Promesse d'une longue amitié? [Suite] [PV Pyro Lioncourt] [Terminé]

C'était avec un plaisir à peine contenu que notre vampire reçu les éclats de rire de l'assemblé en présence, y comprit ceux de sa jeune interlocutrice, envahir le bar lorsque l'emmerdeur de première s'était versé son cocktail sur la tête pour ensuite partir, le regard vide de toute expression. Mais elle redevint sérieuse un instant lorsqu'elle songea à la proposition qu'elle avait fait à la jeune Pyro: celle d'aller se battre dehors. Elle ressentait, sans qu'elle pu dire exactement pourquoi, la forte envie de se battre, et c'est ce qui l'avait poussé à faire cette demande qui au fond ne lui ressemblait pas tellement. Elle comprit que ce devait être les conséquences de son pouvoir de persuasion, mêlés à l'alcool qu'elle avait ingurgité, qui influençaient son comportement. Quoi qu'il en soit, elle ne voyait rien de mal, en ce moment du moins, à combattre une autre vampire, tant que cela restait amical. Son pouvoir n'avait pas été utilisé trop fort, ainsi elle ne craignait pas être capable de blesser réellement et intentionnellement son adversaire. Bien sûr Eleonor se rappelait parfaitement la première fois où elle avait utilisé son pouvoir de persuasion à sa pleine capacité. C'était lors d'un combat contre Catherine, et elle y avait mis tellement de puissance que le cercle de feu qui les entouraient s'était momentanément éteint. Après cela, ses souvenirs étaient flous. Ça avait été un vrai carnage, et elle avait perdu tellement de sang cette nuit-là. Secouant la tête, la vampire chassa ses horribles pensées de son esprit. Inutile de ressasser des souvenirs aussi douloureux. Et puis elle doutait que Pyro soit du genre à devenir incontrôlable sur le champ de bataille comme certains vampires sanguinaires qu'elle avait connue. Consolidant sa conviction que ce n'était pas une si mauvaise idée, bien qu'elle l'avait d'abord proposé impulsivement, Eleonor passa devant son homologue pour se rendre dehors. À cette heure, pas un chat ne rôdait. De toute façon le bar allait bientôt fermer, et les quelques fêtards qui étaient toujours présents dans le bar étaient pour la plupart sorti en même temps que les deux vampires.

Elle posa son regard sur la rue en asphalte, et songea au cratère qu'avaient fait dans la terre Catherine lorsque Néro l'y avait enfoncé. Certes l'asphalte était plus résistante que la terre, mais elle ne voulait pas risquer d'endommager les bâtiments de la ville. Combat ou pas, elle était responsable des dégâts qu'elle causait. Elle entraîna donc sa comparse vampire vers le quartier dévasté. L'endroit était lugubre, on sentait tout de suite un sentiment oppressant en entrant dans cet endroit. Les bâtiments étaient de toute part en ruine, personne ne pouvait décemment vivre là-dedans. Et les rues étaient déjà en mille miettes. On avait davantage l'impression de se tenir debout sur du gravier que sur de l'asphalte.

-Ici c'est un meilleur endroit pour combattre, pas de danger d'attirer qui que ce soit où d'endommager des biens publics.

Eleonor se mit en position de défense, et lança arrogamment à son interlocutrice:

-Essaie de me toucher, si tu t'en sens capable.

On reconnaissait bien là les instincts de la vampire se manifester et prendre le contrôle de ses pensées. Elle avait le don un peu particulier de bouger vraiment très vite lorsqu'elle l'entendait, et cela lui permit d'éviter les premiers assauts de son assaillante. Au début, elle ne faisait qu'éviter les coups, indécise à frapper la première. Le combat connaissait donc un départ un peu lent jusqu'à ce que, décidée à s'écarter de son adversaire, Eleonor ne fasse un bond de plusieurs mètres dans les airs. Grave erreur de sa part, puisque c'est là que la jeune Pyro lui agrippa le pied pour l'encastrer parmi les miettes d'asphalte. Elle avait sous estimé son adversaire, c'était évident. Les yeux d'Eleonor prirent leur teinte écarlate et ses crocs sortirent. Le choc lui avait fait mal, mais ce n'était, pour son espèce, qu'une petite blessure qui serait vite guérit puisqu'elle avait bu beaucoup de sang plus tôt dans la soirée. Afin de riposter, notre vampire donna un coup de pied dans le ventre de Pyro, si fort qu'elle défonça un mur, ou plutôt les reste d'un mur, qui devait autrefois appartenir à une maison. La vampire sauta alors parmi les décombres de la vieille maison, l'excitation du combat commençait à la gagner, et elle cherchait de son mieux où son adversaire pouvait s'être caché. Il y avait, dans ce reste de quartier, des murs un peu partout, des restes de maisons aux fenêtre brisés dans lesquelles on pouvait aisément pénétrer, aux étages parfois défoncés dans le plancher où dans les murs, mais qui tenaient encore le coup. C'est dans cet environnement qu'Eleonor avait catapulté Pyro, et elle tentait de la trouver avant que cela ne soit elle qui ne la trouve.

