je l’admet, mais je t’avais prévenu de ce qui allait arriver si tu te faisait capturer, et cela s’est néanmoins produit. C’est l’heure pour nous de nous séparer maintenant. »

La voix raisonnait dans son crâne de manière grave et feutré, avec le calme et l’assurance d’un dément. Charles Bates était soudain tétanisé, il tremblait. Il devait avertir les gardes.

- Non…!

Les yeux de l’homme, qui étaient bruns clairs, devenaient alors d’un bruns foncés très opaque. La différence n’était pas saisissante, mais elle était bien là. Charles Bates cessait complètement de trembler. Il se tenait plus droit qu’avant, et dégageait une prestance qui était absente de chez lui il n’y avait pas deux minutes.

- T’as dit quelque chose?, demandait Philippe, qui se tournait soudain vers le prisonnier.

Charles Bates affichait alors un large sourire.

- Vous êtes drôles vous deux! Je me demandais si vous vouliez jouer une partie de canasta contre moi.

Les deux gardes se regardaient sans trop comprendre. Mais le darkness avait tout son temps pour convaincre ces deux messieurs et les faire exécuter ses ordres. Il y mettrait tout le temps nécessaire, la nuit était encore jeune.


Au Bouken, l’ambiance était lentement en train de dégénérer. Les shooter de vodka s’enfilaient les uns à la suite des autres, les gens avaient chauds et commençaient à avoir du mal à se déplacer sans vaciller. Eleonor était encore presque à jeun. Son métabolisme éliminait l’alcool de son sang à une vitesse étonnante. De toute façon, elle buvait davantage par habitude sociale que par envie de se sentir grisé. D’ailleurs, la jeune personne qui se trouvait devant elle avait piqué son intérêt. Elle ne ressemblait en rien à une cliente régulière de l’endroit, et ne buvait même pas d’alcool. Ceci devait expliquer les regards déçus que lui lançait l’une des serveuses en disant on-ne-sait-trop-quoi au barman. Les clients qui ne boivent pas d’alcool ne font pas faire beaucoup d’argent à l’établissement. D’un autre côté, ils ne saccageaient pas l’endroit et ne brisaient rien, ce qui était, il fallait l’avouer, très positif. La jeune femme ailée avait l’odeur caractéristique des hybrides, Eleonor venait de s’en rendre compte. Cependant elle ne pouvait toujours pas dire à quoi ressemblait son interlocutrice sous sa forme animale. Un oiseau à plumes blanches, sans doute, mais lequel? C’était vers des pensées de ce genre qu’avait lentement dérivé la vampire, après avoir émis son commentaire péjoratif sur l’endroit.

- J'en suis au même point que vous... Je me suis retrouvée ici sans trop savoir pourquoi et si vous n'étiez pas venue à mon aide je serais partie après avoir corrigé ce voyou. Il a eu de la chance que je ne sois pas agressive ou violente et que je maîtrise bien le bluff... Une autre que moi l'aurait égorgé sans tergiverser.

Sur ce point elle avait raison. Bien des gens de ce bar, et surtout lorsqu’ils étaient bien éméché, se jetaient plus facilement dans toute bagarre qui s’offrait à eux, et, lorsqu’ils s’agissaient de vampires, de lycans, voire même d’hybrides qui ne savaient pas mesurer leur force, les perdants se retrouvaient à l’hôpital, et n’en ressortaient pas toujours. Sans compter ceux qui auraient carrément trainés le jeune voleur dehors jusqu’à une ruelle pour mettre fin à ses jours, bien que cela restait plus extrême. Les deux femmes semblaient bien isolés du reste des clients de l’endroit, tous ivres ou presque, qui se beuglaient dans les oreilles pour être entendus, et se chamaillaient les uns les autres comme une bande d’animaux. Elles étaient les seules du bar qui étaient assises tranquilles à une table, à parler doucement et sobrement. Eleonor remarquait cependant que ce soir était différent des autres. Si d’ordinaire l’ambiance était toujours survolté vers ces heures au Bouken, il était rare que les gens soient ivres si tôt et que le ton monte si fort et si rapidement dans l’endroit. La vampire devenait plus alerte face à ce qui se passait autour d’elle pour cette raison. Malgré cela, elle s’était poliment présenté à la jeune hybride, tout en faisant son possible pour continuer à discuter calmement et en faisant en sorte d’être entendu malgré le brouhaha qui les enveloppait.

- Je m'appelle Marina Ferrera. Pourquoi avoir empêché ce second type de s'emparer de mon sac et m'avoir prévenue pour ce jeune homme ? Rien ne vous y obligeait. Qui êtes-vous au juste, Eleonor ?

La question en elle-même était tout naturelle, mais la façon dont elle avait été posée laissait supposé qu’elle était très curieuse de savoir la réponse. Et elle était bien simple : elle avait travaillé ardemment toute sa vie de façon à devenir une personne aussi honnête, altruiste et intelligente que possible, et à faire du monde qu’elle habitait un endroit meilleur. Cependant, répondre ceci sonnerait atrocement prétentieux. La chose la plus appropriée à dire était qu’elle travaillait pour le Cercle, et que c’était son travail de s’assurer que chaque citoyen respectait les règles.

