Entre repas et lapin (Privé Ewilan)

Sophie gonfla ses joues d’air en fixant intensément un lapin vert pâle qui osait lui grogner dessus. Qu’est-ce qu’étaient ces machins pastel qui se promenaient sur la plaine? Bien que ça décorait avec plein de couleur le paysage avec le soleil omniprésent en cette belle journée, c’était peut-être un peu trop intense comme moment.

Les lapins grognaient et claquaient des dents en se tournant lentement tous vers la jeune intruse sur leur territoire. La femme hybride qui n’avait espéré que brouter un déjeuner tranquille. Elle se retrouvait prise dans un conflit d’intérêts avec d’autres animaux, qui semblaient s’être levés du pied gauche et qui ne désiraient pas partager la plaine. Il faut dire qu’ils étaient nombreux. Peut-être un peu trop… Non, jamais assez pour une tête de mule telle que Sophie. Grognant à son tour, sortant, tel un taureau, l’air fort et rapidement de son nez.

« Je veux brouter tranquille, moi! »

Sophie tapa du sabot au sol, alors qu’une dizaine d’entre eux s’approchèrent lentement. Seule, sur la plaine verte et chatoyante d’un après-midi tranquille, Sophie se retrouvait dans une position bien délicate. Entouré par des dizaines de couleur pastel. Rapidement, Sophie ne vit qu’une couleur : rouge. On l’empêchait de manger, et ça, c’était intolérable! Même si ce qui lui bloquait la route était hors du commun, on ne privait pas une jeune femme de manger!

Elle planta ses sabots dans le sol dans un mouvement sec et rapide se penchant vers l’avant légèrement redressant la tête pour voir vers où elle allait aller. Droit dans un lapin bleu ou violet, mais! C’est quoi cette couleur horrible ? Secouant la tête de droite à gauche comme un animal, c’était une tactique simple d’intimidation. Ce qui eut peu d’effet. Un ou deux lapins avaient légèrement reculé.

Sophie blatéra plus fort avant de foncer tête première dans un lapin qui, bien qu’agressif, sembla prier le dieu des lapins, lapinou premier ou lapin blanc, avant d’être projeter au loin d’un coup violent de tête de la femme. Elle posa ses mains au sol au moment où elle aperçut des lapins lui sauter dans le dos. Sophie commença à ruer l’air de coup de sabot repoussant ses attaquants à coup de sabot.

La femme blatéra plus fort tenant ses ennemies à distance ayant fait fuir quelques-uns d’entre eux.

La jeune hybride redressa une oreille quand elle entendit un son bien particulier, la voix d’une jeune femme. Elle tombait à poil, mais pas pastel. Pas le temps de voir qui c'était, Sophie vit une lame foncer et décapiter un lapin et blesser gravement d’autres. La lame d’eau frôla le nez de Sophie alors qu’elle sauta vers l’arrière pour l’éviter. Elle se frotta le bout ayant envie d’éternuer.

« Facile de dire de s’écarter! »

Dit-elle en ouvrant grand les yeux. C’est vrai, il y avait des lapins partout qui n’attendait que de lui sauter dessus pour manger du mouton! Blatérant plus fort sur les lapins, elle courut vers la jeune femme qui tentait elle aussi de s’approcher. Tous en mode troupeau.

Ce fut un regard inquiet qu’elle vit dans les yeux de la femme. Quel était son problème? Elle pencha une oreille redressant l’autre.

« J’ai quelque chose sur le visage? »

Demanda-t-elle alors que tout à coup elle poussât la femme pour la faire tomber au sol. Elle donna un coup de tête pour projeter plus loin un lapin rose et rua un autre d’un coup de sabot. L'hybride bélier blatéra encore envoyant un coup de sabot juste au-dessus de la tête de la femme pour frapper un lapin, probablement sans le vouloir, qui avait sauté derrière la femme inquiète. Elle avait eu un coup de chance de frapper dans le mille, car Sophie visait tout et rien. Tentant d’éviter quand même la femme qui était venue. Pourquoi était-elle là au fait? Question à poser plus tard.

