| par Invité Lun 29 Juin - 9:03
| L’Hybride donnait des ordres avec fermeté. Des blessés leur revenaient déjà, heureusement que l’opération avait été préparée et pas lancée au hasard car ils avaient un campement prévu pour soigner leurs blessés. Elle avait quelques années d’expérience à l’hôpital et avait déjà vu de vilaines blessures, mais elle n’était quand même pas prête pour ce qu’elle voyait. Les blessures infligées par un Vampire ou un Lycan étaient rares lorsqu’elle travaillait. Là, certaines personnes étaient lacérées de toute part. Un pauvre soldat avait un bras arraché. Elle passait de brancard en brancard, estimait, examinait, ne donnant que des noms et des doses à son équipe. Elle leva la tête, ses yeux noisette brillant d’émotion. Elle savait en s’engageant au Cercle que ce jour viendrait où il y aurait un affrontement. Mais même sachant cela elle n’était pas prête et son équipe ne l’était pas. Elle avait beau être Hybride, elle n’était pas dotée d’une vue hors norme ou d’un odorat surdéveloppé et pourtant ça empestait le sang et la peur. Elle avait fini sa ronde et sortit de la dernière tente, surprise par le calme. Il y avait bien les quelques personnes qui surveillait leur campement, mais c’était trop calme et elle n’aimait pas ça. Elle regarda dans la direction approximative de la fameuse Grotte. Ou du moins dans la direction qu’avaient prise les derniers hommes du Cercle.
Ce sentiment de malaise ne partait pas, elle demanda à un des gardes quand c’est que la patrouille était partie. Ils avaient bien du retard, elle le savait ! Elle se dirigea vers un des docteurs, lui donna assez d’ordres pour le tenir occupé le temps qu’elle fasse un tour. Elle prévint une infirmière qu’elle serait de retour sous peu, mais qu’ils étaient capables de gérer la situation, que ces gens allongés là avaient besoin d’eux. Puis elle se dirigea entre deux tentes, prenant soin de se dissimuler du regard des rares hommes montant la garde. Elle commença à se déshabiller. Un des hommes qui faisait le tour du camp passa par là et la repéra. Il savait qui elle était, mais était visiblement étonné de sa présence là, il voulut s’approcher, sûrement pour lui demander si tout allait bien, mais comprit qu’elle était en train de se déshabiller, elle le fixait, le défiant du regard et il détourna le sien, gêné quand elle plaça ses mains dans son dos, prête à dégrafer son soutien-gorge. Elle se tenait nue et prit cependant le temps de plier un à un ses vêtements en un tas ordonné et parfait à son goût. Elle finit par les poser sur ses chaussures. Elle mit bien moins de temps à se transformer en cygne que de se déshabiller. Elle sortit de son abri temporaire et se retrouva nez à … bec avec l’homme qui fut plus étonné que jamais. Puis elle vit dans son regard le lien s’établir. Et oui, elle avait sommes toutes une apparence parfaitement humaine. Il ne se doutait pas de sa nature Hybride et pourtant, elle était là, toute blanche et en plumes. Elle ne fit pas cas à l’homme et partit en courant pour prendre son élan, puis s’élança dans les airs, prenant son envol. Malgré le contexte, elle se sentait bien, c’était dans sa nature d’être sous sa forme animale tout comme il en était de voler. Elle se demandait au fond si elle n’avait pas trouvé un prétexte dans l’absence de la patrouille pour aller faire un tour et voir s’ils n’avaient pas besoin d’une aide médicale.
