Avventura
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Message par Invité Sam 26 Jan - 18:32

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C'était le début du weekend, tôt le matin. Dans les grands immeubles de la ville comme dans les petites maisons, les paupières de nombreux habitants commençaient probablement à s'ouvrir, alors que celles des travailleurs nocturnes se fermaient lentement. Les rues étaient encore calmes et vides; on y entendait le bruit des stores qui s'ouvraient, de certains véhicules qui rentraient à bon port, on y croisait quelques personnes matinales revenant de chez le boulanger. Dans le ciel quelques nuages filaient de manière fugace, comme pour signaler leur présence aux quelques curieux qui regardaient vers le haut. Le sol était lui recouvert d'une fine couche de neige, encore blanche et généralement immaculée, non soumise au flot quotidien et inlassable de chaussures qui se déversait dans les rues.

Sur le trottoir d'une petite rue, un jeune homme marchait d'un pas hésitant; même s'il avait foulé le sol de l'Avventura de nombreuses fois - et principalement de nuit - c'était aujourd'hui un but différent qui le guidait, un état d'esprit nouveau, l'espoir de lendemains meilleurs et plus généreux. Sous les fins flocons de neige qui tombaient encore, enveloppé dans un manteau noir emprunté à son hôte, il cherchait en cette journée naissante quelque chose de nouveau pour sa vie, il cherchait une raison. Après avoir plongé ses mains vers le fond de ses poches, il tourna sur la gauche tout en songeant à ce qu'il pouvait bien faire.

*Tellement de temps à subir ces souvenirs...il est temps que je fasse quelque chose..* pensa-t-il. *Je devrais trouver un travail..au moins je pourrais lui rendre tout ce qu'il m'a donné sans rien demander en retour..*

L'idée était bien là: trouver un travail et repayer sa dette envers l'inquisiteur, cet étrange personnage qui l'avait recueilli chez lui. Mais l'élémentaire n'avait pas la moindre idée des démarches à suivre pour trouver un travail; il ne savait rien des diplômes et des qualifications, il ne savait pas ce qu'étaient les obligations et la hiérarchie, ce qu'étaient les patrons et les employés. Il avait bien cherché dans les livres de son hôte, mais toutes les informations du monde ne s'y trouvaient pas et ainsi c'était principalement de quelques ouvrages de philosophie et de médecine qu'il avait pu tirer quelques connaissances.

Il commença à parcourir son environnement du regard en cherchant par où commencer, ne sachant pas trop s'il existait un endroit où demander du travail où s'il fallait démarcher directement dans les boutiques, dont les vitrines étaient maintenant ouvertes et où les employés s’affairaient à diverses tâches en prévision de l'arrivée des futurs clients. Il se rendait une fois de plus compte de la complexité du monde dans lequel il vivait désormais, de ce que les vivants - comme il se plaisait encore à les nommer parfois - étaient obligés de faire chaque jour de leur existence. Il soupira doucement, peiné par sa situation actuelle; il était venu au monde pour sauver ses bois mais ses pouvoirs s'étaient avérés insuffisants. Son ancien intérêt pour le monde tout entier n'était plus limité par les obligations de son devoir; malheureusement toute cette liberté qui s'offrait à lui le laissait sans trop de vigueur, car après tout il s'était rendu compte que lorsqu'on obtenait les choses souhaitées on ne les désirait déjà plus. Il continua à marcher pendant un instant, plongé dans ses pensées et regardant toujours d'un œil distrait tout ce qui l'entourait. Quand il s'arrêta soudainement. Il releva la tête, étonné, puis revint en arrière pour s'en assurer. Les flocons de neige continuaient de tomber alors que le regard de l'élémentaire tentait de comprendre cette étrange sensation qui s'insinuait dans son esprit.

*Qu'est-ce que.....?*

L'endroit ne lui semblait pas inconnu. Il avait au fond de son être la sensation d'être déjà venu, pourtant il ne se souvenait pas avoir déjà emprunté cette allée au cours de ses nombreuses promenades nocturnes. Il remonta un peu les mitaines qu'il portait et qui étaient un peu trop grandes pour ses fines mains, tout en regardant le chat noir peint au-dessus de la porte d'entrée. Attiré par un son, il tourna la tête vers une enseigne qui dansait légèrement sous l'impulsion d'un discret courant d'air, puis se dirigea vers la vitrine. Finalement il ébouriffa  d'un geste délicat ses cheveux blonds comme pour se remettre les idées en place, puis fit coulisser ses mains sur la surface de pierre avant de les poser sur la vitrine, regardant les livres anciens qui s'y trouvaient et l'intérieur de la boutique.

*Mais quand est-ce que...?*

Message par Invité Sam 26 Jan - 20:44

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Amarra était rentré tôt la veille pour pouvoir s'occuper de sa boutique. Elle avait veillé tard dans son antre afin de ranger, classer, ordonner et surtout de s'abreuver de ses nombreux trésors. Elle avait pris soin de les caresser lentement comme une mère peut le faire auprès de son enfant endormis sauf que pour notre libraire, elle n'avait pas un, non, mais des centaines d'enfants à retrouver et à effleurer avec tendresse.
Mais qu'importe pour elle que le temps consacré à ses trésors, l'important était d'aimer ce qu'elle faisait et c'était bel et bien le cas. Ici au coeur de cet endroit confiné, elle avait la sensation de redevenir une simple humaine. Elle n'avait plus la pression de la pierre ni même la sensation que ses émotions n'étaient que torrent en furie. En ces lieux sacrés pour elle, elle y retrouvait la paix et même parfois le bonheur dans son état le plus élémentaires : celui d'être chez soi et auprès de ce qu'on aime.
Et c'est au coeur de ses livres que, tard dans la nuit, elle est parvenu à s'endormir comme une enfant, le coeur léger et l'esprit en paix.

Ce n'est qu'au petit matin que la jeune femme perçut les bruits de la ville comme pour la rappeler à ses devoirs. Lentement elle se redressa puis alla se laver, sans même vérifier l'heure. Elle enfila ensuite une tenue tranquille qui se résumait à un jean et un débardeur noir où un crâne orné d'une rose était représenté, souvenir vague de son adolescence rebelle. Puis elle descendit en bas quand des bruits de pas lui parvinrent, léger et furtif. Son audition fine lui semblait parfois exaspérante tellement elle était sensible pour un rien. Ignorant le passant qui marchait dehors, elle rentra dans la réserve et augmenta un peu le chauffage, histoire que les clients n'aient pas trop froid puis elle alluma les lumières du rez de chaussée et surtout celle de son comptoirs. Elle se saisit alors d'un livre qu'elle avait entamé la veille et le posa délicatement sur le support en bois brut avant d'aller ouvrir la porte d'entrée avec la clef ancienne. Elle vit la neige et se dit que finalement elle serait surement la seule à lire ici aujourd'hui mais quand elle tourna ses prunelles vers la droite, elle vit alors un jeune homme qui se tenait près de la vitrine.
Il semblait surpris et Amarra constata qu'il avait fait des marques sur la vitrine, la buée de son souffle formant une auréole opaque. Pourtant elle ne s'en fâcha pas, connaissant mieux que quiconque l'attrait d'un ouvrage sur un homme. Elle esquissa même un sourire au jouvenceau puis, tout en réajustant ses lunettes aux montures noirs et épaisse, lui proposa d'une voix douce :


"Désires-tu entré ? Je viens d'ouvrir."

Elle lui fit un signe d'invitation, lui maintenant la porte sans savoir si réellement il le voulait ou non. Mais en tout cas notre louve ne pouvait nier que le bel inconnu était vraiment attirant avec ses prunelles d'un vert sombre, rappelant les sombres bois de l'avventura et sa chevelure si clair qui contrastait très bien. Elle lui rappelait un peu Thibault en un sens. Il avait cet air un peu innocent et doux bien que chez le damoiseau, cela était plus marqué. Il avait même plutôt l'allure d'un enfant que d'un adulte mais Amarra se demanda si ce n'était pas du surtout à son regard. Elle n'aurait su le dire. A moins que la neige ambiante trompe ses perceptions d'autrui -ou le manque de sommeil aussi...- qui sait ?

Message par Invité Mar 29 Jan - 0:31

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Il continuait de regarder à travers la vitrine, explorant de ses pupilles attentives la boutique plongée dans une semi-obscurité, afin de discerner les différentes formes qui en peuplaient l'intérieur. Tantôt il s'impressionnait en rêvassant, tantôt il jouait de la buée provoquée par son souffle; il ne s'était pas laissé aller à ce genre de comportements depuis bien longtemps et son ancienne innocence lui revenait parfois sous l'apparence de gestes simples de ce genre. Il réfléchissait à cette agréable et étrange sensation qui lui chatouillait le fond de l'estomac. C'était comme s'il était revenu dans un endroit visité des lustres auparavant, pourtant ce n'était pas le cas.

Il fronça les sourcils, cherchant dans sa mémoire si des souvenirs de Calions subsistaient encore et pouvaient lui donner quelques indices. Il ne trouva rien. Avec le temps qui passait de nombreuses informations fuyaient sa conscience; les souvenirs de l'humain s'effaçaient progressivement tout en ne laissant que quelques traces, invitant ceux de l'élémentaire à prendre place définitivement, faisant de lui un être entier et singulier en tout sens. Tout allait si vite.

Soudain une lumière s'alluma et la boutique s'éclaira, lui révélant les reliefs visités du regard quelques instants auparavant. Intrigué il explora minutieusement les livres exposés devant lui, dont il voyait à présent mieux les couvertures. Il avait lors de son isolement apprécié la compagnie des pages de plusieurs ouvrages, qui l'avaient éduqué sur de nombreux concepts intéressants - dont il ne gardait que de vagues souvenirs à cause de leur complexité - et désormais l'idée d'une lecture différente l’émoustillait légèrement. C'était ainsi qu'il reprenait goût à la vie, en s'intéressant peu à peu aux choses simples que le monde et ses habitants pouvaient procurer. Finalement il y avait du bon et du mauvais en chaque chose de ce monde.

Il poursuivait l'examen des œuvres qui se tenaient devant lui quand un lourd cliquetis attira son attention. Il tourna la tête pour se retrouver en face d'une jeune femme au sourire agréable à l'œil, qui l'invita à entrer. Il la regarda quelques fractions de secondes sans rien dire, la sensation étrange qui habitait son corps venait de doubler d'intensité et, sans trop savoir pourquoi, il était intérieurement tout en joie de rencontrer la propriétaire de cette inhabituelle librairie.

"Hmm..oui, avec plaisir." répondit-il.

Il se dirigea silencieusement vers la jeune libraire, tout en continuant à la regarder dans les yeux.

"Merci" ajouta-t-il, en forçant un sourire qui semblait un peu triste. L'habitude du bonheur ne lui revenait que très lentement et il mesurait ses actes avec prudence, tentant peu à peu de se libérer du fardeau lâché sur lui quelques mois plus tôt.

Avant d'entrer il tapa l'un après l'autre ses deux pieds sur le sol, pour ne pas emporter de neige à l'intérieur de la boutique, puis s’aventura pour la première fois de sa vie dans une librairie. La première sensation qui le marqua fut celle du calme environnant. Il en avait l'impression d'être dans ses bois en pleine méditation, comme il l'avait fait par le passé pour affiner la maîtrise de pouvoirs qu'il n'utilisait plus à présent. L'odeur des livres, qu'il huma dès son entrée, était plaisante et l'envie de s'installer dans le premier coin trouvé pour feuilleter un des ouvrages s'installa dans son esprit et dans ses désirs du moment. Ses idées concernant la recherche d'un emploi s'envolaient discrètement pour laisser place à une curiosité renaissante. Il continua sa route, effleurant de la main une des deux tables positionnées au centre de la pièce, tout en se dirigeant vers les escaliers du fond. Il se stoppa devant ces derniers tout en clignant des yeux, puis se tourna vers la jeune libraire.

"Je peux monter?" demanda-t-il innocemment.

Message par Invité Jeu 7 Fév - 6:59

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Amarra tenait la porte d'entrée de la boutique et observait un passant qui avait semble-t-il, pris soin d'embuer sa vitrine en observant les livres. Cependant, en ouvrant sa boutique elle s'était permise de l'inviter à entrer d'une part parce qu'il ne devait pas avoir très chaud dehors et d'autre part parce qu'elle se disait qu'il serait mieux à l'intérieur pour observer ses ouvrages. Ils se faisaient donc tous les deux face, s'observant sans pour autant se sentir gênés.

Puis après ce moment de silence et surement de réflexion pour le damoiseau, ce dernier accepta l'invitation de la libraire et se glissa à côté d'elle pour entrer. Amarra le laissa tapoter ses pieds puis entra à son tour, refermant la porte après avoir pris soin de retourner le panneau. Elle observa alors son nouveau visiteur de dos qui commençait déjà à se faufiler lentement dans les rayons comme s'il s'imprégnait du lieu. Malgré elle, Amarra ne put retenir un sourire. Elle avait la sensation de se revoir là, debout, hésitante comme une gamine. Que le temps passait vite !
Abandonnant là ses souvenirs elle retourna à son travail et alla s'emparer d'une pile de nouveaux ouvrages qu'elle posa sur un petit chariot avant d'entreprendre de les ranger soigneusement.
C'est alors que le jeune homme lui posa une question. La jeune femme se pencha afin de pouvoir le voir depuis son rayonnage puis elle lui fit un sourire bienveillant et répondit :


"Le rez-de-chaussée et le premier sont pour les clients. En haut tu trouveras des sièges si tu désires lire. Il doit y avoir de nombreux livres posé au sol par contre, je te demanderais de les laisser là où ils sont. Je les rangerais après ça."

