Sans qu'il ressentit le besoin de s'en assurer par lui-même, Natsume savait que les regards des deux hommes s'étaient tournés dans un même élan en direction de la jeune femme assise à leur table. Elle fut bien la dernière à se rendre compte que la sonnerie qui se faisait entendre, provenait de son téléphone portable. Prenant son mal en patience, le garçon se rassit sur sa chaise, évitant de tourner la tête de l'autre côté, pour croiser le regard hétérochrome de leur interlocuteur commun. Il n'avait aucune envie de voir le visage du prétendu professeur et encore moins de quitter prestement la table sans un mot pour Leann, qui n'avait probablement pas compris ce qui s'était passé autour de ladite table. En tant que lycanne, n'avait-elle pas senti sa peur ? Ou même la tension présente dans l'air ? Peut-être que la foule qui les entourait, l'empêchait de se concentrer sur une seule personne à la fois ? C'était possible mais l'étudiant espérait tout de même qu'elle avait senti que quelque chose n'allait pas. Qu'ils aient l'occasion d'en discuter tranquillement chez eux ce soir. Il ne fallait pas qu'elle continue de fréquenter cet homme ! Une expression étrange s'installa sur le visage de sa colocataire quand elle finit enfin par répondre au téléphone. A en juger par ce qu'il vit dans ses yeux, elle ne s'attendait pas à ce genre d'appel. Etait-elle déçue ? Prise de court ? Natsume n'aurait su le dire et il devait se résoudre à attendre qu'elle ait raccroché, avant de lui poser la question. Mais cela ne se passa pas exactement comme il l'aurait cru. Le bruit du téléphone s'écrasant sur le sol le fit sursauter. Cependant, son esprit ne tarda pas à oublier l'état actuel du mobile pour se préoccuper de Leann. Son visage avait blêmi à tel point qu'on aurait pu la confondre avec un vampire si ses yeux n'avaient pas cette couleur proche de l'absinthe. Avant même qu'il eut le temps de dire ou de faire quoique ce soit, voilà que son amie quittait la table, sans un mot d'explication sur ce qui arrivait. Elle venait d'apprendre quelque chose de grave ou de terrible pour faire une tête pareille. En la voyant prendre la direction des escaliers, le jeune barman se redressa pour aller à sa suite. Il ne pouvait pas la laisser seule dans une situation pareille. Même si la louve lui reprocherait de l'avoir suivie ou qu'elle n'aimerait pas qu'il la voit dans dans cet état, il ne craignait pas d'essuyer sa colère. En tant qu'ami, le garçon voulait être présent pour elle si elle en avait besoin. Or, il pensait, à juste titre, que c'était le bon moment pour être auprès d'elle. Sauf qu'une main l'arrêta dans son entreprise. Il tenta de se dégager mais la prise se resserra sur son épaule, lui intimant par ce simple contact, d'abandonner son idée première qu'était celle de rejoindre sa colocataire en bas. Furieux, Natsume se retourna pour retrouver le visage tant détesté du complice de la lycanne qu'il avait rencontré ce soir là dans la ruelle. Le sourire qui étirait les lèvres de l'homme ne laissait rien présager de bon. Pourtant, ce furent ses mots qui paralysèrent l'étudiant, non sa simple présence. Il ne réalisa pas immédiatement ce que l'autre cherchait à faire mais quand ce fut le cas, une nouvelle lueur de colère passa dans les iris couleur rubis du jeune barman. Comment pouvait-on être odieux à ce point ?! Est-ce que l'individu avait prévu le coup du téléphone ? Pour mieux les séparer ? Non, il ne pouvait pas croire que l'assassin puisse avoir préparé cette rencontre. Natsume pensait sincèrement que celle-ci résultait du fruit du hasard, non d'une ruse tordue de la part de l'homme en face de lui. Effectivement, il s'était cherché un emploi, pour ne plus se montrer dépendant de ses deux colocataires, aussi charmantes pouvaient-elles être. Plus parce qu'il ne supportait pas d'être un poids pour quiconque, que par fierté. L'étudiant n'en possédait pas. Mais à cet instant, il comprit bien que l'autre avait cruellement raison. S'il partait à la poursuite de Leann, ses collègues de travail, bien que compréhensives, ne pourraient pas nier le fait qu'il avait prolongé sa pause sans autorisation ou même qu'il avait quitté son lieu de travail sans raison valable. Même s'il était en très bons termes avec la patronne de l'établissement, le garçon ne pouvait pas se permettre d'agir ainsi. Au risque d'avoir des problèmes avec Saphira par la suite. Pourtant, nulle trace de soumission ou de désespoir n'apparurent dans son regard, seule la colère demeurait et c'est avec rage qu'il finit par lâcher quelques mots à l'intention de son interlocuteur.
« Espèce d'enfoiré... »
Cette courte réplique sembla davantage amuser l'homme qu'autre chose. Se délectait-il de la réaction de sa victime ? Très certainement à en juger par l'expression de son visage. Ce qui ne fit que renforcer la haine et le ressentiment que lui vouait Natsume. Si seulement cet individu n'existait pas ou s'il pouvait mourir... Une partie de ses problèmes disparaîtrait avec lui mais malheureusement, il se savait trop faible pour tenter quoique ce soit. Dire qu'il avait déposé une plainte contre lui et la lycanne au sujet de l'agression dont il avait été victime. Et maintenant il le retrouvait devant lui ? Maudit destin ! Il dut prendre sur lui pour ne pas se mettre à trembler de manière incontrôlée quand son interlocuteur s'approcha de lui et le dépassa. Allait-il rejoindre Leann ? Le jeune barman se mordit la lèvre jusqu'au sang. Il ne voulait pas le laisser faire. Son amie avait besoin de lui, non de cet homme vil et manipulateur. Mais que faire ? Quitter le bar au risque de perdre son travail ? Tiraillé entre deux envies, l'étudiant mit du temps à s'apercevoir que l'individu aux cheveux écarlates venait de se retourner dans sa direction, son habituel et agaçant sourire aux lèvres. Quand celles-ci se mirent à remuer, Natsume comprit qu'on s'adressait à lui. Pourtant, il ne s'attendait pas à une remarque aussi sournoise que celle qui s'échappa d'entre les lèvres de son interlocuteur. Tout comme la louve précédemment, il se mit à blêmir alors que le vide se faisait dans son esprit. Cela ne pouvait pas... Il devait avoir mal entendu... Ou l'autre se jouait de lui encore une fois... Pourquoi n'avait-il pas de nouvelles de sa patronne et amante ? Parce que cette dernière l'évitait ? Ou ne pouvait pas le joindre ? Ses oreilles se mirent à bourdonner, la tête lui tournait alors qu'il était pris de nausées. Il dut s'appuyer sur la rembarre en bois pour ne pas perdre l'équilibre quand ses jambes se mirent à trembler violemment. Au fur et à mesure que les secondes passaient, l'évidence se faisait une place dans son esprit et la réalité lui apparut encore plus cruelle qu'il ne l'aurait imaginé. Lui qui pensait que la jeune serveuse ne voulait plus le voir ou que c'était fini entre eux, il était bien loin de s'être imaginé ce genre de scénario... Non satisfait de s'en prendre à lui, il avait tué Saphira ? Peut-être que c'était l'oeuvre de sa complice ? Pour lui apprendre où était sa place ? Qu'il ne fallait pas leur résister ? A moins que ce n'était pour se venger de la déposition du garçon à leur sujet ? La douleur s'empara de son cœur en tentant d'imaginer les derniers instants de son amante. C'était à cause de lui ce qui lui était arrivé. Si elle ne l'avait jamais rencontré... Elle serait peut-être toujours cette darkness sanguinaire mais au moins, elle ne serait pas morte. Passée la surprise, l'abattement et la peine, ce fut la culpabilité qui assaillit Natsume. Il détestait l'homme en face de lui, il se détestait lui-même. C'était tout comme ce qui s'était passé dans la ruelle... On tentait de se rapprocher de lui, de faire partie de son entourage, de lui venir en aide, pour quoi au final ? Mourir sans que personne ne s'en aperçoive. Son entourage... La stupeur s'installa sur le visage blême du garçon et il jeta un coup d'oeil dans la direction de son interlocuteur, qui avait commencé à descendre les escaliers. Leann et Mikû ! Si l'homme connaissait la première, il ne tarderait pas à remonter jusqu'à leur appartement. Quant à la suite... Malgré l'urgence de la situation, ses jambes refusèrent de bouger. Il eut beau se répéter inlassablement qu'il devait retrouver la louve au plus vite, retourner à l'appartement pour expliquer la situation à ses deux colocataires, ou carrément de s'insulter de tous les noms pour rester immobile de la sorte, le jeune barman ne parvint pas à se détacher de la rembarre en bois. Ce fut seulement lorsqu'une de ses collègues vint le trouver là, blême de peur et posa une main sur sa joue pour le faire sursauter violemment, que le garçon retrouva l'usage de son corps. Les deux serveuses virent bien que quelque chose le tracassait, bien que le terme était faible pour décrire l'état d'esprit de Natsume, aussi, elles décidèrent d'un accord commun, à le laisser rentrer chez lui plus tôt que d'habitude. Tant pis, elles devraient parvenir à s'en sortir sans lui au bar, surtout quand on voyait le nombre de verres qui s'échappait des mains fébriles de l'étudiant. Il serait plus utile chez lui que derrière le comptoir à accumuler les gaffes.
C'est à peine s'il les remercia ou s'excusa pour ses erreurs. Le garçon restait marqué par ce qu'il venait d'apprendre, autant la liaison trouble entre le meurtrier et Leann, que le supposé meurtre de la darkness. Le regard vide, il avançait péniblement dans les ruelles de la ville, jusqu'à atteindre le quartier regroupant les HLM. La nuit tombait doucement sur la ville mais il s'en moquait. Tout comme les passants qui lui rentraient dedans, un peu trop pressés de retrouver le confort de leur appartement. Dans le cas de l'étudiant, il n'était plus aussi désireux de retrouver ses colocataires. Car il lui faudrait d'abord s'inquiéter de l'état de la louve alors qu'elle les avait quittés prestement. Pour ensuite lui faire part de son avis, de ce qu'il avait appris... L'écouterait-elle seulement ? Natsume n'avait jamais vu Leann dans un état pareil, peut-être qu'elle prendrait ses distances avec eux pour un temps ? Il espérait que non. Il ne se voyait même pas avouer le meurtre de sa petite amie... Déglutissant avec difficultés, le garçon finit par atteindre leur immeuble. Contrairement à d'habitude, il ne prit pas l'ascenseur, préférant gagner du temps en empruntant les escaliers. Tous les moyens étaient bons pour mettre le plus de temps possible à atteindre la porte de leur appartement. L'étudiant était complètement abattu. Mais devrait-il le cacher à ses colocataires ? Histoire de les avertir du danger qu'elles couraient par sa faute avant de se faire expulser de leur colocation ? Leur parler de la disparition de Saphira ne sonnerait comme une excuse pour qu'on le plaigne alors qu'il les mettait en danger de mort... Tellement indifférent à ce qui se passait autour de lui, Natsume ne remarqua même pas l'angle différent de la poignée de porte de leur appartement. En tant normal, il aurait dû se rendre compte que celle-ci semblait avoir été forcée mais en l’occurrence, il n'y prêta pas attention. L'appartement était plongé dans la pénombre. Vu l'heure, Mikû ne devait pas encore être rentrée de son propre travail, quant à Leann... Ne ressentant pas l'envie, ni le courage de s'annoncer dans cette demeure qui ne serait bientôt plus la sienne, le jeune barman se traîna en direction de sa chambre. Le fait qu'aucune de ses deux colocataires ne semblait présente, l'arrangeait au moins sur un point : il disposait d'un peu de temps pour se reprendre et mettre de l'ordre dans ses pensées. Il devait se reprendre, aussi dur que cela était... Pour le bien de ses amies. En pénétrant dans la petite pièce, il y eut d'abord cette odeur inhabituelle qui lui sauta aux narines mais là encore, il n'y prêta pas attention. Pour l'heure, il avait d'autres préoccupations en tête qu'une simple poignée de porte tordue ou une odeur étrange régnant dans sa chambre. D'un mouvement qu'il connaissait par cœur, il alluma la lumière et repoussa la porte du pied derrière lui pour la fermer. Ce n'est qu'alors qu'il releva les yeux pour les poser tout naturellement sur son lit... Le sac contenant ses affaires pour le travail, s'échappa de ses mains et s'écrasa sur le sol. Son cœur manqua un ou deux battements alors qu'il découvrait le visage de la personne ainsi installée sur son lit. Natsume eut un violent mouvement de recul et vint percuter la porte en bois derrière lui. La poignée s'enfonça dans le bas de son dos, provoquant une vive douleur qui lui parcourut toute la colonne vertébrale. Mais il ne s'en aperçut pas. Non, seule son attention était rivée sur cette femme qu'il avait déjà rencontrée. Ce soir... Dans cette ruelle...
« Ce n'est pas possible... C'est un cauchemar... » murmura t-il malgré lui.
Même le son de ses mots ne lui parvint qu'à moitié. Tout son corps se trouvait de nouveau paralysé, incapable du moindre mouvement ou pensée. Comme si découvrir la lycanne sur son lit l'avait congelé sur place. Les battements de son cœur résonnaient bruyamment dans son crâne. Il lui semblait qu'ils s'étaient accélérés, au point que l'organe lui-même jaillisse de sa poitrine, encore chaud et palpitant. Non, il devait halluciner ! Cette femme ne pouvait pas se trouver ici ! Dans sa chambre ! La scène sembla se dérouler au ralenti, comme si le temps avait suspendu son cours. Un drôle de sourire étirait les lèvres de l'inconnue. Mais ce n'était en rien une invitation à partager son lit cette nuit. Cette femme n'avait rien d'une tendre amante attendant son retour. Non c'était plutôt... Sans qu'il se sentit le faire, sa main droite commença lentement à se lever pour tenter d'atteindre la poignée dans son dos. Il voulait quitter cette pièce immédiatement, fuir cet endroit pour ne plus voir le visage de la lycanne, bien que ce dernier le poursuivrait encore dans ses rêves.
La soirée allait bientôt débuter et avec elle, l’humeur de la louve allait -encore- se dégrader. Elle était de plus en plus irritable -et irritée- ces derniers temps. Un rien l’a faisait sortir de ses gonds et comme à son habitude, elle ne se privait pas pour laisser éclater ses émotions. Ce qui n’était pas au goût des membres qui pouvaient la croiser. Tant pis pour eux. L’info qu’il ne fallait pas venir à sa rencontre quand elle était de mauvais poil circulerait simplement plus vite. Quoi qu’il faudrait les informer que même en temps général, venir lui parler -sauf si c’est important- n’était pas vraiment une idée judicieuse. Et dire que cette lycanne était à la tête du groupe qui avait pour ambition de faire tomber le Cercle. C’était à se demander si tous les membres avaient toute leur tête pour la laisser ainsi diriger. Bon ok, dans le cas contraire, il y aurait probablement pas mal de mort et tout le monde serait perdant. Ou alors, c’était la présence de son second, qui remontait le niveau de personne réfléchies ? Peut-être mais dans le fond, elle n’en avait rien à faire. Le temps qu’on suivait ses ordres et qu’ils parviennent à faire bouffer des pissenlits par la racine au Cercle, c’était tout ce qu’elle demandait. Pour l’heure, ce qui était en train de la rendre folle, c’était de n’avoir rien de prévue pour la soirée. Bien sur, elle allait probablement sortir pour laisser place à sa bête mais rien de plus précis. Elle entendait déjà Jilan de là si jamais il apprenait qu’elle avait ce genre de penser « Et cet humain ? Tu comptes le laisse encore longtemps en vie ? » et tout le tralala qui allait avec. Bien sur qu’elle voulait lui faire la peau mais pour le moment, elle n’avait aucune envie de jouer le chien de chasse dans toute la ville à chercher une odeur parmi tant d’autre sans avoir de périmètre de recherche ! Ca ne ferait que la foutre davantage en rogne de passer son temps à flairer des odeurs pour n’être même pas certaine de le retrouver. Parce que même si la ville n’était pas aussi grande que la capitale, chercher un individu de la sorte, c’était pas non plus une partie de plaisir ! Et ce, même si c’était pour pouvoir faire la peau à ce petit morveux. Ouais on aurait pu penser que cette seule optique pouvait la faire réagir mais ce n’était pas le cas. Pas ces derniers temps. Est-ce que ça venait de sa récente rencontre dans la forêt avec cet humain ? Qu’elle n’avait toujours pas digéré le fait qu’elle aurait pu y laisser la vie parce qu’elle n’avait pas prévu qu’il aurait ce genre d’attirail sur lui ? Ouais. Ca l’a faisait chier de l’admettre -comme d’habitude- mais ça la faisait chier de s’être faite avoir de la sorte. Est-ce que ça allait lui servir de leçon pour qu’elle soit plus sur ses gardes dorénavant ? Et qu’elle fasse plus gaffe à ses fesses lorsqu’elle s’en prenait à quelqu’un sans le tuer dès le départ ? C’était une très bonne question. Normalement, la réponse devrait être positive mais ce n’était pas n’importe quelle louve. Et Kyarra avait une certaine tendance à ne pas prêté attention à ce genre de chose, sauf si elle se retrouvait blessée. Est-ce qu’il fallait qu’elle s’en prenne plein la gueule pour comprendre quelque chose ? Dans certaines mesures, oui.
