Avventura
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Message par Invité Jeu 24 Jan - 8:57

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Le soleil s'était couché depuis déjà un bon moment sur l'Avventura. L'air froid obligeait bien des gens à se couvrir. De la buée sortait à rythme régulier de la bouche de la vampire, trahissant sa respiration. Elle ne portait pas de manteau, car après tout elle n'avait pas besoin d'être au chaud et ne produisait pas non plus de chaleur, sa peau glacée pouvait en témoigner. La plupart des rues à cette heure étaient désertes, et dans l'une d'entre elles se baladait Eleonor. Au début, elle avait déambuler sans destination précise, s'était arrêté dans quelques magasins, avait profité de l'environnement urbain qu'il y avait dans les grandes rues lorsqu'il n'était pas trop tard. Maintenant, elle était complètement perdue. Depuis le temps qu'elle vivait dans cette ville et elle n'avait jamais visité cette section. Les rues étaient, comment dire…sordide, glauque? Rien de très rassurant. Ce n'était pas le genre d'endroit dans lequel elle aurait voulu atterrir, mais voilà l'air frais du soir, la marche lui avait permit de se perdre dans ses pensées un moment. Un bon moment on dirait. Ne sachant plus trop où aller, et ne se rappelant plus d'où elle était venue, la vampire continua d'errer, l'humeur un peu abattue par les bâtiments délabrées qui l'entouraient. S'il y avait eu des gens à proximité, elle aurait pu demander son chemin, mais voilà il n'y avait personne.

Tant pis, à force de marcher, elle allait bien finir par trouver. Et puis, ce n'était pas comme si elle était pressée, bien au contraire. Elle pouvait continuer d'apprécier sa promenade, seulement, en se rappelant de rentrer avant le lever du soleil tout de même! Il faut dire que la soirée était douce. À ses yeux du moins. Le ciel était parfaitement dégagé, et on voyait bien les étoiles et la lune. Les rues désertes ne la dérangeait pas tant que ça, seulement elle aurait aimé retrouver du monde, se fondre dans une foule. Hors les heures durant lesquelles les rues sont occupées venaient de se terminer. Elle poussa alors un soupire. Le fait de ne pouvoir sortir qu'en pleine nuit l'isolait du reste du monde. Ainsi était la vie des vampires. La plupart de ses congénères devaient être à la chasse en se moment. Elle essaya de ne pas trop y penser, souhaitant que les humains les plus fragiles aient gagné leur demeure et verrouiller leur porte. Ce devait être le cas, car il n'y avait pas un chat dans son champ de vision. Sauf qu'en passant devant une ruelle, elle perçu un son. Probablement inaudible pour un humain, elle avait perçu une faible voix, peut-être quelqu'un qui s'était retenu d'éternuer, peut-être…quelqu'un qui se faisait attaquer. Voulant tirer les choses au clair, la vampire s'avança doucement vers l'origine de ce bruit qu'elle avait du mal à identifier, tout en espérant que ce ne soit qu'un chat…

Message par Invité Ven 25 Jan - 16:37

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Il se massa les tempes tout en soupirant, puis verrouilla sa porte. Ce qui était une simple façon de passer le temps s'était transformé en un rituel bien rythmé, duquel l'élémentaire ne s'éloignait que rarement: se doucher, trouver quelques vêtements au hasard et finalement sortir. S'éloigner de cet appartement dans lequel il vivait presque en reclus, même s'il avait parfois de la compagnie quand on hôte était là.

Il se retrouva à l'extérieur en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire et inspira un grand coup, profitant de l'air froid qui caressait ses joues et du silence qui l'entourait. Qu'il était bon de ne pas subir la présence des foules qui noircissaient les rues à longueur de journée; qu'il était bon de se diriger aléatoirement vers x ou y zone, sans faire attention à l'heure, en profitant simplement du soupir nocturne de la ville. Il commença à marcher tout en pensant aux événements vécus depuis sa naissance, tellement de choses s'étaient produites. Il pensait souvent à celui qu'il était avant et à celui qu'il était devenu; ses rencontres avaient fait de lui quelqu'un de discret, de reclus et de légèrement craintif. Comment pouvait-il ne pas l'être après ce qu'il avait vécu?

Il tourna sur la droite au deuxième croisement pour arriver dans une grande avenue, éclairée par de nombreux lampions. On ne voyait personne, c'était une soirée calme et les ivrognes qui jonchaient habituellement les rues semblaient être moins nombreux et visibles qu'à l'accoutumée. Il continua sa route en scrutant son propre reflet dans les quelques vitrines dont les stores n'étaient pas clos. Il se sentait fatigué et priait pour que la saison hivernale disparaisse vite; en effet après avoir élaboré de nombreuses théories il s'était rendu compte que son état de santé variait en fonction des saisons. Après en avoir vécu trois il en venait à penser que cette zone - dans laquelle il était né - et lui étaient bien plus liés qu'il ne le pensait. Songer de nouveau à cet endroit, dans lequel il n'était pas retourné depuis ce qui semblait être une éternité, l'attrista une nouvelle fois. Ce qu'il avait découvert là-bas le laissait incertain quant à son avenir. Il shoota dans une canette de bière qui se trouvait par terre puis la regarda valser quelques mètres plus loin.

Après ces mois d'isolement pour se retrouver lui-même il s'était décidé à trouver le courage de sortir de plus en plus souvent, il fallait après tout qu'il tente de redonner un sens à sa vie, qui n'était plus la même et ne le serait probablement jamais. Il passa devant une pharmacie de garde qui lui fit penser à l'hôpital et donc par connexion à Eleonor Doherty, la jeune femme qu'il avait rencontrée le jour de sa naissance. Il aurait aimé la remercier pour ses conseils, même si en fin de compte sa naïveté l'avait poussé à les ignorer et lui avait fait passer un long après-midi dans le commissariat de la ville. Depuis ce jour là il avait tenté de supprimer ses émotions pour n'en plus souffrir; si la chose n'était pas évidente elle l'avait isolé et son innocence innée en avait souffert au point de faire de lui quelqu'un de vide, ou plutôt d'instable.

Bloqué dans un perpétuel déséquilibre, il ne savait plus s'il devait taire tous ses sentiments ou les relâcher et tenter de devenir quelqu'un de meilleure et de plus fort. Il était tout simplement perdu et indécis concernant la marche exacte à suivre. Il tourna une nouvelle fois pour commencer à zigzaguer dans différentes ruelles, regardant tantôt le ciel étoilé et l'astre lunaire, tantôt les différents débris et personnes qui dormaient à même le sol. Certaines zones de la ville changeaient de manière hallucinante en fonction de ce qui brillait dans le ciel.