Puis elle reprit son travail, laissant le garçon poursuivre son exploration. De son côté elle continua de ranger les livres dans la petite boutique, les ajoutant aussi au registre. Il lui fallut surement dix bonnes minutes voir même plus pour finir son rangement. Il faut dire qu'elle ne se pressait pas non plus, après tout les clients ne faisaient pas foule donc elle pouvait se le permettre. En tout cas, une fois cela fait elle monta à l'étage et aperçut le jeune inconnu. Elle s'approcha de lui, curieuse. Il faut dire qu' Amarra n'avait pratiquement que des habitués. Les nouveaux clients se faisait rare, la plupart ne venant que grâce au bouche à oreille. Il faut dire que sa boutique était discrète autant par sa localisation dans la petite ruelle étroite que par sa devanture et sa vitrine à l'ancienne.
Mais elle s'en accommodait fort bien, préférant de loin la promiscuité et le plaisir de l'habitude que la foule et la publicité des grandes enseignes. Elle n'avait de compte à rendre à personne et faisait ce qu'il lui plaisait en terme de commande ou d'ouverture. Mais malgré tout elle devait bien reconnaître qu'elle prenait chaque fois un grand plaisir à croiser un nouveau lecteur qui venait se perdre chez elle. Et même si beaucoup d'entres eux revenaient ici, certains en revanche fuyaient sa Terre promise et secrète. Elle se demandait donc de quelle catégorie figurerait celui-ci.


"Avez-vous trouver votre bonheur ?"

Elle passa près de lui puis s'accroupie pour ramasser les livres posé en pile sur le sol, près de l'un des sièges. Il s'agissait là de son lit de la nuit. Elle avait veillé, feuilletant ses trésors les uns après les autres et ce matin elle n'avait pas pris le temps de les ranger. Elle se rattrapait donc, les prenant un à un et allant les remettre dans les étagères en bois sombre et brut tout en regardant par moment le garçon pour suivre le fil de la conversation.

Message par Invité Mar 19 Fév - 22:16

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"Le rez-de-chaussée et le premier sont pour les clients. En haut tu trouveras des sièges si tu désires lire. Il doit y avoir de nombreux livres posé au sol par contre, je te demanderais de les laisser là où ils sont. Je les rangerais après ça."

Le jeune élémentaire la regarda puis acquiesça, avant de finalement se mettre en route vers le premier étage qui l'intéressait tant. Loin des vitrines et donc des regards des passants, il se sentait moins observé, plus libre. Il posa le pied sur la première marche puis entama sa montée; sous chacun de ses pas le bois grinçait légèrement, comme pour signifier aux livres de l'étage supérieur qu'un visiteur arrivait dans leur domaine et qu'il fallait se tenir prêt à le découvrir, comme le faisaient les tribus nomades quand elles se retrouvaient confrontées à l'étranger (ou plus précisément aux étrangers). Lentement, il gravissait ces dernières tout en portant son regard vers le haut, impatient de découvrir à quoi ressemblait cet endroit, éloigné des regards indiscrets et voyeurs que pouvaient-être ceux des habitants de la ville. Après quelques secondes, toutes accompagnées du glas sonné par les craquements plus ou moins sonores des escaliers, il arriva à destination.

Il enfourna les mains au fond de ses poches et regarda tranquillement dans la salle; tout autour s'alignaient de multiples étagères et les rangées de livres étaient généralement ajustées, attendant d'être touchées et parcourues par les mains des curieux; de nombreux opuscules s'éparpillaient parfois dans tous les sens, priant peut-être pour que quelqu'un vienne pour les choisir et les délivrer de cette caverne aux merveilles. Une lumière douce filtrait et donnait à l'endroit l'atmosphère d'un lieu sacré où les réponses aux questions de l'humanité étaient dissimulées depuis bien longtemps. Tout en continuant d'explorer la pièce d'un regard investigateur, il poursuivit sa marche en passant discrètement et silencieusement d'un coin à un autre, caressant les reliures des ouvrages qui l'encerclaient et détaillant les titres de ces derniers. Tout semblait pouvoir se trouver dans ces archives parfois poussiéreuses qui récitaient des histoires aussi riches les unes que les autres. Derrière lui, les marches entamèrent une fois de plus leur chant et après quelques secondes, la jeune libraire l'interpella.

"Trouver mon bonheur?" répéta-t-il plus doucement. "Je ne sais pas trop." ajouta-t-il en reportant son regard sur les différents rayons devant lui.

Pouvait-on trouver le bonheur aussi dans les pages d'un livre? Lui de son côté n'y avait aperçu qu'une échappatoire à ses problèmes, il s'était perdu dans les lignes, noyé dans les mots; il s'était laissé porter par le flot de phrases et concepts d'œuvres particulières qui dégageaient souvent autant de vie que le faisaient les fleurs en hiver. Non, il ne savait pas trop s'il avait trouvé son bonheur dans cette forêt de grimoires, il n'y avait trouvé que de multiples sentiers qui pourraient l'emmener dans quelques endroits, probablement plus compatissants et charitables que ce monde dans lequel il vivait à présent. Quel chemin prendre? quel route emprunter? quelle voie choisir pour résoudre ses soucis? Tout ce qu'il voulait à présent, c'était se trouver une raison de vivre et une certaine indépendance. Les livres aidaient-ils pour ce genre de choses?

"Il y a tellement de choses à voir..que c'en est compliqué de choisir."

Il tourna encore un peu dans la pièce, passant parfois à côté de la jeune femme qui rangeait les livres posés au sol, toujours en faisant passer d'un air rêveur son doigt sur le bois sombre des étagères. Le contact de ce matériau avait quelque chose de rassurant. Les doigts de son autre main faisaient la course en surfant d'une couverture à une autre; ses yeux jouaient le jeu tout en allant tantôt plus vite tantôt moins vite que ceux-ci. Après plusieurs minutes de recherche, sa main se stoppa sur une couverture différente des autres au toucher.

"Hmm?"

La matière était plus agréable que les autres et il avait un aspect un peu plus ancien que ceux touchés précédemment. Sans le sortir de son rayon, il continua de passer pensivement extrémité de sa main sur la reliure, un peu perdu dans des pensées confuses sur tout ce qu'il avait vécu. Tout en listant les épisodes de son histoire, il se demandait quel type d'univers s'offrirait à lui s'il tirait vers lui cet ouvrage un peu plus gros que les autres.

Message par Invité Jeu 28 Fév - 17:17

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Ses phrases étaient hésitantes comme s'il cherchait son chemin. Oui il semblait perdu, égaré dans ce monde ou plutôt tous ses mondes. Était-ce la librairie ou l'ensemble de notre Univers qui semblait être un mystère pour ce damoiseau ? Elle ne le savait pas vraiment et elle ne cherchait pas non plus à le savoir. Quoique...? Elle l'observait simplement en finissant son rangement. Il avait ces petits gestes des gens qui cherchent à être rassuré. Enfin c'est ce qu'elle pensait mais elle se demandait ce qui pourrait lui plaire comme lecture. Était-il un aventurier, un philosophe, un policier ? Elle mit le dernier livre à sa place puis caressa lentement sa couverture avant de regarder ce jeune homme discret et délicat.
Elle eut alors un sourire et s'en alla, le laissant continuer son errance entre les rayons. Elle savait ce qu'elle voulait, elle n'eut pas à chercher comme lui. Elle retira alors la petit ouvrage et remonta en haut. Elle aimait ce roman et elle se dit que peut être, ce dernier serait utile au jeune homme. Elle s'approcha de lui sans cesser de sourire doucement et lui frôle l'épaule de la main en s'excusant de l'importuner. Puis elle lui tendis un petit ouvrage de poche. Sa couverture représentait les pyramides d’Égypte et l'on pouvait lire sur sa couverture :

"L'alchimiste de Paulo Coelho"

Elle lui remit l'ouvrage en disant simplement.

"J'ignore si c'est votre style de lecture mais je crois que ça vous fera un peu de bien de lire cet ouvrage. Ce n'est pas un pavé mais il y a en ce livre bien plus de réflexion que dans d'autres. J'espère qu'il vous plaira."

Elle eut un sourire à l'égard du garçon puis s'éloigna pour redescendre au rez-de-chaussée où elle alla reprendre le cours de sa lecture derrière son comptoir, laissant un peu le jeune homme tranquille. Après tout elle n'arrêtait pas de l'embêter. Il fallait qu'elle se calme un peu !
Pourtant elle ne parvint pas à se plonger dans sa lecture. Elle reposa donc son livre et alla préparer un peu de thé qu'elle amena sur le comptoir. C'était un thé de Ceylan tout simple mais qui la détendait. Elle aimait son odeur et au coeur de ses livres elle se sentait bien. Elle se servit une tasse et y ajouta un sucre puis, l'esprit désormais en paix, elle reprit son livre et commença à le lire en relevant sur sa tête les lunettes qu'elle avait sur le nez afin de lire à l'aise.

Message par Invité Mar 5 Mar - 15:29

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Toujours plongé dans le vide de ses pensées, le regard du jeune homme fixait la couverture du livre sans trop la voir, sans trop en cerner les détails. Comme à la recherche d'un souvenir il parcourait les différentes expériences vécues par l'élémentaire pour y trouver un sens au passé et un indice concernant le futur. Tant de changements ; les bouleversements étaient si peu nombreux et leur incidence pourtant si étendue. Après quelques secondes, il cligna des yeux et tourna lentement la tête pour voir que la jeune libraire s'était éclipsée pendant qu'il rêvassait. Il continua donc son exploration des différentes œuvres qui se présentaient à lui.

Si d'autres personnes s'étaient trouvées dans la pièce, elles n'auraient probablement remarqué qu'un jeune homme semblable à une ombre, vagabondant entre les bibliothèques ; un esprit fugace et sans consistance aucune. Pourtant, en se plaçant du point de vue de ce discret personnage, les choses étaient bel et bien différentes : il ne se contentait pas simplement de faire grincer le bois sous ses pas, il ne se contentait pas de simplement effleurer du regard les quelques ouvrages qui s'exposaient à lui : c'était en effet tout un monde qui s'offrait à ses yeux innocents. Mais le simple mot « monde » n'était dans cette situation qu'un nom éphémère car, loin de constituer un simple terrain dans lequel l'élémentaire se mouvait, la librairie se dévoilait plus à ses yeux comme un carrefour entre les univers. Car pour chaque livre qu'il y avait dans ce lieu, il y avait aussi un passage ne demandant qu'à être emprunté, une allée vers le monde imaginaire. Il s'arrêta finalement devant un autre livre.

S'il était possible de dresser une carte de ses pas dans cette pièce, on aurait aisément remarqué qu'il tournait en rond ; c'était sa façon à lui de rester en ce lieu. À l'instar d'un animal venant de découvrir un refuge en plein Hiver; l'élémentaire s'était trouvé un berceau, un endroit où même s'il était éveillé le pays des rêves continuait à exister. Plus il restait entre ces rayons et moins il avait envie de les quitter ; l'endroit était chaud et confortable ; l'odeur était agréable et semblait s'immiscer au plus profond de son âme. Une main se posa alors sur son épaule, le tirant hors de ses fantaisies.

"J'ignore si c'est votre style de lecture mais je crois que ça vous fera un peu de bien de lire cet ouvrage. Ce n'est pas un pavé mais il y a en ce livre bien plus de réflexion que dans d'autres. J'espère qu'il vous plaira."

Il dirigea doucement ses iris verts dans ceux de la libraire - qu'il n'avait pas vue venir - comme pour en sonder les profondeurs, puis reporta son attention sur la couverture du livre tout en adressant à la jeune femme un discret merci, qui sonnait plus comme une excuse qu'un remerciement digne de ce nom. Puis elle s'en alla de nouveau et il se retrouva seul, avec un livre à la main. Il le retourna d'abord dans tous les sens pour l'examiner sous tous les angles possibles. Le texture était aussi agréable que celui trouvé précédemment et la sensation des pages qui couraient dans ses mains l'était tout autant.

*Quand on a l'esprit ouvert* pensa-t-il sur l'instant *on peut de façon aisée trouver que la lecture n'est pas qu'un plaisir de l'esprit mais aussi un plaisir du corps.*

Il n'avait aucun argent sur lui – étant donné que son hôte avait souvent offert ce dont il avait besoin – et ne pouvait pas acheter quoi que ce soit. C'est d'un regard désappointé qu'il regardait le livre conseillé par la libraire. Peut-être qu'en attendant il pouvait en feuilleter quelques pages? Il reviendrait plus tard pour le prendre une bonne fois pour toute. À cette intention il chercha autour de lui un endroit pour se poser et remarqua, quelques secondes plus tard, des coussins disposés çà et là sur la moquette. Il décida d'en ramasser plusieurs et de se poser sur un des fauteuils présents dans la pièce, près d'une fenêtre.

Finalement installé, il commença à tourner les pages en les lisant d'un œil distrait. Il était fatigué de ses longues promenades nocturnes des journées antérieures et, ainsi posé, sentait presque le sommeil l'envahir. Par curiosité il se rendit vers les dernières pages du livre et tomba sur une phrase qui l'accompagna dans le monde des songes, alors que fatigué, il laissait l'assoupissement avoir raison de lui tout en s'enfonçant dans le fauteuil.

*...Personne ne peut fuir son cœur. C'est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu'il dit...* se répéta-t-il avant de s'endormir.

Message par Invité Dim 17 Mar - 12:47

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Amarra était plongé dans son livre, se laissant bercer par ses mots et le fil de l'histoire. Elle en aurait presque oublié le fait qu'elle avait vécu des choses toutes aussi incroyable. Elle qui n'avait été qu'une fille minable et oubliée de tous, enfant ignorée et abandonnée de ses parents qui était peu à peu devenue une ombre grâce ou plutôt à cause de son pouvoir. Elle avait eu ensuite une vie banale mais heureuse. La simplicité étant peut être pour certain la clef du bonheur. Elle laissait tout ça derrière elle dans cet univers. Elle n'était plus une histoire, elle était elle. Elle oubliait le reste pour se perdre dans la contemplation de ce monde qu'elle chérissait. Sa passion pouvait presque être qualifié de religion je crois. Après tout n'était-ce pas la chose à laquelle elle s'était rattachée après toutes ses douleurs vécues ? Si je crois. Elle n'était qu'une femme. Après avoir tant perdue je pense qu'elle avait besoin d'une amarre, d'un point d'attache inébranlable et inéchangeable. Les livres étaient des choses inaliénable dans un sens. Un écrit reste tel qu'il est, immuable pour celui qui le lit. Il était l'oeuvre d'un homme ou d'une femme avide de transmettre une part de lui ou d'elle sur ce monde et notre jeune louve avait besoin de ça.