Bref, quand elle entendit son portable sonner, elle lui jeta un regard noir. Qui venait la faire chier jusque là ? Soupirant, elle fit les quelques pas qui le séparait d’elle pour s’en saisir et sans regarder le numéro, elle savait que ce n’était pas pour rien qu’on essayait de la joindre. Seuls quelques membres des Rebelles avaient ce numéro, donc elle devait mettre de côté sa mauvaise humeur -quelques instants- pour répondre. Quand elle vit qu’il s’agissait de Jilan, elle soupira de nouveau en se demandant ce qu’il lui voulait. Mais elle fut extrêmement surprise d’entendre la raison de cet appel mais elle ne pu s’empêcher de lâcher plusieurs commentaires désobligeant sur l’endroit qu’il lui indiqua mais surtout sur le fait qu’il ne logeait qu’à quelques mètres de son second. Bon, qu’il lui rétorque qu’il n’avait pas son odeur ne lui plus pas non plus mais elle n’avait rien à lui répondre puisqu’il avait raison et mettre de l’eau sur de l’huile brûlante n’arrangerait rien les choses. Et puis : elle allait pouvoir s’occuper de ce morveux ! Pourquoi continuer d’être de mauvais poil alors ? Parce que savoir qu’il était aussi près de l’appartement du lightness et qu’elle n’ait pas senti son odeur les quelques fois où elle s’y était rendu, l’énervait. Elle nota l’information de la colocataire dans un coin de sa tête et elle ne pu s’empêcher de se demander ce qu’il comptait en faire ensuite. Simplement la retenir assez de temps pour qu’elle puisse tuer l’humain ? Ou il allait encore... ? Secouant la tête, Kyarra attrapa une botte et l’enfila, c’était pas ses affaires et dans le fond, elle en avait rien à carrer de ce qu’il faisait. Enfilant l’autre botte, elle attrapa le premier tee-shirt noir qui trainait et le mit, parce que l’optique de se balader en pleine rue en soutif n’était pas super. Même si elle pourrait tout aussi bien se balader à poil dans la ville, qu’elle s’en foutrait... Mais il y avait une certaine loi interdisant ce genre de chose. Ces humains étaient vraiment ridicules. Enfin, c’était pas nouveau. Sortant de sa chambre, que personne n’osait partager avec elle, elle se dirigea vers l’entrée de la grotte avec un léger sourire sadique aux lèvres. Elle salivait déjà en imaginant la tête du morveux à sa vue. Pour le coup, elle pourrait presque regretter de ne pas laisser l’opportunité à Jilan de le voir également. Mais tant pis, il allait remplir une part de son travail. C’était déjà ça. Devait-elle lui ramener un petit souvenir de l’humain ? Genre, une oreille ? Même si cette idée faisait rire la louve, elle doutait qu’il prenne ça de la même façon qu’elle. L’inconvénient à ne pas être un lycan. Bref, elle marchait d’un pas rapide entre les arbres, elle ne courait pas mais presque. C’était surement dû à l’excitation de ce qui allait bientôt avoir lieu. Mais une question se posait. Devait-elle le tuer aussitôt arriver pour ne tomber sur l’autre colocataire ? Même si un deuxième meurtre ne serait pas un problème. Ou pouvait-elle faire confiance à Jilan pour la retenir et ainsi prendre son temps et se faire plaisir à le tourmenter ? Dans les deux cas et après une rapide interrogation, Kyarra opta pour faire durer le jeu.
Arrivée devant l’immeuble, la louve était comme une gamine, toute excitée à l’idée de faire couler le sang de Natsume. Elle remercia mentalement le lightness d’avoir pensé à lui communiquer le code de la porte d’entrée de l’immeuble. C’était pas le genre de truc auquel elle aurait pensé avant d’en avoir besoin. Comme quoi, elle avait bien fait de faire de lui son second, malgré leur caractère explosif à tout les deux. Une fois rentrée dans le bâtiment, la louve ferma les yeux quelques instants pour se concentrer. Ok, il habitait dans cette immeuble mais quand même, se rendait-il compte de combien de gens logeaient ici et de toutes les odeurs qui s’y trouvait ? Ouais, même à quelques mètres de leur cible et avec le travail presque mâché, Kyarra trouvait encore le moyen de gueuler et de se plaindre. Naturellement, elle se dirigea vers les escaliers, mais cette fois, ce n’était pas à cause de sa peur à rentrer dedans. Là, c’était pour pouvoir s’arrêter à chaque étage pour renifler l’air et essayer de trouver celui où créchait l’humain. Quand elle cru reconnaitre l’odeur de ce dernier, elle opta pour rester à ce niveau. Il ne restait plus qu’à faire chacune des portes pour voir laquelle dégageait le plus d’effluve recherché. Pour le coup, elle eut un peu de change qu’aucun locataire de l’immeuble ne sorte de chez lui. Allez expliquer pour vous chercher une connaissance grâce à votre odorat ! Bon, même si elle aurait aussi bien pu demander s’il connaissait un humain du nom de Natsume. Mais elle préférait autant ne pas être vue en songeant qu’elle allait commettre un meurtre qui serait tôt ou tard découvert. Elle pourrait toujours dévisager l’humain et lui casser toutes les dents pour ne pas qu’il soit reconnu mais un jeune homme aux cheveux blancs mort dans un appartement où logeait le même genre d’individu, il fallait pas sortir des Grandes Ecoles pour faire le rapprochement. Bref, Kyarra finit par trouver une porte où l’odeur de sa proie était la plus forte et comme elle n’avait pas l’envie de chercher plus, elle força la porte. Un bon petit coup sur la clenche pour la casser et le tour était joué. D’accord, elle pouvait dire merci à sa force lycanthropique pour ça, parce qu’elle doutait qu’un humain puisse casser ainsi une poignée de porte sans pour autant la faire tombée. Parce que oui, elle n’allait pas non plus laisser en évidence que la porte était forcée. Ca retirerait pas mal d’effet de surprise !
La louve prit le temps de faire le tour du propriétaire et elle fut surprise de sentir non pas deux, mais trois odeurs. Jilan lui avait pourtant parlé d’une colocataire et non pas deux. Le lightness avait-il fait exprès de ne pas lui faire part de cette information ? Non, ça ne lui ressemblait pas. Donc c’était qu’il n’était pas au courant. Tant pis, il y aurait alors peut-être deux cadavre pour le prix d’un ! Elle fut également surprise de sentir l’odeur d’un de ses congénères. Ainsi donc, Natsume cohabitait avec un lycan ? C’était d’un ridicule ! Et pour le coup, elle se demanda quelle était la colocataire dont se chargeait le rebelle ? Une louve ? Ou c’était l’autre qui l’était ? Bon, après tout, le fait de savoir ne l’avancerait pas à grand chose, sauf peut-être à savoir sur qui elle pouvait tomber si le troisième coloc rentrait. M’enfin, si le lycan partageait sa vie avec un ou deux humains, il ne devait pas être du genre à faire du mal à tout va. Dommage. La lycanne finit par se diriger vers la chambre à coucher de l’humain. Elle pensait que c’était le meilleur endroit pour l’attendre sagement. Elle s’installa donc sur le lit, laissant toute lumière éteinte -elle n’était pas non plus stupide- et attendit son retour. Avec une petite pointe d’espoir qu’il ne tarde pas trop. La patience n’était pas sur la liste des qualités de Kyarra. Quand elle entendit des clés s’insérer dans la serrure et des pas dans l’appartement, elle jubila de plus belle mais elle ne le montrait pas. Vous imaginez la scène sinon ? Bref, un large sourire carnassier s’afficha sur ses lèvres quand elle le vit rentrer dans sa chambre et ne même pas la voir. Elle dû attendre qu’il ait fermé la porte et allumé la lumière pour contempler son expression en la découvrant. Quand elle entendit son cœur s’accélérer, elle ne pu s’empêcher de passer sa langue sur sa lèvre inférieure. S’il commençait à jouer le jeu dès le début, il n’allait pas être au bout de ses peines. La seule chose que la louva espérait, c’était de ne pas céder à ses pulsions trop rapidement et le tuer... Par mégarde, diront-nous. Quand elle vit un léger mouvement dans son dos, elle se leva rapidement et se plaça devant lui pour ensuite se plaquer contre lui et lui enfoncer davantage la clenche de la porte dans le bas du dos. Elle vient ensuite approcher sa tête du côté de son oreille droite et lui murmura -après lui avoir mordu le lobe- :
« Ravie de voir que tu ne me pas oublié... »
Toujours rapidement, elle lui attrapa un bras et le balança sur le lit avant de lui sauter dessus et de se mettre à califourchon sur lui, lui maintenant les bras contre le lit pour qu’il ne puisse pas bouger. Evidement, en le tenant ainsi, elle était à moitié allongée sur lui et elle pouvait donc entendre parfaitement bien le rythme de son cœur s’accéléré de plus belle. Et étant donné qu’elle n’avait pas beaucoup d’endroit où la chair était disponible, elle se contenta de le mordre violemment au cou, lui arrachant un petit morceau de peau qu’elle ne prit pas la peine de jeter, mais qu’elle avala. Pour éviter d’alarmer les voisins, elle lui mit sa main sur sa bouche pour l’obliger à la garder fermée.
« Je te préviens, si tu cries, ta mort ne sera que plus lente. »
Elle se redressa pour lui déchirer son haut et balancer les lambeaux sur le sol. La louve lui griffa le torse avec ses ongles avant de venir attraper la langue du morveux avec les doigts.
« Mais tu peux continuer à te débattre autant que tu le souhaite... Sait-on jamais, ça pourrait être drôle. »
Sa main remontait lentement, trop lentement à son goût en direction de la poignée qui se trouvait derrière lui. Ou alors la distance entre sa main tremblante et ladite poignée n'avait jamais été aussi loin de toute son existence. Était-ce l'adrénaline qui lui donnait cette impression ? A moins que le sang battant à ses tempes ne lui troublait les sens ? Toujours est-il qu'il ne parvint pas à se saisir de la clenche avant que la louve ne soit sur lui. Natsume fut impuissant et dut se résoudre à la voir se rapprocher de lui en quelques mouvements. Sa conscience lui hurlait de s'arrêter, de rester à sa place pour lui laisser le temps de se retourner, d'agripper cette satanée poignée de merde pour tourner les talons. Fuir, à tout prix ! Le corps de la lycanne se pressa contre le sien. La douleur dans son dos augmenta sensiblement, lui arrachant une grimace. Il put sentir la poitrine de cette dernière contre son torse, sans que cela n'éveilla rien d'autre en lui que la terreur. Comment avait-elle fait pour se déplacer aussi vite ? Et surtout, comment espérait-il avoir la moindre chance de s'en sortir face à elle ? Déjà qu'elle l'avait tiré hors d'un restaurant plein de monde pour l'interroger par la force, à l'abri des regards dans une petite ruelle sombre... Si un lieu public ne l'arrêtait pas, qui sait ce qu'elle serait capable de commettre dans l'espace réduit que lui offrait l'appartement ? Le garçon ne put retenir les tremblements qui agitaient son corps tout entier quand il la sentit réduire davantage la distance entre eux, pour venir lui mordre le lobe de l'oreille. Elle voulait jouer avec lui ? S'amuser de sa peur et imaginer ses os craquer sous ses crocs, sa chair se déchirer... ? Tout comme ce que le prétendu lieutenant de police lui avait promis s'il ne répondait pas à ses questions ? Sentir le souffle de la louve dans son cou ne faisait que lui rappeler l'incident de cette nuit, lorsqu'elle avait aussi enfoui son visage au creux de son cou pour sentir son odeur. La suite des événements lui avait appris qu'elle en voulait plus à la darkness qu'à lui, fort heureusement mais quelque chose lui disait que les choses seraient différentes ce soir. Après tout, ils ne s'étaient pas quitté sur de très bons termes... Cependant, la jeune femme ne lui laissa pas le temps d'y réfléchir davantage ou même de tenter de lui répondre quelque chose, qu'elle l'attrapa par le bras pour le jeter sur le lit. Malgré que sa chute ait été amortie par le matelas, Natsume en eut le souffle coupé. Il s'était senti partir tout en se voyant atterrir plus loin, sans comprendre ce qui lui arrivait. Les paroles de Maria lui revinrent subitement en tête : cette femme était une lycanne, sa force était la plus redoutée parmi les autres races, il ne devait pas s'attendre à ce qu'elle rencontra de difficultés à l'envoyer valdinguer contre les murs de sa chambre si cela lui faisait plaisir. Au bout de combien de temps aurait-il tous ses os de brisés à force de rebondir comme une vulgaire poupée de chiffon contre les quatre parois qui les entouraient ? Le garçon dut se faire violence pour chasser ce genre de pensées de sa tête. Mais à peine eut-il retrouvé l'usage de son corps que celui de la louve se retrouva au-dessus de lui, lui plaquant sans peine les bras sur le matelas pour l'empêcher de bouger. Le malheureux essaya bien de se débattre mais que pouvait la force d'un pauvre humain contre celle, sans égale, d'une lycanne ? Natsume était terrorisé. Montrer sa peur ne l'aiderait pas sauf qu'il était bien incapable de la dissimuler. Rien que les battements affolés de son cœur témoignaient par eux-mêmes de l'état psychologique dans lequel il se trouvait. Quant à ses iris couleur rubis, ils renvoyaient parfaitement la terreur que lui inspirait son interlocutrice. L'expression de celle-ci lui indiquait qu'elle était amplement satisfaite du spectacle qu'il offrait. La louve vint soudain le mordre violemment dans le cou, lui arrachant un cri de douleur en plus de nouveaux efforts pour se libérer de sa prise. Il sentit immédiatement quelque chose de chaud couler le long de sa peau. Du sang. L'idée de crier de toutes ses forces lui traversa soudain l'esprit. Dans son ancien studio, on ne l'aurait peut-être pas entendu mais ici... Au milieu de tous ces appartements, l'un de ses voisins allait bien finir par entendre quelque chose non ? Maintenant, de là à ce qu'il appelle la police... Cependant, peut-être que son interlocutrice l'aperçut dans son regard car elle plaqua sa main sur sa bouche pour l'empêcher d'émettre le moindre son, étouffant la fin de sa plainte dans le même temps.
