| par Invité Ven 8 Mai - 0:59
| A quoi s’était-il attendu après s’être comporté comme le bel enfoiré qu’il était lorsqu’il s’agissait d’arracher des aveux ? Que l’autre se plie à sa requête, se recroqueville sur lui-même avant d’énumérer la liste de ses complices présumés ? C’était mal connaître l’homme qui se trouvait dans la même pièce que le chef de la police. Dès leur rencontre dans ce cimetière sinistre, l’intéressé avait démontré son détachement quant au fait d’être suspecté de complicité avec l’organisation criminelle au sujet d’un acte d’une si grande envergure. Vince Sinner l’avait donc aussitôt catalogué dans la catégorie des fortes têtes néanmoins désabusées, communément appelés, « les petits emmerdeurs ». Pas question que Stan Hollow lui dise quoique ce soit, sinon ce serait trop facile. Et vue l’énergie qu’il avait déployée jusque-là pour s’efforcer de ne pas leur faciliter la tâche, il ne risquait pas de rendre les armes maintenant. Presque surpris par la vitalité de son suspect, le chef de la police n’eut que le temps d’hoqueter en se reculant, bloquant certains des coups de talon de celui qui s’improvisait comme adversaire. Il croyait jouer au dur ? En voyant du coin de l’œil une chaise voler dans sa direction, il eut le temps de passer l’assaut à l’aide de ses énormes chaînes. L’objet retomba sur le sol dans un fracas assourdissant, à tel point qu’il s’étonnait que personne ne se soit encore présenté dans l’encadrement de l’unique porte de la pièce, pour s’assurer que tout allait bien. Soit la salle était vraiment remarquablement insonorisée, soit ses subordonnés plaçaient une confiance aveugle en leur supérieur. Pensée qui eut le mérite de flatter son égo au passage.
Cependant, inutile d’être très perspicace pour savoir que le combat n’allait pas s’éterniser entre eux. La respiration sifflante du suspect donnait une image très précise de son état de santé qui se dégradait doucement mais sûrement entre les quatre murs de la pièce et Vince Sinner se serait presque permis de sourire en songeant qu’à ce rythme, il allait finir en mauvais état plus rapidement qu’il ne le redoutait. S’occuper des profanateurs de tombes ? Cette allusion au quotidien de son interlocuteur lui fit arquer un sourcil. Il n’avait pas eu vent de ce genre d’histoires sordides ou alors celles-ci demeuraient au niveau de ses subordonnés, lesquels pensaient sûrement bien faire en ne l’ennuyant pas avec ce type d’affaires. Et ils avaient raison, quoique sur le long terme, peut-être qu’il faudrait également y remédier. Si les rebelles étaient capables d’enlever des personnes vivantes, ils pouvaient tout aussi bien récidiver sur des cadavres… La suite en revanche, lui plut beaucoup moins. Un raté ? Petit merdeux. Il lui ferait regretter de telles paroles. Sans doute que le chef de la police serait passé immédiatement passer à l’action si la fin des propos du suspect ne l’avait pas arrêté dans la foulée. Les grottes ? Pourquoi lui parlait-il des grottes ? Se pourrait-il que les disparus y soient ? Puisqu’ils n’avaient pas retrouvé leur trace en ville, il s’agissait de la dernière hypothèse possible. L’espace d’un instant, la conversation reprenait une dimension intéressante. Dommage que les commentaires personnels du dénommé Stan Hollow vinrent de nouveau polluer l’atmosphère. Agacé par l’insolent, le chef de la police se plaqua violemment contre le mur de la pièce, l’une des chaînes se pressant contre le cou du prisonnier et soulevant ce dernier du sol dans le même temps. Il avait choisi d’agir avant que quelqu’un n’ouvre effectivement cette maudite porte. Sans elle, il aurait toujours l’opportunité d’interroger l’énergumène.
« Pour une fois, nos avis se rejoignent M Hollow. J’ai hâte de voir ce jour arriver afin que je puisse vous envoyer rejoindre vos petits protégés une bonne fois pour toutes. »
Au loin, il crut vaguement entendre une porte s’ouvrir puis une voix. Celle d’une femme mais l’intonation de celle-ci lui échappait. Son attention était entièrement dirigée vers le visage du suspect, lequel commençait malencontreusement à se colorer, faute de pouvoir respirer normalement du fait de la pression des énormes chaînes métalliques contre sa trachée. Il eut soudain l’envie irrésistible de prendre la vie de cette personne en face de lui. Un déchet. Rien de plus. Qu’importe l’absence de réelles preuves contre lui –comme des aveux par exemple- Vince Sinner était intimement convaincu de sa complicité dans cette affaire. Peut-être que ce petit merdeux ne pouvait pas parler en raison des menaces de mort qui pesaient sur lui, ou même ses proches. Mais il aurait dû savoir que la police ne l’abandonnerait pas aux mains de ses anciens complices s’il venait à lâcher des informations sensibles à leur sujet. Donc se murer dans le silence et la provocation ne voulait signifier qu’une chose : son refus de coopérer avec les forces de l’ordre. Et ce genre d’individus, il…
« -hef ! Chef ! »
L’instant d’après, une poigne de fer s’abattit sur son épaule, serrant davantage jusqu’à devenir douloureuse alors que les secondes s’écoulaient, inexorablement, rapprochant un peu plus le malheureux d’une mort certaine par asphyxie.
« Vince. »
Cette fois, le ton de Naomi lui fit entendre raison. En tant que chef de la police, il ne pouvait pas se permettre de tuer un potentiel suspect dans l’affaire de l’enlèvement de masse. Le malmener était déjà limite aux yeux de ses subordonnés et même du Cercle ! Et son bras droit lui faisait comprendre avec fermeté : l’interrogatoire était terminé, elle allait prendre le relais ou bien…
« Jetez-moi ce bon à rien dans une cellule. » lâcha Vince Sinner froidement avant de désactiver son pouvoir.
Sans un regard pour le corps de Stan qui retombait lourdement sur le sol, il tourna les talons, emportant avec lui le dossier qu’il avait déposé sur la table lors de son arrivée dans la pièce. Ce ne fut que lorsque la jeune femme ressortit de la salle, laissant le suspect entre les mains de l’un de ses collègues chargé de le conduire à son nouveau chez-lui provisoire, que le chef de la police reprit la parole.
« J’assume les conséquences de cet interrogatoire. S’il doit y avoir un blâme, je le prendrai, moi et personne d’autre. Veuillez préciser tout de même que l'énergumène m'a menacé ouvertement. En contrepartie, je veux que l’on enquête sur l’entourage de cet homme. S’il refuse de parler, connaître l’identité de sa mère, ses amis ou même sa petite amie devrait finir par lui délier la langue. Ah, et encore une chose : organisez des missions de reconnaissance du côté des grottes. Il a lâché cette information lors de l’interrogatoire. Il s’agit peut-être d’un moyen de nous éloigner de notre objectif mais qui ne tente rien n’a rien. Des nouvelles du Cercle ? »
Essuyant tour à tour les acquiescements de la lycanne puis ses reproches concernant son manque de professionnalisme à l’égard du dénommé Stan Hollow, le chef de la police se contenta de hocher la tête en silence. Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, une partie de lui prenait à cœur ses remarques tandis que l’autre n’écoutait que sa détermination à trouver le ou les responsables de ces actes horribles. |
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