Une rencontre particulière [Mickael Shawn - Kyn Tyrdas]

Ca fait maintenant dix jours que je suis alité. Jamais je n’aurai pensé que la louve, ma cheftaine à qui je dois obéissance et loyauté, et qui depuis notre combat a gagné tout mon respect, m’aurait aidé à me rendre à l’infirmerie. J’avais décidé de me battre à mains nues contre elle, et de ne me servir de mon Kodachi qu’en cas d’extrême urgence. Elle ne s’est pas transformée durant notre combat mais malgré l’enchainement de mes techniques je n’ai pas réussi à la blesser suffisamment. Même si suite à une blessure elle gardera des traces à vie de se combat, et je sais qu’elle ne l’oubliera pas de si tôt. En parlant de trace je regarde la cicatrice qui se trouve sur ma main gauche, l’onguent que j’avais mis dessus a bien fonctionné, mais la cicatrice ne disparaitra jamais. Ca me rappelle alors la fin de notre combat, quand paralysé sous les pieds de Kyarra elle ma tiré mes cheveux et m’a mordu au cou, avant de boire une petite quantité de mon sang. C’est intéressant qu’une lycante s’adonne à cette pratique, moi qui pensais qu’il n’y avait que les vampires qui buvaient le sang de leurs victimes. En tout cas avec cette morsure elle m’a donné le coup de grâce. En même temps ce n’est pas n’importe quelle femme loup que j’ai affronté. Elle possédait une force et une vitesse hors normes, même pour une lycanthrope. Elle ma brisé presque tous les os durant ce test d’admission, mais à la fin elle a reconnue ma valeur au combat. Et m’a admis au sein de sa confrérie de renégats. Suite aux soins du médecin de la confrérie, qui soit dit en passant est également un loup-garou mes os sont ressoudé et bien que je possède une vilaine cicatrice dans le cou maintenant, comme une marque d’appartenance, je suis complètement guéri. Mon médecin est d’ailleurs venu m’annoncer il y a quelques instants que je pouvais sortir. Je me lève alors avec précaution, j’ai encore un peu mal, mais ce n’est rien comparé aux dix derniers jours. C’est surtout un manque d’exercice, je vais donc immédiatement me remettre en forme. Je me dirige vers ma chambre, maintenant que je sais laquelle elle est, ayant reçu un mot de je ne sais qui pendant que j’étais à l’infirmerie, il m’a dit qu’il avait eu écho de mon combat et qu’il me félicitait d’avoir tenu tête à notre cheftaine. Il m’a également précisé qu’il était le bras droit de cette dernière. Je rentre sans ménagement dans ma chambre. Je pensais que je serai méprisé et moqué par mes confrères, étant le premier et le seul humain à intégrer le clan des rebelles. Pourtant certain ne me considère pas et m’ignore simplement, d’autre me regarde avec appréhension, tandis que d’autre encore me regarde avec respect. C’est d’ailleurs le cas de mes camarades de chambre, tout du moins c’est la première impression que j’ai. Il s’agit d’un vampire et d’un lycanthrope. Ils me demandent tous deux si c’est vrai que j’ai pu tenir tête à Kyarra sans utiliser d’arme. Je leur explique qu’elle m’a vaincu et qu’elle m’a laissé sa marque, mais qu’effectivement le combat s’est révélé intense et que ce fut un grand moment de plaisir, malgré la douleur qui s’en est suivi. Ils ont l’air tous deux un peu surpris mais ne font aucun commentaire. On dirait qu’il m’accepte parmi les leurs.

