Avventura
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Message par Invité Jeu 6 Aoû - 16:18

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Les premiers rayons de soleil faisaient leurs apparitions alors que je me réveillais difficilement d'un sommeil de plomb. Une fois les yeux ouverts, je me leva comme à mon habitude en m'asseyant du côté droit de mon lit. J'eus un petit sourire triste, comme toujours. Ce miroir me rappelait brutalement toutes mes peines et mes soucis. Pourquoi ne l'ai-je pas encore enlevé ?
Je secoua légèrement la tête et tituba jusqu'à la salle de bain. Une fois déshabillé, je rentra dans la douche. Il est temps de faire le point. Que vais-je donc faire aujourd'hui ?
J'avais demandé un rendez-vous auprès du Cercle pour un recrutement mais, évidemment, c'était trop simple et j'avais oublié ce fugace détail, mâtin oblige. Je me consacrais donc mentalement une journée dans mon atelier, espérant l'irruption de quelques clients. Satisfait, je me dirigea à ma chambre pour choisir mes habits du jour. La logique voudrait que j'enfile directement ma tenue de travail mais j'en avais pas envie. Après tout, à quoi sert la logique ? J'aimais ce costume bleu.
Ainsi, je me dirigea dans ma cuisine, préparant café et œufs. Sur la table résidait ma lettre pour Cathie, si je l'avais lut, j'aurais put y lire « Demain, je vais au Cercle ». Sur le frigidaire, un post-it jaune contrastait et y était marqué « Cercle ». En lisant ce mot, je chercha vaguement du regard une chose circulaire que j'aurais oubliée. Quand ça ne veux pas ...
Une fois les œufs finit et le café avalé, je me perdis dans la mare de mon café. « Le rendez-vous au Cercle ! »
Je me prépara le plus rapidement possible, enfilant mes gants et attrapant les clés. Je partis au quart de tour pour ma voiture. On m'avait demandé pour 9:00 et il était déjà 8:30.
Une fois au bâtiment du Cercle, je ne put m'empêcher d'admirer ce superbe édifice qui s'étendait devant moi. Les courbes sont simples mais le tout majestueux, c'est typiquement le genre de tableau que je … Il ne faut pas que je perde du temps ! Ainsi, je me précipita légèrement à l'accueil, paperasse à la main.
« Bien le bonjour. Tomhas Paliakov, j'ai un rendez-vous à 9 heures. Je pense être légèrement en retard. »
La personne de l'accueil, visiblement peu pressé, se décala légèrement pour voir l'horloge derrière moi. Elle revint ensuite sur sa position initiale.
« Il est 8 heures 40, monsieur. »
Je rougis instantanément. J'avais peut-être pris trop de raccourcis, finalement.
« Attendez deux secondes... »
Elle feuilleta rapidement son carnet.
« Tomhas Paliakov, demande pour rejoindre les forces du Cercle, 9 heures. Vous prenez ce couloir, continuez sur quinze mètres puis prenez à gauche, c'est la première porte. »
Je la remercia et me dirigea vers la salle.
8:43, j'étais encore en avance. Je me prépara légèrement, anxieux je l'avoue. Je vérifia qu'aucuns plis ne viennent gâche ma tenue et remis impeccablement ma manche droite, gênée par la plaque. Un homme portant une tenue semblable à la mienne m'accosta rapidement.
« Ah, vous êtes le nouveau ? Très bien, cette pile de document doit arriver le plus rapidement possible à la compta'. Tu repasse devant l’accueil, atteint le bout du couloir, monte les escaliers et c'est la troisième porte sur ta droite. Allez vite, c'est important ! »
Puis il disparut aussi rapidement qu'il était arrivé. J'avais à peine eu le temps de placer un « hum » « non ce n'est ... » qu'il n'avait bien évidemment pas entendu et je me retrouvais ainsi les bras chargés de documents. Que devais-je faire ? Je ne pouvais pas les laisser là, c'était trop risqué. Les emmener à l'accueil ? Il avait dit que c'était important. De toutes façons j'avais encore assez de temps pour un rapide aller-retour.
C'est ainsi que je m'aventura et déposa les documents sur la table de la salle demandé. Étonnamment, personne ne semblait attendre ces papiers. Je vérifia l'enseigne sur la porte et me rendit à mon rendez-vous, les bras ballants.
8:57. Parfait. J'avais le temps de défaire les quelques plis dont cette aventura m'avait gratifié. En passant ma main droite, je remarqua un léger détail.
« Où sont mes documents ?! Bordel de m... »
Je partis au trot en quête des documents, oubliés à la compta'.
9:06 J'étais de nouveau devant la porte, ébouriffé et quelques majestueux plis ornaient ma tenue. Je toqua, réajusta mes lunettes puis prit la parole au travers de la porte.
« Tomhas Paliakov, j'ai un rendez-vous, excusez mon retard. »
J'avoue que j'étais légèrement plus qu'anxieux.

Message par Invité Ven 7 Aoû - 18:49

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Des gestes lents et devenus méthodiques avec le temps. La caresse furtive d’un drap que l’on repousse avec regret, l’agacement passager que l’on ressent tandis qu’une mèche se loge au mauvais endroit près de son oreille, la sensation de bien-être au contact de l’eau chaude sur sa peau moite en raison de la chaleur qui régnait dans la chambre où elle passait la nuit. Toutes ses nuits. Ce n’était pas la présence d’un homme à ses côtés qui avait fait perler quelques gouttes de sueur ci et là sur sa peau, collant parfois les mèches de sa frange sur le front de la lightness. Elle n’en avait pas besoin. La canicule avait atteint son apogée le mois dernier mais Août s’annonçait tout aussi ardent. De nouveau, le tissu vint caresser sa peau, à présent délivrée de toute trace d’humidité quelconque. Pour combien de temps ? Alias boutonna lentement son chemisier blanc. L’habitude prenait le pas sur la lassitude d’avoir à effectuer ces gestes quotidiens. Un pantalon saumon surmontant ses pieds fins bien calés dans leurs ballerines noires accompagnait le tout.