Elle releva la tête pour se saisir de sa tasse et but un verre quand la petite cloche sonna, dévoilant une petit femme rabougrie avec un bonnet sur la tête et un épais châle sur les épaules. Elle trottinait lentement de cette démarche atypique à ceux qui ont vécues une vie ardue et bien remplie et qui sont désormais usé par le temps. Elle s'avança de sa petite démarche jusqu'au comptoir où Amarra avait déjà reposé son livre pour accueillir la cliente.
Cette dernière releva la tête afin de pouvoir regarder la louve en face. Il faut dire qu'elle devait à peine dépasser le mètre quarante-cinq. Malgré son visage criblé de ride et ses cheveux grisonnant dépassant de son bonnet, cette petite grand-mère avait le visage harmonieux et empli de douceur. Amarra aurait voulu avoir une grand mère comme elle. Une femme pleine de bonté et qui émanait la joie de vivre par son regard et son sourire quasi permanent.


"Bonjour bonjour ma petite Amarra ! Comment vas-tu ? Ça faisait bien longtemps que je ne t'avais pas vue ma douce ! Encore ton travail ailleurs hein ? Alala les temps sont durs pour vous les jeunes. Il va falloir vous accrocher mes agneaux avec tout ses rebelles et ses délinquants, je n'ose presque plus sortir. Certes je doute n'être pas très tentante pour un vampire ou une autres créature étrange mais je tiens encore à vivre quelques années... Enfin enfin, ne vous bougez pas pour moi ma petite, je vais aller chercher quelques ouvrages pour mes lectures du soir."

La jeune femme se pencha et lui fit la bise, vieille habitude que la petite grand mère voulait garder entre elles. Puis elle se leva malgré les remarques de la cliente et monta les escaliers, lui laissant le soin de chercher les ouvrages en bas. Elle connaissait malgré tout les goût de Mme Du Val d'Orbray et avait de tête quelques romans à l'écriture imposante qui pouvait lui plaire. Elle les prit donc en constatant que le jeune homme s'était endormi en haut. Elle passa à côté et prit le roman qui commençait à pencher dangereusement pour le poser près du garçon en souriant. Elle posa sa pile d'ouvrage sur une petite table prévue là et monta rapidement à son appartement prendre un plaid avant de redescendre pour le poser sur le jeune homme avant de redescendre en faisant le moins de bruit possible.

Une fois en bas elle remit les livres à sa fidèle cliente et la conseilla en lui proposant une tasse de thé. La vieille femme commença alors à discuter de tout et de rien, échangeant les petits potins du coin bénins, échangeant les nouvelles avec la jeune louve qu'elle connaissait depuis son arrivé en ces lieux. Annie, de son prénom était une femme qui connaissait Amarra depuis bien longtemps et qui l'appréciait depuis le début semblait-il même si je dois avouer qu'elle mentait un peu.... Mais ce sont des petits secrets de femme prudente. Annie était une femme ouverte qui venait régulièrement à la librairie pour prendre des livres. Elle les achetait régulièrement et aimait trouver un petit prétexte idiot pour rester discuter avec la libraire qu'elle considérait comme sa petite fille. Parfois elle venait même avec des repas qu'elle avait fait et les deux femmes était de bonne amies.


"Au faite ma petite Amarra, quand vous déciderez-vous à prendre un gentil garçon auprès de vous ?"

La jeune louve eut un sourire et répondit

"Quand je rencontrerais un garçon gentil."

"Allons bon il y en a pleins partout des gentils garçons ma belle ! Secouez vous un peu et sortez en dehors de tous vos postes à responsabilités. Je pense que vous seriez mieux avec un homme. Moi quand mon Robert m'a quittée j'ai cru mourir ! Mais malgré mes 65 ans ça ne m'a pas empêché de refaire ma vie avec Jean-Jacques. Et même si ce n'est pas aussi fort que mon premier mariage, mon époux me rends heureuse et comblée. Je sais que le petit Thibault était votre lumière mais vous savez il y a plein d'étoiles qui ne demande qu'à être des soleils et vous êtes encore si mignonne. ça me fait mal au coeur de vous voir seule."

"Ha ne vous en faites pas, je prends soin de moi. Profitez donc au lieu de vous ronger les sangs."

La jeune louve prit la main de la vieille femme dans la sienne et la sera doucement dans la sienne. Malgré ce membre froids et osseux elle aimait ce contact avec la grand mère. Une sensation que quelqu'un l'aimait ne serait-ce qu'un peu en ce monde. Ça lui réchauffait le coeur sans qu'elle en comprenne la raison.

Message par Invité Ven 5 Avr - 1:49

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Après quelques secondes pendant lesquelles Elle l'avait observé, Elle s'en alla, le laissant seul devant l'endroit. Ce dernier avait à présent des allures de souvenir lointain ; le temps s'était inlassablement écoulé depuis sa dernière visite et une pointe de nostalgie s'installa dans son cœur. Il se retourna pendant un moment, jaugeant ses pensées et la distance par rapport à l'endroit d'où il provenait, puis devant lui, pour finalement s'engager dans l'allée qui lui faisait face. Il voulait La rattraper et lui poser toutes ces questions qui hantaient parfois ses nuits. Malgré cette hâte qui l'habitait, c'est tranquillement qu'il marchait, avec dans l'âme l'envie de s’imprégner le plus possible de ce lieu qui lui avait tant manqué. Au fur et à mesure qu'il avançait, plusieurs bribes de mémoire passaient furtivement devant ses yeux, comme pour lui indiquer le chemin à suivre. Comme si elles n'étaient que d'humbles murmures, les réminiscences chuchotaient à son oreille toutes ces choses qu'il voulait entendre depuis plusieurs mois : des mots de réconfort, des phrases positives, des espoirs de lendemains meilleurs et des certitudes effacées par les expériences passées. Plus il avançait mieux il se sentait et, s'il en avait eu la possibilité, jamais plus il n'aurait quitté cet endroit.

Guidé par les images fugaces d'un passé lointain, il continuait son chemin tout en ayant l'assurance qu'au bout de ce dernier se trouverait Celle qu'il cherchait. Il inspirait paisiblement, tout en penchant l'oreille pour écouter le silence environnant. Cette quiétude n'était interrompue que par les bruits les plus simples et les plus mélodieux que la Nature pouvait offrir : le chant des oisillons dans les nids, le son du vent dans les feuilles, le bruit des branches fragiles qui, mêlé au froissement des feuilles mortes, semblait vouloir composer une mélodie naturelle et délicate. Mais ce n'étaient pas les seules rumeurs des bois et, pour l'élémentaire de Nature, qui avait presque oublié celui qu'il était, d'autres voix existaient, qui ne demandaient qu'à être entendues. Les arbres communiquaient, les fleurs contaient les aventures de ceux qui passaient dans les allées de la forêt, le pollen racontait ces choses inimaginables vues lors de son voyage jusqu'ici. En somme, c'était paisiblement que le chemin se faisait et l'élémentaire était seul sans tout à fait l'être.

Il inspira profondément tout en ressentant une chaleur lointaine, qui accentua encore plus le plaisir qu'il éprouvait en ce moment même. Tout en étant dehors, il avait la nette sensation d'être confortablement installé. Après s'être arrêté un instant pour prendre le temps de se ressourcer, il continua sa route, zigzaguant le long du chemin. Finalement, après un long moment de marche pendant lequel son esprit s'était vidé, il arriva à destination. Une petite prairie, accompagnée d'un air de déjà-vu, s'offrait à ses yeux. Les arbres semblaient plus sains, l'herbe plus verte, la fraîcheur plus revigorante. Il avança encore pour enfin L'apercevoir. Elle était là, Elle se tenait assise dans une des zones les plus éclairées de la prairie et jouait en caressant les pétales de fleurs. Il approcha et Elle nota sa présence. Toute souriante Elle se releva puis retira sa capuche. Ses cheveux, dans lesquels Elle passa une main, étaient blonds comme le blé ; ses yeux étaient aussi bleus que les océans les plus majestueux de ce monde ; son sourire aussi éclatant qu'un rayon de soleil. Elle était cette personne sans totalement l'être ; Elle était un rêve, un être idéalisé, mais existait tout de même à sa manière. Depuis le début et jusqu'à la fin de cette planète, Elle était et resterait là.

"Maman.." prononça-t-il d'un souffle à la jeune femme, qui se trouvait devant lui et qui semblait avoir son âge.

"Bonjour Vegeo." répondit-elle avec un petit rire "Comment te portes-tu ? Tu prends soin de toi j'espère ?"

"Je …



Une heure venait de passer. Alors qu'une rencontre était sur le point de se faire dans le monde onirique, l'élémentaire ouvrit soudainement les yeux, tiré de sa torpeur par un bruit du monde extérieur. Là, autour de lui, le calme était empereur ; plus présent que jamais; diffus dans chaque coin et recoin de la pièce. Les couleurs chatoyantes calmèrent un instant la détresse du réveil et, accompagné de la douce odeur des ouvrages reposant autour de lui, il retourna dans le domaine de Morphée.



"Je..." prononça-t-il avant de s'interrompre.

Inquiet, il regarda autour de lui. Elle n'était plus là, la forêt non plus. Pour une obscure raison, en quelques fractions de secondes, son univers avait changé. Une pointe de déception traversa son cœur mais il se laissa vite transporter par la curiosité : une personne courant vers lui, passant au travers de lui. Il était fantôme et autour de lui régnait le chaos. Comme une ombre, il glissa çà et là pendant un long moment. Autour de lui les gens criaient, couraient, priaient. Les rues étaient celles de l'Avventura mais l'esprit de la ville semblait en proie à la destruction. Était-ce la fin du monde ?

Il leva les yeux pour se retrouver abasourdi. Là-haut, au dessus des nuages, trois personnes ailées transperçaient le ciel. L'une d'elles était Élisabeth. Impossible de l'oublier. Même s'il ne connaissait pas son apparence, il savait ce qu'elle dégageait et donc, cette aura terrifiante qui émanait des cieux ne pouvait être que la sienne. À ses côtés – étrangement elle ne semblait pas le remarquer – se trouvaient deux autres personnes : un jeune homme et une jeune femme. C'est après avoir tenté de discerner les visages que l'élémentaire reconnu avec stupéfaction la libraire.

Il regarda autour de lui, cherchant un chemin pour s'évader de cet enfer et pour rejoindre les deux individus qui s'étaient désormais posés. Il croisa sur sa route un jeune homme tenant la main d'une personne. Il s'approcha de lui, avec la nette sensation de le connaître, puis il leva les yeux au ciel une nouvelle fois.




"Calions !" s'écria-t-il en sursautant.

Le cœur battant la mesure à une vitesse effroyable ; un léger tremblement musculaire ; un sentiment de panique profond. Il retira la couverture et passa sa main dans ses cheveux en tentant de se calmer. Il regarda autour de lui et nota qu'il s'était laissé emporter par le sommeil, alors qu'il était dans la librairie. Rouge de honte, il remarqua aussi la couverture qu'il venait de retirer en toute hâte, lors de son réveil brutal. Il remonta brusquement sa manche, sentant monter en lui un énorme sentiment de gêne.

*Dix heures ?* pensa-t-il alors que son cœur battait de plus en plus vite. *Quelle maladresse ! Comment vais-je bien pouvoir me présenter en bas maintenant ? S'endormir chez quelqu'un comme ça...*

Il tenta de remettre en place les coussins puis plia la couverture avant de la poser sur un fauteuil. Doucement il se dirigea vers le rez-de-chaussée, tout en priant pour que les choses se passent bien. Il descendit les escaliers tout en se parlant à lui-même.

"Calions...est-ce que c'était toi...?" se répétait-il, alors que ses yeux se teintaient d'un vert plus saisissant, comme ils avaient pour habitude de faire en certaines occasions.

Il avait longtemps cherché des réponses à ses questions, dans les livres religieux ou même scientifiques. Une partie humaine ; une partie naturelle ; deux âmes n'en formant qu'une ; les souvenirs de deux êtres se mêlant pour finalement en créer un troisième. Beaucoup d'interrogations et même pas l'ombre d'une réponse. Il quitta ses pensées alors qu'il arrivait en bas. Aucun client ne semblait présent ; aucun bruit ne filtrait de l'extérieur ; on pouvait remarquer que quelques flocons tombaient à nouveau. Il pencha la tête en cherchant la libraire du regard et en se demandant quel était cet étrange rêve.

Message par Invité Dim 14 Avr - 22:17

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Les deux femmes parlèrent encore puis finalement, la cliente s'en alla après avoir souhaité à la jeune louve une bonne continuation. Amarra lui sourit puis la regarda s'éloigner dans la neige jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'angle d'une rue. La jeune femme releva les yeux vers le ciel gris, regardant le ballet gracieux de ses morceaux de nuages avant de fermer les yeux en sentant l'un d'eux se poser sur son visage. Un léger picotement froid qu'elle ne sentait désormais presque plus. Au contraire elle aimait ça. Elle eut un léger sourire quand elle entendit un bruit dans le magasin venant d'en haut.
Rouvrant les yeux, elle tourna son visage vers l'escalier, affichant un visage impassible. Elle rentra dans le magasin en refermant derrière elle puis regarda les tasses sur le comptoir. Elle prit ses dernières et alla les ranger dans la pièce dont elle se servait comme arrière boutique et salle de pause. Elle posa la tasse de la vieille femme dans l'évier et entreprit de la laver puis remit de l'eau à chauffer et prit une nouvelle tasse sur la petite étagère. Elle se saisit aussi d'une cuillère et revint à son comptoir. Elle posa l'ensemble dessus quand un mouvement la fit tourner la tête. Elle aperçut alors une chevelure doré et un sourire poli vint sur ses lèvres.

"Bien dormi ? Désirez-vous un peu de thé ? Je suis justement en train d'en faire."

La jeune femme n'était nullement fâché, loin de là. Sa librairie était pour elle un sanctuaire avant d'être un commerce. Si ce garçon était parvenu à s'endormir c'est qu'il s'y sentait bien donc que pouvait-elle désirer de plus ? Elle déplaça l'un des tabouret de derrière son comptoirs afin que le garçon puisse s’asseoir s'il le souhaitait et ainsi être à la bonne hauteur. Elle lui fit un léger signe pour l'inviter à s'approcher sans pour autant essayer de lui forcer la main. Après tout le garçon semblait être un timide et la jeune louve ne voulait pas le brusquer. Elle repartit donc vers l'arrière boutique et revint avec la théière qu'elle posa puis sortit plusieurs boites de sachet de thé, laissant ainsi le choix au garçon. Elle prit un thé aux fruits rouges et se servit de l'eau chaude avant de regarder le damoiseau, lui proposant alors de le servir s'il le souhaitait pour ensuite enchaîner en demandant :

"J'espère ne pas avoir fait trop de bruit en montant. Vous sembliez si bien dormir et parfois je peux me montrer si indiscrète. J'espère que vos rêves ont été doux."