Il marcha encore pendant un bon moment puis arriva vers une ruelle un peu plus élargie mais néanmoins encombrée. Après quelques secondes de marches, il se prit les pieds dans un sac poubelle qui trainait et se rattrapa de justesse avant de tomber. Le mal était cependant fait et une grande tâche de gras se faisait déjà apparente sur son jean. Il remonta avec difficulté les manches de sa parka couleur kaki et passa par réflexe ses mains sur sa jambe droite, se retrouvant avec les mains aussi grasses que cette zone de toile bleue désormais souillée par la crasse.

"Nom de..ah..il faudrait que je trouve de l'eau." lâcha-t-il d'un souffle.

Message par Invité Sam 26 Jan - 4:41

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Qu'est-ce qui la poussait à avancer ainsi? Au fond ce qu'elle avait entendu n'était sûrement rien, un souffle dans le néant, une voix perdu dans la nuit. Voulait-elle jouer au héros alors qu'il n'y avait probablement personne en danger, ou cherchait-elle indirectement de la compagnie? Aucune réponse clair ne lui traversait l'esprit alors qu'elle marchait toujours aussi silencieusement dans la ruelle. Elle n'aurait pas du venir jusqu'ici. Ces ruelles malfamées ne pouvaient lui attirer que des ennuies. Et puis si elle voulait indirectement patrouiller les rues avec l'espoir d'empêcher des meurtres, elle risquait d'avoir du pain sur la planche! C'est avec découragement qu'elle constata la quantité d'ivrognes qui jonchaient le sol un peu partout. Tous crasseux et ivres. Il serait si facile pour n'importe quel prédateur aguerri de s'en faire un repas...

À quoi avait-elle penser? Que si, comme elle le craignait, c'était quelqu'un qui se faisait attaquer, elle pourrait lui venir en aide en tabassant un de ses semblables, elle qui n'avait pas l'habitude du combat et frissonnait rien qu'à l'idée d'hausser la voix lorsqu'elle était en colère? Et si elle tombait sur un lycan? Croyait-elle avoir la moindre chance de se révéler utile? Vraiment sa décision de s'engouffrer dans ce passage sombre lui paru de plus en plus stupide, elle ne pouvait tout de même pas vaincre tous les prédateurs qui menaçaient les innocents la nuit.

Trop tard, elle était déjà allé trop loin pour rebrousser chemin. Elle n'avait qu'à passer son chemin plus tôt et ne l'avait pas fait…Oui mais au fond en aurait-elle été capable? Aurait-elle pu feindre de n'avoir rien entendu, et continuer de marcher en tentant de se convaincre que ce n'était rien? Sûrement pas. Il n'y avait plus grand chose à faire désormais, elle devrait se rendre jusqu'au bout. Elle se mit à marcher un peu plus vite. Ce quartier de la ville était de pire en pire au fur et à mesure qu'elle s'y enfonçait. Raison de plus pour songer à une attaque nocturne. Rassemblant son courage, elle huma l'air froid afin de clarifier la situation. Les odeurs étaient diverses: Alcool. Humains. Crasse. Et…la vampire cessa tout mouvement. Cette odeur de terre, cette odeur fraîche de végétation, qu'est-ce que c'était? Elle n'était pas dans la forêt. Continuant d'avancer, ses yeux écarlates voyant parfaitement dans l'obscurité, la vampire revoyait des souvenirs associé à cette odeur. Mais non c'est impossible, je dois halluciner. Elle entendit alors une voix familière, qu'elle reconnu du premier coup. Comment l'oublier? Arriver à ce qu'elle croyait être l'origine de cette voix, Eleonor plissa les yeux afin de distinguer…

-Vegeo!, cria-t-elle, le sourire fendu jusqu'aux oreilles.

Elle n'arrivait pas à y croire! Il y avait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vu. Soulagé du fait qu'elle n'aurait pas à se battre, et contente de revoir son élève, la vampire lui sauta spontanément dans les bras. Ils n'étaient pas à l'hôpital après tout, et il faut dire que l'accumulation de soucis à son sujet sortait d'un seul coup. Elle espéra ne pas lui avoir fait peur par la rapidité de son geste, surtout qu'entre le moment où elle l'avait aperçu, et le moment où elle l'avait étreint, il ne s'était écoulé qu'une fraction de seconde. Elle bougeait toujours aussi vite! De tous les scénarios qu'elle avait entrevu sur ce qui pouvait se cacher dans cette ruelle, c'était bien le dernier qu'elle aurait envisager. Dans un tel endroit elle ne s'attendait pas à trouver mieux que des ivrognes et des criminels. La vampire cessa son étreinte afin de pouvoir mieux l'observer. Il y avait une bonne différence avec la première fois qu'elle l'avait vu. Il avait su maintenir une certaine hygiène de vie de ce qu'elle pouvait constater. Il était tout à fait présentable, hormis cette tache de graisse sur son pantalon qui, d'après la phrase qu'elle avait entendu plus tôt, était récente.

-Pardonne-moi, je suis un peu brusque. C'est juste…je suis heureuse de te revoir.

Elle avait été quelque peu rapide dans ses gestes et se tenait maintenant coite afin de le laisser respirer un peu.

Message par Invité Lun 28 Jan - 16:04

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*Quelle chance..* pensa l'élémentaire, alors qu'il frottait son jean.

Il releva la tête, portant ses yeux vers les hauteurs, tout en soupirant une nouvelle fois. Là-haut la lune jouait de sa lumière, tantôt se cachant derrière les nuages et tantôt éblouissant les ruelles encombrées. Reportant son regard vers la tâche de gras, il fit craquer ses doigts avant de sortir des mouchoirs de sa poche - tout en se demandant pourquoi il n'y avait pas pensé plus tôt - et de se nettoyer les mains autant qu'il le pouvait. Il ne supportait pas la saleté de la ville, la pollution, les déchets; toutes ces choses qui étaient en décomposition et qui pourrissaient lentement ne lui inspiraient que l'impureté la plus totale et le dégoût le plus prononcé. Il fit la moue tout en passant la fin morceau de papier autour de ses mains et jeta habilement le mouchoir dans la poubelle la plus proche.

Portant ses pupilles sur ce qui l'entourait, pour mieux cerner le décor, il remarqua non sans une certaine amertume que quelques corps étaient couchés contre les murs. Dans certains endroits de la ville les hommes faisaient partie intégrante des déchets, il l'avait remarqué à de nombreuses reprises. Il replongea dans ses souvenirs en pensant à ces nuits passées à dormir lui aussi dans la rue, peu nombreuses mais éprouvantes. Les images des sans-abris qui s'étaient approchés de lui pour lui offrir une couverture, avant de partir en lui souhaitant bonne chance, lui revenaient parfois à l'esprit. Il soupira une nouvelle fois - tout en notant dans un coin de sa tête qu'il ne devait pas s'en faire une habitude - puis bougea un pied pour reprendre sa route, avant de se stopper nettement.

"Vegeo !"

