Avventura
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Message par Invité Dim 30 Sep - 1:35

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N’avez-vous jamais constater par vous-même que l’écoulement du temps était sensible à notre façon de percevoir les choses ? Que lorsqu’on prenait du plaisir à quelques loisirs, les secondes défilaient à une vitesse défiant toute logique, tandis que dans le cas contraire, un instant prenait des valeurs d’éternité. C’était dans ce dernier cas de figure que Jilan se trouvait actuellement. Une nouvelle journée de cours s’était achevé, une parmi tant d’autres semblables. Aucun accident n’était survenu, aucun retard, aucun comportement qui aurait pu conduire à une sanction disciplinaire. En clair, une journée mortellement ennuyeuse. Comme à chaque fois qu’il finissait d’assurer ses cours, le Lightness prenait le temps de se rendre en salle des professeurs, afin de mettre de l’ordre dans ses notes pour préparer les cours des jours à venir. Sauf qu’une fois les quelques copies corrigées –ou changées en origami pour la plupart- ainsi que ses cours classés en une pile ordonnée, il n’y avait plus rien à faire. Parfois à cette heure là, il recevait la visite d’étudiants en difficultés ou d’autres qui en méritaient. Mais pas aujourd’hui. Même ses collègues disparaissaient au fur et à mesure. Agacé, il attrapa une copie survivante, enregistra mentalement le nom et la note de la personne avant de transformer la feuille en un petit avion en papier qu’il lança nonchalamment par la fenêtre ouverte. Une fois son méfait accompli, il attrapa sa sacoche en cuir noir et quitta la salle. Plus rien ne le retenait en ces murs, il allait à présent rentrer chez lui à moins de faire une belle rencontre en cours de route. Il se lassait des étudiantes frivoles, tellement faciles à déshabiller quand il leur promettait un semestre.

Le chemin du retour était identique à celui de l’aller. Les quelques fantaisies –appelons les comme cela- que s’autorisait le jeune professeur, consistaient à modifier son parcours habituel au sein du bâtiment. Il y avait tant de couloirs différents que cela devenait presque un jeu de varier son itinéraire. Cependant, une seule sortie permettait de quitter l’université, aussi se retrouva t-il bien vite devant le large portail, qu’il dépassa aussitôt. A partir de cet instant, Jilan était même capable de se rappeler avec exactitude des différentes boutiques qui composaient son quotidien. Il n’avait pas encore retenu les noms des rues qu’il empruntait mais cela ne tarderait guère. Mais alors qu’il s’apprêtait à se lancer dans une mémorisation instinctive, il aperçut du coin de l’œil, dans une ruelle qui longeait l’université, un petit groupe qui agissait étrangement. Sur les trois personnes qui le formaient, le Lightness en reconnu deux comme étant des étudiants. Ils en avaient le profil en tout cas. Non, Jilan concentra son attention sur la dernière personne de ce trio : une femme qui en imposait par sa présence. Non pas à cause de sa carrure, elle paraissait normale sur bien des aspects mais elle dégageait une confiance étonnante, confiance qui se retrouvait dans sa posture et son attitude. Avant même de réfléchir davantage sur cette inconnue, le jeune homme nota que sa présence mettait mal à l’aise les deux étudiants. Cela se lisait sur leurs visages et dans leurs regards fuyants. L’un d’entre eux sursauta lorsque la jeune femme s’approcha encore un peu plus près pour s’appuyer contre le mur derrière eux, à la manière d’un piège qui se referme doucement.

« Du racket ? »

Comment réagir dans une situation pareille ? Tourner les talons et rentrer chez lui, comme c’était prévu ? En tant que professeur, il devait intervenir mais ces principes moraux n’étaient plus que des souvenirs. Il n’avait rien à gagner à venir en aide à ces deux imbéciles mais la femme l’intéressait vaguement. Restait à savoir comment s’incruster dans leur trio avec classe. Après quelques instants de réflexion –et d’observation- il lâcha un bruyant soupir avant de ranger ses lunettes, devenues inutiles, dans l’une des poches intérieures de sa veste. En fait, elles l’avaient toujours été, sa vue était parfaite et il les portait uniquement pour se donner un genre sérieux. Soi disant que l’apparence comptait beaucoup aux yeux des humains. Sa sacoche sous le bras, il s’avança vers les personnes qui avaient à présent remarqué sa présence. Son visage n’exprimait rien, sinon une résolution sans faille à s’inviter dans leur petite conversation privée. Mais sa voix exprimait la curiosité mêlée à de l’amusement, le tout avec une assurance qui aurait pu être déconcertante.

« Et bien qu’avons-nous là… ? Je regrette mais je ne peux pas vous laisser importuner mes étudiants, pourquoi ne pas vous en prendre à quelqu’un digne de votre attention ? »

Message par Invité Dim 30 Sep - 12:41

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    La louve était sortie prendre l’air. Elle ne pouvait plus rester dans leur repère, enfermée. Il y avait un avantage d’être officiellement à la tête des Rebelles, en matière de sécurité pour lui. Mais l’un des inconvénients était qu’elle devait en savoir presque autant que lui. Elle devait donc se taper toute la paperasserie à lire et à apprendre les informations les plus importantes. Elle n’était pas du genre à esquiver ses obligations, mais pour l’heure, elle avait besoin de sortir. Elle griffonna un petit mot sur un bout de papier et sortie du bureau, s’il passait par là, il le verrait surement. Mais il était toujours inscrit aux abonnés absents depuis un moment et ça ne lui plaisait pas du tout. Soit, il l’esquivait depuis leur dernière rencontre avec Ilyàna, auquel cas il lui cachait peut-être des infos et ça ne lui plaisait mais alors pas du tout. Elle jalouse ? Elle commençait effectivement à en éprouver ce sentiment et ce n’était pas du tout bon pour son contrôle sur sa bête. Soit, malgré sa force et sa particularité, il lui était arrivé quelque chose. Kyarra secoua la tête alors qu’elle sortait de la grotte. Ce n’était pas le moment de faire des hypothèses douteuses à son sujet, surtout que ça n’avancerait en rien les choses.

    Pour une fois, elle n’avait pas envie d’aller du côté de la forêt ou même du lac. Elle se dirigea plutôt vers la ville. Espérait-elle lui tomber dessus par hasard ? Peut-être, même si elle doutait fort que le destin l’aide. Le soir n’était pas encore tombé mais on sentait qu’il ne tarderait pas. Combien de temps était-elle enfermée dans ce bureau à potasser tous ces documents ? Probablement trop longtemps. Elle n’avait pas prit la peine de prendre son manteau. D’une, elle n’avait pas envie de se faire passer pour une humaine en faisant croire qu’elle pouvait être sujette aux changements de température. De deux, elle n’y avait tout simplement pas pensé, quand on a une température corporelle supérieure à la normale, c’est un détail qui ne vous percute pas tout de suite.
    Kyarra a atteignit la ville en peu de temps et bien qu’elle ait envie d’aller y faire un tour, elle n’avait pas d’endroit en particulier où se diriger. Elle opta donc pour laisser ses jambes la guidé au travers des rues aux habitations, en passant près des magasins et des restaurants. Avventura était trop calme à son goût. Aucuns des humains qu’elle croisait n’avait l’air d’être sur leur défensive. Ils avaient plutôt l’air d’être serein, oubliant complètement qu’ils étaient un maillon de la chaine alimentaire. Et de loin la meilleure nourriture. Il allait falloir bouger un peu, pour ne pas qu’ils oublient ce qu’ils sont : des proies en sursis.

    Elle arriva près d’un ensemble de bâtiments avec une grande barrière, elle pu vite fait lire sur un écriteau qu’il s’agissait d’une faculté. Endroit qu’elle avait peu fréquent et dont elle n’en ressentait même pas le besoin. Se retrouver enfermée toute la journée à longueur d’année pour apprendre quelques trucs intéressant : non merci. Elle préférait plutôt passer une journée en forêt à lire un bouquin qu’on ne lui aurait pas imposé. Alors qu’elle était en train de marcher, perdue dans ses pensées, elle percuta quelque chose. Rectification : on l’a percuta, même en ne regardant pas devant elle, elle aurait senti l’approche d’un danger et l’aurait évité. On lui rentrait délibérément dedans. Celui ou celle qui venait de faire ça aller passer un très sale quart d’heure.
    Quand elle leva les yeux, elle vit simplement d’un jeune homme, à peu près de son âge, donc dans le début de la vingtaine. Mais ils n’étaient pas du tout mature et ça se voyait. Ils devaient l’avoir vue marchant seule, et n’étant ni grande et très corpulente, ils devaient s’être dit qu’ils pourraient l’aborder. Bah voyons ! Elle jouait parfois sur son apparence de jeune femme fragile, mais quand elle n’avait pas décidé de l’utiliser, ça l’a mettait en rogne qu’on la voit comme telle.

    « Alors on se promène seule ? Tu sais que c’est dangereux ? Ya des créatures qui pourraient te bouffer sans même que tu t’en rendes compte ma p’tite ! »

    Il avait signé son arrêt de mort pour deux raisons : Le tutoiement et le terme qu’il avait employé. Elle n’appréciait pas que des inconnus l’interpellent comme si elle était une de leur connaissance. Et elle détestait que l’on fasse référence à sa taille pour se montrer familier avec elle.
    La louve s’approcha de celui qui venait de lui adresser la parole, d’un pas qui montrait qu’elle n’était en rien impression par leur petite démonstration.

    « Premièrement, on ne tutoie pas les inconnues, c’est mal élevé et ça met en rogne. Ce qui n’est pas une très bonne chose quand on ne connait rien de la personne qu’on interpelle. »


    C’est à ce moment qu’elle choisit de changer la couleur de ses yeux. Ils prirent la teinte jaune-orangé de sa louve. Elle avait mit un certain temps à gérer cette transformation partielle assez délicate, elle s’en donnait donc à cœur joie de l’utiliser. Si quelqu’un regardait la scène de loin, il ne verrait rien de ce changement. Ce qui était plus que pratique.
    L’étudiant qui n’avait rien dit, qui était là plus pour le style, changea tout de suite de couleur. Il passa d’un rose pâle à une blancheur à concurrencer les vampires. Il devait donc avoir une petite idée de ce qu’ils avaient devant leurs yeux.

