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Message par Invité Jeu 1 Oct - 22:33

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« Encore une remarque et je vous fait arrêter pour outrage à Magistrat, Monsieur Nicols. »

La sentence ainsi que la voix du darkness retentit dans toute la pièce du tribunal. Les yeux du principal intéressé s’agrandirent et dévisagèrent le juge comme pour s’assurer qu’il ne lui faisait pas une mauvaise blague. Mais chacun ici, du moins les personnes qui le côtoyaient tous les jours, avait conscience que la parole du juge Corbyn n’était pas à prendre à la légère. Et pour avoir ouvertement menacer l’accusateur, cela donnait le ton sur ce qu’il pensait de l’affaire, ou de ce qu’il en restait. En effet, Damien venait de rendre son verdict et il classait le tout « sans suite ». Ce qui n’avait évidement pas plut à l’homme qui avait porté plainte et entendait bien faire entendre sa voix pour obtenir ce qu’il souhaitait, comme il avait l’habitude de le faire partout où il passait. Mais cette fois, cela n’allait pas se dérouler de la même façon. Le juge avait déjà eu l’occasion d’entendre la réputation de cet homme d’affaire riche et sans scrupule. Bien sûr, le dernier qualificatif n’avait jamais pu être avéré par les forces de l’ordre et il continuait de vivre sa vie comme il le voulait. Mais cette fois, deux individus s’étaient opposés à lui. Deux individus dont l’argent n’avait pas réussit à corrompre, ni même l’influence qu’il pouvait posséder. La première personne se nommait Noémie. Une jeune femme, humaine, d’une vingtaine d’année, travaillant au Bouken. Un bar plutôt bien coté de la ville. Elle était accusée de tentative de racolage sur la personne de Robert Nicols. Peut-être était-ce réellement le cas. Comme dans tous procès, il y avait une parole contre une autre. Celle de l’accusée ; défendait sa vertu contre les avances prononcées de l’homme. Et étrangement, Damien avait tendance à pencher pour la version de cette dernière. Pourquoi ? Ce n’était pas pour son joli visage mais bien pour celui, déformé par une colère non dissimulée, de Nicols. Il devait être le genre d’homme qui ne supportait pas qu’on lui refuse quoi que ce soit, qu’on lui tienne tête. Et cette gamine, qui aurait pu être sa fille, l’avait fait sans se préoccuper des conséquences. Peut-être ne savait-elle pas à qui elle avait à faire, mais le résultat était le même : passage devant un tribunal.

En d’autres circonstances, la partie civile aurait sans doute obtenue gain de cause, moyennant pot de vin, cela allait de soi. Mais aujourd’hui, il avait eu la malchance de tomber sur le juge Corbyn. Officiellement, ce dernier n’inculpait pas Noémie pour faute de preuve. Les témoignages de corps du corps de Nicols n’avaient pas été retenus, jugé trop subjectifs et manipulés par l’ensemble des jurés. Officieusement, le darkness prenait un malin plaisir de voir cet homme qui se pensait puissant, échouer et ne rien obtenir. L’argent ou la supposée influence qu’il possédait ne faisait pas tout et pour une fois, il pouvait s’en rendre compte. C’était un comportement presque puéril du côté de Damien, de jouer ainsi avec l’égo de cet homme mais il se plaisait réellement à lui infliger cette humiliation. Cela lui apprendra simplement qu’il y aura toujours plus fort que lui, ailleurs. Le darkness utilisait simplement les pouvoirs qui étaient en sa possession pour faire ce qu’il souhaitait, sans que cela ne paraisse trop abusé. C’était tout l’art dans lequel il s’était plongé depuis qu’il était devenu juge. Un jeu qui ne le lassait pas encore.

« Bien. La séance est donc terminée. Les charges retenues contre Noémie Laniece abandonnées et  classées sans suite. » Déclara Damien avec autorité.

« On sait tous que vous courrez les jupons Corbyn, vous l’avez sauté aussi hein ? Ca ne se terminera pas là ! » Attaqua soudain Nicols, plein de hargne.

Le concerné fixa l’homme qui venait de parler, restant aussi naturellement neutre, comme si -et c’était bien le cas- cette accusation ne l’atteignait pas.

« Messieurs les gardiens, veuillez accompagner Monsieur Nicols en cellule de détention pour les quarante-huit prochaines heures. »
Poursuivit-il.

S’il pensait pouvoir gagner sur son propre terrain, Nicols se mettait le doigt dans l’œil. De plus, il ne se souvenait pas d’avoir sauté cette jeune femme. Un détail parmi tant d’autre, mais qui lui donnait encore un peu plus envie de lui faire fermer son clapet. Il se leva alors, sommant ainsi la fin du procès, il n’attendit pas le départ des parties et retourna dans son bureau, retirant son habit de travail. C’était son dernier procès pour la journée et cela lui allait parfaitement. Il avait envie de terminer sur cette touche amusante. Après avoir signé quelques documents préparés par sa secrétaire, qui n’avait pas l’intention de le laisser partir sinon, il quitta les lieux, non sans un :

« Ne vous tuez pas à la tâche Miranda, je n’aimerai pas devoir vous trouver une remplaçante. »


La jeune femme sourit, acceptant le compliment sous-jacent qu’elle avait réussit à percer sous ces propos pourtant durs. Mais elle travaillait pour Damien depuis assez longtemps pour parvenir à voir ce qu’il pouvait laisser planer. Et elle n’avait pas tord de le penser, puisqu’il estimait réellement cette humaine. Une des rares qu’il ne cherchait pas à mettre dans son lit et qui lui était sympathique. Une fois dehors, pensant pouvoir profiter de l’air frais, il fut aussitôt abordé. S’il avait cru l’espace d’un instant qu’il s’agissait des hommes de Nicols, il fut néanmoins surprit de voir qu’il ne s’agissait que de Noémie.

« Je veux simplement vous remercier ! »
Commença-t-elle sans attendre qu’il ouvre la bouche, peut-être parce qu’elle avait compris ce qu’il allait lui demander. « J’ai entendu parler les avocats entre eux, ils ne me donnaient aucune chance contre lui, parce qu’il a de l’argent... Mais vous lui- »

« Ca suffit. Arrêtez de gaspiller votre salive pour si peu. Rentrez chez vous. »
Coupa Damien qui en avait déjà assez entendu.

Mais la jeune femme n’avait pas l’air de vouloir se laisser faire et elle s’avança vers lui, les sourcils froncés et les mains sur les hanches.

« Quand quelqu’un cherche à payer sa dette, on ne le congédie pas ! »


Voila qu’elle se montrait vexée maintenant. Mais en voyant son regard, le darkness savait qu’il n’allait pas pouvoir se débarrasser d’elle s’il n’acceptait pas sa proposition. Le meurtre mit de côté, cela allait de soi.

« Très bien. Mais n’abusez pas de ma patience. »
Déclara-t-il sans émotion.

Le duo improvisé prit alors un taxi, que le juge se vit dans l’obligation de payer, avant d’arriver devant le Bouken. Pendant le trajet, aucun des deux occupants ne prit la peine de combler le silence entre eux. L’une voulait s’acquitter de ce qu’elle voyait comme une dette et l’autre se fichait totalement d’en apprendre plus sur elle. La jeune femme passa avant lui, sans vraiment attendre qu’il fasse un signe de galanterie dans son sens et pénétra dans le bâtiment. Elle chercha aussitôt sa patronne du regard, cette dernière devait avoir entendu parler de son arrestation, hors du bar. Elle devait la retrouver pour lui expliquer ce qui s’était passé et surtout, grâce à qui elle avait pu sortir de là sans encombre.


Message par Invité Sam 3 Oct - 0:55

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Une multitude de bulles de savon peuplaient la surface de l’eau, à tel point que la silhouette de l’occupante de la baignoire disparaissait complètement dessous. Même si Morganne n’était pas pudique de nature, si un quelconque membre du personnel avait poussé la porte de la salle de bain à cet instant précis, troublant ainsi la quiétude la maîtresse de maison, dans le simple but d’apercevoir quelques-unes de ses courbes aguicheuses, il ou elle aurait été bien dessus du spectacle qu’offrait la vampire. Cette dernière jouait pensivement avec les bulles de savon, éclatant certaines d’entre elles d’une vive pichenette. Vue de l’extérieur, elle avait tout du comportement d’une enfant boudeuse, même si ses traits ne laissaient rien transparaître de son humeur réelle. Car oui, Morganne n’était pas aussi sereine à l’intérieur qu’elle voulait bien le laisser croire. Cela faisait plusieurs jours que l’une de ses filles avait des ennuis avec un dénommé Nicols. Cet obsédé sexuel n’avait eu de cesse d’harceler l’intéressée. Seulement voilà, il était un bon client. La vampire avait gentiment put le détourner de sa proie lorsque Noémie était venue se plaindre auprès d’elle directement. A présent, cette affaire prenait des proportions alarmantes puisque la serveuse était directement accusée de racolage sur la voie publique ! Comme si ses filles étaient autorisées à faire le trottoir !

« Sale petite merde de Nicols. Tu ne sais pas qui tu affrontes. »

En s’attaquant à la réputation de ses filles, c’était bien la sienne que l’homme cherchait à salir. Et cela, Morganne ne pouvait pas se le permettre. Elle déployait bien assez d’efforts comme cela pour se maintenir en dehors de tout soupçon, ce n’était pas pour tout perdre à cause d’un crapaud visqueux. La jeune femme était tentée de citer son répertoire d’insultes entier pour qualifier le genre d’individu qu’était Nicols, mais elle n’avait pas toute la nuit devant elle pour cela. Alors bon client ou pas, elle allait devoir remédier à ce petit problème que représentait l’homme en question. Un bruit de pas la tira de ses pensées, sans qu’elle juge nécessaire de tourner la tête en direction de la porte de la salle de bain, laquelle pivotait déjà sur elle-même pour laisser entrer l’une des servantes employée au sein du manoir.