-Au fait, j'ai senti plus tôt qu'une question te brûlait les lèvres, je me trompe? Si tu t'en sens capable, on peut discuter tout en se bagarrant.

C'était une vaine tac-tic qui visait à faire parler son adversaire afin que notre vampire puisse la repérer. Néanmoins, elle était sérieuse dans sa proposition: elle ne voyait aucun problème à continuer à répondre à ses questions comme elle l'avait fait plus tôt dans le bar, si toutefois la jeune Pyro se sentait capable de discuter tout en l'affrontant.

Spoiler:

Son adversaire avait une mollesse dans ses gestes qui témoignait de son abus d'alcool. Mais l'effet ne durerait pas indéfiniment. Voilà pourquoi Eleonor en avait profité dès que son adversaire s'était jeté dans la rue. Les questions qu'elle lui posait était comique. Elle lui répondit, sans pouvoir retenir un sourire, qu'elle n'avait jamais goûté l'ail parce que de toute façon elle n'avait consommé, au cours de sa vie, que très peu de nourriture humaine, mais qu'il serait intéressant d'élucider la question. En effet, dans les films les vampires étaient brûlés par l'ail presque aussi fortement que par le soleil. Mais elle ajouta qu'elle ne connaissait que deux choses qui pouvaient aller jusqu'à tuer un vampire: le soleil et les pieux de bois dans le coeur. Puis elle se mit à frapper avec vigueur son adversaire sans la ménager. La pauvre Pyro s'écrasa avec fracas contre le mur, puis se releva et lui proposa un marché. Eleonor resta figé un instant, pensive. Pouvait-elle héberger quelqu'un? Elle aimait bien la compagnie de cette jeune femme et, d'ordinaire, aurait accepté sans hésiter. Cependant elle n'avait pas d'emploi et avait bouclé son budget de justesse plus tôt dans la soirée et ce, grâce à la contribution financière de Vegeo. Elle était très dépendante de lui présentement, et ne pouvait pas se permettre de lui demander de prêter son aide financière à quelqu'un d'autre, déjà elle se considérait chanceuse qu'il ait décidé de l'aider. Le pauvre homme avait deux emplois et ils n'étaient pourtant pas riches. Elle ne pouvait pas lui imposer une autre personne, ça ne se faisait pas. Mais avant même qu'elle ne puisse expliquer sa situation la jeune vampire lui asséna un violent coup qui la fit voler en l'air un instant, suivit d'un second qui lui fit creuser un petit cratère dans le sol. Elle pensa stupidement, encore sonnée: je savais bien qu'il valait mieux se battre ici. Au moins son adversaire la laissa se relever. Reprenant son souffle, Eleonor lui répondit:

-Je suis dans une situation trop précaire pour te prêter logis, je le crains. D'ailleurs, je n'ai pas d'emploi moi non-plus, et c'est un ami qui me soutiens. Par contre voici ce que je te propose: si tu peux me battre, je te paie tout l'alcool et tout le sang que tu peux ingurgiter en une soirée. On retournera au Bouken pour l'occasion. Mais si c'est moi qui gagne, tu devras goûter à de l'ail pour qu'on sache enfin si ça nous brûle la langue!