- Moi? Je suis…

C’est alors qu’à nouveau un groupe d’hommes, qui avait beaucoup attiré l’attention tout le long de la soirée, car ils étaient extrêmement bruyant et que deux d’entre eux étaient sortis plus tôt pour aller régler un compte dehors, c’est alors donc que ce groupe s’est à nouveau mis à hurler. L’un beuglait des insultes, mais elles étaient inintelligibles puisque l’homme qui les prononçaient était ivre et avait du mal à articuler. Un autre lui répondait de la même manière, mais un peu plus clairement et un peu moins fort. Les autres prenaient le partie de l’un ou de l’autre des adversaires. On s’excitait, on tremblait, on se poussait les uns les autres, puis, sans crier gare, une voix retentissante déclara, alors que le groupe d’homme cessait brusquement de chahuter :

- Bagarre générale!!!

Et alors survint l’un des moments les plus effrayants et les plus sinistres qu’ait connu le Bouken. Les chaises volaient et éclataient contre les murs et contre les gens, les tables étaient renversées, les pintes de bières étaient jetés sur toute cible mouvante, ou bien renversées par terre, rendant le plancher glissant et faisant tomber les clients dans leur lutte. Dès les premiers instants où Eleonor eut aperçue la scène horrible qui se profilait à l’horizon, elle s’empressa de crier à sa jeune amie :

- Il faut sortir d’ici au plus vite!

Elle saisit le poignet de la jeune femme et, sans lui demander son avis étant donné la situation, l’entrainait aussi vite qu’elle le pouvait hors du lieu. Et la vampire était à ce point agile, rapide et forte, et dans un état de panique tel, que bientôt les deux femmes furent dehors, respirant l’air frais du soir parmi un tas d’autre gens qui avaient réussi à s’enfuir. Eleonor avait arrêté de courir dès lors que les deux jeunes femmes furent hors de porté de la foule effarée qui continuait de sortir à grand rythme de l’établissement en poussant des cris. La vampire remarquait alors qu’elle avait accordée peu d’importance à la sécurité de Marina en la trainant ainsi au travers des projectiles virevoltants et des coups qui jaillissaient de partout.

- Vous allez bien? J’espère que vous n’avez pas été blessé par ma faute.

Elle reprenait lentement son souffle avant d’ajouter :

- J’ai réagit instinctivement, j’ai entendu…

Un coup de fusil retentit alors dans le bar.

- …un coup de fusil?, lançait la vampire, intriguée.

Ces bruits provenaient en fait du barman, qui tenait un glock dans chaque main. Les cris avaient soudainement cessés dans le bar, et, même dehors, les deux femmes pouvaient entendre une voix crier :

- J’ai dit pas de ça dans mon établissement. Il y en a un qui est chargé avec des balles de bois, l’autre avec des balles d’argent. Tout le monde dehors ou je fais feu sur n’importe qui au hasard. J’ai appelé les flics, il y aura bientôt une descen….arrrrgggg!

On entendait des cris plus fort qu’avant, et les plus téméraires, qui étaient restés pour la bagarre, se ruaient en un instant dehors.

- Sauvez-vous! Il y a un lycan à l’intérieur!, criait l’un d’eux.

Sortit alors du bar un homme sous sa forme lupine, qui avait du sang sur le bord de la gueule. Il avait le corps entier scarifié, saignait en divers endroits, et l’un de ses yeux était gravement blessé. Mais il semblait toujours à la recherche de plus sang. Les victimes qui avaient été blessés au cours de la bagarre étaient encore visible de l’endroit où l’homme-loup se trouvait, car ils ne pouvaient plus se déplacer aussi vite, et le fauve se jetait vers l’un d’eux. Ceci jusqu’à ce qu’Eleonor n’intervienne, bien entendu. Elle luttait avec le lycan aussi fort qu’elle le pouvait, mais elle était vampire, et n’avait pas beaucoup d’option. Après à peine quelques secondes d’affrontement, le lycan avait réussit à perforer son flanc avec ses griffes acérées. La vampire tombait par terre, essoufflée. Elle pourrait toujours se sauver au dernier moment, ses blessures guérissaient très vite, et le lycan avançait lentement vers elle, prenant plaisir au combat en ne la blessant que superficiellement. Elle n’était pas en danger de mort. Du moins pas encore.

Message par Invité Jeu 18 Sep - 18:32

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Alors que je comptais ouvrir la discussion avec la jeune vampire qui avait essayé de me tirer des griffes de mes deux voleurs, je remarquais que l’ambiance dans le bar était en train de dériver : les gens parlaient de plus en plus fort et tous en même temps, les bouteilles d’alcool du bar se vidaient bien trop vite, les gens marchaient en zigzag entre les tables, menaçant de les renverser en brisant les vers contenant les consommations des clients, qui essayaient de profiter de leur soirée en évitant les incidents ou les incartades . Certains commençaient même à se diriger vers les toilettes en courant, percutant d’autres clients dans leur course. A leur teint grisâtre et au fait qu’ils se tenaient le ventre, on pouvait se douter qu’ils n’allaient pas bien, suffisamment pour en avoir des envies de dégobiller tripes et boyaux. Jetant un regard dépité à la jeune vampire, je finis mon verre de coca, avant d’appeler une serveuse pour qu’elle me resserve. Elle avait l’air aussi perturbée que moi, seulement, ce n’était pas le fait que ses clients risquent de finir aux urgences en état de coma éthylique qui la dérangeait, mais plutôt le fait que moi-même je ne consomme pas de boisson alcoolisée. En effet, les gens comme moi qui ne venaient pas pour se bourrer la gueule représentaient un gros manque à gagner pour le bar. La plus grande partie du chiffre d’affaire que faisait le bar Bouken était basée sur les poivrots qui étaient là tous les soirs, et qui, tous les soirs, finissaient dans le caniveau à ramper et insulter les passants. Parfois, des ambulances étaient appelées pour venir chercher ceux qui ne se remettraient pas tous seuls de leur cuite. Je plaignais ceux qui travaillaient à l’hôpital de nuit, car ils devaient écoper de ce ramassis de loques humaines… J’avais de la pitié pour ces gens, qui en étaient réduits à noyer leurs misérables vies dans la boisson et l’alcoolisme. Je savais que certaines familles étaient détruites par ça : les conflits que ça créait ne s’en tenaient pas qu’à des injures ou des disputes, mais ça allait parfois jusqu’à la violence physique ou au crime. C’était en partie pour essayer d’empêcher ça, toute cette débauche et cette criminalité, que je voulais m’engager dans la lutte du Cercle. Pour protéger la population d’elle-même…