« Votre tenue est prête Madame. »

« Merci Alissa. »

Le rituel se répéta, une fois de plus, sans moins de professionnalisme pour autant dans les gestes de la dénommée Alissa. Cette dernière assista la vampire dans l’enfilage de sa tenue qui, contrairement aux goûts de la principale intéressée ordinairement, se limitait cette fois à une robe de soirée noire, ouverte sur toute la cuisse et au décolleté plongeant, si bien que la seule véritable tâche de la servante fut de s’assurer qu’aucun pli ne venait ternir l’image que renverrait Morganne une fois entre les murs du Bouken. De son côté, la vampire s’accorda toute l’attention qu’elle estimait mériter, du moins, avant que le temps ne la presse à son tour. Le bar ouvrait sans elle mais il était coutume pour la propriétaire des lieux d’apparaître vers le milieu de la soirée, lorsque le soleil était définitivement couché, pour limiter tout risque. La jeune femme vérifia une dernière fois sa chevelure bordeaux dans l’un des miroirs à sa disposition, salua son personnel avant d’appeler un taxi pour qu’il la conduise directement devant les portes de l’établissement. Peut-être serait-il temps qu’elle engage un chauffeur personnel ? Morganne se promit de revenir sur la question un autre jour – elle avait l’éternité devant elle pour y songer plus en détails – et sans plus attendre, poussa les portes du bar. L’ambiance s’emballait depuis que plusieurs serveuses avaient délaissé les plateaux en bois pour se donner en spectacle sur la petite scène circulaire aménagée dans ce but. La soirée n’était pas assez avancée pour permettre à ces dernières de se lancer dans de sensuels stripteases, au grand damne de la gente masculine présente sur place. Les numéros des danseuses faisaient doucement la renommée de l’établissement, détrônant même les boissons qu’on y servait ! La vampire s’appliqua à saluer le personnel du Bouken, ainsi que les visages familiers qui lui apparaissaient sous les lumières disposées ci et là partout dans l’établissement.

« Et voici la plus belle de toutes… ! Ce soir encore, vous êtes ravissante my Lady. »

« N’était-ce pas ce que je vous avais promis hier soir Monsieur Fontin ? » rétorqua la jeune femme, tout en lui offrant sa main accompagnée d’un sourire charmeur.

« Appelez-moi Vincent… »

Volontairement, elle laissa le temps à son interlocuteur de lui embrasser le dos de la main, geste en apparence vintage mais qui plaisait toujours autant à la principale intéressée, avant de couper court à tout fantasme chez le dénommé Vincent :

« Vous savez pourtant que je ne mélange pas vie privée et les affaires Monsieur Fontin… » argumenta Morganne à l’aide d’un clin d’œil aguicheur.

Un murmure parcourut l’ensemble des personnes qui assistèrent de près ou de loin à cet échange privé. Ici, tout était calculé, le moindre geste ou le moindre mot était pensé, réfléchi. Et ce n’était certainement pas la vampire qui prétendrait le contraire. Si elle souhaitait témoigner ses faveurs auprès de l’un de ses clients généreux, elle le faisait. Si au contraire, elle préférait instaurer une distance à plus ou moins long terme entre elle et son interlocuteur du moment, alors elle ne se gênait pas pour lui faire comprendre. Mais toujours avec tact. L’homme émit un soupir en guise de protestation, toutefois, un sourire persistait sur ses lèvres, preuve étant qu’il avait compris le message et ne renouvellerait pas son insistance passée. On avait rarement revus au Bouken ceux et celles qui étaient tombés en disgrâce. Mieux valait donc se garder de tenter l’expérience à son tour…

« Patronne ! Patronne ! »

Réellement surprise de reconnaître le timbre de la voix de Noémie résonner dans l’air, la vampire se retourna dans la direction de la jeune femme, délaissant subitement ses interlocuteurs précédents. Aujourd’hui n’était-il pas le jour de son procès suite aux fausses accusations de Nicols ? Morganne se rappelait lui avoir donné sa journée, justement pour lui permettre de surmonter au mieux cette épreuve alors que faisait-elle ici ? Venait-elle pour travailler ? Comme ce qui était prévu dans son planning original ? La vampire fronça légèrement les sourcils en la voyant s’approcher mais à en juger par le grand sourire – soulagé – qui barrait la figure de l’intéressée sur toute la largeur, Morganne eut la réponse avant même d’avoir à poser la question.

« L’affaire est classée sans suites ! L’autre pervers ne m’emmerdera plus ! » glissa-t-elle discrètement à l’oreille de sa responsable, afin qu’aucune autre, indiscrète cette fois, ne fasse le lien entre Noémie et l’affaire Nicols.

Un sourire, sincère celui-ci, illumina également le visage de son interlocutrice lorsque l’information tomba. Même si elle l’avait compris rien qu’à l’expression de sa protégée, c’était un réel soulagement que de savoir cette dernière extirpée des ennuis causés par un homme indélicat sur toute la ligne. La vampire prit doucement le visage de Noémie en coupe, sans jamais cesser de sourire. Une scène des plus intimes en réalité.

« Voilà qui m’ôte une épine du pied… Je suis rassurée que l’histoire en reste là. Mais tu n’étais pas censée travailler aujourd’hui Noémie. »

« Ah mais je ne bosse pas ! » se justifia vivement son interlocutrice, sans doute avec un peu trop d’enthousiasme dans la voix, ce qui lui valut un drôle de regard en coin de la part de sa responsable. La serveuse rougit un peu avant de reprendre. « Je suis ici pour boire un verre… » Et comme Morganne arquait un sourcil interrogateur, elle se résolut à terminer. « …avec le juge qui s’est occupé du procès ! Je lui devais bien ça ! Si vous aviez vu comment il a cassé ce connard de Nicols et… »

« Le juge ? Il est ici ? » la coupa soudain son interlocutrice, de plus en plus perplexe.

Oh oui, elle aurait aimé remercier personnellement l’homme qui s’était chargé de Nicols pour elle. Mais la jeune femme devait garder à l’esprit que ses activités étaient tout sauf légales. Si l’individu en question était du genre à faire preuve d’un peu trop de zèle en ce qui concernait la criminalité, alors elle doutait de pouvoir apprécier sa compagnie à 100%. A moins de parvenir à le rallier à sa cause ? Les moyens étaient nombreux, dont celui qu’elle s’efforçait de considérer comme sa carte maîtresse, un plaisir enfoui au plus profond des sous-sols du Bouken. Aucun homme sur Terre – hormis les homosexuels – ne pouvait résister aux charmes de ses filles. En tout dernier recours, ils demeuraient sa solution miracle. Morganne sentit, plus qu’elle ne vit réellement la serveuse hocher la tête et en la sentant se dérober à sa prise pour tourner la tête dans la direction de l’homme concerné, la vampire revint au moment présent. Son regard suivit celui de Noémie, pour finalement rencontrer celui, aux mêmes reflets sanglants que le sien. Ce simple constat lui fit retrouver le sourire, bien malgré elle.

Message par Invité Sam 3 Oct - 19:28

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Damien s’était vu légèrement laissé pour compte dès l’instant où Noémie avait aperçu sa patronne du regard. Il aurait pu s’en offusquer, certainement que cela était le cas avec beaucoup d’individu mais cela ne fut pas le cas pour lui. Pour la simple et bonne raison qu’il avait annoncé les choses à la jeune femme et que si celle-ci ne prenait pas au sérieux ses propos, alors il tournerait les talons et rentrerait chez lui, comme il en avait eu l’intention, dès le départ. Au lieu de cela, il assista à l’échange entre les deux jeunes femmes. L’une paraissait soudainement plus fragile entre les mains de l’autre, alors même qu’il n’y avait pas une si grande différence de taille entre elles. Le darkness mit à disposition ce laps de temps pour jeter un regard aux alentours et voir qu’il y avait déjà un monde non négligeable dans la salle. Dans peu de temps, les odeurs de chacun allaient se mêler et donner une atmosphère qu’il n’appréciait pas forcément. Il préférait nettement lorsqu’il y avait moins de client. Il n’était pas associable mais il n’aimait pas pour autant se retrouver confronter à des individus trop bruyants et qui ne savaient pas garder leur excitation pour eux. Parce que oui, tout le problème venait de là : dès que les jeunes femmes commençaient à se produire sur scène, s’en était terminé de la plus part des hommes, leurs yeux ne lâchaient plus les employées du regard, si bien qu’il serait facile pour un enfant de leur voler bien et argent. Mais d’un autre côté, il respectait le travail de ces mêmes employées, parce qu’il avait conscience que cela n’était pas donné à tout le monde de captiver les foules. Mais le juge sorti de ses pensées lorsque deux paires d’iris qui se posèrent sur lui, celui de Noémie et la gérante de l’endroit. Elles parlaient indéniablement de lui alors il le prit comme une invitation à s’approcher. Il fit un signe de tête respectueux à la propriétaire des lieux avant de s’adresser à elle. Ou du moins, c’était ce qu’il avait prévu de faire avant de se voir couper l’herbe sous le pied, par l’ex-accusée.

« Monsieur Corbyn, voici Madame Delacroix. La propriétaire des lieux. »

Elle se sentait tout de suite moins maligne entre les deux individus à la prestance plus imposante que la sienne. Elle avait l’impression de revenir des années dans le passé, face à des adultes bien plus grands qu’elle et intimidants. Alors qu’aujourd’hui, elle n’était pas si petite et menue que cela. Peut-être était-ce simple dû à une façon de se tenir... Elle n’en savait rien.

« Bien sûr. »
Répondit-il simplement, en jetant un coup d’œil aux individus qui se trouvaient près d’eux. « Qui d’autre attirerait autant les regards ? »

Il laissait clairement sous entendre qu’il n’appréciait pas devoir converser avec autant d’oreille autour de lui. Si cela était dans les habitudes de la gérante, grand bien lui fasse mais il n’appréciait pas cela. Il ne jouait à aucun jeu et ne voulait aucune faveur de la part de cette charmante femme. Un autre soir peut-être, mais en cette soirée et après avoir eu ce qu’il voulait la nuit précédente, il pouvait s’en passer.