A peine eut-elle ouvert la porte de ses appartements que la jeune femme fut assaillie de couleurs. Ses yeux avaient beau ne plus voir, elle ressentait les présences pressées autour d’elle. Comme des particules de poussières colorées livrées à la force du vent, Alias visualisait les auras des êtres qui l’entourait. Certaines étaient familières, d’autres non. Elle ne s’en formalisa pas. Sans une hésitation, elle tourna à gauche pour atteindre au plus vite le grand escalier qui menait au rez-de-chaussée. Il lui aurait été plus facile de prendre l’ascenseur, situé à l’opposé. Tout comme ses yeux clos alarmèrent les quelques affairés autour dans son sillage, on ne tarda pas à lui proposer de l’aide – dépourvue de mauvaises intentions cela allait de soi – au moment d’entreprendre cette périlleuse descente. Au lieu de quoi, la lightness répondit par un doux sourire :

« Merci de votre sollicitude mais je m’en sortirai. »

Ignorant le sursaut d’inquiétude qui enfla dans l’esprit de son interlocuteur dévoué, la jeune femme posa un pied sur la première marche, bientôt suivi d’un autre. L’arrogance d’avoir défié la cage métallique pendant toutes ces années portait ses fruits. Les escaliers n’avaient plus de secret pour elle. Loin d’être prise de vertige ou d’apercevoir comment les marches s’usaient par endroit au fil du temps, Alias se contentait de sentir la pierre sous ses pieds. Ferme et solide. Tout comme sa propre détermination à servir les intérêts de cette organisation qui était devenue sa maison. A cette heure de la journée, la chaleur n’avait pas encore envahi les rues. Les rayons du soleil caressaient son visage, sans se révéler dérangeants. Puisque c’était l’unique moment de la journée où elle pourrait profiter de l’extérieur, la lightness avait pris la décision de prendre son petit-déjeuner en terrasse. Les restaurants et les bars étaient nombreux aux alentours seulement son choix se porta sur une boulangerie ayant aménagé une petite terrasse pour ses clients. Le dos de la chaise n’était pas très confortable mais elle ne s’en formalisa pas. Alias remercia poliment le serveur pour le café, le verre de jus d’oranges pressées ainsi que la viennoiserie du jour selon l’envie du chef. La formule petit-déjeuner était de loin, plus économique pour elle.

Et elle resta là. Silencieuse et presque immobile si on excluait sa poitrine qui se soulevait à un rythme régulier. Etant ignorant de son handicap, un simple passant aurait pu croire que la jeune femme se contentait de prendre le soleil, les yeux clos, paressant volontiers sous les rayons de l’astre solaire. Il n’en était rien. Alias ne dormait pas. Pas plus qu’elle espionnait les gens à leur insu. Elle laissa les boules colorées envahir son champ de vision particulier, sans pour autant s’attarder sur chacune d’entre elles. Trop utiliser son don ne serait pas sans conséquences pour elle, la lightness le gardait à l’esprit. Quelque part, trois coups résonnèrent. La jeune femme en déduisit qu’il était non plus 8h et quelques minutes lorsqu’elle venait de quitter l’imposant bâtiment du Cercle, mais bel et bien 8h45 à présent. Elle paya ses consommations, non sans laisser un pourboire pour le serveur et revint sur ses pas. 5min étaient plus que suffisantes pour la conduire au bureau où elle avait rendez-vous ce matin. Mais la voix de la chargée d’accueil l’interpella à son arrivée :

« Madame, votre rendez-vous est arrivé. En avance. » conclut-elle sur une note un peu sèche.

Visiblement, l’affaire n’était pas pour lui plaire mais Alias la remercia sans relever. Le temps n’était plus vraiment sa préoccupation et si cet homme était véritablement en avance, elle percevait de bonnes choses se profiler. Le retard avait toujours été perçu de manière négative, tant par ses expériences passées, que du point de vue de son entourage. Alors un discret sourire amusé étira les lèvres de la lightness en constatant que le pauvre homme, en ayant voulu bien faire, venait de s’attirer les foudres de la secrétaire. En dépassant un bureau parmi tant d’autres, Alias sentit plus qu’elle ne vit un individu s’agiter. Un retardataire cette fois ? L’autre bougeait les bras dans tous les sens, jurant quelques fois. En d’autres circonstances, la jeune femme se serait arrêtée pour lui demander ce qu’il semblait chercher avec tant de hâte mais elle pressa plutôt le pas… Pour découvrir une salle vide qui l’attendait sagement. Perplexe, la lightness fronça légèrement les sourcils avant de jeter un coup d’œil à droite, puis à gauche de la porte, espérant ainsi repérer la silhouette de la personne qui aurait normalement dû se trouver dans ce bureau, à attendre son arrivée. Elle n’était pas en retard et l’autre était en avance d’après les informations de Sara. Alors quoi ? Se seraient-ils manqués par le plus malheureux des hasards ? La Recruteuse ne pouvait pas y croire, aussi s’assit-elle tranquillement sur la chaise derrière le bureau, faisant ainsi face à la porte d’entrée. Le décor qui l’entourait ne lui était pas familier. Pour une obscure raison, on ne lui avait pas attribué son bureau personnel pour cette entrevue. Le lieu importait peu, contrairement aux motivations des candidats aussi Alias n’avait pas protesté sur le moment mais…