Il écarquilla un instant les yeux: rares étaient les personnes qui savaient son identité et le fait d'être appelé par son prénom le laissa sans voix. Avant même de comprendre ce qu'il se passait et n'ayant pas eu le temps d'émettre le moindre son, il se retrouva enlacé par la personne qui venait de l'interpeller. Il resta là un court instant, ne sachant que faire. S'il s'était déjà retrouvé - l'espace d'un très bref instant - dans une situation de proximité avec quelqu'un, c'était bien la première fois qu'on manifestait à son égard un comportement de ce genre. Il pensa à fouiller rapidement sa mémoire en quête d'un indice mais les rayons lunaires firent le travail à sa place. Un filet de lumière traversa un nuage, révélant le visage de la jeune doctoresse à laquelle il avait pensé à de multiples reprises.

"El..Eleonor Doherty?" balbutia-t-il incertain.

Elle le délaissa ensuite et le détailla lentement, comme elle l'avait fait le jour de sa naissance. Il se souvint de leur rencontre dans les bois, puis de leur longue discussion à l'hôpital concernant les us et coutumes des vivants. La jeune femme qui l'avait formé et conseillé se trouvait à présent devant lui.

"Pardonne-moi, je suis un peu brusque. C'est juste…je suis heureuse de te revoir."

La dernière fois qu'il avait croisé la vampire, ils utilisaient tous les deux le vouvoiement pour se parler, comme l'imposaient les règles tacites de politesse. Il cligna un instant des yeux, perplexe sur la situation, avant de franchir lui aussi la barrière du formel.

"Je..bonsoir. Je suis moi aussi content de.." Arrrrh

Il tourna la tête en direction du bruit, il venait d'être interrompu par le râle d'un des quelques ivrognes de la ruelle. Il reprit contenance et l’homme se retourna dans sa couverture en toussant grassement, avant de cracher un peu plus loin pour se libérer la gorge et reprendre son sommeil. L'élémentaire fronça les sourcils, légèrement dérouté par le manque de manières de l'individu, puis se tourna vers la vampire en reprenant sa phrase.

"Désolé.." fit-il gêné "Hum..je suis moi aussi content de te revoir." fit-il sans trop savoir quoi ajouter.

Il regarda les quelques ivrognes remuer dans leur sommeil en se disant qu'il valait mieux s'éloigner pour discuter. Dans leur état actuel, il ne valait mieux pas les réveiller. Il s'approcha de la vampire puis plaça sa main dans son dos, pour la pousser délicatement vers un autre embranchement, tout en chuchotant à son oreille, ignare de son ouïe plus développée.

"Nous devrions aller parler ailleurs. Je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne idée de rester ici.."

Après quelques courts instants ils débouchèrent sur une large avenue - plus propice à calmer l'élémentaire, qui n'aimait pas les endroits serrés - où personne ne se trouvait et où tous les stores étaient clos. Il nota une borne d'incendie qu'il utilisa pour se rincer les mains, puis resserra sa veste et regarda Eleonor, avant de s'adresser à elle.

"Je suis heureux de te voir. J'ai souvent pensé à toi ces derniers mois." clama-t-il en frissonnant, tout en pensant à la solitude ressentie à cause de son choix de s'isoler de tout.

Message par Invité Mer 30 Jan - 5:04

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Il était quelque peu étrange qu'ils se soient retrouvés ici, dans une ruelle lugubre d'un coins perdu de la ville si tard dans la nuit. Si elle n'avait pas été assez bête pour se perdre, rien de tout cela ne serait arrivé. Difficile de croire que certaines choses dépendent vraiment du hasard. Cela aurait pu être un lycan, et Eleonor aurait pu risquer de vivre sa dernière nuit, mais le destin en avait décidé autrement. Parfois la tournure que prenaient les évènements était étrange. Quoi qu'il en soit, elle était heureuse que celui-ci soit survenu. Comme elle s'y était attendu, elle avait grandement surpris l'élémentaire. Il faut dire qu'il lui arrivait souvent d'oublier que la plupart des espèces ne voyaient rien dans le noir.

Elle l'écouta parler jusqu'à ce qu'ils soient interrompu par un homme qui se mit à tousser. Celui-ci, emmitouflé dans une grande couverture, se mit à cracher sous les regards intrigués de nos deux protagonistes. Le froid intense brisait le sommeil de ces pauvres hommes à intervalle régulier chaque nuit, et ce quelque soit la quantité d'alcool qu'ils réussissaient à absorber dans l'espoir de se réchauffer un peu. Il y avait là, dans cet environnement malsain, des vies d'une grande tristesse. Eleonor s'était surprise, au début de sa carrière, à vouloir les sauver tous de cet enfer du quotidien. Puis ce fut la réalité qui la rattrapa, et elle apprit durement que beaucoup se retrouvaient dans cette situation à cause d'une incompétence à gérer des problèmes de colère, d'alcool, de drogue et autre, et que s'ils ne voulaient pas s'en sortir, il n'était pas grand chose qui pouvait être fait. Encore aujourd'hui il lui arrivait d'en recevoir dans son cabinet, le regard creux, les dents pourries, la peau livide, lui demander son avis sur des problèmes de santé qui ne pouvaient être réglés que par une bonne hygiène de vie.

Les yeux de nouveau rivés sur le seul homme se tenant debout dans l'endroit, la vampire se rappela le décor qui l'entourait. De part et d'autre de la ruelle se situaient peu de lampadaires, et ceux-ci renvoyaient une leur jaunâtre et inquiétante qui imprègne généralement les cauchemars. Quant aux déchets, ils jonchaient le sol en plus grand nombre encore que les sans-abri. Sans compter ce mélange explosif de mauvaises odeurs qui affectaient son odorat fin. Mais avant même qu'elle n'ait eut le temps de se prononcer là-dessus, le jeune homme la poussa délicatement dans le dos tout en lui indiquant qu'ils ne devraient pas rester ici. Elle ne pouvait être plus en accord avec cette décision et acquiesça immédiatement. L'ambiance commençait à lui saper le morale. Chose qui la surprit, elle ne fut pas la première à prendre cette décision et même, se faisait conduire par l'élémentaire. On voyait bien là un changement dans son attitude, l'acquisition d'une certaine confiance, et c'était beau à voir.

Dire qu'à leur dernière rencontre le jeune homme avait à peine osé poser quelques questions sur les points desquels elle l'informait. Et c'était bien cette candeur, cette naïveté qu'elle avait toujours le plus redouté chez lui, car le pauvre homme était trop gentil pour ce monde austère. C'est d'ailleurs ce qui avait fait prédire à la vampire un début de vie difficile pour lui, mais également au final l'atteinte d'un certain équilibre, car le jeune homme était doté d'une curiosité et d'une capacité d'apprendre qui devait lui permettre d'aller loin. Eleonor en avait été convaincu à l'instant où elle l'avait laissé partir de l'hôpital. Depuis, il lui était souvent arrivé de douter de son jugement. Pas des capacités de Vegeo, bien sûr, mais plutôt de l'efficacité de la faible éducation qu'elle lui avait prodigué. Combien de temps avait-elle passé à mettre en phrases ce qu'elle aurait pu lui dire de plus, et à raffiner ce qu'elle lui avait déjà dit? La première impression qu'il lui transmettait la rassurait cependant beaucoup. Mais cela pouvait cacher bien des choses. Ainsi s'il n'y avait qu'un seul moment pour elle au cours duquel elle pourrait s'informer des progrès de celui qui fut son élève, c'était maintenant, et elle comptait bien en profiter. Sur le chemin elle lui demanda:

-D'ailleurs qu'est-ce que tu faisais ici, seul si tard? Je t'avais pourtant averti des dangers qui se cache la nuit dans cette ville.