« Je te préviens, si tu cries, ta mort ne sera que plus lente. »
Les yeux de l'étudiant s'écarquillèrent de terreur quand elle prononça ces mots. Comment avait-elle pu deviner ce qu'il projetait de faire ? Quelque chose, un signe chez lui l'avait avertie ? Ou alors elle se doutait bien de ce qui se passerait ensuite si sa victime hurlait trop fort ? Mais ce qui tétanisa Natsume, ce fut d'apprendre les réelles intentions de la jeune femme. Elle était venue pour le tuer ? Chez lui ? Comment avait-elle appris où il logeait ? Ses craintes quant au fait que l'homme aux cheveux écarlates apprenne où lui et ses deux colocataires vivaient... Étaient-elles inutiles puisque les deux complices savaient déjà tout d'eux ? Pire encore... Si elle était ici pour mettre fin à ses jours... Se pourrait-il que Leann et Mikû soient... ? Un gémissement étouffé monta de derrière la paume brûlante de la louve. Non... Elles ne pouvaient pas être déjà mortes... Par sa faute... L'idée d'imaginer les cadavres des deux jeunes femmes, reposant respectivement dans chacune de leurs chambres, lui donna la nausée. Mais aussi une bouffée de colère et de désespoir. Il se savait responsable de ce qui était arrivé et mourir ne lui faisait plus aussi peur. Ce n'était pas comme s'il avait une chance de s'en tirer non ? Sans ôter sa main de la bouche de sa victime, la louve lui déchira soudain le tee-shirt, s'y reprenant à plusieurs reprises ce qui laissait clairement comprendre qu'elle ne l'avait pas fait dans le seul but de l'intimider encore un peu plus. Non... C'était sa manière à elle de le préparer à une mort imminente ? Parce qu'une fois torse nu, elle allait pouvoir lui arracher davantage de chair et faire couler toujours plus de sang ? Cependant, la main libre de la jeune femme ne s'arrêta pas là, descendant lentement le long de son torse -griffant sans pitié celui-ci au passage- puis le ventre pour s'arrêter sur la boucle de la ceinture de l'étudiant. Ce dernier lui jeta un regard scandalisé. Elle avait l'intention de faire durer le plaisir de cette manière là ? Elle avait donc des idées aussi tordues que son complice aux cheveux écarlates ? Non satisfaits d'avoir pris la vie de ses colocataires et amies, ainsi que son amante, voilà qu'ils lui offraient une dernière humiliation avant de le tuer ? Natsume tenta une nouvelle fois de se dégager d'elle, ce qui sembla l'amuser au plus haut point, voyant bien que ses efforts étaient parfaitement vains. La lycanne vint lui attraper la langue entre les deux, la tirant sans douceur vers l'extérieur de la bouche. Parce qu'elle ne voulait pas l'entendre ? Ou le voir encore se débattre, tout en se faisant souffrir lui-même puisqu'elle le tenait de la sorte ? Les paroles qu'elle lui adressa, confirmèrent ses hypothèses aux oreilles du garçon, qui, soudain, ne bougea plus. Il ne voulait pas lui donner ce plaisir, que de se débattre en vain, tandis qu'elle savourerait ses efforts voués à l'échec. Bien qu'un sursaut de peur persistait encore dans les iris couleur rubis, une grande partie de celle-ci avait été remplacée par la colère. Oui, l'étudiant vouait une haine farouche contre les deux complices, plus pour s'en être pris à son entourage indirect comme direct, que pour s'être attaqué à lui seul. D'ailleurs, concernant ce détail, il ne savait pas exactement pourquoi les deux compères avaient décidé de faire de lui, leur cible favorite. A cause d'Elisabeth ? N'avaient-ils pas essayé de la recruter ce soir là ? Et que s'était-il passé ensuite ? Avaient-ils subitement changé d'avis, lunatiques comme ils étaient ? Dans un ultime geste de provocation, Natsume referma violemment sa mâchoire sur les doigts de la louve, lui faisant lâcher prise dans le même temps. Il doutait qu'il puisse lui faire autant de mal qu'elle dans ses morsures mais il ne disposait que de ce faible moyen pour le moment.
« Je ne vous ferai pas ce plaisir... Allez crever en enfers, ordures ! Vous comme l'autre !»
Le sourire de la jeune femme ne quittait pas ses lèvres, ce qui ne fit que désemparer le garçon. Il aurait tant voulu l'énerver au point qu'elle le tua rapidement, ce qu'elle était venue faire ici de toutes façons. Pourquoi diable faire durer ce jeu sadique ? Pour le plaisir de sentir la vie s'échapper de sa victime tout comme sa peur croître au fur et à mesure que la mort se ferait proche ? Était-il incapable de se défendre comme de provoquer une dernière fois son adversaire ? Il se faisait pitié de ne pouvoir y arriver. De rage, il recommença à se débattre mais la prise de la louve sur ses bras s'accentua, comme pour le contraindre à reconnaître sa défaite. Jouait-il le jeu de la jeune femme en tentant toujours de se débattre ? Malgré les propos qu'il venait de tenir ? Mourir ne l'effrayait qu'à moitié. Après la longue soirée qu'il avait passé en compagnie de Maria, il savait qu'il devait passer par là... Maria... Que penserait-elle en apprenant sa mort ? Serait-elle triste ? Déçue et en colère de n'avoir rien pu faire pour lui, encore une fois ? La gorge de Natsume se serra tandis qu'il repensait à son amie. Il aurait bien voulu la revoir une dernière fois. Même si leur précédente rencontre avait eu des allures d'adieux. Il avait besoin d'elle en ce moment. Ne lui avait-elle pas promis de l'aider à affronter la mort ? Il voulait voir son visage... Sa détermination en prit un coup et il tenta d'oublier la vampire. Peine perdue. Elle ne voulait plus sortir de sa tête. Est-ce que cela se lisait dans ses yeux ? Le garçon espérait que non, sinon la lycanne allait encore bien rire de lui.
« Pourquoi vous acharnez-vous sur moi ? Qu'est-ce que je vous ai fais bordel ?! Rien ! Absolument rien ! » fulmina t-il.
Il fallait reconnaitre que ce petit spectacle était plutôt alléchant. Voir la tête de cet humain lorsqu’elle descendit lentement sa main vers la boucle de son pantalon. A voir son expression, elle était certaine qu’il pensa qu’elle allait abuser de lui de ce côté là. Malheureusement ou heureusement pour lui, même sadique, la louve n’avait pas encore ce genre de penchant. Peut-être qu’elle pourrait jouer sur l’ambigüité de la chose, mais ça s’arrêterait là. Ce qui serait surement déjà assez suffisant en voyant sa première réaction à son simple geste. S’il la détestait que plus après ça, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Il allait mourir ici alors il pouvait ressentir toutes les émotions qu’il voulait à son égard. Peut-être devrait-elle compter combien elle parvenait à en lire sur son visage ? Pour s’en féliciter à la fin ? Non, à tous les coups, elle allait oublier, étant partie dans le feu de l’action, il était peu probable qu’elle y pensera. Kyarra laissa échapper un soupire en voyant qu’il ne comptait plus bouger et essayer de se débattre. Il ne voulait même pas jouer le jeu ! Qu’est-ce qu’il pouvait jouer les rabat-joies celui-là ! M’enfin, enfin qu’elle ne lui fasse la remarque, elle senti une vive douleur sur ses doigts. Alors ce petit morveux savait mordre ? C’était intéressant. Légèrement douloureux mais intéressant tout de même. Peut-être qu’il allait se montrer quelque peu combatif ? C’était assez paradoxale comme résonnement quand on pouvait y repenser : vouloir le voir se débattre tout en sachant que toutes ses actions seraient vouées à échouer. Elle espérait quand même qu’il n’allait pas penser pareil, sinon finit la rigolade et bonjour la mort rapide. Ce qui dans le fond était quand même dommage ! Pour elle, comme pour Jilan. Parce que même si ce dernier n’était pas là, elle était presque sûre qu’il aimerait prendre son temps avec l’étudiant. Elle pensa un instant à l’assommer pour l’embarquer chez son second mais elle se souvint qu’il allait être occupé pour une partie de la soirée, voir la nuit. Et quoi qu’on en dise, trimbaler un corps inerte sur l’épaule n’allait pas passer inaperçus. Ok, il fallait oublier cette idée. Tant pis. Tout en fixant les yeux rougeâtre du morveux, la louve vient porter son propre doigt à sa bouche pour le mordre violement et se faire saigner. Pourquoi ? Pour ensuite étaler son sang sur les lèvres de sa victime, faisant rentrer de force son doigt dans sa bouche. Elle senti ses dents de refermer de nouveau sur son membre et le tira violemment de la mâchoire de Natsume. Non pas qu’il lui faisait mal, à côté d’une morsure d’un lycanthrope, celle d’un humain ne valait pas un clou, mais c’était elle qui décidait quand le moment était terminé. Laissant l’une des mains libre à l’humain, elle vient caresser doucement son visage, lui laissant des traces de sang au passage.
« Même pas fichu de mordre convenablement... Hum... Peut-être qu’il aurait fallut demander à ta copine vampire de t’apprendre ? »
En parlant d’elle, il allait falloir qu’elle s’en occupe également. Ou alors envoyer un membre pour elle ? Non en y réfléchissant bien, après sa fuite de cette ruelle, elle pouvait bien la tuer personnellement. Mais elle allait peut-être devoir la retrouver elle-même pour le coup. Ce qui ne l’enchantait pas spécialement mais passons. Chaque chose en son temps. Sortant de ses pensées, elle entendit vaguement la réplique de morveux. D’accord, simplement la fin de sa phrase, mais au vue du ton et des quelques mots captés, il ne faisait que s’énerver sur elle et Jilan apparemment. Ce dernier serait peut-être satisfait de savoir que même sans être présent, il était détesté. Ou alors, il s’en battrait royalement les roubignoles. Au choix. Mais comme précédemment, ce n’était pas vraiment le moment de s’occuper de ça. Si vraiment le lightness avait voulu être là, il aurait fait en sorte de l’être. Donc tant pis pour sa gueule. Hum tient, en parlant de ça, Kyarra allait ouvrir la bouche pour dire quelque chose à propos d’une des colocataires de l’humain, mais ce dernier parla en premier. Enfin parler était en grand mot. Il était plus en train de geindre aux oreilles de la lycanne qu’autre chose. Elle soupira et leva les yeux au plafond comme première réponse. Monsieur était en train de se plaindre parce que le sort était en train de s’acharner contre lui ? Pauvre petit. C’était le lot des faibles ça. Il devrait pourtant en avoir l’habitude non ? Lui qui était humain, avec quelques déviantes si on repensait à la darkness a l’intérieur de lui, devait savoir où était sa place et ce qu’elle signifiait non ? Qu’il puisse encore poser ce genre de question exaspérait la jeune femme qui ne se priva pas de lui le faire comprendre :
« D’abord, sache qu’il ne faut pas toujours une raison pour que des créatures s’attaquent à des humains. C’est dans les gènes. C’est comme le fait d’écraser un cafard. Pourquoi le faire ? Par envie ? Ou simplement parce qu’il est là ? » Se rapproche de lui pour lui lécher de nouveau l’oreille et lui murmurer : « Mais ton cas est différent... C’est dommage pour toi d’avoir à subir les actes de cette démone jusqu’au bout... Pauvre chou... »
Pour pointer la fin de sa phrase, elle lui mordit le lobe de son oreille jusqu’à le lui couper net. Mais cette fois, elle ne l’avala pas. Alors qu’il était en train de laisser passer un cri de douleur, elle en profita pour lui glisser dans un rapide baiser le morceau de chair. L’obligeant par la suite à fermer la bouche et lui bouchant le nez pour qu’il l’avale. Ce qu’il finit par faire après de longues secondes. Pour le coup, elle aurait presque cru qu’il allait mourir asphyxié à cause de son entêtement. Mais le corps avait reprit les droits sur son mental. Brave petit. La louve laissa échapper un rire lorsqu’elle croisa son regard horrifié, plein de reproche et de haine. Toujours assise sur lui, elle lui lâcha cependant les mains. Que pourrait faire un pauvre humain de toute manière ? Essayer de la repousser par la force ? Ce serait surement drôle. Gardant son sourire, elle eut une petite idée pour savoir quelle émotion le dominait le plus, aussi, elle reprit la parole :
« Hum... Dis-moi. Laquelle de tes deux colocs ne va pas rentrer ce soir ? La louve ou l’humaine ? Et laquelle va découvrir ton corps en rentrant ? » La louve soupira en voyant la tête de Natsume, apparemment, il devait avoir son idée sur la question. « Putain, j’y crois pas ! Tu sais déjà la réponse !? Tu casses tout l’humain ! »
Pour le coup, Kyarra était vexée, pire encore elle boudait presque ! Ca lui cassait vraiment son truc. Ou alors ... Il était simplement choqué de savoir que l’une de ses connaissances était peut-être sur le point de connaitre le même sort que lui ? A supposer que Jilan le fasse vraiment ? Dans le doute, jouer sur les doutes de l’humain pouvait toujours être plaisant non ? Quoi que... Ca pouvait aussi être rapidement chiant.
Le geste de la louve ne trouva pas immédiatement de sens aux yeux de Natsume, lorsqu'elle porta son doigt à ses lèvres. Vu le peu qu'il connaissait d'elle, l'étudiant se doutait qu'elle préparait quelque chose mais quoi ? Sur le moment, il ne vit pas ce qu'elle projetait de faire. Le garçon réprima un tremblement à la vue du liquide écarlate mais ne suivit pas du regard la trajectoire des gouttes de sang qui vinrent s'écraser sur tee-shirt. Puisqu'il savait ce qu'elles allaient devenir, pourquoi donc s'en assurer par lui-même ? Il avait d'autres préoccupations en tête pour le moment ! Un frisson de dégoût s'empara malgré tout de lui quand son interlocutrice lui barbouilla les lèvres de son sang. Le jeune barman eut quelques mouvements de tête à droite et à gauche pour l'empêcher de faire quand soudain, le membre franchit ses lèvres brutalement. Le goût métallique du sang se répandit immédiatement dans la bouche de Natsume. Juste assez pour lui donner envie de vomir. Plus par désespoir qu'autre chose, il mordit à pleines dents, le doigt de la louve. Lui avait-il fait mal ? Pouvait-il vraiment croire que ses pitoyables morsures fonctionneraient sur elle ? Pourtant, contre toutes attentes, la jeune femme retira violemment son doigt. Avait-elle eu pitié de lui et de ses vaines tentatives ? Non, bien sûr que non. En réalité, ce mouvement arracha une grimace au garçon car il fut si rapide qu'il en devint douloureux pour sa mâchoire. Cependant, il ne fit pas le moindre commentaire, l'étirement caractéristique de ses lèvres et la lueur de colère qui brillait au fond des iris rubis, en disaient suffisamment long pour que la louve eut besoin d'une confirmation orale. Sa grimace s'étira davantage quand des traînées de sang furent déposées sur sa joue. D'un mouvement brusque, il repoussa la main de la louve alors que cette dernière le laissait libre d'une partie de ses gestes. Mais il n'allait pas jusqu'au bout de son action, les dires de son interlocutrice l'interpellèrent. Si la première pique de la lycanne ne lui arracha aucune réaction ou pensée agressive, le fait qu'elle mentionna Maria l'inquiéta soudain. Avaient-ils, elle et son complice, aussi projeté de s'occuper d'elle ? N'en avaient-ils pas assez de répandre la mort autour d'eux ? Alors même que la vampire possédait, du moins, avant sa rencontre avec lui, les mêmes objectifs qu'eux ? Plus il y réfléchissait, plus l'étudiant se fit la réflexion que son amie ne serait pas en danger aujourd'hui si elle ne l'avait pas rencontré ce jour là dans le parc de la ville. S'il n'avait pas réussi à la convaincre d'oublier sa haine et sa vengeance, non, s'il n'avait jamais fait sa connaissance... Maria n'aurait pas ressenti le besoin de lui venir en aide dans cette ruelle obscure et ne serait pas inquiétée par les deux rebelles. Sa gorge se noua à cette idée. Le garçon se surprit à espérer qu'elle aillait bien elle aussi... Aux prises avec ses pensées, Natsume ne réalisa pas immédiatement que son interlocutrice avait rapproché son visage du sien. Ce furent ces paroles qui le ramèrent de nouveau au moment présent. Elle osait comparer les humains à des cafards ? Saleté de chienne... ! Comment elle et Leann pouvaient faire partie de la même race ? La colère monta en lui et il ouvrit la bouche dans l'intention de lui faire une remarque cinglante quand un coup de langue de la part de la jeune femme sur son oreille l'en dissuada. Différent ? En quoi sa situation était-elle différente de celle d'un autre humain ? Même avec une darkness enfouie dans un recoin de sa conscience, il n'était pas plus avantagé qu'un autre face à la louve. Ou alors cette dernière insinuait qu'il avait été pris pour cible justement à cause de l'entité ? L'étudiant n'eut pas le temps de prolonger là ses réflexions qu'une douleur fulgurante l'envahit à partir de son oreille. Un coup d'oeil horrifié en direction des lèvres de son interlocutrice lui confirma ce qui venait de se passer. La douleur était-elle qu'elle lui arracha un cri. Cri qui s'interrompit net quand les lèvres de la louve vinrent se poser sur les siennes. Toujours avec son sang et son... Non ! Le garçon sentit deux bouts de chair pénétrer sa bouche : la langue de la jeune femme et ce qu'elle venait de lui arracher d'un coup de dents. L'horreur se lut parfaitement dans le regard rubis mais alors qu'il tentait de recracher son lobe d'oreille, voilà que la lycanne l'obligeait à garder la bouche fermée. Pire, elle lui pinça le nez pour l'obliger à avaler. Natsume se débattit tant bien que de mal, sa main libre tentant de repousser celle de son interlocutrice, plaquée sur sa bouche. Complètement vain. L'air commençait à lui manquer. Et toujours ce goût de sangs mêlés dans la bouche. Incapable de lire la satisfaction dans les yeux de la louve, il ferma les yeux alors que le morceau de chair passait dans sa gorge, lui arrachant sans peine, plusieurs hauts-le-coeur.