    « Merde Richard ! On a p’tre fait une connerie ! Elle n’est pas normale ! »

    Il avait parlé à voix basse, mais elle avait très nettement entendu ces paroles et la tonalité de sa voix. Il était totalement apeuré. Allait-il se pisser dessus ? Elle fit un parie avec elle-même là-dessus.
    Elle s’approcha encore un peu plus d’eux, de manière maintenant à ce qu’ils touchent le mur qui se trouvait derrière eux. Ils n’avaient même pas fait attention qu’ils étaient en train de s’enfermer eux-mêmes. Alors qu’elle allait ajouter quelque chose, elle sentie une présence près d’elle. Quand elle se retourna elle vit encore un jeune homme s’approcher. Un de leur pote qui leur venait en aide ? Non, après l’avoir très vite fait détailler, il n’était pas humain. Son odeur même ne l’était pas, malgré l’apparence qu’il avait.
    L’inconnue prit ensuite la parole. Ses étudiants ? Il était prof à son âge ? Elle le plaignit mentalement. Sortir des cours pour ensuite en donner toute sa vie. Ca devait être mortellement chiant.
    Même s’il l dérangeait alors qu’elle allait leur donner une petite leçon, elle lui accorda un bon point pour sa venue avec classe. Il s’incrustait littéralement dans leur conversation, si on pouvait appeler ça ainsi, mais il ne donnait pas l’impression que c’était grossier de sa part.
    Ses yeux avaient reprit leur couleur vert naturel quand elle le regarda.
    Il parlait d’elle comme s’il avait comprit qu’elle n’était pas une simple humaine. Ce qui était une bonne et une mauvaise chose. La bonne c’était qu’elle n’avait pas à jouer le jeu. La mauvaise c’était qu’elle n’avait plus d’effet de surprise. Tant pis elle allait devoir s’en passer pour cette fois.

    « Vous vous portez peut-être volontaire ? Mais avant je dois finir ce que j’ai commencé avec ces petits abrutis. »

    Elle s’approcha du dénommé Richard, de façon à ce qu’elle lui chuchote à l’oreille quelques mots.

    « Si on se recroise, change de trottoir avant que je me rappelle de toi, sinon tu passeras un sale moment… Dites merci à votre professeur et barrez-vous d’ici. »

    Elle avait dit la dernière à haute voix, pour que l’autre puisse l’entendre également.
    Elle s’était écartée d’eux pour leur laisser toute la place nécessaire pour qu’ils partent. Ils regardèrent leur enseignant quelques secondes avant de prendre leurs jambes à leur cou.
    Elle se retourna ensuite vers le dit-professeur.

    « J’étais sortie pour prendre l’air. Mais si vous me proposer de me divertir un peu, ce n’est pas de refus. »

    On entendait dans sa voix toute l’assurance qu’elle dégageait. Elle doutait rarement d’elle et ça pouvait se voir. Mais ce n’était pas encore de l’arrogance, elle savait qu’elle avait des limites et qu’elle pouvait tomber sur plus fort qu’elle. Mais elle n’était pas du genre à avoir peur et à se débiner.


Message par Invité Dim 30 Sep - 18:21

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Si la jeune femme avait été agacée ou ennuyée par l’interruption volontaire du Lightness, elle ne le montra pas. Un bon point que l’homme lui concéda. Si elle parvenait à maitriser ses pulsions alors cette rencontre pourrait se révéler réellement intéressante. Mais malgré ses efforts pour dissimuler ses états d’âme, le timbre de sa voix la trahit. Jilan n’avait aucune idée de ce qu’elle avait pu discuter avec les deux étudiants malchanceux avant son entrée en scène mais on percevait très nettement l’agacement dans le ton de l’inconnue. Cela le désespéra, ceux de cette génération ne savaient plus comment y faire avec les demoiselles, sachant seulement les importuner et s’en était presque déprimant, pourtant il ne fit aucun commentaire là-dessus –ce n’était pas encore le moment opportun pour- et enregistra mentalement ce petit détail d’humeur. Comme à son habitude, il avait agi par intérêt, il avait envie de connaitre un peu plus cette femme et s’il voulait disposer du temps suffisant pour le faire, il n’avait pas droit à l’erreur. Ne disait-on pas des femmes qu’elles étaient susceptibles ? Mais pour Jilan, plus elles avaient de caractère, mieux c’était. Le contraire l’ennuyait. Le jeune professeur n’avait pas imaginé un seul instant quelle pourrait être la réaction de l’inconnue. Elle aurait pu aussi bien le remballer froidement et l’ignorer que s’en prendre directement à lui mais elle choisit de rentrer dans son jeu et cela lui convenait parfaitement. L’assurance dont elle faisait preuve dans son attitude l’intriguait autant qu’elle l’impressionnait. Il peinait à le reconnaitre mais cela lui plaisait. Au moins une qui ne se laissait pas marcher sur les pieds.

La jeune femme le laissa s’approcher du trio, sans faire mine de vouloir le stopper. Ce qu’elle lui répliqua lui arracha un sourire amusé. Elle résumait à merveille la situation : deux abrutis et une rencontre qui promettait d’être enrichissante sur bien des aspects. L’inconnue ajouta quelque chose à l’oreille de l’un des « abrutis » en question mais le Lightness se trouvait trop loin pour l’entendre. Seule la seconde phrase lui parvint. Maintenant qu’elle le faisait remarquer, ce n’étaient même pas ses étudiants, il ne les avait jamais vu pendant ses cours. Et dire qu’il venait certainement de sauver la vie à deux incapables dotés de cerveaux d’occasion alors qu’il n’en avait même pas la responsabilité. Est-ce que cet acte équivalait à sa BA de la journée ? Si oui, cela l’arrangeait. Désormais, il n’aurait plus aucun remord à agir avec malveillance, à supposer qu’il en ait eu auparavant.

Les deux garçons se retournèrent vers lui sans un mot –la politesse n’avait même pas la fonction d’option dans cette histoire- avant de détaler comme des lapins. L’expression était vraiment bien choisie pour l’occasion : ils n’en menaient pas large quand ils le dépassèrent, blancs comme des linges. Bien entendu, aucun mot ne franchit leurs lèvres, comme si les paroles de la jeune femme avaient scellées les leurs. Pour un peu, Jilan lui aurait demandé ce dont ils avaient parlé, curieux comme il l’était. Parfois, il se demandait si cette curiosité malsaine lui causerait des torts un jour ou l’autre ? Jusqu’à présent, non, mais il fallait préciser que le jeune homme savait se débarrasser des éléments disons, gênants. Si ses questions dérangeaient et aboutissaient à un conflit, il ne se retenait pas de remettre les choses au clair avec ses adversaires, humains ou non. Mais que ferait-il le jour où il tomberait sur plus fort que lui ? Aucune idée. Il avait laissé son regard pensif suivre la course des deux fuyards quand la voix de son interlocutrice le ramena dans le vif du sujet. Il se retourna vers elle, souriant.

« Je commence à penser que notre ennui mutuel nous a réuni pour une bonne raison… J’étais moi-aussi en quête de divertissement mais j’en arrive à me lasser des humains. »

Bizarrement, il venait de se dévoiler alors qu’il venait juste de faire sa rencontre. D’ordinaire, il se montrait prudent, préférant en savoir plus long sur ses interlocuteurs qu’eux-mêmes ne pourraient en découvrir au sujet du Lightness avec une vie entière à leur disposition. Il restait persuadé que si peu de personnes connaissaient sa véritable nature, il pourrait jouer plus longtemps. La paix était de mise au sein de l’Avventura mais chaque race avait ses points forts et ses points faibles et c’était là une chose que Jilan voulait cacher au maximum. L’une comme l’autre de ces informations permettraient à ses adversaires –si jamais il venait à en rencontrer qui en valent le titre- de savoir comment agir envers lui. Il ne savait pas exactement pourquoi il avait parlé ainsi envers cette femme. Peut-être en avait-il trop dit ? Ou essayait-il simplement d’en apprendre davantage sur elle à son tour ? Cette façon de s’exprimer lui indiquait qu’elle n’avait pas à jouer double jeu avec lui en cachant sa nature. C’était un moyen détourné de lui signaler qu’elle n’avait pas affaire à un vulgaire humain comme les étudiants qu’elle avait rencontré plus tôt, et qu’elle devait adapter ses actes en conséquence. Le Lightness pouvait se montrer très susceptible si on le comparait à des humains, cette race qu’il méprisait. Au moins, les choses étaient claires entre eux. Elle avait en face d’elle un non-humain et ce dernier n’avait visiblement pas l’intention de le cacher. Mais il lui laissait le droit de se dévoiler ou non. Comme un gentleman. Le jeune professeur revêtit alors un drôle de sourire désolé, qui était à deux doigts de sembler faux.