Il y avait quelque chose de comique dans le ton maternel qu'elle avait prise. Eleonor n'essayait pas de le sermonner, mais c'est ainsi que cela avait sonné. Elle regretta d'avoir parlé ainsi, car après tout il n'avait pas à se justifier à elle sur les motifs qui l'ont pousser à se rendre dans cet endroit. Et elle s'y était retrouvé également, alors elle n'était pas mieux! Tout deux arrivèrent dans une rue plus large et à l'éclairage plus intense, légèrement bleuté. Cette ambiance était davantage rassurante. Elle avait conscience que pour une vampire, elle était une vraie poule mouillée, mais avoir en vue quelques personnes qui n'étaient pas effondrées et quelques bars encore ouverts la rassurait. C'est avec grand bonheur qu'elle apprit qu'il avait également pensé à elle durant tout ce temps. En effet cela faisait des mois qu'ils s'étaient vus pour la dernière fois et il aurait pu l'oublier…quoi que ce qui s'était passé cette nuit là ne pouvait s'oublier facilement.

-Moi également, ça faisait si longtemps. Il m'est arrivé souvent de me demander ce que tu étais devenu. C'est une chance de s'être croisé ainsi. Qu'est-ce que tu deviens?

Sa question était large et laissait place à bien des réponses. Mais elle n'était pas pressée et se contenterait des réponses qu'il avait à lui donner. Elle fit quelques pas dans une direction prises au hasard, l'invitant à marcher à ses côtés, afin de profiter du calme des rues.

Message par Invité Lun 4 Fév - 23:19

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En cours de route et avant de déboucher sur l'avenue, il regardait le décor autour d'eux qui changeait progressivement. Les lumières se faisaient plus nombreuses et lumineuses que celles précédentes et le sol était de plus en plus dégagé au fur et à mesure qu'ils avançaient vers un endroit plus sûr. Plongé dans ses pensées il continuait de lentement pousser la doctoresse vers l'avant, en regardant périodiquement derrière eux pour voir si personne ne les suivait. En effet même si ses balades nocturnes étaient fréquentes elles n'en restaient pas moins guidées par le respect de certaines règles basiques: pas de rues étroites qui risquaient de déboucher sur des culs-de-sac, pas de contacts avec les ivrognes puis finalement pas d'endroits où les gens passaient rarement.

"D'ailleurs qu'est-ce que tu faisais ici, seul si tard? Je t'avais pourtant averti des dangers qui se cache la nuit dans cette ville."

Il continua de marcher silencieusement pendant quelques secondes, le seul bruit rompant le silence des ruelles étant celui de leurs pas hâtifs. Quand il répondit, le ton de sa voix resta calme et ne put trahir le passé qui lui faisait encore défaut en certaines occasions.

"J'aime bien me balader la nuit. C'est plus calme et au moins les rues ne sont pas remplies de gens." répondit-il en disant une partie de la vérité tout en cachant une autre facette de celle-ci.

Une fois arrivés sur l'avenue ils s’arrêtèrent quelques instants. Quelques personnes riaient ensemble devant les bars et sur les routes un camion d'éboueurs circulait lentement. Au dessus d'eux le ciel était clair et les nombreuses étoiles qui s'y trouvaient brillaient de milles feux; si l'on observait bien la voûte céleste on pouvait aussi y apercevoir quelques lumières qui se déplaçaient, montrant que des avions continuaient leur route vers Dieu seul savait quelle destination. Eleonor s'adressa une nouvelle fois à lui et ils commencèrent à marcher alors qu'il lui répondait.

"Je crains de n'avoir pas grand chose à raconter. Le quotidien n'est pas aussi mouvementé que je le pensais." avoua-t-il.

Et c'était vrai. Mais il était aisé de comprendre son point de vue sur le quotidien quand on savait de quoi il avait longtemps été composé. Comment les journées pouvaient-elles être différentes les unes des autres quand elles étaient toujours rythmées par les mêmes activités? il s'était enfermé dans cet appartement et n'était sorti que le soir, quand les gens ne couraient plus les rues depuis plusieurs heures. Il enfonça ses mains dans ses poches et continua de marcher à ses côtés en silence, baissant les yeux au sol et ne sachant pas trop quoi ajouter. Il était resté tellement de temps sans parler à personne qu'il avait perdu l'habitude de la socialisation. Il soupira intérieurement puis relança la conversation.

"Mais depuis quelques temps j'ai des idées en tête, je devrais pouvoir trouver quelque chose à faire."

Il pensait plus précisément à un travail. Il avait l'envie de rembourser sa dette à celui qui l'avait hébergé et de s'en aller. C'était sa manière de tourner la page: s'installer ailleurs, dans un endroit qui ne lui ferait pas penser à ces longues journées passées seul devant des livres. Il avait de plus en plus l'impression d'étouffer dans cet appartement et ressentait le profond besoin de changer d'air. Il releva les yeux et la tête puis reporta son regard sur la jeune vampire, à laquelle il avait voulu demander tellement de choses et ne savait pourtant plus quoi dire.

"Et sinon toi?...qu'est-ce que tu deviens?"

Spoiler:

Message par Invité Ven 8 Fév - 2:46

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Alors qu'ils marchaient, Eleonor commençait à reconnaître des rues. Bientôt ils se retrouvèrent dans un coin de la ville qu'elle connaissait bien. Elle soupira intérieurement. En effet, elle aurait préféré ne pas avoir à demander son chemin à Vegeo, parce qu'elle aurait alors du lui avouer qu'elle avait été assez bête pour se perdre dans l'un des pires quartiers de la ville et qu'elle en avait un peu honte.