Bon moi je ne possède aucun pouvoir exceptionnel, ce qui fait que ma forme physique doit être entretenue c’est pourquoi je fixe à la porte une barre me permettant de faire des tractions, ce que je fais immédiatement. Après une petite centaine je passe à des pompes puis des abdos avant de faire du taping et de la corde à sauté. Et après trois bonnes heures d’entrainement je prends une robe propre dans mon armoire que j’ai préalablement remplie de mes affaires avant de commencer mon entrainement et je me dirige vers les douches. Je prends alors une longue douche afin de bien me décrasser, sachant que je n’ai pas eu l’occasion d’être convenablement lavé depuis ma rencontre avec la louve. Une fois sorti de cette dernière je me saisi de la serviette que j’ai pris soin d’emmener et du peigne afin d’agencer parfaitement ma coiffure. Je me regarde dans la glace et je m’essai alors à sourire, et je suis surpris de voir que j’y parviens même si ce sourire ne nait d’aucune émotion. Je ne sais pas comment ça ce fait que je puisse sourire à présent mais je reprends rapidement mon regard neutre, je saurai faire usage de ce sourire quand il faudra. Je regarde alors la marque de morsure dans mon cou, comme je le pensais elle ne disparaitra jamais. Je soupire en me disant qu’après tout j’ai bien été marqué. Je m’habille et retourne dans ma chambre. Je suis satisfait de constater qu’on ne voit pas plus que ça la marque quand je suis habillé de mon habituelle toge noire. Je m’équipe de mes armes habituelles sans oublier mon fidèle Kodachi. Puis j’enfile mes gants noir, et enfin ma cape de voyage me permettant de masquer mon Kodachi. Je ne suis pas sûr qu’une telle arme soit bienvenue dans une ville, car oui je décide de me rendre en ville et de commencer la mission que l’on m’a confiée. Je dois me renseigner sur une certaine personne. Je sors du repère des renégats et vérifie que personne n’est dans les parages, hors mis les gardiens il n’y a personne. Je peux donc prendre la route la plus directe vers la ville ? Une fois au centre même de l’avventura je sors une pipe de ma robe et je l’allume afin de pouvoir tirer quelques bouffé d’une herbe de ma composition. Elle a des vertus décontractantes, au même titre que les drogues, à la différence qu’elle n’affecte nullement les réflexes et l’intégrité mentale d’une personne. Je continue à fumer ma pipe en arrivant dans un bar, je commande un verre de whisky tout en observant ce qui se passe autour de moi, en écoutant les conversations. C’est la première phase de recherche de la victime que ma supérieure de louve m’a commandé.

Cela fait maintenant un long moment que je suis assis au bar, écoutant les conversations de toutes pars. Je n’attends qu’une chose, c’est d’entendre des informations sur un nom, un prénom en fait « Natsume ». Il s’agit d’un jeune homme que ma cheftaine veut me voir tuer. De fait je suis en charge de le débusquer et de signer avec rapidité et efficacité son arrêt de mort. Bien que je ne comprenne pas pourquoi la cheftaine des rebelles m’a ordonné de tuer un humain, encore moins un enfant. Toujours est-il que je ne fais pas de sentimentaliste, d’abord parce que les sentiments me sont inconnues, ensuite parce que j’ai juré fidélité et obéissance à cette femme. Je n’ai qu’une parole et je ne fais pas de promesse que je ne peux pas tenir. Aussi, sur les conseils de mon « père » et Maître, j’ai sombré dans la servilité, mais tout cela est pour le plus grand bien. Toutefois même si je suis obligé de suivre les instructions de la louve, et de elle seule, je peux bien faire ce qu’il me plaît à côté. Même tuer des collègues s’il m’en prend l’envie. Elle ne m’a pas non plus interdit de m’en prendre à elle, mais encore une fois l’honneur m’impose le respect. Et puis la dérouillé qu’elle ma mis lors de mon entrainement de test, celle là je ne suis pas prêt de l’oublier. Bien sûr si je m’étais servi de mes armes cela aurait pu être différent, mais elle non plus ne s’est pas servie de sa transformation.

Je sors alors de mes songeries en entendant une jeune femme demander au barman où se trouve Natsume. Ce pourrait-il que l’on recherche la même personne ? Totalement indifférent, comme à mon habitude je tourne un regard dénué de toute expression vers cette jeune femme. J’entends alors le barman lui répondre que c’est son jour de congé. Voilà qui est fort intéressant. Ce jeune homme travail donc dans ce bar. Je n’aurai jamais pensé que je trouverai si rapidement ma cible. Bon et bien maintenant que je sais où il travail je n’aurai plus qu’à revenir demain, à le suivre, et l’observer pendant quelques jours. L’enseignement de la ligue des ombres ne m’a pas seulement enseigné la suppression de mes sentiments et émotions, ou encore à me battre. Elle m’a également appris à disparaitre, à me fondre dans le décor, histoire d’être indétectable. Et quand je jugerai le moment opportun alors je frapperai avec force. Et je ramènerai la tête à trophée à ma dirigeante. Bien que toujours sur mes gardes je relâche alors mon attention, je sais maintenant où trouver ma cible je peux donc profiter pleinement de ma soirée.

C’est alors qu’accoudé au comptoir je vois un homme qui s’avance vers le comptoir. Sa coupe et son allure m’interpelle. Cependant comme à mon habitude je ne montre rien, et il est totalement impossible de savoir qu’il a attiré mon attention. Je me retourne afin de commander un deuxième verre quand je sens la présence de l’homme à côté de moi. Après un court instant il me dit alors :

"Original comme tenue."

