« - C’est plutôt compliqué. »
Elle prit le temps de formuler ses idées dans sa tête.
« Avec ce don tout peut-être guéri du moment qu’il s’agit réellement d’une maladie. Je m’explique. J’use de mon don comme bon me semble, sur qui je le souhaite. Je ne l’ai jamais utilisé que sur des personnes qui étaient en grand état de souffrance, ou qui luttaient contre des maladies incurables, prolongeant leur espérance de vie et tuant parfois petit à petit ce qui les rongeait de l’intérieur. Cependant, je n’ai jamais utilisé et n’utiliserai jamais mon don sur un hypocondriaque par exemple. Faire usage de ce pouvoir de guérison draine mon énergie et les hypocondriaques, malades imaginaires, font cela rien qu’en nous racontant les grands maux qu’ils sont toujours persuadés d’avoir. Je pourrais essayer de les guérir, je n’aurai rien à guérir, c’est psychologique dans leur cas. Ce qui m’amène au fait que je suis dans l’incapacité totale d’avoir une influence quelconque sur le mental, le psychique. Certains soutiennent qu’être violent, pervers, ou même gai est inscrit dans le code génétique, je ne saurai vous dire si c’est vrai car c’est bien trop pointilleux pour moi, je me contente de raviver le corps, pas de changer le caractère, jouer sur le moral. »
Je craignais ce qui allait suivre.
« Donc, comme vous l’avez compris une maladie, je peux la contenir, puis lutter contre elle, faire en sorte qu’elle se résorbe. Plus elle sera grave, plus elle me demandera d’énergie et donc de temps et de soins, que je pallie toujours avec des soins médicaux avérés et des médicaments. Mais l’état vampirique n’est malheureusement pas une maladie je le crains, même si cela a été présenté de la sorte. On ne devient pas vampire comme on tombe malade. Un changement profond affecte le corps et il est sort totalement transformé, l’ADN en est bouleversé au point qu’un vampire ne peut être considéré de la race humaine. Cet état je ne peux donc le traiter. Pour ce qui est de cette étrange marque, je dois dire qu’elle a piqué ma curiosité hier. Vous dites l’avoir depuis des années, cependant on dirait presque que c’est récent, je ne comprends pas pourquoi cela n’a pas l’air cicatrisé, mais ça n’est clairement pas infecté, si ça l’avait été, vous l’auriez vite compris. »
Elle se rapprocha de moi afin d'étudier la marque.
« Un vampire ne peut être considéré de la race humaine. » ces mots résonnaient dans ma tête, ils additionnaient et formait un brouhaha insoutenable. Je ne réfléchissais plus.
Je me contentais d'entendre les mots qui suivirent.
« La morsure d’un vampire, pas de débat sur la question. Cependant, il me semble que ces plaies étaient à soigner avec attention car elles ne guérissaient pas aisément, si le vampire en question vous a laissé en vie. Vous risqueriez une infection et il n’y en a pas eu, la chaire autour de la plaie est propre et la morsure en elle-même l’est. Comme on ne peut ni parler de cicatrice, nu de plaie ouverte ou récente… Je suppose que vous vous êtes lié à cette marque et qu’elle reste car vous vous y accrochez, psychologiquement. Après, certaines personnes sont investies de dons ou pouvoirs. Le vampire qui vous a mordu a peut-être un don en particulier ? Peut-être qu’elle a secrété un produit, une hormone dans votre cou au moment de la morsure. »
Je me surpris moi-même de cet état second, je n'analysais plus rien, mon esprit était embrouillé, mais je continuais d'analyser et d'écouter sans m'en rendre compte : les idées et remarques marquaient directement mon esprit. Un détail auquel je n'aurais peut-être pas fait attention me transperça directement alors. « Elle », elle avait dit « elle » … Que savait-elle de Cathie, exactement ?
Quelques longues secondes passèrent. Je ne supportais plus ces voix.
« Excusez-moi quelques minutes. » dis-je sèchement avant de disparaître dans la salle d'eau et de fermer le verrou de la porte.
« Un vampire ne peut être considéré de la race humaine. »
« Un vampire ne peut être de la race humaine. »
« Un vampire ne peut être humain. »
« Vampire pas humain. »
« Cathie pas humaine. »
Elle le savait en plus, que nous parlions d'elle ! Comment ose-t-elle le savoir et faire comme de rien n'était, comme si elle est devenue l'un de ces monstres ! C'est faux, Cathie n'est pas une vampire, elle est humaine !
J'avais envie d'éclater le lavabo devant lequel je me tenais me cela n'aurait comme seul effet que d'attirer cette femme. Je ne pouvais ni me défouler sur le mobilier, ni sur moi-même au risque qu'elle en fasse la remarque. Je me contenta de laisser couler l'eau.