Alors que les esprits commençaient à s’échauffer, je voyais les gens calmes finir leur boisson et s’en aller les uns après les autres après avoir réglé leurs consommations. J’étais à peu près la seule, avec Eleonor, à rester tranquillement assise à parler sans avoir besoin de hurler pour me faire entendre. Comme si une bulle invisible de sérénité nous protégeait des autres, de ceux qui avaient trop bu et qui ne se contrôlaient plus. Bien qu’on ait l’habitude, dans ce genre d’endroits, que le ton monte et que les bagarres éclatent, l’ambiance semblait… Surnaturelle. Comme si tous ces gens étaient les pantins d’un esprit maléfique, qui les poussait à se jeter les uns sur les autres et à s’agresser mutuellement. C’était vraiment étrange… Essayant de repérer du regard une personne qui aurait un comportement suspect, ou dénotant avec celui des autres clients éméchés. Ainsi, j’aperçus un homme aux traits sombres, aux cheveux de jais et au regard pétillant d’une flemme malveillante, assis dans un coin, un peu à l’écart de tout ce petit monde. Il était plutôt attirant, beau garçon… Un peu trop pour être réel. Ou bon. Il me renvoyait cette impression d’attraction mystique, celle que les êtres de la nuit créaient pour attirer à eux leurs victimes. Il semblait… Déconnecté, comme en transe. Je savais que beaucoup de pouvoirs, qu’ils soient bons, mauvais ou neutres, passaient par un contact mental ou visuel constant avec les gens que l’on voulait influencer, contrôler ou manipuler. Certains pouvoirs de guérison ou les sorts étaient contrôlés par ce même mécanisme. Je me retournais vers la jeune femme, m’apprêtant à lui faire part de mes soupçons, quand tout sembla s’accélérer encore. Comme si… L’homme avait lu dans mes pensées et su que je l’avais découvert. Un groupe de types qui s’étaient déjà bien fait remarquer se mit à se chamailler, se bousculer et, l’alcool aidant, finirent par se jeter dans la bataille, dans un nuage de coups de poings, de coups de pieds et de tête. Alors que je m’apprêtais à intervenir pour essayer de faire revenir le calme en me jetant sur le bel étranger, je fus tirée par le poignet tandis qu’il se levait pour aller se battre avec les autres.

Des objets diverses et variés se mirent à voler en tous sens : des bouteilles de verre, des chaises, des pieds de tables cassés… Dans sa course effrénée, la vampire ne se rendit pas compte de tout ça. Mais je sentis soudain une violente douleur dans le haut du bras. Dans ma précipitation et la montée d’adrénaline, je n’y pris pas tant garde, me ruant dehors à la suite de la jeune femme. Son agilité, supérieure à la mienne, nous avait permis d’être très vite hors de portée de la bagarre et de la foule qui sortait par flots du bar, complètement paniquée et criant dans tous les sens, se mêlant au fracas qui émanait de la salle. Je tombais à genoux, mes nerfs et mes jambes de me portant plus, tandis que la douleur de mon bras me rattrapait. Regardant ce qui causait cette souffrance, je vis un éclat de verre assez important planté profondément dans ma chaire, si bien que je dus serrer les dents pour ne pas crier comme tous les autres. Essayant de respirer profondément, dans le vain but de calmer les vagues de douleur, je grimaçais et répondis, la voix chevrotante :