Elle le regarda dans les yeux et se sentit bien. Les prunelles du garçon étaient d'un vert qui rappelait la forêt et ses secrets. Elle sentit son coeur s'envoler comme lorsqu'on tombe amoureux. Vous savez ce pincement qui vous tire vers le haut pour vous aspirer vers l'autre. Et bien le regard du garçon lui fit l'effet d'un coup de foudre. Elle resta un moment immobile, perdue dans ses prunelles puis cligna deux, trois fois des yeux et s'excusa en reprenant ses esprit.
Pendant un cours instant elle s'était cru libre au coeur d'un bois, ivre de joie et de bonheur. Elle avait eu le sentiment d'être elle et simplement elle. Sans crainte de perdre le contrôle ni peur de se tromper. Juste elle. Elle s'était sentie bien.

"Excusez-moi j'ai eu un moment d'égarement, pourriez-vous répéter vos propos ?"

Message par Invité Ven 3 Mai - 1:48

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Toujours sur le seuil des escaliers, il était hésitant entre deux choix : d'un côté celui – très inhabituel chez lui – de fuir à l'anglaise et de se faire oublier ; de l'autre celui de rester là et de trouver la libraire, pour s'excuser de son manque de tenue. S'il était à l'origine sans aucune gêne, presque impossible à déranger et encore plus à brider, l'élémentaire s'était peu à peu fait au mode de vie des vivants. Loin de le desservir, cette adaptation était censée l'aider à s'intégrer plus aisément à la société mais l'effet n'était pas celui escompté : il prenait à présent les règles de ce monde beaucoup trop au sérieux et se gênait parfois pour de simples broutilles. Oh bien sûr son naturel ne changeait pas et, s'il tentait encore et toujours de passer inaperçu aux yeux de son entourage, en agissant d'x ou y manière, il ne pouvait s'empêcher de..ne pas comprendre certaines des choses imposées par la "bonne éducation". Les exemples les plus représentatifs de son incompréhension se manifestaient sous diverses formes : ainsi il ne comprenait pas pourquoi on faisait tout un tabou sur la nudité ; il ne saisissait pas pourquoi regarder une personne sous tous ses angles pouvait être si dérangeant – même s'il avait déjà vaguement connu la sensation de malaise que peut ressentir un individu observé en permanence. Beaucoup étaient les petits faits de ce genre, qui tout en semblant acquis pour le commun des habitants, semblaient étranges et sans aucun sens pour l'élémentaire.

Choisissant la seconde option – celle de trouver la libraire pour s'excuser –, il s'avança prudemment à la recherche de celle qui occupait à présent ses pensées. Que lui dire pour expliquer son geste ? Comment lui expliquer quels étaient ses états et ses appréhensions ? Comment dire que ses nuits étaient longues et sans sommeil et que, souvent, il avait connu la paix des songes pendant de très brefs instants uniquement. Bien sûr, et c'était une aubaine, depuis qu'il avait décidé de se prendre en main la situation s'améliorait. Il passait des journées plus intéressantes et tentait de ne plus sortir seulement la nuit ; il s'essayait aux sorties diurnes et à la socialisation ; ce qui lui vaudrait quelques mois plus tard une récompense : plusieurs petits boulots et une vie sociale somme toute plus épanouissante que celle des précédents mois. Après quelques secondes, ils se croisèrent du regard et, tandis qu'un frisson parcourait son échine, Vegeo cherchait pourquoi il avait encore une fois cette saisissante impression de déjà-vu.

*Dans une grande salle je crois..il y avait beaucoup de monde. C'étaient des personnes qui parlaient de quelque chose d'important il me semble.*

Quelques souvenirs extrêmement flous semblaient lui revenir par salves, mais impossible de se rappeler de quelle grande pièce il s'agissait. Outre ce premier souvenir fragmentaire, une autre image cherchait son chemin dans les méandres de son esprit. C'était comme un mirage qui remontait à la genèse de son histoire et qu'il ne pouvait pas distinguer nettement. Son regard passa des yeux calmes et sereins de la libraire à l'enseigne qui pendait dehors. Après quelques courtes secondes il dirigea à nouveau son attention sur la jeune femme, tout en repensant à son rêve et à Calions. Il répondit, hésitant, à la question qu'elle venait de lui poser.

"Je..oui j'ai bien..je suis désolé de m'être assoupi" fit-il sincèrement. "Mais oui je veux bien un peu de thé..merci.." ajouta-t-il en souriant faiblement, comme pour s'excuser une fois de plus.

*Assoupi mon œil..j'ai dormi comme une souche..* songea-t-il soucieusement, cependant à moitié amusé par son jeu de mot. Peu de choses étaient nécessaires pour divertir l'élémentaire de Nature et il se suffisait parfois à lui-même pour ce qui était de l'humour. Héritage du caractère de Calions ou simple trait de caractère ? Nul n'était en mesure de répondre à cette question. Il accepta le tabouret en balbutiant un discret remerciement puis attendit le retour de la jeune femme, qui s’affairait dans l'arrière-boutique. Quand elle revint et qu'elle lui proposa de choisir dans la sélection de thé, il piocha au hasard sans trop s'en soucier : il était plus intrigué par la jeune femme que par la boisson elle-même. Il plongea donc le sachet dans l'eau chaude puis le laissa là, lui offrant le temps de se diffuser convenablement. Il huma encore une fois le parfum de l'environnement, tout en regardant la libraire dans les yeux, puis répondit à sa remarque.

"Ne vous inquiétez pas, je n'ai rien ouï. Cependant, encore une fois je tiens à m'excuser pour ce qui est arrivé. Il est inconvenant de s'endormir de cette manière..". Il hésita un instant puis ajouta "En fait je suis à la recherche d'un travail et, comme c'est la première fois que je me lance dans cette quête je suis assez dérangé..ce qui fait que mes nuits sont occupées par l'inquiétude..".

Alors qu'il continuait de plonger son regard dans celui de la libraire – il craignait de sembler impoli mais la curiosité était plus forte que tout – l'impression de l'avoir déjà vue quelque part se faisait de plus en plus envahissante, à tel point qu'il en venait à se demander si le souvenir était bien le sien, ou si un résidu de la vie de Calions subsistait et se démenait pour revenir à la surface. C'était une théorie d'autant plus alléchante car plusieurs fois il avait vécu la sensation de savoir des choses qu'il n'était pas censé savoir. Ainsi était le quotidien quand on vivait aussi avec les souvenirs d'une autre entité. Décidant qu'il n'avait rien à perdre, il posa une question qu'il n'aurait jamais osé poser à quelqu'un d'autre : une question qui avait quelque chose à voir avec l'origine même de son être.

"Je vais peut-être sembler indiscret mais..à tout hasard, vous ne connaîtriez pas un dénommé Calions ?"

Il attendit quelques courtes secondes, puis la jeune femme s'excusa d'un moment d'égarement. Il lui souria gentiment. Tournant à présent le thé et colorant par la même occasion l'eau dans sa tasse d'une belle couleur, il se fit courage une seconde fois et demanda toujours en souriant.

"Je me demandais si, par hasard, le prénom Calions vous était familier."

C'était un nom peu commun et il avait, sans trop savoir pour quelle raison, l'espoir que la sensation qui chatouillait son esprit était la bonne. Il avait le désir que cette personne, qu'il observait avec une teinte d'affection dont il ne comprenait pas la provenance, était une partie du passé de l'humain : il voulait en savoir plus sur celui qui avait sacrifié son âme, renonçant au repos éternel, pour lui donner une chance d'exister. Le moment était-il venu?

Message par Invité Ven 3 Mai - 21:41

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Toujours aussi lointain et timide ce jeune garçon. Amarra ne pouvait s'empêcher de sourire devant son air penaud de chiot. Sa chevelure clair lui rappelait l'homme qu'elle avait aimé et qui lui avait fait découvrir le monde des livres. Mais ce jeune homme n'était pas Thibault même si parfois son visage avait les mêmes mimiques que son amour décédé.
La jeune femme était douce et distante, laissant le soin à son invité - et non plus son client semblait-il - de prendre ses aises. Ce dernier sembla accepter l'invitation ce qui fit plaisir à ma jeune créature. Ha si vous saviez à quel point elle aime les rencontres ma douce Amarra. Elle le servit et l'écouta s'excuser, avant d'exécuter un geste de la main comme pour chasser un insecte indésirable en disant que ce n'était rien. Elle l'aimait bien et cela ne la dérangeait nullement. Mais bon au moins il avait la correction de s'excuser même si au fond elle s'en fichait. Elle se demandait comment la recherche d'un travail pouvant autant faire souffrir... Il faut dire que la jeune femme n'avait jamais été vraiment malheureuse. Avant d'être dans les livres elle avait voyagé, libre et sans attache. Si elle était dans la misère elle revêtait une autre forme et vivait ainsi sans vraiment souffrir. Ainsi elle n'avait jamais vraiment connu la misère. Pourtant il lui semblait que ce n'était pas la cas du garçon.
En le regardant elle se plongea dans ses prunelles et n'entendit pas la suite de ses propos. Tout en s'excusant elle lui demanda de reformuler et le jeune homme s'exécuta. Le visage de la jeune louve perdit son sourire. Pourquoi cette question ? Sans réfléchir elle lança :


"Qui êtes-vous ? Vous connaissez Calions ?"

Ses prunelles s'assombrirent un peu tandis qu'elle repensait au jeune homme. Non pas sous le coup de la colère mais juste sous la force de ses souvenirs. Oui elle se souvenait de lui. Elle se souvenait de l'arbre, de la plaine, du soleil d'été et du son clair de la source. Elle se souvient de son visage émerveillé par son corps de sirène et ses questions. Elle se souvient aussi de sa peinture, sublime et délicate et du jeune homme qui disparaît, avalé par l'horizon en feu.
Oui ce prénom lui était familier. Un prénom hors du commun pour un être étonnant et rayonnant. Elle sortit de ses souvenirs et leva ses yeux vers le jeune homme.


"Comment va-t-il ?"

La question qu'elle redoute toujours depuis que ceux qu'elle aime "ne vont plus". L'angoisse de perdre encore un lien avec le passé, un lien de ce qu'elle était avant : une fille normal et rêveuse. Pourtant son visage était calme, contenant ses émotions, malgré l'étrange marée qui montait sous le coups de ses souvenirs. Elle n'aimait pas se sentir aussi émotive mais elle savait qu'elle pouvait refouler si elle le voulait. Pourtant en cet instant elle voulait juste savoir ce qui était arrivé à ce garçon qu'elle aimait malgré leur rencontre fortuite d'une après-midi.
Elle prit sa tasse et la porta à ses lèvres avant de dire simplement :

"Je le connaissais. Je l'ai rencontré une fois il y a fort longtemps. Enfin j'ai rencontré un jeune homme qui portait ce prénom. Pourquoi me demandes-tu ça ?"

Message par Invité Dim 19 Mai - 17:29

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"Qui êtes-vous ? Vous connaissez Calions ?"

Dans les tréfonds de la conscience de l'élémentaire, un signal d'alarme s'alluma, dont le son ricochait déjà dans tous les sens. Le ton de la jeune libraire venait de changer et, à en juger par sa teneur, il avait raison : il y avait une possibilité que Calions soit passé par là. Mais était-ce vraiment celui auquel il pensait ? Impossible de vraiment savoir. Si le nom était peu commun il n'était pas pour autant unique. La prudence s'imposait donc. Si dans son regard une lueur d'intérêt non masquée venait de passer, il restait mal à l'aise. Il ne savait pas quoi répondre à la question. Il soupira doucement et reposa sa tasse – dans laquelle il n'avait pas eu le temps de boire. Devait-il lui raconter toute la vérité ? C'était hors de question. Il se souvenait encore de ses confrontations avec les personnes auxquelles il avait tout avoué : elles s'étaient rarement soldées de la meilleure des façons. Il devait donc trouver un moyen de raconter la vérité tout en la masquant partiellement.

"Je suis..un ami à lui Nous nous sommes rencontrés il y a un moment déjà." souffla-t-il. "C'est lui qui m'a parlé de cet endroit."

Peu convaincant. Mais le mensonge avait le bénéfice d'être plus crédible que la vérité vraie. Il baissa les yeux en se demandant quel subterfuge utiliser pour s'assurer qu'ils parlaient bien de la même personne. Il pouvait tenter d'utiliser les principaux indices dont il disposait sur l'humain. Mais, ceux-ci ne concernant principalement que son apparence, ne lui seraient pas d'une grande utilité. Un autre problème dont il n'avait pas conscience se posait : Calions n'avait jamais physiquement visité la librairie dans laquelle il se trouvait et, donc, il ne pouvait lui avoir révélé sa position. Sans le savoir, l'élémentaire dévoilait son imposture.

Toujours silencieux, il observait la libraire. Celle-ci semblait s'être, le temps d'un instant, plongée dans de lointains souvenirs. Lui, de son côté, plongea son regard dans sa tasse de thé, dont la senteur s'élevait lentement sous forme de vapeur. Peut-être que sa curiosité était sur le point de provoquer quelques problèmes : il pensait avoir posé une question de moindre importance, mais la libraire semblait concernée par le sort de l'humain. Que devait-il faire si elle avait un lien profond avec celui-ci ? Dérangé, il se mettait à penser qu'il aurait dû se concentrer sur la tâche qu'il s'était fixée le matin-même : celle de se trouver un moyen de travailler au moins en matinée. Dans la tasse, le reflet de ses pupilles tremblait doucement. Elle demanda alors comment il allait. Il reporta son regard sur elle, faisant une pause de quelques secondes avant de répondre.

"Il va bien. Il ne cesse d'aider les autres, à sa façon. Il y a presque un an, il a décidé d'œuvrer pour une cause..disons..écologique. Reste à voir si le sien était un bon investissement. Les résultats tardent un peu.."

