Une raison supplémentaire d'en finir! (Terminé)

"Je devrais peut être rentrer maintenant ? Baaaah, ce n'est pas comme si quelqu'un m'attendait. Arrête de rire toi, je ne t'ai toujours pas pardonné le comportement déplorable que tu as eu avec les dames que l'on a croisé hier."

Shawn ne pouvait s'empêcher de rire aux éclats, il s'était fâché avec Stan la nuit dernière vis à vis d'une simple blague que ce dernier avait fait à quelques charmantes femmes peu vêtues. Sortir une liasse de billets en hurlant qu'il lui cherchait du réconfort entre leurs atouts n'était pas la meilleure façon de se faire apprécier. Impuissant le fossoyeur avait assisté  à la scène, mais ce qui lui avait réellement mit les boules, c'est que l'entité démoniaque s'était automatiquement retirée après avoir hurlé ça. Résultat, il avait dû échapper aux griffes et talons d'une horde furieuses. Courir après une soirée en solitaire passé à fumer et siffler une bouteille de rhum n'était réellement pas chose aisée. Surtout qu'elles étaient tenaces, elles n'avaient lâchées le morceau qu'après huit heure du matin. Oui, la course poursuite avait durée plus de quatre heure, si le soleil ne s'était pas levé il serait sans doute encore en train de se cacher. Deux heures plus tard il était encore dans les parcs, allongé sur un banc de fortune, une bouteille vide dans la main gauche, une fin de joint dans la main droite qui se baladait sur le sol parsemé de copeaux de bois. Ce n'est ni les rayons du soleil, ni la chianterie infâme de Shawn qui l'avait réveillé, pas même le bruit infernale des voitures mais bien l'inimitable son d'une horde de gosse brayant.

"Qui sont les parents indigne qui promènent leur gosse à une heure aussi ... raaaah"

"Un jour peut être auras tu la chance d'en avoir un, ne sois pas si dur envers eux."

"Ta gueule".

Si il y avait bien une chose dont il ne fallait pas approcher, c'était le sujet sensible du rôle de parents. On l'avait abandonné, personne ne l'avait jamais désiré, sauf cette entité maléfique dont il ne savait rien si ce n'est le nom. Stan se redressa lentement, croisant le regard indignés des mères, leurs yeux semblaient capable de l'incendier d'une minute à l'autre se qui poussa le jeune homme à jeter sa bouteille dans la poubelle juste derrière lui. En revanche, si elles espéraient vraiment lui enlever sa fin de clope magique, les matriarches devaient se préparer à une lutte titanesque. Personne ne lui enlèverait le dernier souvenir de plaisir d'une soirée merdique, pas même cette bande de pondeuses moralisatrices.


"Sinistre enfoiré, comment oses-tu jeter ta bouteille vide dans une poubelle ? Ne peux tu pas lever tes fesses et la jeter dans l'une des bennes recyclable dont dispose nôtre ville ? C'est un scandale ..."

"Ferme là ..."

-Vous auriez pu la jeter dans le dépôt à verre juste à l'entrée du parc, si vous vouliez vraiment montrer l'exemple ... bonne journée.

Une terrible chieuse venait de lui faire la remarque, une perle salée traversa sa tempe puis il préféra baisser les yeux en soupirant laissant son joint tomber sous le choc de la situation. Shawn éclata de rire, ce dernier n'imaginait même pas que ça remarque puisse être amplifié ainsi. Stan commençait à l'accuser d'avoir tout programmé, mais ce dernier démentait fermement:

"Je n'y suis pour rien cette fois je te jure!"

"Tu es invivable bordel, puis ne t'ai je pas déjà répété de la fermer?"

"Si."

"Bah alors ...?"

"Tu n'as pas d'ordre à me donner, tu n'es pas mon père!"

"Non mais je rêve là ? Tu squattes mon âme et après tu me dis que je n'ai pas d'ordre à donner ?"

"Bah ouais... dans les films c'est toujours celui qui s'incruste dans l'autre qui commande."

"Ouais bah bienvenue dans le monde réelle, alors maintenant tu la fermes où je te jure que je nous fais passer le reste du week end enfermé dans le garage."

Shawn ne voyait pas trop comment Stan aurait pu l'enfermer quelque part mais il préféra garder le silence. Son hôte était de mauvaise humeur, une faible gueule de bois cumulé à une fatigue pesante était en train de le broyer. La darkness avait profité de sa soirée pour lui en faire voire de toute les couleurs, alors autant lui laisser au moins le dernier mot. Soudainement, l'idée de rentrer chez eux pour se laver et dormir un peu plus leurs traversèrent l'esprit. S'aidant de ses mains il se leva lentement puis s'étira en baillant, seul problème à noter, il avait perdu son bonnet. Ses doigts caressèrent avec froideur son cuire chevelus. Une mine grave remplaça celle qu'il arborait au par avant. Ses sens en alertes il chercha son couvre tête en dessous et à côté du banc. Peut être l'avait-il perdu lors de la course poursuite avec les furies aux jupes courtes. Un sourire forcé déchira progressivement son visage, des idées noires où il matérialisait physiquement Shawn pour le frapper commencèrent à germer. Le darkness se contenta de rester tapis dans les ténèbres, amusé par la scène qui lui offrait son hôte généreux. Les mains sur les hanches, il commença à marcher retraçant avec les bribes de mémoires qu'il lui restait le chemin parcouru hier. Le bonnet n'était en soit pas si important, mais perdre quelque chose l'ennuyait.