-Je crois que ce morceau de bouteille ne m’était pas destiné…

Alors qu’un coup de fusil retentissait dans le bar, je me retournais, réveillant une nouvelle fois mon bras : j’avais déplacé l’éclat dans mon geste. Alors que je pensais que c’était peut-être le fait du mystérieux étranger aux cheveux de nuit, je me rendis vite compte de mon erreur. C’était en fait le barman, qui ramenait le calme dans son établissement. J’espérais qu’il n’avait pas réglé le problème en faisant un carton sur les gens… Alors que je pensais que tout était redevenu normal, j’entendis les cris d’agonie du barman et je vis les derniers clients, y compris les plus éméchés, se ruer dehors en hurlant à leur tour, bégayant qu’un lycan s’était jeté dans la mêlée. Peu de temps après, je voyais une truffe noire et un œil brillant se rapprocher dangereusement de moi. Il avait du sang plein les babines, et visiblement, ça ne lui suffisait pas… Je craignis qu’il m’attaque pendant un instant, jusqu’à ce qu’il change brutalement de cible pour se jeter tous crocs dehors sur un inconnu, qu’il avait visiblement l’intention d’égorger. Ceci sans compter Eleonor, qui s’interposa entre une jeune fille et le loup. Elle luta un instant contre lui, mais même blessé, il restait très fort et il réussit à la blesser au flanc, lui plantant ses griffes dans le corps. Oubliant ma tête qui commençait à tourner à cause du sang que je perdais, je tirais avec une force accrue par la peur et l’adrénaline sur le morceau de verre, prenant le loup par derrière et lui enfonçant l’éclat dans le cou. J’espérais que ça le ralentirait, le temps qu’Eleonor se relève et guérisse pendant que le loup, déjà blessé, essayait de retirer le bout de verre de sa gorge, mais sa fourrure le gênait. Je ne vis pas la suite : tout devint sombre, jusqu’à ce que je m’effondre sur le béton.

Message par Invité Lun 20 Oct - 23:21

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- Attends un peu… je croyais que tu ne savais pas jouer.

Charles ne savait pas jouer. Le darkness, si.

- Oh! J’ai dis ça, dit-il en prenant un air à la fois fautif et détendu. Vous comprendrez que, devant mes inquiétudes constantes de réveiller ce monstre qui m’habite, jouer aux cartes n’aurait pas été des plus apaisant.

Les deux gardes se regardaient sans trop comprendre. S’ils étaient de prime abord irresponsables et immatures, ils n’en demeuraient pas moins concernés par leur travail. Pourquoi se guignol se mettait-il à sourire si subitement? Ils échangèrent le même regard suspicieux en songeant que, peut-être, le darkness était derrière ces comportements étranges. Puis ils continuèrent à agir comme s’ils ne s’étaient aperçu de rien, mais gardait bien à l’oeil ce nouvel homme. S’apercevant de cet échange de regard, le darkness reprenait une expression faciale plus neutre.

- Alors je propose ceci : si je vous bats à ce jeu, vous m’injecterez ce médicament tout de suite et je pourrais dormir tranquillement.

- Et si on gagne, rétorquait avec un sourire carnassier le lycan qui continuait de mâchouiller son cure-dent qui, depuis le temps, était en train de se désintégrer en petits filaments de bois dans sa bouche.

- Vous n’auriez rien. Mais si vous refusez de jouer avec moi, il se pourrait bien que je parle de votre prise d’alcool à Mme Doherty.

Évidemment, Eleonor avait mieux à faire que de regarder les caméras de surveillance, mais si Charles l’en informait, elle irait certainement voir. Et nos deux gardes risqueraient alors de perdre leur emploi, et, dans le meilleur des cas, de se faire passer un savon par la représentante, ce qu’ils ne souhaitaient pas le moins du monde. C’était une menace parfaitement lâche, le darkness en était conscient, mais il ne s’était jamais battu de façon élégante ou juste, il n’y avait que le résultat qui comptait pour un être de sa trempe. Philippe considérait ses mots avec amertume, puis grommelait quelques mots entre ses dents. Au fond peu lui importait, si cet homme paranoïaque et anxieux s’endormait tôt ça ne ferait qu’alléger leurs soirée, à lui et à Thomas. Il accolait donc la table contre les barreaux de la cellule et nos deux gardiens s’asseyaient tandis que le darkness en faisait de même, avec la chaise qui se trouvait devant le bureau qu’on avait mis à sa disposition. Il jetait alors un regard furtif à la seringue qui se trouvait sur la table, et songea, tandis que son coeur s’emballait follement, et tout en interdisant à ses pauvres mains humaines de trembler, à s’en emparer pour la fracasser de toutes ses forces contre un des murs. C’était une idée merveilleuse, car il se débarrasserait alors de sa seul inquiétude. Pour s’échapper de ce corps pathétique, il lui fallait d’abord tuer Charles, mais il lui serait impossible de le faire si ses muscles paralysaient. Et si ses gardes venaient à comprendre son réel potentiel et sa réelle malice, alors la sécurité serait certainement renforcé dans les jours suivants. Il était donc très tentant de détruire le médicament qu’on avait prévu pour lui et d’immédiatement passer à l’action. Il n’avait besoin que de cinq secondes, pas plus, pour agir, mais il les lui fallait absolument. Cependant le vampire en face de lui ne lui laissa cette opportunité qu’un bref instant et, une fois la table placé, s’empara de la seringue, et la plaça dans une petite boîte qu’il ficha sous son siège, complètement hors de portée des mains du prisonnier. Le darkness s’en voulu terriblement d’avoir été trop lent dans ses décisions. Mais il ne perdit pas une miette de sa confiance. Qu’importe le temps qu’il lui faudrait, il mènerait à terme ses projets.

- Le premier à atteindre 5000 points l’emporte, disait Thomas.


Les hommes éméchés s’injuriaient avec de plus en plus de véhémence. On aurait pu croire qu’il s’agissait d’un groupe d’ennemis jurés qui avaient décidés d’aller boire un verre ensemble. Pourtant, rien n’était plus éloigné de la vérité. Ces hommes étaient tous de bons amis, certains même des amis d’enfance, et pourtant ils se criaient des invectives, leurs visages tordus par la colère à quelques centimètres les uns des autres.