« Je regrette que vous ayez eu à rencontrer ce genre d’individus. Je présume qu’ils se sont montrés grossiers et sans aucunes manières. J’espère que vous ne mettrez pas dans le même panier que ces derniers, je pourrai m’en offusquer vous savez ? »

Il se demanda s’il n’en avait pas trop fait sur ce coup là ? Et s’il n’avait pas trop souligné son image de personnage pompeux ? Mais devant l’assurance qui émanait de son interlocutrice, il ne pouvait décemment pas faire profil bas. Quitte à devoir provoquer un affrontement direct dont il ne savait pas encore s’il allait pouvoir en ressortir victorieux ou non. Au moins, il se serait diverti et il espérait que cela soit aussi le cas pour sa charmante inconnue. A la suite de cette réplique, il observa un peu plus la jeune femme qui se trouvait en face de lui. La distance qui les séparait avait nettement diminué et il pouvait à présent apprécier à sa juste valeur, son interlocutrice. Sa corpulence n’attirait pas l’attention mais il se dégageait d’elle un certain charisme. Ainsi que beaucoup de noirceur. Le Lightness ne pouvait pas, à la manière de ses opposés, distinguer le mal en chaque être et s’en alimenter, mais dans un sens il y était sensible car les fortes émotions négatives étaient contraires à son être. Et de toutes évidences, la personne en face de lui ne se donnait pas la peine de les dissimuler. Intéressant. S’il s’agissait d’une tueuse comme lui, peut-être qu’ils pourraient bien s’entendre. Sauf si l’envie lui prenait subitement de vouloir dépecer Jilan. Il poursuivit.

« Pardonnez-moi, je ne me suis pas encore présenté, je m’appelle Jilan, me ferez-vous l’honneur de votre nom ? Ou bien préférez-vous qu’on aille faire connaissance dans un endroit disons, un peu moins bétonné ? »

Le jeune professeur patienta, en attendant que son interlocutrice lui communique son avis. Comment allait-elle réagir à cette proposition ? Il n’avait pas –encore- d’arrières pensées, simplement de la curiosité. Que la personne en face de lui dégage autant de noirceur l’intéressait beaucoup même si cela était contraire à sa raison d’être. Il n’avait pas encore rencontré de personne qui partage ses pulsions mortelles. Il était impatient de connaitre cette inconnue mais redoutait aussi ce qu’elle pourrait lui dévoiler à son tour. Et si elle n’était qu’en fait, une simple femme caractérielle ? Ou pire… Est-ce qu’elle allait essayer de vider son humeur ternie par les deux autres imbéciles sur lui ? Dans ce cas, elle ne serait pas déçue. Mais Jilan préférerait avoir une petite conversation avec elle avant de passer à l’acte.

Message par Invité Lun 1 Oct - 9:29

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    Le jeune professeur n’avait pas l’air d’être si intéressé que ça par les deux étudiants qui étaient en train de prendre la poudre d’escampette. Elle aurait pensé qu’il serait parti en même temps qu’eux, en ajoutant un petit quelque chose. Mais non, il se contenta de les regarder avec un air dépité, comme s’il désapprouvait ce qu’ils auraient pu faire alors qu’il ne connaissait rien de la situation. Bon, un nouveau bon point pour lui de ne pas se ranger du côté de ces imbéciles, même s’il leur était venu en aide. La louve se demanda donc pour quelle raison il était intervenu si ce n’était pas pour eux. Ou alors si mais pas totalement. Elle n’essaya pas de chercher plus loin. Parfois, il n’y a rien à découvrir, si ce n’est un mal de tête en guise de trouvaille. Elle nota simplement dans le coin de sa tête cette idée, histoire de ne pas l’oublier et de la ressortir si le moment se présentait.

    L’inconnu, tout comme elle, s’était perdu dans ses pensées pendant quelques instants. Voila bien deux individus qui ne protégeaient pas leurs arrières. L’un comme l’autre s’était laissé aller à leurs songes, sans même penser que l’étranger en face d’eux pouvait réagir violemment. Ca lui arrivait un peu trop souvent ces derniers temps, elle allait devoir revoir ça, et au plus vite. Peut-être ne laissait-elle plus assez de place à sa bête et à son instinct de protection ? Probablement. Elle nota une nouvelle fois dans un coin de sa tête, qu’un peu de perte de contrôle ne pourrait pas lui faire de mal.
    Elle écouta les paroles du jeune prof. Voila qu’il parlait lui aussi d’une sorte de destin. Ou alors c’était simplement son imagination qui lui jouait des tours pour lui rappeler une certaine personne ? Qui sait ? Dans tous les cas, l’inconnu paraissait quelque peu intéressant. Que ce soit dans sa façon de parler, que dans sa façon de voir les choses. Elle avait déjà comprit qu’il ne faisait pas partir de cette espèce minable, mais il lui dévoilait clairement. Ordinairement, les créatures préfèrent cacher leur jeu. Surtout quand ils ne savent pas qui ils ont devant eux. Evidemment, il y a des exceptions, par exemple quand on se retrouve devant des humains niais.
    Elle sourit légèrement à cette phrase. Ainsi, il se lassait des humains. Que faisait-il à enseigner alors ? Peut-être qu’il aimait les punitions et qu’il était du genre à punir pour tout et n’importe quoi ? Peu importe, ça ne lui servirait à rien d’avoir ce genre d’information.

    « Il n’y a que dans une partie de chasse qu’ils se montrent intéressant. Et encore quand ils ne sont pas trop apeurés pour courir. »

    Elle venait à son tour de se dévoiler. Mais c’était en quelques sortes fait exprès. Elle pensait qu’il se doutait qu’elle n’était pas non plus humaine. Et puis, s’il n’y avait que des paroles, elle ne courait aucun danger vis-à-vis du Cercle. Les mots ne peuvent pas grand-chose s’ils ne peuvent être prouvés.
    Il reprit de nouveau la parole… Pour l’informer qu’il regrettait qu’elle ait eu affaire à ces deux guignols ? Drôle de comportement. Drôle mais avec une pointe d’intérêt, surtout pour quelqu’un ne faisant même pas partie de cette race. Elle sourit de nouveau légèrement. Etait-ce parce qu’il était amusant dans sa façon de parler ? Ou simplement que ces dires lui plaisaient, malgré une attitude de grandeur ?

    « Il sufis de les remettre en place. La plus part du temps, les individus ont une grande gueule et se montrent hautain. Mais une fois que vous leur montrer qui vous êtes, peu reste pour discuter plus longuement…. Vous mettre dans le même panier ? Si vous ne partez pas en courant la queue entre les jambes, il n’y aura pas de raison. »

    Comme à son habitude, la louve ne se montrait pas politiquement correcte dans ses paroles. Ca faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas eu à reformuler ces dires devant quelqu’un. S’il la trouvait grossière, tant pis. Elle n’allait pas faire semblant d’être une jeune demoiselle, surtout avec un inconnu. Elle avait arrêté d’être cette gamine le jour où elle tua ses parents et tous les invités qui se trouvaient dans la demeure. Un peu de nostalgie lui vient à cet instant. Que de plaisir à sentir les chairs se faire déchiqueter sous ses crocs, les os se casser sous ses coups et tout ce sang se répandant partout. Elle reprit ses esprits avec un léger sourire aux lèvres en repensant à cette nuit-là. Elle avait vraiment prit son pied.

    Les manières de Jilan, pouvaient être charmantes au début, mais on s’en lassait très vite. Elle avait grandit en entendant ce genre de formule et elle ne les avait jamais appréciées.
    Elle allait lui dire le fond de sa pensée s’il voulait qu’ils poursuivent une quelconque entrevue.

    « Il faut un minimum de bonnes manières dans la vie, mais évitez d’en utiliser trop avec moi, ça devient vite énervant. Et dans votre intérêt il ne faut jamais énerver une femme. »


    Elle pensait plutôt au terme « louve » que « femme », mais elle n’allait pas lui dévoiler tout de suite sa véritable nature. C’était un peu trop tôt. Surtout devant un homme dont la présence était comme bienveillante. Sa façon de parler disait qu’il avait un esprit qui pouvait se rapprocher du sien, mais sa présence était loin de raconter la même chose. C’était assez étrange comme situation mais tout aussi intéressant.

    « Kyarra. Et je suis d’avis de marcher un peu. L’endroit m’importe peu, le temps qu’on ne soit pas importunés. »

    Elle le suivit ensuite. Pourquoi acceptait-elle sa proposition ? D’une part, elle n’avait rien d’autre à faire. Et d’autre part, il était assez intéressant pour valoir le coup de perdre un peu de son temps. Et puis, si ce n’était pas le cas, elle pourrait toujours se servir de lui comme proie. Elle n’avait toujours pas oublié qu’elle allait devoir laisser place à sa bête bientôt. Elle ne savait pas encore de quoi il était capable, ce qui n’était pas une bonne chose si elle voulait faire de lui sa victime. Ca pouvait corser un peu la chasse, mais en temps normal, elle n’était pas totalement suicidaire pour chasser plus fort qu’elle.
    Alors qu’ils marchaient dans les rues de la ville, elle lui posa l’une des questions qu’elle avait en tête. Il voulait faire connaissance, d’après ce qu’il lui avait dit, très bien.

    « Pourquoi être venu en aide à ces deux humains ? Vous ne donner pas l’impression de vous intéresser vraiment à leur sort pourtant. »


    Elle lui aurait également bien demandé ce qu’il était, mais elle doutait qu’il lui réponde tout de suite. Comme elle, il devait rester sur ses gardes et ne pas vouloir dévoiler totalement son identité. Il était donc inutile de poser une question auquel elle n’aurait pas de réponse dans l’immédiat.




    Spoiler:



Message par Invité Lun 1 Oct - 18:34

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La réponse de l’inconnue ne se fit pas attendre. Ses mots sonnèrent durement dans l’air mais cela ne faisait que renforcer l’image que le Lightness avait d’elle. Ou plutôt celle qui se dessinait peu à peu dans son esprit. Il ne connaissait pas encore suffisamment la jeune femme pour être certain qu’elle dégageait là son véritable caractère mais au moins, ses propos et son attitude se rejoignaient. Une confiance sans faille, retrouvée dans une opinion bien à elle. Son interlocutrice ne cachait en rien ses pensées concernant les humains. Durant les trois siècles qui furent son existence, Jilan avait appris à analyser les comportements des individus. A la longue, ce petit jeu l’avait lassé, les humains n’étaient bons qu’à être exterminés au final mais cela lui avait permis de définir les personnes rien qu’en se basant sur leurs attitudes et les paroles. Si ces deux facteurs concordaient, il y avait de fortes probabilités pour que l’interlocuteur en face de vous dévoile son être véritable. Bien sûr, on n’était pas à l’abri d’un menteur insolent ou d’un brillant comédien, le jeune professeur n’était que trop bien placé pour le savoir, lui-même dissimulait ses réelles pensées. Il ne fut pas surpris le moins du monde de découvrir qu’elle se plaçait en tant que chasseuse. Ainsi, elle était une prédatrice, probablement une lycane puisqu’un vampire, même stupide, ne s’aventurerait pas à l’extérieur. La journée touchait à sa fin mais le soleil était encore bien présent, ce serait courir un risque que de sortir à cette heure.