Elle se força à surmonter ses instincts et vola non pas haut dans le ciel, mais au plus bas qu’elle ne l’osait, au ras de la cime des arbres. Si la patrouille avait réellement besoin de son aide, il fallait qu’elle puisse les voir ou les entendre. Une part d’elle était excitée par son audace, jamais elle ne pensait pouvoir approcher le lieu de bataille. Elle n’avait, pour commencer aucune compétence au combat, et elle se devait de rester en arrière pour traiter les blessés. Un hurlement retint toute son attention. Elle bifurqua dans cette direction sans la moindre hésitation, on avait besoin d’elle. Elle piqua vers le sol, autant qu’un cygne le pouvais du moins, évitant les branches autant que possible et arriva au sol. La voix de la femme venait de par-là, elle n’en doutait pas deux secondes. Elle s’avança et la vit, agenouillée devant le corps d’un jeune homme. Alors qu’elle s’approchait du couple, consciente qu’elle n’avait aucune idée de leur partie, elle reprit forme humaine et se dirigea au pas de course vers la victime. Sa nudité ne la gênait pas, elle s’assumait et se doutait bien qu’aucune des deux personnes présentes ne s’en soucieraient. La femme était en proie à la tristesse, le cœur du docteur se serra, elle allait faire de son mieux, elle s’était préparée ces derniers temps, elle s’était poussée et entraînée. La femme parlait à son ami – ou amant – au sol, Nina ne l’entendit pas et préférait ne pas l’entendre, ce genre de moment restait des moments intimes. Elle était maintenant à leur niveau, elle s’agenouilla et pesta entre ses dents en voyant la blessure.
« Je suis le Docteur Pavois, je vais m’occuper de votre ami. J’ai besoin que vous restiez ici car je risque d’avoir besoin de votre aide. L’arme blanche, quelle était-elle ? » Lança-t-elle alors qu’elle inspectait la plaie sous le t-shirt détrempé de sang.
Bon, ils avaient eu un bon réflexe. Par habitude elle avait décliné son identité, c’était une habitude qu’elle avait et sûrement le seul moyen pour qu’elle ne se fasse pas éventrer, égorger, mutiler ou simplement tuer. Elle savait que cela lui ferait mal, mais elle était obligée de le tourner pour inspecter la plaie de l’autre côté. Traversé de part en part, c’était moche, il fallait qu’elle agisse et très vite. Elle commença à tirer sur le haut de la victime, l’arrachant sans cérémonie, Elle était concentrée, précise et lorsqu’elle regardait le visage de l’homme lui souriait, elle savait parfaitement ce qu’elle faisait. Elle ne savait pas s’il était déjà dans cet état où l’on ne se rendait compte de rien, ou non, elle était occupée par des détails autrement plus importants.
« Ce serait plus simple de cautériser la plaie… Mais on ne vit pas dans un monde idéal. Donc vous allez m’aider en appuyant avec ça sur son dos, je ne veux pas qu’il meure en s’étant vidé de son sang. Nous avons déjà de la chance que la lame ait seulement était longue je ne pense pas qu’il ait d’organes vitaux touchés. » Elle appuya ce qu’elle disait en lui tendant le t-shirt qu’elle venait d’arracher et qui n’était pas imbibé de sang.
Son ton était autoritaire. Elle était maîtresse de son domaine. Elle le releva de manière à ce qu’il soit plus ou moins en position assise, dos à la femme qui pourrait aisément maintenir de la pression sur la plaie ouverte. Elle releva la tête, pour ajouter un ordre final :
« Et vous allez devoir me garder éloignés ces abrutis qui ne savent pas respecter la présence d’un docteur traitant son patient. Cercle, Rebelle, je m’en fous. »
Son regard et son sourire étaient espiègles tous deux. Peut-être que dans son état de détresse la femme ne comprendrait pas son allusion, peut-être que si, en tout cas le message était là : elle était docteur, elle soignait, elle se fichait du camp. Donc elle espérait bien sortir d’ici en vie. Elle avait à peine fini sa phrase et regardé la femme qu’elle s’était tournée vers l’homme, il avait maintenant toute son attention. Elle posa ses mains autour de la blessure de sortie, c’était net et heureusement pas trop grand, il se serait sûrement déjà vidé de son sang, malgré la pression maintenant contre la blessure au torse. Elle leva la tête une dernière fois pour regarder la femme. Elle n’allait pas perdre son temps à expliquer qu’elle ferait usage d’un don de guérisseur. Nina ferma les yeux et se retint de propulser son énergie d’un coup, elle l’avait fait une fois récemment et cela lui avait coûté. Elle devait se forcer à canaliser son énergie, aussi urgente soit la situation. Elle se laissa pénétrer par cette sensation familière de sentir le flux de son énergie, puis, le canalisant, l’envoya progressivement vers le corps qu’elle avait littéralement sous les mains. Elle pouvait très bien garder ses yeux ouverts, mais elle ne voulait être distraite et perdre du temps ou de l’énergie. Le flux de son énergie se répandait dans le corps de l’homme, elle était concentrée sur une unique chose pour le moment, refermer les deux plaies de son corps, à commencer par la sortie, d’où son choix dans l’appui des mains. Elle régulait son énergie au mieux, essayant de contenir le flux qui ne demandait qu’à s’engouffrer dans cette plaie qui lui traversait le corps, elle faisait son possible pour dévier le flux et la maintenir dans la zone qu’elle désirait travailler. Des gouttes de sueur commençaient à perler sur son front et elle plissait des yeux, concentrée dans l’effort qu’elle fournissait. Elle n’allait pas chercher à donner dans l’esthétique, mais dans le pratique, elle allait fermer grossièrement cette ouverture, sachant que la plaie mal cicatrisée serait sûrement boursoufflée et rosâtre. Jurant avec la blancheur de peau de l’albinos. Ne se fiant qu’à ce sixième sens qu’elle avait développé, elle attendit de sentir une sorte de résistance, signe que la peau était maintenant reformée et qu’il n’y avait plus de plaie ouverte. Elle ouvrit les yeux et constata non sans fierté qu’elle était parvenue à refermer la première plaie.