À son grand étonnement, Vegeo lui avoua préférer se promener la nuit parce que les rues n'étaient pas achalandées. Il serait donc du type solitaire? Et dire que la vampire avait songé plus tôt au fait qu'elle aurait aimé ne pas pouvoir à sortir qu'en pleine nuit, justement parce qu'il n'y avait personne. Ou plutôt, elle aimait sortir la nuit, mais aurait voulu, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, connaître le bonheur de se promener en plein soleil et de se faire…comment dit-on? Bronzer par ses rayons? Mais cela ne risquait pas de lui arriver un jour, et elle avait finit par relayer cette ineptie parmi la liste de ses lubies de vampire. Si elle s'était sentit moralisatrice, peut-être aurait-elle fait remarqué à l'élémentaire cette chance qu'il avait de ne pas être allergique au soleil, mais cela aurait été rude, et d'ailleurs on est toujours porté à dire aux autres de profiter de ce que l'on a pas lorsqu'on est incapable de se contenter de ce qu'on a déjà. Elle se contenta donc de lui poser une question et de commencer à marcher. Sa réponse la déçue un peu. Vraiment? Cela faisait des mois qu'ils s'étaient vus, et il n'avait rien à lui raconter? Mais c'était impossible! Il devait bien lui être arriver quelque chose depuis tout ce temps. Elle se rendit alors compte que, peut-être du à la largeur de sa question, le jeune homme n'avait pas voulu commencer à étaler en détail tout ce qui s'était déroulé dernièrement dans sa vie. Et au fond c'était justifié. Si elle voulait savoir quelque chose en particulier, elle n'avait qu'à le lui demander directement. Avec une question si large on se perd à trouver la bonne réponse.

Le commentaire qu'il ajouta ensuite la laissa perplexe. Trouver quelque chose à faire? Eleonor se rappela d'un seul coup les derniers mots qu'elle lui avait dit à l'hôpital: de se trouver quelqu'un ou quelque chose à aimer, de se trouver un rêve, un but dans la vie. Était-ce à cela qu'il faisait référence? Peut-être n'avait-il toujours rien trouvé, et que c'était pour cette raison qu'il avait répondu qu'il n'avait pas grand chose à raconter. À bien y penser, le pauvre homme n'avait pas eu le cheminement normal que connaissent la plupart des gens. Il n'avait pas connu l'enfance, durant laquelle l'imaginaire s'exalte et où l'on prétend par des jeux être devenu une fois adulte un de ces personnages épiques décrit dans les légendes ou un de ces héros adulés dans les films. Il n'avait probablement pas non-plus connu cette période de la fin de l'adolescence où l'on découvre la pensée des grands auteurs et où l'on s'imagine pouvoir refaire le monde, et enrayer toutes les injustices. Certes cette émerveillement est provisoire, mais il laisse des traces indélébiles chez quiconque l'éprouve un jour. Les rêves naissent rapidement lorsqu'on est jeune, puis s'épuisent au fil du temps. Quant à lui, élémentaire né adulte au coeur de cette forêt terrifiante, il pouvait bien ne jamais avoir vécu de pareilles périodes et les avoirs toutes vécues à la fois. Qu'est-ce qu'elle en savait? Au moins il avait dit avoir quelques idées en tête, ce qui était déjà bien en soi. Mais plus Eleonor en entendait de sa part, plus elle se demandait à quoi pouvait ressembler sa vie au quotidien. Elle aurait voulu lui demander d'être davantage précis sur ces idées, mais avant qu'elle ne le fasse l'élémentaire lui retourna la question qu'elle lui avait posé plus tôt.

-Moi? Hé bien…

Elle fut tenté de donner une réponse brève afin de s'empresser de lui demander ce qu'il avait voulu dire plus tôt par ''des idées'', mais elle décida de répondre de son mieux d'abord. Elle réfléchit un instant à un peu tout ce qui lui était arrivé depuis qu'ils s'étaient vus pour la dernière fois, puis se mit à relater les évènements les plus saillants. Elle lui raconta (car elle s'était promit de le faire) comment, après son départ de l'hôpital, une jeune néko était venu lui demander timidement qui était cet homme avec qui elle avait mangé à la cafétéria et combien celle-ci avait semblé déçu d'apprendre que la vampire ne connaissait de lui que son nom. Elle précisa ensuite qu'elle était toujours chirurgienne à l'hôpital de la ville et que cela lui avait permit récemment de revoir Natsume au service d'urgence, puis elle s'empressa d'ajouter, afin de ne pas inquiéter son interlocuteur inutilement, qu'il allait très bien la dernière fois qu'elle l'avait vu. Elle ajouta en rigolant, quelques anecdotes récentes concernant son travail, et termina en disant qu'au fond sa vie n'avait pas tellement changé au cours des derniers mois. Lorsqu'on a la vie éternelle, on ne se sent pas obligé de vivre chaque moment comme si c'était le dernier, puisque ce ne sera jamais le cas. Elle s'était établit depuis un bon moment dans la ville, et cela faisait longtemps qu'il y avait eu des changements drastiques dans son mode de vie. Son quotidien lui plaisait d'ailleurs trop pour qu'elle veuille faire autrement. Ayant terminé de déblatérer sur les petites choses qui lui était arrivé, et espérant avoir suffisamment ennuyé son ami pour qu'il veuille enfin parler de lui-même, la vampire allait enchaîner en lui demandant si, depuis qu'il s'était vu, l'élémentaire avait réussit à se trouver un logement et du travail. Mais elle aperçu au loin, très, très loin de là où ils se situaient, l'entrée de la forêt corrompu, et ce fut une autre question qui traversa ses lèvres:

-Tu y es retourné depuis, dans cette forêt?

Elle avait dit cela à mi-voix, en regardant dans le noir, comme hypnotisé par la lisière lugubre de ces bois décharnés. Pourquoi lui avait-elle demandé cela? Il était presque certain qu'il n'y était pas retourné, pourquoi voudrait-il aller dans un endroit qui lui rappellerait les souvenirs atroces de cette nuit qui aurait pu leur être tous fatal? Au fond ce n'était pas exactement cette question qu'Eleonor se posait, mais plutôt pourquoi il était né dans un endroit si horrible. C'était une question qui lui était venu en tête dès l'instant où elle avait été mise au courant de sa naissance. Elle s'était trouvé idiote un instant, après tout ce ne devait être que le fruit du hasard, mais quoi qu'elle essayait de se persuader que la réponse n'avait pas d'importance, son côté scientifique reprenait le dessus. Elle voulait savoir ce qui déterminait le lieu et le moment de naissance de tels êtres. Mais aucun document ne l'avait aidé dans cette voie, et elle n'aurait jamais pensé que l'élémentaire aurait pu être au courant de ces motifs.

-Pardon, c'est une question sans importance…Et si tu me disais plutôt comment tu te débrouilles ces temps-ci. Tu dois bien avoir un travail et un logement maintenant?

Message par Invité Sam 23 Fév - 1:03

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Tandis qu'ils avançaient le son des rires s'estompait, laissant place à l'écho de leurs pas ricochant contre les parois des bâtiments. Les façades de ces derniers changeaient d'une intersection à une autre: certaines abordaient de grandes terrasses aux couleurs vives et bariolés et on y voyait des tables et des chaises qui servaient probablement, dans les plus hauts étages, à bénéficier de petits-déjeuners uniques et appréciés, grâce à la vue sur la ville; les secondes étaient elles plus sobres et équipées de balcons plus étroits où séjournaient parfois quelques pots de fleurs vides ou, tout simplement, des étendoirs agrémentés de sous-vêtements. La route était trempée, suite au passage des employés chargés du nettoyage; la lune jouait de ses reflets sur les flaques d'eau; les déchets avaient pris leur place dans les poubelles et les containers; enfin, tout semblait se soumettre à un ordre précis et apaisant que seule la nuit pouvait apprécier.