Il est vrai que ma tenue n’a rien de conventionnel, surtout que je garde ma cape de voyage sur moi afin de masquer la présence de mon Kodachi. Cela pourrait être mal interprété par les gens de voir un homme armé d’un sabre dans un bar. Pour ce qui est de mes armes à feu elles sont indétectables et bien à leur place sous ma toge. Je ne sais pas ce que je dois faire, je ne suis pas encore accoutumé aux conversations entre gens bien civilisé. Simplement l’ignorer ? Non je pense que je dois lui fournir une réponse, d’un air naturelle sans pour autant avoir l’air top sociable. Maître, que c’est compliqué de se tenir en société. Dire que je suis cent fois plus à l’aise dans un combat quand ma vie est en jeu qu’avec une personne pour tenir une conversation. J’ai décidé de ce que je vais lui répondre. Je tourne mon regard inexpressif et désintéressé vers l’homme en lui répondant de la voix monocorde qui est la mienne :

« Je ne suis qu’a l’aise dans ce genre de tenue. Singulière, mais vraiment confortable »

C’est vrai que je suis plus à l’aise dans ce genre de tenu quand on sait qu’à tout moment je peux être amené à combattre. Je suis venu à la pêche aux informations ce soir et la chance à fait que j’ai trouvé tout de suite ce que je voulais, pourtant rien ne me prouvait que je serai aussi chanceux. Je pensais commencer mon investigation ce soir, mais comme l’homme que je cherche est en congé pour le moment j’attendrai demain. L’homme continue à me dévisager et il attend sans doutes que je relance la conversation.

« Votre tenue n’est pas conventionnel non plus. »

Il ne semble vraiment pas vouloir lâcher l’affaire. Pourquoi toutes ses personnes cherchent absolument à vouloir me parler. Je suis bien conscient que mon apparence parfaite en apparence et calculé au mini mètre puisse intriguer les gens voir plaire à la gente féminine, pourtant mon regard inexpressif et ennuyé suffit généralement à éloigné autrui. Je vois une femme qui me dévisage depuis tout à l’heure, tandis que l’homme m’explique que sa tenue est confortable en tout point. Et la voilà qui s’approche de moi afin de tenter de me séduire. Elle me propose un verre que je refuse avec mon ton habituel. Je reporte mon attention sur une bande de jeune qui commence à se disputer doucement. Je ne saurai dire s’ils font parti ou non de créatures surnaturelles, mais peu importe. Il est important pour moi de rester anonyme. Si je veux une chance de pouvoir suivre ma cible je ne dois pas me faire remarquer.

L’homme à ma droit qui a lui aussi remarqué l’agitation soudaine m’offre alors sans que je ne puisse rien dire un verre. Verre que je ne touche pas immédiatement. Je fini le miens d’un seul trait, le liquide sulfureux me brûle la gorge et m’apporte alors un grand moment de satisfaction. Merci pour cette découverte Maître. Rien de tel pour se remettre après une sortie d’observation de dix jours à l’infirmerie. Je pose mon verre vide tandis que l’homme bien que je ne lui ai pas répondu sur sa tenue reprend la parole.

Quoi ? Qui ? Comment sait-il que je suis ici pour traquer ma cible ? Aurait-il le pouvoir de lire dans mes pensées ? Non. Même s’il le pouvait il n’aurait pu connaitre que mes intentions immédiates. Jamais il n’aurait pu connaitre mon besoin de meurtre. Malgré le fait que cette situation soit inquiétante mon rythme cardiaque n’a pas bougé, mon expression non plus. En fait tout mon corps reste détendu tandis que je réfléchis à ce qu’il vient de me dire. C’est très étrange. Surtout qu’il vient de me dire que si on rate une cible on peut en changer pour réussir. Ca n’a absolument aucun sens. Essai-t-il de me faire passer un message ? S’agit-il d’un rebelle ? Ou d’un membre du cercle ? Il en sait trop en tout les cas, il va rejoindre l’autre monde avant la fin de cette nuit. Ca ne me fera que du bien de tuer à nouveau. Et avec un peu de chance ce n’est pas qu’un humain et le combat sera alors plus intéressant. Mais avant que je ne puisse arrêter une décision il me tend son verre afin de trinquer en me disant à ma prochaine conquête.