Délaissant ses réflexions sur l’identité de la jeune femme qui se tenait devant lui, il l’écouta poursuivre. Il nota qu’elle avait esquissé un léger sourire quand il avait pris la parole mais cette fois-ci ce fut à lui de sourire. Ce qui l’amusait, c’était sa façon de s’exprimer. Pour une femme, elle ne mâchait pas ses mots alors qu’elle ne le connaissait pas non plus. L’inconnue exprimait clairement sa façon de voir les choses ou même de régler les choses à sa manière, par la force, sans montrer aucune crainte. Elle ne semblait pas redouter qu’il puisse être un membre de ce Cercle de pacotille. Ou bien était-ce pour le forcer à se dévoiler un peu plus ? L’idée qu’elle cherchait peut-être à le piéger lui plut. Mais la perspective qu’elle soit dans la même optique que lui, lui plut davantage. Pas seulement du fait qu’elle soit une agréable jeune femme, peut-être un peu trop directe parfois, mais parce qu’avec elle, il savait qu’il pourrait sans doute partager ses opinions concernant l’égalité des races et toutes les conneries proférées par ses messies de la paix. Il voulut répondre à sa seconde réplique mais elle en ajouta une troisième dans la foulée, obligeant Jilan à y répondre. Il n’avait pas l’intention de laisser son interlocutrice lui imposer sa vision des choses ou alors pas entièrement.

« Pardonnez-moi si je vous ai offensé et je prend votre conseil à cœur. J’imagine que j’aurai pu avoir un aperçu de votre colère si je n’étais pas intervenu dans votre petite conversation à trois. Sachez seulement que je n’ai pas l’intention de vous énerver, même dans mon intérêt. »

Cette femme avait du caractère certes mais le Lightness voulait qu’elle comprenne que parfois, savoir doser son manque de tact pouvait se révéler utile. Loin de lui, l’envie de se montrer menaçant, même s’il reconnut intérieurement que sa dernière phrase sonnait comme une mise en garde. C’était parfaitement voulu mais simplement pour mettre les points sur les i et garder une certaine réserve envers son interlocutrice. Le jeune professeur s’était fait une idée de sa race mais il ne pouvait imaginer les conséquences d’un affrontement direct sans avoir au préalable, eut un aperçu des capacités de la demoiselle. Cette dernière se présenta alors. Kyarra. Il nota ce nom quelque part dans sa tête. D’une, pour être capable de le ressortir si jamais ils venaient à se rencontrer dans un futur plus ou moins proche –c’était toujours bien vu de se rappeler des noms des gens dont on faisait la connaissance, en particulier les femmes- et de l’autre pour s’en servir si le destin l’y contraignait un jour. Il n’espérait ne pas arriver à ce stade, celui qui le pousserait à lâcher un nom afin d’épargner sa propre vie mais il n’était pas en mesure de prévoir ce que l’avenir lui réserverait. La dénommée Kyarra accepta sa proposition et il lui enjoignit le pas, satisfait de sa réaction. Tandis qu’ils marchaient côte à côte, il lista mentalement les points forts et les points faibles des lycans. La jeune femme ne lui avait pas encore fourni une preuve concrète de sa race mais plutôt que d’être pris au dépourvu, il lui fallait anticiper. Il savait par avance, que ses pouvoirs lui seraient utiles mais pas autant qu’il l’aurait souhaité. Jilan avait nettement plus d’avantages face à un vampire ou à une créature de l’obscurité mais qu’importe. Si les rapports de force ne s’équivalaient pas, il lui restait la ruse. Et dans ce domaine, il restait imbattable. Contrairement à ce qu’il croyait, ce fut Kyarra qui engagea la conversation cette fois. Elle voulait savoir pourquoi il était intervenu ? Drôle de question mais néanmoins légitime.

« Etonnant que vous posiez cette question seulement maintenant. J’imagine que vous avez attiré mon attention, suffisamment en tout cas pour que je souhaite m’entretenir avec vous en tête-à-tête. »

Qu’allait-elle penser de cette réponse ? Etait-elle à ce point vexée d’être interrompue alors qu’elle s’apprêtait sans nul doute à se faire un repas de ces deux jeunes imbéciles ? Si c’était le cas, pourquoi donc ne l’avait-elle pas agressé immédiatement ? Ce type de réaction aurait été plus que logique aux yeux du Lightness. Ou peut-être bien qu’elle n’était pas encore énervée au point de passer ses nerfs sur autrui ? Peut-être qu’elle cherchait simplement à en apprendre davantage sur son interlocuteur qu’était Jilan, puisqu’elle semblait avoir remarqué son flagrant désintérêt pour les humains. Il se décida donc à ajouter un dernier commentaire. A elle de voir comment le prendre.

« Et votre impression était bonne, je me moque éperdument de ce que vous auriez pu en faire. Aussi charmante que vous êtes actuellement, je ne doute pas un seul instant que vous l’auriez été davantage, recouverte de leur sang. Mais massacrer deux étudiants en plein jour ne vous aurait pas permis de rester discrète très longtemps, ce qui aurait pu me compliquer la tâche pour m’entretenir avec vous. Vous ne pensez pas ? » déclara t-il avec un nouveau sourire.

A cet instant, il reconnut qu'il en avait peut-être trop dit. S'il se révélait que Kyarra faisait bel et bien partie du Cercle, alors l'affrontement serait inévitable. Mais tant que le soleil demeurait, il restait confiant quant à la perspective d'un combat. Dans le cas contraire, peut-être qu'il en apprendrait davantage sur elle et sa position vis-à-vis de cette paix qu'il jugeait futile.

Message par Invité Mar 2 Oct - 15:22

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    Il ne répondit pas à ces premières paroles, mais il eut l’air d’y réfléchir. Peut-être qu’elle faisait une erreur en parlant de la sorte, dévoiler qu’elle aimait chasser des humains à un inconnu n’était peut-être pas une idée très lumineuse. Mais comme elle se l’était dit un peu plutôt, si ce n’était que des paroles et un comportement, il n’y aurait pas de preuves contre elle. Elle pouvait très bien vouloir se donner des aires de prédatrice et manger un steak saignant chez elle. Jilan n’avait aucun moyen de le savoir réellement et c’était très bien comme tel.
    Il lui répondit alors. Il avait l’air de s’excuser par rapport à ce qu’elle lui avait dit sur ses manières. Elle lui aurait accordé un bon point supplémentaire, mais quelque chose la chagrinait. Elle se serait plutôt attendue à ce qu’il ne lui réponde pas, pour lui indiquer qu’il ne prendrait pas en compte ce qu’elle disait. Après tout, même si elle l’informait que certain comportement l’énerver, il était en droit d’agir comme il le souhaitait. Ou alors, il avait eu ces paroles simplement pour qu’elle soit satisfaite ? Encore une fois, elle devait probablement chercher midi à quatorze-heures.
    Elle ne répondit donc rien là-dessus. Ne sachant que penser de ce comportement. Elle avait l’habitude de dire ce qu’elle pensait, mais quand il s’agissait de quelque chose qu’elle ne saisissait pas, elle préférait ne rien dire. Quitte à y repenser plus tard et peut-être avoir une lumière.

    Kyarra fut surprise de ces paroles. Il trouvait ça étonnant qu’elle n’ait posé la question un peu tard. Pensait-il la connaitre assez pour faire ce genre de commentaire ? Ou alors était-elle plus transparaitre qu’elle ne le pensait ? Là encore, elle garda ses interrogations pour elle.
    Il voulait s’entretenir avec elle ? Simplement parce qu’elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, par deux étudiants ? Ou y avait-il une autre raison qu’il n’avait pas énoncée ?
    Elle n’aimait pas vraiment l’idée d’être observer, même légèrement par un inconnu qui jugeait si elle valait le coup de perdre son temps à la rencontrer. Elle lui aurait bien répondu quelque chose, mais il décida de poursuivre dans son explication. Lui donnant peut-être plus de détails sur ce qu’il avait en tête. Elle l’écouta donc. A l’entendre, il n’était pas contre le fait de voir du sang humain se répandre sur le sol. Quel genre de prof ou même personne est-il ? Il n’était pas humain, ça se sentait, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt sur sa race. A vrai dire, en y repensant, elle n’avait jamais croisé ce genre de parfum. Une nouvelle race qui sortait des ténèbres, au même titre que les élémentaires ? Si c’était effectivement le cas et que ces créatures étaient toutes des tueuses, il n’y aurait certainement pas assez d’Homme sur terre pour tout le monde. Après la disparition de tous les humains, les créatures allaient-elles se battre en elles ? Elle secoua légèrement la tête. Elle était encore partie trop loin dans ses pensées.
    Elle le regarda alors en prenant à son tour la parole, elle souriait légèrement. Sa voix n’était plus menaçante, simplement normale.

    « Mon impression était bonne ? Vous pouvez développer ? »


    Sa phrase l’avait interpelé quand elle l’avait entendue et elle souhaitait réellement savoir ce qu’il entendait par là. Si d’un seul coup d’œil on remarquait son envie de chair et de sang, elle allait devoir faire plus attention à elle. Elle reprit ensuite.