Elle trouvait l'idée comique et instructive à la fois. Et puis la perspective de se faire peut-être brûler la langue devrait motiver suffisamment son adversaire pour qu'elle tienne à gagner. Comme Pyro l'avait fait pour elle plus tôt, Eleonor ne lui laissa pas le temps de répondre et passa à l'attaque. Elle prit par-terre les morceaux les plus tranchants d'asphalte qu'elle pu trouver et se mit à les lancer sur la jeune vampire. Mais celle-ci était une adversaire plus redoutable qu'Eleonor ne l'aurait cru, et elle couru contre l'un des murs qui se situait derrière elle, évitant les projectiles qui s'enfonçaient avec fracas dans la vieille brique de cette maison en ruine. Eleonor souriait de voir la jeune Pyro parer ses coups avec autant d'adresse, puis redoubla d'ardeur, tentant de son mieux de toucher la jeune vampire. Mais celle-ci attrapa habilement l'un des obus tranchants qu'Eleonor lui avait lancé et l'envoya dans sa direction, sifflant comme une balle de fusil. Notre vieille vampire n'eut pas le temps d'esquiver: la grosse miette d'asphalte s'enfonça dans sa chair, un peu en bas à gauche de son nombril.

-Toi espèce de sale… Bien joué!, dit Eleonor, mettant une main sur sa plaie.

Les deux vampires continuèrent à s'affronter, mais Eleonor savait que, si elle voulait avoir une chance de gagner, elle devrait étirer le combat jusqu'à ce que sa blessure soit guérit. Et elle devrait aussi trouver un moment pour retirer le projectile dans sa chair. Pyro mit notre ex-médecin par-terre et, sentant que la fin était proche si elle ne faisait rien, Eleonor lui jeta une poigne de sable dans les yeux. Certes c'était un coup un peu lâche, mais cela lui permit de sauter contre le mur d'un bâtiment, d'y grimper et d'entrer dans l'une des nombreuses fenêtres cassés du troisième étage. Elle enfonça ses doigts brusquement dans sa plaie et retira la miette d'asphalte, tout en soufflant. Le problème avec la guérison ultra rapide des vampires, c'était que les projectiles qu'ils recevaient devait être retirés rapidement, sans quoi ils restaient coincé dans leur corps, car la blessure se refermait trop vite. La jeune borgne eut tôt fait de rejoindre Eleonor et se jeta sur elle. Notre vampire esquiva habilement et repéra une vieille chaise dans un coin. Elle s'en servit pour asséner un coup de toutes ses forces à son adversaire, qui s'écrasa lourdement au sol. Réalisant qu'elle y était peut-être allé un peu trop fort, Eleonor s'approcha du corps de la jeune femme.

-Oh merde… Est-ce que ça va?

Elle se tenait tout près de Pyro, croyant l'avoir blessé grièvement. Après tout c'était une jeune vampire, elle était moins endurante. Mais c'était peut-être aussi une tactique de sa part visant à attaquer Eleonor par surprise...

Craignant sérieusement pour la santé de son adversaire, Eleonor s'était approché sans se méfier aucunement d'une contre-attaque. Elle eut tord d'agir ainsi, puisque Pyro se releva et mit notre vampire à terre en moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire.

- Tu m’as frappée avec une chaise?

D'un coup Eleonor se sentit affreusement gênée d'avoir agi ainsi, ce n'était pas du tout loyal comme coup, et elle aurait pu lui causer bien du tort alors qu'ils ne combattaient que pour s'amuser. Elle songea à s'excuser, mais le rire de Pyro la soulagea : elle réalisa alors que la jeune borgne ne lui tenait pas rigueur de ce qui venait de se passer et, comme elle, elle se mit à rire. Lorsque son adversaire lui demanda si elle abandonnait, Eleonor lui répondit qu'elle n'avait pas dit son dernier mot, et se jeta sur la jeune vampire, l'attaquant uniquement à main nue cette fois-ci, car elle avait déjà causé bien assez de tord comme ça plus tôt avec des objets. La vieille vampire se retrouva par terre sous la jeune Pyro, comme un peu plus tôt, et profita de ceci pour la projeter, avec ses pieds, à travers le plafond du troisième étage dans lequel ils étaient toujours, puis la rejoint. Elles étaient alors au sommet du bâtiment et, continuant leur combat au corps à corps, Eleonor se faisait lentement cerner sur le bord de la bâtisse. Elle ne le réalisa que trop tard, et tandis qu'elle tentait de reprendre l'équilibre, très proche de tomber, Pyro prit notre vampire par la gorge, la laissait suspendue dans le vide. Il faut dire qu'Eleonor souffrait un peu de vertige, et elle était inconfortable à rester ainsi. Malheureusement, ses bras étaient trop courts pour atteindre le visage de Pyro ou tout autre endroit facile à attaquer. Elle songea que le mieux serait de lui donner un coup, avec ses deux pieds, dans les côtes, puis, espérant que son adversaire la lâcherait, elle se propulserait, toujours avec ses pieds, contre le mur de la bâtisse pour atterrir sur le toit de la maison en face. Mais cette manoeuvre, bien que possible en théorie, était risqué, et puisqu'il ne s'agissait que d'un combat amical, Eleonor ne voyait pas vraiment l'intérêt de mettre tant d'effort juste pour avoir le plaisir de dire qu'elle avait gagné. Alors, les mains autour du bras qui lui serrait le cou, commençant quand même à étouffer un peu, bien que cela ne semblait pas être dans les intentions de Pyro de l'étrangler, la vampire réussit à articuler:

- Ça va… je me rends.

C'était tout ce qu'il fallait pour arrêter le combat. Essoufflée, penchée vers l'avant, les deux mains sur ses genoux, Eleonor félicita son adversaire de sa ténacité. Elle ne l'avait pas ménagé, mais la jeune Pyro s'était montré habile et avait fini par gagner. Elle se doutait que si le combat n'avait pas été amical le résultat aurait pu être différent, mais pour une vampire qui avait moins du tiers de l'âge de celui d'Eleonor, elle s'était sacrément bien battue. À 91 ans elle serait une vraie tueuse. Ayant repris son souffle, l'ex-médecin jeta un coup d'oeil à l'endroit où ils étaient. Elle n'avait porté attention qu'au combat, mais maintenant que c'était fini, elle devait admettre que la vue était magnifique. Le seul problème, c'est qu'on voyait, de cette hauteur, une mince ligne de lumière à l'horizon, indiquant que le soleil allait se lever d'ici peu. La nuit avait passé sans qu'elle ne s'en rende compte, mais si elle ne voulait pas finir calcinée, elle se dit que le mieux serait de ne pas tenter le diable et de rentrer au plus tôt.

- Puisque j'ai perdu, on a un prétexte pour se revoir, dit-elle avec un sourire.

Puis elle chercha un instant un moyen de transmettre son numéro à la jeune borgne. Elle n'avait sur elle ni papier ni crayon, et lui faire retenir de mémoire ne serait pas assez fiable, sans qu'elle doute pour autant de la capacité de cette jeune femme. Elle trouva alors, en fouillant un peu dans ses poches, une de ses vieilles cartes de médecin, mais le numéro était celui de son ancien bureau. Elle dit à la jeune femme d'attendre, sauta dans le trou qu'il y avait maintenant dans le plafond, et inscrivit ses coordonnées sur la petite carte grâce à un bout de crayon qui se trouvait dans l'appartement délabré dans lequel elles s'étaient battues plus tôt. La vampire revint auprès de Pyro afin de lui tendre le papier.

- Comme ça tu pourras me contacter dès que tu voudras que je paie ma dette.

Elle ne put s'empêcher de s'étonner du dégât qu'elles avaient fait. Bon certes les bâtiments n'étaient pas dans leur meilleur état, mais elles avaient fait des trous dans des murs qui n'en avaient pas, et le plafond qu'elles avaient défoncé allait laisser passer l'eau dès qu'il se mettrait à pleuvoir, l'eau s'accumulerait, ce qui ferait pourrir l'intérieur. D'ordinaire elle aurait plutôt été de ceux qui auraient cherché à reconstruire ce quartier. Peut-être était-elle en train de changer, de devenir plus souple, plus plaisante? D'être capable de se défouler, de ne pas suivre toutes les règles, juste pour une soirée. Sortant de ses méditations, Eleonor se rappela que le soleil se lèverait bientôt, et elle du ajouter:

- Si on ne veut pas finir en cendre sur le toit de cet immeuble, je crois qu'on ferait mieux de se mettre à l'abri. Ça a été un réel plaisir de faire ta connaissance.