« Pourrions-nous avoir une table ? Votre employée semble convaincue m’être redevable. »


Il jeta un coup d’œil à la concernée qui haussa les épaules comme pour lui répondre « oui et alors ? » sans qu’un son ne sorte aussitôt de ses lèvres. Sa vie se résumait aux murs du Bouken et à la personne qui se trouvait près d’elle, si elle se retrouvait derrière les barreaux pour un temps plus ou moins indéterminé, qui savait si elle pourrait revenir ensuite ? Madame Delacroix les protégeait mais elle n’avait jamais entendu parler de ce qui pouvait arriver aux filles qui la décevaient. Et elle ne voulait pas être la première. Devant le regard presque hanté de Noémie, Damien ne détourna pas le regard et ajouta, dans une voix légèrement plus basse, pour que seules les trois personnes de la conversation puissent l’entendre :

« Nicols doit apprendre à rester à sa place de petit merdeux et j’ai les moyens de le faire. Alors arrêtez avec cette sous-disant dette. »


Damien n’était pas réputé pour mâcher ses mots et c’était surement pire lorsqu’il n’était pas au travail, à devoir faire attention à ses propos. Le sourire de la jeune femme se dessina de nouveau sur ses lèvres lorsqu’elle entendit ce qualificatif. Peut-être plairait-il également à sa patronne ? Un homme de pouvoir, cela ne pouvait pas se refuser ! Elle se déplaça alors vers son invité du soir et passa un bras autour du sien, comme elle pouvait le faire lorsqu’elle travaillait au sous-sol, avec des clients réguliers. Le darkness la regarda faire avant de lâcher.

« Vous devriez éviter pendant quelque temps ce genre de geste, après l’affaire dont vous avez été sujette. »


Il ne faisait que dire les choses comme elles l’étaient. Si des témoins la voyaient se coller au bras d’homme de la sorte, il ne fallait pas s’étonner qu’elle soit ainsi accusée de racolage.

« Vous êtes toujours aussi rabat-joie ? Ici, rien ne peut nous arriver. »
Affirma Noémie avant de se mordre la langue en se rendant compte de ses paroles.

Ce n’était peut-être pas une si bonne idée que cela d’affirmer une telle chose. Enfin, elle ne savait pas trop. Elle était douée pour ce qu’elle faisait mais elle avait la fâcheuse tendance à dire ce qu’elle pensait sans tourner plusieurs fois sa langue dans sa bouche. Elle ne bougea cependant pas du bras du juge et ce dernier ne fit pas mine de se défaire de cette prise. Elle n’était en rien désagréable en soi.

« Auriez-vous une table, légèrement en retrait ? »
Interrogea-t-il directement la propriétaire des lieux sans répondre à l’employée.

Sa demande pouvait paraitre étrange, compte tenu de ce qu’il venait de dire mais il n’y avait aucun sous-entendu. Il ne souhaitait tout simplement pas se mêler à la foule du Bouken trop longtemps. Noémie jeta un regard éloquent à sa patronne, discret pour ceux qui ne la connaissait pas. Le juge pourrait-il avoir les privilèges réservés  à certains clients ? C’était la question silencieuse de la jeune femme, qui pensait qu’user de sa position comme il l’avait fait ne devait pas faire de lui un juge des plus irréprochables.

Message par Invité Dim 4 Oct - 0:08

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En le voyant s’approcher, Morganne ne put s’empêcher de détailler l’allure du personnage. Il ne dénotait pas vraiment dans cet univers feutré qu’était devenu le bar, à compter d’une certaine heure de la soirée. Et la vampire pouvait même lui trouver une certaine assurance, quoi de plus normal quand on était en mesure de clouer le bec d’un homme à problèmes tel que Nicols… Instinctivement, la jeune femme se tint sur ses gardes, non sans cesser de sourire toutefois. Avec les années, que dis-je, les siècles, elle avait appris à balayer la méfiance des uns et des autres à l’aide de sourires. Certains étaient plus sincères que d’autres mais elle parvenait toujours à conserver celui qu’elle réservait pour les rencontres banales. Après si son interlocuteur se révélait vraiment intéressant, peut-être que les choses changeraient entre eux mais d’ici là… Et bien, Morganne apprécia la marque de politesse qu’il lui adressa et elle la lui renvoya en laissant son sourire s’agrandir un peu plus. La vampire sut quel nom placer sur le visage du nouveau venu avant même que Noémie n’ouvre la bouche. Néanmoins, elle ne fit rien pour l’interrompre, se contentant d’étudier davantage le personnage qu’elle avait sous les yeux. Monsieur Corbyn… Elle avait entendu parler de lui, c’était un fait. En bien ou en mal d’ailleurs, la jeune femme n’avait pas regretté d’avoir entrepris quelques petites recherches au sujet de l’intéressé quand elle avait appris qu’il serait en charge du procès de son employée. Question de principe et aussi pour savoir vers qui se retournerait en cas de condamnation injustifiée. Le compliment fut accepté, si toutefois cela en était vraiment un.

« Elle peut l’être, tout comme je le suis. Je n’aime pas tellement qu’on vienne entacher ma réputation et celle de mes filles. » répondit naturellement la propriétaire des lieux, sur un ton trop doucereux pour ne pas laisser planer un parfum de menace derrière.

La distance que son interlocuteur tenait à instaurer l’amusait plus qu’autre chose. Ce qu’on racontait sur lui se confirmait. Détaché mais efficace. Coureur de jupons également. Mais après tout, il se trouvait dans le bon endroit pour cela… Cependant, quand le commentaire du dénommé Corbyn fut glissé à leur intention concernant Nicols, la vampire écarquilla les yeux de surprise, bien malgré elle. Ce fut bref et elle ne tarda pas à se reprendre, ou plutôt, à se défaire de son étonnement sincère pour éclater de rire. Le son cristallin fut couvert par la musique que l’on diffusait dans l’ensemble de l’établissement mais quelques personnes parmi les plus proches clients des tables voisines leur lancèrent un regard étonné. Entendre rire la gérante du Bouken d’aussi bon cœur était un fait assez rare en soi mais cette dernière ne tarda pas à se calmer. Aussi sincère que brève l’hilarité.

« En tant que juge, je vous imaginais plus éloquent Monsieur Corbyn. Mais appelons un chat, un chat. » s’expliqua-t-elle avec un sourire légèrement moqueur.

En soi, sa raillerie n’était pas vraiment dirigée à l’encontre de son interlocuteur. Par ces quelques mots, elle ne faisait que rejoindre son avis concernant le dénommé Nicols. Et elle lui faisait comprendre de manière plutôt subtile si l’on excluait sa franche hilarité à propos de la spontanéité avec laquelle son interlocuteur avait insulté l’accusé. Bien que les affirmations de Noémie aillent dans le sens de son égo, la propriétaire des lieux lui adressa un regard sévère, sans jamais perdre son sourire. Il fallait être aveugle pour ne pas voir que le juge n’appréciait pas tellement d’être collé de la sorte…

« Noémie. Tu vois bien que Monsieur Corbyn n’est pas ce genre de client. Va donc trouver Brice pour qu’il te libère une table, à l’étage et légèrement en retrait comme ce Monsieur le désire, veux-tu ? » continua Morganne en adressant un regard appuyé à son employée pour qu’elle file sans protester.

Une fois la serveuse partit, non sans avoir adressé une petite moue boudeuse à l’intention des deux personnes qu’elle laissait derrière elle, la vampire la suivit du regard, ou plutôt, le dos de l’intéressée qui s’éloignait d’eux. Elle revint alors à son unique interlocuteur restant et déclara le plus naturellement du monde :

« C’est le moment ou jamais pour vous échapper si vous le désirez. Je lui expliquerai que vous avez eu un empêchement. Cependant, j’apprécierais beaucoup de pouvoir discuter avec vous à l’occasion. Non par souci de dette mais plutôt pour connaître davantage quel genre de juge vous êtes. Votre réputation vous précède Monsieur Corbyn. Et peut-être aurais-je à faire appel à votre talent dans un avenir plus ou moins proche. Je suis du genre rancunière si vous voyez où je veux en venir. »

Après tout, elle ne pouvait imaginer que Nicols s’en sorte avec un simple non-lieu. Le personnage n’allait pas vouloir en rester là et Morganne ne désirait pas non plus qu’il s’en tire à si bon compte après lui avoir causé autant d’emmerdes. La jeune femme pourrait s’organiser un petit tête à tête avec l’intéressé. Le convaincre ne serait pas une tâche trop compliquée, à partir du moment où la vampire ferait allusion à un dédommagement en nature avec quelques-unes de ses filles, dont Noémie. Elle imaginait déjà la figure hideuse de Nicols se tordre dans un sourire aux allures de rictus déplaisant. Elle pouvait sentir la transpiration émaner de l’animal en rut à l’idée de s’octroyer une petite vengeance personnelle et charnelle sur la personne de la serveuse. Malheureusement pour lui, il n’en serait rien. Morganne avait d’autres projets pour lui et rien de bien excitant. Seulement, la disparition de Nicols ne passerait pas inaperçue, la jeune femme n’était pas dupe là-dessus. Surtout après une telle affaire incluant l’une de ses employées et le disparu. C’était là où intervenait Monsieur Corbyn et la vampire lut dans les yeux de ce dernier qu’il en était arrivé à la même conclusion qu’elle. Parfait. Au moins, ils se comprenaient à ce sujet. Restait à connaître la réponse de son interlocuteur. Sans avoir besoin de tourner la tête en direction des tables situées à l’étage du Bouken, la jeune femme pouvait imaginer Noémie en train de convaincre Brice, le videur, de leur libérer une table. Suivant la bonne volonté du second, la première mettrait plus ou moins de temps avant de revenir vers eux.

Message par Invité Dim 4 Oct - 11:21

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La première réplique de la gérante donnait le ton et laissait sous-entendre qu'elle n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, et ce, encore moins dans son domaine. Cela plus au darkness, même si le début de la réponse n'était pas à son goût. Pour une fois, il n'avait pas cherché la satisfaction du prévenu mais simplement la sienne. Parce que tout le monde, dans l'univers des affaires du moins, connaissait le nom de Nicols et le juge prenait un plaisir malsain de voir les individus de cette trempe être humiliés. Alors entendre que même Madame Delacroix se sentait redevable... Bien sûr, il pourrait sans doute en tirer parti et comme il en avait assez de se répéter, Damien hocha la tête en signe de compréhension. Eh bien qu'elle agisse dans ce cas, peut-être pourrait-il apprécier. Mais au moins, les choses étaient dites entre eux. Cependant, il ne s'était pas attendu à être à l'origine de cette hilarité passagère chez l'une de ses interlocutrices, même Noémie semblait surprise de voir sa patronne se laisser ainsi aller. Et il pu noter de nouveau les regards, tous autant étonné, de quelques clients aux alentours. C'était si peu courant ? Question peu importante dont il n'avait pas vraiment besoin de réponse. Plus éloquent ? Avait-elle rit à cause de sa façon d'appeler Nicols ? Le juge haussa nonchalamment une épaule, en signe rare de désinvolture et répliqua :

« Ce genre d'individu ne mérite pas que l'on perde notre temps à parler d'eux et j'ai pour réputation d'être franc dans mes propos. »

Et plutôt courtois en public, parce qu'en privé, il ne se privait pas, parfois pour insulter ouvertement lorsqu'il était agacé. Cela avait dû lui arriver également une fois devant sa secrétaire, qui lui avait simplement répondu qu'elle appréciait le voir réagir normalement. Mais là n'était pas le sujet de conversation pour ce soir.