    « Je ne suis pas assez irresponsable pour tuer en plein jour et surtout dans une rue aussi ouverte que celle-ci. Il y des choses qu’on ne peut pas se permettre. Surtout avec ce Cercle d’imbéciles dans les parages. »


    S’il faisait parti du dit-Cercle ? Il le prendrait certainement pour une sorte d’affrontement ouvert. Leurs membres étaient-ils autorisés à arrêter quiconque pour ce qu’ils pouvaient entendre ? Elle ne savait pas, elle en doutait, si Jilan en faisait parti, il aurait certainement entendu assez. Ou alors il cherchait quelque chose de plus gros ?
    Ou alors, il ne faisait tout simplement pas parti de cette organisation de plouques. Ce qui ne serait pas étonnant quand on entendait ses paroles. A moins qu’il ne cache réellement bien son jeu.

    « Que me voulez-vous Jilan ? »

    Elle n’aurait pas pu faire plus subtile. Elle aurait pu tourner autour du pot, cherché petit à petit à savoir qu’il lui voulait. Mais non, la patience n’était pas vraiment son fort. De toute manière, ça ne lui coutait rien de poser la question. Au pire, il le prendrait mal et arrêterait là la rencontre. Au mieux, il lui répondrait. On ouvre les paris ?



    Spoiler:

Message par Invité Jeu 4 Oct - 23:06

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Les manières trop directes de la jeune femme commençaient à agacer légèrement le Lightness. Ayant traversé les siècles, il avait assisté à l’évolution des mœurs et à leur perversion irréversible. L’époque où l’on s’adressait à autrui avec politesse et raffinement, derrière lesquels se dissimulaient habilement les pires sournoiseries qui soient, oui, cette belle époque était révolue à jamais. Enfin, pas tout à fait. Il arrivait que des êtres poursuivent cette pratique du mensonge mais ils se faisaient rares et cette personne en était la preuve incontestée. Néanmoins, son interlocutrice marqua des points et pas des moindres. A présent, Jilan était fixé sur une chose, Kyarra ne faisait pas partie du Cercle, ou alors elle jouait diaboliquement bien son double-jeu. La pensée qu’elle puisse être en train de le forcer à se dévoiler davantage, persistait dans son esprit. Le Lightness était de nature prudente, peut-être un peu trop parfois étant donné les pouvoirs dont il bénéficiait. Il porta une attention toute particulière aux propos qui suivirent et ses soupçons s’évanouirent à chacun des mots supplémentaires qui sortaient de la bouche de son interlocutrice. Il se reconnaissait lui-même dans ces paroles, à quelques détails près. Elle critiquait ouvertement le Cercle, sans tenir compte de ce qu’il pourrait en penser. Avait-elle seulement songé qu’il puisse en faire parti ? Ou bien avait-elle trop confiance en ses capacités pour l’affronter si jamais cela devait se produire ? Cette dernière réflexion acheva de rassurer et de convaincre le jeune professeur. Jamais un membre de cette organisation d’idéalistes naïfs n’aurait affiché autant de confiance en lui. Même s’il s’agissait d’un agent double. C’était une manœuvre trop risquée aux yeux du Lightness et les seuls à pouvoir s’en servir sans risquer gros, c’étaient bien les membres référés à ce clan de renégats, appelés communément Rebelles. Bien… Cette discussion prenait une tournure inattendue. Il n’avait jamais envisagé la possibilité qu’il puisse rencontrer un de ces Rebelles aussi rapidement. Comme quoi le destin pouvait vraiment se révéler très lucratif.

« Que me voulez-vous Jilan ? »

« Voici la seconde question que j’attendais. » se contenta t-il de répondre en souriant.

Il dut s’efforcer de prendre le temps de la réflexion avant de fournir une explication. Une multitude de réponses possibles lui venait à l’esprit mais, même s’il connaissait peu la personne qui se tenait à ses côtés, le Lightness pouvait d’ores et déjà rayer les justifications trop pompeuses. Il risquait tout bonnement d’ennuyer la jeune femme et au pire, de mettre fin de manière involontaire à cette conversation. Il lui faudrait se montrer direct et suffisamment clair sur ses intentions pour ne pas créer de malentendus. Ce genre de bêtise arrivait très facilement. A l’instant même où Jilan avait entendu la question, il avait pris la décision de se dévoiler. Non pas pour satisfaire son interlocutrice mais justement pour le satisfaire lui. Il avait conscience que cet entretien ne progresserait pas si aucun des deux protagonistes n’acceptait de prendre de risques en évoquant ses sombres desseins. Et en parlant de sombres desseins, le jeune professeur était pratiquement certain que Kyarra en possédait. Restait à découvrir lesquels et comment le Lightness pourrait en tirer parti. Sans se préoccuper des passants qui les entouraient, il déclara d’une voix neutre :

« Lorsque je vous ai rencontré, je songeais seulement à tuer le temps en votre compagnie mais il semblerait que nous ayons plus de points en commun qu’on ne l’aurait cru au premier abord. Nous méprisons tous les deux le Cercle et cette paix inutile. »

Tandis qu’il parlait, il reporta son attention sur les passants. Des gens de tous les horizons. C’était fou comment la diversité s’exprimait au travers des individus. Il y en avait vraiment pour tous les goûts : du costume trois pièce au jean à trous, de la coupe afro aux franges bien droites cachant le front. Pourtant, tous ces hommes et femmes ignoraient probablement qu’ils étaient devenus des cibles, des proies pour ceux qui étaient au-dessus d’eux. L’égalité entre les races ? Un rêve d’idéalistes sans cervelles. Il fallait se plier au joug de l’évolution, seuls les plus forts survivaient. N’était-ce pas la loi même de la Nature ? Pourquoi s’évertuer à vouloir mettre tout le monde sur un pied d’égalité alors même que les capacités de chacun nous rendaient étrangers les uns des autres ? Pourquoi interdire à un vampire ou à un lycan de s’abreuver de sang humain alors que c’était là, la démonstration la plus simpliste de la chaine alimentaire ? Le Lightness darda soudain son regard hétérochrome sur un homme dans la force de l’âge qui marchait devant eux. La victime idéale.

« Vous aviez bien compris quand je vous ai dit que je ne me souciais pas du sort de ces deux étudiants. Mais cela ne s’applique pas uniquement à ces deux imbéciles finis. Et je vais vous en donner la preuve. »

Replaçant sa sacoche sous son bras gauche, devenue plus inutile qu’autre chose dans cette affaire, il joignit ses mains devant lui en une sorte de barrage, de manière à ce que les gens qui arrivaient en face du jeune professeur ne puissent voir la petite orbe transparente qui s’y formait peu à peu. Il y en allait de même pour ceux qui marchaient derrière lui, la silhouette du Lightness la protégeait des regards indiscrets. A moins d’être capable de visualiser à travers la chair humaine ou de se trouver juste à la hauteur de Jilan, il était impossible de remarquer l’orbe. Sans tenir compte d’éventuelles remarques ou objections de son interlocutrice, le jeune homme se concentra. Il était plus difficile de se concentrer alors qu’il était toujours en mouvement, de même que sa cible l’était. Pourtant, une douce lumière se diffusa sans l’orbe, d’abord hésitante avant de gagner en puissance, jusqu’à complètement illuminer la petite sphère. Pendant de longues minutes, rien ne se produisit hormis l’apparition grandissante de la lueur au sein de l’orbe. Sans doute, la dénommée Kyarra allait-elle s’impatienter à défaut de ne rien voir surgir. Et soudain, sa curiosité fut finalement satisfaite : la cible du Lightness s’écroula d’un seul coup après avoir manifesté un changement d’humeur progressif. Lui qui était auparavant si dynamique et rempli de volonté, sur ses derniers moments, il avait simplement l’air d’un dépressif au bout du rouleau. Quelques passants se précipitèrent pour lui venir en aide mais c’était trop tard pour lui. L’agitation gagna les badauds comme la fièvre gagne un stade de foot après un but décisif. La panique se propagea mais deux individus se tenaient toujours côté à côté, immobiles et silencieux. Jilan lui jeta un coup d’œil entendu en direction de la jeune femme. Si après cet incident, elle ne le croyait toujours pas quand il affirmait ne pas être du côté du Cercle…

« Dommage que l’on n’ait pas pu admirer le spectacle de plus près, je vous assure que voir son visage se décomposer vous aurait plu. » déclara le jeune homme après avoir laissé le temps à son interlocutrice d’analyser la situation.
« Contrairement à vous, je peux tuer en toute discrétion… Ou presque, si l’on exclue la cohue que les humains génèrent à la moindre occasion… Ma question est : qu’en est-il de vous ? »

Message par Invité Sam 6 Oct - 0:09

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    Jilan ne répondit pas tout de suite à ses questions. La louve se demandait si elle n’avait pas été trop brusque en lui posant ses questions de manière si directe. Après tout, il était venu à sa rencontre, à l’entendre pour des raisons précises, alors qu’il assume sa venue. Il pouvait toujours trouver des excuses toutes aussi farfelus les unes que les autres pour gagner du temps, mais Kyarra n’était pas assez stupide pour gober n’importe quoi. Et elle risquait de ne pas apprécier qu’il tourne autour du pot trop longtemps.
    Ils continuaient de marcher dans les rues de la ville, regardant chacun de leur côté les passants. Comme précédemment, cette paix apparente l’énervait. Elle ne voulait pas non plus un chaos permanant, non, mais un peu de peur dans l’air, ne ferait pas de mal.