« Ils ne te respectent pas, tu devrais leur mettre une bonne correction. », susurrait une voix dans la tête du lycan.

C’était le seul lycan de tout le bar ce soir, et aussi le plus facile à influencer du lot. L’homme-loup avant renoncé, il y avait bien longtemps, à écouter sa bête, et s’était même mis à suivre diverses thérapies combinées à des médicaments pour diminuer le pouvoir qu’elle avait sur lui. S’il avait passé la majeure partie de sa vie à suivre ses instincts et à vivre au jour le jour, sans se soucier aucunement des morts qu’ils pouvait causer sur son chemin, il voyait aujourd’hui la vie d’un oeil tout à fait différent. C’était l’un des rares cas de lycans ayant un bon contrôle de sa bête, et qui se dise ouvertement partisan du Cercle. Maintenant qu'il avait refait sa vie et trouvé des gens sur qui compter, hors de question pour lui de revenir en arrière. Il y avait alors une double cruauté à tenter de le corrompre ainsi. Le pauvre homme s’imaginait que la voix dans sa tête était celle de sa bête, et il avait de plus en plus de mal à la faire taire. Depuis son poste un homme en noir ricanait intérieurement de la situation. C’était un homme grand et distingué, à la peau très pâle, aux yeux bleus clairs, surmontés de sourcils noirs et malicieux. Il arborait un sourire satisfait et détendu, mais le reste de ses traits trahissaient sa concentration. Il n’était pas évident, même pour le plus fin des télépathes, d’influencer les pensées d’une si grande quantité de gens à la fois. Son but était clair : il cherchait à déclencher une bagarre générale dans ce bar. Cela faisait plusieurs minutes qu’il était là, assis sur son tabouret, à attendre que la surveillance se relâche un peu, mais ses espoirs étaient vains et il avait du passer au plan B. Cette vampire à la chevelure rousse, qu’il suivait depuis sa sortie des bâtiments du Cercle, il y avait maintenant plus d’une heure, gardait son porte document sur ses jambes depuis l’incident avec l’autre télépathe qui avait volé des billets à l’hybride. Maudit soit-il! Il lui fallait ces documents top-secrets, on les lui avait demandés. Il avait bien tenté d’influencer Eleonor pour qu’elle relâche sa vigilance ou bien qu’elle aille faire un tour aux toilettes sans son porte-document, mais la vampire s’était aperçue de cette possession anormale de son esprit et avant froncé les sourcils un bref moment à la recherche d’une explication. Il avait alors abandonné tout plan qui suivrait cette voie. Chez certaines personnes, influencer les pensées ne fonctionnait pas, ou très peu. Mais le lycan, lui! C’était une aubaine d’être tombé sur un sujet si facile. La tension était maintenant à son comble dans le bar, on tremblait d'impatience d'en venir aux poings. Plus tôt dans la soirée, le vampire aux cheveux de jais avait tenté de déclencher une bagarre tout près des deux femmes en espérant les distraire assez longtemps pour pouvoir s’emparer du sac de la vampire. Mais le tenancier était lui-même un ancien bagarreur stoïque qui ne s’en laissait pas imposer, et il avait forcer les deux fouteurs de trouble à sortir de son établissement. Une fois dehors, les deux bagarreurs s'étaient retrouvés dans une situation assez gênante, car ils ne se souvenaient plus de la raison de leurs rancoeur, et s'étaient bêtement excusés l'un à l'autre avant de retourner à l'intérieur, victime des savantes manipulations du télépathe. Voilà pourquoi cette fois-ci notre homme cherchait à déclencher une bagarre générale. Une débandade qui durerait plus que quelques secondes et qui impliquerait suffisamment de gens pour que le barman perde le contrôle de son établissement. Il lui avait fallu plusieurs minutes pour implanter des idées de violence parmi un groupe d’hommes qu’il avait choisit au hasard. Il ne lui restait plus qu’à implanter une seule idée dans la tête du plus faible d’esprit du groupe, un petit homme presque ivre.

« Une bagarre générale, il faut que ça éclate en bagarre générale. Crie-le, ils n’attendent que ça! », murmurait la voix dans sa pauvre petite caboche embrouillée par l'alcool.