Damien ne perdit pas l'échange entre les deux jeunes femmes, silencieux mais il pouvait noter qu'elles devaient se connaitre l'une l'autre assez bien pour que de simples regards ne suffisent à faire comprendre à l'autre ses intentions. Cela devait donc faire quelques temps que Noémie travaillait au service de la dénommée Delacroix. Mais ce genre d'information ne lui était pas utile, il avait déjà comprit que cette femme ne tolérait pas que l'on touche à ce qui lui appartenait et pour appeler ses employées ses filles, il ne faisait aucun doute sur la possession qu'elle avait les concernant. Même si étrangement, il avait plus souvent entendu ce type d'appellation pour un tout autre travail que la danse et le service. Il laissa donc l'ex-accusée filer entre les tables avec une habilité qui démontrait l'expérience, frôlant parfois les clients sans que ces derniers ne réagissent, comme si elle n'avait jamais été aussi proche d'eux. Intéressant. Le darkness tourna la tête du côté de l'interlocutrice restante et pour une fois, il afficha un sourire amusé au début de sa réplique. Fuir ? Maintenant qu'il était là ? Il n'avait aucune envie de voir cette fille revenir au tribunal sous prétexte qu'elle n'avait pas réussit à payer sa dette. Les filles têtues, il en avait connu un paquet et il préférait sans débarrasser rapidement plutôt que les voir lui tenir la jambe pour avoir ce qu'elles voulaient. Il pouvait parfois faire des concessions. La suite, bien que subtilement tournée ne laissait pas beaucoup d'imagination à ce qui arriverait sans doute à Nicols. Damien fut intérieurement surprit d'entendre la jeune femme s'autoriser de nouveau une telle menace en sa présence. Après tout, qui pourrait dire quelle parole serait la plus écouter entre une gérante de bar cabaret et un juge ?

« Je n'ai pas pour habitude de fuir lorsque j'ai donné ma parole, Madame Delacroix. Et je doute que votre employée me laisse tranquille sans avoir eu ce qu'elle voulait. Un verre n'est pas trop me demander. »
Sa voix glissa sur un ton presque amusé, avant de reprendre, plus sérieusement. « Je suis ici ce soir, laissez la m'offrir un verre et nous pourrions parler ensuite. »

Il voulait presque entendre ce qu'elle aurait à lui dire. La façon qu'elle aurait de se venger de cet homme qui pensait être plus important et intouchable qu'il ne l'était. L'instant d'après Noémie revint de sa démarche souple mais assurée. En effet, elle semblait davantage sûre d'elle depuis qu'ils avaient pénétré l'établissement.

« La table est prête. Vous pouvez me suivre Monsieur Corbyn. »
Lança-t-elle, presque fière d'elle d'avoir mit si peu de temps.

Lorsque Damien passa à côté de la gérante, il lui souffla :

« Donnez-moi vingt-cinq minutes. »

Avant de rejoindre une Noémie visiblement pressée d'arriver à destination. Le darkness la suivit docilement, non sans jeter de rapides coups d'œil aux alentours avant de prendre place à la table qui leur était assignée. Comme il en avait fait la demande, elle était en retrait même s'ils avaient toujours une vue sur la scène. Il était prêt à parier qu'à toutes les tables, il aurait eu une vue sur ce qui se passait plus bas. Tout devait être calculé au millimètre près ici. Le duo commanda donc une boisson chacun, un Mojito pour l'homme et une vodka-orange pour la jeune femme. Et elle se mit ensuite à parler, de tout et de rien, comme la plus part des femmes le faisaient. Néanmoins, contrairement à ce qu'il aurait pensé, il n'y eut aucune allusion à sa patronne. Pas un mot sur elle, comme si elle craignait de laisser échapper une information de trop. Et cela n'échappa pas au juge qui ne prit pas la peine de lui en faire la remarque. Et vingt-cinq minutes plus tard, les verres vidés et la jeune femme ayant surement assez parlé pour une première rencontre qui n'irait pas plus loin, Damien quitta la table après quelques formules de politesse. Allait-il devoir s'amuser maintenant à retrouver la gérante de l'établissement ? Il descendit néanmoins, et survola l'assemblée pour tenter d'apercevoir la chevelure de feu de la jeune femme. Noémie quant à elle était restée à leur table pour regarder le spectacle comme si elle y assistait pour la première fois.

Message par Invité Dim 4 Oct - 18:38

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« Et je connais votre réputation Monsieur Corbyn. Mais ne confondez pas franchise et vulgarité. Encore moins en présence d’oreilles indiscrètes. »

Voilà qui était dit. En apprenant de la bouche même de son interlocuteur que ce dernier avait l’intention d’honorer la promesse faite à Noémie, il gagna en estime du point de vue de la vampire. Les hommes de parole se faisaient de plus en plus rares par les temps qui courent. Cependant, Morganne n’apprécia pas la suite des propos du juge. Evidemment, elle imaginait que trop bien sa petite protégée dans le rôle de l’emmerdeuse de service qui ne lâcherait pas l’affaire avant d’avoir obtenu ce qu’elle convoitait. C’était un trait de caractère qui lui plaisait assez en temps normal – puisqu’elle possédait ce genre de tempérament têtu – et elle ne pouvait reprocher à la serveuse de se montrer insistante. Sauf quand cela venait à l’encontre des plaisirs de ses clients.

« Si Noémie vous importune, il suffit de le dire Monsieur Corbyn. Il n’est pas dans nos intentions de vous ennuyer. Je préfère la compagnie des hommes animés de bonne volonté. »

Le choix de son interlocuteur fut rapidement établi cependant. Il comptait honorer sa promesse jusqu’au bout, grand bien lui fasse. Qu’il ne vienne pas lui reprocher quoique ce soit par la suite où il s’en mordrait les doigts. Le retour de Noémie signa la fin de leur entrevue personnelle et Morganne prit sur elle pour ne pas s’écarter brusquement de la silhouette du juge penché vers elle. Non pas qu’il l’impressionnait, disons que c’était un réflexe qu’elle avait conservé auprès des individus dont elle n’était pas certaine de posséder une confiance réciproque. Et ce Corbyn en faisait encore parti. Sa remarque fit sourire la vampire qui lui souffla en retour, sur un ton qui se voulait malicieux.

« Pas une de plus. »

De son côté, elle poursuivit sa ronde régulière, s’arrêtant pour saluer les habitués des lieux, que la jeune femme appréciait plus ou moins. Oh bien sûr, certains étaient agréables tandis que d’autres se montraient un poil trop insistants dans leur manière de la complimenter sur son physique. Ils ignoraient que ce n’était pas ainsi que l’on obtenait ses faveurs. Peut-être qu’un jour la vampire leur ferait-elle comprendre d’une façon un peu moins douce que ses nombreux sourires polis dans la forme mais condescendants dans le fond. Elle ne se souciait pas du temps qui passait et quelques fois, son attention se reportait sur le jeune barman qu’elle avait engagé quelques mois plus tôt. Edward. Pas de quoi faire s’emballer son cœur, loin de là mais il plaisait assez à ses filles et même aux clients, pour ses manières et sa prestance en matière de cocktails. Seulement, lorsque Morganne s’approcha enfin du bar derrière lequel le jeune homme s’exécutait sans jamais prendre de pose, ce ne fut pas pour commander l’un de ces breuvages aux composantes multiples mais bien un Bloody Mary, tout ce qu’il a de plus classique. En temps normal, elle aurait commandé un verre de sang mais elle doutait que son futur interlocuteur apprécie son haleine au cours de leur entrevue. Après avoir remercié le barman pour sa réactivité, la vampire se dirigea vers une dernière table, située au fond de la pièce, près de la porte d’entrée et sous les escaliers qui conduisaient à l’étage. Les occupants de la table en question l’ennuyaient assez et elle dut son salut à la vision de la silhouette devenue familière, du juge, lequel descendait les escaliers, comme étant à la recherche de quelque chose. Ou bien de quelqu’un…

« Veuillez m’excuser. »

Ecoutant vaguement l’écho des réponses que lui firent ses interlocuteurs, Morganne se glissa silencieusement dans le dos de l’homme, son verre de Bloody Mary toujours dans la main gauche. Elle savoura sa discrétion l’espace d’une petite dizaine de secondes volées, avant de glisser à l’oreille de l’intéressé, telle une amante :

« C’est moi que vous cherchez ? Dois-je vous faire grâce de cette 26ème minute ? »

Sans perdre son sourire, subtil mélange de mesquinerie gratuite et de sentiment victorieux, la vampire reprit alors, puisque ses propos précédents n’étaient en fait que des questions rhétoriques :

« Etes-vous toujours aussi peu à l’aise dans les endroits peuplés ? Dans ce cas, je me vois contrainte de vous proposer ma loge. Non pas que je sois l’une des artistes de cet établissement mais nous serons certains de ne pas être dérangés. Suivez-moi. »

Ce fut ainsi qu’elle déambula entre les différentes tables installées ci et là, à proximité de la scène. Mais plutôt que de s’y rendre comme on aurait pu le croire, la jeune femme braqua soudain sur la gauche, longeant la bordure du bar avant de pousser une porte, en partie dissimulée dans le décor intérieur de Bouken.

« La porte des artistes. » expliqua-t-elle sobrement tout en s’assurant que le darkness l’avait bien suivie.

Après avoir veillé à ce que la porte soit convenablement refermée derrière eux, elle entraîna son interlocuteur dans un court dédale de couloirs, jonché de portes d’où filtraient parfois un ray de lumière. Les danseuses s’y changeaient entre deux numéros et ils en croisèrent quelques-unes, saluant respectivement les deux individus qui constituaient cet étrange binôme. La surprise se peignit sur nombre des visages rencontrés au détour d’un couloir, preuve étant que les clients n’étaient pas souvent admis dans cette partie de l’établissement. Qu’à cela ne tienne, Morganne finit par pousser une seconde porte, laquelle donnait sur une immense pièce chaleureusement aménagée : il s’agissait bien entendu des fameux sous-sols où s’organisaient en secret les débauches des meilleurs clients du bar. La vampire laissa le temps à son interlocuteur de détailler les lieux à sa guise avant de venir prendre place sur l’un des canapés. Plusieurs meubles similaires ornaient le centre de la vaste pièce, si bien qu’en faisant abstraction des alcôves subjectives et de l’atmosphère rendue étouffante par les bâtonnets d’encens qui se consumaient ci et là, on aurait pu s’imaginer dans un salon de la haute bourgeoisie tant le luxe n’était pas quelque chose de négligé quand cela concernait le confort de ses clients et celui de ses filles.

