| par Invité Sam 21 Déc - 21:42
| La journée avait commencé lentement. J'avais passé la nuit à traîner dans les rues de l'Aventura, marchant un peu sans but, juste pour le plaisir de sentir mes muscles répondre à toutes mes sollicitations. Je respirais paisiblement, je jetais de temps en temps un regard au ciel d'un noir d'encre, maculé de superbes tâches lumineuses. La lune semblait être la grande absence de la soirée, pourtant. Elle n'était plus qu'un fin croissant, brillant faiblement, presque éteint. Elle était pâle, mais je savais pourtant qu'elle pouvait annoncer toutes sortes de malheurs. J'avais croisé dans la rue un type que je haïssais, pourtant, et que je ne pensais plus jamais revoir. Giovanni Ballesteros. Un vampire. Vieux de 350 ans. Beau a mourir, et qui n'avait pas pris une ride. Beau à mourir, mais tellement sûr de lui et prétentieux qu'il se faisait haïr de meilleurs d'être nous. Il avait toujours ses éternels cheveux de jais, et ses yeux d'un noir plus sombre que les ténèbres mêmes. Ses traits lisses et sa peau, restée mate malgré sa transformation, n'avaient pas changés d'un millimètre depuis que je l'avais rencontré pour la première fois, il y avait un peu plus de cinquante de ça, en Italie, du côté de Milan. Il était occupé à dévaliser les plus grandes boutiques de fringues de la ville. Et pourtant, en tout ce temps, il n'avait absolument rien appris, ni de la vie, ni de la mort. Il portait toujours le même blouson de cuir noir, le même jean noir délavé, et les mêmes bottines de cuir méditerranéen. Il restait comme dans mon souvenir jusque dans les moindres détails, de son port de tête méprisant, jusqu'au bracelet de force qu'il portait au poignet gauche. Le temps avait patiné le cuir, et en avait usé la couleur. Mais à part ça, rien n'avait changé. Il portait toujours à la ceinture le même Colt 1911, dans l'identique fourreau. Je le connaissais assez pour comprendre qu'il n'hésitait jamais à s'en servir. Combien de vies avait-il bien pu voler par le canon de cette arme ? Beaucoup, comme tous les Agents De La Mort. Mais la seule chose que j'ignorais sur lui à ce moment là, c'était pourquoi il était ici. J'avais toujours été seule dans cette ville, et je n'aimais pas qu'il vienne ainsi marcher sur mes platebandes.
C'est pourtant lui qui prit la parole le premier, ce qui eu le don de m'agacer au plus haut point. Surtout que sa voix de velours enchanteresse mais secrètement venimeuse n'avait pas changée non plus. Je serais les poings, ce qui ne manqua pas d'afficher un petit rictus au coin de ses lèvres. Il avait les mains dans les poches, avec seules les pouces qui en sortaient, son air suffisant me donnant envie de lui écraser mon poing dans le nez:
-Kate Pierce... Je ne pensais pas te trouver ici !
Le ton froid et incisif sur lequel je lui répondis ne manqua pas d'effacer sur son visage toute trace de réjouissance:
-C'est sûr que pour un incompétent de ton acabit, ce n'était pas gagné d'avance. -Je vois que tu n'as pas perdu ton caractère froid, distant mais distingué. -Je constate que tu n'as pas perdu ton arrogance.
Il tira son révolver de son holster, et cette fois, c'est moi qui lui décocha un sourire satisfait qui lui donna presque envie de tirer. Il ne tremblait pas le moins du monde, et son expérience de tueur n'y était pas pour rien. Mais de mon côté, je ne ressentais pas la moindre trace de peur. J'avais croisé les bras sur ma poitrine avec nonchalance, et je ne le quittais pas du regard une seconde. Alors que le silence s'éternisait, je le brisais sans pitié, et sans douceur:
-L'argent ne me tuera pas.( Le coup partit. Et un éclat de rire sardonique s'échappa de ma gorge. Il était à trois mètres de moi et.. Il m'avait ratée !) Sans oublié que tu tires toujours aussi mal.
