Une pensée dans un livre [Pv Amarra] [Terminé]

L'élémentaire observait toujours la jeune femme, plongée dans le chagrin - pendant que lui était encore en pleine incompréhension. Il songeait à ses visions de quelques instants plus tôt où il avait discerné une libraire agressive, et se disait que son cerveau vagabondait beaucoup trop. Que pouvait-il faire pour s'occuper d'elle maintenant ? Que pouvait-il faire pour soulager sa peine ? Alors que les larmes continuaient de couler, son sentiment d'impuissance augmentait. Mais dans l'obscurité on trouve toujours un phare pour nous illuminer, ainsi un sourire éclaira le visage de la jeune femme, dissipant par là-même les inquiétudes d'un être qui se sentait coupable, pour une raison qui encore lui échappait. À son sourire une phrase s'ajouta. "Une personne de confiance" disait-elle, ce n'était vrai que d'une certaine façon. Après tout il venait de lui servir un mensonge, de lui avouer que Calions se portait bien. Il s'en voulait de s'être laissé emporté dans sa curiosité et d'avoir questionné son interlocutrice. Son regard se perdit dans le vide pendant quelques secondes.

Soudain la main de la jeune libraire s'élança doucement vers ses cheveux, instinctivement il ne bougea pas. Pendant que son cuir chevelu sentait la douceur de sa paume, son regard ne lâchait pas celui qui se trouvait devant lui. Les deux paires d'iris ne se quittaient pas et on pouvait palper la densité de l'émotion présente dans la librairie. C'était de la nostalgie qu'on trouvait dans ces deux âmes. D'une part la nostalgie d'un être perdu, de l'autre celle d'un sentiment encore caché quelque part au fond de l'élémentaire : celui de l'amour. L'amour était une émotion profonde et elle manquait à son quotidien. Bien entendu, le temps allait faire les choses pour combler à ce manque, mais il fallait encore attendre un peu. La jeune femme s'adressa à lui une seconde fois.


Tout en se posant la question de ce qui allait se passer maintenant, il continuait de regarder d'un air absent autour de lui. Le mensonge n'était vraiment pas une chose qu'il aimait en fin de compte, ou plutôt était-il plus précis de dire que ce type de mensonge n'était pas ce qu'il aimait le plus. Après tout parfois c'était pour sa survie, qu'il se retrouvait à broder la vérité pour lui donner un autre visage. Il s'empara de sa cuillère et touilla pendant quelques petites secondes son thé. Dans le liquide qui désormais était froid, son reflet était plus trouble que jamais.

"Mais j'accepte votre proposition pour garder la boutique. J'avais justement du rangement à faire. En plus j'ai un autre travail donc un peu d'aide ne serait pas de refus. Bien entendu je vais vous payer car pour moi tout travail mérite salaire ! Enfin si ça vous intéresse de travailler ici bien entendu."

Il haussa le regard et cessa subitement de jouer avec le thé. Avait-il bien entendu ? Elle venait de lui proposer un emploi ? Dans un monde où l'injustice semblait s'enchaîner à toutes les chevilles de passage, une pince venait de surgir, pour le libérer d'une étreinte bien trop pesante. Il cherchait du travail, de façon angoissée et désespérée, pour s'évader de sa solitude et de son quotidien bien trop lugubre, et voilà qu'il lui tombait dans les mains. Qui plus est, dans la première boutique visitée et dans un monde - celui de la lecture - qu'il adorait par dessus tout. Il frissonna pendant une brève seconde et balbutia doucement, avant de reprendre contenance.


Son regard virevoltait vivement d'un coin à l'autre de la pièce, en quête de tâches à accomplir pour satisfaire sa donneuse d'emploi. Il la remercia ; l'aida à débarrasser la table ; la remercia encore cinq fois, puis s'orienta en fonction des besoins et directives de la libraire. Il comptait bien faire de son mieux pour l'aider. Se retrouvant assistant dans la belle librairie du Chat Noir, l'élémentaire allait faire de nombreuses découvertes grâce à la lecture, les conversations avec les clients et le quotidien avec Amarra.

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