Et l’homme s’était prononcé en criant son fameux « bararre générale! ». Tandis qu’Eleonor se sauvait avec Marina, le vampire télépathe observait la scène les yeux grands ouverts. La rouquine, dans la débâcle, avait laissé son porte-document derrière elle. Victoire! Il s’avançait d’un pas certain vers son butin, content de lui-même, jusqu’à ce qu’un abruti ne fasse éclater une chaise contre son visage. Il tombait à la renverse, et perdait conscience quelques secondes. Lorsqu’il revenait à lui, le lycan dont on a parlé tout à l’heure s’était transformé, le bar était en train de se vider, et le barman allait se faire mettre en pièce de quelques claquements de dents. Le vampire se fichait éperdument de ce qui pouvait arriver aux autres, il lui fallait simplement s’assurer que le porte-document était toujours là. Il tournait la tête, sentant une raideur dans son cou. Il l’ignorait jusque-là mais il avait reçu des coups et s’était fait piétiner lors de la bagarre générale. Salopperie! Il n’y était pas allé de main morte avec cette bande d’imbéciles! On avait jamais vu une si grosse bagarre au Bouken, c’était tout un exploit qu’il venait de réaliser. Heureusement pour lui, le porte-document était toujours là, il n’avait pas bougé d’un pouce. Il regardait sans les voir le lycan se jeter sur le barman et celui-ci tirer vainement des coups de feu. Puis il rejetait sa tête vers l’arrière, l’appuyait contre le bois dur du plancher, et ne faisait plus un son. Il n’avait à vrai dire aucune envie d’affronter un lycan, surtout que ça pourrait lui coûter la vie. Puisqu’il ne dégageait aucune chaleur et que son coeur ne battait pas, il était difficile pour quiconque, même pour un lycan, de faire la différence entre lui et un mort. L’homme-loup, qui ne voyait que mort et désolation autour de lui, s’était pas la suite jeté dehors. Le vampire se levait lentement, mettait ses doigts sur son visage, puis les mettait devant ses yeux; ils étaient couverts de sang. La chaise lui avait cassé le nez, et bien que celui-ci soit maintenant réparé grâce à son pouvoir de guérison, il n’en demeurait pas moins amer et même légèrement humilié de la façon dont les évènements s’était déroulé. Il n’aurait pas dû s’évanouir comme une mauviette. C’était le genre de détail qu’il omettra de partager avec ses supérieurs. Maintenant debout il s’avançait furtivement vers le porte-document, le prenait enfin entre ses doigts glacés de vampire, et cherchait un moyen de sortir sans se faire repérer.

Dehors, Eleonor s’acharnait depuis peu à tenir le lycan en respect. C’était d’ordinaire un homme respectable, mais en ce moment, il n’était plus lui-même, la bête avait le plein contrôle. Elle s’était fait museler durant si longtemps, et avait accumulé une si grande quantité de rage et de frustration que, ce soir, elle se déchainait. La vampire avait jeté un regard désolé sur Marina lorsqu’elle avait aperçu ce tesson immense qui lui perçait la peau. Elle s'en voulait d'avoir brusqué l'hybride à quitter les lieux. Ce devait être, de toute évidence, extrêmement douloureux pour elle. La jeune femme avait pourtant trouvé la force, allez savoir comment, de s’extirper ce morceau de verre du bras, et de venir le planter dans le cou du prédateur géant qui allait de nouveau se jeter sur Eleonor. Enragé, le lycan se tordait en tous sens, peut-être pour exprimer sa douleur, peut-être dans l’espoir de faire tomber le tesson. La blessure au flanc d’Eleonor avait déjà arrêté de saigner depuis, et elle serait complètement guérit d’ici peu. Il lui fallait maintenant trouver une solution finale et durable concernant le lycan. Continuer à lui taper dessus ne servait concrètement à rien, et elle n’était pas en mesure de se battre avec lui jusqu’à ce que l’emprise de sa bête ne diminue et qu’il ne reprenne sa forme humaine, cela pourrait prendre plusieurs heures. Quoi faire alors? Elle n’eut pas le loisir d’y penser davantage car le molosse, à force de contraction et de décontraction de son cou, avait finit par faire tomber le tesson et se jetait toutes dents dehors sur elle. La vampire ne réfléchissait plus vraiment, mais cherchait à rester vivante. « Le pistolet du barman, je n’ai plus le choix ». C’est sur cette pensée qu’elle s’était ruée à l’intérieur de l’établissement, l’immense loup patibulaire sur ses talons, et s’était jeté derrière le bar en espérant que l’arme à feu soit toujours là.

Quelques secondes plus tôt, avant l’entrée fracassante d’Eleonor, notre vampire de tout à l’heure avait vérifié les papiers que contenait le porte-document afin de s’assurer formellement qu’il avait bien volé le bon objet. Il s’était alors dirigé doucement vers la porte d’entrée de l’établissement et avait jeté un seul petit oeil derrière la vitre de la porte afin de voir si quelqu’un venait. Son nez se faisait casser de nouveau : Eleonor entrait en trombe avec, derrière elle, le lycan furieux, et la porte se fracassait contre son visage, sans que personne ne le remarque. Il tombait par-terre, insulté au plus haut point, tandis que le sang jaillissait de nouveau de ses narines, mais s’interdisait de rester là à jurer et à maudire les responsables de cet incident. Il profitait du fait que les deux adversaires se jetaient derrière le bar, et ne pouvaient dès lors plus le voir, pour quitter subrepticement les lieux, ni vu, ni connu. Ceci jusqu’à ce qu’il ne tombe sur l’hybride de tout à l’heure. Était-elle éveillé?

