| par Invité Ven 17 Aoû - 1:09
| Néro, soudain grave, avait l'air decidé à me ramener à moi même. Tanis que mes poings fermés avec fureur laissaient échapper un nuage de fumée blanche. Je l'écoutai, ravalant ma fureur. Lui balancer à la figure n'aurait servi qu'à rallumer le feu, et même si j'en crevais d'envie, ça n'aurait pas servi à grand chose. Je lui avais déjà envoyé mes arguments, je pense qu'il avait comprit. Ses mot firent fibrer en moi un petit filement qui s'était accriché et avait résisté à la tornade qui avait précédé. Cette fois, ses paroles avaient un petit air de vérité qui se profilait. Et si cette crise monumentale était nécessaire pour que tout redevienne normal entre nous, comme si cette humaine n'avait jamais existé ? Grâce au lien mental, je découvris un champ de mines. Il était bouleversé, lui aussi, et son âme était ravagée. Pouvais-je, a moi seule et à la seule force de ma colère, faire plus que bouger des montagnes, détruire un être ? Non, pas lui ! C'était bien de Néro, le vampire de 500 ans qu'on parlait, pas de n'importe quel homme ! Ce que je vis me fait l'effet d'un coup de poing à l'estomac, envoyé par un lycan d'une fureur sans nom. La pause qu'il fit dans son flux de paroles me laissa le temps de me remettre et de me redresser, pour me camper fiérement sur mes jambes, alors que mon visage était plein de poussière et de traînées de sang séché. Mes cheveux, d'habitude si soyeux et brillants, étaient emêlés et pêle-mêle, alors que sur mon front, la plaie avait cicatrisée. Mon corps se reconstruisait petit a petit, tandis que mon âme reprenait sa ronde. Mais mon coeur avait bien du mal à en faire autant. Le trou béant qui m'avait habitée et dévorée toute entière pendant un instant était en train de disparaître, mais je me sentais vide. La déclaration de Néro avait beau recoller certains morceaux, d'autres manquaient toujours à l'appel. Les morceaux de mon être les plus importants, sans lesquels je n'étais rien. L'émotion et la tristesse avaient gagné Néro, mais il se retint, ainsi que des larmes d'un rouge d'ancre qui auraient sans doute coulé de ses propres yeux s'il avait laissé place entière à ses sentiments. Il s'approchait peu à peu de moi, tremblant, mais sa voix restait claire et limpide. Malgré le fait que sous e coup de la colère, j'aurai pu lui faire beaucoup de mal, il continuait à me faire confiance. Je sentai que s'il avait du le faire, il m'aurait confié sa vie. Même sous mon regard toujours empli de haine, il s'approcha de moi. Il essayait de me faire comprendre que ses sentiments étaient bel et bien sincères. Les mots ne m'apaisant nullement, il prit mon visage entre ses doigts, pour déposer sur les lèvres un baiser d'une tendresse et d'une douceur incomparables. Dans mon esprit défilèrent alors tous les instants les plus précieux que j'avais partagé avec lui: la première foi où je lui avait confié mon corps et mon âme pour la première fois, les baisers échangés, les étreintes partagées, les caresses données... La tension dans l'air était phénoménale et toute la montagne se mettait à présent à trembler. Les yeux fermés pendant le baiser, je sentis deux larmes de bonheur s'échapper de mes paupières closes. Quand Néro rompi l'échange, un titansque éboulement eut lieu. je n'eus pas le temps d'intervenir que déjà Néro me poussait sur le côté pour me mettre à l'abris. Criant son nom alors qu'il était envahi par les rochers, la voix soudain emplie de désespoir, je me fis à dégager un à un les rochers, pensant un poids gigantesque, mais mes sentiments décuplaient mes forces, m'aidant à dégager un corps inerte de l'amas de roches. Je m'assis par terre, la tête de Néro entre mes genoux. Je l'implorai de se réveiller, quand je me souvins qu'une bouteille de sang trônait dans mon sac. je l'ouvris alors, rendue maladroite par l'empressement. j'en tirant finalement et en fis sauter le bouchon, pour porter le goulot aux lèvres de Néro. Un filet de liquide rouge s'échappa alors de la bouteille et fit doucement revenir Néro à lui. Une fois plus en vie, je refermai la bouteille et la jetai au fond du sac, ordonnant à Néro d'un ton sans appel:
-Mord moi ! Maintenant !
Je fermai les yeux, attendant la double piqûre, qui n'allait plus se faire attendre très longtemps. Je me fichais de la douleur et de tout le reste, ne m'importait plus que la senté de Néro. recevoir un tel choc, même pour un aussi vieux vampire, allait lui causer de très graves séquelles si on n'agissait pas vite et de manière efficace. Même si le sang de la bouteille l'avait ravivé, il n'était pas suffisemment fort pour lui redonner sa puissance. |
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