La porte pivota sur elle-même, la tirant dans le même temps de ses pensées. Aussitôt, elle darda ses yeux clos en direction du nouveau venu. Son don s’activa avant même qu’elle n’ait eu à formuler le moindre désir dans son esprit. Les boules de couleur se multiplièrent dans sa tête alors que la vie du dénommé Tomhas défilait sous ses paupières closes. Un éclat sanglant. Puis bleu et jaune. Des sons saccadés et métalliques. Un manuel ? Non c’était plus précis que cela. Alias s’était levée en entendant la porte se refermer doucement sur l’homme et secoua faiblement la tête lorsque les excuses de ce dernier lui parvinrent.

« Ne vous en faites pas. Permettez-moi de me présenter : je me nomme Alias Oméga et c’est effectivement avec moi que vous avez rendez-vous. » acheva-t-elle sur un ton plus léger.

Lequel ne tarda pas à se faire plus malicieux encore lorsqu’elle entendit son interlocuteur prendre place devant elle après avoir serré sa main et que la jeune femme ne lui ait désigné le second siège présent dans la pièce.

« Pour quelqu’un qui est en avance, votre arrivée est assez paradoxale vous savez ? Peut-être vous êtes-vous perdu dans ce dédale de couloirs ? »

Cela lui apparut soudain comme une évidence. Non, cet homme ne s’était pas perdu. Sa présence avait quelque chose de familière. Comment cela était-il possible alors qu’ils venaient tout juste de se rencontrer ? Un souvenir du passé ? Non plus. Ou bien si, mais provenant d’un passé des plus proches…

« Pardonnez mon indiscrétion Tomhas – vous permettez que je vous appelle Tomhas ? – mais que faisiez-vous dans ce bureau tout à l’heure ? »

Loin d’être inquisiteur ou vaguement menaçant, Alias interrogeait calmement. Sans aprioris. Pour le moment du moins. Après tout, son interlocuteur ne paraissait pas travailler pour le Cercle. Sinon cet entretient n’avait plus aucune raison d’être. Sa curiosité l’emporta sur la méfiance qu’elle aurait certainement dû éprouver vis-à-vis  de cet homme.

Message par Invité Ven 7 Aoû - 21:07

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La pièce était tout ce qu'il y avait de plus normal : des étagères avec quelques livres, un bureau munis de deux chaises et un siège. Le tout était impersonnel mais pas gênant comme mon salon :  il manquait juste de photos, de posters de vacances, de calendrier ou tout autre ornement. C'est comme si mon interlocuteur voulait donner le moindre d'informations possible sur sa personnalité. Il y avait cette impression de photographie qu'on nous montre quand on achète une nouvelle maison : spacieux, clair, élégant mais impersonnel.
Elle reprit la parole.
« Ne vous en faites pas. Permettez-moi de me présenter : je me nomme Alias Oméga et c’est effectivement avec moi que vous avez rendez-vous. »
Elle me tendit la main que je serra en glissant doucement un « Enchanté ». Elle m'invita à m'asseoir et je m'exécuta.
Alias Oméga ? Ce n'est pas un nom commun. Elle est peut-être grecque. C'est loin. Dit « Paliakov ». Cette pensée me fit rire intérieurement. Au moins, je ne m'étais pas trompé de salle sur le retour. Avec beaucoup de retard, je remarqua un détail. En effet, je passais plus de temps dans mes pensées et à regarder la salle pour discerner la moindre information que je n'avais pas vu le plus flagrant : mon interlocuteur avait perpétuellement les yeux clos. Cela explique sûrement le manque de décoration dans ce bureau.
« Pour quelqu’un qui est en avance, votre arrivée est assez paradoxale vous savez ? »
Je rougis instantanément. J'espérais qu'elle n'apprenne pas mon arrivée prompte.
« Peut-être vous êtes-vous perdu dans ce dédale de couloirs ? »
Je passais ma main droite dans ma nuque en balbutiant un « Mhm » et en détournant le regard.
« Pas exactement » dis-je finalement.
« Pardonnez mon indiscrétion Tomhas – vous permettez que je vous appelle Tomhas ? – mais que faisiez-vous dans ce bureau tout à l’heure ? »
« A vrai dire, j'étais arrivé ici en avance mais un de vos collègues, pour je-ne-sais quelle raison, à dut me prendre pour un stagiaire et m'a demandé de transporter des documents. »
Je grattais ma joue avec mon index droit tout en fixant le coin supérieur gauche de la salle.
« Cela m'a prit un certain temps puis je me suis rendu compte que j'avais oublié... » Était-il utile que je parle des documents d'embauches ? A vrai dire, cela ne lui servirait probablement et il aurait été indélicat de lui dire que c'est pour ses documents, qu'elle ne pouvait probablement pas lire, que j'étais ici. « … quelque chose où j'ai déposé la pile. » lançais-je après une seconde.
Elle semblait sceptique et je lui accorda un sourire gêné pour lui faire comprendre que c'était sans importance.
« Je suppose qu'il serait appréciable que je me présente convenablement pour commencer. »
Je marqua une pause. Ce n'était pas que j'avais l'habitude des entretiens d'embauches mais cela me rappelait les rencontres. C'était toujours les même thèmes qui revenait mais je ne savais si c'était plus par conventions pour par réels intérêts.
« Donc, Tomhas Paliakov, récemment arrivé à Avventura. J'ai rencontré deux de vos collègues déjà. Les agents Varko et Vangelis. » En les présentant ainsi, je remarqua les consonances et rigola une nouvelle fois intérieurement. « Je travail actuellement comme « mécanicien » à mon propre compte. Pour ne rien caché, c'est plus un hobbies qu'un réel travail à mes yeux. C'est mon art. »
Je remarqua que je commençais à divaguer.
« En rejoignant le Cercle, j'espère aider les citoyens de cette ville. Je sais que ça ne fait pas longtemps que je suis ici mais je pense que c'est bien ici qu'est ma place. C'est probablement stupide dit ainsi, mais c'est un de ces moments où les mots ne suffisent plus, vous savez. Quoi qu'il en soit, j'ai déjà eu quelques soucis avec des rebelles et l'un de vos agents m'a sauvé, cela a renforcé ma conviction à devenir l'un des vôtres et, à mon tour, aider. »
J'étais sans doute un peu trop sérieux.
« Vous savez, j'ai des ambitions, c'est possible qu'un jour ce soit moi qui soit de l'autre côté d'un bureau. » lui déclarais-je amusé.
Pour le moment, cela ressemblait à l'idée que je me faisais d'un entretien, avec moins de prise de notes et de contacts visuels. Cela ne me gênait pas à vrai dire : il était bon d'enlever le stress associé aux regards pesants sur nous. Toujours à nous scruter, à nous examiner, à nous juger.
Je me ressaisis. Il n'était pas temps pour penser à ce genre de choses.
Et maintenant, qu'allait-il se passer ? Mes habitudes auraient voulu que je boive doucement un café mais quelque chose me disait que ce n'est pas exactement la réaction attendu.