« Sale...chienne... »
Les mots franchirent faiblement ses lèvres tandis qu'il lui lançait un regard plein de haine. Seul un rire lui répondit. Le garçon mit du temps à accepter ce qui venait de se passer. Cela l'amusait à ce point de l'admirer goûter à sa propre chair ? Pendant combien de temps ce jeu sadique allait-il jouer ? Il s'agissait peut-être simplement des préliminaires entre eux... Quelque chose de chaud coulait le long de son oreille blessée. Pas besoin de sortir des Grandes Ecoles pour savoir ce dont il s'agissait. Natsume pouvait entendre résonner les battements de son cœur dans sa propre tête, tellement ceux-ci cognaient contre sa poitrine. Pour un peu, il crut que l'organe lui-même allait jaillir. C'était peut-être ce que la lycanne envisageait de lui faire subir après tout... Lui arracher le cœur pour le dévorer sous ses yeux, alors qu'il lui resterait tout juste un soupçon de conscience pour la voir faire. Le garçon dut se faire violence pour chasser ce genre de pensées de son esprit. Heureusement ou malheureusement pour lui, ce fut le moment que choisit son interlocutrice pour reprendre la parole. Une nouvelle fois, les propos de cette dernière l'horrifièrent mais néanmoins, elles laissèrent également naître un faible espoir dans le cœur du jeune barman. Ainsi, aucune des deux n'étaient mortes ? Qu'il était soulagé de l'entendre, vraiment ! Cependant, la lycanne semblait croire que l'un d'elle pourrait être en train de subir le même sort que lui... Se pourrait-il que... Ses yeux s'écarquillèrent en comprenant où l'autre voulait en venir. Mais bien sûr... Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Si l'homme aux cheveux écarlates avait rendez-vous avec Leann aujourd'hui c'était pour... Sur le moment, son esprit refusa d'admettre l'atroce réalité. Le fait qu'il s'était trouvé quelques heures auparavant, en compagnie de son amie, à l'écouter, la serrer dans ses bras... Dire qu'il aurait pu l'empêcher de rester avec ce tueur... Lui épargner un funeste destin... Mais que la mise en garde du prétendu professeur concernant son emploi avait primé sur la sécurité de son amie... Natsume s’écœurait lui-même. S'il avait su, jamais il ne l'aurait laissée entre ses mains. Si elle mourrait, ce serait uniquement à cause de lui... Et Mikû dans tout ceci ? Qu'allait-elle ressentir en apprenant la mort de ses deux colocataires ? Elle qui avait déjà perdu sa sœur ? La culpabilité l'étouffait. Mais bien vite, un autre sentiment, devenu familier, la remplaça. Il bouillonnait de rage. Si seulement ces deux individus n'existaient pas ! Jamais ils n'auraient pu leur faire autant de mal ! Ni détruire leurs vies respectives ! Les trois colocataires auraient pu vivre en paix, ainsi que Maria ! Le garçon repassa dans sa tête, tous les incidents dont il avait pu être témoin et qui l'avait mis en colère. Paralysé par son impuissance, il n'avait fait que subir jusqu'à présent mais... Un tremblement agita les ombres de la pièce. Celles des rares meubles qui composaient la petite chambre. Elle allait payer. Et ensuite, ce serait le tour de cet homme. Rancunier ? Non, Natsume ne l'était pas. Mais il devait protéger ses amies, à n'importe quel prix... Tout se passa très vite. Des liens d'ombre jaillirent de partout pour attraper la louve. Ils se refermèrent autour des poignets et du cou de cette dernière. Cependant, la force de la jeune femme aurait bientôt raison du pouvoir naissant de sa victime. L'étudiant devait agir rapidement ! Plongeant sa main droite dans la poche avant de son jeans, il se saisit de ce petit objet, misérable amulette qu'il conservait toutefois précieusement sur lui. Ce n'était pas grand chose mais après tout, n'était-ce pas Maria en personne qui lui avait fortement recommandé de posséder un objet de ce genre sur lui ? Alors qu'il ressortait la main de sa poche, ses doigts tenaient fermement une fine lamelle tranchante, arborant des reflets métalliques argentés. Natsume avait trouvé ce petit morceau d'argent lors d'une brocante se tenant provisoirement dans le quartier, à proximité des immeubles. Les participants étaient de passage, aussi l'homme âgé qui tenait le stand, le lui avait cédé pour peu de chose. « Un aussi petit bout ne me servirait à rien de toutes façons. » Avec le recul, le jeune barman s'était finalement dit qu'il s'était fait avoir pour payer si peu de matière... Fixant la louve avec un regard mauvais, il visa immédiatement l’œil gauche de cette dernière, pensant peut-être que les liens l'immobiliserait suffisamment longtemps. Mais elle bougea juste à temps et l'argent lui entailla seulement la joue. Un grognement de douleur franchit les lèvres de la lycanne, qui, d'un mouvement brusque parvint à faire valdinguer l'argent à l'autre bout de la pièce. Natsume n'eut d'autres choix que de la tirer violemment en arrière avec les liens, Dieu sait comment. Ne s'attardant pas pour voir si son pouvait maintenait toujours son emprise sur son adversaire, le garçon bondit hors du lit pour se ruer vers la porte. Il n'avait pas fait quelques pas dans le salon, qu'un bruit fracassant derrière lui, annonça le retour de la jeune femme. Une masse de muscles se rua sur lui, le projetant à terre tandis qu'il glissa sur quelques mètres, ventre à terre, à cause de l'élan la louve. Les griffes de cette dernière s'enfoncèrent dans sa chair, au niveau des épaules puis sur tout le dos. L'étudiant recommença à se débattre. Une violente morsure sur la nuque lui arracha de nouveaux cris de douleur. Dans la panique, il aperçut des tâches de sang se former un peu partout de chaque côté de lui. Combien de sang avait-il perdu ?
« Lâche-moi salope ! » s'exclama t-il entre deux hurlements.
Difficile de dire si sa voix comportait plus de peur que de colère. Avait-il bien fait en agissant de la sorte envers la lycanne ? Alors même qu'il connaissait ses intentions premières, sa force et le peu de résistance qu'il pouvait lui opposer, était-ce une bonne chose que de la provoquer ainsi ? Allait-elle abréger ses souffrances à présent ? Ou au contraire, lui faire regretter sa tentative désespérée ? La peur de subir davantage que de simples petites morsures, s'insinua doucement dans le cœur de Natsume. Non, il ne voulait pas mourir ! De désespoir, il se mit à appeler à l'aide. La porte du salon donnait directement sur le couloir. Avec un peu de chance -même s'il n'en avait pas eue jusqu'à présent- un de ses voisins, passant ou non dans ledit couloir, entendrait les cris et aurait la présence d'esprit d'appeler la police. Que cela soit pour tapage nocturne ou simplement parce qu'il croyait à une scène de ménage tournant au drame... Il fallait qu'ils appellent... Que ce supplice cessa enfin... !
D’habitude, la louve préférait tuer ses proies assez violemment et rapidement, mais ici... Ca aurait presque été du gâchis ! A voir sa tête lorsqu’elle mentionna la vampire, elle était persuadée qu’il était en train de se faire des films sur le future de sa copine. Puisqu’elle lui était venue en aide et qu’ils connaissaient son visage, il devait se douter que ça finirait mal pour elle. Pour le simple fait de s’être interposer à eux. C’était assez vieux jeu comme méthode mais c’était ainsi. Et quelque chose lui disait que l’étudiant le savait, il n’y avait qu’à voir son regard apeuré et remplit de haine pour avoir confirmation. C’était pas le truc de la lycanne de torturer mentalement ses victimes, mais il fallait reconnaitre que c’était pas trop mal. Il fallait juste avoir un peu de temps devant soi et surtout en savoir un minimum sur la personne. Bref Natsume était parfait pour ça ! Devait-elle maintenant lui confirmer ses doutes et surement ses peurs, au sujet de la vampire ? Que oui, si jamais -et c’était prévue- elles se recroisèrent la rebelle la tuerait ? Ou alors, le laisser dans l’ignorance ? Kyarra ne poursuivit pas ses interrogations, le spectacle qui se déroulait sous ses yeux était beaucoup plus amusant qu’un peu plus de tourment. Voila qu’il venait d’avaler une partie de lui et tout ce qui pouvait passer dans ses yeux était parfaitement exquis. Elle éclata ensuite de rire en entendant son insulte. Il n’avait que ça à lui dire ? Il n’avait vraiment rien de mieux à lui sortir ? Pitoyable. M’enfin, c’était un humain après tout, elle ne pouvait surement pas lui en vouloir. Quand elle vit une certaine lueur dans ses yeux, lui indiquant qu’il venait peut-être de comprendre quelque chose, la louve lui pinça la joue. Comme le fond parfois les vieilles avec leur petits enfants. Mais ce geste n’avait rien de bienveillant, puisqu’elle en profita pour lui planter ses ongles dans sa chair tout en lui faisant comprendre que quoi qu’il ait pu comprendre, il devait surement avoir raison. Elle finit par retirer sa main au moment où celle de l’humain venait à sa rencontre pour la repousser. Les yeux de la louve semblaient vouloir dire « trop lent mon petit » alors qu’elle était en train de se lécher le bout de ses doigts, légèrement ensanglantés. Le jeu se poursuivit lorsqu’il comprit qu’une de ses connaissances étaient entre les mains de son partenaire. Pour un peu et au vu de sa réaction, Kyarra était tentée de lui reposer la question pour savoir de qui il s’agissait, mais elle doutait fortement qu’il prenne la peine de lui répondre. Dans le fond, elle espérait presque que ce soit l’humaine entre les mains de Jilan. Si c’était la lycanne qui découvrait le corps de son ami, il y aurait peut-être des chances qu’elle se lance à sa poursuite pour le venger ? Avec un si bon odorat que possédaient les lycanthropes et avec la vengeance comme but, ça pourrait se montrer intéressant. Même si dans le fond, pour qu’elle ait pu vivre avec deux humains, la rebelle doutait presque des capacités de sa compère. C’était presque dommage. Sortant une nouvelle fois de ses pensées, cette fois-ci à cause du changement d’émotion dans les yeux de l’albinos. Toute peur -ou presque- l’avait déserté et il ne restait que la colère. Non, la haine. C’était trop d’honneur et c’était presque aussi bon que de voir sa peur. Sa bête elle-même appréciait ce changement, cela signifiait qu’il allait peut-être être un peu plus combattif et n’allait pas se contenter de se laisser tuer. Restait maintenant à savoir comment il allait s’y prendre. Allait-il laisser place à cette entité cachée en lui pour faire son travail ? Serait-il prêt à faire ça ? Une partie de Kyarra était curieuse de voir ça, même si elle avait déjà eu affaire à la démone était qu’elle pouvait se révéler être une adversaire de taille. Mais un peu de difficultés n’allait pas lui faire peur. Cependant, ça ne se passa pas exactement comme ça. Sans qu’elle ne comprenne comment, -le pourquoi, était facile à savoir- elle fut attrapée par... Des ombres ? Ces dernières venaient des coins de la pièce, de derrière les meubles ou tout simplement de la sienne. C’était quoi ce bordel ? En jetant un regard à l’humain, elle eut une partie de sa réponse. Ca venait de lui. Ca ne faisait aucun doute. Comment il faisait et pourquoi il ne l’avait pas fait plutôt restait des questions sans réponse. Quand elle sentie les liens se refermer sur ses poignets et s’enrouler autour de son cou, un grognement sourd monta de la gorge de la louve. Plus par réflexe qu’autre chose, n’aimant guère se retrouver limitée dans ses mouvements. Evidement, elle n’allait pas pour autant se laisser faire et attendre de mourir étouffer pour réagir. C’était donc presqu’aussitôt qu’elle commença à forcer sur ses liens étranges. D’une façon où d’une autre, ça ne pourrait pas faire le poids devant la force brute. La lycanne suivit du coin de l’œil les mouvements -maintenant libres- de Natsume et laissa passer un sifflement entre ses lèvres lorsqu’elle vit ce qu’il sorti de sa poche. Il savait ce qu’elle était alors il ne faisait presqu’aucun doute qu’il s’agissait là d’argent. Même si ça ne lui plaisait pas du tout, elle se disait qu’il n’allait pas pouvoir la tuer avec un objet aussi ridicule que celui-là. Surtout avec une force humaine !
