| par Invité Dim 10 Mai - 17:29
| La darkness me reprocha qu'il était plus cruel encore de jouer avec elle plutôt que j'éprouve un quelconque désintérêt pour sa personne si jamais nos lèvres venaient à se rencontrer. Quoi, c'était si désagréable de flirter avec moi ? J'aurais presque pu être peiné de cette constatation, cependant je n'étais pas complètement stupide et me rendais bien compte qu'elle avait bien raison. Je ne pouvais la blâmer de me sermonner sur l'utilisation de ses faiblesses afin de la perturber, surtout que cette méthode ne semblait pas fonctionner sur la policière. Mais il ne fallait pas m'en vouloir d'avoir essayé la méthode douce, là où celle, plus dure, aurait surement fait plus d'effets. J'avais bien remarqué que cette dernière, consciente que j'utilisais sa propre gêne contre elle, avait entamé de réguler son débit ventilatoire pour retrouver une respiration normale, son coeur ayant suivi le mouvement par la même occasion. Les quelques brides de craintes qui s'étaient mêlées à son odeur florale et démoniaque s'envolèrent elles aussi. Ce n'était que plus de raisons et de motivations pour passer à une autre méthode. Tuer des passants n'étaient pas une passion à laquelle j'aimais particulièrement m'adonner. Mais lorsque cela était nécessaire, je ne rechignais pas à la tâche surtout que cette dernière réjouissait la bête à l'intérieur. Après tout, j'étais un Rebelle, et bien que mes méthodes étaient généralement moins radicales que mes comparses, je n'étais pas non plus un enfant de coeur.
J'allais manquer de temps si je continuais sur la voie de ma méthode devenue archaïque, et je ne pouvais me le permettre. J'avais besoin d'information, au plus vite. Je venais d'enlever une membre des forces de l'ordre, et bien que personne ne risquait de s'émouvoir de ma disparition d'un jour, cela serait bien différent dans le cas de la darkness. Cette dernière avait quitté son poste la nuit dernière sans lancer d'avertissement et avait subitement disparu. Son coéquipier avec lequel elle patrouillait devait se poser des questions, sans compter les mouvements chaotiques de la foule qui s'était agitée lors de l'apparition de Zehel en pleine rue.Si ce dernier était un bon policier, il ne saurait tarder à recueillir les informations nécessaire à sa compréhension et deviner que la policière s'était dirigée vers la forêt à la poursuite d'un homme brun courant inhumainement vite au dos d'un loup brun cornu à l'aspect démoniaque. Il était donc impératif que je me dépêche. Quoi que je n'avais pas peur d'une bande d'humains. Même si ils avaient beau être entraînés, j'étais un loup et je ne m'étais pas reposé sur mes lauriers non plus ces dernières années. Interpellant l'agent Ridell, cette dernière braqua son regard sur moi en écoutant attentivement mes propos. Et un sourire amer fleurit sur son visage. Le destin, un humour douteux ? Je reniflai avec un air amusé pour marquer mon approbation sur ce point. Sa phrase en suspens titilla ma curiosité mais je n'avais pas le temps de m'attarder sur tous les petits détails. J'imaginais bien quelqu'un, quelque part là haut, s'amusant à tirer les fils de ses pantins afin d'agencer à sa manière fourbe les pions qu'ils disposaient sur Terre. Surement devait-il s'amuser du spectacle, de là où il était. Mais si il existait bien une entité supérieure au-dessus de nous, je n'avais plus beaucoup de temps à lui accorder pour lui laisser jouer les marionnettistes. J'avais d'autres démons à fouetter...
La suite des propos de la darkness fit presque chanceler mes incertitudes. Elle tenta de me faire comprendre, un peu à la même manière d'un enfant têtu qui ne démordait pas de ses idées farfelues, que le darkness albinos qui étaient ma victime attitrée n'avait aucun intérêt à aller voir le Cercle pour prôner sa bonne foi. Elle ferma ensuite les yeux et soupira, ce qui m'agaça d'autant plus. Son coeur n'avait sauté aucun battement, aucune odeur de crainte, de peur, de sueur, trahissant un quelconque stress émotionnel. Sa voix non plus ne l'avait pas trahi, aussi calme que si elle parlait à un ami. A un enfant qui refusait d'écouter. Je sentis un grondement monter du fond de ma gorge alors que la bête remuait de plus en plus. Mais je le retins, et muselai la bête. Ce n'était pas le moment. Elle rouvrit les yeux, plongeant dans les miens, me forçant à naviguer dans le ciel magnifique des siens, et prit de nouveau la parole avec plus aucune trace de gêne ou d'hésitation dans la voix. La seule darkness du Cercle hein ? La suite de ses propos ne tombèrent pas dans les oreilles d'un sourd. J'avais besoin de conserver un certain calme afin de réfléchir à tout ce qu'elle venait de me dire. Certains de ses propos me semblaient étranges. A la fin de ses propos, je fermai à mon tour les yeux et m'adossai au mur qui lui faisait face, bras croisés, prenant le temps de réfléchir calmement quelques secondes en me remémorant des évènements de la veille et de la journée en cours. Sans rouvrir les yeux au début, je pris la parole.
-Pourquoi ce darkness hein ? Vous êtes venue en m'abordant uniquement par mon prénom, procédure inhabituelle chez les forces de l'ordre. Ce qui m'amène à dire que vous ne connaissiez que mon prénom. Rouvrant les yeux pour les planter dans les siens, je poursuivis. Les seuls à pouvoir établir une quelconque relation entre les Rebelles et moi sont les membres des Rebelles eux-mêmes ou ceux qui tentent d'intégrer notre groupe. Dans le premier cas, ils connaissent tous mon nom comme mon prénom. La seconde catégorie, je m'arrange toujours pour qu'ils n'aient aucune certitude de mon affiliation et ceux-ci ne connaissent mon identité que si ils intègrent le groupe. Ceux qui échouent à me prouver qu'ils ont leur place dans le groupe et qui pourraient m'identifier comme Rebelle ne survivent pas en général à l'entretien.