Sans le vouloir, cette gamine ravivait des plaies douloureuses, parler de mère à Stan n'était pas vraiment le meilleur moyen de l'amuser. Il pencha la tête sur le côté, puis commença  sourire défiant les attentes de Shawn qui du tréfonds des entrailles de son hôte fut agréablement surprit par la réponse du fossoyeur:

-Je n'ai pas connu ma maman, donc elle ne m'a jamais grondée. Ce n'est pas une raison pour faire n'importe quoi, mais ça évite pas mal de soucis je dois l'admettre.

Un long soupir lui échappa, cette gosse était en train de le mettre dans de sales draps. Ses yeux fixèrent la poubelle un instant supplémentaire, puis il se demanda comment un mégot sec de la veille avait-il pu déclencher un début de flammes? Il observa de nouveau la poubelle puis se surprit à ne plus sentir la moindre odeur, ni voire la moindre traces de fumée. Légèrement frappé par cette situation, il se déconnecta de la conversation engagé avec l'enfant. Mais cette dernière parvint très rapidement à le ramener au monde réelle, elle enfila de nouveau le bonnet sur sa tête en restant plantée devant lui. Les mères se trouvant derrière lui commençaient à hausser le ton, rien d'alarmant mais ça ne présageait rien de bon pour ses fesses. Les choses n'allaient vraiment pas comme il le souhaitait, une fine perle de sueur glissa le long de sa tempe droite alors qu'il cherchait une solution à son problème. Peut être y avait-il un moyen de récupérer son bien, après tout, n'était-il pas un grand enfant ? Un sourire enfantin se dessina lentement sur ses lèvres alors que ses yeux se plissaient lentement:

-Je comprends, rien ne t'obliges à me croire mais peux-tu m'accorder une faveur ? Jouons à un jeu tout les deux, le vainqueur remportera le bonnet et pourra le ramener chez lui. Je te laisse le choix de l'épreuve.

Il se laissa tomber sur le sol en tailleur devant la jeune fille, puis commença à étudier son comportement. Allait-elle hésiter? Où bien plongerait-elle tête baissée dans le défis que venait de lui lancer implicitement le fossoyeur ? Tant de possibilités, une incertitude si grande, ce genre de situation aussi infime et puéril soit-elle, comblait Stan de plaisir. Il se surprit une fois de plus à côtoyer quelqu'un de la gente féminine. Certes, elle n'était pas encore une femme à part entière, il lui manquait l'élégance, la beauté, la grâce et la force. Bref, ce détail insignifiant lui en revanche n'avait pas besoin d'être à ce point étudié, les yeux du jeune homme allèrent vers les mères assissent sur le banc. Elles avaient l'air d'une bande de harpies, toutes prêtes à plonger fondre sur le moindre trouble fête qui menacerait leur progéniture. Son sourire ce fit beaucoup moins doux, un peu plus gêné peut être. Soudainement, quelque chose explosa en lui:

-En fait, moi c'est Stan. Enchanté.

Un manque d'éducation élémentaire qui refroidit littéralement ses ardeurs de joueur, après tout si même lui ne montrait pas l'exemple. Qui le ferait ?

Stan regarda la gamine en écoutant son offre, n'étant en rien dérangé par le risque de devoir sacrifié quelques petites pièces pour une glace à l'italienne il se contenta d'hausser les épaules en souriant. Laissant son regard étudier le ciel qui s'étendait infiniment au dessus d'eux, la perte de temps qu'allait engendrer son caprice pesait sur ses épaules. Sans savoir pourquoi il ne lui répondait pas immédiatement, peut être n'avait-il pas grand chose à faire de ce bonnet, bien que ses cheveux blancs quand il croiserait son reflet lui rappelleraient à quel point il est un non sens en cette vie. Sa main alla gratter sa gorge un instant puis il se contenta d'hocher la tête en riant:

-Je marche, mais ne te fais pas d'illusions, si je perds j'en prendrais une aussi! De plus, quelque soit le jeu auquel tu décides de me soumettre, nous ne devrons pas sortir du parc d'accords ?

Il se releva, réalisant à quel point il bougeait beaucoup pour peu de choses, puis sentit soudainement une pression s'exercer sur son épaule. Sur ses gardes il se retourna vivement en saisissant le poignet de l'énergumène, puis se surprit à retrouver les yeux d'une dame qui ne lui était pas inconnue. Cet air aguicheur, ce sourire complaisant et cette matraque télescopique martelant son ventre à l'instant même où il réalisa son erreur. Sans même avoir le temps de dire quoi que ce soit, il se retrouva plié en deux, tenant encore sur ses deux jambes par la force du saint esprit si ce dernier avait vraiment du temps à perdre bien sûr. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres du vagabond, cette femme ressemblait étrangement à la meneuse du groupe de furies qui le traquait sans relâche depuis la nuit dernière. Il se retourna vers l'enfant puis déclara simplement:

-Je suis désolé, tiens voilà l'argent pour ta glace, mais je crois que cette femme veut finir ce qu'elle a commencée hier ...


Un rire sarcastique le poussa à faire un bon sur le banc pour éviter un coup verticale et là encore une course sans fin l’emmena à abandonner la petite fille dont il ne connaissait pas le nom. Laissant aussi à regret son bonnet et un peu plus de cinq euros pour qu'elle puisse se payer une glace. Au finale la furie le laissera tranquille après l'avoir coincé dans une impasse, lui avoir envoyé ses talons dans les valseuses et l'avoir achevé avec un baisé aussi chaud que la braise. Bien que l'haleine fortement alcoolisé de sa partenaire ne le cachons pas, gâcha un peu le charme de cette triste fin.