« Bienvenue dans le salon des plaisirs du Bouken. Seuls quelques rares élus sont autorisés à y pénétrer. Prenez-le comme un gage de mon estime…ou de ma confiance. » La jeune femme s’autorisa une gorgée de son breuvage couleur sang, marquant une pause dans le même temps. « Nicols a lui aussi connaissance de cet endroit. Et ce serait, vraiment regrettable qu’il vende la mèche. Voilà pourquoi je compte bien m’occuper de lui avant que ce serpent ne décide de se venger à sa manière. Seulement, vous comprendrez bien que sa disparition serait suspecte, peu de temps après le procès remporté contre lui. Puis-je compter sur vous pour protéger ma réputation Monsieur Corbyn ? »

Message par Invité Dim 11 Oct - 23:11

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Le temps que mit la gérante à venir jusqu’à lui, puisqu’il avait abandonné l’idée de la trouver dans cette foule, Damien en profita pour épier d’un regard discret les clients de l’établissement. Si certains semblaient éperdument pendus au spectacle qui se déroulait devant leur yeux, d’autres au contraire semblaient attendre autre chose de ce lieu. Ils jouaient de faux sourire parfaitement hypocrite qu’un aveugle serait capable de sentir. C’était l’une des raisons pour lesquelles il n’appréciait que très peu la compagnie d’un aussi grand nombre d’individu : il était difficile de protéger ses arrières dans ces circonstances. Le juge senti alors une présence bien trop proche de lui pour ne pas qu’elle lui soit adressée et l’instant d’après, la voix de la jeune femme se fit entendre. Il tourna son regard dans sa direction en hochant distraitement la tête, signe qu’elle voyait juste. Malheureusement, concernant cette minute en trop, Damien ne pouvait pas être en accord avec elle. En effet, il était resté le temps imparti avec la serveuse, ce n’était pas de sa faute pour le reste, mais tout cela n’était que fioriture. Peu à l’aise ? Il n’avait pourtant pas l’impression de montrer quoi que ce soit sur lui qui puisse lui fournir matière pour cette hypothèse. Il ferait un bien piètre comédien s’il laissait voir ce genre de sentiment sur son visage, quant bien même il était vrai.

« Je vois suffisamment de monde dans mon travail pour préférer les endroits moins peuplé, en effet. »
Lança-t-il en suivant la maîtresse des lieux.

Et pour une fois, c’était en partie la vérité. Lorsque les procès ne se passaient pas en huit-clos, il voyait défiler devant ses yeux nombre de curieux venus assister à la condamnation -ou non- du prévenu. Et même si cela faisait vieux jeu -après tout, il n’était plus très jeune- le juge préférait le calme de son bureau à une foule aussi ardue que ce bar. De temps en temps, cela pourrait être sympathique mais ce ne serait surement pas son lieu préféré de la ville. Aussi charmantes pourraient être les danseuses. Damien fit abstraction des regards qui semblaient suivre le duo qu’il formait avec Morganne. D’après ce qu’il avait pu rapidement lire, cela étonnait plus d’un client. Ca allait surement jaser. Grand bien leur fasse. Le darkness passa la porte, non sans lâcher un « Evidemment. » teinté d’une voix entendue. Même s’il imaginait mal le videur de l’établissement laisser n’importe qui s’aventurer de ce côté du bar. Damien compta machinalement le nombre de pièces devant lesquelles ils passaient, plus par déformation que pour connaitre la superficie de ce côté du Bouken. Si les regards des clients l’avaient laissé de marbre, intérieurement, Damien fut étonné de voir les mêmes chez certaines employées. La gérante était-elle si peu accessible pour que mêmes ses filles soient surprises d’une telle démarche ? Il ne fit pas mine de montrer quoi que ce soit, laissant simplement le temps passer et ses pas le mener là où l’avait décidé Morganne.

Une fois la seconde porte ouverte, l’atmosphère changea aussitôt. Terminé le couloir presque froid qu’ils venaient de traverser et bonjour la chaleur étouffante de l’endroit. Avec un tour d’observation passé, il ne fallait pas être un génie pour comprendre ce qui devait se passer ici bas. Et même s’il restait quelques doutes, il fallait simplement se rappeler des jeunes femmes qui se produisaient au dessus de leur tête et du terme que la gérante utilisait pour les nommer. C’était surement des détails mais pour avoir fréquenté certains de ces endroits, le juge pensait savoir de quoi il parlait -ou pensait-. Damien suivit la jeune femme sur le canapé, non sans continuer de détailler les lieux. Tous les clients ne pouvaient sans doute pas venir jouir de cet endroit, cela expliquait sans doute les regards surprit des employées. Pourquoi lui avoir donné un accès ? Il ne fallut pas attendre plus de quelques instants pour en avoir la réponse et pour cette fois, le darkness en fut presque surprit. La confiance ? Quel doux mot... Mais il n’était pas dupe et il attendit patiemment la suite des propos de la jeune femme. Il était évident qu’elle ne l’avait pas fait venir ici simplement par bonté. Et quand l’explication tomba, il ne pu s’empêcher de soupirer. Pourquoi cela ne l’étonnait pas plus que ça d’entendre de cette fine bouche, que la vengeance de Nicols serait portée sur cet aspect du bar ? C’était même étrange qu’il ait préféré porter plainte plutôt que d’attaquer directement la maîtresse des lieux. A moins qu’il n’ait pensé pouvoir simplement se venger sur Noémie ? Mais qu’en voyant cette dernière hors d’attente, il allait changer son fusil d’épaule.

« Vous jouez à un jeu dangereux Madame Delacroix. »
Commença-t-il sans répondre à la question.

Le darkness se plaça plus confortablement dans le canapé et regarda pendant quelques secondes l’alcôve qui se trouvait non loin de lui. Qu’avait-il à gagner en acceptant ce marché ? Le plaisir de venir dans ce lieu ? Nombre d’homme rêverait sans aucun doute de pouvoir mettre les pieds dans ce sous-sol aux allures et appels à la luxure. Oui, sauf que Damien n’était pas comme tous les hommes et même s’il aimait indéniablement la compagnie des femmes, il ne pourrait pas se permettre de toucher à celles qui se trouvaient ici sans ses gants, ce qui réduirait nettement la plaisir des deux parties. Il pourrait bien sûr feindre l’ignorance pendant quelque temps, puisque ses victimes ne l’assimilaient pas à leur malaise, mais il ne pensait pas la gérante aussi stupide pour ne pas faire le rapprochement. L’homme reporta son regard sanglant sur la concernée afin de lui répondre.

« Nicols est un homme avec un ego démesuré, je vous conseille de lui régler son compte au plus vite. S’il n’arrive pas à atteindre Noémie même après sa défaite, il ne fait aucun doute que vous serez sa cible... Alors faites-le disparaitre et je m’occuperai des traces que vous pourriez éventuellement laisser. »


Morganne pouvait entendre par là qu’il pourrait falsifier ou même effacer certains documents. Quant à savoir s’il allait protéger sa réputation, Damien devait reconnaitre que son interlocutrice pouvait savoir s’entourer des bonnes personnes pour cela.

« Cela dit, j’apprécie votre marque de confiance, même si cela pourrait vous mettre davantage en danger... Malheureusement, je crains de ne pas pouvoir jouir des plaisirs que pourraient m’offrir vos filles


Ce n’était pas dans ses habitudes de dévoiler ce qui allait suivre, mais puisqu’elle avait montré patte blanche, Damien supposait qu’il pouvait également divulguer une petite information le concernant. Il leva alors une main, le dos vers son interlocutrice pour lui montrer son gant de cuir noir.

« Ils ne sont pas là pour le style. Si je devais toucher l’une de vos employées à mains nues, la pauvre ne pourrait sans doute plus travailler de la soirée. Rien de physiquement dégradant, mais elle pourrait être assez perturbée mentalement... »


Avec cela, Morganne devait comprendre qu’elle était plus perdante au travers de cette confiance. Il connaissait son petit commerce sous terrain et son ambition de se venger de Nicols, alors que la seule chose qu’elle pourrait lui offrir pourrait lui faire mettre la clé sous la porte. Soit elle lui donnait toujours la même fille, au risque de l’ennuyer, pour préserver les autres. Soit elle lui en donnait plusieurs et prendrait le risque de voir le résultat de leur moment passé ensemble. Qui pouvait être plus ou moins violent en fonction des individus.

« Ne me regardez pas comme ça, je ne contrôle en rien ce don. »
Déclara-t-il pour clarifier les choses.

Message par Invité Mer 14 Oct - 22:30

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Le soupir qui s’évanouit dans la pièce, aussi brièvement qu’il avait franchi les lèvres de son interlocuteur, n’échappa pas aux oreilles de la gérante du Bouken. Mais plutôt que d’afficher ouvertement son indignation, comme l’auraient fait bon nombre de femmes habituées à ce qu’on les cajole au lieu de s’agacer de leur manière de faire, Morganne se contenta d’un sourire, légèrement plus appuyé, comme pour inviter ce même homme à s’exprimer davantage sur la raison d’une telle réaction à son encontre. Car oui, elle n’appréciait pas pour autant le flegme de ce juge, alors qu’elle s’adressait à lui plus directement qu’elle ne le faisait auprès de ses clients habituels. Mieux valait pour lui qu’il apporta des éléments de réponse satisfaisants. Un jeu dangereux ? Son sourire se fit plus sincère.