Je pris une pause pour laisser ces dernières paroles faire leur chemin jusqu'à mon interlocutrice forcée, attendant une seconde avant de reprendre la parole. Puis en soupirant à mon tour, je me lançai pour mon deuxième monologue.
-J'ai affronté ce darkness, qui n'a eu que mon prénom malencontreusement au cours de cet affrontement. Mes méthodes de réflexions sont peut-être négligées, mais la piste me mène droit vers cet homme. Prenant une courte pause, je poursuivis un levant un sourcil. Hier soir vous me disiez que vous n'aviez pas le droit de divulguer l'identité de votre informateur, et maintenant vous tentez de me faire croire que vous ne la connaissez pas ? Je n'ai perçu aucun mensonge dans vos paroles, mais ça ne colle pas. Alors soit vous êtes une menteuse très douée, soit vous utilisez la vérité à votre avantage laissant de côté des informations qui me seraient utiles. Dans tous les cas, je ne peux entièrement vous croire. Soupirant une nouvelle fois. Il semblerait que je doive vous motiver.
Sans plus attendre, je sortis à une vitesse surnaturelle de la cabane laissant seule la policière. Il était encore tôt dans la matinée, et il y avait certainement quelques humains qui aimaient à s'adonner à de la randonnée ou du footing à ses heures matinales. Me mettant en chasse, je laissai libre court à mes sens afin qu'ils me préviennent alors que je courais dorénavant dans les plaines de l'Avventura. Mais alors que je m'attendais à tomber sur un pauvre groupe d'humains, je tombai sur mieux. Au loin, je perçus les aboiements d'un chien. Tournant la tête vers le bruit, je levai le nez au vent pour flairer son odeur. A trois cent mètres, l'odeur d'un homme et d'un chien. Et quelle ne fut pas ma surprise quand je reconnus le parfum du coéquipier de ma chère prisonnière en compagnie d'un chien de chasse -certainement. Déviant ma course, je me dirigeai droit vers ces derniers. Il semblerait que le bon flic n'avait pas tarder à se mettre sur les traces de la darkness. A mesure que je me rapprochais rapidement, les aboiements du chien s'intensifièrent. J'entendis des frottements, puis le bruit distinct d'une arme que l'on chargeait pour qu'elle soit prête à l'utilisation. Mais j'étais trop rapide pour l'officier. Il n'eut pas le temps de réfléchir que j'avais déjà saisi son arme et envoyai le pauvre homme valser. Le chien désormais libérer de la laisse de son maître fonça sur moi, mais une seconde plus tard, la nuque de ce dernier craqua. Comme précédemment avec l'arme de service de l'agent Ridell, je rendis celui-ci inutilisable. Cependant j'entendis l'officier parler dans son talkie walkie afin de prévenir, semblait-il d'autres policiers. Je le laissai faire, puis l'assommai. Ces petits malins avaient en leur possession à la fois un objet appartenant à l'agent au vu de l'odeur, et à la fois des lambeaux de mes vêtements qui n'avaient survécu à la transformation. Heureusement, je m'étais assuré de couvrir mes traces lorsque je m'en étais allé à la grotte, autrement ils auraient pu la découvrir. Deux coups de feu plus tard, deux autres officiers vinrent le rejoindre. Pour ma part, je n'avais aucune égratignure. Contrairement aux hommes, la nature était mon amie. Je ramenai donc gentiment mon butin à la cabane après avoir attaché les officiers avec des liens de fortunes cependant assez serrés pour que ceux-ci ne puissent bouger. Je les adossai à un mur de la cabane, bien en évidence pour la darkness puis revint me positionnai face à cette dernière, les yeux à présent dorés. La bête avait été excitée par la chasse et l'affrontement, et était bien plus à la surface que précédemment, rendant mon regard bien plus bestial.
-Il semblerait que vos collèges soient venus te chercher. Malheureusement pour eux, ils sont tombés sur moi. Maintenant voilà ce qu'on va faire, repris-je avec un air sérieux et déterminé. Je vais leur briser les os, un par un, jusqu'à ce qu'ils meurent en attendant que vous me donniez les informations dont j'ai besoin. En terminant par votre coéquipier de hier.
Afin d'illustrer mes propos, j'attrapai un des agents, et avec un air tout à fait neutre, je brisai son poignet. La douleur le réveilla, et celui-ci poussa un hurlement de douleur qui fit presque ronronner mon loup. Sa peur et sa souffrance m'emplirent les narines, et je faillis grogner de contentement. C'était un homme noir qui devait avoir dans la trentaine, assez baraqué, et se rendant compte de la situation il essaya de se débattre. Mais je le maîtrisai sans mal, sa force ne rivalisant pas le moins du monde avec la mienne. Puis regardant l'agent Ridell je repris la parole.
-Chaque cinq secondes, un os va craquer, sauf si vous me donnez les infos que je désire. Et ça peut durer toute la journée. Le choix est votre.
J'attendis cinq secondes de plus avant de briser les os de l'avant bras de l'homme noir sans effort apparent. Nouveau hurlement. De la sueur perlant sur le front de ma victime, sa peur et sa douleur un peu plus présente. Moi toujours impassible. Mes yeux dorés fixant inlassablement la darkness. Si elle avait eu des doutes quant à mon appartenance aux Rebelles, ou si ma place y était légitime, ça ne devait plus être le cas à présent. Je n'étais pas un gentil jeune homme de dix-huit piges. Pas à cet instant en tout cas. |
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