Je comprends mieux, il croit donc que je suis ici pour attendre une femme. Comment ai-je pu penser un seul instant qu’il avait le pouvoir de lire dans les pensées. Ce pouvoir est trop rare. Et pas aussi efficace qu’on pourrait le croire. Il n’est pas possible de connaitre les idées profondes d’une personne. Un membre de la guilde des ombres, notre chef en fait, possédait ce pouvoir, j’en connais donc les limites. Cependant ça le rendait très bon en anticipation lors des combats. Je n’ai pu le battre qu’en arrêtant de réfléchir en laissant agir instinct et réflexes. Enfin bon l’homme attends alors que je trinque avec lui je me saisi donc du verre qu’il m’a offert avant de trinquer avec lui, je lui offre même un sourire. Il est faux bien évidemment mais il n’est pas possible de s’en apercevoir. Je dois cette nouvelle capacité de sourire à ma nouvelle patronne. En combattant elle a réussi à me faire sourire, chose que je n’avais jamais réussi à faire avant.

« Et vous que faites vous dans un bar tout seul ? »

En effet il croit que je suis venu ici pour une femme tant mieux pour lui, je ne vais pas démentir l’alibi qu’il me fournit. L’agitation s’intensifie petit à petit dans le bar. Et l’un des troubles faites me toise avec intérêt. Il n’aime pas le regard inexpressif que je pose sur lui. Je ressens sa colère. Si tout cela dégénère il va sans doute venir vers moi.

Je feins alors un sourire, maintenant que j’ai appris à le faire, malgré moi mais pour mon plus grand bien. Cela me permet de m’intégrer un peu plus facilement, bien que je n’ai aucune intention de m’intégrer réellement, c’est juste afin de réussir mes missions. Pourtant mon sourire bien que pas sincère du tout, parait convaincant. Mais c’est dans mon regard qu’on peut capter mes émotions, et tout comme mes yeux le montre l’indifférence la plus total investit mon esprit. Je ne ressens rien, et c’est très bien ainsi, c’est cela qui fait ma force et qui me permet d’être le chasseur que je suis. Les émotions ne sont que des barrières.

L’homme m’explique alors qu’il fait parti de la police depuis peu, et c’est avec prétention qu’il m’annonce qu’il a eu d’excellent résultat aujourd’hui. Un policier, cela ne sert plus à rien dans une ville comme celle-ci. Le seul problème que l’on peut avoir ici ce sont avec ces créatures surnaturelles. Tiens voilà les jeunes qui viennent vers nous. Encore des humains trop sots pour comprendre qu’ils vont le payer très cher. Ils critiquent ma toge, voilà encore quelque chose qui ne m’atteint pas le moins du monde. Encore l’un des avantages de pouvoir garder son calme en toute circonstance. Les émotions ne faisant pas partie de moi-même il est impossible de me vexer.

Je ne réponds rien et reste totalement impassible. L’ennui et l’indifférence qui émane de moi semble énerver mes interlocuteurs, et ils s’apprêtent alors à me frapper. Mon regard devrait pourtant les dissuader surtout que je dis de mon ton monocorde et suant l’indifférence :

« Non, ne faites pas ça, vous allez commettre une erreur »

Aucune peur, aucunement une menace, juste une énonciation, une sorte de conseil. Malheureusement bien qu’ils soient d’abord décontenancés par mon ton quelque peu étrange ils se reprennent bien vite et tente de me frapper. J’esquive chacun de leurs coups avec facilité, tandis que le policier s’occupe de les paralysés pour les empêcher d’agir moi je ne fais pas de détails. Je n’ai presque pas bougé, pourtant mes adversaires se bloquent alors, et je leur dit alors :

« Vous l’avez entendu aussi non ? Le bruit du vent. »

Ils s’effondrent alors, tandis que j’esquivai j’assénai avec vitesse un coup afin de briser les os. De simple humain qui se sont pris pour plus grand qu’ils ne le sont. Comment oses-t-il encore provoquer des gens dans une ville ou les créatures surnaturelles vivent au grand jour. J’aurai pu être un lycan ou une sangsue et les tuer sur le champ. J’attends que mon acolyte en termine avec ses ennemis. Il est trop gentil, les miens sont inconscient par terre ou en train de gémir. Si je m’étais écouté ils seraient morts mais je préfère ne pas me mettre la police à dos. C’est avec indifférence que je me ressaisi de mon verre afin de la vider, comme si rien de ce qui vient de se passer n’est jamais arrivé. Imperturbable et totalement indifférent, inexpressif comme à mon habitude.