Et c'était la vérité. Arrangée certes, mais c'était sincère tout de même. À sa façon, l'humain allait bien, étant donné que son âme existait encore, en partie ; pour ce qui était de l'investissement, l'élémentaire parlait de lui-même. Non, il n'était pas encore sûr d'être un bon investissement. L'esprit de la Nature et celui de l'humain avait peut-être parié trop gros : seul il ne pouvait pas redonner vie à la forêt corrompue toute entière. Il avait besoin de l'aide d'autres de sa race – voir de celle de races beaucoup plus puissantes que la sienne – pour avoir une chance d'effacer le résultat des actions d’Élisabeth. Les dégâts d'un feu non-naturel ne pouvaient être réparés par la Nature uniquement ; d'autres pouvoirs étaient nécessaires.

Elle porta la tasse à ses lèvres puis posa une autre question. Pourquoi lui avait-il demandé ça ?

*Parce qu'il est mort, que je suis en vie grâce à lui et que l'essence même de son être vit en moi.* pensa l'élémentaire. La réponse, bien évidemment, fut tout autre.

"Il m'avait parlé d'une libraire qu'il connaissait et qui était dans le quartier. Il voulait vous faire passer le bonjour. Comme je n'étais pas certain de l'endroit, j'ai préféré vous demander.."

Y-avait-il seulement une autre librairie dans les environs ? Si elle était la seule libraire du quartier, ses paroles perdraient probablement en crédit : comment pouvait-il ne pas être certain que c'était le bon commerce si c'était le seul de ce genre dans le coin ? Impossible de se corriger maintenant, il devait juste attendre la réaction de la jeune femme. Il se saisit de la tasse pour boire. Le liquide, chaud, coula dans sa gorge, le réchauffant au passage. Une mèche blonde retomba devant ses yeux et il repensa à l'intonation de la libraire lors de sa première question, à la perte de son sourire. Au fond de lui, un autre sentiment était présent, il le sentait. C'était celui de la peur. Il avait peur d'être découvert, de devoir révéler encore une fois qui il était et de risquer de nouveaux drames. Mais il y avait autre chose. Dans son esprit, comme sous la forme d'un souvenir fugace, venait d'apparaître l'ombre d'un animal féroce. L'appréhension gagnait l'élémentaire.

Message par Invité Mar 21 Mai - 20:59

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Plus le garçon parlait plus le regard de la louve devenait froid. Ses sentiments pour l'humain devinrent des ombres sous les mots du garçon face à elle. Des mensonges. Voilà ce que cet humain lui servait sans vraiment savoir que c'était le cas. La méfiance vint à elle et son loup aussi s’immisçait lentement sous le coup de la colère. Elle ne supportait pas le mensonge.
Elle se souvenait de sa rencontre avec lui et de leur paroles. Elle savait ce qu'elle lui avait dit et surtout ce qu'elle ne lui avait pas dit. En revanche le garçon en face l'ignorait.
Amarra posa lentement sa tasse et la décala afin qu'elle ne soit plus entre l'inconnu et elle-même puis elle en fit de même avec le reste de la vaisselle. Ces gestes étaient calmes et contenus. Enfin contenu et vite dit...
D'un coup elle leva le regard pour le plongée dans celui du garçon et là, je suis certaine que le pauvre homme dut voir une colère animal et une faim avide le fixait. Mais il dut ne l'apercevoir qu'une seconde car une main se saisit de son col et le tira violement vers l'avant alors que la louve se reculait dans la pièce annexe au bureau afin de passer à l'abri des regards.
Elle exécuta un demi-tour et plaqua le blondinet contre le mur qui eut un bruit sourd alors qu'au même instant un grondement de haine s'échappait des lèvres de la femme dont le visage n'avait plus rien de doux. Ses pupilles avaient un éclat rouge au coeur du miel comme si au fond d'elle le monstre venait de s'éveiller, ce qui était en effet le cas. L'on pouvait presque se demander comment la situation avait pu changer autant en si peu de temps. Je pense que la meilleure réponse est le mensonge et pis encore, l'impossibilité à la louve de savoir ce qui était advenu de Calions.
Elle serrait le coup du garçon sans se rendre compte de ce qu'elle faisait vraiment, savourant uniquement ses gestes désespérés alors qu'elle lançait d'une voix devenue rauque sous le coup de ses émotions :

"Vous mentez !! Qu'avez-vous fait de lui ?!? Qui êtes-vous réellement ?!? Sachez que je ne supporte ni le mensonge, ni la tromperie !!"

Elle le lâcha d'un coup se rendant compte qu'elle pouvait le tuer d'une minute à l'autre et se recula, heurtant le mur opposé à celui du garçon et frappa la table en bois qui céda sous la violence du coup, éparpillant une lampe et des papiers sur le sol. Puis elle se laissa glisser près de l'entrée et s'assit lentement, tenant sa tête où hurlaient les voix en contenant sa rage. Elle se sentait mal. Son loup hurlait son lot de sang mais sa part humaine avait vu le regard du garçon et lui avait supplié de ne rien en faire. Pas de mort car elle avait déjà vu ce regard semblait-il mais où... Les voix l'empêchaient de réfléchir. Elles aussi voulaient du sang et de la souffrance. La louve serra sa tête en murmurant à voix basse les mêmes choses.

"Non, pas ça, pas encore... taisez-vous... taisez-vous... Pas encore, non pas encore..."

Elle savait qu'un geste du garçon pour fuir, la rendrait à nouveau folle de rage et il ne fallait pas alors elle lança d'une voix qu'elle voulait plus sûre :

"Je t'interdis de fuir. Si tu fuis, je te tuerai. Maintenant que tu le sais, je veux savoir où il est et qui tu es."

La louve reprenait avec difficulté le contrôle d'elle mais les tremblement de son corps et le regard froid et dément qu'elle arborait quand elle leva les yeux vers le garçon indiquait fortement que ce n'était pas des paroles en l'air. D'autre part la louve venait accidentellement aussi de dévoiler une partie de sa nature à un inconnu. De plus il s'agissait d'un inconnu en qui elle ne pouvait plus avoir confiance vu que ce dernier lui avait menti. Comme quoi les apparences étaient trompeuses car ce garçon n'avait rien en lui qui respirait la trahison ni la corruption, bien au contraire. Elle devrais donc se montrer prudente et ne pas le laisser la berner à nouveau.

Message par Invité Sam 1 Juin - 1:54

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Il existe un endroit. Un endroit lointain, plongé dans l'obscurité. Un lieu sacré dans lequel nul être, qu'il soit vivant ou pas, ne peut pénétrer. Au sein de ce lieu, silencieux et obscur, où ne demeure que le sombre, réside une ombre. Cet endroit est perdu et personne ne saurait le retrouver ; personne ne saurait l'éclairer à nouveau. Car c'est dans le vide qu'il est né et, pour toujours, c'est dans le vide qu'il continuera d'exister. Dans sa grande solitude, le résidu de conscience qui habite cet abri désolé a tout de même une chance car, si l'extérieur n'a pas de prise sur l'intérieur, le contraire n'est pas vérifié. Ainsi, dans cette demeure froidement destinée à l'extinction de toute vie, il y a une fenêtre sur le monde du dehors. À travers cette dernière un épais brouillard, duquel parviennent par bribes quelques visions bien floues. Rien d'extraordinaire et pourtant, malgré sa simplicité, l'outil permet au seul habitant de se sentir moins seul. Mais parler de solitude revient à humaniser quelque chose qui ne l'est plus. Parler d'émotions relève de l'euphémisme. Car cette entité n'est qu'un reste, une chose dont l'avenir est tout tracé, une création vieille de dizaines d'années dont le but est celui de s'éteindre lentement mais sûrement. Cette bricole d'un autre temps ne fait qu'attendre, comme plongée dans un profond coma, que la fin arrive et, dans ses rêves, la fenêtre lui permet de voir ce qui autrefois était son monde originel. En ce moment, elle lui permet de voir le visage d'une jeune femme aux yeux d'or. Un visage dont le regard, en une fraction de seconde, se transforme en quelque chose d'autre. Des objets furent déplacés, une intention dangereuse apparut. Soudain, les images s'envolèrent et le décor changea. À ce moment là, le voile d'obscurité qui recouvrait la pièce se déchira: l'autre perdait prise. Un éclair passa et l'entité, qui jusqu'à maintenant ne vivait que pour mourir un jour, vit un chemin se dessiner devant elle. L'autre avait besoin d'aide, il ne pouvait plus revivre ces scènes, il ne voulait plus sombrer. Il renonçait donc, alors que son dos heurtait avec violence un mur. Une fois lâché, le corps tomba à terre et, pendant quelques secondes, toute forme de conscience l'abandonna. Une enveloppe vide restait, uniquement dirigée par l'instinct de survie: reprendre le souffle perdu par le choc, bouger pour ne pas s'engourdir: l'autre venait de disparaître. Mais la fissure était toujours là, le chemin toujours présent, la lumière toujours aveuglante. Alors le résidu de conscience s'éveilla et, profitant de la brèche dans l'esprit de l'autre, s'éleva pour quitter le néant. Son avenir était de quitter l'existence en paix. Pour ce faire il devait s'assurer de la survie de l'autre une bonne fois pour toute. Pour reposer en paix pour l'éternité il devait revenir une seconde fois, sinon l'inévitable se produirait.

...

"Je t'interdis de fuir. Si tu fuis, je te tuerai. Maintenant que tu le sais, je veux savoir où il est et qui tu es."

Le jeune homme inspira brutalement pour ensuite expirer de manière saccadée. La tête lui tournait, les images autour de lui étaient floues, son corps était douloureux. Une douleur fulgurante passa subitement dans son dos, à cause du choc violent contre le mur. Il tenta de respirer lentement, pour reprendre contenance, alors que de l'autre côté de la pièce la jeune femme le fulminait du regard. Quelques secondes passèrent encore pendant lesquelles il tenta de bouger, mais sans succès: son dos lui faisait trop mal. Il pivota doucement la tête vers la droite, puis vers la gauche, pour examiner l'endroit où il se trouvait. La première chose qu'il remarqua, c'était le fait que quoi qu'il arrive, la petitesse de la pièce jouait contre lui. Quelque soit la tentative de fuite, la jeune femme serait sur lui en quelques secondes à peine. Il plaqua son crâne contre le mur derrière lui, ravala sa salive et inspira un bon coup. Ça faisait longtemps. Il déglutit.

"Qui je suis hein?" fit-il d'un souffle faible.

Il remua finalement son dos, doucement. Il resta assis contre le mur, le regard fixé vers le plafond. Il bougea une main, lentement, pour la porter ensuite devant ses yeux. Comme s'il la voyait pour la première fois, le jeune homme la fit tourner, serra son poing, bougea ses doigts, pour ensuite la passer dans ses cheveux blonds. Au fond de son regard, une nouvelle lueur brillait: celle du passé. Il frotta sa chevelure couleur or pour ensuite porter une mèche devant ses yeux. Il haussa les sourcils.

*Ils sont blonds hein?* pensa-t-il doucement.

Il laissa retomber sa main plus bas, se massa les joues, le front. Il fit coulisser ses doigts sur son nez, sur sa bouche, remonta jusqu'aux oreilles pour ensuite retourner vers les cheveux explorés juste avant. Il massa son cuir chevelu pour en estimer la longueur et finalement termina sa découverte de lui-même en regardant son corps assis. Finalement, il bougea ses jambes, adopta une position plus confortable et regarda la jeune libraire. Il souffla d'un air faussement usé, simulant à moitié le trop plein d'émotions. Il se massa le cou et déclara d'un ton quelque peu désintéressé.

"Dis donc Amarra...je vois que tu as troqué tes écailles contre quelque chose de...différent.."

Il inspirait toujours doucement. Il la regarda brièvement pour ajouter.

"Tu n'es plus la biche de cette époque on dirait..."

Il regardait maintenant le plafond, essoufflé. Ses poumons étaient douloureux eux-aussi. Il ne pensait pas devoir un jour revivre une situation de ce genre. Et, en toute franchise envers lui-même, le jeune homme devait l'avouer: il ne pensait pas devoir revivre tout court. Ses membres étaient tous endoloris, comme parcourus de centaines de petites décharges électriques. Il fallait le dire, le retour au monde physique avait des allures de seconde naissance. Il songea à ce temps qu'il lui restait théoriquement à vivre là, dans les profondeurs de l'esprit de l'élémentaire.

*Pourtant cette fois, c'était pas loin. Encore un peu et je pouvais y aller pour de bon..quelle plaie !*

Oui, cette fois devait être la bonne. Il était censé laisser l'élémentaire à son histoire et disparaître définitivement de la surface du globe. Il pensa avec amertume à Saphira Denver, la jeune Darkness qui avait fragilisé l'âme de Vegeo au point de la fissurer de nouveau, sans que ce dernier ne s'aperçoive de rien. Il était là sans être là, s'enfonçant doucement dans le néant le plus profond. Et maintenant il était ici, parce que l'esprit de l'élémentaire s'était brisé devant l'assaut de la jeune femme, préférant fuir dans le déni plutôt que de devoir affronter une nouvelle attaque. Quelque soit la situation, il ne devait pas tarder. La partie naturelle du corps dans lequel il se trouvait risquait de s'éveiller à son tour et là, le drame surviendrait. Sa simple présence était un outrage aux lois de la Nature: sa place n'était pas dans cet endroit, dans ce corps. Vegeo Natus existait parce que son âme était un mélange complexe et mystérieux entre un élément et un esprit humain. Si le mélange était chamboulé de la sorte, Dieu seul savait ce qui se passerait exactement.

Il observa la jeune libraire de la tête aux pieds, se demandant au passage ce qu'il s'était passé dans sa vie. Il se demandait aussi comment lui faire comprendre quelle était la situation - qui était diablement compliquée à comprendre, même pour les grands savants de ce monde. Ses répliques de quelques instants plus tôt avaient-elles donné un indice à la jeune femme? Après tout, une seule personne était au courant de cet après-midi, une seule personne savait des choses à propos des transformations de la métamorphe ce jour là, une seule et unique personne était présente le jour de cette sortie au soleil, avec Amarra. Cette personne, qui revenait de son séjour d'entre les morts pour préserver son héritage, qui se trouvait à présent devant la libraire, dans le corps d'un autre, c'était Calions.