Pendant qu'ils marchaient et après la dernière question de l'élémentaire, la jeune femme s'était lancée dans un résumé de ses derniers mois, qui se retrouva conté sous la forme d'un récit amplement plus complet, détaillé et distrayant que celui livré précédemment. Les semaines de la vampire étaient remplies d'activités variées là où les siennes était comblées par la fuite de son passé. Il l'écouta parler ainsi pendant un moment, tendant attentivement l'oreille à la première personne avec qui il avait une longue conversation depuis un bon moment; il se laissa bercer par sa voix sur un bout du trajet, profitant de chacune des informations proposées pour se laisser aller à imaginer le quotidien de la doctoresse. C'était un bon moment.

Il fut ainsi étonné de connaître plusieurs détails concernant la jeune neko - qu'il avait complètement oubliée - qui était venue s'informer de son identité; il put aussi apprendre que la jeune chirurgienne était tombée elle aussi sur Natsume, ce qui ne manqua pas d'assombrir son regard, il l'avait lui-même croisé quelques mois plus tôt, encore une fois sous la forme d'Elisabeth (les darkness ne manquaient pas à ses expériences passées, ce qui expliquait largement tous les soucis connus au cours des dernières semaines). Finalement après quelques anecdotes, le silence s'installa à nouveau pendant un très bref instant, qui lui donna la possibilité de se perdre dans les souvenirs des moments de sa naissance. Se perdre dans des moments révolus avait été sa principale occupation et son unique hobby pendant un certain moment et les occasions ne manquaient jamais de retourner, grâce aux souvenirs, à ces instants où des événements changeaient parfois le cours d'une vie.

Il repensa à ces quelques personnes croisées ce jour-là. Elisabeth, l'être qui était responsable de sa naissance, celle qui avait ravagé la forêt et obligé un esprit de la Nature à se manifester et à fusionner avec un humain, pour sauver ses bois; mais aussi en quelque sorte Natsume, qui était une personne qui avait la malchance d'être l'hôte d'une créature avec laquelle aucune entente ne semblait possible la plupart du temps. Et pourtant, en se faisant l'avocat du diable l'élémentaire avait pendant un très bref instant touché du doigt l'impression qu'elle pouvait redevenir celle qu'elle était avant, la sensation qu'elle conservait toujours au fond d'elle une part d'humanité. Il avait eu au cours de ces derniers mois tout le loisir de penser à ce qui faisait d'une personne un monstre ou un humain, il était tombé sur une seule conclusion au cours de sa réflexion sur le sujet: dans de nombreux cas, c'étaient les Hommes eux-mêmes qui créaient des monstres. La violence, la rancœur, la jalousie, le besoin toujours plus grand de pouvoir: telles étaient les choses qui pouvaient transformer un simple être vivant en une colossale aberration. Puis il y avait aussi Eleonor et ses conseils, la jeune vampire s'était proposée de l'aider et était ainsi devenue une aide précieuse, qui lui donna l'opportunité de comprendre un peu mieux comment les gens et la société fonctionnaient. Voilà les deux personnes qui avaient un impact considérable sur son existence.

Mais bien sûr il y en avait une troisième. Il existait un autre être, qui avait marqué son existence du sceau de l'infamie: la seconde darkness, Saphira. Malgré tous les bons conseils de la doctoresse il s'était aventuré à accorder sa confiance à quelqu'un d'autre. L'erreur fatale le conduisit à faire cette mauvaise rencontre, qui le changea considérablement. D'ailleurs comment pouvait-on ne pas changer après avoir assisté à un meurtre de masse? après avoir vécu de si près la douce caresse de la faucheuse?

"Tu y es retourné depuis, dans cette forêt?"

Il cessa de marcher.

*La forêt?...*

Depuis quand n'était-il pas retourné là-bas? Depuis un bon moment, c'était une chose certaine. Il avait reposé les pieds dans ce lieu - et ce pendant une longue période - juste après son départ de l'hôpital. Ensuite il était revenu en ville, avait vécu ses rencontres et..s'était enfermé pendant longtemps, très longtemps. Non..cela faisait des mois qu'il n'était pas retourné dans la forêt. À tel point qu'il se demandait parfois si toute son existence et ses souvenirs d'avant la rencontre avec Saphira n'étaient pas de simples songes, à se demander si en fait il n'avait pas tout simplement vécu ces choses dans sa tête depuis le début. Il avait frôlé la folie de près et il se demandait parfois si sa joie de vivre originelle reviendrait rapidement: s'il sortait désormais dans le but de se forger un avenir, de trouver un nouveau but, il n'en restait pas moins parfois douteux quand aux possibilités qui s'offraient à lui. Et pourtant il fallait bien qu'il fasse quelque chose, il ne pouvait pas rester là à simplement subir la vie.

"Je..non pas vraiment..pas depuis un bon moment en fait. L'occasion ne s'est pas vraiment présentée.." répondit-il le regard perdu dans le vague.

Elle lui posa une nouvelle question. Un travail..un logement. Il n'avait qu'une seule chose sur les deux et souhaitait parfois ardemment que ce ne soit pas le cas. Son logement lui était devenu invivable à cause de toutes ces heures passées à l'intérieur. C'était aussi un peu pour ça qu'il tenait tant à trouver un travail: pour rembourser sa dette à son hôte et changer d'air, pour se construire une vie toute à lui. Mais ne risquait-il pas, en s'éloignant de son passé, de finir par se renier lui-même? sa mission principale était celle de sauver ses bois et pourtant..

"J'ai un logement pour l'instant..enfin disons plutôt que quelqu'un m'a gentiment donné l'asile." précisa-t-il avant d'ajouter "Sinon je cherche un travail dernièrement..entre autre. Je voudrais changer d'air un peu. Qui sait? Trouver mon propre domicile peut-être. Je cherche beaucoup de choses ces derniers temps mise à part l'indépendance.."

Autour d'eux le silence le plus complet régnait; la douceur de la lune éclaira les deux visages pâles; au loin les rares bruits de la ville étaient devenus discrets; au sommet d'un bâtiment proche, deux yeux brillants examinaient la scène, puis la chouette hulula.