Message par Invité Sam 8 Aoû - 16:12

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Telle une statue, la lightness ne bougeait pas. Son corps n’était ni tendu, ni assoupi, simplement en attente. De quoi exactement ? Il n’aurait pu le dire, elle oui. Alias avait posé la première question qui lui avait traversé l’esprit après qu’elle ait fait le rapprochement entre l’individu agité brièvement croisé au détour d’un couloir et l’homme qui se trouvait à présent en face d’elle. Elle ne le jugeait pas, pas encore. Mais la jeune femme espérait secrètement qu’il ne chercherait pas non plus à se dérober. Le début de la réponse de son interlocuteur l’amusa sincèrement. Passée la surprise légitime qu’elle ressentit en apprenant la confusion de l’un de ses collègues envers le nouveau venu, un discret sourire étira les lèvres de la Recruteuse. Elle ne sut pas si Tomhas s’en formalisa, ne pouvant pas détailler l’expression de ce dernier à ce moment précis, comme aucun autre en fait. Toutefois son interlocuteur ne se démonta pas pour autant et poursuivit sur sa lancée. Elle nota qu’il était bavard… Son hésitation ne passa pas inaperçue. Ainsi, il prétendait avoir oublié quelque chose avec cette fameuse pile de documents, ce qui expliquait son entrain – pour ne pas dire, son agitation – à la retrouver avant l’heure de son rendez-vous ? Oui, cela tenait la route, le lightness pouvait le lui accorder volontiers.

« Je vois. » déclara-t-elle le plus simplement du monde.

Malgré les années pendant lesquelles elle avait assumé sa fonction de guide auprès des hommes et des femmes désireux d’aider l’organisation en faveur de la paix, Alias fut prise de naïveté en pensant reprendre la main sur la conversation pour poser de nouvelles questions. L’homme avait repris la parole et ne paraissait plus capable de s’arrêter ! Néanmoins, la lightness ne jugea pas nécessaire de l’interrompre. Elle ne souhaitait pas se montrer impolie envers lui en le coupant pour affirmer qu’elle savait déjà tout cela. L’autre ne connaissait pas son don et elle ne pouvait pas l’en blâmer. Restait à savoir si ce besoin de parler témoignait simplement de sa volonté de rejoindre le Cercle ou alors de la nécessité de cacher autre chose, comme de plus sombres intentions. Alias savait à quel point elle se révélait vulnérable pour quiconque comprenait qu’elle était aveugle. Aussi, si son interlocuteur avait voulu prendre le dessus, il l’aurait sans doute déjà fait. Et elle ne ressentait rien de foncièrement mauvais émaner de sa personne. Les agents Varko et Vangelis ? La jeune femme connaissait la seconde de nom parce qu’elle occupait, tout comme elle à moindre niveau cependant, un poste important. Elle regretta de ne pas connaître le dénommé Varko. Elle avait cru ressentir un élan bestial dans la vie de son interlocuteur mais elle ne pouvait le lui attribuer si facilement. D’après ce qu’elle savait et admettait, Calypso Vangelis était une lycanne. Cet élan pouvait très bien provenir d’elle. Un détail attira son attention :

« Mécanicien ? »

Une intonation légèrement surprise accompagnait le timbre de sa voix même si cela ne se reflétait pas sur les traits de son visage. Consciente que sa question rhétorique ne pouvait pas être laissée sans suite de sa part, elle reprit alors, comme pour s’expliquer :

« Pardonnez-moi, je savais que vous étiez habile de vos mains mais j’ai cru que vous étiez plutôt un…inventeur ? »

Sa propre hésitation lui déplut. Elle ne savait pas quel avis son interlocuteur avait sur cette profession, tantôt appréciée, tantôt dénigrée en fonction de son caractère précaire. Mais Alias le trouvait joli, elle. Ou du moins, elle le préférait largement à celui de « bricoleur ». Sans doute que « mécanicien » était un bon compromis aux yeux de l’homme assis devant elle. La lightness l’écouta poursuivre en silence. Des ambitions ? Elle le ressentait également. Même si ce n’était pas le terme qu’elle emploierait pour qualifier son interlocuteur à cet instant. La Recruteuse ne saisit pas sa blague en guise de conclusion, si blague il y avait vraiment de sa part. Elle demeura songeuse, analysant ce qui lui avait été communiqué de bon cœur, comparant avec les informations qu’elle avait de Tomhas.