Blessé dans son amour propre, humilié, il serra les dents et me jeta à la figure et avec toute la haine qu'il avait en lui:
-Je savais que j'aurais dû te tuer à la seconde où ton regard a croisé le mien. La Famille Maudite... ]( Il s'était mis à trembler de fureur, et ça me donnait encore plus envie de rire de le voir aussi facilement perdre le contrôle de ses émotions, alors que je restais aussi impassible qu'un mur de pierres.) J'aurais du te tuer avec les tiens ! Alors que j'ai écouté avec tant de satisfaction les cris d'agonie de ton père et de ta mère... Et les supplications de ta sœur...
Cette fois, ses paroles m'atteignirent de plein fouet, comme s'il m'avait giflée avec toute la force qu'il avait en lui, jusqu'à me détacher la tête du cou. Sauf que j'avais toujours été plus rapide que lui, et la haine sans borne qui m'avait envahie me donnait des ailes. J'avais toujours cru que c'étaient les lycans qui avaient tué les miens. Mais il savait faire preuve d'au moins autant de cruauté qu'eux, et qu'il soit le coupable que je recherchais depuis tant d'années ne m'étonnait pas. E à présent, je n'avais plus qu'une envie, qui tournait et retournait dans ma tête telle une ritournelle insoutenable: me venger. Je tirais de sous ma veste mon arme, et je vidais sur lui mon chargeur, en pleine poitrine. Tous les projectiles l'atteignirent en plein cœur, et il tomba à genoux dans la ruelle noire, totalement incrédule ( mon apparente passivité l'avait dupé). Les Agents s'étaient servis de moi pour maquiller leur propre crime, en espérant lâchement que jamais je n'aurais vent de la vérité. Me jetant sur lui, je lui arrachais la tête sans me poser de questions, dans un flot de sang d'un rouge presque noir, comme son âme. Les vêtements maculés de pourpre, soulagée d'un immense fardeau, je rentrais alors chez moi, ignorant les regards pétrifiés des gens. La journée se passa ainsi, jusqu'à la nuit suivante.
J'avais alors décidé d'aller chasser, avant de me rendre à La Cage. Je devais aller faire l'ouverture, et j'avais besoin de danser pour évacuer toutes les révélations qui avaient si longtemps obscurci mon esprit, à tel point que je ne me rende même pas compte qu'on me manipulait depuis le depuis. Alors que j'avais toujours haïs les lycans, que j'en avais exterminé des centaines comme une machine implacable, je ne courrais pas après les bons coupables. Arrivant devant les lourdes portes de l'entrée du club, je tirais de la poche de ma veste gris un trousseau de clefs, et j'ouvris les battants. Des gens étaient déjà agglutinés devant, et les ouvreurs avaient du se mettre là avant l'heure pour retenir la foule. Ils bloquèrent l'accès le temps que j'allume toutes les lumières, les sonos, que je vérifie les table et le bar, et que je briff le personnel. Quand je donnais l'ordre de faire entrer les gens, c'est une foule composé de tous genres de gens qui glissa dans la salle. Lumière tamisé, musique électro, et danseurs habillés de rouge et de noir, tout était parfait. J'allais alors me changer, moi aussi, dans les vestiaires à côté de mon bureau. Je retirais ma veste en cuir, pour enfiler une brassière rouge et une veste en tissus noir, au-dessus d'un short noir lui aussi, et d'une paire de chaussures à talons aiguilles. Quand je revins dans la salle, je montais sur l'estrade et je suivis instinctivement la musique. Jusqu'à ce qu'une goutte de transpiration commence à perler sur ma tempe, et que je jette du haut du podium un œil à la porte d'entrée. Je vis alors une ravissante jeune femme passer le seuil, et mon cœur balança. Elle était sublime. Je ne l'avais jamais vue ici. Elle devait être nouvelle en ville. Mais elle semblait très sûre d'elle. Je sautais de la scène, et j'interpellais un serveur, lui montrant la jeune femme :
-Jake ! Offre tout ce qu'elle voudra à cette jeune femme. Si elle pose des questions, dis-lui simplement que c'est la gérante qui offre. Avec tact et délicatesse, évidemment. -Bien, madame !
Il fit alors demi tour, et je le vis disparaître dans la foule. Je me rapprochais alors du bar, je commandais une vodka à la barman et j'attendis. |
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