Message par Invité Lun 11 Mar - 20:02

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Plus le temps passait, et plus l'air se rafraichissait. La vampire avait constaté, non sans un certain amusement, la quantité de vêtement que l'élémentaire portait afin de s'assurer que chaque parcelle possible de son corps soit recouverte et mise à l'abri du froid qui devenait de plus en plus mordant. La vampire quant à elle avait remarqué que, tant qu'elle se gardait bien nourrit, elle n'éprouvait pas vraiment le froid, à l'exception peut-être lors des pires tempêtes de neiges où l'on recommandait alors aux gens de rester chez eux et d'éviter de sortir, indication qu'elle n'écoutait jamais de toute façon. Sa petite blouse bleue foncé était faite d'un tissu bien mince quoi qu'opaque, et elle ressentait sans trop de déplaisir le vent, qui s'engouffrait plus facilement dans les grandes rues, traverser ses vêtements et se rendre aisément jusqu'à sa peau. Elle laissait cette force de la nature lui ébouriffer la crinière sans broncher, les mains dans les poches. Il y avait malgré la température une bonne dose de sérénité dans cet environnement dans lequel évoluait nos deux protagonistes. Les rues dans lesquelles ils flânaient étaient complètement vides ou presque, et les bâtiments ne s'était jamais fait si rassurants et monotones que maintenant. Un peu comme le jour de leur première rencontre, Eleonor s'était mise à parler (qu'est-ce qu'elle pouvait se montrer bavarde parfois!) et Vegeo l'avait attentivement écouté, sans émettre aucun commentaire. Il semblait toujours aussi taciturne, un peu comme la forêt, un peu comme la nature. Elle espérait ne pas trop l'ennuyer avec sa vie qui au fond tournait beaucoup autour de sa profession, mais l'attention du jeune homme à chacune de ses paroles lui avait prouvé que ce n'était pas le cas. Il lui avoua qu'il n'était pas retourné dans la forêt corrompue, ou plutôt pas vraiment. Quoi que cela veuille exactement dire, cette réponse lui convenait parfaitement. Elle non plus n'y était pas retourné, il était clair que quelque chose de malsain émanait de cet endroit, elle l'éprouvait en ce moment même, alors qu'elle fixait du regard les arbres morts et la cendre qui se trouvaient à plusieurs centaines de mètres d'eux. Et ce cadre faisait naître en elle un sentiment difficile à décrire de mal être qui ne la portait pas à y revenir. De toute façon elle n'avait pas tellement envie de ressasser le passé et de se rappeler avec lui de cette nuit, et elle s'était dépêcher d'enchaîner avec autre chose afin de changer de sujet.

La vampire s'assombrie lorsqu'elle apprit que son jeune interlocuteur n'avait pas d'emploi, et qu'il vivait au crochet de quelqu'un. Pour combien de temps ce bienfaiteur pourrait-il lui prodiguer un logis? Vit-il dans le quartier malfamé dans lequel ils s'étaient revus plus tôt ce soir? Être sans argent, c'est toujours être dans une situation précaire, même si on trouve des gens généreux autour de soi. Depuis l'instant où elle l'avait revue, Eleonor avait sentie que quelque chose lui manquait, que son état n'était peut-être pas aussi bon que ce que son apparence témoignait de prime abord. Mais elle n'avait rien fait de ce pressentiment qui était après tout peut-être faux. Maintenant, plusieurs pensées envahissaient son esprit. Il était clair, bien qu'elle avait cherché à éviter cette réalité, il était clair qu'elle n'en avait pas fait assez pour Vegeo. En fait, elle avait jeté un oisillon naissant hors de son nid en espérant qu'il vole; elle l'avait laissé tombé. Ce genre de pensées lui trottaient dans la tête depuis un bon moment, bien qu'elle tentait de les chasser. Elle se disait: "Je lui ai dit de venir à l'hôpital s'il y a un problème", puis sa culpabilité se faisait moins ressentir. Mais elle avait eue beau se voiler la face, et tenter de se convaincre que, miraculeusement, la première chose que l'élémentaire ferait à sa sortie de l'hôpital serait de faire des demandes d'emploi un peu partout et se payer un logement avec l'argent qu'elle lui avait donné, alors qu'il était si novice dans ce monde qu'était la société, la réalité refaisait surface. Il faudrait bien qu'elle affronte les faits tôt ou tard. Et au fond, c'était une bonne chose qu'elle l'ai retrouvé, elle aurait seulement aimé que ce soit un peu plus tôt. Elle poussa un soupir.

-Je redoutais cela.

Ils marchaient toujours côte à côte et Eleonor fixait le sol, n'osant pas le regarder en face. Elle était un peu perdue dans ses réflexions. Quoi faire maintenant? Elle s'ordonna mentalement de s'enquérir de son sort, et de s'impliquer réellement cette fois-ci, car il méritait un meilleur sort que ce qu'elle était en train d'entrevoir. S'il refusait son aide, alors tant pis, au moins elle aurait essayé, et n'aurait alors rien à se reprocher. Cette fois, elle ferait un suivit complet. Elle n'y avait jamais clairement réfléchit mais, le fait est qu'elle avait toujours eue une certaine difficulté à s'impliquer émotionnellement envers qui que ce soit. Elle mettait ça sur le compte de sa nature. Ce n'était pas sa faute, elle était une vampire, froide de caractère et blablabla… Certes c'était lâche de sa part, mais dans une profession où la mort est omniprésente, n'est-ce pas pardonnable de se détacher de cas qui pourraient aisément provoquer chez elle des périodes d'angoisse? Puis il y avait Vegeo. Pourquoi avait-elle cette manie de considérer chaque personne qu'elle aidait comme un patient? Elle opérait, passait en revue leur état de santé et les poussait dehors dès l'instant où ils étaient guéri. Son métier avait changé jusqu'à la façon dont elle percevait le monde, et il y avait de quoi s'en inquiéter. Elle savait très bien que travailler était sa principale et presque même sa seule occupation dans l'existence, et elle avait accepté ce manque de diversité dans sa vie parce que, franchement, elle adorait ça. Pourtant cela semblait causer des lacunes dans sa personne à plusieurs niveaux. Cette réflexion sur elle-même qu'elle avait entretenue dans un coin isolé de sa conscience jaillissait dans ses pensées d'un seul coup, déjà toute réfléchie, déjà bien brossée, ainsi elle n'eût pas trop mal durant ce petit moment où elle insultait mentalement son attitude à côté de l'élémentaire. Parce qu'au fond elle s'avait bien qu'elle n'avait pas agit correctement et savait également ce qu'il lui restait à faire. Il ne lui fallu pas beaucoup de temps pour déclarer:

-C'est de ma faute et je m'en excuse… Je lance ça un peu à la dérobée mais, à l'hôpital on cherche toujours des gens pour faire des petites tâches comme laver les vitres, passer le balai ou nettoyer les assiettes recouvertes de restes de dinde gélatineuse à la cafétéria.