    Après quelques instants de silence entre les deux inconnus, Jilan reprit la parole. Ses paroles plaisaient à la louve. Mais est-ce que c’était simplement des paroles ? Pensait-il vraiment ce qu’il disait ? Les paroles sont bien belles, mais elles doivent souvent être soutenues par des actes, pour donner plus de concrète. Etait-il prêt à bouger pour faire changer les choses ? Est-ce qu’il pouvait tuer facilement sans avoir de regrets par la suite ? Tuer peut-être facile, pour certain, mais si la conscience ne suit pas, elle devient vite pesante. Et le suicide est très souvent le chemin des plus faibles d’esprit.
    Alors qu’elle était en train de se poser des questions sur le mental de l’étranger, le regard de celui-ci parut avoir repérer quelque chose dans la foule. Il enchaina ensuite avec des paroles toutes aussi plaisantes que les précédentes. Il allait lui montrer que la mort des humains ne lui faisait rien. Elle était intriguée. Il y avait pas mal de monde malgré l’heure. Elle ne dit rien et resta à marcher à ses côtés en l’observant en coin, histoire de ne rien manquer. Elle le regarda joindre ses mains, doucement, pour ne pas attirer des regards indiscrets. Il parut se concentrer. C’était une bonne et une mauvaise chose. La bonne, c’est qu’il devait avoir un temps soit peu confiance en la louve pour baisser légèrement sa garde. Mais la mauvaise, c’était justement qu’il baisse sa garde. Ce n’était pas vraiment prudent de sa part. Mais d’un côté, elle doutait qu’il agisse de la sorte avec n’importe qui. Elle ne dit donc rien et le laissa faire.

    Quelque chose se forma alors dans ses mains, elle n’arrivait pas à trouver un nom pour cette chose, n’ayant jamais vu quelque chose de semblable. Elle lui poserait surement la question plus tard. Pour le moment, elle ne le dérangerait pas. La petite boule commença à s’illuminer. C’était bizarre. A première vue, on ne pourrait pas craindre une petite chose aussi jolie. Mais c’est aussi pour ça que l’on dit qu’il ne faut pas se fier aux apparences, qu’elles sont parfois trompeuses. Kyarra porta alors son attention sur l’homme que Jilan ne lâchait pas des yeux. Alors qu’elle était en train de se demander ce qu’il était en train de faire, elle vit l’homme en question tomber par terre. Il s’écroula littéralement, comme si ses jambes s’étaient dérobées sous lui sans qu’il puisse réagir. C’était très étrange. Rien ne l’avait touché à proprement parler et pourtant il paraissait mort. Du moins, il ne bougeait plus et elle ne souhaitait pas se mêler à la foule pour aller vérifier. Elle faisait bizarrement confiance en Jilan pour ne pas l’avoir épargner.

    Les passants qui, au départ, ne se préoccupaient de personne et marchaient pour rejoindre un certain lieu, se précipitèrent vers la victime. Pour l’aider ? Par curiosité, voir ce qu’il se passait ? Dans tous les cas, ça ne l’étonnait guère.
    Jilan reprit la parole. Pour lui dire qu’elle avait loupé quelque chose d’intéressant. Il était persuadé qu’elle aurait aimé le spectacle. Elle lui faisait confiance pour celui, surtout que la situation l’intriguait. Elle n’avait vu que la boule se former dans ses paumes, s’illuminer et quelques instants après, l’humain était à terre. C’était un don particulier, tuer à distance de la sorte pouvait se révéler très pratique. Elle allait surement lui poser de multiples questions par la suite pour essayer d’en comprendre le fonctionnement.
    Elle acquiesça lorsqu’il parla de discrétion. C’était parfaitement vrai. Et ça ne faisait aucun doute qu’elle allait vouloir l’avoir chez les Rebelles. Avoir un membre qui avait une telle particularité n’était pas négligeable.
    La louve reprit enfin la parole :

    « C’est un don très intéressant que vous avez là, même si j’avoue ne pas comprendre ce qu’il s’est passé. Je ne dirais pas non à une nouvelle démonstration, de plus près si vous avez l'occasion. »


    Elle marqua une pause. Il voulait savoir comment elle faisait pour tuer. Ou alors ce qu’elle était peut-être ?
    Elle se tourna alors la tête vers Jilan. Ses yeux avait reprit leur teinte jaune-orangé de sa louve. Elle lui prit ensuite l’une de ses mains. Ils pouvaient passés pour un couple quelconque. Mais ce n’était pas pour passer inaperçu dans toute cette foule. Elle transformait sa main petit à petit dans celle de Jilan.

    « Comme vous l’avez supposé, je ne suis pas aussi discrète que vous pour tuer. Du moins, je ne peux pas le faire à distance comme vous. Je peux simplement tuer grâce à ma force. Ca a ses avantages comme ses inconvénients. »


    Ils dépassèrent le petit groupe qui s’était formé autour du cadavre, les urgences n’allaient pas tarder, même s’il était trop tard pour lui. Kyarra lâcha la main de Jilan, elle lui avait montré ce qu’elle voulait qu’il sache. Malheureusement, elle ne pouvait pas lui prouver ses instincts de meurtrière. Du moins, pas ici, pas avec toutes ces personnes ici présentes.

    « Et qu’êtes-vous Jilan ? Je n’avais jamais senti une odeur comme la votre. Elle est particulière. »

    Encore une fois, elle allait droit au but. Mais après avoir tué quelqu’un sous ses yeux, il n’avait rien à perdre à se dévoiler plus. Et puis, une sorte de confiance c’était installer entre les deux protagonistes. L’un tuait un humain en pleine rue et l’autre dévoilait sa nature et ses positions par rapport au Cercle.

Message par Invité Dim 7 Oct - 20:20

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Conscient qu’il venait de prendre un risque non négligeable en démontrant une partie de ses pouvoirs, le fait que la jeune femme n’en profite pas pour le neutraliser durant le laps de temps où le Lightness avait baissé sa garde envers elle, rassura Jilan. Tout comme lui, elle ne faisait pas parti de cette bande d’incapables qui se faisaient appeler le Cercle. Il espérait que cette petite démonstration avait porté ses fruits et que l’opinion de Kyarra à son égard remonterait un peu. Les manières du jeune professeur ne semblaient pas lui plaire tant que ça et pour cause, elle était franche et directe tandis que lui se plaisait dans de longues tirades, perdant parfois ses interlocuteurs au passage. Déformation professionnelle ? Peut-être. Les propos de la jeune femme lui confirmèrent cette hypothèse mais il s’étonna qu’elle ne se mêle pas à la foule pour s’assurer de ce qui était arrivé à ce pauvre homme, d’autant qu’elle avouait elle-même ne pas comprendre ce qui venait de se produire. L’étonnement laissa bien vite la place à une joie doublement malsaine lorsqu’elle lui confia l’envie d’une nouvelle démonstration. Elle ne serait pas déçue cette fois-ci. Le Lightness croisa alors le regard de son interlocutrice et marqua un temps d’arrêt. Ses yeux, il était persuadé qu’elle les avait vert… Il avait la manie d’enregistrer les moindres détails physiques et comportementaux des personnes qu’il rencontrait et cela le troubla. Profitant sans doute de la surprise que suscitait ce changement soudain, Kyarra prit soudain sa main. Jilan ne se déroba pas, il n’en eut pas le temps car la jeune femme lui fournit la réponse à ses interrogations. La couleur actuelle de ses prunelles était le fait de sa race, elle était une lycane. Et pas l’une des plus faibles puisqu’elle pouvait transformer certaines parties de son corps sans avoir à se plonger dans une haine destructrice. Cela impressionna le Lightness. L’un de ses préjugés sur les lycans partait en fumée. Ou alors était-ce seulement un fait unique propre à son interlocutrice ? Il lui faudrait le découvrir par lui-même. Sa main toujours dans la sienne, il la suivit, dépassant sans un regard le cadavre et le groupe qui s’était formé autour. L’étreinte ne dura pas longtemps et ce fut la louve qui y mit un terme. Cela n’avait eu qu’un but explicatif, rien de plus et la jeune femme le lui signifiait très clairement. Jilan s’en amusa légèrement. Il ne donnait pas cher de la vie de ceux dont elle s’éprenait, ils devaient certainement finir en bien mauvais état…

« Et qu’êtes-vous Jilan ? Je n’avais jamais senti une odeur comme la votre. Elle est particulière. »

« Hum ? »

Les mots de la louve le laissèrent sans voix un instant. Le jeune professeur n’était pas habitué à ce qu’on lui parle de son « odeur », c’était déroutant comme question, même pour lui. Il était capable de percevoir les émotions négatives ou non chez les individus, voir même parfois l’aura de certaines personnes mais son pouvoir de perception s’arrêtait là. Il ne rivalisait pas avec l’odorat des lycans et des vampires, réputé infaillible. Passé l’incompréhension, il chercha une réponse à lui donner. Une réponse qui pourrait à la fois satisfaire son interlocutrice et lui-même.