Message par Invité Dim 9 Juin - 11:45

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Un tempête se déroulait en cette instant. Son esprit était un désert noir sous un ciel d'apocalypse. Un sable sanglant s'envolait battant les âmes damnés qui étaient venu investir cet esprit. Monstres impies aux corps difformes qui étaient en partie ensevelis dans le piège mortel du désert. Mais ils étaient innombrables et redoutables. Leurs cris d'agonies en rameuter sans cesse d'autres qui venait à l'assaut de cet esprit. Ils avançaient peu à peu, rongeant les barrière telle une vermine putride. Lente mais efficace.
Au coeur du désert se trouvait l’îlot d'espoir et de vie, dernier bastion d'une âme rongé par le changement. Le désert avait été corrompu. Autrefois sauvage mais animal, il n'était plus qu'aujourd'hui un puits de folie et de mort. Mais là sur cette oasis, rien n'avait été contaminé par la folie et la démence. La tempête ne pouvait l'atteindre, seuls les cris des âmes venaient à ses oreilles. Mais elle était encore là. Une enfant assise près de l'eau claire. Elle n'avait rien perdu de son humanité, elle attendait juste qu'on l'appelle et qu'on la console. Elle avait peur d'elle même, de ses actes, de ses monstres. Elle avait appris à tout cacher pour mieux faire face. Elle vivait ainsi, oubliant presque ce qu'elle avait été par le passé.
Pourtant une voix vint à elle. Et au delà des cris, au delà des souffrances qu'on lui susurrait dans ce vent chargé de ténèbres, une voix du passé revint. Douce et perdue. Une voix venu d'une personne qu'elle avait aimé malgré le court temps qu'ils eurent passé ensemble.
Elle sentit son coeur s'arrêter de battre et soudain les voix se turent car la petite fille venait de bouger. Sa contemplation de l'eau en espérant une délivrance venait de prendre fin. Elle était debout et regardait au delà du désert, innocente et pure mais avec cet éclat dans le regard qui voulait dire qu'elle avait désormais retrouvé un feu perdu : celui de l'espoir.

La louve releva la tête, regardant l'homme qui venait de parler. La surprise pouvait sans mal se lire sur son visage. Sa colère s'envola comme une bougie que l'on souffle laissant place à une surprise non négligeable. Comment pouvait-il connaitre cela ? Son ami en avait-il parlé à autrui ? Non ce n'était pas ça. Cette voix n'avait rien de... non... Elle semblait revenir de loin. De bien loin dans ses souvenirs. Le regard de la louve redevint un éclat doré et ils semblèrent s'embuer lentement.


"Calions ?"

Le garçon semblait souffrir de ce que lui avait fait la louve mais il n'en dit rien, se contentant d'ajouter une autre phrase qui la fit cette fois réagir. Elle continuait de le regarder, en tentant de retenir le soulagement qui l'envahissait. Il n'était pas mort. Elle n'avait pas encore perdu cet homme. Cela pouvait paraître étrange qu'elle attache autant d'importance à Calions mais au fond il était le dernier piliers qui faisait d'elle une humaine. Un peu comme vos parents vous rappelle votre enfance, Calions était celui qui offrait l'espoir d'Amarra.


"En effet, la biche a du devenir plus dure pour sa survie."

Était-ce la vérité ? Car lentement des larmes vinrent caresser son visage sans qu'elle ait le courage de les chasser. Elle se sentait faible et sotte dans ce corps de loup qui n'était régie que par ses émotions. Elle avait fait du mal à son ami de peur de l'avoir perdu et d'être face à un meurtrier. Mais non en cet instant elle le voyait même si cet homme ne lui ressemblait en rien. Elle sentait que c'était lui sans savoir la cause de cette certitude.

"Toi aussi tu as changé."

Bien qu'elle avait la sensation qu'il était toujours ce même peintre loin des hommes et de tout. Il lui avait toujours donné la sensation d'être lui aussi un rêveur. C'est pour cela qu'elle se rappelait si bien de lui. ils étaient un peu semblable même si aujourd'hui nombre de choses avaient en effet changé. La rêveuse avait vu son rêve devenir un cauchemars qui désormais la suivait jusque dans son esprit et le réveil avait été aussi violent qu'une mort. Elle espérait que Calions n'avait pas eu à vivre ça. Elle espérait qu'il soit rester ce garçon au pinceau magistral qui aimait les choses simples.

"Pardon"

Elle chassa ses larmes d'un geste doux avec sa manche mais elles continuèrent de couler. Elle n'en comprenait pas la cause qui était pourtant si simple. Au fond qui écoute son coeur d'enfant. Celui qui pleure quand ton âme d'adulte d'ordonne d'être fort ? Celui qui s'émerveille de la plus douce des choses et qui s'ouvre à autrui avec l'innocence de l'amour ? La petite fille du désert était heureuse de le revoir et de se rappeler qu'elle avait eu sa place avant et donc qu'elle pouvait encore vivre aujourd'hui. Elle lui demandait pardon d'être ainsi autant d'être louve que d'être encore si fragile. Elle lui demandait pardon de l'avoir blessé physiquement et moralement... Et elle demandait pardon pour tous les autres. Ceux qui jamais ne pourront vivre à nouveau et connaitre les bonheurs simples.
En cette instant, le loup de son corps n'était plus. Elle était juste cette humaine qui avait eu le coeur sur la main, la tendresse dans les yeux et l'amour pour conviction.


"Il semblerait que je ne sois pas la seule à avoir connu des temps douloureux."

Message par Invité Mer 12 Juin - 0:16

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*Que faire maintenant ?* pensa-t-il en soupirant.

Il haussa un sourcil, encore une fois étonné. Quelques secondes seulement venaient de passer depuis qu'il était revenu et il éprouvait une sensation qui semblait impossible à décrire. Il bougeait avec un corps qui n'était pas le sien, parlait avec une voix qu'il n'avait jamais entendue et, pour achever d'imposer à son esprit un certain malaise, même sa voix mentale semblait ne pas être la même. Quelques indices cependant prouvaient que Vegeo Natus n'était plus : son intonation n'était pas la même, son regard pas exactement celui de quelques instants auparavant. C'était comme de porter un costume de très belle facture : l'endosser donnait l'impression au porteur de ne plus être lui-même et de l'être en même temps. Il bougea encore un peu, pour adopter une position qui ne ferait pas souffrir son dos. Mal lui en prit.

Crac !

Un son net et précis, qui sonnait faux. L'ancien humain fit la grimace en sentant le dos de l'élémentaire craquer. Une chose était certaine, le corps de ce dernier n'était pas aussi performant que celui qu'il avait avant : il avait encaissé le choc de plein fouet, sans aucune résistance. Une fois la douleur passée, il reporta son regard sur la jeune femme qui se trouvait en face de lui. Elle venait de prononcer son prénom, ce qui l'étonna sur l'instant : c'était tout ce dont elle avait besoin pour être convaincue ? Un discret soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres. C'était une explication complexe en moins à fournir et c'était bien mieux comme ça. Il n'avait pas beaucoup de temps devant lui. Il se demanda quand même, pendant une courte fraction de secondes, si sa présence se ressentait nettement. Après tout l'aura des gens restait quelque chose d'unique, de personnel ; était-ce la raison pour laquelle elle semblait le reconnaitre? Encore une question qui ne trouverait pas de réponse, comme toutes celles posées de son vivant.

Maintenant qu'elle savait qui se trouvait en face d'elle, Amarra semblait presque soulagée, ce qui acheva d'inquiéter le revenant. La dernière fois - la seule fois en fait - où leurs chemins s'étaient croisés, la jeune femme n'était pas comme ça. Elle n'avait jamais, lors de leur rencontre, manifesté un quelconque comportement violent, elle n'avait jamais donné l'impression d'être aussi mélancolique. Une profonde souffrance semblait l'habiter et, en se basant sur les souvenirs récents de Vegeo, Calions se fit la remarque que les trois jours sombres devaient avoir joué un rôle dans ce changement. Mais peut-être était-ce autre chose, impossible pour lui de savoir. Des larmes coulèrent ensuite sur les joues de la libraire. Lui, de son côté, ne savait plus trop quoi faire. Il était partagé entre son envie de rester pour la soutenir et son envie d'arranger les choses en vitesse, pour organiser le retour de Vegeo. Il ferma les yeux pour sonder ce qui se passait au fond de lui. Dans un coin, une petite bulle flottait dans laquelle la conscience de l'élémentaire semblait se trouver, comme mise en attente le temps que les choses se calment. D'un autre côté, la partie élément qui constituait l'esprit semblait s'agiter, se contenir. Le mot pour qualifier ce qui se passait était simple : instabilité. S'il ne voulait pas transformer cette instabilité en chaos, il devait faire vite. Combien de temps encore pour que les choses s'aggravent: cinq minutes ? dix ? quinze ? Il ne savait pas. Pour l'instant il avait le contrôle du corps, c'était déjà ça.

"Toi aussi tu as changé."

Il hocha doucement la tête. C'était le cas de le dire : de brun il était passé à blond ; de musclé il était passé à commun ; de vivant il était passé à mort. La liste semblait pouvoir continuer indéfiniment. Vivre à travers un autre avait des avantages et des inconvénients après tout. Au fond de lui, Calions savait pourtant que cette "vie" dont il disposait, là, au fond de la conscience de l'élémentaire, devait s'achever un jour ou l'autre. C'était ce qui était convenu lors du pacte : deux âmes n'en formant qu'une. Malgré tout, fusionner deux consciences en une seule semblait une tâche hautement complexe. D'autant plus que Vegeo n'avait pas les armes pour se défendre, il était encore fragile. C'était pourquoi la situation était ce qu'elle était en ce moment-même.

Elle s'excusa et les larmes continuèrent à couler sur ses joues. Il soupira une nouvelle fois, mais cette fois-ci pour une autre raison. S'il voulait intervenir au tout début, c'était pour sauver Vegeo, mais il ne pouvait pas se résoudre à repartir sans tenter d'aider la métamorphe - il ne comprenait toujours pas très bien ce qu'elle était devenue et quelle était la malédiction qui pesait sur elle. Il pouvait bien sûr la laisser avec l'élémentaire, mais il doutait sincèrement que le bougre se souvienne de quoi que ce soit à son réveil. D'ailleurs lui-même devrait trouver, le moment venu, le moyen de retourner à son état précédent. Chose plus facile à dire qu'à faire.

"Il semblerait que je ne sois pas la seule à avoir connu des temps douloureux."

Il resta silencieux quelques secondes, sans la lâcher du regard. Il se souvenait encore de cet après-midi dans la plaine, de la rivière, des transformations de la jeune femme. C'était une époque où l'amusement primait sur tout le reste, une époque lointaine qui ne l'était qu'à moitié. Il se souvenait aussi de l'insouciance qui colorait la plupart de ses journées. C'était son passé dans l'Avventura : un quotidien paisible et sans problèmes, dans lequel il avait fait quelques rencontres intéressantes. Puis les trois jours sombres étaient arrivés. Sans crier gare, les images de ses derniers jours firent surface pour la première fois. Il se souvint de son escapade forcée de sa cabane dans la forêt, quand il avait remarqué les lycans qui se dirigeaient vers la ville ; il se souvint d'avoir été traqué comme un animal par ces mêmes lycans, qui l'avaient pisté grâce à son odeur ; il se souvint du camp de survivants dans lequel il avait atterri, où personne ne voulait de son aide pour passer à l'offensive, parce qu'il était un humain sans pouvoirs ; il se souvint de sa dernière journée. Le campement en proie aux flammes, les gens hurlant, le sang, la rage, le désespoir ; les habitants de l'Avventura étendus dans les rues, qui mourraient à petit feu. Ils étaient seuls, sans personne pour accompagner leurs derniers instants. Alors il s'était dirigé vers eux, tenant leurs mains, séchant leurs larmes, écoutant leurs dernières paroles. Puis, finalement, il se souvint de la première et unique Darkness croisée, avant son ultime souffle de vie, là, dans le ciel de l'Avventura : la mort incarnée, la destruction en personne. Enfin, sa mort. Un pan entier de bâtiment s'écrasant sur lui, une vague de souffrance qu'il était impossible de qualifier, une extinction soudaine de son existence. Du moins était-ce la dernière pensée qui avait traversé son esprit. Il se mordit une lèvre. Elisabeth, la Darkness qui était la cause de toutes ces souffrances. Comment Vegeo pouvait-il se montrer clément envers elle ? Comment pouvait-il avoir de l'empathie pour cette...chose ? Comment pouvait-il lui pardonner pour ensuite tenter d'être un soutien pour elle ?

"Il faut croire que non, tu n'es pas la seule..." fit-il avec un sourire fatigué au visage.

On aurait pu penser que la mort était le moment le plus difficile. Ce n'était pas le cas. Le plus horrible, c'était le réveil : ouvrir ses yeux, se relever avec difficulté ; sentir que quelque chose est différent. Puis il avait découvert son corps coincé sous un amas de pierres, broyé. Seul un bras dépassait et le journal qu'il tenait dans ses derniers instants n'y était plus. Ses archives, prises par une personne de passage, en vadrouille dans l'Avventura. Oui, c'était le plus atroce : découvrir son propre corps. Puis le reste..en fin de compte..c'était le quotidien qu'on pouvait s'imaginer pour un esprit.

*Errer sans but..la belle affaire !*

Grâce à une bonne dose de chance, il avait ensuite rencontré ce fameux esprit de la Nature, et maintenant il était là. Il cligna des yeux pour sortir de ses pensées et passa ses mains sur sa nuque. Il regarda une nouvelle fois Amarra et décida qu'il resterait quelques instants. Après tout, il devait s'assurer que tout irait pour le mieux pour Vegeo et, si réconforter une belle jeune femme faisait office de mission secondaire, il était partant ! Il s'appuya sur le mur pour se relever, non sans mal. Ses os craquèrent, ses muscles le lancèrent, son souffle l'abandonna un court instant.

*Quelle force..je suis tout courbaturé ! Ça va lui faire bizarre de revenir à lui avec autant de douleurs !*

Avec la douleur venait la chaleur. Il regarda donc comment il était vêtu et constata que l'élémentaire était du genre sensible aux températures basses - pouvait-on s'étonner qu'un élémentaire de Nature ne soit pas un fan de la neige ? Sans aucun doute ! Malgré tout, même si le corps était celui d'un élémentaire, lui avait chaud. Il retira donc les mitaines trop grandes, les rangea dans sa poche, puis enleva finalement le long manteau noir. Un fin pull blanc se trouvait sous ce dernier, qu'il décida de garder. Il remonta ses manches et posa sa veste dans un coin. Inspirant un bon coup, passant ses mains sur son visage, le personnage devait livrer à la libraire une séance de retrouvailles bien étrange.