« Que pensez-vous de ceux que l’on qualifie de rebelles Tomhas ? » demanda-t-elle soudain.

Oui, elle était curieuse de connaître son avis sur le sujet. Après tout, on pouvait être sauvé de ces derniers mais désapprouver les méthodes ou la prise de position du Cercle. De la part d’une aveugle, c’était étrange d’entendre que rien n’était ni tout blanc, ni tout noir dans ce monde, et pourtant… Alias en était intimement convaincue. Chaque être avait sa part d’ombres. Tout comme chacun avait la liberté d’en tirer profit ou au contraire, de la dénigrer. La lightness était là pour jouer le rôle de l’arbitre en ce sens.

« Vous avez dit plus tôt que vous aviez oublié quelque chose avec cette pile de documents. Je le pense aussi. Est-ce que Cathie vous manque ? Une relation à distance n’a rien de facile. Pensez-vous pouvoir vivre ici, loin d’elle et constamment en danger par la faute de vos idéaux ? »

Sensiblement, la jeune femme sentit un changement dans l’air. Le parfum de la tension venait parcourir la peau de ses bras nus, faisant frémir ces derniers. Son interlocuteur n’avait à aucun moment mentionné sa concubine. Quoi de plus normal de se méfier d’elle désormais ? Alias décida de prendre les devants auprès de l’homme.

« Je suis peut-être aveugle Tomhas mais je sais tout de votre vie jusqu’à présent au moment où vous avez franchi cette porte. Croyez-le ou non, cela vous regarde. Je veux comprendre ce que vous motive autant. Le besoin de protéger n’est pas inné en chaque être vivant. L’est-il chez vous ? »

Lentement, sa tête se redressa un peu. Jusqu’alors, si on lui avait prêté la capacité de voir à travers ses yeux, l’inclinaison de sa tête laissait penser que son regard se contentait de détailler le torse de Tomhas. A présent, leurs regards se faisaient face. L’un aux yeux grands ouverts, l’autre aux paupières closes. Et contre toutes attentes, ce n’était pas forcément le premier qui avait la connaissance.