« Cela ne me surprend pas que vous n’ayez jamais senti quelqu’un comme moi, ceux de ma race ne sont pas réputés pour être nombreux. On les nomme Lightness, des êtres de lumières mais contrairement à eux, je ne cherche pas à répandre le bien, au contraire et vous avez pu en admirer la détermination. »

Que penserait-elle de son discours ? Il n’était déjà pas courant de rencontrer un Lightness mais que celui-ci se range du côté des Rebelles, cela en étonnerait plus d’un. Jilan reconnut qu’il avait bien fait de montrer sa prise de position avant de dévoiler sa véritable nature sinon la louve aurait pu se méfier de lui. Ils avaient dépassé depuis longtemps le lieu du meurtre –parce que s’en était bien un- et le jeune professeur constata que le jour déclinait trop rapidement à son goût. Bientôt ses pouvoirs diminueront de façon consternante et il ne pourrait pas satisfaire la demande de Kyarra. Il quitta soudain l’avenue dans laquelle ils se déplaçaient pour une petite ruelle adjacente, sans même s’assurer que la jeune femme le suivrait. Il savait par instinct, si on pouvait l’appeler ainsi, qu’elle allait lui emboiter le pas. La curiosité d’une femme, même malsaine comme celle du Lightness, ne se rassasiait pas aussi facilement. Tandis qu’il marchait, Jilan n’avait pas lâché l’orbe lumineuse. Sa luminosité croissait au fur et à mesure que celle environnante diminuait. Bientôt, elle pourrait faire office de lampe torche. Mais son but premier n’était pas là, le jeune homme le savait que trop bien. Au bout de la ruelle, ils découchèrent dans un quartier plus tranquille que le précédent. Les alentours étaient déserts, à l’exception d’un square qui trônait au milieu de la place. Plusieurs enfants de tous les âges s’amusaient à s’y poursuivre en braillant. S’il supportait avec difficultés les quelques bavardages d’étudiants pendant ses cours, les cris aigus des bambins insupportèrent le Lightness qui fit la moue en les entendant. Puis l’idée germa dans son esprit et c’est avec un cruel sourire qu’il se retourna enfin vers son interlocutrice :

« Vous aviez dit plus tôt qu’une seconde démonstration ne serait pas de refus ? Vous voyez cette sphère ? Je peux la faire exploser d’un claquement de doigts. Tentée ? »

Après s’être assuré que personne n’était présent dans les parages –les témoins n’étaient bons qu’à vous attirer des ennuis- il s’approcha silencieusement du square. Chose étonnante, les enfants n’étaient pas sous la surveillance de leurs parents. La raison était sans aucun doute, le calme presque surnaturel qui régnait dans le quartier. Pas une voiture ne circulait et les passants préféraient se regrouper dans les allées plus vivantes de la ville. Il faisait encore jour, quoi de plus normal pour des enfants de s’amuser dans un square ? Alors qu’il se rapprochait des bambins intrigués par sa venue, Jilan s’arrêta à quelques mètres d’eux –distance de sécurité parait-il- et profita de leur naïveté pour envoyer l’orbe dans l’estomac de l’un d’entre eux. Loin de rebondir face à l’impact, la sphère s’enfonça à l’intérieur du corps de la victime. Cette dernière ne comprit et ne comprendrait jamais ce qu’il lui était arrivé. Un claquement de doigts résonna dans la place devenue silencieuse et l’estomac de l’enfant explosa, séparant son corps en deux. Ses boyaux se répandirent sur le sol, le sang aspergeant ses camarades qui fixèrent horrifiés, le corps mutilé de ce qui fut auparavant leur ami. L’horreur et l’incompréhension se lisaient sur leurs visages mais pas un son ne sortit de leurs bouches. Resté dans le périmètre de sécurité, Jilan étira longuement ses bras avant de jeter un œil en direction de la louve.

« Vous ne voudriez tout de même pas laisser pareille torture psychologique à des enfants innocents n’est-ce pas ? S’ils survivent, ils devront porter ce fardeau toute leur vie. Je m’en voudrai de leur infliger cela. » lança t-il avec un ton qui ne trompait personne sur ses réels sentiments.

Message par Invité Lun 8 Oct - 2:43

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    Alors qu’ils étaient main dans la main, Kyarra dévoilant sa véritable nature, elle pu voir quelque chose passer sur le visage de Jilan. Elle aurait dit de la surprise ou une interrogation naissante. Peut-être les deux. Etait-elle le premier lycanthrope qu’il croisait ? Le premier à se dévoiler de la sorte ? Ou simplement le premier à transformer une partie de son corps à volonté ? Elle laissa toutes ses questions en suspends. Elle n’aurait rien à gagner à le lui poser, elle passerait plutôt pour une femme un peu trop curieuse. Bref, elle avait lâché la main de l’étranger et elle commença à faire revenir sa main –patte- à la normale. Le processus était plus rapide dans ce sens que dans l’autre. Puisqu’il faut plus de contrôle sur sa bête pour se transformer partiellement. Dans ses débuts, il était fréquent qu’elle perde totalement le contrôle et qu’elle se transforme complètement en loup. C’est un vrai travail sur soi et sa bête. Peut-être qu’elle aurait eu plus de facilité si elle avait trouvé une meute…
    Encore une fois, elle avait divagué. Heureusement, Jilan n’avait pas encore répondu à sa question, elle n’avait donc pas besoin de lui demander de répéter et ainsi lui avouer qu’elle était perdue dans ses pensées. Snober des inconnus est assez mal vu, surtout si vous voulez les recruter. Quelle image elle pouvait donner ! Elle se désespérait toute seule.

    Jilan ne répondit pas immédiatement à sa question. Souhaitait-il garder sa véritable nature secrète et donc il était en train de chercher une explication plausible à donner à son interlocutrice ? Si c’était le cas, sa méfiance remontrait d’un cran à son égard.
    Non, il fini par lui répondre. Peut-être cherchait-il simplement les termes à employer avant de parler. Kyarra arrêta de marcher pendant quelques secondes lorsqu’elle entendit ces paroles. C’était un Lightness ? La race même qui a tué la Darkness au profit du bien de la ville pendant les Trois Jours Sombres ? Quand elle se remit en marche, elle stoppa sa remise à la normal de sa main. Pourquoi ? Même si elle avait pu voir qu’il n’était pas comme ceux de son espèce, qu’il pouvait tuer sans véritable remord, cette petite vérité toupina la louve. Elle ne connaissait pas grand-chose sur cette race, le peu qu’elle savait était ce qu’elle avait lu dans les papiers de Fisher. Mais, elle pensait avoir réussit à cerner cette race et son opposé. Elle avait cru lire que les Lightness étaient là pour le bien du monde, au contraire des Darkness qui ne souhaitaient que chaos. Avait-elle loupé un chapitre ? Jilan faisait-i parti d’une exception ? Si c’était le cas, sa nature d’être de la lumière, comme il le disait, ne risquerait-elle pas d’entraver ses actions ? Elle avait en quelque sorte eut sa réponse, puisqu’il avait tué un homme sans raison apparente. Mais c’était un sujet assez important pour qu’elle prenne la parole à la suite de ses dires.

    « Comment pouvez-vous être un Lightness et ne pas vouloir de la Paix ? Ne devriez-vous pas plutôt œuvrer pour elle ? J’ai dû mal à vous cerné maintenant. »


    Kyarra se tue alors. Avouer une deuxième fois qu’elle ne comprenait pas quelque chose était bizarre, même pour elle. Mais elle ne pouvait pas non plus laisser ce genre de problème sans essayer de les résoudre. Pas si elle souhaitait le recruter, elle devait pouvoir savoir qui elle engageait dans leur rang. Pas toute leur histoire, ni même leur rêve ou toute sorte de connerie similaire, mais elle devait pouvoir connaitre leur identité, leur position, leur façon de penser, qu’ils ne se retrouvent pas trahit par un de leur jeune recrue.
    Alors que Kyarra réfléchissait à ces paroles et surtout à sa démonstration, Jilan quitta la tue principale pour pénétrer dans une plus petite. Elle se demanda rapidement s’il n’essayait pas de lui tendre un piège, maintenant qu’il lui avait dévoilé ce qu’il était. Mais ça ne tenait pas vraiment la route, à moins que l’homme qu’il ait tué ne le soit pas réellement.
    Ils débouchèrent enfin sur un autre endroit. Les poils de la louve se hissèrent sur ses bras lorsqu’elle entendit les cris aigus des gamins. Elle n’aimait pas du tout les enfants, les trouvant plus inutiles qu’autre chose. Bien qu’ils puissent faire office de dîner, mais ça, tous les humains le peuvent.
    A part les gosses, la place était vide et elle aurait pu être calme sans leur présence. Elle se demanda ce qu’il pouvait bien avoir à faire dans un endroit pareil. Il était prof, avait-il une femme et un gamin pour continuer de cacher sa véritable nature de tueur ? Elle trouverait ça très bizarre et sournois, mais pourquoi pas.
    Jilan reprit la parole en lui rappelant l’unes des siennes, celles à propos d’une deuxième démonstration de ses pouvoirs. Elle hocha machinalement la tête pour lui signifier qu’elle s’en souvenait. Elle arqua un sourcil quand il parla de faire exploser sa petite boule juste en claquant des doigts. Mais pourquoi pas ? Après tout, elle ne connaissait rien des pouvoirs des Lightness, et encore moins le sien.
    Elle hocha une seconde fois la tête pour lui faire comprendre qu’elle était partante pour une seconde démonstration. D’une, elle était toujours intrigué par son don. De deux, même si ça l’étonnait, elle pouvait toujours comprendre le fonctionnement, et en cas d’affrontement, il vaut mieux savoir ce que l’on a en face de soi pour parer.

    Kyarra regarda alors la petite sphère qu’il n’avait pas lâchée depuis qu’il l’avait faite apparaitre. Jilan jeta un coup d’œil aux alentours, et quand il vit qu’il n’y avait personne hormis les enfants, il passa à l’action. Il s’approcha du groupe de gamins qui s’était arrêté de jouer. C’est alors que la louve vit la sphère voler en direction d’un des petits, pour pénétrer dans son estomac, comme si elle avait traversé un simple filet d’eau. Quelques instants après, Jilan fit claquer ses doigts, et chose surprenante, la victime se fit couper en deux. C’était à la fois spectaculaire et étonnant, qu’une si petite chose puisse faire autant de dégâts.
    La scène qui se dessina sous les yeux de Kyarra lui fit monter l’eau à la bouche. Cette odeur de sang qui commençait à emplir le lieu, la couleur de ces entrailles répandues sur le sol et sa transformation qui était toujours bloquée, elle n’allait pas rester sage très longtemps.
    C’est à ce moment que Jilan reprit la parole. Lui proposant clairement de s’occuper des enfants qui restaient, qui ne bougeaient pas tellement ils étaient terrifiés. La louve fut alors parcourut de spasme, premier signe que sa transformation allait débuter. Elle ne se préoccupa pas de savoir s’il y avait des témoins, de toute manière, ils ne verraient plus qu’un loup noir pour simple tueur. Quant à sa forme humaine, elle ne sortait pas vraiment de la normale pour qu’on se rappelle d’elle à 100%.

