| par Invité Jeu 23 Mai - 22:11
| La journée était passée très lentement, comme d'habitude. J'avais repassé en revue mes dernières rencontres: Nepthys, la jeune lightness que j'avais proposé d'entraîner, une belle jeune femme plutôt pleine de vie mais un peu trop transparente. Et Kyarra... L'énigmatique louve, étrangement en retenue, et chef des rebelles, à qui j'avais proposé un échange de bons procédés entre nos deux organisations. Le seul hic qu'on risquait de rencontrer dans cette affaire, c'était qu'il allait falloir tenir les ADLM en laisse, vu que les lycans étaient leurs cibles privilégiées, et travailler avec l'une des leurs, ça risquait de faire des vagues. Heureusement que j'avais un siège au conseil des anciens... J'étais respectée par plus ou moins tout le monde, et personne de censé n'oserait venir me provoquer. Sous peine d'une sanction immédiate... Par ailleurs, je ne voyais que le bien de l'organisation et la chute du Cercle, deux avantages non négligeables. Donc si je disais : " Pas touche aux loups garous Rebelles", ça sera pas touche et pas de discussions. Sans quoi, des têts allaient tomber. Ca serait immanquable. J'avais plus qu'à prier pour que je sois suffisamment appréciée des anciens pour ne pas passer moi même sous le couperet de la justice des Agents De La Mort. Mais bon, c'était prendre des risques parce que le jeu en valait la chandelle, sinon je ne le ferais pas. Pourquoi, malgré cette alliance, je n'oubliais pas mon but premier : venger ma famille et tuer les lycans, qu'ils soient responsables ou pas de leur exécution. Et ça tombait plutôt bien: j'avais trouvé pas mal de pistes en ville, qui étaient dignes d'intérêts. De plutôt gros poissons, si on avait un peu de flaire et de logique. Bien que je n'ai pas les sens ou la force physique d'un lycanthrope, je savais me battre, et j'étais rapide et prompte à choisir. Ca me donnait déjà de beaux avantages non négligeables.
Sans compter que l'agilité de ces gros tas de muscles était nettement discutable. En corps à corps, j'avais des capacités qu'eux n'avaient pas, et bien que l'usage de me pouvoirs soit limité, je pouvais toujours m'en servir, dans la limite du raisonnable. Et avant tout: j'étais motivée. Je ne flanchais pas. Quand j'avais en tête de tuer quelqu'un, j'allais jusqu'à bout, quitte à y laisser des plumes ou à m'y reprendre en plusieurs fois. Mais ce qui tait sûr, c'est qu'aucune des cibles que je m'étais données n'avait survécu. Mais en attendant ma victime du jour, il allait falloir que je chasse de toute urgence ! J'avais les veines en feu, les mâchoires douloureuses et l'esprit embué. Il fallait que je me nourrisse au plus vite, mais voilà: la nuit n'était pas tombée, et j'étais condamnée à rester au manoir jusqu'à e que cette maudite Lune se décide à pointer le bout de son nez, accompagné de sa myriade d'étoiles...Quelle poisse ! J'en avais vraiment ma claque d'être privée de la lumière du jour... Le pire, c'est que je n'avais pas le choix: si e sortais, je finissais carbonisée comme un toast resté trop longtemps dans un four à très haute température. Autant dire qu'il ne resterait plus grand chose de moi, après ça. Qu'un mini tas de cendres qui serait vite dispersé par la brise. Franchement, ça craint... J'avais besoin du sable chaud sous mes pieds, des doux rayons de soleil caressant ma peau... Rien que d'y penser, je me sentais déjà rongée par la chaleur. Du bruit des vagues et de l'écume sur le bord de la plage. Tout ce qui avait fait ma vie d'humaine, quoi...
