| par Invité Jeu 28 Mar - 13:50
| Pénétrant dans le bar avec élégance, je constatais immédiatement qu'il semblait vide. Un barman se tenait derrière son comptoir, nettoyant quelques verres et les essuyant, son torchon sur l'épaule. Il était plutôt mignon: un grand bonhomme aux épaules solides et aux cheveux de jais coupés courts et coiffés en une crête qui n'avait rien de prétentieux. Il était moulé dans un t-shirt sombre qui faisait ressortir ses yeux gris et qui rendait ses muscles saillants. Il était coupé à la taille par le comptoir, mais la ceinture d'un tablier noir lui aussi apparaissait. Je m'assayais face à lui, mais il m'annonça que le bar n'était pas encore ouvert. Je me retenais de lui répondre un ironique :" sans blague" et me contentais de lui annoncer que je venais pour le poste de gérante du bar. Je lui expliquais en quelques mots comment j'avais su que son chef partait à la retraite et lui donnais mon nom, pour qu'il appelle le patron, avec qui j'avais rendez-vous pour l'entretient d'embauche.
Le barman s'eclipsa un instant, pénétrant dans une salle dont la porte se trouvait à l'écart de la salle. Il revint peu de temps après, flanqué d'un homme bedonnant et court sur pattes, marqué par l'âge. Sa démarche était hésitante, mal assurée, contrairement à celle élégante et droite, mais pas rigide, du jeune homme. Amusée par le contraste entre les deux hommes, je me présentais au plus vieux, lui serrais la main et m'assit quand il me le demanda. Il me posa quelques rapides questions, me demanda mon âge, si j'avais de l'expérience dans le service ou la gestion, si je parlais diverses langues étrangères et si j'avais déjà eu à faire à une équipe. Je répondis à ses demandes, pas que ça m'enchante, mais je n'avais pas le choix. Si je voulais ce travail, et pouvoir acheter l'établissement, je ne devais pas me laisser dérouter par une petite conversation routinière. Surtout que le patron, sous ses airs peu engageants, était finalement un homme charmant.
La discution devint un peu plus mouvementée quand on en vint à parler du prix de rachat du bâtiment. Je trouvais que ce qu'il voulait de ce rade, qui avait besoin d'une bonne restauration, était trop élevé. Après une bonne heure de négociations acharnées, je finis par tirer la somme qui m'arrangeait du patron et je lui mis l'argent sous le nez. Il ne se fit pas prier pour le prendre et une poignée de main scella l'affaire conclue. Il s'engagea ensuite à quitter les lieux l'après-midi même. Deux heures s'écoulèrent avant que je le vois, comme prévu, faire ses cartons et partir. Prenant connaissance des lieux encore inexplorés, comme le bureau du patron, les toilettes et la réserve, je pris vite mes marques. Installant quelques babioles dans mon bureau, j'y organisais une brève réunion avec le personnel histoire de les connaître un peu. Malheureusement, je fus obligée de renvoyer deux serveurs et le second barman, n'ayant pas les moyens de financer leurs salaires.
Je gardais finalement le beau barman aux cheveux noirs et une serveuse plutôt canon et qualifiée. Le videur conserva lui aussi son poste. Je me voyais mal virer moi même les pochetrons ayant eu leur dose d'alcool pour la soirée et les recoller dans un taxi. La soirée s'annonça alors bien vite, tandis que je commençai à imaginer le relooking de l'établissement. J'envisageais d'en garder le nom, mais de refaire faire la façade et l'organisation, ainsi que la déco, de la salle, pour lui donner un air plus chic. Mais il faudrait attendre d'avoir plus de fonds pour pouvoirs financer la mise en place de mon projet. Le soir, quand je fis l'ouverture du bar, je m'installais en salle de manière à voir comment le service allait se dérouler. Sauf que la serveuse ne pouvait pas être en bas avec les ivrognes et en haut avec les riches en même temps. Du coup, je me retrouvais à devoir faire le service à l'étage. Enfilant une tenue de serveuse, je me retroussais les manches et me mis à bosser. |
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