Eleonor n’eut pas à chercher les pistolets longtemps. Petit problème : il y en avait deux. Elle réussissait, au cours de sa lutte avec le lycan, à en prendre un au hasard, appuyait le canon sur sa cible, et tirait un coup. La chance lui sourit. Une balle d’argent allait se ficher dans la patte avant droite du lycan, qui reculait. Elle déduisait du moins, au vue de la façon dont se crispait son visage, que c’était bien des balles d’argent. D’ailleurs elle pouvait voir des traces de brulure dans la plaie. Les deux adversaires se distanciaient l’un de l’autre de plusieurs mètres. Cette blessure semblait avoir enragé davantage le lycan, qui continuait obstinément à appuyer sa patte blessé contre le plancher, et avançait doucement vers elle. Eleonor reculait lentement. Ses mains tremblantes maitrisaient l’arme, qui ressemblait beaucoup à un glock, et elle en remerciait la formation qu’on lui avait donné au Cercle. Si on ne le lui avait pas enseigné, elle aurait été capable d’appuyer sur le bouton de la plaquette et de faire tomber son chargeur par-terre. Heureusement, cela n’allait pas se produire. La gueule ensanglanté et les babines retroussées du monstre s’approchait fauvement d’elle, et ne lui inspirait aucune confiance. Voyant qu’il ne comptait pas ralentir ses assauts, Eleonor tirait une nouvelle balle, dans l’autre patte antérieur. Cette fois-ci le lycan glapissait, il s’arrêtait un moment, secouait la tête. Que se passait-il? Elle tirait une nouvelle balle dans la même patte, et le loup immense se couchait momentanément, semblant en proie à d'immenses douleurs, et à une lutte intérieure. Les balles d’argent, seul point faible de cette race, ne l’avaient pas épargnées, et il perdait beaucoup de sang. Peut-être l’avait-elle suffisamment blessé pour épuiser la bête, permettant ainsi à l'homme de reprendre le contrôle? C’était ce qui était en train de se produire. Le lycan perdait de ses poils, ses pattes devenaient des mains et des pieds, il soufflait plus doucement. Eleonor entendait depuis un moment des sirènes de police. Elle sortait dehors avec l’intention de tout expliquer. Cette soirée avait dégénéré très rapidement, et sans Marina elle serait peut-être morte en ce moment. La vampire la cherchait d’ailleurs des yeux…

Message par Invité Lun 27 Oct - 14:28

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La soirée avait vraiment pris la pire des tournures. Les bons amis, qui étaient venus ici pour prendre un verre ensemble et passer un bon moment, s'injuriaient maintenant copieusement. Ils étaient on ne peut plus grossiers, rendus odieux par la boisson qu'ils avaient ingurgitée. Dégoûtée par ce spectacle, je détournais les yeux, les fixant sur mon verre de Coca à présent vide. Je le retournais entre mes doigts, ne sachant que faire pour empêcher que ça ne dégénère encore d'avantage. J'aurais voulu pouvoir intervenir, faire cesser cette scène de cauchemar. Mais je ne voyais absolument pas quoi faire : si j'intervenais, ça risquait de partir encore plus en vrille que si je restais là comme simple témoin, outragée mais impuissante. Je soupirais profondément, tournant mon regard vers ma camarade d'infortune. Assise à côté de moi, elle fixait un homme qui avait l'air solide. Il semblait avoir un fort caractère, et pourtant, il avait aussi l'air en péril en ce moment. Puis, le regard de la jeune vampire se tourna vers l'homme en noir que j'avais repéré un peu plus tôt. Il avait toujours l'air détendu,bien que pris par une concentration intense. Je n'avais pas beaucoup d'expérience quant aux pouvoirs des vampires et autres créatures du mal, mais j'avais la sincère impression qu'il essayait de manipuler quelqu'un. Et ce quelqu'un pouvait très bien être l'autre type, assis avec la bande d'ivrognes qui s'invectivaient avec hargne. J'essayais de comprendre à quoi pouvait servir ses tentatives d'hypnose... Déclencher une bagarre entre des amis bourrés dans un bar, franchement... A part donner suite à un sadisme très développé, je ne comprenais pas l'utilité d'un tel acharnement. Jusqu'à ce que je me rende compte que ma camarade tenait sur ses genoux un porte-document, qu'elle ne perdait pas du regard. Il était sûrement très important, ou contenait des papiers très intéressants pour le vampire télépathe. Sûrement un membre des Rebelles qui essayait d'obtenir des infos primordiales sur ses ennemis. Je voulais en faire part à la jeune femme, mais elle était happée par ses pensées. J'avais le sentiment qu'elle avait plus d'infos que moi sur la situation, et ça m'agaçait un peu. Il ne faisait plus aucun doute qu'elle avait un poste chez le Cercle, quant à savoir ce qu'elle y faisait au juste...

Peut-être que, finalement, déclencher une bagarre entre ces ivrognes ne lui servait à rien, sinon à séparer la vampire, Eleonor, de moi et de ses précieux documents.... Plus tôt dans la soirée, il avait déjà essayé de nous distraire en manipulant deux types, eux aussi bien éméchés. Il les avait poussés à se cogner dessus, sans grand résultat puisqu'ils s'étaient fait virer du bar par le barman, qui veillait au grain. Seulement, la distance d'hypnose avait sûrement été dépassée, et quand les deux individus étaient sortis, ils s'étaient retrouvés l'un en face de l'autre sans se souvenir pourquoi ils voulaient se frapper. Perplexes, ils étaient retournés à l'intérieur, plus amis qu'ennemis. Cette fois, le vampire s'était attaqué à un groupe plus imposant, afn qu'à lui seul, le barman ne puisse pas intervenir. En s'attaquant à quelqu'un de plus instable mentalement, de plus fragile peut-être, le télépathe espérait arriver à ses fins. J'ignorais alors que l'homme en question, pris pour cible, était un lycanthrope. J'ignorais aussi qu'ils étaient moins résistants et plus soumis au contrôle de l'esprit que les membres des autres races. Perdue parmi toutes ces personnalités, ces infos manquantes et ce que je venais de comprendre, je ne réagis pas assez vite lorsque le vampire réussit à faire éclater le conflit. Heureusement qu'Eleonor avait des réflexes plus rapides que les miens et qu'elle me tira en dehors du bar. Manque de chance, elle en oublia son précieux porte-document, ce qui faisait bien l'affaire du manipulateur en manteau noir. Je perdis alors la scène du regard, concentrée sur l'éclat de verre qu'on m'avait planté dans le bras. Une fois dehors, tout sembla se déconnecter. Complètement larguée, déboussolée, la douleur me lançant avec force, j'eus juste le temps de retarder le lycan qui se jetait sur Eleonor avant de perdre connaissance. Pendant ce temps, la jeune femme avait eu le temps de neutraliser l'homme-loup et l'autre vampire de s'emparer de ce qu'il cherchait, malgré les nombreux coups et blessures qu'il avait subi.