« Je n’en suis pas à mon premier Monsieur Corbyn et les hommes deviennent prévisibles au fil des siècles. Mais je vous remercie de votre sollicitude. »

L’annonce de son immortalité n’était qu’un détail à ses yeux. Tôt ou tard, son interlocuteur finirait par l’apprendre, si ce n’était pas déjà le cas. La race était affaire de formalité dans une ville qui se vantait d’être le berceau de l’interculturalité raciale. Non, ce qui l’amusa fortement, fut le sarcasme contenu dans la dernière partie de sa tirade. Car elle n’en pensait pas un traître mot. Ce juge ne renvoyait pas l’impression de franchement s’inquiéter pour qui que ce soit, à commencer par elle, après ce qu’elle venait de lui proposer comme marché, avec tous les sous-entendus que cela impliquait. Alors la vampire était impatiente de connaître la réponse du principal intéressé, si bien qu’elle meubla cette attente en s’autorisant une nouvelle gorgée de son breuvage fétiche après le sang. Elle nota également l’attention que portait l’homme aux alentours, à la manière d’une proie cherchant à déceler l’approche de son prédateur. A moins que ce ne soit justement le regard du prédateur qui parcourait actuellement ce qui allait peut-être devenir son futur terrain de chasse ? Morganne relaya au second plan ces pensées lorsque les iris couleur sang se reposèrent sur elle, consciente que la réponse tant attendue allait enfin jaillir des lèvres de son interlocuteur. Ce fut alors à son tour de soupirer, bien moins discrètement que ne l’avait l’homme quelques instants plus tôt. L’un des privilèges d’une femme, avoir le droit de se montrer agacée, notamment en présence de la gente masculine.

« C’est exactement ce dont je viens de vous faire part Monsieur Corbyn. J’attends de vous le même service dont vous avez gratifié Noémie, en toute discrétion, cela va de soi. Ma parole sera donc vôtre. Vous ne serez plus importuné par cet humain. »

Autre gage du dédain qu’elle vouait au dénommé Nicols : le désigner par sa race, évidemment considérée comme inférieure par certains de ses pairs. Quoi de plus normal quand on connaissait la provenance de leur principal aliment qu’était le sang. La gérante but une nouvelle gorgée, laissant la parole à son interlocuteur. Cependant, elle fut intriguée par les propos de ce dernier. Ne pas pouvoir profiter des plaisirs de ses filles ?

« Seriez-vous homosexuel ? » demanda-t-elle, en arquant un sourcil, soulignant par-là, sa perplexité.

En son for intérieur, la jeune femme avait bien du mal à croire pareil scénario. Certes, l’homme était séduisant, bien sur lui, coquet peut-être selon certains critères mais ses manières n’étaient pas efféminées pour autant. D’instinct et à première vue, jamais elle ne l’aurait défini comme étant attiré par les hommes. Et comme elle s’y attendait, son hypothèse fut rapidement balayée lorsque le juge apporta la véritable raison. Quoique, à la vue des gants en question, Morganne fut d’autant plus perplexe. La vampire devint vraiment attentive suite aux explications de son interlocuteur. Sur la fin, elle demeura pensive. Un pouvoir ravageur sur le mental des individus entrant en contact direct avec les mains de la personne assise devant elle ? Elle regardait sans réellement voir Damien à présent, jouant nonchalamment avec son index, lequel glissait de manière circulaire sur l’intérieur du haut de la paroi de son verre, à présent presque vide.

« Il ne s’agit plus vraiment d’un don mais d’une malédiction si vous ne le contrôlez pas Monsieur Corbyn. Je m’étonne que vous n’ayez pas encore eu d’ennuis avec certaines de vos conquêtes. Soit vous devez être réellement convaincant au lit, avant et après, soit elles n’ont jamais l’occasion de porter plainte contre vous pour blessures psychologiques. A moins que vous ne touchiez aucune femme ? La frustration doit vous peser. » conclut-elle avec un sourire moqueur.

A peine eut-elle fini cette phrase, qu’une main baladeuse bien que sensuelle également, vint se poser sur l’épaule du darkness, glissant dans la fente de sa chemise jusqu’à effleurer la peau en dessous. La caresse fut furtive, étant tout juste assez longue pour surprendre et attiser le désir, avant de se retirer aussi vite, pour éviter toute emprise sur le poignet de la jeune femme, laquelle s’en allait déjà en direction de Morganne. La nouvelle venue s’installa au plus près de sa patronne, à telle point que le si peu de distance entre elles, laissait voir quelque chose de plus intime encore que ce que la gérante avait pu renvoyer en présence de Noémie. Sauf que Nin n’avait pas le visage juvénile de sa collègue. Son regard se voulait plus acéré mains lointain dans le même temps, comme si une partie d’elle n’était pas véritablement sur place.

« On m’a dit que vous étiez ici. Qui est cet homme ? » demanda-t-elle de bout en blanc.

« Voyons Nin, ce n’est pas une manière de s’exprimer en présence d’un collaborateur… Mais le hasard fait bien les choses puisque nous avions justement besoin de tes talents. Qu’en dites-vous Monsieur Corbyn ? »

Dire qu’elle jouait à des jeux dangereux était un doux euphémisme. L’adrénaline, ce goût pour le risque et l’inattendu… Toutes les connaissances et les bonnes mœurs du monde n’égaleraient jamais cette jubilation. Malgré la mise en garde évidente de son interlocuteur, la vampire était curieuse de voir les effets dudit don en question. Et Nin était la meilleure de ses filles, la plus fiable, celle qu’elle pouvait presque considérer comme son bras droit dans tout ce qui touchait les affaires du Bouken. Alors si ce devait être l’une de ces filles, ce serait elle et personne d’autre. Quant à l’intéressée, elle ne lâchait plus du regard l’unique homme de la pièce. Sans un mot, elle se décolla de sa patronne, silencieuse ombre furtive avant de se rapprocher du client présumé. Sur les genoux duquel elle ne tarda pas à se retrouver à califourchon, venant à la rencontre du cou et de la nuque de Damien à l’aide de ses paumes chaudes.

Message par Invité Lun 26 Oct - 15:37

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S’il était homosexuel ? On ne lui avait encore jamais posé la question et Damien trouvait cela bizarre de l’entendre de la bouche de cette femme. Quoi que, non peut-être pas. Il secoua simplement la tête et poursuivit sur sa lancée pour mettre un terme à cette imagination perverse. Il prenait surement un risque en lui parlant de la sorte, aussi ouvertement, mais c’était simplement un échange de bons procédés entre eux. Et puis, le darkness avait conscience qu’on ne pourrait pas l’inculper pour quoi que ce soit, si jamais il était accusé. C’était le bon côté de son don. Probablement le seul qu’il y avait là dedans. Le juge hocha lentement la tête pour lui signifier qu’il était également de son avis concernant l’appellation de son don. En effet, il se serait presque passé de celui-ci lorsque l’on savait qu’il n’était pas contrôlable et surtout les effets qu’il engendrait sur l’utilisateur. Et malheureusement, avec le temps, il s’était fait à l’évidence qu’il ne pourrait sans doute jamais le contrôler. En écoutant la gérante des lieux, l’homme se dit qu’il avait face à lui une femme qui n’était pas simplement belle mais qu’elle en avait également dans la tête. Chose qui se faisait malheureusement de plus en plus rare de son point de vue. Peut-être pourraient-ils conversés plus souvent ? Mais ça, c’était un autre sujet.

Damien n’eut pas le temps de répondre quoi que ce soit et encore moins d’ouvrir la bouche, qu’il sentit cette main baladeuse et non invitée glisser sur sa peau, entre le tissu de sa chemise. Damien aurait réagit s’il avait senti quelque chose de néfaste émaner de cette personne mais puisque ce n’était pas le cas, il resta immobile pour découvrir la suite des évènements. Après tout, au vue de l’environnement dans lequel l’avait emmené la vampire, il pouvait se permettre de se montrer quelque peu curieux, intérieurement parlant. Le juge détailla donc la nouvelle venue sans se cacher et pourtant sans avoir dans le regard, cette lueur de prédation que pourrait avoir certains hommes. Damien savait se tenir et à plus forte raison, sur un terrain qu’il ne connaissait pas encore. Il regarda les deux jeunes femmes et il eut la vague impression de revoir Aryana avec l’une de ses servantes humaines, sa préférée. Mais le darkness repoussa rapidement cette pensée de son esprit pour se concentrer sur le moment présent. Dire qu’il n’avait toujours pas pu en placé une avec cette interruption. Quoi que dans le fond, la réponse qu’il aurait eu à fournir n’intéressait probablement pas sa principale interlocutrice. Il resta spectateur silencieux devant l’échange des deux femmes, dont l’une qui n’avait visiblement pas sa langue dans sa poche. Etait-ce un train de caractère qui plaisait à la patronne, pour recruter des filles qui ne mâchaient pas leurs mots ? Peut-être aurait-il la réponse un peu plus tard.

« Vous êtes sans doute la mieux placée pour savoir si ses talents seront à la hauteur, Madame Delacroix. »
Déclara-t-il sans lâcher des yeux la jeune femme qui avait élu domicile sur ses genoux.

Il laissa faire l’employée, la dénommée Nin, quelques instants, en se demandant tout de même jusqu’où allait la protection de Morganne sur ses filles. Après tout, elle venait de lui donner l’une d’entre elle malgré sa mise en garde. Plusieurs hypothèses lui venaient en tête face à cette attitude. Soit elle avait réellement confiance dans les talents attribués à cette jeune femme. Soit elle était dotée d’un certain sadisme, couplé à une curiosité mal placée. Damien passa alors ses bras autour du corps frêle de Nin, pour commencer à retirer ses gants. Il y allait avec une certaine lenteur. Peut-être pour continuer d’apprécier discrètement le début d’attention factice de l’employée, ou simplement pour faire languir la principale curieuse de la pièce.