Elle remplit ses poumons d’air, elle ne s’était pas rendue compte qu’elle avait retenu son souffle. Elle essuya la sueur qui la chatouillait sur son front. Puis elle ressentit le contrecoup de son intervention. Son corps attendait qu’elle rompe le lien pour lui montrer à quel point elle avait donné d’elle-même. Elle l’accusa sans ciller, sentant ses muscles crier leur fatigue, son souffle était devenu rapide, son cœur s’était accéléré. Elle s’accorda une pause, elle ne savait pas si une minute ou quinze étaient passées, elle perdait toute notion de temps lorsqu’elle travaillait ainsi. Elle passa sa main sur la cicatrice, qui était vraiment pas bien belle, au moins elle était droite, presque chirurgicale, le jeune homme devait ça au fait que c’était un katana et pas un vulgaire couteau à dents.
« Aidez-moi à le coucher sur le dos s’il vous plaît. » Le ton était toujours aussi autoritaire, mais elle s'était rappelée qu'elle ne parlait pas à une subordonnée cette fois, et ponctua la fin de sa phrase d'un s'il vous plaît.
Nina regarda autour d’elle, si quelqu’un avait cherché à l’interrompre elle ne s’en était pas rendue compte non plus, tant elle était absorbée. Mais après tout, le combat se déroulait dans le repère des Rebelles et pas en lisière de forêt. Enfin, normalement. Après, peu importe le côté il y avait sûrement des fuyards ou des lâches, donc ils n’étaient pas à l’abri non plus ici. L’Hybride frissonna, autant sa nudité ne la complexait nullement, autant son corps n’était pas habitué à rester déshabillé. La fatigue ne l’aidait pas à lutter contre le froid. Son regard darda autour d’elle à la recherche de quelque chose à mettre sur ses épaules, ne voyant rien elle ne perdit pas son temps. Il était maintenant sur le dos, elle allait se remettre au travail. Elle secoua sa crinière blonde, puis la repoussa en arrière, sa coiffure était loin d’être maîtrisée après les récents événements. Mais qui s’en préoccupait réellement ? Elle posa ses mains à plat, de chaque côté de la blessure, la pression avait dû suffire car le sang ne s’en écoulait plus comme tantôt.
« Je n’ai besoin plus que de votre protection. Je suis affaiblie et serai donc peu prompte à réagir. »
L’Hybride ne regardait pas la femme, elle avait déjà commencé à taper dans son énergie, ressentant son flux et son reflux, afin de le canaliser. Elle tendait vaguement l’oreille tout de même, pour entendre la réponse s’il y en avait une. Mais elle était dorénavant concentrée sur son patient du moment et elle n’avait donc d’attention plus que pour lui. Elle n'avait même pas mentionnée son incapacité totale à se battre et même à se défendre, mais ce n'était pas important à ce point. Elle calma sa respiration tant qu’elle le put, inspirant et expirant sur un rythme régulier et envoya son énergie. Confiante en son don, confiante de la femme. Mais exposée et nue quand même. |
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