| par Invité Mar 27 Sep - 17:42
| La situation était quelque peu amusante pour la jeune femme, à tour de rôle l’un ou l’autre se plongeait dans ses réflexions et elle ne se connaissait pas cette curiosité qu’elle avait ressenti déjà à plusieurs moments. Elle voyait bien qu’il en fallait beaucoup pour troubler ou vexer Nathaniel, car il n’avait pas mal pris cet écart de conduite qu’elle avait eu plus tôt, mais elle ne pouvait s’empêcher de se donner une tape mentalement. Cela ne se faisait pas de se montrer si familière avec quelqu’un que l’on connaissait à peine.
* Mais après tout, Il me l’a dit plus d’une fois, je vis dans un autre monde, je suis dépassée et vieux jeu. Se peut-il qu’il ait eu raison à ce point ? *
Il l’invita à poser ses questions et elle sourit et hocha lentement la tête, elle n’avait pas besoin de mimer un air gêné, car elle était gênée. Ce n’était pas de sa réaction qu’elle avait peur, elle avait honte de son comportement vis-à-vis de cet homme envers lequel elle s’endettait de plus en plus. Sans prévenir, il se dirigea vers un pan de mur et regarda par un trou. Tanya fronça les sourcils et vint se placer juste derrière lui pour estimer les dommages, à croire qu’à chaque fois qu’elle pensait que le dernier pépin était arrangé, qu’il en survenait un autre qui s’avérait plus embarrassant encore. Elle le vit invoquer un autre phœnix et le regarda faire, un air perplexe flottait maintenant sur le visage de la jeune femme, qui se pencha un peu plus en avant. Elle était émerveillée par l’apparition faite de flammes, angoissée à l’idée que le local ne flambe, intriguée à pourquoi il avait convoqué cet animal mythique. Elle sursauta en entendant le petit cri, elle ignora tant qu’elle put le pincement au cœur, même si elle adorait les petites bêtes il fallait être réaliste, des animaux nuisibles n’allaient pas l’aider à rendre les Sources populaires. La dernière chose qu’elle souhaitait c’était d’être fermée par une inspection qui tomberait nez à nez avec un de ces rongeurs, aussi mignon ou craquant fut-il.
Elle se redressa en même temps que lui, car elle en était venue à regarder par-dessus son épaule, elle avait failli s’appuyer sur son épaule lorsqu’elle avait vu le phœnix s’engouffrer dans le trou, mais bien heureusement elle s’était rendue compte à temps de l’erreur qu’elle avait failli commettre. Consciencieuse, elle se balaya, retirant par cette occasion des fibres visibles d’elle seule. Elle sourit distraitement lorsqu’il reprit la parole, honteuse de ce travail bâclé derrière lequel il passait. Et il lui laissait à nouveau l’occasion de poser ses questions, son sourire se fit plus franc alors qu’elle inscrivait de nouveau une phrase sur l’ardoise.
« Si le travail n’est pas fini demain soir, ce ne sera pas bien grave. Faites une liste de tout ce que vous aurez besoin et je vous ferai apporter le matériel. Ou achetez-le vous-même et je vous rembourserai le tout. »
Elle lui tendit l’ardoise, ramassa la veste de son invité et se dirigea vers la porte. Elle avait déjà la bonne clef en main, maintenant qu’elle avait repérée laquelle c’était. Elle ne pouvait convier quelqu’un à la suivre, ni expliquer à ses invités qu’elle leur faisait faire un tour de la propriété, ni même leur proposer un café spontanément. C’était ce genre de petites choses qui la frustraient le plus avec son mutisme. Mais elle avait toujours fait avec et avait appris à ne pas avoir honte. C’était sûrement pour cela que des amis, elle n’en avait pas beaucoup, peu nombreux étaient les personnes ayant la patience pour accepter de dialoguer avec une muette. Et moins nombreux encore étaient les gens qui, même s’ils surpassaient ce handicap, acceptaient d’apprendre à la connaître assez pour savoir que quand elle se dirigeait vers un lieu, c’était pour les inviter à la suivre. Elle savait que Nathaniel ne resterait pas en arrière, la bouche bée, comme un mongole. L’air de se dire qu’elle allait l’enfermer. C’était précisément ce que lui avaient fait ses trois ouvriers la première fois, elle avait su dès cet instant qu’elle ne les apprécierait que moyennement, voire, pas du tout. Comme quoi. Le visage souriant d’une hôtesse, elle tendit la main vers l’extérieur, l’invitant, même s’il avait compris, à sortir de ce petit local qui n’était que très peu propice à une conversation. Elle attrapa l’ardoise en passant, car il était aussi assez intelligent pour le lui rendre et y inscrivit encore un autre court paragraphe :
« Mes questions n’étaient en réalité qu’une preuve que les femmes sont et resteront toujours des êtres pleins de curiosité. Mais peut-être qu’un café vous dirais plus qu’un interrogatoire ? Ou encore voulez-vous voir le reste de la propriété ? Je m’en veux de vous avoir fait venir uniquement pour m’aider. »
Certes, il allait être payé et donc dédommagé. Les bons comptes font les bons amis. Mais elle ne pouvait s’empêcher de se trouver égoïste et préférait lui faire passer un bon moment que de lui imposer toujours plus de travail. Elle jeta un petit coup d’œil vers lui pour voir si une des deux propositions l’enchantait, si oui, laquelle. Elle espérait qu’il ne pensait pas que l’invitation à voir les lieux était calculé, après tout il venait pour voir un local dont il devait s’occuper le lendemain, il était donc peut-être normal qu’il prenne sa proposition pour un surplus de travail ce qui n’était pas le cas du tout. Et elle se sentait toujours redevable, quelque chose en elle lui disait qu’il n’accepterait pas plus d’argent qu’il ne réclamerait, alors elle songeait à tout moyen lui permettait de se racheter auprès de lui.
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