Cependant, quand elle vit son bras armé s’avancer rapidement vers son visage, elle grogna de nouveau et eu tout juste le temps d’éviter ce qu’il visait : son œil. A voir avec quelle insistance il regardait ce dernier, c’était sûr qu’il avait voulu s’en prendre à son iris. Quel petit enfoiré ! La douleur de l’argent fit aussitôt effet et cette fois, ce n’était pas un grognement simple qui s’échappa des lèvres de Kyarra, mais de douleur. Savait-il à quel point c’était douloureux pour un lycan ?! Même s’il le savait il était évident qu’il le faisait pour se venger... Et pour essayer d’éviter une mort certaine. Dans d’autres circonstances, elle aurait pu le féliciter mais il s’agissait d’argent ! Elle allait garder à vie cette marque ! Y avait-il quelque chose de plus humiliant que de se faire blesser au visage par un simple humain ?! La douleur -bien que toujours présente- fut rapidement remplacée par de la colère, non dissimulée et elle fit voler l’objet de l’autre côté de la pièce en lui frappant violement la main. Apparemment, elle avait récupéré plus de mobilité dans ses mouvements. Alors qu’elle venait pour lui arracher la gorge à coups de dent, elle fut violemment repousser en arrière. Putain de trucs noirs ! Elle le regarda presque impuissante descendre du lit et se barrer de sa chambre. Il était hors de question qu’elle le laisse partir de cet appartement ! Autant par fierté que par vengeance maintenant. Sentant sa colère prendre le dessus, elle vit ses membres commencer à se transformer et elle ne fit pas mine de résister à la métamorphose. Elle prit lentement -façon de parler- l’apparence de sa bête et une fois cela fait, les liens ne parvinrent plus à la retenir. La force brute avait finalement bien eu le dessus. Elle sauta du lit pour se lancer à la poursuite de l’humain. Ce dernier n’avait pas encore atteint la porte d’entrée et elle lui sauta alors sur le dos, plantant ses griffes brutalement dans son corps. Mais loin de s’arrêter là, elle lui lacéra la totalité de son dos profondément et à l’écoute de sa complainte elle lui mordit profondément le cou. Mais elle réussit à se contrôler un minimum pour ne pas lui arracher la gorge. Non, il fallait qu’il souffre encore un peu plus avant de mourir et pour une fois sa bête était du même avis qu’elle. L’attrapant par le bras par sa gueule, elle l’envoya voler contre un meuble qui se brisa sous son poids. Dommage, aucun morceau de bois ne vient lui transpercer le corps. Il fallait arranger ça immédiatement. Bondissant sur lui, elle lui planta ses crocs dans son estomac et fit mine de tirer comme pour lui arracher la peau. Mais elle s’arrêta au dernier moment et ne lui laissa qu’une énorme marque de croc. Mais elle ne s’éloigna pas de lui pour autant, non, sa bête était un poil plus perfide que Kyarra, aussi vient-elle lui arracher la boucle de sa ceinture et une bonne partie du haut de son pantalon. La bête se délectait de la peur qui avait refait surface et approcha son museau de l’entre-jambe de l’humain. Le dégout remplaça rapidement la peur et la louve vient mordre violement l’intérieur de la cuisse de Natsume, lui arrachant cette fois-ci un morceau de chair. La conscience de la jeune femme se demanda combien de temps il allait encore survivre avec tout le sang qu’il était en train de perdre. Elle espérait encore un peu. Un grognement sourd monta de la gorge de la bête quand elle vit une main arriver dans son champ de vision et sans attendre de voir ce qu’il comptait faire, elle la lui chopa entre ses crocs de serra. A entendre les bruits que ce mouvement produisit, il ne faisait aucun doute qu’elle venait de lui casser les doigts de la main et broyer les cartilages. Un nouveau cri de douleur s’échappa des lèvres de l’étudiant et la bête s’approcha de ces dernières pour venir les lui mordre et lui en arracher un morceau avant de lui lécher le visage, presque comme le ferait un chien avec son maître. Mais c’était loin d’être amicale, c’était simplement pour goûter à la peur qui suintait de tous les pores de son corps.
Est-ce que ses propos parvenaient toujours aux oreilles de son interlocutrice ? Natsume en doutait, ce n'était plus des grognements qui s'échappaient d'entre les lèvres de la jeune femme mais bel et bien des grondements sourds, proches de ceux qu'une bête pouvait faire. La force qui le plaquait au sol, la douleur qui habitait son corps entier alors qu'elle le lacérait avec ses ongles, non, ses griffes... Ne venait-elle pas de lâcher prise pour laisser sa partie lupine prendre le dessus sur la conscience humaine ? Toujours sur le ventre, le garçon ne pouvait qu'apercevoir difficilement ce qui se tenait sur lui. Une seule certitude : s'il ne bougeait pas très vite, elle allait le tuer ici. Qu'importe ce qu'elle était devenue, louve ou humaine. Son interlocutrice était parfaitement capable de mettre fin à ses jours, sous ses deux formes. Tout en s'efforçant de ne plus penser à tout ce sang qu'il était en train de perdre -s'il l'avait fait, jamais il ne se serait cru capable d'atteindre la porte d'entrée de l’appartement pour s'en sortir-, l'étudiant tenta une nouvelle fois de se libérer de la créature qui lui infligeait toute cette douleur. Son corps entier réclamait que ce supplice cessa. Mais c'était loin d'être l'avis de la bête enfouie dans un coin de la conscience de la jeune femme. Tout comme Elisabeth... Cette dernière devait certainement prendre un malin plaisir à le faire souffrir avant de le tuer. Ce n'était qu'un jeu pour elle, il le savait. Pourtant, la pression sur son dos disparut brutalement, presque aussi rapidement qu'elle était apparue alors que la bête forçait la porte de la chambre du garçon pour lui bondir dessus. Cependant, alors que Natsume saisissait sa chance pour se redresser, il n'eut pas le temps de mener à bien son projet qu'on lui attrapa violemment le bras pour l'envoyer voler à l'autre bout de la pièce. Ce n'était pas une prise humaine mais bien une gueule qui se referma sur son membre ! Cette prise de conscience le terrorisa mais la violence avec laquelle il percuta l'un des meubles présents dans le salon chassa cette pensée de son esprit. Le choc lui coupa le souffle, ne faisant que rajouter une dose supplémentaire de douleur pour son corps meurtri. Le garçon ne songea même pas à se redresser cette fois, encore trop sonné par la violence de son atterrissage. Lorsqu'il bougea ses différents membres, même légèrement, il fut à peine satisfait de ne sentir aucune douleur fulgurante. Par chance, aucun morceau de bois ne s'était logé dans sa chair. Si toutefois, on pouvait parler de chance avec ce qui lui arrivait... S'il s'était immédiatement remis debout, aurait-il eu une chance infime d'atteindre enfin la porte d'entrée ? Il ne le sut jamais car avant qu'il n'ait le temps de dire ouf, voilà que la bête était de nouveau sur lui. Natsume eut le réflexe de protéger sa gorge avec ses bras mais la louve s'attaqua plutôt à son estomac. Elle voulait l'éventrer vivant et le voir suffoquer dans son propre sang tandis que ses entrailles se répandraient sur le sol sans qu'il ne puisse rien faire pour les retenir ? Cette pensée l'horrifia mais les crocs libèrent presque aussitôt la chair de l'étudiant, pour ne laisser qu'une énorme marque sur sa peau. Sans crier gare, elle fit voler la boucle de ceinture pour défaire brutalement le haut du pantalon de sa victime. Incrédule, le garçon ne visualisa pas immédiatement ce qu'elle projetait de faire quand le museau s'approcha de son entre-jambe. Un regard en direction du rictus carnassier qui étira les babines de la bête, fit grimacer de dégoût Natsume en retour. N'était-ce pas ce qu'elle projetait de faire depuis le depuis ? Même sous forme humaine ? Bien que sous cette apparence, les choses en seraient beaucoup moins agréables... On avait beau dire, on était plus doué avec nos mains qu'avec les dents pour ce genre de choses... Est-ce que la louve le sentit ? Que sa peur décroissait légèrement au profit du dégoût ? Dans tous les cas, cela ne lui plu pas car elle lui arracha un morceau de chair sur l'intérieur de la cuisse, action qui fit hurler de douleur sa victime. Sa jambe blessée le faisait souffrir. Il ne pourrait pas s'enfuir comme ça... De rage plus que par désespoir, le garçon voulut la repousser. Mais sa main rencontra rapidement la gueule de son adversaire, qui s'en donna à cœur joie. Que pouvait offrir comme résistance, un membre humain face à la prodigieuse force des lycans ? Natsume ne réalisa que trop tard l'erreur qu'il avait commise mais il eut beau tirer en arrière, sa main ne lui revenait pas tandis que les crocs de la louve s'enfonçaient lentement dans sa chair, jusqu'à atteindre ses os, un par un. Des craquements atroces se firent entendre, suivis de nouveaux hurlements. Si l'étudiant avait pu se préoccuper d'un détail pareil à cet instant, il se serait fait la réflexion qu'on en voulait souvent à sa main ces temps-ci. D'abord Maria, puis ce lycan et enfin, elle.
Quelques larmes de douleur vinrent couler le long des joues du garçon tandis qu'il récupérait enfin sa main brisée. Quand tout ceci allait-il enfin cesser ? Aurait-il mieux fait d'attendre sagement la mort sur son propre lit plutôt que d'essayer de vivre ? Il se rappela soudain les paroles de la vampire, la nuit où elle l'avait surpris au bord du lac. Même si ses chances étaient minces, il devait tenter le tout pour le tout et survivre. Oui mais... A ce stade, n'avait-il pas fait qu'exacerber les pulsions meurtrières de la louve en lui résistant ? L'esprit de Natsume était en ébullition et en même temps, gelé par la perspective de la mort. Il avait l'impression que ses neurones se déconnectaient les uns après les autres. Pire encore, qu'il était toujours capable de penser malgré tout mais de réfléchir à des choses sans intérêt alors qu'il vivait certainement ses derniers instants. L'optique d'être tué par Maria lui sembla soudain bien lointaine et douce comparée à ce sort funeste que la louve lui réservait. L'étudiant réprima un haut le cœur en sentant la langue râpeuse de l'animal sur sa joue et détourna la tête. Elle voulait qu'il se débatte encore ? Pour se montrer plus violente envers lui qu'elle ne l'était déjà ? Monstrueuse... Et qu'allait-elle faire s'il ne bougeait plus, attendant la mort ? Avec tout le sang qu'il avait perdu et qu'il continuait à perdre de secondes en secondes, il ne faisait aucun doute qu'il finirait par perdre totalement connaissance. Et fini le spectacle de le voir souffrir le martyr sous ses coups et morsures pour elle. Le souffle rauque de la louve contre son visage le força à revenir au moment présent. Que pouvait-il faire ? Même s'il parvenait à la tenir à distance, jamais il ne pourrait quitter cet appartement. Ce que cela faisait de savoir la mort imminente sans pouvoir l'en empêcher ? On se sentait tellement mal et résigné à la fois. Mais dans le cas de Natsume, il savait que la fin de son existence signifiait le début d'un nouveau combat pour lui. Toute cette souffrance n'était rien comparée à ce que serait sa vie si jamais la darkness prenait entièrement possession de lui. Les visages des personnes qu'il avait rencontrées et qui l'avaient aidé, défilèrent devant ses yeux humides. Il ne devait pas baisser les bras, pas plus que se laisser tuer par cette chienne. Tandis que la louve lui accordait un nouveau coup de langue sur la joue avant d'aller lui mordiller le lobe de l'oreille, comme si elle voulait jouer davantage avec lui, le garçon se saisit d'un morceau de bois parmi les restes du meuble qui avait amorti son vol plané. Avec toute la violence dont il était capable, il frappa la tête de son adversaire. Un grondement plus fort que les précédents jaillit de la gorge de la bête qui arracha l'arme provisoire de sa victime, pour la briser en deux à l'aide de ses crocs, et ce, devant les yeux terrorisés de Natsume. Et si jamais elle décidait d'en faire autant avec chacun de ses membres ? Les lui briser un par un comme le prétendu lieutenant de police l'avait laissé entendre s'il ne répondait pas sagement à ses questions ? Le garçon déglutit difficilement devant ce spectacle. Peur ? Non, il ne craignait plus les actes de la louve puisque de toutes évidences, le but de cette dernière était clair. Il était comme... résigné ? A peine son esprit eut-il le temps de mettre un nom sur le sentiment étrange qui commençait à l'envahir, que les pattes griffues et puissantes de l'animal s'abattirent sur chacune des épaules de sa victime pour la plaquer une nouvelle fois contre le sol. Le contact avec ce dernier n'était pas agréable, les restes du meuble rendaient sa surface très inégale mais Natsume n'accorda que peu d'attention à ce détail. Le fait que sa position actuelle lui soit inconfortable n'était rien comparé à ce qu'il venait d'endurer et ce qui l'attendait très certainement ensuite.
« Tuez-moi... Qu'on en finisse... » murmura t-il soudain.
De quand datait le dernier événement qui l'avait contraint à demander une chose pareille ? Sans aucun doute sa rencontre avec Vegeo, l'élémentaire de plante tandis que la darkness avait de nouveau pris possession de lui. Dire qu'il avait demandé à Danaliel, son premier ami dans cette ville de le tuer de ses propres mains pour éviter qu'il ne commette d'autres atrocités par le biais des choix de l'entité. Natsume s'étonnait lui-même d'entendre sa voix. Elle résonnait de manière si pitoyable et faible... Et surtout, ne venait-il pas d'admettre sa défaite en demandant lui-même que la louve mette fin à ses souffrances ? Est-ce que cela lui ferait-il plaisir ? Ou en profiterait-elle pour le torturer encore un peu ? Ce que le garçon apercevait dans les yeux de son adversaire, ainsi que son sourire carnassier, ne laissait rien présager de bon. Sauf qu'il ne pouvait plus rien faire. Il ne voyait pas quoi tenter d'autre pour s'en sortir, si toutefois, il espérait encore y parvenir. Son unique espoir de voir débarquer les forces de l'ordre dans l'appartement, suite aux appels de ses voisins, lui semblait bien lointain à présent. D'ici à ce que ces derniers arrivent, il serait déjà mort. En une fraction de secondes, la bête pourrait lui arracher la gorge, à présent sans protection, avec ses crocs. Comment avait-il pu penser que la louve serait stupide à ce point ? Oui, elle voulait jouer avec lui et le voir souffrir mais pas au point de mettre sa propre identité, ou celle de son complice par la même occasion, en danger. Quelle serait donc la prochaine manœuvre de son adversaire ? Passer à l'action pour le tuer, enfin, comme il le désirait ? Ou bien l'absence de peur dans le regard rubis la pousserait-elle à jouer encore un peu avec lui ? Car oui, Natsume n'avait plus peur de la mort, plus depuis qu'elle était devenue inévitable. Pour un peu, on pouvait presque lire de l'ennui dans ses yeux, vu comment la louve semblait prendre son temps avec lui. Mais au fond, ce n'était peut-être qu'une résignation non feinte, mêlée d'un peu de crainte quant à ce qui l'attendait de l'autre côté ?...