Message par Invité Dim 9 Aoû - 0:15

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« Que pensez-vous de ceux que l’on qualifie de rebelles Tomhas ? »
Question intéressante, je pris un instant pour y réfléchir.
« Je vous avouerais sincèrement qu'initialement, je ne les voyait que d'un œil distant et me disait qu'ils pouvaient être des terroristes comme des justiciers persécutés mais, suite aux récents événements, je me suis fait mon propre avis et j'en suis arrivé à la conclusion qu'ils n'étaient que de pauvres âmes égarées, aveuglés par leurs envie ou par leurs peurs. J'ai vu vos « méthodes » néanmoins. Je dois bien dire que ce n'est pas ainsi que je compte procéder. Je préférerais les remettre sur la bonne voie. »
J'avais bien ma ligne de conduite et mes limites en tête mais cela ne répondait pas à la question, il fallait que j'évite de répondre à côté, ce serait gênant pour nous deux. Elle continua.
« Vous avez dit plus tôt que vous aviez oublié quelque chose avec cette pile de documents. Je le pense aussi. »  Que voulait-elle dire ?
« Est-ce que Cathie vous manque ? » Que vient-elle de dire ?!
« Une relation à distance n’a rien de facile. Pensez-vous pouvoir vivre ici, loin d’elle et constamment en danger par la faute de vos idéaux ? »
Comment savait-elle tout ça ? Pourquoi restait-elle si calme face à cette attaque ? Je ne comprenais plus rien à ce qu'il se passait. Elle continua encore.
« Je suis peut-être aveugle Tomhas mais je sais tout de votre vie jusqu’à présent au moment où vous avez franchi cette porte. Croyez-le ou non, cela vous regarde. Je veux comprendre ce que vous motive autant. Le besoin de protéger n’est pas inné en chaque être vivant. L’est-il chez vous ? »
Encore des questions, comme si tout ceci était normal. Foutaises ! Réfléchissons, il doit bien y avoir une explication. Après tout, elle avait très bien se renseigner auprès de ses agents. Oui, c'était très certainement cela. Où voulait-elle en venir ?
Elle releva sa tête et son regard vint lentement se loger dans le mien. Je pouvais admettre qu'elle me savait habile : elle m'avait serrée la main, après tout. Mais comment aurait-elle put savoir ma taille ? C'était stupide mais cette simple action me fit retrouver ma sérénité. Elle ne me voulait pas de mal, je le savais. Elle avait donc un pouvoir permettant de voir le passé des personnes ?
Je me leva promptement et, avec mes deux mains, saisit l'une des ses mains tout en déclarant, de manière trop enthousiaste.
« Magnifique ! Votre pouvoir permet de voir toute la vie d'une personne ? C'est certes un beau pouvoir mais ce qui est splendide c'est le fait que vous soyez capable de les supporter, de les voir et de ne pas y succomber. C'est incroyable ! »
Je me rendis compte de mon exaltation et me rassit, présentant un bref « désolé » tout en rougissant. Je voulais en savoir plus, tellement plus. Cette femme était devenue le centre de mes envies. Tant à apprendre, à comprendre.
Pour l'heure, il fallait que je me tempère. Je toussa et reprit une voix calme.
« Il serait inutile de vous mentir, n'est-ce pas ? Elle me manque, en effet. Je me lève tous les matins en constatant dans le miroir ma solitude et j'écris tous les soirs une lettre pour me tenir compagnie. Néanmoins, je sais que ma place est ici, aussi dur cela soit-il. Je risquerais peut-être ma vie, certes. Bien plus que si je logeais chez mes parents. Mais je ne me voile pas la face, je sais que tant qu'elle est là-bas, il y a toujours un risque qu'un jour, des fanatiques s'en prennent à elle. Elle ne m'en parle pas mais elle est en danger et je ne peux pas penser à ma petite personne sachant cela. »
Il était étrange de parler sans retenue : il n'y avait plus rien à cacher, après tout.
« Inné ? Non, je ne pense pas qu'il le soit. Après tout, quel homme naîtrait parfaitement altruiste ? Laissant paisiblement dormir ses parents, prenant soin de tout ce qu'il l'entoure. Néanmoins, même dans mes plus vieux souvenirs, je me souviens avoir appelé à l'aide. Que ce fut à cause de la solitude, de la peur ou même du besoin. J'aurais aimé de l'aide dans ces moments et je souffre à chaque fois que je pense aux pauvres personnes considérant mes soucis comme leurs quotidiens. C'est pour ces personnes là que je veux me battre, quitte à y risquer ma vie. »
Je repris mon souffle. Bien que j'avais voulu me calmer, je m'étais emballé de nouveau.
Je plongeais mon regard dans le sien. Je remarquais à ce moment que je me sentais bien à ses côtés. Comme si tout était plus léger.
Est-ce par ce qu'elle sait tout de moi ? Elle sait tout de moi. Sait tout moi. Tout.
Je rougis et plaqua mes mains devant mes yeux comme pour me cacher de son regard omniscient. Je me demandais s'il fallait que je me justifie ou m'excuses pour toutes ces choses mais n'en fit rien.
Elle avait vu tout ça et me regardait indifférente. « Magnifique » était le seul mot qui me venait à l'esprit mais ne convenait même pas au profond respect que je dédiais à cette sublime femme.
Je remarqua que je me frottais les mains. « Frotter les mains » n'est pas tout à fait juste. Je caressais mes gants. Après tout, c'était à mes yeux une partie de l'âme de Cathie. C'était son idée, j'y contenais quelques enregistrements et j'avais put la sauver avec ça. Avec ça, je sauverais bien d'autre gens. Il me suffisait de convaincre la personne face à moi, n'est-ce pas ? Cela s'annonçait moins périlleux que combattre un lycan ou encore se retrouver au milieu d'un champ de bataille.
Je repris mes esprits et souri légèrement. Continuons.

Message par Invité Dim 9 Aoû - 17:45

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Parfaitement consciente que sa question pouvait nécessiter quelques minutes de réflexion – le cas contraire aurait traduit une exaltation tirée des idéaux d’un naïf ou alors une obscure intention de la convaincre – aussi la Recruteuse offrit le temps nécessaire à son interlocuteur pour choisir ses mots avec soin. Car même en ayant vu son passé, elle ne pouvait deviner quels seraient ses actes futurs et sous quelles impulsions seraient-ils dictés. Et le moins que l’on puisse dire, fut que la réponse de l’homme assis en face d’elle le déstabilisa un peu. Déstabiliser était certainement excessif compte tenu du peu de réactions physiques que suscitèrent les propos de Tomhas chez elle mais la lightness étudia ces déclarations avec attention. Son interlocuteur avait saisi le cœur du problème, à savoir que nombreux étaient leurs opposants à avoir été manipulés. Sans aller jusqu’à toutes les considérer sous le même angle que celui de l’homme, Alias ne pouvait s’empêcher de ressentir un début de sympathie pour son interlocuteur. Un discret sourire étira ses lèvres, lequel perdit de son éclat aussitôt lorsque la suite se fit entendre. Leurs méthodes ?

« Et que savez-vous de nos méthodes Tomhas ? Est-ce que je donne l’illusion de posséder les mêmes que Monsieur Varko – que vous avez déjà rencontré – assise en face de vous ? »

A cet instant, elle ne pouvait pas prétendre avoir été vexée par les affirmations de l’homme. A vrai dire, elle ne pouvait fermer les yeux – expression ridicule en soi – sur certains traits de caractère parmi les individus qui composaient leurs rangs. Tous n’étaient pas des petits saints, loin de là. Mais tous avaient eu droit à une nouvelle chance et se battaient dans un but précis. Ainsi, les méthodes et les points de vue différaient d’une personne à une autre.

« Chaque individu est différent et voit le monde différemment de son voisin. Qui des deux détient la vérité ? Personne n’a la réponse à cette question, pas plus qu’il en existe une surpassant toutes les autres. Je suis convaincue que nos différences font notre force face à la haine et à l’intolérance, elles-mêmes engendrées par la peur de l’autre. » expliqua-t-elle doucement.