Je me réveillais finalement dans la rue. Mais je n'avais absolument aucune idée du temps qui s'était écoulé entre le moment où j'étais tombée dans les pommes et celui où je m'étais réveillée. Alors que j'essayais de me redresser, le bras complètement ensanglanté, je vis une paire de bottes noires se dresser devant moi. Zut et re zut ! C'était encore ce type avec son manteau noir et sa peau diaphane ! Encore dans les vapes, je le vis hésiter sur mon état. Il n'était pas certain que je sois encore inconsciente. Alors qu'il allait partir, je constatais qu'il avait sous le bras la sacoche de la vampire, qui avait disparu. Merde ! Prenant mon courage à deux mains, je me remettais sur mes pieds. Un vertige me prit et je manquais de rechuter lourdement au sol. Mais je savais qu'il fallait que je protège ces papiers, bien que je ne sache absolument pas ce qu'ils pouvaient contenir. Ma veste était déchirée et je dus l'enlever pour atteindre mon arme, planquée dans un holster attaché autour de mon torse. Je braquais mon arme sur l'homme et pris mon courage à deux mains, pour lui demander son nom et exigé qu'il ne bouge plus. J'entendais au loin les sirènes des voitures de police. Il fallait que je retienne cette homme jusqu'à ce qu'elles arrivent et qu'elles arrêtent ce monstre :


-Ne bouge plus ! Et décline ton identité ! Ou je me verrai contrainte d'ouvrir le feu !

Il me fixa, hilare. Un rire tonitruant s'échappa de sa gorge. Il avait des accents nobles et une sonorité de cristal. Il écarta les bras avec lenteur, comme s'il avait l'intention de se rendre. Mais je ne vis  ensuite qu'un mouvement flou, trop rapide pour mes sens. Le porte-document dans une main, une arme dans l'autre et un sourire démoniaque sur les lèvres, il n'hésita pas à appuyer sur la détente. C'est l'adrénaline qui me sauva : j'eus juste le temps de détacher les sangles qui retenaient mes ailes et de les déployer devant moi pour me protéger. Je sentis l'impacte de la balle, brûlante. La douleur me fit lâcher un cri strident. Du sang se mit à tâcher mes plumes, d'un blanc jusqu'à présent immaculé. J'ouvris les ailes, dans le but de tirer sur le vampire afin de le blesser, ou au moins de le ralentir, mais une fois de plus, je n'eus pas le temps de bouger. Il se jeta sur moi à une vitesse surnaturelle, me balançant son poing dans la figure. Cette fois, rien ne me sauva : je pris le coup de plein fouet, ce qui me projeta contre le mur de la façade du bâtiment derrière. J'atterris sur le sol et retombais sur mon aile blessée, ce qui me fit hurler de plus belle. Sonnée, je n'arrivais pas à me redresser cette fois. Je réussis néanmoins à le toucher à l'épaule et au genou droit avec mon pistolet. Les projectiles pénétrèrent sa chaire, mais je savais pertinemment que ça ne le ralentirait pas bien longtemps: le système sanguin des vampires leur donnait une capacité de guérison hors normes. Cependant, je pus apercevoir sur son visage une grimace de souffrance. Bien que mon arme ne soit pas chargée de balles en bois, se faire trouer la peau n'était jamais très agréable. Je vis apparaître les roues de fourgons blindés. Des hommes équipés de fusils à pompe et de gilets pare-balles en descendirent. Ils tirèrent sans sommation sur l'inconnu, qui se jeta dans la mêlée et blessa plusieurs agents des forces de l'ordre avant que l'un d'entre eux ne parvienne à lui tirer une chevrotine dans la poitrine et qu'il ne s'effondre au sol.

Je perdis de nouveau connaissances. Cette fois, je ne me réveillais pas dans la rue, mais dans une pièce aux murs totalement blancs. Rien aux murs. Seulement un bouquet de fleurs posés sur une commode, et des appareils électroniques qui bipaient de manière régulière. Ils m'étaient tous reliés et un bandage avait été fait autour de mon aile et de mon bras blessés. La première chose dont je m'inquiétais en me redressant, ce fut de la santé de la jeune vampire qui m'accompagnait, avant même de savoir comment j'étais arrivée là, ce qu'il était advenu du vampire et du loup-garou du bar ou même combien de temps j'étais restée dans la Lune :


-Eleonor !  Où est Eleonor ?

Il n'y avait personne dans la pièce, mais une infirmière qui se trouvait dans le couloir m'entendit et me rejoignit dans ma chambre. J'étais toujours sur mon lit, mais je m'étais redressée. Elle était accompagnée de la jeune vampire. Elle avait l'air en bonne santé, mais je me méfiais des apparences...

-Comment allez-vous ? Je dois également vous parler de quelque chose de très important....

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