Elle lui adressa un bref sourire, repensant aux grimaces enfantines qu'il avait fait devant le repas plus que médiocre qu'elle avait eue l'audace de lui faire avaler. Et elle se rappelait également très bien la façon autoritaire avec laquelle elle s'était d'un seul coup porté garante de l'élémentaire auprès de Natsume quelques minutes avant cela, et la façon présomptueuse avec laquelle elle lui avait garantit qu'il irait mieux si elle s'en occupait. Si ça avait été le garçon qui avait été en charge de Vegeo, peut-être que les choses auraient mieux tournés et qu'il aurait un travail présentement. Cette pensée ne fit que renforcer sa conviction: plus question de se défiler. S'il cherchait du travail, il était certain qu'elle pourrait lui en trouver un en claquant des doigts, et ce peu importe dans quel genre d'environnement il souhaitait travailler. Ça n'avait pas à être à l'hôpital forcément.

-Vivre sans travail c'est vivre sans argent, et vivre sans argent c'est vivre en situation précaire. Je crois donc que là est la priorité... Et si d'aventure votre protecteur venait à vous évincer, je pourrais aisément vous héberger le temps de trouver votre propre domicile.

Elle continuait de marcher en posant son regard vers le ciel. Sa maison était à l'origine destiné à héberger une famille de cinq personnes, elle contenait des pièces à ne plus savoir quoi en faire disposées sur trois étages, alors évidemment elle avait plus de place que nécessaire pour prêter logis à quelqu'un dans le besoin. Mais elle avait, pourquoi, elle l'ignorait, la peur ridicule de l'effrayer en en faisant trop par ses propositions. Elle-même avait beaucoup de difficulté à accepter l'aide d'autrui et rien qu'en faire la demande lui semblait empiéter sur ses amitiés et la mettait mal à l'aise, alors elle figurait qu'apporter son aide à quelqu'un qui n'en faisait pas la demande était tout aussi rude. Aider de façon détacher avait toujours la meilleure chose à faire à ses yeux. Pourtant l'état financier de Vegeo lui avait prouvé que cette façon de faire pouvait échouer. Il était peut-être temps qu'elle change sa perception des choses, on est jamais trop vieux pour apprendre ou pour changer après tout.

Message par Invité Dim 24 Mar - 21:15

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*La résistance au froid aussi..*

Il regardait la jeune doctoresse en repensant aux capacités observées lors de leur première rencontre. Comme un moment de déjà-vu s'était en effet installé, quand elle s'était ruée dans ses bras quelques instants plus tôt, dans l'étroite ruelle. Il s'était souvenu de la rapidité avec laquelle elle s'était saisie de lui suite aux ordres donnés par le lycan, c'était une expérience qui avait été déstabilisante sur le moment ; il avait aussi gardé à l'esprit sa vitesse de guérison. Maintenant s'ajoutait aussi la résistance au froid d'après ce qu'il en notait.

Alors qu'elle était vêtue assez légèrement (compte tenu de la saison et de ses caprices météorologiques), rien ne semblait l'atteindre alors que lui, de son côté, frissonnait régulièrement malgré ses couches de vêtements. La parka et le pull ne suffisaient plus et il craignait de se retrouver encore une fois avec une fièvre de quelques jours. Si ses balades nocturnes étaient fréquentes elles n'en restaient pas moins hivernales et lui, grand amateur d'inconscience à ses heures perdues, n'avait pas toujours eu la présence d'esprit de bien se couvrir. Il avait donc découvert une autre surprise du corps humain : la maladie. Rien de bien grave et ce n'étaient que de petits rhumes qui s'étaient enchaînés. Néanmoins avec le temps il avait commencé à se recouvrir de plus de vêtements pour éviter ces désagréments. Il s'emmitoufla dans son haut encore une fois avant de regarder devant lui.

"Je redoutais cela." avait-elle répondu lorsqu'il avait raconté sa situation.

Il était bien loin de s'enorgueillir de son train de vie : il était devenu associable, dépendant d'une autre personne, n'avait rien fait jusqu'à présent pour se sortir de son pétrin. La vérité était pourtant bien ancrée en lui. La forêt lui manquait, la compagnie aussi. Il s'était renfermé dans l'appartement en pensant se protéger du monde qu'il voulait tant découvrir, mais le contraire s'était produit : il avait aggravé son état. C'était pour cette raison qu'il comptait chercher du travail, pour partir le plus vite possible et changer d'air. D'autant plus que, petit à petit, un rêve prenait place, un projet se construisait. Il avait une idée en tête, une simple image qu'il voulait transformer en réalité. Pendant le silence qui s'était installé, il songea à l'usage qu'il avait fait de l'argent de la doctoresse et à celui dont il aurait besoin pour réaliser son rêve.

*L'argent...hmm..l'argent..mmh ?..OH !*

L'image de la cabane qu'il avait trouvé dans la forêt lui revint à l'esprit. Il y avait découvert de nombreux vêtements, de l'argent, des cadres. C'était tout un petit refuge qui s'était offert à lui dans la forêt vierge et..il y avait oublié l'argent avant de venir en ville. Avec la somme offerte par Eleonor et celle déjà présente dans cet endroit reculé, il pourrait sûrement rembourser l'inquisiteur et préparer son départ. Il sourit doucement en pensant que tout était bien caché. En effet avant de partir il avait fait usage de ses pouvoirs pour bien camoufler l'endroit. Il y avait passé du bon temps et préférait le préserver des visiteurs indésirables qui pouvaient y passer.

Alors qu'un soupçon d'espoir commençait discrètement à pointer le bout de son nez, la jeune femme reprit la parole et s'excusa en s'attribuant la faute de l'état précaire de l'élémentaire, pour ensuite lui proposer de l'aider à trouver un poste à l'hôpital. Il sourit discrètement en retour quand elle nomma le souvenir de la nourriture consommée là-bas. Elle continua ensuite sa tirade en lui proposant de l'héberger si jamais le besoin s'en faisait sentir. Tout en la regardant d'un air affectueux il répondit.

"Tu n'as pas besoin de t'excuser. Beaucoup de variables font qu'aujourd'hui je suis dans cette situation bien particulière et tu n'en fais pas partie. Puis..merci pour l'offre mais j'aimerais faire les démarches moi-même. Depuis que je suis..."

Il regarda autour de lui pour voir si personne ne se trouvait dans les parages.

"...Depuis que je suis venu au monde, j'ai passé presque tout mon temps à dépendre des autres. Je ne voudrais pas que ça devienne une habitude. Mais merci, vraiment, j'y penserai sérieusement."

Ils continuèrent à marcher un petit moment, tous les deux plongés dans leur pensées. Finalement, après quelques minutes ils arrivèrent à un croisement que Vegeo reconnu. Il commençait à fatiguer et désormais l'idée de chercher un travail se faisait omniprésente dans sa tête. Il pourrait peut-être rentrer plus tôt et commencer sa quête le lendemain ? Il se stoppa net en regardant vers la jeune doctoresse.

"Je suis désolé si je semble abrupt mais je vais devoir tourner ici." dit-il "Tu pourrais peut-être m'indiquer où tu habites ? Comme ça je viendrai te rendre visite."

Spoiler:

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