L’attente qui suivit ses paroles avait quelque chose de dérangeant. Mais rien, absolument rien, n’aurait pu avertir la jeune femme de la réaction extraordinaire qu’eut son interlocuteur en apprenant l’existence de son don. Prise de court, elle ne put que le laisser secouer sa main avec enthousiasme, encaissant ses compliments sans ciller. Puis, lentement, ce même sourire caractéristique de sa personne, réapparut sur ses lèvres alors que Tomhas lui rendait l’usage de sa main. Laquelle vint rejoindre sa jumelle, paume posée sur la surface du bureau qui les séparait.

« Apprenez que ce don n’a pas toujours été bien accueilli. Il a de quoi effrayer, tout comme j’ai ressenti une légère tension de votre part en réalisant à qui vous aviez affaire. J’aurai aimé vous en informer plus tôt mais vous aviez l’air tellement enclin à la conversation que je n’ai pu me résoudre à vous couper. Seulement, le don implique sa part de responsabilités, ce qui explique mon poste et la raison de votre présence ici. Aussi, pardonnez de ne pas partager votre enthousiasme Tomhas. »

Même en disant cela, Alias souriait. Ce n’était pas dans son caractère de laisser exploser sa joie ou son admiration pour quelques sujets que ce soit mais elle ne pouvait nier qu’elle avait apprécié les paroles de son interlocuteur. Des mots chaleureux, dénués de mauvaises intentions la concernant. Elle le ressentait. La Recruteuse balaya d’un petit mouvement de la tête les excuses proférées à son encontre. Elle ne lui reprochait rien. Dire qu’elle ne voyait pas dans quel état elle plongeait l’homme. Ni la rougeur sur ses joues embarrassées, ni les mouvements impromptus de Tomhas ne lui parvinrent. Peut-être était-ce mieux ainsi après tout… La suite l’affecta plus qu’elle ne l’aurait cru. Appeler à l’aide… Elle-même n’avait pas eu la force de le faire et pourtant, on était venu la trouver. La sauver d’une mort certaine, oubliée et reniée par ses pairs. Elle reconnaissait en ces paroles, l’âme noble de quelqu’un prêt à défendre les intérêts du Cercle. La lightness n’exigeait rien de plus. Sans un mot, elle tendit ses mains au-dessus du bureau, attendant simplement que son interlocuteur accepte de les saisir une fois de plus. A priori, cela ne devait pas lui poser de problèmes compte tenu du peu de cas qu’il avait fait de leur contact physique, au moment de la révélation de son don.

« Je souhaite que le Cercle devienne votre maison Tomhas, tout comme il est devenu la mienne. Mais je dois vous mettre en garde : la décision que vous allez prendre pourrait remettre en question ce que vous êtes réellement. Vous connaîtrez des déceptions, des pertes, des désillusions… Alors ne soyez pas trop durs avec certains de nos membres. Tous ici n’ont pas eu la chance de choisir leur destin. Moi la première. Cependant, si vous êtes toujours déterminé à vous lancer dans cette voie, je ne peux que vous apporter mon soutien le plus sincère. Et peut-être même vous conseiller de rappeler Cathie auprès de vous. Vous ne vous le pardonnerez pas s’il lui arrivait quelque chose, à plus forte raison, loin de vous. Je me trompe ? »

Voilà qu’elle lui laissait le choix, encore une fois. Tomhas pouvait ou non, accepter de maintenir sa requête. Dans le cas contraire, il n’aurait qu’à reprendre ses mains, ramasser ses documents et sortir sans demander son reste, l’abandonnant dans ce bureau dépourvu de chaleur humaine. La paix n’était pas quelque chose qui s’achetait. Alias ne l’avait jamais conçu de cette manière, tandis que les méthodes de leurs opposants ne manquaient pas d’imagination pour soumettre les autres à leur volonté.