Le seul petit détail que Sophie n’avait pas remarqué était le bébé lapin accroché à sa queue de bélier. Tenant fermement comme s’il faisait du rodéo. Que de courage de ce petit lapin de tenter d’y rester alors que Sophie ruait l’air de coup de corne et de coup de sabot tel un taureau de rodéo.

À force de voir l’étrange énergumène frapper l’air de coup de corne et de coups de sabot. Certains lapins se mirent à fuir, d’autres reculèrent et d’autres tournaient autour des deux femmes. Une accalmie dans la tempête, enfin. Sophie tentait de reprendre son souffle n’ayant pas pris la peine de ménager ses efforts. À quoi bon?

À part le souffle court, couvert de sueur, elle allait bien. Quelques égratignures ici et par là, mais rien qui semblait perturbé la femme tête de mule. Tournant la tête vers la femme qui était avec elle, Sophie lui fit un grand sourire.

« Salut! Tu crois qu’ils vont s’en aller? »

Puis son sourire disparut entendant un faible grognement prenant un air intrigué et sentit quelque chose derrière elle. Bougeant les fesses de droite à gauche, elle sentit enfin la présence du bébé lapin. Il était là depuis quand, lui? Gigotant des fesses et de la queue, elle se mit à tourner sur elle-même pour tenter de voir et d’attraper la bestiole qui tenait fortement à elle, mais pas pour les bonnes raisons.

« C’est moi ou j’ai quelque chose sur la queue? »

Sophie se mit à blatérer, alors que les lapins carnivores restaient autour d’eux, soit aussi épuisé, soit attendant un faux mouvement de l’une des deux femmes, soit mort de rire de voir un mouton tourner sur lui-même comme une idiote.

Sophie attrapa la bête poilue accrochée de toutes ses forces sur sa queue, tirant dessus un peu. Blatérant d’énervement secouant le bébé lapin. Il était là pour rester le bougre! Si ça lui chante, qu’il y reste tien. Soupirant doucement, elle écouta la femme aqueuse quand elle parla basiquement de sa première rencontre avec les lapins, si elle voulait un coup de main.

« Ça ira, il finira bien par avoir mal à la mâchoire ou en avoir marre de bouffer du poil… »

Dit-elle en haussant les épaules et se grattant l’intérieur de l’oreille. Une sortie en force était de mise, mais elle avait besoin de reprendre un peu d’énergie avant. Quelques minutes et elle pourra foncer loin vers l’horizon, avec la femme sur son dos, même si elle était plus grande qu’elle. Elle ne semblait pas très lourde, alors bon ça ne devrait pas être compliqué.

Perdue dans ses pensées, les joues de Sophie s’étaient gonflées, trop prises à réfléchir. Les yeux vers le ciel, vers le sol, se parlant mentalement oubliant même jusqu’à la présence des lapins qui restait bien groupé autour d’eux. Ce fut les questions de la femme qui l’a sortie de ses pensées en levant une oreille pour être attentive.

« Je suis une hybride bélier. Mes cornes me grattent au printemps, car elles poussent. Puis je suis herbivore, même si j’aime bien le coton et la paille, mais mon alimentation est principalement composée de fruits et d’herbe. »

Le doigt sur le menton, les yeux vers le ciel pour répondre à toutes les questions et avec une réponse logique. Puis les yeux toujours ailleurs se gratta l’arrière de la tête et fit une légère moue.

« Bah! Tu sais, je ne crois pas que le vouvoiement soit de mise ici. On n’est pas tellement en train de prendre un thé avec des biscottes… Entouré de lapin de carnivore, je crois qu’on peut se tutoyer! »

Elle afficha un grand sourire niais, avant de se mettre à rire plus fort. Ouais bon, c’était surtout une façon de cacher très subtilement qu’elle n’avait pas pensé, même un instant, à vouvoyer sa collègue d'infortune. Son oreille se tourna vers l’arrière, puis tourna la tête. Les lapins commençaient à s’impatienter, apparemment. Tapant du sabot au sol, Sophie blatéra sur les lapins.

