« Désolé, je n'ai pas pu m'empêcher de venir voir quand j'ai entendu ce bruit. Ces gants sont une de vos inventions je présume? »
Répondis-t-il. Je souris légèrement en étant en quelque sorte flattés. En effet, il était étonnement assez rare qu'on s'attardait sur ceci. En y réfléchissant, je pensa que ça avait un rapport avec le fait que j'essayais de le cacher un maximum, finalement. Mais bon, cela avait peu d'importances, j'étais fière d'être reconnus inventeurs de tels joyaux. Il continua, me coupant dans mes rêveries.
« Vous m'avez dit que vous acceptiez les demandes exceptionnelles pas vrai? J'ai une requête qui pourrait éventuellement vous intéresser. »
Décidément, cette homme me plaisait de plus en plus ! Il évoquait une demande hors-norme et voulait probablement m'en faire part. A vrai dire, je n'aurais jamais pensé que le cas que je recherchais tant se présenterais si rapidement. Il était peut-être temps de commencer à croire au Ciel ? Bref, tout ceci n'avait pour l'instant aucune importance : il me fallait en apprendre plus.
« En effet, vous m'intéressez au plus haut point. Que proposez-vous ? »
Il m'expliqua alors sa situation. C'était donc un élémentaire ? Je n'en avais jamais rencontré ou, tout du moins, je n'en ai jamais eu conscience. J'étais assez contemplatif devant un tel cas : j'étais donc devant un authentique effet naturel vivant ?
Durant plusieurs minutes, j’écoutai attentivement tous les détails que pouvait me donner l'élémentaire quant à ses pouvoirs et aux limites auxquels il était confronté. Je prenais des notes et restais muet. Quand il eut enfin terminer, il me demanda si je pouvais lui apporter une aide.
Je pris le loisir d'y réfléchir quelques instants. Est-ce que je pouvais l'aider ? Sûrement, il lui faudrait probablement un catalyseur. Est-ce qu'il avait de quoi payer ? S'il était ici et me faisait une demande, sûrement. Néanmoins, j'avais une irrésistible envie de faire un produit parfait donc je serais fière. De plus, cela était plus qu'une coïncidence, était-ce ce travail qui allait lancer ma carrière dans cette ville ? J'avais donc pris la résolution de ne pas lésiner sur les moyens et de lui faire un prix d'ami, cet homme serait un peu comme un panneau publicitaire vivant après tout. Et quoi de mieux qu'une force de la Nature pour remplir ce rôle ? De plus, il me semblait sympathique.
A cet instant, je ne me demanda même pas si l'être devant moi était un allié ou un ennemi : il était tout simplement une source de plaisir à mes yeux.
« Hmmm, je vois. Je pense pouvoir répondre à votre demande et même à plus. » Lui dis-je en souriant.
C'est alors que je lui expliqua mon idée : des gants. Ces gants permettraient de supprimer le caractère encore imprévisible de ses capacités. Tout d'abord, il faudrait une batterie pour stocker un maximum d'énergie avant de la relâcher.
On s'accorda pour 75 volts pour chaque gants : cela permettait une force bien suffisante. Une bobine en alliage à base d'or me semblait la meilleure idée. Ce système simple évitait tout problème de surcharge en se débarrassant de l'énergie superflu. Il me fit part d'une première demande : il voulait que les gants ne puisent pas plus d'énergie que nécessaire. Il est bien prévoyant. C'est alors naturellement que je proposa une résistance à la base de la main, l'idée lui sembla lui plaire. Je proposa même une diode électroluminescente, permettant d'émettre un léger signal lumineux dès que le gant est au maximum de ses capacités.
Pour utiliser cette énergie, je conseilla un système en or et en argent, l'argent servant aux articulations afin d'éviter les restrictions de mouvements. Le système reliait chacun des doigts à la bobine et de légères pointes en or dépassaient afin de guider correctement et précisément le courant. En effet, il me demanda aussi de faire en sorte que des arcs électriques puissent s'échapper des gants. Dans la théorie, c'était dorénavant possible. Dans la pratique, tout dépendrait de la puissance et de la concentration de son utilisateur. L'individu, calme, me semblait convenir et j'en fus heureux.
Afin de maîtriser la puissance de ses coups, on se mit d'accord pour que chacun des doigts libère 15 volts. Ainsi à deux doigts il libérerait 30 volts et il atteindrait bien les 75 volts avec ses cinq doigts. Le système était simple et efficace.
Alors que j'avais finit de lui expliquer mes idées, il en refusa plusieurs comme celle d'ajouter des éléments supra-conducteurs, il prétexta qu'atteindre le 0 calvin était trop compliqué en situation réelle... Finalement il ne resta que celles-ci mais il me fit une remarque à laquelle je n'avais pas songé : la résistance implanté ne fonctionnerait que si l’électricité la traverserait, ce qui est le cas dans la majorité des cas. Néanmoins, dès qu'il passera en forme élémentaire, les arcs atteindront directement la bobine et la totalité de sa puissance s'épuisera en quelques instants. Je lui avoua être gêné par ce problème mais il me répondit simplement qu'il s'imposera comme condition de ne jamais utiliser sa forme élémentaire en possession des gants. Après tout, il ne voulait probablement pas connaître les affres de la mort.
Les plans furent rapidement dessiné et il en fût à première vue satisfait.
Pour finir la commande, et pour ne pas la bâcler, il me faudrait probablement 4 heures. Je lui demanda donc de repasser plus tard. Avant qu'il s'absente, je lui demanda son nom, ne sait-on jamais. Il s'appelait donc Rémio, prénom peu commun ce qui contrebalançait l'absence de nom de famille. On établit aussi un prix très avantageux à son égard, bien qu'il ne l'eut sûrement pas remarqué : c'est le genre d'objet qui n'a aucun similaire sur le marché.
A peine eut-il franchis le pas de la porte que je me remis au travail : j'allais créer une magnifique pièce dont je pourrais me targuer sans la moindre once de honte. Le monde allait enfin peut-être connaître et reconnaître mon génie !
Remarquant, trop tard, que nous ne nous étions pas arrêter sur le design, je pris la liberté d'en faire des gants blancs. Après tout, cela était du détail et pouvait aisément être changé, même sans mon aide.
Une fois finis, je ne pouvais déjà plus attendre le retour de mon client.