Assaut sur la Grotte | Prologue

Aujourd’hui était le grand jour. Les préparatifs s’étaient brusquement accélérés au fur et à mesure que la date butoir approchait. Il n’était plus question d’attendre, la vie d’innocents en dépendait et même si la crainte de réaliser l’horreur de la cruelle vérité, tous plaçaient encore de l’espoir dans l’infime possibilité de retrouver quelques survivants dans les cellules humides du repaire adverse. Les forces armées se mirent en marche à la tomber du crépuscule. La ville endormie saluait paresseusement leur progression et rares furent les témoins de leur traversée. Ce qui, dans le fond, n’était pas plus mal. Ils auraient tout le loisir de raconter leur triomphe, en offrant la tête des coupables à la foule, une fois leur mission menée à bien. Pour l’heure, chacun se concentrait sur ce qu’il devait accomplir. Les rôles avaient été distribués, des paires formées, parfois même des trios lorsqu’on ne pouvait faire autrement. Des problèmes avaient été soulevés, comme celui de faire participer ou non l’espion à l’affrontement qui s’annonçait. Ne ferait-on pas mieux de le laisser dans les rangs ennemis ? Trop risqué selon certains, détracteurs comme les alliés du darkness le pensaient. Aussi il eut l’autorisation de prendre part à la mêlée mais toujours en étant surveillé par d’autres soldats. C’était la condition pour faire partie du voyage. Dès l’instant où la forêt entra dans leur champ de vision, l’ambiance chuta d’un coup. Certains craignaient une embuscade tendue par leurs adversaires, alertés par l’espion qui aurait retourné sa veste entre temps. Inutile de parler des coups d’œil suspicieux lancés dans la direction du principal intéressé ou simplement dans les alentours pour s’assurer d’aucune approche ennemie. Mais rien ne surgit. La forêt les accueillit en son sein, silencieuse, presque trop paisible pour être sincère. Les animaux avaient fui à leur approche pourtant ils ne dévièrent pas de leur trajectoire. Ils avaient un but et le gros des troupes installa son campement, à l’abri des regards dans une clairière entourée de buissons suffisamment feuillus pour masquer leur emplacement aux yeux d’éventuels éclaireurs. Seulement voilà, leurs adversaires n’étaient pas uniquement humains, bon nombre de créatures se comptaient parmi les rangs ennemis. L’avantage qu’ils possédaient était non négligeable, accentué en cela par leur discrétion et le professionnalisme des troupes, cependant, on ne tarderait pas à s’apercevoir de leur présence en ces lieux étrangers. Et leur groupe était trop nombreux pour suggérer un simple entraînement de routine ou même une patrouille nocturne. Les ordres furent donnés, chacun rejoignit son ou ses partenaires. Leur objectif commun ? Forcer les rangs adverses pour pénétrer dans l'une des grottes environnantes, repaire présumé de leurs ennemis, située à quelques dizaines mètres du campement de base. Chacun put se rendre compte de l'importance des informations sur l'emplacement exact de la base adverse. Sans elles, ils perdraient un temps précieux à fouiller chaque grotte des environs, dont le nombre ne pouvait être déterminé avec exactitude lui aussi. La tension commençait à se répandre dans les rangs alliés. Un silence tendu, quelques mots lâchés pour baisser la pression, sans succès. Tous les combattants se préparaient à affronter ceux et celles qui refusaient cette paix dont la ville se faisait l'ambassadrice. Mentalement, ils visualisaient leur parcours tumultueux jusqu'à la Grotte. Une fois à l’intérieur, ils rencontreraient des visages inconnus, menaçants, parfois familiers pour les moins chanceux des soldats envoyés sur place. Deux missions principales avaient été attribuées aux formations en fonction de leurs capacités respectives : atteindre les cachots pour libérer les otages survivants ou maîtriser les rebelles qu’ils trouveront sur leur chemin. Les directives étaient claires mais chaque recrue du Cercle avait compris le message contenu au travers du second ordre : éliminer toute forme de résistance pour mieux faire tomber la tête pensante de l’organisation criminelle. Selon les informations de leur espion, ils avaient de fortes chances de le trouver sur place puisque depuis quelques temps déjà, une certaine animation régnait dans les couloirs du repaire. C’était leur chance. Les troupes se séparèrent alors, avançant prudemment ou non à travers les allées d’arbres muets, à la recherche du premier signe suspect attestant d’une présence ennemie. Bientôt, l’inquiétude céda la place à l’impatience. L’enlèvement avait affecté chacun d’entre eux d’une manière ou d’une autre : un proche, une connaissance, un ami, un voisin… L’heure était venue de régler ses comptes avec les Rebelles !