"Tu as de la poigne ! Je me souviens bien avoir remarqué un corps musclé lors de notre séance de nage mais bon sang ! Je veux ta recette pour des bras aussi puissants !" fit-il en frottant ses biceps - ou plutôt ceux de l'élémentaire. En fin de compte, le bonhomme n'était pas si mince qu'il le pensait.

Il plongea ses yeux dans ceux d'Amarra, bien décidé à lui redonner le sourire avant de lui parler de Vegeo et de lui demander un certain service. Il se dirigea vers elle, tout en boitant un peu. Son incapacité à se mouvoir n'était pas seulement l'œuvre de la jeune femme : c'était aussi la première fois depuis presque deux ans qu'il était dans un corps. Après quelques pas relativement maladroits, il se souvint de la façon dont on bougeait - en fin de compte c'était comme le vélo, ça ne s'oubliait pas aussi facilement. Une fois devant elle, il posa un genou à terre et approcha son visage de celui de la jeune femme, sur lequel semblaient encore couler quelques larmes.

"La nouvelle couleur de tes yeux te sied parfaitement, ils séduisent avec la même intensité que les anciens." fit-il doucement, en souriant. "Alors il va falloir me sécher ces larmes. C'est dommage de cacher autant de charme derrière de gros chagrins." ajouta-t-il affectueusement en passant son pouce sur le visage de la libraire, pour en retirer une perle d'eau.

Il se releva pour ensuite tendre sa main droite à Amarra.

"Tu viens ? On va se poser dans un coin. Je crois qu'on a beaucoup de choses à se raconter tous les deux."

Message par Invité Mer 26 Juin - 17:43

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Le jeune homme semblait peu à peu se reprendre comme s'il découvrait à nouveau ce qu'il était tandis que la jeune femme se retrouvait aussi mais d'une autre manière. Amarra venait de revoir celle qu'elle avait été par quelques mots simples et des souvenirs. Elle avait vécu beaucoup de peine et de déchirures et il avait fallu qu'elle soit forte pour tout cela. Pourtant elle restait cette même femme avec un coeur sensible et des désirs simples.
Sans le savoir elle avait le choix. Le choix de gagner ou celui de perdre ! Tout cela était au creux de sa main et si elle le voulait, tout pourrait lui appartenir. Mais l'homme ignore encore tout de ses capacités réelles. Une créature à la fois fragile et puissante pouvant être capable du pire comme du meilleur...
Mais ça tout le monde le sait et peu de gens ne le conçoivent vraiment.

Le jeune homme recouvrait donc ses capacités et répondait à la louve qui, elle se remettait tant bien que mal de ses émotions. Elle continuait de pleurer ne sachant pas pourquoi et c'est Calions qui vint à elle avec cette douceur passé et ce regard toujours aussi doux. Le même qu'à cette époque bien que la couleur de ses yeux eut changé. Mais que pouvait-elle y faire, les siens aussi avaient perdu leurs teinte sombre pour ce regard de miel pouvant devenir aussi dur que l'acier.
Pourtant en cette instant elle avait plutôt un regard humide rappelant celui d'une enfant. C'était à la fois émouvant tout en étant, il faut bien l'avouer pitoyable pour ceux qui ignorait son vécu. Mais Amarra était ainsi. Quand trop de choses venait la bousculer, elle ne pouvait arriver à tout garder...
Le garçon se pencha et sécha ses larmes de son pouce tout en lui parlant et la jeune femme ne put faire qu'une chose : se jeter à son cou. Elle le serra contre elle sans pour autant se laisser aller sur son épaule. Elle sentait sa chaleur et son corps et ce simple contact était pour elle une preuve. Il était là. Il était vivant.


"Pardon."

Elle le libéra et chassa ses larmes une dernière fois en offrant un sourire quelque peu difficile au vu de son trop plein d'émotion mais elle prit doucement la main du jeune homme et le sortit de la petite pièce. Puis elle le libéra et alla fermer la porte du magasin pour éviter les visites impromptus puis elle invita le jeune homme à la suivre chez elle. Elle le fit entrer dans son antre. Personne n'était venue chez elle depuis Nargreige. Elle lui montra le canapé ou les chaises, l'invitant à s’asseoir puis s'éclipsa et revint avec un peu de nourriture et lui proposa à boire avant de venir prendre place près de lui.
Le fait d'agir comme une hôte lui avait permis de reprendre contenance et elle se sentait désormais capable de parler plus posément avec Calions.


"Oui j'ai changé. Désormais je suis une lycan, d'où ma force quelque peu excessive. Mais toi, comment cela se fait-il que tu es ainsi ?"

Elle l'observait, car bien qu'elle n'eut rien à redire pour ses yeux et ses cheveux, beaucoup d'autres choses semblaient différents en lui. Elle ne savait pas si c'était ses souvenirs qui étaient trop flous ou si c'était autre chose. Elle voulait juste comprendre même si elle était heureuse de le retrouver malgré tous ses changement et tout ce temps passé sans le voir, le pensant envolé ou pire, mort.

Message par Invité Sam 6 Juil - 22:38

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Dans la vie, les choses changeaient souvent à une allure incroyable. Les gens évoluaient, les rues prenaient un autre aspect, les pages des livres d'Histoire s'emplissaient de nouvelles lignes. Pourtant, le fond restait toujours le même. Dans les profondeurs de chaque chose en ce monde, il y avait une peinture qui jamais ne perdait ses couleurs, une fresque dont les détails demeuraient sans jamais s'altérer. C'était très souvent observable chez les humains. Un vieil adage existait d'ailleurs qui pouvait donner un aperçu de l'idée : Chassez le naturel, il revient au galop. Oui, il y avait en chaque personne un naturel prêt à revenir à n'importe quel moment. Et encore une fois, Calions avait la preuve de la véracité du dicton. Sous ses airs de méchante adoptés plus tôt, Amarra restait cette jeune femme qui lisait paisiblement un livre dans la prairie de l'Avventura. C'était en tout cas la sensation qu'il venait d'avoir, alors que soulagée, elle s'était pendue à son cou. Lui-même était heureux de la retrouver. Il tapota donc dans son dos quand elle s'excusa une nouvelle fois, comme pour lui signifier qu'elle n'avait pas besoin de se sentir mal et que maintenant tout allait pour le mieux. Pourtant il savait au fond de lui que la joie serait de courte durée : quand Vegeo trouverait de quoi combler sa vie, lui ne deviendrait qu'un simple souvenir. C'était peut-être la dernière fois qu'il voyait la jeune femme.

*Je ne peux subsister qu'à travers la souffrance de Vegeo. Briser ce pauvre garçon, chaque jour, est la seule solution pour assurer la survie de mon âme et l'empêcher de fusionner.* songea-t-il.

Il ne pouvait bien évidemment pas se résoudre à envisager la chose. Ce n'était pas sa vie, ce n'était pas à lui de la vivre. Son regard devint tout de même plus sombre, car la faiblesse de Vegeo l'obligeait à un nouveau sacrifice : celui de vivre pour s'effacer à nouveau. Mais il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. C'est lui-même qui avait décidé de s'engager vers le monde conscient quand l'élémentaire s'était replié. Les choses étaient ainsi pour l'instant : il était fort, il devait donc protéger celui qui ne l'était pas encore. Néanmoins il ne s'inquiétait pas car au fond de lui, Calions était certain que Vegeo deviendrait quelqu'un. Il avait confiance en lui, mais avait tout de même besoin d'une assurance pour l'instant. Il porta un regard apaisé sur Amarra, alors que celle-ci prenait sa main. Il trouvait triste de la revoir tout en sachant que de nouveaux adieux se profilaient à l'horizon, c'était une personne avec laquelle il se sentait bien. Avant de quitter la pièce avec elle pour la suivre dans son appartement, il jeta un coup d'œil autour de lui. C'était dommage de laisser un tel bazar : le mur était en mauvais état suite au choc, la table était en morceaux, le sol était jonché de papiers divers. Il ne pipa cependant pas mot et laissa ses affaires en plan pour suivre son hôtesse.

Ils prirent les marches pour monter les étages. Lui en profita pour regarder autour de lui, c'était la seconde fois qu'il venait..en quelque sorte. Il comprenait bien pourquoi l'élémentaire se sentait à l'aise dans cet endroit, lui-même aurait probablement passé de nombreuses heures à profiter des odeurs et des histoires des nombreux livres. Ils arrivèrent finalement devant une porte en bois, qui coulissa pour dévoiler la demeure de la jeune femme. Cette dernière lui proposa de s'installer. Il se dirigea donc vers le canapé en promenant son regard un peu partout. En regardant sur sa gauche, il aperçut la porte de la chambre à coucher, seule pièce visitée lors de sa première venue, avant la fameuse union.

*J'ai l'impression que c'est si loin maintenant..* pensa-t-il en passant sa main dans ses cheveux.

Amarra revint quelques instants plus tard, alors que lui était posé tranquillement et que son regard vagabondait pour passer le temps. Il la détailla d'un air curieux : elle avait l'air moins fragile, beaucoup plus sauvage. Ce qui n'était pas pour lui déplaire. Cependant, il n'avait le temps ni de profiter de la beauté de la jeune femme, ni de sa sympathie. Il se recula dans la canapé et lui laissa un peu de place pour qu'elle s'installe à son tour.

"Oui j'ai changé. Désormais je suis une lycan, d'où ma force quelque peu excessive. Mais toi, comment cela se fait-il que tu es ainsi ?"

Il cligna des yeux, l'air étonné. Ses rencontres avec les lycans avaient systématiquement tourné au vinaigre et il avait du mal à imaginer la douce Amarra s'élançant sur un pauvre bougre pour le dévorer. Au fond de lui pourtant, il avait l'impression qu'elle était devenue relativement dangereuse : le naïf Vegeo, après tout, s'était retrouvé plaqué contre un mur avec une violence qui n'était pas à négliger. Pas le temps néanmoins de lui poser plus de questions, car elle aborda tout de suite le sujet de son apparence - c'était le sujet de conversation inévitable. Il avait entretenu l'espoir  fugace de reporter la conversation à plus tard, pour prendre le temps de songer à la bonne manière de lui expliquer, mais le destin et la logique ne semblaient pas vouloir lui laisser ce loisir. Il soupira en détournant son regard de celui de la jeune femme, fixant un point invisible devant lui.

"C'est compliqué..et je dois avouer avoir un peu peur de te le dire.." fit-il en baissant la tête "Ce que je vais te raconter n'est pas facile à entendre, impossible à admettre, mais si tu veux bien écouter mon histoire, si tu veux bien me faire confiance, alors tu finiras peut-être par me croire et c'est très important car tu es, sans le savoir, la seule personne qui puisse comprendre ce que je suis à présent." ajouta-t-il comme un élève récitant son cours.

Il fit une pause puis ajouta en riant d'un air mal à l'aise.

"Je fais un peu de plagiat ! C'est d'un écrivain que je lisais avant - Marc Levy. C'est pathétique à dire comme ça mais..enfin..bon je vais t'expliquer. Juste..je sais que ce sera tentant de m'interrompre mais il faudra me laisser terminer avant de parler, c'est assez compliqué à comprendre.."

Il s'enfonça un peu plus dans le canapé et commença son récit en livrant son expérience des trois jours sombres. Il lui parla de sa cabane dans la forêt vierge ; des lycans l'ayant obligé à fuir, le pourchassant grâce à son odeur jusque dans les rues de l'Avventura ; il lui raconta de ce campement qu'il avait trouvé et des gens hurlant leur souffrance dans les tentes des médecins ; puis il narra la destruction de ce même refuge. Pour terminer, il lui confia avoir accompagné les derniers soupirs de plusieurs personnes, avant de finalement croiser le chemin d'Elisabeth et celui de sa propre mort. Il resta silencieux, conscient de l'absurdité de son récit.

Entre les trois jours sombres et l'année de la naissance de Vegeo, beaucoup de temps était passé. Il continua donc en parlant de sa longue errance en tant que fantôme, et de sa rencontre avec une entité provenant de la forêt qui avait été détruite par les flammes. Il lui fit part de sa décision de lier son esprit à celui de cette entité et du résultat de cette union : un corps nouveau animé de la volonté de sauver les bois, un nouvel individu à part entière.

"Théoriquement, ma conscience et celle de l'entité devaient s'unir pour n'en former qu'une, toute nouvelle et sans aucun rapport avec nous..mais.."

Mais l'élémentaire était trop faible et l'âme instable. Pour tenter de simplifier il donna à Amarra l'exemple de l'huile et du vinaigre : les deux liquides, dans un même récipient, formaient un tout sans pour autant se mélanger, là était le problème. L'huile c'était l'entité, le vinaigre Calions, l'union des deux en une vinaigrette improbable, c'était Vegeo. Il conclut en résumant la vie du nouveau-né : sa naissance violente ; la découverte qu'il était un élémentaire ; son exil dans les bois pour maîtriser ses pouvoirs ; la tentative de meurtre d'une Darkness et un massacre qui le plongea dans la dépression et dans la rue, puis, finalement, le fait que depuis quelques temps Vegeo faisait de son mieux pour remonter la pente, en cherchant un emploi pour conquérir son indépendance (et rembourser l'homme d'église qui l'avait accepté comme invité).

"Ce Vegeo est une personne à part entière maintenant, normalement je ne devrais pas être en train de te parler, mais sa faiblesse fait qu'il n'est pas encore stable.."

Puis il n'ajouta rien d'autre, en se disant que sa crédibilité était moindre et qu'il passait probablement pour un fou. Dans un éclair de lucidité, il ajouta tout de même une donnée qui peut-être lui accorderait définitivement la confiance de la louve.

"Je ne sais pas si ça aidera à me rendre plus crédible mais..te souviens-tu d'un rêve, fait il y a de nombreux mois ? J'avais demandé à te prévenir par la voie du monde des songes..c'était mon ultime message. C'est pour ça que tu es la seule à pouvoir vraiment me croire : tu as tout vu."