Entendre ses cris de douleurs plaisait monstrueusement à la bête. Ordinairement, elle tuait ses victimes rapidement, les faisant souffrir certes mais sans que ces dernières ne réalisent vraiment ce qui était en train de leur arriver. Ici, c’était différent. L’étudiant pouvait -et ce depuis un moment- penser à sa mort et peut-être même qu’il était en train de faire des pronostics sur sa façon de mourir ! Ca c’était les pensées de la partie humaine de Kyarra, bien enfouie dans le corps de la louve qui était toujours collée à Natsume. L’autre partie ? Elle salivait en lisant toutes les émotions qui passaient sur le visage de l’humain. Et quand elle vit des larmes commencer à couler, elle ne pu venir les lui lécher directement sur la joue. Au contact de sa langue, elle pouvait sentir des frissons et elle avait parfaitement conscience que c’étaient des frissons de dégout. Pauvre chou ! Voyant une nouvelle larme couler, la louve vint de nouveau la lécher pour ensuite venir lui mordiller l’oreille et son lobe. Allait-elle le lui arracher également ? Non, deux fois le même coup, c’était pas très original. Alors qu’elle était en train de mordre la totalité de son oreille, elle ressenti une vive douleur au niveau de la tête et elle pousse un grondement. Plus de mécontentement que de douleur. Elle était juste contente que ça ne soit pas de nouveau de l’argent mais seulement du bois. Sinon, ça aurait pu lui faire beaucoup plus mal. Tournant rapidement la tête en direction de l’objet qu’il tenait entre la main, elle le lui arracher à coup de crocs, n’épargnant pas sa main au passage, pour ensuite casser en deux le bout de bois. Devrait-elle plutôt lui dire qu’il aurait dû essayer de la planter avec ? A défaut d’essayer de l’assommer ? Franchement, avait-il au moins une seule idée de la façon de se battre ? Non, plutôt de se défendre ? La réponse était toujours négative. C’était à la fois évident et presque décevant. Sa copine vampire ne lui avait donc rien apprit ? Pauvre petit, il avait côtoyé une créature de la nuit -pendant x temps- et rien n’était ressorti de cette relation ? Fallait-il tout apprendre à tout le monde dans cette ville ? La bête vint alors plaquer Natsume contre le sol, faisant stopper les pensées de Kyarra. Ses pattes au niveau de ses épaules, elle s’amusait à rentrer ses griffes lentement dans sa peau, dans l’optique ensuite de lui arracher une grande partie de peau. Malheureusement, elle fut arrêtée en entendant la voix de l’humain. La bête porta un regard dans sa direction et elle pu lire dans ses yeux rubis autre chose que de la peur ou du dégout : de la résignation ! Non ! Il était hors de question qu’il arrête de se débattre ! Même si le résultat de son combat était courut d’avance, il n’avait tout simplement pas le droit de s’avouer vaincu maintenant ! Sinon, autant le tuer sur le champ. La bête grogna de nouveau et finit par lui arracher des morceaux de peau au niveau de ses épaules, portant ensuite ses griffes à sa gueule pour pouvoir manger la chair qui y été accrochée. Elle au moins, était encore imprégnée de la peur -peut-être passée- qu’elle lui inspirait. De nouveaux cris suivirent cet acte et la conscience de Kyarra commençait lentement à faire surface en y pensant avec plus d’attention. Si ce morveux continuait de hurler ainsi, il ne faisait presque aucun doute que des voisins allaient appeler des flics ! Devait-elle le tuer tout de suite pour sa propre sécurité ? Sa bête était plutôt d’accord avec ça, aussi vient-elle poser sa gueule -et ses crocs- autour du cou de Natsume, prête à la refermer pour lui broyer la trachée et tout ce qui s’y trouvait. Mais non, la louve resta dans cette position pendant plusieurs secondes avant de s’assoir directement sur l’humain. La jeune femme devait reprendre sa forme humaine si elle ne voulait pas en finir immédiatement. Et malheureusement, sa partie lupine n’était pas de cet avis. Toujours assise sur l’estomac de l’étudiant, elle se livrait un duel mental pour savoir qui des deux allait rester et surtout donner le coup de grâce à l’humain. Elle devait le plus clair de son temps lutter pour gagner le contrôle de son corps, mais c’était quand même plus facile si la bête n’était pas déjà sortie. Là, c’était d’un compliquer pour la faire rentrer ! C’était à qui aurait la meilleure force mentale pour faire plier l’autre. D’un côté vous avez une bête assoiffée de chair et de sang et de l’autre une femme haineuse qui déteste qu’on lui marche sur les pieds et qu’on lui dicte sa conduite. Le combat aurait pu revenir à la bête, mais c’était sans compter sur la détermination de Kyarra. Ca faisait quand même quelques années qu’elle était devenue lycanthrope et ce n’était pas la première fois qu’elle avait à agir de la sorte. Et surtout, elle voulait cruellement qu’il puisse avoir son visage comme dernière image avant de mourir. Et non celle d’une louve. Que si l’autre monde existait vraiment -ce qu’elle ne pensait mais pas passons- il soit hanté par ses yeux verts.
Après plusieurs longues minutes, où il lui semblait que même l’humain avait arrêté de bouger et de hurler -peut-être attendait-il simplement de voir ce qui allait se passer ? Ou alors, il voyait dans les yeux de la louve, son combat ? - la bête commença à reprendre forme humaine. Comme précédemment, ses os se mirent à craquer, ses muscles à fondre pour que tout puisse revenir à leur place et Natsume était aux premières loges pour sentir ce douloureux changement. Qu’il soit content de pouvoir voir ce spectacle ! Ce n’était pas tout les jours qu’un humain pouvait assister à la transformation inverse d’un lycan ! Quoi que, peut-être qu’avec sa colocataire lupine, il avait déjà eu cette occasion ? Ca l’étonnerait beaucoup mais bon, sait-on jamais. Encore plusieurs minutes plus tard, Kyarra se retrouva alors nue et toujours assise sur l’étudiant. Ouais ca avait été une manière comme une autre de s’assurer qu’il n’essaierait pas de quitter l’appartement alors qu’elle était en train de se battre contre sa bête pour avoir le dessus. Et même s’il essayait de la repousser, on en revenait toujours au même point : que pourrait faire la force d’un humain contre celle d’un lycan ? Pas grand chose. Elle fut alors surprise par ce qu’elle vit dans les iris sanglants de l’étudiant : de la gêne ? Ce petit morveux était gêné de la voir nue sur lui ? Comme c’était mignon et elle lui fit savoir ce qu’elle pensait en souriant étrangement. Pourquoi ne pas jouer là dessus également ? Après tout, ça ne serait plus trop douloureux et elle pourrait de nouveau lire quelques émotions à travers son visage si elle s’y prenait bien. C’était un coup à tenter. Bien qu’elle devait aussi garder à l’esprit que le temps lui était compté, elle ne pouvait pas non plus rester des heures dans cet appartement avec tous les cris qu’il avait poussé ! Quoi qu’il en soi, elle fit courir le bout de ses doigts le long de son torse, passant délicatement sur les plaies qu’elle lui avait infligé comme si elle ne voulait pas lui faire mal. Dans le fond, elle le voulait mais elle souhaitait surtout qu’il s’imagine qu’elle voulait le baiser avant de le tuer. C’était pas vraiment son style, enfin, elle avait déjà tué pas mal de ses amants pour s’en débarrasser purement et simplement, mais elle n’avait jamais couché et obligé de couché une de ses victimes. Sur bien des points, elle était surement ce qu’on pouvait appeler « dérangée » mais il y avait quand même des limites... Surtout avec lui ! C’était pas comme s’il l’attirait. Mais bon, s’il pouvait le croire à travers ses caresses et son sourire en coin, c’était aussi bien. Encore un peu plus de torture -cette fois mentale- ne lui ferait pas de mal. Elle fut quand même surprise de sentir la main encore valide de Natsume se refermer sur son poignet. Lui lançant un regard faussement interrogateur, elle prit la parole, sa voix étant encore un peu rauque à cause de sa transformation toute fraiche :
« Tu ne souhaites pas avoir un peu de plaisir avant de mourir ? Que tu peux être rabat-joie ! »
Elle posa alors son autre main en haut de l’abdomen de l’étudiant, juste avant de toucher ses premières côtes et elle commença à exercer une pression. Elle pouvait lire le début de douleur qu’elle lui infligeait, ce qui ne faisait que renforcer son sourire.
« A moins que tu ne veuilles réellement mourir immédiatement ? Tu ne sais pas ce que tu manques... »
Disant ses mots, elle plongea l’un de ses doigts dans la chair de l’humain, accompagné de nouveau cri... Evidemment. La peau était tellement souple qu’il lui était facile de la pénétrer en forçant juste un peu. Elle avait évidement conscience qu’elle pouvait agir ainsi parce qu’elle était lycanne, mais quand même. Le corps humain était si fragile ! Pour en revenir à ce qu’elle lui avait dit, oui, pour le coup, elle lui laissait presque le choix de mourir maintenant ou non. Est-ce qu’elle s’enverrait en l’air avec lui quand même ? Elle hésita quelques instants, ne sachant pas vraiment au final. Mais elle penchait presque pour le non quand elle croisa de nouveau le regard de l’étudiant. Il était si... Prude ! Se pourrait-il que... ? Qu’il n’ait jamais couché ? Et pire encore, qu’il n’ait jamais vu de femme nue ? Non, c’était pas possible ! Un large sourire s’afficha sur les lèvres de Kyarra alors qu’elle se penchait sur lui pour venir lui lécher les lèvres, pressant sa poitrine contre son torse avant de se relever pour admirer sa mine déconfite.
Une étrange lueur passa dans le regard de l'animal. Cela fut tellement bref, presque surprenant que son adversaire prenne la peine de dissimuler ses états d'âme vis-à-vis de lui, que Natsume crut pendant un instant qu'il avait rêvé. Est-ce que la louve pourrait ressentir autre chose que de l'excitation à l'idée d'avoir le dessus sur sa proie ? Elle n'avait plus rien d'humaine, à supposer qu'elle ait déjà seulement eu autre chose que l'apparence de ce côté là... Désabusé, le garçon plongea ses yeux dans ceux de la bête toujours sur lui. Qu'allait-elle faire ? Le tuer ? Ou bien... Son cœur manqua un battement quand il vit la gueule de la louve s'élargir pour se poser autour de son cou. Subitement, la perspective d'une mort plus qu'imminente lui traversa l'esprit. Ainsi, elle s'était lassée de le voir souffrir sous ses coups, d'essayer de survivre à tout prix même en ayant conscience que la partie était perdue d'avance. Elle allait donc lui déchiqueter la gorge pour le voir s'étouffer dans son propre sang ? A moins qu'elle ne choisisse de l'étouffer lentement ? Comme le font certains prédateurs dans la nature ? Afin de savourer ces derniers moments de lutte désespérée alors qu'il serait en train de se débattre pour faire rentrer à nouveau de l'air dans sa trachée ? Le jeune barman sentit son sang se glacer dans ses veines alors que les battements de son cœur semblèrent s'accélérer. Ou alors son esprit lui jouait des tours ? Comment savoir ? Avait-il réellement envie de déterminer le vrai du faux à cet instant ? Sa tête bourdonnait. Natsume ne put réprimer un tremblement incontrôlé quand un peu de bave glissa d'entre les babines de l'animal pour lui couler le long de la gorge. Le temps semblait avoir suspendu son cours. Plus aucun des deux adversaires ne bougeait, chacun attendant que l'autre donna un signe de vie. A moins que la bête ne se délectait de la terreur qui envahissait de nouveau le corps de sa proie ? L'optique de la mort... Finalement, il n'était pas aussi préparé à mourir qu'il voulait bien le croire. Mais cette attente finit par devenir insupportable pour le garçon, qui ferma les yeux pour ne plus avoir à contempler les iris jaune-orangé de la louve. Même avec les paupières closes, son esprit ne pouvait s'empêcher de lui renvoyer les images de ce spectacle qui le poursuivrait encore longtemps. Qu'attendait-elle pour en finir ? S'interrogeait-elle sur la manière de procéder par la suite ? Si elle devait lui broyer purement et simplement la gorge ou bien opter pour une manière plus lente et sournoise ? Ce n'était pas vraiment le genre de la louve que savoir se montrer patiente à ce stade. Sa transformation en témoignait par elle-même. L'envie de lui hurler d'en finir pour de bon lui traversa l'esprit mais il se retint. Perdre son sang froid face à un adversaire pareil ne lui apporterait rien de bon. A supposer qu'il puisse encore espérer quelque chose de sa part... Est-ce que cette maîtrise de soi paya ? Natsume ne sut quoi penser du mouvement de recul de l'animal. Seul son estomac en tira sa propre opinion, qui arracha une grimace de douleur à l'étudiant. La bête faisait son poids, pas étonnant qu'elle pouvait le plaquer au sol aussi facilement. Que se passait-il au juste ? Son adversaire se ravisait ? Il ne pouvait pas le croire. Avait-elle trouvé une autre idée pour faire passer le temps ? Le garçon commençait doucement à le redouter. Mais ce fut une nouvelle fois les iris de la louve qui lui fournirent un faible indice. Elle semblait lutter contre quelque chose... Ses pulsions meurtrières ? Son instinct ? Sans réellement comprendre ce qui arrivait, -il ne s'imaginait tout simplement pas lui poser la question- le jeune barman put assister, incrédule, à ce retournement de situation : la transformation en sens inverse d'un lycan. Passée la stupéfaction de la voir reprendre peu à peu sa forme humaine, Natsume imagina toutes sortes de théories pour tenter de deviner ce que projetait de faire son adversaire pour agir de la sorte. Pourquoi ne pas laisser libre court à ce qu'elle était réellement, un monstre assoiffé de chair et de sang, pour en finir avec lui ? L'unique satisfaction qu'il tira de ce spectacle, même s'il n'eut pas la sensation de ressentir quoique ce soit se rapprochant de ce sentiment, vu de constater que le retour à son apparence originelle, n'était pas agréable pour la jeune femme. Sauf qu'il doutait qu'elle s'autorisa ce genre de torture physique, simplement pour lui procurer un peu de plaisir malsain en tant que victime.
Une fois la transformation inverse achevée, le garçon ne réalisa pas immédiatement que son interlocutrice était entièrement... nue ?! Pourquoi diable n'avait-il pas pensé à ce détail ? Que les lycans, en reprenant leurs formes humaines, se retrouvaient partiellement ou totalement nus ? Dire qu'en temps normal, la nudité de ses interlocuteurs ne lui plaisaient pas, il suffisait de se souvenir de sa rencontre avec l'élémentaire de plante, une fois la tension retombée... Pourtant, ce n'était pas exactement le même sentiment qui s'empara de lui à cette vue. Embarrassé ? Oui et non... Car s'il n'avait jamais contemplé de femmes nues, les courbes de la lycanne n'étaient pas déplaisantes seulement... Natsume se retint de secouer vivement la tête. Ce n'était rien d'autre qu'un monstre ! Un démon aux crocs acérés qui revêtait l'apparence d'une femme. Rien de plus ! Alors qu'il se perdait de nouveau dans ses pensées, le garçon sentit soudain les douces caresses de son interlocutrice sur son torse, celui-là même qu'elle avait lacéré un peu plus tôt. Que cherchait-elle à faire exactement ? Si la jeune femme pensait se montrer claire dans ses intentions, sa victime au contraire, ne visualisait pas les enjeux d'un tel changement d'attitude. Ce n'est que lorsqu'il vit les lèvres de son adversaire s'étirer en un sourire amusé qu'il comprit ce qu'elle projetait de faire. Souhaitait-elle reprendre ce qu'elle avait voulu commencer plus tôt, quand ils se trouvaient encore sur le lit de l'étudiant ? Les iris rubis brillèrent d'une lueur farouche et Natsume attrapa le poignet droit de son interlocutrice pour l'empêcher de poursuivre ses caresses. Non pas que le chaud contact de sa paume sur sa peau lui était douloureux, pour une bien étrange raison, elle ne semblait pas vouloir aggraver l'état des blessures qu'elle lui avait précédemment infligé. Mais surtout, qu'il ne voulait pas s'aventurer sur ce terrain là, encore moins avec elle. Cependant, il savait que la jeune femme pourrait simplement se libérer de sa prise pour passer à l'acte si telle était son intention première. Tout d'abord, parce que la force d'un lycan était supérieure à celle d'un humain et qu'avec une seule main valide, la gauche qui plus est, l'étudiant offrait une résistance des plus pitoyables. Sauf qu'il ne parvenait pas s'imaginer le faire avec celle qui se trouvait sur lui à ce moment précis. Même s'il devait en mourir sur le champs, Natsume voulait encore se battre pour se préserver de cette dernière humiliation. Mais que pourrait-il bien faire, lui qui était incapable de se défendre correctement ?... La voix rauque de la lycanne lui parvint soudain, le tirant de ses pensées. Il ne se souvenait pas qu'elle posséda un timbre aussi grave, peut-être était-ce à cause de sa récente transformation ? Et pourquoi il se souciait d'une chose pareille lui ?! Il n'en avait que faire de ce genre de détail ! Alors que le garçon cherchait toujours ce qu'il pourrait bien lui répondre, voilà que l'autre main de son interlocutrice se déplaça au creux de son abdomen. Avant qu'il n'ait le temps d'ouvrir la bouche, une nouvelle pression, horriblement familière, s'exerça sur son torse meurtri, lui arrachant une grimace de douleur. L'étudiant vit clairement les lèvres de la jeune femme remuer une seconde fois mais il ne saisit pas immédiatement le sens de ses paroles. Était-ce parce qu'il... était en train de mourir doucement mais sûrement de ses blessures ? Avec tout le sang qu'il avait déjà perdu, cela n'était pas surprenant. Pourtant, cette pensée, aussi vague était-elle, l'effraya sans qu'il en comprit la raison. Mourir n'était-il pas ce qu'il souhaitait à ce stade ? Pourquoi donc s'accrocher au peu de vie qui lui restait quand on savait ce que son adversaire projetait de lui faire subir ? Une nouvelle douleur fulgurante dans l'abdomen lui fit comprendre que la patience de son interlocutrice était cruellement limitée. S'il voulait parler, qu'il le fasse maintenant ou bien qu'il se résigne à son sort.