    Elle commença alors à laisser place à sa bête. Ses os se brisèrent pour prendre la forme et la place que doivent avoir ceux d’un loup, sa peau se couvrit de poils sombres et ses vêtements craquèrent au fur et à mesure qu’elle se métamorphosait. En peu de temps, la jeune femme laissa place à un loup imposant noir. Contrairement à ce qu’elle avait pensé, les gamins ne s’enfuirent pas en la voyant. C’était à la fois pratique -ils n’allaient pas se disperser et attirer le regard de quiconque- mais aussi vexant, elle n’était donc pas si effrayante que ça. Tant pis l’odeur de sang dans les parages l’empêchait de leur en vouloir plus que ça. Il y avait trois autres gamins, Kyarra se rua alors vers le plus près. Elle l’attrapa aux chevilles par ses crocs et le fit ensuite tomber. D’un coup de griffes violent, elle lui lacérer la gorge, de sorte qu’il meurt doucement mais en silence, elle reviendrait à lui s’il était toujours vivant. Elle se dirigea ensuite vers le seconde enfant, le chopant à l’estomac par les crocs, elle le mit à terre comme le précédent, mais elle lui arracha la peau, de façon à ce que ses intestins pendent de son corps. Au moment où elle le vit ouvrir la bouche pour hurler, probablement, elle lui mit un coup de patte brutal qui lui rompit le cou. Elle sauta ensuite vers le troisième et dernier morceau de viande sur patte. Il essaya légèrement de s’enfuir, mais il mit beaucoup trop de temps à cela, ce qui permit à la louve de lui tomber dessus rapidement. Elle lui arracha un bras à l’aide de sa puissante mâchoire. Le corps des enfants est le plus facile à briser. Elle lui comprima ensuite la gorge d’une de ses pattes alors qu’elle était en train de manger le membre arraché. Elle s’attaqua ensuite à l’estomac de sa victime, l’éventrant à coup de crocs et de griffes. Elle se nourrit de quelques organes, tel que le cœur, un poumon et le foie avant de voir Jilan.
    Sa bête l’avait complètement oublié et elle aussi. Avalant un dernier morceau de foie, elle se dirigea rapidement vers lui. Si elle ne s’était pas un peu nourrit, elle lui aurait sauté dessus à son tour. Il devait en avoir conscience quand il l’a vit arriver près de lui. La louve regarda le carnage des quatre cadavres et son intelligence humaine fit surface quelques instants. Dans peu de temps, on allait s’apercevoir qu’il faisait trop nuit pour laisser ses enfants dehors, les parents partiront donc à leur recherche. Kyarra prit alors ses fringues dans sa gueule, ne voulant pas les laisser sur place, ils offraient de trop bonne preuve.

    Elle se mit alors à trottiner vers la ruelle opposée d’où ils venaient. Elle ne se retourna pas, mais elle se doutait que Jilan n’allait pas rester sur les lieux.





    Spoiler:

Message par Invité Lun 8 Oct - 15:32

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Le spectacle qui suivit sa proposition, fut à la hauteur des espoirs du jeune homme. Presque aussitôt après qu’il laissa à son interlocutrice le soin de s’occuper du reste, elle n’hésita pas un instant et se métamorphosa en une louve imposante au pelage d’un noir de jais. Etait-ce le sang versé qui la rendait aussi impatiente ? Ou simplement le manque de retenu des lycans dès lors qu’ils voyaient du sang ? Le fait que le Lightness n’avait jamais assisté à une telle scène auparavant, ajouta un cran supplémentaire à sa surprise mêlée à l’excitation. Ce qu’il connaissait sur les lycans, il l’avait appris dans les livres et depuis il aurait donné cher pour voir de ses propres yeux, cette soif de sang légendaire libérée de tout contrôle. Et voici que cette femme le lui offrait sans une once de remords. Elle se jeta sur les enfants restants, trop choqués pour tenter de s’enfuir devant la mort noire qui venait les cueillir. Même s’ils l’avaient fait, Kyarra les aurait très facilement rattrapés. Ils n’offraient qu’une pâle résistance face à la vitesse et à la force de la louve. Aux prises avec la bête qui sommeillait en elle depuis leur rencontre, elle donnait à présent libre court à sa soif de sang, déchiquetant les corps et les membres, s’abreuvant du liquide écarlate, dévorant quelques organes par-ci, par-là. C’était grandiose, magnifique. La jeune femme exprimait tant de violence, cette violence même que Jilan était inapte à exprimer. C’était l’un des inconvénients de sa nature, elle l’empêchait de libérer totalement sa haine à l’encontre de la race humaine. Heureusement pour lui, il était tout de même capable de tuer, seule sa conscience aurait pu le retenir mais cela faisait longtemps qu’il vivait sans cela. Avait-on déjà connu un meurtrier avec une conscience ?

Mais jusqu’où cette soif de sang pouvait-elle aller ? On ne comptait plus les carnages au sein de familles, après que l’un des membres de ces dernières ait cédé à ses pulsions après être devenu un lycan par mégarde. Maintenant qu’il avait réveillé la bête de la jeune femme, comment allait-elle réagir vis-à-vis de lui ? Maintenait-elle suffisamment de contrôle sur elle-même pour ne pas s’en prendre au Lightness ? Car si cela devait arriver, celui-ci ne se laisserait pas démembrer aussi facilement que les gamins. Il espérait secrètement ne pas en arriver là, Kyarra l’intéressait trop pour qu’il soit obligé de la tuer si jamais elle venait à perdre totalement le contrôle. A supposer qu’il le puisse, il venait tout juste d’avoir un aperçu de ses capacités physiques et elles n’étaient pas des moindres. Même lui qui possédait des habilités supérieures aux humains, il ne faisait pas le poids face à la force de la lycane. C’était ce que ses yeux exprimaient lorsque son regard croisa celui jaune orangé de l’animal tandis qu’il se rapprochait du jeune professeur, demeuré immobile pendant le massacre.
Cependant, quelque chose sembla frapper l’esprit de la louve noire et elle changea de direction après un bref moment de réflexion. Cela surprit encore un peu plus Jilan. Vraiment, cette femme devait être très forte, et pas seulement physiquement, pour garder un semblant de lucidité même après avoir revêtit sa forme animale. Il se promit de le noter dans un coin de sa tête. Il faisait confiance à Kyarra mais il comprit qu’il ne lui faudrait pas pousser sa chance trop loin. Il observa, mi-amusé, mi-admiratif, la louve se saisir de ce qu’il restait de ces vêtements avant de lui emboiter le pas. Lui aussi avait compris à la lueur déclinante du jour, qu’ils ne devaient pas trainer dans les parages. Bientôt, on s’inquièterait du retard des enfants et des recherches seraient lancées. Mieux valait ne pas se trouver sur le lieu du crime pour éviter d’avoir à se justifier. Le jeune professeur savait bien qu’il serait difficile pour le Cercle de l’inculper du meurtre des gamins, aucune preuve ne permettait d’affirmer qu’il les avait déchiquetés comme des poupées de soie. En cela, son pouvoir se montrait doublement utile. Il tuait en toute discrétion. Il rejoint en quelques pas la louve et sans lui laisser le temps de réagir –sous cette forme, il doutait qu’elle puisse lui répondre quoique ce soit- il applaudit, un grand sourire étirant ses lèvres.

« Magnifique ! Je ne m’étais pas trompé lorsque je vous avais dis que vous seriez charmante recouverte de sang humain. »

Pouvoir affirmer une telle chose était en soi, encore plus agréable que de savourer le massacre de quelques enfants d’humains. Ce n’était pas tous les jours que l’on rencontrait quelqu’un capable d’une pareille sauvagerie et en parler librement avec la personne concernée. Quelque part au loin, on entendit les sirènes des ambulances. Elles venaient certainement pour l’homme que Jilan avait abattu froidement dans l’avenue adjacente. Et dire, que lui et la jeune femme avaient eu le temps de tuer quatre autres enfants pendant ce laps de temps. Pas étonnant que le taux de mortalité soit si élevé dans cette ville… L’espace d’un instant, il hésita à les contacter avec son téléphone pour les avertir des heures supplémentaires qui les attendaient dans le petit square mais il abandonna cette idée. Ce n’était pas le moment de faire dans l’humour, après ce qu’il venait de se passer, il valait mieux pour les deux complices de faire profil bas pendant quelques temps. D’autant que Kyarra était toujours sous sa forme de louve. Malgré l’obscurité naissante, elle passerait difficilement inaperçue, bien trop grande pour être confondu avec un chien errant. Le Lightness ne savait pas quand elle se déciderait à reprendre forme humaine mais à la vue de ces vêtements, réduits à l’état de haillons, il doutait qu’elle puisse se balader dans cette tenue et encore moins, en tenue d’Eve tout court. Bien que la perspective de la découvrir nue l’enchantait, il choisit la solution la plus correct qui s’offrait à lui :

« Vous ne pouvez pas rester sous cette forme, vous êtes trop facilement repérable. Mon appartement n’est plus très loin, que diriez-vous de vous changer là-bas ? Nous pourrions y poursuivre notre conversation. A moins que vous n’ayez eu les réponses à vos questions… ? » demanda t-il sur un ton qu’il voulait neutre.

A cet instant, il avait mis de côté les arrières pensées qui l’avaient assailli quelques minutes plus tôt. En toute honnêteté, il voulait simplement se montrer le plus agréable possible et il ne lui était même pas venu à l’esprit de laisser Kyarra dans cette situation. Peut-être que la louve n’envisageait pas les choses sous le même angle que lui, peut-être qu’elle pourrait disparaitre sans que nul ne la remarque mais le Lightness voulait tenter sa chance. A ses yeux, cette rencontre n’était pas encore terminée, il voulait connaitre un peu mieux la personne à qui il avait affaire. Une charmante jeune femme comme elle ne le laissait pas indifférent.

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