« Vous ne voyez pas qu’on discute? Attendez votre tour! »

Elle croisa les bras et se retourna vers la femme. Ses yeux gris se baissèrent finalement sur la femme et vit son bras. La femme s’était fait amocher, pas cool, vraiment pas cool. Que pouvait-elle lui dire, elle n’était pas médecin et en prime, elle avait l’habitude d’aller voir maman quand elle avait trop mal et là maman était trop loin.

« Faudra peut-être faire quelque chose pour ton bras? »

Demanda-t-elle, regardant autour d’elle, si une percée en force était maintenant possible…

C’est à ce moment critique… que le ventre de Sophie se mit à se plaindre. Les deux mains sur son ventre, l’air un peu con sur le visage.

« J’étais venue manger… Mon ventre vient de me le rappeler… »

Sophie se gratta la tête. Boire des biscottes. Elle afficha un petit air ahuri tellement que c’était, aux pensées de l’hybride, illogique. Après c’était elle que les gens considéraient comme étrange de manger tout ce qui trainait ?

« Bah non. C’est à manger avec le thé. Tu sais, c'est de la mie de pain doré au four ou tu peux mettre plein de trucs dessus. Ça ressemble à des craquelins. »

Comment pouvait-elle expliquer autrement que de dire que c’était des biscottes pour le thé. Sophie s’accroupissant malgré la présence intrusive du lapin après sa queue qui grognait de temps en temps sans vraiment rien de plus. Elle agrippa de l’herbe sous ses doigts et l’arracha du sol pour se mettre à manger. Elle écouta les dire de la femme et se mit à parler la bouche pleine :

« Pourquoi de l’eau, l’hôpital ça ne serait pas mieux ? Tu saignes beaucoup là. Pas de l’eau qui guérit, à moins qu’on m’ait dit des conneries à l’école. »

L’hybride bélier se gratta la tête. Elle avait connu quelques personnes qui ne connaissaient pas trop sur sa race qui n’était pas des plus répandues et même parfois jugée rapidement à cause de leur côté bestial. Vu ce que pouvait manger Sophie, c’était de temps en temps avec certaines raisons. Mais cette demoiselle était bien étrange pour la femme bélier. Avait-elle vécu en ermite ? Non, les vêtements de celle-ci ne représentaient pas ce genre de type de personne, surtout si elle était effectivement chirurgienne. Sophie contemplait la demoiselle blessée mâchant lentement la bouche légèrement ouverte perdue dans les méandres de son esprit.

Sophie c’était assise face à Ewilan et dos aux lapins. Avait-elle réussi à même oublier la présence de ces lapins dangereux.

« On est loin du lac ici. On est dans les plaines… Je ne vois pas trop de points d’eau dans le coin. »

Puis une cloche sonna dans l’esprit de la femme. Certes, le lac d’Avventura était loin, mais pas certains cours d’eau ! Dont un qui devrait être un peu plus vers l’ouest. Se levant d’un bon le lapin toujours après sa queue. Elle se positionna dos à Ewilan, lui faisant signe de grimper.

« Je crois qu’il y a un point d’eau non loin. Embarquement immédiat sur bélier express ! »

S’écria Sophie tapant du sabot au sol et sourire effronté et fonceur aux lapins devant elle. Elle était épuisée, mais jamais assez pour ne pas aider une amie. Bah oui, cette fille était son amie à présent ou était le problème? Elle dormirait juste plus ce soir !

« Je ne suis pas grande, mais je suis forte ! Ce n’était pas des taches de couleurs qui m’empêcheront de passer »

S’exclama-t-elle prête à foncer.