« Prétentieuse... Vous vous croyez aussi douée que ça ? Désolé mais je ne suis pas intéressé. Même si vous me promettiez de me laisser la vie sauve en échange de ça, je préférerai mourir. Je n'aime pas les chiens errants. » finit-il par lui répondre, un sourire insolent étirant peu à peu ses lèvres au fur et à mesure qu'il s'exprimait.
Est-ce que ses efforts visant à camoufler son embarras quant à la situation entre eux, réussirent ? Il en douta fortement lorsque la lycanne pressa sa poitrine contre son torse. Elle voulait jouer sur ce détail de la personnalité de sa victime ? Car au fond, Natsume ne pouvait croire qu'elle pensait réellement ce qu'elle venait de lui dire. Elle devait certainement se moquer de lui, encore une fois. Alors pourquoi rentrerait-il dans son jeu ? Pour l'amuser plus que nécessaire ? Il n'avait pas envie de lui procurer ce plaisir. Jamais. Qu'elle meurt plutôt. Tout comme lui. Tous. Ils devaient tous mourir ! Le regard rubis devint vide. Sa vue se brouilla. La mort ? Enfin ? Non, c'était différent, il... connaissait cette sensation. Toute cette haine émanant de la femme. Cela était plaisant, si délicieux... Avait-elle seulement conscience qu'elle était celle à l'origine de sa domination éphémère sur l'esprit de l'étudiant ? Mais... Elle l'avait déjà rencontrée. Il s'agissait de cette femme au sale caractère, accompagné de son pathétique lightness ! La même à laquelle l'entité avec brisé les jointures lors de leur fugace face-à-face ? Un sourire mauvais étira soudain les lèvres d'Elisabeth. Elle n'aurait jamais cru revoir cette expression, bien différence de celle qu'elle avait déjà lue sur le visage de la lycanne. Un rire cruel monta doucement dans sa gorge pour finalement s'échapper d'entre ses lèvres et se muer enfin en un ricanement sonore. Pourtant, la satisfaction de se nourrir des pulsions meurtrières de la louve diminua légèrement en sentant la douleur irradier son corps. Bon sang ! Qu'avait-fait ce morveux à son précieux corps ? La darkness ne voulait pas le récupérer en mauvais état ! Lâchant le poignet de son interlocutrice, Elisabeth vint la saisir brutalement à la gorge pour la soulever légèrement. Sa force n'égalerait pas celle de son adversaire, surtout dans l'état actuel du corps de son hôte mais elle pouvait toujours s'amuser un peu avec la jeune femme, l'obscurité extérieure aidant un peu. La darkness repoussa son interlocutrice en arrière, juste assez pour libérer l'un de ses genoux et vint porter un violent coup dans l'estomac de son adversaire pour la projeter contre le canapé. Cela fait, elle n'attendit pas une réaction quelconque de la part de la lycanne et se redressa sur un genou, posant celui-ci à terre, pour lui faire face. Ce corps avait décidément perdu trop de sang, la partie était déjà jouée d'avance mais...
« C'est comme ça que les prétendus rebelles occupent leurs soirées ? Vraiment lamentable... Tu ferais mieux de retourner baiser ton lightness. Sauf si tu n'es même pas capable de le faire bander pour t'en prendre à un humain... »
… Elle n'avait pas l'intention de le reconnaître, ni devant son interlocutrice, ni devant personne d'autre. En son for intérieur, Elisabeth se réjouissait de la tournure des événements. Elle qui tentait de prendre possession du corps de l'étudiant, mieux encore, de le pousser au suicide, voilà qu'il payait l'affront qu'elle avait imposé aux deux complices, ce soir là dans la ruelle. Cette femme voulait la peau du garçon ? L'entité voulait son corps. Que demander de mieux ? Elle n'avait simplement qu'à la provoquer encore un petit peu et le tour était joué !
Bon ok, au départ, ça paraissait être une bonne idée que de tourmenter Natsume en lui faisant croire qu’elle voulait coucher avec lui avant de le tuer. Mais plus les minutes passaient plus ça lui semblait ridicule, ennuyeux presque et surtout une perte de temps. Maintenant qu’elle avait vu dans ses yeux que sa peur diminuait sous l’effet de la gène, le spectacle était beaucoup moins drôle. Ce qu’elle voulait voir, c’était qu’il avait peur d’elle et pas qu’il avait décidé de se battre de nouveau contre elle. Oh bien sur, un peu de résistance était toujours la bienvenue, ça pimentait les choses. Mais ne plus lire de peur, c’était pas drôle ! Oui, la lycanne jouait les gamines pour avoir ce qu’elle voulait. C’était ridicule, même pour elle. Sans réellement faire attention, elle se rendit compte qu’elle ne le regardait plus vraiment, étant perdu dans ses pensées. Elle venait certes de reprendre forme humaine pour jouer avec lui ainsi, mais ça commençait plus à la gaver qu’autre chose. Soupirant, elle senti une légère pression sur son poignet avant de voir les lèvres de l’étudiant se mettre à bouger. Tient ? Il n’avait pas encore perdu sa langue ? La jeune femme jeta un regard en sa direction pour écouter ce qu’il avait à dire et surtout pour voir son expression lorsque ses mots allaient quitter sa bouche. Elle haussa un sourcil dès le début de sa phrase et soupira à la fin de celle-ci. Pensait-il vraiment que ça allait lui faire quelque chose ? Qu’elle allait se vexer pour ses dires ? Dires d’un pauvre humain sur le point de rendre l’âme ? S’il n’avait pas mieux à lui sortir, ça ne valait pas la peine qu’elle continue de perdre son temps à le torturer. De toute manière, elle porta son regard sur le sol sous eux et vit qu’une petite marre de sang se formait petit à petit. A tous les coups, si elle ne se magnait pas un peu, il allait finir par perdre connaissance suite à cette perte considérable de sang. Or, elle souhaitait encore que son visage soit la dernière chose qu’il verrait avant de mourir. Ouais, elle était encore arrogante à ce point. Elle reporta son attention sur le visage de Natsume pour y voir un sourire qui s’y était installé. Etait-il fière pour ce qu’il venait de lui sortir ? Pensait-il que cela allait toucher la louve pour qu’elle s’énerve de nouveau et qu’elle le tue que plus rapidement ? Pitoyable. Mais c’était peut-être toujours mieux que de pleurnicher pour qu’elle mette fin à sa misérable existence. Devait-elle lui répondre quelque chose ? Soupirant de nouveau, elle opta pour la négative, elle n’avait que faire de ce qu’il pouvait penser et lui répondre ne serait d’aucune utilité. Surtout pour elle. Cependant, Kyarra lui laissa voir que son attitude la blasait. C’était, en soi, déjà une partie de réponse.
Quand une étrange lueur passa dans les iris de sa victime, la louve hausse un sourcil. Qu’était-ce ? Un soupçon de révolte ? Non, de haine ? Hum c’était déjà mieux que ce semblant de courage. Cependant, les poils des avant-bras de la jeune femme se mirent à hérisser et elle savait que ça ne pouvait pas venir d’un potentiel froid. Ce genre de chose ne l’atteignait pas. Alors c’était quoi ce bordel ? Pourquoi sa bête se mettait-elle soudain à revenir à la charge, tous crocs sortis ? La lumière se fit dans son esprit au fur et à mesure que le rire s’échappant de la bouche de l’albinos montait en intensité. Elle l’avait presqu’oublié celle là. Et ce n’était peut-être pas plus mal qu’elle se pointe avant que le corps dans lequel elle logeait meurt. Après tout, elle avait également un compte à régler avec elle. Bien que Jilan lui ai arrangé sa main, elle n’avait pas oublié qu’elle lui avait cassé quelques os, rien de grave mais l’égo de la louve ne pouvait pas le supporter. Ca allait surement causer sa perte un jour ou l’autre, mais qu’importe, elle se savait forte et l’optique de la mort ne lui faisait pas peur. Depuis un bon moment déjà, alors elle n’allait pas commencer à changer de comportement maintenant. Kyarra fut presque tentée de lui demander si elle avait terminé avec cette venue mais seul un nouveau soupire s’échappa de ses lèvres. Elle ne pourrait pas s’occuper réellement de cette darkness avec Natsume dans cet état. C’était presque décevant de ne pas avoir pensé à elle plus tôt. Pensant à autre chose, elle ne capta pas immédiatement qu’elle lui avait lâché la main. C’était seulement quand celle de l’étudiant se referma sur son cou qu’elle le réalisa. Elisabeth voulait jouer avec elle ? Alors même que l’état du corps qu’elle occupait pouvait lâcher très prochainement ? C’était courageux et surtout stupide de sa part. Pourquoi ne pas en profiter pour se barrer et essayer de se sauver ? Ok. C’était quasiment impossible, elle le suivrait à la trace et à moins de l’assommer quelque chose de bien, il ne pourrait pas lui échapper. Se laissant presque faire, elle senti la prise se resserrer autour de sa gorge mais pas encore assez pour arriver à l’étouffer. Donc, c’était qu’elle préférait jouer que la tuer. Comme c’était aimable de sa part. Le coup de genoux l’atteint à l’estomac et un faible grondement monta dans la gorge de la louve avant qu’elle ne touche le canapé. Faible coup. Kyarra prit son temps pour se relever et toiser l’étudiant. Le visage de ce dernier avait perdu toute trace de peur et de défit, il ne restait que joie malsaine. Tout le portrait de cette darkness. La regardant essayer de se lever, la louve croisa les bras sous ses seins et attendit de voir ce qu’elle comptait faire. Dans l’état actuelle des choses, elle ne pouvait pas faire grand chose ni même aller très loin. Alors pourquoi restait-elle ici ? Elle avait un autre tour dans son sac ? C’était presque tentant de le lui demander. Mais non. Seules la parole devait être son dernier recours. Elle l’écouta, d’une oreille distraire mais finit par éclater de rire devant ces propos. Alors ainsi, même la sanguinaire Elisabeth s’abaissait à de tel propos ? Devait-elle en conclure qu’elle n’avait rien de mieux à lui offrir pour ses derniers instants ? Comme c’était pitoyable. Une fois calmée, Kyarra s’approcha lentement de l’étudiant, décroisant les bras et se stoppa à quelques pas d’elle :
« C’est tout ? Ce sont là les derniers mots de La Darkness ? Vous êtes aussi pitoyable que l’humain dans lequel vous avez élu domicile. En fin de compte, nous n’avions pas besoin de votre aide. »
A la fin de ses derniers mots, Kyarra bondit en avant pour atterrir sur Natsume, bloquant de nouveau ses bras sous ses jambes. Soupirant, elle se saisit d’une mèche de cheveux du morveux et scruta ses yeux, voyant l’expression d’Elisabeth s’y refléter. Elle joua quelques instants avec la mèche, avant de la lui arracher violemment. Les traits du visage de l’étudiant s’étirèrent en un rictus de douleur mais ce n’était plus l’humain le maître de ce corps, ainsi, aucun son ne sorti de ses lèvres. Elle savait se tenir cette fille. La lycanne lâcha les cheveux sur le côté et vient attraper la main valide de sa victime pour ensuite la mettre à sa hauteur.
« Vous vous souvenez surement de cette nuit là ? J’ai donc quelque chose pour vous. »
Sans attendre qu’elle se pose des questions, la jeune femme attrapa l’annulaire de Natsume et le lui cassa. Elle reproduit le même schéma avec le majeur et l’index de la même main. Comme précédemment aucun son ne sorti de la bouche de celle qui contrôlait actuellement le corps mais elle pouvait voir que ce n’était pas pour autant une partie de plaisir. C’était déjà ça. Elle finit par lâcher la main, devenue maintenant inutile sur bien des points. Affichant un sourire sadique sur ses lèvres, Kyarra vient prendre de la main gauche le menton de l’humain pour obliger le possesseur du corps à la regarder. De l’autre main, elle la plongea dans l’estomac de l’étudiant. Au départ, elle ne bougea plus et après un nouveau sourire, qui présageait le pire, elle commença à faire bouger son membre. Le plongeant de plus en plus à l’intérieur du corps. Se frayant un chemin en direction du cœur de sa victime. Sous l’effet de la douleur, elle ne parvenait pas à distinguer qui était aux commandes. Mais ça importait peu, bientôt, elle atteindre cet organe palpitant pour s’en saisir.
Le rire de la chienne résonna bruyamment aux oreilles d'Elisabeth. Trop bruyamment à son goût. Était-ce réellement le son qu'elle entendait ? Ou ses sens commençaient à lui jouer des tours dans cette approche de la mort ? Ne devrait-elle pas plutôt percevoir moins nettement l'environnement qui l'entourait ? Comme cette fois où elle s'était éteinte dans les flammes de son propre brasier ? Lasse de ce genre de réflexions inutiles, la darkness reporta son attention sur la louve. Trop tard malheureusement car cette dernière avait déjà comblé la distance qui les séparaient. Non pas que la démone redoutait les actions de son adversaire, rien que par son statut, elle pouvait déceler les pulsions meurtrières qui s'agitaient dans le cœur de son interlocutrice. Elle savait donc à quoi s'en tenir avec un individu pareil. Un sourire commença à étirer doucement les lèvres de l'étudiant possédé. Au moins, elle n'aurait pas à jouer les provocatrices pour que cette chienne acheva ce qu'elle avait commencé avec l'humain. D'autant qu'Elisabeth était légèrement surprise que l'unique réaction de son interlocutrice soit...l'hilarité ? A croire qu'elle s'était trompée concernant ce lightness ? La chienne et lui n'avaient pas ce genre de relation, d'où l'éclat de rire de son adversaire ? S'en était presque frustRant de n'avoir pas pu alimenter encore un petit peu, la colère enfouie -ou presque- dans la colère de la louve. Et contre toute attente, ce fut celle de l'entité qui fut ravivée lorsque son interlocutrice s'adressa à elle. Comment osait-elle ?! Cette petite garce de chienne la traitait comme une incapable ? Elle semblait ignorer que les Jours Sombres avaient été rendus possible grâce à la démone. C'était elle qui avait mené les rebelles, non cette chienne et son éternel absent de leader ! La jeune femme oubliait à qui elle était en train de parler. La colère monta progressivement chez Elisabeth. Est-ce que cela lui permettrait de faire ravaler ses propos à son interlocutrice ? Rien n'était moins certain. Après tout, le corps dont elle avait temporairement hérité, avait perdu trop de sang pour être en mesure de se déplacer correctement. C'était déjà impressionnant qu'elle ait pu repousser brutalement la louve pour se redresser à moitié. Mais la démone n'était pas folle. Ce corps ne tiendrait plus très longtemps, inutile de chercher à se battre contre son adversaire, au risque de se montrer encore plus pitoyable qu'elle ne l'était déjà, sur bien des points de vue. Étouffant une rage difficilement contenue derrière ses dents serrées, Elisabeth rendit son regard à la jeune femme, lui faisant comprendre par celui-ci, qu'elle ne perdait rien pour attendre. Est-ce que son interlocutrice comprit ses intentions ? S'en moquait-elle ? Car quoi qu'il en soit, la louve bondit soudain sur elle, l'empêchant de répliquer la moindre remarque acerbe pour les propos qu'elle avait précédemment tenus. Comme pour la renvoyer au point de départ, à la manière d'un game over, la darkness se retrouva de nouveau sur le dos, allongée sur le sol, son adversaire au-dessus d'elle.