« C’est un fait Madame Delacroix : je suis convaincant au lit. Mais là n’est pas mon secret pour ne pas avoir d’ennui... Vous verrez vous-même dans quelques minutes. »

Il reprenait enfin le bout de conversation laissé en suspend depuis l’arrivée de la jeune femme. Cette dernière ne semblait pas se préoccuper de sa sécurité. Soit elle faisait confiance à sa patronne pour intervenir au bon moment. Soit, comme certaines filles qu’il avait pu croiser au fil des siècles, elle se fichait de ce qui allait se passer ensuite. Mais ce n’était que des suppositions dans tous les cas. Il posa alors une main à l’arrière de la tête de Nin, pour le moment protégée de son pouvoir, par ses cheveux, puis il la fit glisser pour atteindre sa nuque. Il n’avait pas détourné le regard en agissant et rien ne pouvait se refléter dans ses iris sanglants. Il n’avait pas prévu de se nourrir ce soir mais il n’allait pas refuser un repas si généreusement offert. Damien fit glisser encore un peu ses doigts, descendant le long de la colonne vertébrale de la jeune femme, sans toucher sa peau pour l’instant. Mais une fois arrivé à la limite du vêtement, sa main souleva ce dernier pour se glisser dessous et il déposa sa paume sur la hanche gauche de Nin. Dès l’instant où cette dernière entra en contact direct avec l’intérieur de sa main, l’employée devint telle une poupée de chiffon. Elle s’affaissa sur le juge sans aucune retenue, les yeux grands ouverts en direction de sa patronne. Et étrangement, aucun son ne franchit ses lèvres, pas même une plainte, ce qui étonna sincèrement le darkness. Il avait plutôt l’habitude d’entendre des geignements plaintifs sortir de la bouche de ses victimes mais ici, rien. Avant que la gérante ne pose de question sur l’état de santé de son employée, l’homme prit la parole tout en se nourrissant des quelques bribes de sentiments qu’il pouvait percevoir chez la jeune femme.

« J’ignore combien de temps elle va rester dans cet état, mais ce n’est pas définitif, cela varie d’un individu à l’autre. » Commença-t-il arrêter de toucher Nin mais en ayant reporter son attention sur la vampire. « Elle revit le pire moment de sa vie, comme tous les autres... Et lorsqu’elle reprendra ses esprits, elle n’aura pas conscience que son malaise vient de moi. » Il marqua une courte pause et ajouta. « Oui, cet état est systématique mais varie également... »

Comment l’explique d’une meilleure façon ? Il ne savait pas. Il n’avait jamais vraiment questionné ses victimes, du moins, plus depuis des siècles. Il avait interrogé -et tué- les premières personnes qui ont été touchées par son pouvoir et c’était ce qui en était ressorti dans leur récit. Même en leur disant qu’il était la cause de leur mal être, les individus n’arrivaient pas tout à fait à le croire.

Quant à lui, Damien ressentait quelques picotements à niveau de son torse. Prémisses de la conséquence de son don et pour une fois, il devait reconnaitre qu’ils apparaissaient au bon endroit. S’il acceptait de révéler son don et la façon dont il fonctionnait à son interlocutrice, il n’avait cependant pas l’intention de lui dévoiler la contrepartie.

« Mais je suis impressionné pour le moment, elle reste silencieuse malgré les visions qu’elle a devant les yeux... »
Avoua-t-il en reportant son regard sur Nin, dont il remit une mèche de cheveux en place.

Message par Invité Ven 6 Nov - 17:49

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En quoi consistait exactement ce don, ou malédiction peu importe ? Pour la première fois depuis longtemps, la vampire ressentit la morsure de la curiosité s’imprégner de son être tout entier. Ce n’était pas l’envie – ni même le besoin – d’en savoir plus sur son interlocuteur qui la motivait dans cet état d’esprit. En effet, ce dernier lui en avait suffisamment dit pour qu’elle garde à l’esprit de se méfier de lui, notamment de ses paumes découvertes à vrai dire. Le reste de la personne du dénommé Corbyn n’impressionnait pas ou très peu. Morganne s’imaginait qu’il devait être un virtuose dans l’art d’user des mots, ce qui n’était pas pour lui déplaire dans le fond, et ce trait de caractère collait merveilleusement bien avec la profession qu’exerçait le principal intéressé. Son nom devait effectivement en faire trembler plus d’un, de peur ou bien de rage, cela restait encore à être démontré. La vampire darda son regard sur l’étrange couple qui s’était formé à quelques mètres d’elle.

Derrière sa façade agréable, la jeune femme n’en demeurait pas moins attentive à ce qui était en train de se passer, ne désirant rater aucun moment de l’expérience. Au risque de ne pas comprendre le phénomène. La raideur soudaine dans les membres de Nin ne passa pas inaperçue. L’espace d’un instant, elle se cambra sur la personne du juge mais cet état fut bref. L’employée ne tarda pas à retomber sur le torse de l’homme, sa tête bêtement blottie dans le cou de Damien puisqu’elle se trouvait toujours face à lui. Seulement, plus aucun signe de vie n’émanait d’elle. A s’y méprendre, elle ressemblait à une poupée humaine sans vie. Son expression seule, plus particulièrement ses yeux, trahissaient ce qu’elle devait être en train d’endurer à cet instant précis. Curieusement, Morganne fut déçue de la démonstration. Elle s’attendait à pire venant d’un détendeur de malédiction… La jeune femme aurait pu en faire la réflexion, sur le commentaire de son interlocuteur à propos de l’attitude de l’employée ne lui avait pas coupé l’herbe sous le pied. La vampire s’autorisa un sourire, légèrement teinté d’orgueil habilement dissimulé.

« Ce n’est pas sans raison que je vous ai proposé d’user de votre don sur elle Monsieur Corbyn. Je considère Nin comme la meilleure de mes filles. Appliquée et discrète. »

Toutefois, une inquiétude prit rapidement forme dans l’esprit de la gérante. Et si son employée demeurait ainsi trop longtemps ? Non pas que le travail était exigeant de ce côté, mais son absence risquait de donner lieu à quelques rumeurs, notamment au sein de l’équipe du Bouken. Après tout, Nin vivait sur place, dans une petite loge qui lui avait été attribuée lors de son arrivée en ville. Si même ses collègues de travail ne pouvaient mettre un pied dans sa chambre, ces dernières finiraient forcément par soupçonner quelque chose ! Il restait bien entendu l’hospitalisation dans le pire des cas… Son regard aux reflets sanglants se détacha du corps inerte de la serveuse officieusement prostituée pour se reporter sur la personne du juge.

« Et pour vous avoir permis de l’utiliser de la sorte, il semblerait que vous ayez désormais une dette envers moi Monsieur Corbyn. » déclara-t-elle avec un petit sourire victorieux en coin.

La question était plutôt : se permettrait-elle de faire chanter le juge à ce sujet ? Morganne savait qu’elle en avait les moyens. Mais d’un autre côté, question preuves compromettantes, ils étaient à égalité. Et puis le juge pourrait se révéler être un allié de choix, d’abord en ce qui concernait le problème du nom de Nicols ainsi que d’autres affaires à venir. Car exercer une activité comme la prostitution, même consentie, dans un pays qui l’interdisait, ce n’était pas sans inconvénients. Elle pesa silencieusement le pour et le contre, écoutant les éventuelles remarques de la part de l’homme assis en face d’elle puis la vampire se leva. S’approchant de l’étrange couple, elle délesta le premier de la seconde, devenue une sorte de poids mort, prenant Nin dans ses bras. Elle s’en retourna ensuite vers son propre canapé, avant de déposer l’employée dessus. Ils avaient encore un peu de temps avant que cette partie souterraine du Bouken n’ouvre ses portes aux privilégiés de l’Avventura. Si Nin ne revenait pas à elle d’ici là, il serait toujours temps de la porter jusque dans ses appartements. Le couloir des loges serait désert à ce moment, toutes les filles étaient présentes dans l’établissement pour s’occuper des clients impatients.

« Je ne pense pas que Nin ait connu d’événements particulièrement douloureux, d’où son absence de terreur. Certes, elle n’a pas eu une vie facile jusqu’à ce que je la rencontre mais elle devrait vous convenir si vous appréciez les filles moins bruyantes. » Marquant une courte pause, Morganne fit soudain volteface pour toiser son interlocuteur. « Gardera-t-elle un souvenir d’elle dans cet état ? »

La réponse du juge lui apprit que non. Visiblement, autant ses victimes ne connaissaient pas la raison de leur malaise mais de surcroît, elle n’en gardait qu’un très vague souvenir, comme un cauchemar s’effaçant doucement avec les premiers rayons matinaux. Et même si la vampire nourrissait quelques doutes sur les affirmations de Damien, elle finirait tôt ou tard par se faire une idée sur la chose. Elle avait le projet d’interroger la première concernée par le phénomène, sitôt que cette dernière aurait repris ses esprits. L’espoir que cela se produise rapidement demeurait ancré dans celui de Morganne. Si elle devait attendre des semaines avant de pouvoir contenter sa curiosité, certains risquaient de faire les frais de sa frustration. La gérante reprit place sur le canapé qu’elle avait occupé quelques instants plus tôt, faisant la conversation agréablement en compagnie de Damien. Comme elle l’avait présagé, ce dernier savait s’exprimer et l’écouter restait plaisant à son oreille.

« D’où tenez-vous cette malédiction ? Je ne peux pas croire que vous soyez né avec… Vous seriez-vous attiré les foudres d’une sorcière Monsieur Corbyn ? Les femmes bafouées sont réputées rancunières. » assura-t-elle en toute connaissance de cause.

Message par Invité Mar 10 Nov - 17:57

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Pourquoi cette réponse n’étonnait pas plus que cela le juge ? La propriétaire des lieux avait déjà démontré son attachement plus singulier à l’encontre de cette employée, qu’à une autre. Il ne savait pas ce qui liait les deux femmes -et il s’en fichait- mais il était clair que ce n’était pas seulement une relation de travail. Alors il était presque logique d’entendre la gérante vanter les mérites de cette fille. Et à quelques détails près, Morganne ressemblerait à une patronne d’ancien bordel qu’il avait déjà put croiser par le passé. Damien hocha simplement la tête à cette réplique. Déjà, parce qu’elle n’avait pas besoin de réelle réponse. Ensuite, pour lui signifier tout de même qu’il l’avait écouté et non pas tout simplement snober. Les mains du darkness restaient sur le corps de la prostituée, plus pour la maintenir en place que par réelle envie de profiter de sa présence. Et pourquoi la tenir ? Tout bonnement parce qu’il avait des manières et qu’il se montrait relativement courtois avec les femmes. Surtout lorsqu’elles lui donnaient ce qu’il voulait.

La suite le fit tout bonnement rire. Pas d’un rire joyeux et satisfait. Mais plutôt quelque chose de moqueur et pourtant spontané, avec une pointe de rogue. Voila que la vampire décidait maintenant de mettre sur le tapis le sujet du chantageentre eux ? Cette femme aimait réellement jouer avec le feu. Il restait à établir combien de temps cela allait prendre avant qu’elle ne se brûle.