Ce bref élan de nostalgie, sans doute du à la faim qui me ravageait le cerveau et me grillait les neurones, suffit à me mettre le moral dans les chaussettes. Une vie, condamnée à être menée dans l'ombre... Je n'avais jamais rêvé de ça, je n'en avais jamais voulu. Mais voilà: maintenant, je n'avais plus le choix, et ça faisait un siècle que ça durait. Sans compter que le grand manoir dans lequel je vivais depuis que j'étais à l'Avventura était redevenu tristement vide de présence. Néro était parti, et je me retrouvais une fois de plus seule. S'il s'en était allé, c'était sûrement ma faute... Cela dit, je supportais étonnement bien mon retour au célibat. Bien que ça me fasse toujours mal, que je me sente toujours abandonnée en me réveillant seule dans mon lit froid le soir, je m'étais retrouvée à vivre comme dans le temps. J'étais toujours assaillie par les souvenirs hantant la chambre, raison pour laquelle j'en avais finalement changé. Je m'étais installée dans l'une des nombreuses autres pièces du premier, mais la pâleur des murs et l'absence de mes bougies noires à l'encens me dérangeaient. J'allais devoir remédier à ça très vite. Mais là, ce qui urgeait surtout, c'était mon besoin de sang. C'était la première fois que e comptais partir chasser et m'arrêter avant de tuer ma proie... Je comptais faire les choses bien, aujourd'hui. Laisser ma victime vivante et en état physique acceptable. Ca allait être dur, j'en étais consciente. Résister à ses pulsions et refuser d'aller jusqu'à la fin pour les satisfaire totalement était pour moi un concept tout nouveau... Je risquais de mettre du temps à gérer.
Le temps passé à réflechir m'avait permis d'attendre la tombée de la nuit, et je fonçais au premier pour me changer, histoire de ne pas sortir avec mes vielles converses, mon chemisier complétement démodé et mon mini short troué de partout. Une fois dans ma chambre, j'ouvrais les portes de ma garde robe à la volée. Un pannel de tenues chamarrées ou très sombres s'imposa à mes yeux, et je me dis que je n'étais jamais mieux qu'en noir. De toute façon, pour chasser en pleine nuit, c'était le plus adapté. Je tirais donc de sur leur cintres un t-shirt ample noir et un jean moulant de la même couleur. Les poches étaient maintenues closes par des fermetures Eclair dorées. Je virais mon vieux chemisier, qui échoua sur le lit, bientôt suivi du short, et passais habilement mes nouveaux vêtements. Mettant mes cheveux par dessus le haut, je mettais à mon cou un collier fait de chaînettes dorées et autour de mon poignet gauche, je ceignais une lanière de cuir tressé. Au poignet droit, je passais un bracelet fait d'un alliage d'acier et d'aluminium m'arrivant un peu avant le coude. Ce dispositif, fait de mes propres mains, contenait une lame, qui jaillissait ou non en fonction de la pression du coup de poing. Retournant à mon placard, j'en sortais cette fois une paire de rangers. Les côtés exterieurs étaient ornés de boucles metalliques. Une fois équipée, je prenais sur le fer d'encadrement du lit, une longue veste de cuir noir, qui m'arrivait derrière le genoux ( cadeau d'entrée des ADLM). Une fois parée, je fermais la boutique et prenais la moto, sans même me fatiguer à mettre mon casque.
Je roulais alors comme une tarrée jusqu'à la forêt. Je ne savais pas si j'allais trouver quelques randonneurs imprudents sur ou en dehors des sentiers, mais il vaudrait mieux. Plus le temps passait plus mes veines s'enflammaient, et la douleur en devenait presque insoutenable. J'avais trop attendu pour me mettre en chasse, il allait falloir que je prévois des poches de sang humain, volées à l'hôpital, pour ce genre de situations scabreuses. Je n'allais pas pouvoir faire ça à chaque fois, car ça m'affaiblissait, et en plus, je n'arriverai pas à me retenir de tuer si j'avais été sevrée de sang toute la journée... Laissant la bécane à la lisière du bois, je m'engageais entre les arbres. Mais ce ne fut pas l'odeur alléchante d'un humain égaré que m'apporta le frais et revigorant vent nocturne. Mais le fumet noséabond d'un loup garou. Je l'avais rencontré une fois, en me baladant dans la rue commerçante de l'Avventura. Je ne me rappellais pas d'avoir déjà croisé celui ou celle qui dégageait cette puanteur, cela dit, il était probable qu'il ou elle soit passé avant moi entre les boutiques. Peut-être même que cet inconnu XY tenait un magasin ? Bonne question... En attendant, si cette personne me tombait dessus maintenant, j'allais avoir beaucoup de mal à me battre. Le manque de sang frais me mettait à genoux. Donc je continuais de chercher une victime, en essayant d'oublier la tenace odeur de lycan...
|
|