« Cela te plaît d'être au-dessus ma petite chienne ? Tu es en manque à ce point ? Si tu passais plus de temps à chasser les humains qu'à les baiser, peut-être que cette paix n'existerait plus. Mais chacun ses priorités à ce que je vois. » lâcha t-elle soudain, accompagné d'un ricanement mauvais, en réponse à la réflexion de la jeune femme.
Encore une fois, ses paroles ne semblèrent pas atteindre son interlocutrice, qui préféra jouer nonchalamment avec l'une des mèches qui retombaient sur le front de l'étudiant. Sans un avertissement quelconque, la louve la lui arracha brutalement, faisant s'étirer les traits de sa victime dans le même temps. Sauf qu'il en faudrait plus de sa part pour arracher un simple grognement de douleur de la part d'Elisabeth. Est-ce que son adversaire allait reprendre ses jeux sur le garçon, pour tenter de faire résonner de nouveau sa voix, même altérée par la présence de la démone, dans l'appartement ? D'après la lueur de satisfaction qui passa dans les yeux de son adversaire, l'entité jugea que non. Alors quoi ? Elles allaient réellement s'envoyer en l'air ensemble, au détriment du corps et du choix de Natsume ? L'idée faillit faire éclater de rire la darkness. Étrangement, elle s'imaginait presque le faire avec cette chienne. Elle pouvait entendre les protestations du malheureux dans un coin de sa conscience et celles-ci ne lui donnait que plus envie de le tourmenter à sa manière. Cependant, l'attitude méprisante de la louve ne jouait pas en sa faveur. Dans d'autres circonstances, Elisabeth lui aurait fait regretté amèrement ses paroles. Quelle frustration de ne pouvoir s'accaparer un corps en bon état ? Patience... Mais que ? L'entité sentit sa main valide soulevée par la jeune femme, avant que la bouche de cette dernière ne s'ouvrit à nouveau.
« Vous vous souvenez surement de cette nuit là ? J’ai donc quelque chose pour vous. »
En guise de simple réponse, la démone arqua un sourcil. Sauf que son interlocutrice ne lui laissa pas le temps de se poser davantage de questions au sujet de ses paroles, qu'elle lui cassa un premier doigt, puis un second et enfin un troisième. Elisabeth crut un instant qu'elle allait s'occuper de chacun des doigts de sa main mais la louve ne s'en tint qu'à ces trois là. Une grimace de douleur étira de nouveau les lèvres, surtout quand son membre en partie devenu inutile retomba sans douceur sur le sol, irradiant sa main blessée d'une douleur fulgurante. L'entité ne lui offrit pas le plaisir qu'elle attendait. Après tout, c'était de bonne guerre entre elles deux. Pourtant, la louve ne semblait pas en avoir terminé avec elle qu'elle s'en prit à son estomac cette fois. La douleur n'atteignit pas immédiatement le cerveau de la darkness mais elle se mit à cracher du sang. Le liquide sombre coula le long de son menton, venant tâcher les doigts qui maintenaient son menton, de sorte que l'étudiant ne puisse tourner la tête vers l'un ou l'autre des côtés. Elisabeth commençait à se sentir partir. Du moins, ce n'était qu'une impression, car elle ne pourrait jamais mourir comme cela serait bientôt le cas pour le garçon dont elle parasitait le corps. Mais elle devait informer son interlocutrice d'un petit détail, histoire de la perturber un petit peu. Lentement, elle leva le bras au bout duquel se trouvait la main aux trois doigts cassés. Pourquoi celle-ci ? Parce que l'autre était entièrement inutilisable, purement et simplement broyée par la mâchoire de la louve sous sa forme animale. L'entité passa son pouce, encore intact, sur ses lèvres, pour venir récupérer un peu de sang. Toute cette action étant rendue possible du fait que son adversaire ne déplaça pas immédiatement sa main au creux de ses entrailles. Sans se défaire de son sourire mauvais, sourire qui s'étirait de plus en plus, au fur et à mesure que les secondes passaient, la démone dirigea ensuite sa main en direction du visage de la jeune femme au-dessus d'elle, venant doucement presser la paume de son membre contre la joue portant la petite marque faite par l'étudiant un peu plus tôt. Passant le pouce ensanglanté sur la cicatrice, Elisabeth se décida enfin à s'exprimer :
« Tu n'apprendras jamais rien pas vrai ? Il ne t'est pas venu à l'esprit que la vie lui serait plus douloureuse que la mort ? Mais les bêtes ne sont pas faites pour réfléchir, voilà le lot de ceux qui ne sont bons qu'à suivre les directives qu'on leur donne. Et rassure toi, ce n'est que partie remise entre nous... »
A peine eut-elle fini de parler, que la darkness plongea l'ongle du pouce dans la chair de son interlocutrice, réveillant la blessure probablement faite à l'argent pour que le corps de la lycanne n'ait pas régénéré une si petite plaie entre temps. Pendant le laps de temps que lui offrit son adversaire, Elisabeth s'amusa à écarter la chair, afin de rentrer la blessure encore plus visible, même si de toutes manières, elle le serait à vie sur la joue de la louve. Cela ne sembla pas plaire à la jeune femme qui repoussa violemment le bras de la démone, avant de remuer la main qui se trouvait à présent dans les entrailles de sa victime. Lentement, l'avant-bras de la louve commença lui aussi à disparaître tandis qu'elle remontait doucement en direction du cœur de l'étudiant. Sans même s'en rendre compte, la darkness céda la place à la conscience du garçon, trop heureuse de lui laisser vivre ses derniers instants les plus douloureux à sa place. Toujours plus de sang s'échappait des lèvres du jeune barman et quand celui-ci reprend finalement possession de son corps, une expression horrifiée s'installa sur son visage. La douleur était atroce mais c'était sans compter la sensation de se faire fouiller chaque organe, les uns après les autres. Sitôt que Natsume réintégra son corps, les hurlements se firent de nouveau entendre, quelques fois accompagnés de gargouillis horribles, à présent que le sang encombrait sa trachée. Pour un peu, il aurait presque pu s'étouffer avec son propre sang ! Mais cela semblait être une optique encore trop lente -ou douce ?- pour son adversaire et la main qui retenait son menton, s'éleva un peu plus pour venir se plaquer sur sa bouche, étouffant ses ultimes plaintes. Ainsi, elle s'était lassée de l'entendre hurler ? Préférait-elle se délecter de ses derniers instants, maintenant qu'il gisait impuissant sous elle, en train d'agoniser ? Soudain, la perspective de la mort le terrorisa pour de bon et il tenta de repousser le bras de la louve. Pour se donner bonne conscience et se dire qu'il avait lutté jusqu'au bout ? Ou bien parce que maintenant que la mort semblait inévitable, il s'accrochait désespérément à la vie ? Mais cela était peine perdue. Sa force ne rivalisait pas contre celle de la lycanne et surtout, il ne possédait plus aucun moyen de saisir le poignet qui retenait ses appels au secours. Avec une main droite inutilisable et celle de gauche salement amochée, qu'espérait-il pouvoir faire ? Se débattre sous le corps de son adversaire était bien la seule action possible qui lui restait. Vraiment lamentable. C'est ce que les yeux iris verts de son interlocutrice lui renvoyèrent, en plus d'une lueur de satisfaction à le voir souffrir atrocement.
Kyarra pouvait se montrer un temps soit peu fière d’elle, grâce à ses paroles, elle voyait dans les yeux de Natsume une colère naitre et qui ne lui appartenait pas. En temps normal, elle se serait peut-être méfiée davantage de la darkness, elle avait prouvé que même étant enfermée dans ce frêle corps, elle pouvait être redoutable. Mais dans cette situation, avec tout le sang qu’elle -qu’il- avait perdu, elle ne pourrait aller bien loin. C’était dommage dans un sens, l’une des meilleures darkness de cette ville, réduite à crever en même temps que ce vulgaire humain. La vie pouvait être cruelle quand elle s’y mettait. Mais ce n’était pas assez pour entrainer une larme de la lycanne. Après tout, si elle ne rejoignait pas les rebelles, avoir un électron libre de cette trempe dans cette ville aurait pu leur causer pas mal de problèmes, d’organisation diront-nous. Encore une fois, Elisabeth prit la parole et à croire qu’elle voulait réellement l’énerver pour parler ainsi. Mais elle croyait vraiment que ce genre de réflexion - à répétition- allait marcher sur elle ? N’avait-elle pas comprit que ça lui passait au dessus de la tête ? Sérieusement ? Elle ferait mieux de fermer sa gueule au lieu de chercher à pimenter un jeu dont le résultat était déjà courut d’avance. Ses paroles tout comme le rire de la démone passèrent au dessus de la tête de la louve, à croire qu’elle avait comprit que s’énerver pour rien n’était pas nécessaire. Hum, c’était une réflexion à ne pas oublier pour l’avenir. Bon ok il était presque évident que ça n’allait pas arriver de si tôt. Kyarra sorti de ses pensées au moment où la main horriblement froide de l’humain se posa sur sa joue - ou alors c’était la grande différence qu’il y avait entre la sienne ?- mais cette température lui indiqua qu’il n’allait pas rester avec elle encore longtemps, qu’elle l’achève ou non, il allait mourir. Tout n’était qu’une question de temps. Elle laissa faire la darkness, ne prenant pas la peine de repousser sa main pour le moment en sachant qu’elle ne pourrait pas lui faire grand chose. Kyarra s’aperçu ensuite qu’il y avait quelque chose sur la paume de l’humain et au vue de l’odeur, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de sang. Si elle pensait qu’elle allait la repousser pour un peu d’hémoglobine sur le visage, elle se trompait lourdement de personne. Cependant, alors qu’elle était censée ne rien ressentir, un petit tiraillement se fit sentir sur sa joue. Qu’est-ce que ? Après quelques instants de réflexion, elle se souvient de ce que lui avait fait Natsume : la coupure à l’argent ! Avec toute cette excitation, elle avait presque oublié la douleur ! Mais cette salope était en train de la raviver ! Parce qu’elle ne pouvait pas dire qu’elle était en train de lui ouvrir... Il lui faudrait des jours pour que la cicatrice se fasse ! Putain oui ! Elle garderait une marque à vie à cause de lui ! De nouveau, la colère fit son apparition -n’étant jamais très loin- et les paroles d’Elisabeth faillir lui passer au dessus de la tête -une nouvelle fois-. Hum ? C’était par peur qu’elle lui disait ces mots ? Kyarra en doutait légèrement, ne voyant pas la darkness craindre la mort. Ne disait-on pas qu’ils étaient tous revenus d’entre les morts ? Donc, elle était en train de lui faire comprendre qu’elle aurait dû le laisser en vie pour le tourmenter davantage ? Ca se tenait. Sauf que, l’ayant déjà attaqué une fois, elle ne pouvait pas se permettre de le laisser aller voir les flics pour qu’il porte plainte, si ce n’était pas déjà chose faite. Elle avait des arrières à protéger ! Et pas que les siennes en plus, Jilan ayant été avec elle dans cette ruelle. S’il avait déjà porté plainte contre elle, il ne faisait aucun doute qu’il avait aussi donné le signalement de son second. Et autant elle pouvait passer inaperçus puisqu’elle n’avait rien qui sortait de l’ordinaire. Autant le lightness avait quelques spécificités qui le différenciaient facilement dans une foule. Soupirant, elle aurait pu accéder aux paroles de son ennemie mais il y avait trop de chose en jeu pour qu’elle fasse passer son propre plaisir avant tout. Si elle voulait tourmenter un humain, c’était pas ce qu’il manquait dans cette ville. Que ce soit lui ou un autre, il y avait peu de différence. Il manquerait peut-être cette proximité qui était née entre eux. Un sourire sadique naquit sur les lèvres de la louve à cette réflexion. Mais ce sourire finit par disparaitre alors que la démone s’amusa à triturer sa blessure. Elle voulait s’assurer qu’elle se rappelle de cette plaie ? Dans tous les cas, c’était chose faite. Kyarra n’attendit pas plus de quelques secondes pour réagir et frappa la main de l’humain pour l’écarter de son visage. Se faisant, ça signait l’arrêt de mort de son interlocuteur. Avant que la démon ne disparaisse -du moins c’est ce qu’elle pensait- la louve lui fit un clin d’œil pour lui signifier que si la partie était réellement remise à plus tard, elle serait là. Mais, pouvait-elle vraiment revenir une seconde fois ? Elle finit par hausser les épaules en se disant qu’elle n’en savait rien n’étant pas experte dans ses races. Et que dans le fond, ça l’importait peu. Alors que son esprit avait un peu divagué, la jeune femme avait bougé davantage sa main dans le corps de l’humain, finissant par se rapprocher de son organe vitale. Elle s’assura qu’il s’agissait bien de l’étudiant avant de se saisir de son cœur. Non, elle n’allait pas lui arracher. Elle aurait pu évidemment, mais ça restait une action à faire si on voulait que la victime meure quelques secondes après l’extraction. Or, s’il pouvait prendre réellement conscience de ce qui était en train de lui arriver, c’était toujours ça de prit. Malheureusement, il se mit à hurler, lui indiquant par la même occasion qu’il était le réel possesseur de son corps. En temps normal, elle aurait apprécié ces cris de douleur et de désespoir. Mais si les voisins n’avaient pas encore appelé les flics, ça n’allait pas tarder à se faire. C’est donc presque à contre cœur, que la louve porta sa main sur la bouche de sa victime, l’empêchant ainsi d’alerter que davantage les habitants de l’immeuble. Kyarra apprécia qu’il essaye de se défendre de sa prise. Ainsi donc il ne voulait pas mourir ? Alors même qu’il l’avait supplié quelques minutes plus tôt de l’achever ? C’était dans ce genre de moment que l’on pouvait voir le vrai visage des gens. Mais bon, elle ne pouvait presque pas lui en vouloir. Peu de personne étaient réellement capable d’accepter sa mort. Elle n’en faisait surement pas partie. Au bout de quelques minutes supplémentaires, durant lesquelles elle serra de plus en plus fort sa prise autour de l’organe, Natsume finit par rendre son dernier souffle. Même s’il ne c’était agit que de quelques minutes, elle était persuadée que pour lui, ça avait parut être une éternité. Eternité durant laquelle la seule image qu’il vu était le visage satisfait de la lycanne. Du moins, avant qu’il ne ferme les yeux pour tomber dans l’inconscience. Rapidement remplacée par la mort. La rebelle attendu une minute de plus, serrant fortement l’organe pour s’assurer que le travail était bien fait et finit par se lever. Elle était recouverte de sang, principalement celui de l’étudiant, sauf pour le visage. Une fois debout, elle se dirigea vers la chambre de l’humain pour fouiller dans ses affaires. Elle finit par trouver ce qu’elle cherchait : un grand tee-shirt. Du moins, grand pour elle. Ca lui donnait un look étrange mais c’était toujours mieux que de se balader à poil dans l’immeuble. Elle songea un instant à aller rendre une petite visite à Jilan. Après tout, il n’était pas très loin de là mais elle se retient. Le déranger en compagnie de la colocataire de Natsume n’était pas un problème en soi. Mais s’il y avait un moyen pour les forces de l’ordre de la suivre, sait-on jamais, ses pieds étaient immaculés de sang frais, ce serait dommage qu’elle les conduise droit sur son Second. Tant pis, ce serait pour une prochaine fois. Kyarra jeta un dernier regard en direction du cadavre, l’air satisfaite et quitta l’appartement. Prenant le soin -tout de même- de fermer la porte derrière elle.
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par Invité Ven 23 Aoû - 14:20