« Une dette dites-vous ? Pour l’avoir utilisée ? »
Répéta-t-il, comme pour qu’elle se rende compte de la stupidité de ces mots. « Dois-je vous rappeler que vous êtes l’entière responsable de son état ? Ai-je demandé à l’avoir sur les genoux ? Ai-je émit le souhait d’utiliser mon don sur elle ? » Damien marqua une courte pause, pour que son interlocutrice se souvienne de la situation passée et se remémore qu’à aucun moment, il n’avait fait de demande pareille. « Je ne crois pas. Vous vouliez voir comment fonctionne mon pouvoir et vous m’avez donné votre fille. N’essayez pas d’avoir plus que vous n’avez déjà, surtout avec ces manières détournées. C’est le meilleur moyen de se faire des ennemis. » Trancha-t-il.

S’il avait véritablement fait une demande pareille en la personne de Nin, alors oui, il aurait peut-être accepté ce semblant de chantage. Or là, il ne fallait pas que cette femme essaye de se servir de lui. C’était une chose qui avait tendance à vite l’agacer, même si cela ne se voyait pas spécialement sur son visage.

Il laissa la gérante s’occuper de son employée, retrouvant ainsi toute sa liberté de mouvement et il pu remettre tranquillement son gant de cuir noir. C’était devenu une réelle habitude de les porter hors de chez lui, depuis toutes ces années. Et avec la petite démonstration de son interlocutrice, Damien n’avait plus aucune raison de se mettre à son aise en sa présence. Essayer de montrer les crocs, alors qu’ils allaient partir sur de bonnes bases, à trop vouloir avoir le pouvoir en sa possession, cette femme finirait par tout perdre. Ce n’était qu’une question de temps maintenant. La question qu’il se posait maintenant était de savoir s’il serait non loin d’elle à ce moment là, ou si au contraire, il lui ferait gentiment comprendre qu’elle n’aurait pas dû essayer de jouer à la plus maline avec lui ? Honnêtement, le juge ne le savoir pas encore. Peut-être verra-t-il avec la suite de leur collaboration.

L’homme écouta la remarque de la maîtresse des lieux, même s’il n’était pas vraiment d’accord avec son analyse. La façon dont réagissait ses victimes n’était pas forcément lié à leur passé. Mais plus à la relation qu’avaient ses victimes avec ce dernier. Plus elles l’acceptaient et moins la réaction était violente.  Devait-il prendre la peine de le notifier à son interlocutrice ? Peut-être l’aurait-il fait, avant qu’elle n’essaye de se jouer de lui. Voila un trait qui n’était pas apparu chez lui depuis un moment : la rancune. Il n’avait pas apprécié son attitude alors il se montrait moins conciliant. Après tout, comme disait le dicton « On récolte ce que l’on sème. ». Malgré tout, la question méritait réponse et Damien ne chercha pas à lui mentir. Il n’y avait aucun intérêt là dedans. Et ils étaient censés jouer cartes sur table.

« Non. Seulement une désagréable impression et un malaise lié à ce qu’elle a vu. Rien de plus. »


Mais voila que Morganne décidait maintenant de discuter ? Comme pour effacer sa précédente attitude ? Même s’il n’était pas prêt d’oublier cela, cette tentative d’en apprendre plus sur lui et notamment son hypothèse, le fit sourire. Cette fois, amusé.

« Je me suis plutôt attiré les foudres d’un village trop superstitieux, pour avoir côtoyé trois créatures magnifiques. Et vous vous trompez, je suis bien avec ce don. »


Il n’avait pas l’habitude de parler de son passé, encore moins avec une femme vampire, qui aurait pu être l’une de ces trois créatures en question. Mais aucune émotion ne paraissait sur son être. Et il n’avait pas l’intention de mentionner non plus son véritable statut avec ces femmes.

« Vous parlez de malédiction, mais qui vous dit que cela ne me plait pas, de voir la terreur dans les yeux de mes victimes ? Alors qu’elles pensaient être en sécurité et passer un bon moment ? »


Evidement, présenté comme cela, ça pourrait passer et être compréhensible. Dommage qu’il y avait ce contre parti qui faisait naitre sur le corps de son utilisateur des traces de brulures en fonction de l’intensité de l’utilisation du pouvoir en question. Mais encore une fois, Morganne n’avait pas besoin de connaitre ce détail. Changeant totalement de sujet, Damien reprit.

« Vous savez ce que fait mon pouvoir et pourtant vous me proposer toujours les services de Nin. Cherchez-vous à la détruire ? Je n’ai jamais touché plus de trois fois la même femme. J’ignore donc si son état s’aggravera au nombre de nos rencontres et si son esprit réussira à accepter d’être confronter toujours à ses pires moments régulièrement. »


Et c’était la pure vérité. De nature prudent, le darkness n’avait jamais essayé d’expérimenter son pouvoir. Peut-être aurait-il pu, par le passé mais il n’en avait pas trouvé l’utilité à cette époque. Morganne serait-elle de nouveau assez curieuse pour prendre le risque ?

Message par Invité Mer 11 Nov - 0:44

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Contre toute attente, voilà que le poisson mordait à l’hameçon. Et pas de la manière la plus subtile qui soit. Sincèrement surprise de l’entendre réagir aussi mal quant à sa petite pique, la gérante finit par en devenir agacée. En s’indignant de la sorte, le juge baissait dans son estime : au final, il ne savait que brailler comme cet abruti de Nicols. Si la vampire avait fait la comparaison de vive voix en présence de son interlocuteur actuel, cela ne faisait aucun doute que ce dernier aurait pris la mouche, plus qu’à la suite de la remarque précédente de Morganne, si toutefois, c’était possible, compte tenu des protestations se muant doucement en discrètes menaces. Ce à quoi la gérante répondit par un long soupir ennuyé, sans même chercher à se cacher de l’homme assis en face d’elle.

« Ce que vous êtes susceptible. Si j’avais vraiment voulu vous faire chanter, d’une, je ne vous l’aurai pas énoncé aussi clairement, de deux, vous l’auriez compris seulement une fois au pied du mur. Néanmoins… »

Laissant volontairement son début de phrase en suspens, la jeune femme accrocha le regard de son interlocuteur. Fini de rire. Voilà ce qui se reflétait dans les iris couleur sang de la vampire. Le sérieux avait repris ses droits concernant leur échange et elle voulait que les choses soient claires entre eux.

« Ne vous avisez plus de me menacer Monsieur Corbyn. Vous êtes éloquent, cela ne fait aucun doute. Mais je ne suis pas celle à l’origine de l’état de Nin, contrairement à ce que vous semblez penser. Et les caméras installées un peu partout dans cette pièce, à l’insu des clients qui y pénètrent, révéleront comment vous avez usé de votre don sur mon employée. Et si je ne me trompe pas, votre réputation en matière de femmes n’est plus à faire. Qui pensez-vous que la Justice croira ? Oh et me sortez pas vos grands discours en vous annonçant comme le Messie de la Justice, cela ne fonctionne que sur les imbéciles trop crédules. »

Si avec ce discours Damien Corbyn n’avait pas encore compris où il se trouvait et à qui il s’adressait, il était encore temps pour le juge de prendre la porte, avec toute l’humilité qui s’impose en pareilles circonstances. Car oui, Morganne régnait en Reine absolue sur son domaine, mieux valait pour lui qu’il se le mette une bonne fois dans le crâne. Sinon, leur toute jeune alliance risquait d’en pâtir, tragiquement. Malgré l’agacement suscité par l’attitude de son interlocuteur, la vampire finit par retrouver son habituel sourire poli, plus forcé que sincère pour le coup, même si la seconde situation ne s’appliquait pour ainsi dire, jamais. Les réponses suivantes la rendirent songeuse. Dire qu’elle n’avait aucun moyen de vérifier les dires du juge était malheureusement vrai. Aussi, bien qu’ennuyée d’apprendre qu’elle s’était trompée sur son compte, la jeune femme garda ses réflexions acerbes pour elle. De toutes évidences, l’atmosphère depuis le début de leur conversation avait manifestement changée. Et si son interlocuteur demeurait convaincu d’une tentative de trahison de sa part comme cela semblait être le cas, alors ils risquaient de ne pas trouver grand-chose pour prolonger agréablement la discussion.

« Je ne prétends pas connaître ce qui vous excite Monsieur Corbyn. Mais ne pouvoir toucher personne de vos mains, sans voir cette dernière vivre les pires instants de sa vie doit être particulièrement lourd à porter comme fardeau. Notamment s’il vous faut le cacher aux yeux d’autrui. Je me trompe ? A moins que porter l’étiquette de fétichiste des gants ne vous convienne. »

Les interrogations du juge nécessitèrent quelques minutes de réflexion. Au cours desquelles Morganne réalisa que son verre était vide, avant de reporter son attention sur la silhouette de son employée, assise sagement à ses côtés, comme à son habitude. Sauf qu’en croisant son regard, on se rendait compte du problème psychologique dont elle souffrait actuellement. La vampire aurait volontiers aimé savoir ce qui se passait exactement dans sa tête à ce moment précis, de même que l’instant raconté par l’intéressée en personne. Si même ce dénommé Corbyn se montrait prudent quant à l’utilisation abusive et répétée de son don sur un même individu, mieux valait ne pas tenter de renouveler l’expérience. Au risque de perdre Nin. Ce qui, dans le fond, devrait sincèrement la peine, la gérante devait le reconnaître.

« Je vous le propose sans en annoncer la fréquence ou même la durée. Avant cela, je veux m’assurer qu’elle va bien. Et si elle accepte de vous revoir bien entendu. Même si elle ne gardera pas de souvenir du rôle que vous avez joué dans son cauchemar éveillé, elle ne semble pas tellement vous apprécier. »

Sa main se tendit en direction de son employée, pour lui caresser les cheveux dans un geste que l’on pourrait aisément qualifier de tendre. Même si la curiosité motivée par le besoin d’en savoir davantage sur cet étrange pouvoir la motivait en arrière-plan. Soudain, la jeune femme se remit debout, tournant lentement la tête en direction du juge.

« Je vais vous raccompagner à la porte Monsieur Corbyn. »

Si tenté d’affirmer que la vampire avait gagné en mesquinerie au fil des siècles, aiguisant son sens de l’observation dans l’optique de mieux piéger ses proies, au point parfois de faire preuve d’imprudence comme l’avait laissé entendre le darkness, elle avait, en revanche, rien perdu de sa distante amabilité pour ce qui était de signifier à ses interlocuteurs, que le temps des au revoir était opportun. Peut-être que Nin reviendrait à elle avant que le coupable présumé n’ait entièrement quitté les lieux ?

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