Sous le chagrin, je m’écroulai lourdement sur le sol et pleura à chaudes larmes. Mon regard était désespéré. Quelle pathétique scène. Le vampirisme ne s'attrape pas comme un rhume ! Elle n'avait jamais été mordu et elle était humaine. Si un humain n'est pas mordu, ça reste un humain, pas vrai ? Son teint pâle n'est dût qu'au fait qu'elle ne sorte pas souvent. Sa peau n'est pas froide, j'ai juste toujours été le plus sanguin ! Elle ne pouvait pas être l'un des leurs. Si elle l'était, qui était à mes côtés ?
Je sortis mon MP3 de ma poche et chercha dans la bibliothèque du journal audio. Cela doit bien être quelque part par là ! Je trouva enfin ce qui m'intéressait, j’augmentai le son de mes amplis et les appliqua directement sur mes oreilles.
« Ah, c'est toi Tomhas ? » elle avait 10 ans.
« Tomhas, c'est magnifique ! » 10 encore
« Tomhas, tu restera toujours à mes côtés ? » 14 ans
« Tomhas, quelle belle journée, que ferons-nous demain ? » 17 ans
« Imbécile, que serais-je devenue sans toi ? Je me fiche bien que tu ai tué mais promets-moi de ne plus jamais risquer ta vie aussi inutilement. » 21 ans
« Ceci est une promesse, nous nous retrouverons et vivrons heureux. » cette année même
« Cathie n'est pas humaine. » Ces mots résonnèrent une nouvelle fois dans ma tête. Dans un excès de colère, je jeta violemment le MP3 sur le mur à ma gauche. Il éclata.
Je prie alors conscience de ce que je venais de faire. Je rampa à quatre pattes jusqu'au débris.
Il est fichu.
Je fus emplis d'une grande tristesse et de remords.
J'entendais qu'on m’appelait, de l'autre côté de la porte. C'était mon invité.
« Oui, désolé, j'arrive. » dis-je en me reprenant.
Je ramassa les débris, me leva, ferma le robinet et me vit dans la glace. Ce n'était pas beau à voir, je me dépêcha alors de faire une toilette sommaire et me dirigea au salon.
Alors que j'allais m'asseoir, je remarqua que mes gants ne m'étaient plus d'aucunes utilités. Je les enleva et les déposa sur le meuble de la télévision.
J'affichais un grand sourire.
« Oui, alors ... »
J'essayais de me rappeler de la discussion précédente.
« En effet, j'ai déjà entendu parlé de cas où des traumatismes physiques apparaissaient suite à une forte croyance en son existence, une sorte d'effet placebo. Mais je vous avouerais que je n'y ai jamais pris attention : mes sources n'étaient pas fiable et le sujet ne me passionnait pas. »
J’essayai de lui adresser un sourire mais ne le put, pas encore.
« Cathie, vous l'aurez deviné, n'avait aucun don connu, elle est suivi médicalement... » Attends, comment est-ce possible ? Les premiers jours, le médecin n'aurait peut-être pas compris que le vampirisme mais maintenant, comment cela se faisait-il qu'ils n'aient pas tous compris ?! « Néanmoins son cas est atypique : pas la moindre trace de morsure et elle était, quelques jours plus tôt, une humaine tout ce qui il y a de plus normal. » Un élément stabilisant ?
J'attaquais le sujet facheux.
« Alors, d'après vous, Cathie est bel et bien un vampire ? Ça se tient. » dis-je difficilement. « On ne peut pas la soigner. » Je marqua une pause pour avaler mes propres réflexions. A ce moment là, j'avais besoin de réconfort et c'est sans aucun doute pour cela que je continua :
« Nous en reparlerons plus tard, pouvons-nous commencer, je vous en prie ? »
Elle acquiesça.
Je m'approcha, enleva mon haut, pris un tabouret que j'avais préparé et me posa devant elle pour simplifier sa tâche. Avant qu'elle ne commence, je saisis sa main et la posa sur la morsure, dans un geste purement égoïste. J'en avais besoin. Pourquoi ? Je ne le savais pas.
Elle commença à m'enlever les bandages et, quand elle eut commencé les soins, je profita de sa concentration pour réfléchir, moi aussi. Ce n'était finalement pas grave que Cathie soit une vampire, l'important n'était-il pas plutôt les moments passé ensemble ? J'avais juste peur, peur qu'elle ne soit pas fragile et qu'elle n'eut plus besoin de moi sûrement.
J'entendis un grondement, je ne saurais dit s'il provenait de moi ou de mon invité mais il m'extirpa de mes pensées.
« Avez-vous mangé ? » Je n'entendis pas de réponse, la question était mal posé assurément.
« Après que vous ayez finit, que diriez-vous que nous allions à un restaurant ? Mon estomac semble crier famine. » Lui dis-je, souriant et cherchant son regard des yeux. Voilà une occasion de remercier ma bienfaitrice et de lui parler d'autres choses que de peintures. Je ne savais même pas si elle aimait réellement la peinture ou si elle désirait juste ne pas paraître impolie. De plus, un restaurant en bonne compagnie et un plat de nouilles, voilà ce qu'il me manquait !