Message par Invité Jeu 13 Aoû - 0:09

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Alors que j'étais perdu dans mes pensées, Alias reprit la parole.
« Je souhaite que le Cercle devienne votre maison Tomhas, tout comme il est devenu la mienne. »
Mon cœur s'emballa. J'étais reconnu comme digne de rejoindre le Cercle par cette fabuleuse personne. Une maison. Ces mots résonnèrent dans ma tête. Je n'avais jamais réellement trouvé ma « maison ». Durant mon enfance, j'étais le plus souvent chez Cathie mais cela ne faisait pas de cet endroit ma maison et je ne voyais ma demeure que comme un lieu où je pouvais dormir que comme une réelle maison. Bien que je m'étais installé, cet endroit austère et vide ne me semblait pas être ma maison. Peut-être que c'était ici, « ma maison ». Avait-elle saisit ce désir au plus profond de moi ou était-ce une coïncidence ? La réponse m'échapperait probablement pour toujours. C'était devenu « sa maison », j'aurais tant aimé avoir son pouvoir pour savoir toute sa vie et les pensées derrière ces mots. Mais bon, après tout, la voix là pour ça, n'est-ce pas ?
« Mais je dois vous mettre en garde : » Je repris un air un peu plus solennel et sérieux.
« la décision que vous allez prendre pourrait remettre en question ce que vous êtes réellement. Vous connaîtrez des déceptions, des pertes, des désillusions… »
A ce moment là, et sûrement dans un excès de zèle, je me fis la promesse de toujours me battre pour ce que je considérais de juste. Peu importe ce que j'allais traverser, les changements qui m'arriveraient, je me battrais pour eux.
« Des déceptions, des pertes, des désillusions » n'était-ce pas ça la vie, en fait ? L'important étant de toujours se relever et pour ça, quoi de mieux qu'un but ?
« Alors ne soyez pas trop durs avec certains de nos membres. Tous ici n’ont pas eu la chance de choisir leur destin. Moi la première. »
Parlait-elle de ce membre en particulier ? C'était bien possible. Néanmoins, il était vrai que je voyais la majorité des rebelles comme des victimes du sort, peut-être en était-il autant des membres du Cercle. Je devrais faire attention à leur montrer une profonde compassion, à eux aussi. Je me questionnais d'autant plus sur le passé de mon interlocutrice. C'était aussi pour des personnes pour elle que j'avancerais, après tout.
« Cependant, si vous êtes toujours déterminé à vous lancer dans cette voie, je ne peux que vous apporter mon soutien le plus sincère. »
Ces mots me firent retrouver le sourire que j'avais perdu sans m'en rendre compte. C'était une formulation bien commune mais je voulais croire en son authenticité. Je me sentais bien auprès de cette personne. Ce sentiment s'apparentait peut-être au don de Nina.
« Et peut-être même vous conseiller de rappeler Cathie auprès de vous. »
Je ne m'attendais pas à ces mots. Cette femme avait le don de changer rapidement de sujet sans ne rien laisser paraître. Heureusement que je ne buvais pas, pensais-je en souriant. Soyons sérieux. Pourquoi une telle intervention ? C'était la seconde fois. J'admettais volontiers qu'elle s'inquiétait pour ceux partageant « sa maison » mais n'était-ce pas trop ?
« Vous ne vous le pardonnerez pas s’il lui arrivait quelque chose, à plus forte raison, loin de vous. »
Ces mots me brusquèrent et mon rythme cardiaque s'emballa de nouveau. Que ferais-je si une telle chose arrivait ? C'était possible et je l'avais déjà envisagé même. Quelle serait ma réaction ? Arriverais-je à rester fort et à trouver la Paix qu'elle souhaitait ou deviendrais-je fou de rage ? J'avouai être pour le moins incertain de ma potentielle réaction. Alias avait touché un point important. J'avais peur de perde Cathie à mes côtés, à cause de mon incompétence ou de ma faiblesse, mais que ferais-je si la perdais à cause de cette peur ? S'ils l'attaquaient, ce serait ma faute ! Tout ce temps, je pensais qu'elle voulait me protéger mais peut-être me voulait-elle à ses côtés car c'est elle qui était en danger. Quel imbécile faisais-je ! Toujours à me préoccuper de ma petite personne. Je me déteste ! Je releva mon regard jusqu'à celui de mon interlocutrice. Comment cela se faisait-il qu'elle voie plus que moi ? Qu'elle comprenne ma compagne plus que moi ? Qu'elle vivait ma vie mieux que moi-même ? Dans cette salle, c'était moi l'aveugle.
Imaginer la mort d'une personne proche est l'une des choses les plus horribles qui soit. Imaginer cette impuissance. Imaginer les funérailles. Imaginer ce vide. Je tenta vainement de serrer mon corps dans ma poitrine. Ce constat était violent mais je remerciais intérieurement Alias pour son aide : il fallait bien me faire ouvrir mes yeux perpétuellement clos.
« Je me trompe ? »
Non, en effet, vous avez totalement raison. Je soupira légèrement. Les mains d'Alias étaient soulevées, au-dessus du bureau. Je me leva et les saisit.
« Je souhaite vous rejoindre. » Je me mordis légèrement la lèvre inférieure. Ces mots m'avaient échappés. Je souhaitais rejoindre le Cercle.
Je serra légèrement plus les mains d'Alias et reprit.
« Je souhaite rejoindre le Cercle et le soutenir de toutes mes forces. Je souhaite aussi aider le peuple et la Paix. »
Je relâcha doucement les mains de mon interlocutrice.
La conversation continua légèrement, principalement pour échanger quelques politesses et je me retira. Avant de clore la porte, je m'inclina et déclara un simple « merci » à Alias. Elle ne pouvait pas me voir et ce n'était qu'un simple mot mais, à mes yeux, ce n'était pas qu'un simple « merci » c'était l'un de ces « merci » quand on a aucun mot qui ne convient. Que tous mots supplémentaires seraient superflu et que toutes formules plus pompeuses rendraient moins authentique. C'était un « merci » venant de l'âme.
Je quitta le bâtiment l'âme légère et prit même le loisir de me retourner, une fois à la sortie, vers l’accueil pour lui souhaiter un « bonne journée » bien trop enthousiaste. Au dessus de l’accueil trônait une grande affiche.
« La police et le Cercle recrute ... » On y voyait un homme se tenant droit dans un geste de salut. Il portait une tenue entièrement bleue, semblable à la mienne.
C'est donc pour ça ! Pensais-je avant d'éclater d'un rire franc et de sortir.

Une fois rentré, je m’empressai d'écrire une lettre à Cathie, racontant comme habituellement ma journée. Néanmoins, à contrario de mes habitudes, j'y laissa une seconde partie détaillant une demande. Demande ? Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pensé à un mot si solennel. C'est comme cette fois-là. Pensais-je, la tête dans mes pensées.
« Ne voudrais-tu pas me rejoindre à Avventura ? Je suis sûre que tu t'y plairas. De plus, j'ai un certain bleu à te montrer ! [...] »

« Inventeur » ? C'était un titre bien trop noble. De plus, il nécessitait que je ne m'occupe plus que deux ayant le pouvoir et l'argent. Un mécanicien s'occupait de tous.
Puis je m'absenta pour déposer la lettre. Une journée bien remplie ma foi. Que me réserve demain ?

HRP:

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