Message par Invité Mer 24 Juil - 17:43

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La jeune louve l'écouta. Les paroles du son ancien ami car oui, elle le considérait comme tel, pénétrait son esprit dans un flot d'information continu. Elle avait du mal à comprendre tout cela. Le fait que Calions était bel et bien mort mais que malgré tout il était là à cause d'une vinaigrette foiré lui semblait plus qu'incroyable et elle se demandait même si ça n'avait pas plutôt un rapport avec les lightness ou les darkness. Mais elle garda le silence jusqu'au bout et même au delà.
Les dernières paroles du garçon la laissèrent pensive. Elle aurait fait un rêve sur lui...? Elle faisait tant de rêve qu'elle ne savait pas trop si c'était réellement le cas. Et quand bien même un rêve ce n'est pas la réalité après tout ! Enfin... Elle n'en était même pas sûre. Si Calions disait vrai alors il allait devoir bientôt mourir. Si l'élémentaire reprenait le contrôle, son ami irait enfin rejoindre ceux qui ne sont plus.
A cette pensée, le visage de la jeune femme s'assombrit. Elle avait le sensation de perdre encore quelque chose. Certes elle savait que le jeune homme n'avait pas choisi de mourir, bien au contraire mais en revanche il avait choisi de donner la vie à quelque chose d'autre avec ce qui lui restait de force. Et même si c'était un geste bon en soi, Amarra n'était qu'une femme et elle avait de la peine et du chagrin malgré tout. Elle soupira et détourna le regard du visage du jeune homme, cherchant à canaliser ses émotions. Elle ne voulait pas faire une crise quelconque de larmes ou de colère car elle savait que c'était son choix et qu'elle devait s'y plier. Et puis après tout avait-elle un autre choix ?
Elle réfléchit à ce qu'il lui avait dit à propos de ses rêves mais elle n'était sûre de rien et préféra donc ne rien dire dessus. Pourtant elle avait envie de parler malgré la crainte de laisser ses émotions trop transparaître. Elle expira profondément puis inspira doucement avant de prendre la parole :


"Donc si je comprends bien Végéo - c'est ça ? - doit prendre possession de ce corps pour guérir la forêt ? Ou pour la sauver tout du moins... Et toi tu dois bientôt t'en aller alors. En gros tu te sacrifies au profit d'une nouvelle vie..."

Elle venait de relever ses yeux et de les plonger dans ceux de son ami. Ses yeux d'un vert d'émeraude sur un visage d'une douceur et d'une innocence candide qui la regardait avec elle trouvait, une patience déconcertante.
Elle resta un long moment, lui semblait-il ainsi, à le regarder sans faire un geste. Gardant sa peine aux bords de ses lèvres. Malgré tout ceux perdus, elle pleurait encore pour ceux qu'elle perdrait. Elle se demandait si l'on pouvait un jour s'habituer à la mort de ceux qu'on aime... Elle en doutait sérieusement et au fond elle avait raison. On ne s'habitue jamais à ses choses là je pense. On ne peut que se contenter d'avancer en portant en nous le souvenir des êtres que l'on a chéri.
Amarra eut un triste sourire avant de reprendre.

"Ton Végéo me semble pas très ... humm. J'allais dire intelligent mais ce n'est pas ça. Il est décalé par rapport aux humains. On dirait un enfant. Et si j'ai bien compris en un sens il en est un. Tu sais le lâcher ainsi dans la nature ne va pas l'aider à grandir. Au contraire d'après ce que j'ai compris, ton protégé a pris bien plus cher qu'autre chose. Si tu veux pouvoir partir en paix, je te conseille de le confier à quelqu'un en qui tu as confiance. Car après tout c'est presque ton fils si je puis dire. Tu lui a donné une partie de toi et ta vie pour qu'il puisse vivre ce n'est pas rien."

La jeune femme avait réussi à reprendre contenance et à chasser le plus gros du poids qu'elle avait sur le coeur. Au fond son raisonnement était juste. L'on pouvait définir Calions comme l'un des "géniteurs" de Végéo et donc comme son père. Ce dernier avait offert son âme pour l'élémentaire et il en payait le prix. Mais dans un sens sa mort n'était pas vaine car il offrait à autrui une chance de vivre et Amarra avait la sensation que ça pesait lourd dans le choix de son ami. Elle pouvait comprendre son sacrifice et ça, malgré son chagrin. Et le fait d'assimiler cela lui permettait aussi d'aller de l'avant et de ne pas voir qu'une perte à ces retrouvailles. Après tout il y avait aussi un enfant dans cette histoire. Un enfant qui dormait par peur du monde. Et c'était surtout un enfant qui avait besoin d'aide.

Message par Invité Sam 27 Juil - 1:07

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Le récit avait enfin trouvé son point final. Sa vie, sa mort, son errance ; le quotidien de l'élémentaire depuis sa naissance jusqu'à aujourd'hui ; les bons et les mauvais moments ; les périodes les plus longues et les plus courtes ; tout cela était une histoire qui venait d'être contée. Calions trouvait la situation aussi ironique que triste : une existence toute entière pouvait être résumée en moins d'une heure ; le destin d'un homme pouvait tenir sur moins d'une dizaine de pages. En fin de compte, on se faisait toute une histoire de la vie et de ses épreuves ; pourtant celle-ci n'était qu'un bref moment, un grain de sable dans le désert. Son regard s'égara vers un monde qui n'était que le sien. Perdues dans le vide, la conscience de Calions et celle de Vegeo tournaient à la manière des astres, autour d'un centre de gravité dont l'origine était encore à trouver. Il cligna des yeux, sortant de cet infime moment d'absence, pour regarder Amarra. Elle semblait triste. Lui-même l'était car au fond de lui, il avait souvent évoqué le souvenir de leur rencontre. C'était dommage de devoir se retrouver dans ces conditions, c'était dommage de devoir se croiser à nouveau pour s'offrir un au revoir. Elle détourna le regard et il décida d'adopter le même comportement. C'était une situation incroyable, impossible ; c'était une histoire blessante. Il hésitait à lui demander service, mais elle était la seule personne sur laquelle il pouvait compter - il n'avait aucun autre contact fiable dans la ville. Que devait-il faire ? Il n'en avait plus la moindre idée. Tout ce qu'il voulait à présent, c'était se sortir de cette situation. Retourner d'où il venait et trouver un moyen de rendre Vegeo heureux. Il voulait le bonheur de l'élémentaire, mais ne souhaitait pas non plus laisser Amarra seule avec cette triste réalité : celle de sa mort. Après tout, il n'avait pas le droit de revenir dans sa vie et de lui imposer une nouvelle de ce genre, puis de s'en aller. Il allait lui demander de s'occuper de Vegeo ; mais lui pouvait-il s'occuper d'elle si elle en avait besoin ?

"Donc si je comprends bien Végéo - c'est ça ? - doit prendre possession de ce corps pour guérir la forêt ? Ou pour la sauver tout du moins... Et toi tu dois bientôt t'en aller alors. En gros tu te sacrifies au profit d'une nouvelle vie..."

Il remua la tête pour confirmer, puis sourit ensuite d'un air chagriné. Il se pencha en avant et empoigna sa main gauche de sa main droite.

"C'est bien ça, en quelque sorte. Mais je ne suis pas le seul à faire un sacrifice : il y a aussi cette âme de la forêt."

Il soupira, pour ensuite se reculer un peu et reprendre sa position initiale. C'était une histoire compliquée. Quand il tourna la tête, il croisa les iris de la jeune louve. Sans le quitter du regard, elle lui livrait avec silence les émotions qui habitaient son cœur. Oui, elle avait du chagrin, à cause de lui. Il voulait s'excuser mais n'ajouta rien à sa phrase précédente : pouvait-on vraiment se faire pardonner pour un acte de ce genre ? Pouvait-on vraiment trouver le pardon chez une personne qui venait de perdre quelqu'un ? La situation avait un aspect hors du commun. Une seule rencontre entre Amarra et lui, et pourtant tellement de chagrin, alors qu'il n'était théoriquement qu'un étranger. Il songea qu'il n'était pas le seul qui avait gardé un bon souvenir de ce jour-là. C'est pour cette raison qu'il en voulait au destin d'avoir dirigé l'élémentaire vers la librairie : il enlevait à leur seule et unique rencontre son caractère si poétique. Elle sourit d'un air triste et ajouta une nouvelle phrase. Calions regarda la jeune femme et, lentement, un sourire s'invita sur son visage. Il avait l'air sincèrement amusé par la remarque : complexe de se voir comme un père.

"C'est vrai oui. Vegeo n'est pas qu'un élémentaire : c'est mon héritage et d'ailleurs.."

Il baissa la tête et soupira une nouvelle fois. La conversation était singulière.

"Il n'est pas vraiment un enfant. Je sais qu'il va évoluer rapidement, mais pour l'instant il est encore assez naïf : c'est normal il est sur ce monde depuis moins d'un an. Pour le moment il est capable de survivre mais il a surtout besoin de trouver un emploi. Quand il aura ça et qu'il pourra conquérir son indépendance, tout ira pour le mieux, j'en suis certain."

Il resta en silence quelques secondes puis ajouta.

"Tu sais..il a découvert qu'il ne pouvait pas s'occuper de la forêt seul. Les pouvoirs de la darkness - celle des trois jours sombres - sont omniprésents là-bas. Un élémentaire isolé n'est pas assez puissant pour redonner vie à toute une zone. Puis le feu n'était pas naturel, donc ça n'aide pas."

Il adopta une position agréable sur le canapé et plongea ses yeux dans ceux de la louve. Il avait une drôle de sensation : la conscience de l'élémentaire semblait occupée, elle canalisait la puissance de la partie naturelle de l'âme, faisant office de soupape. Il ne savait pas pourquoi les choses se déroulaient ainsi, mais ça lui laissait un peu de temps en plus. Il regarda Amarra avec douceur et parla.

"Ma vie était assez décousue, je ne connais pas grand monde dans la ville d'Avventura. En fait, tu es la seule personne envers laquelle j'éprouve un sentiment de confiance. Tu crois que..tu crois que tu pourrais garder un œil sur lui ? Il aime bien cet endroit, il pourrait peut-être te donner un coup de main ? Il n'est pas farouche comme garçon."

Message par Invité Lun 5 Aoû - 16:43

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Elle avait écouté son ami parler. Il semblait se faire du soucis pour Végéo même s'il avait l'air de penser qu'il pourrait s'en sortir une fois qu'il aurait du travail alors qu'après il lui faisait part de ses inquiétudes concernant la forêt et les dégâts causés par la Darkness. Amarra comprenait son inquiétude, elle même ignorait les répercussions que cela engendrait pour la forêt mais elle se doutait que ça n'aurait rien de bon pour l'avenir.
Mais pour l'instant elle voulais aider Calions. Elle avait envie de répondre à ses dernières faveurs. S'il lui demandait de protéger ce garçon c'est qu'il en valait la peine. Elle l'avait agressé, certes et elle savait qu'elle avait mal agi. Mais bien que ce garçon lui ait menti, elle se doutait qu'elle ne l'aurait pas cru s'il lui avait raconté cette histoire. Mais elle savait que c'était vrai. Elle le sentait. Elle voulait croire que c'était l'humain qu'elle avait aimé pendant une chaude après midi d'été il y avait de ça plusieurs années. Un instant magique devenu un souvenirs chéri de son humanité.
Elle sourit à Végéo et se rapprocha de lui puis, d'un geste tendre elle lui prit la main avant de sourire doucement :


"Je ne pense pas être spécialement la bonne personne pour lui et je doute qu'il veuille s'approcher de moi après ce que je lui ais fait mais oui je veux bien l'aider. J'ai moi-même besoin de quelqu'un ici à cause de mon travail au Cercle donc ce sera avec plaisir qu'il pourra venir à la librairie y travailler. De plus s'il est ton protégé, sache que je l'aiderais de mon mieux quand tu ne seras plus. Je te dois au moins ça..."

Elle lui fit un dernier sourire et le libéra de sa main avant de reprendre doucement ses distances en trouvant pour excuse le fait de boire du thé en silence. Elle ignorait quand Calions allait quitter ce corps pour de bon et elle devait avouer qu'elle redoutait ce moment. Pourtant c'était inévitable n'est-ce pas ? D'ici peu ce serait l'innocence de l'enfant des bois qui reviendrait prendre possession de ce regard si triste en cet instant. Elle ne voulait pas lui faire de la peine. Elle ne voulait pas qu'il s'en veuille d'être ici à lui avouer cela alors elle lui fit un sourire avec un peu plus d'entrain et lui dit simplement :

"Je suis une louve, je protège les miens. N'ais crainte tu peux partir en paix. Même contre son gré je veillerais sur lui jusqu'à ce qu'il soit apte à se débrouiller seul."

Message par Invité Jeu 8 Aoû - 0:17

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Elle s'adressa à lui. Il regarda d'abord la main de la jeune femme, posée sur la sienne ; puis porta ensuite son regard sur son visage, où siégeaient à présent la douceur et la bienveillance. Nul doute que les chances de souffrir à nouveau étaient moindres pour l'élémentaire, maintenant qu'une louve de ce genre était à ses côtés. Il soupira et ses traits adoptèrent le masque de ces humains en paix. Il n'avait plus à s'inquiéter, il pouvait quitter ce monde sans la crainte d'un lendemain horrible pour Vegeo. Il était redevable à la libraire et s'en voulait de ne pouvoir payer sa dette correctement. Après tout, une fois les portes de l'autre monde ouvertes, il ne pourrait revenir en arrière pour lui offrir quelque chose en retour. Avec un peu de chance, l'élémentaire pourrait s'occuper de ça à sa place ; avec un peu de chance, le jeune homme allait peut-être rembourser Amarra pour ce qu'elle proposait de faire pour lui.

"Pas d'inquiétude pour les sentiments de Vegeo. Je suis certain qu'il ne se souviendra de rien, une fois de retour..dans son corps."

La jeune louve ajouta une nouvelle phrase, le silence s'installa pendant quelques secondes dans la pièce. Le monde du dehors semblait aussi quiet que la librairie. La rumeur des voitures qui écrasaient la neige n'était plus et les voix des passants, qui d'habitude craignaient de laisser le silence s'installer, étaient à présent de simples murmures dans le vent. Tout était paisible et même au fond de l'âme de Calions, un calme sans nom venait de s'installer. Un calme qui l'invitait à prendre lentement le chemin du retour. L'humain regarda la fumée monter depuis la tasse de thé et soupira. Il se pencha vers la jeune femme sans aucun mot et l'entoura de ses bras.

"Merci pour tout je.."

Il la lâcha et recula un peu.

"Je sais que c'est abrupt mais..je vais..je vais devoir partir maintenant."

Il sembla se reculer dans son siège au point de fusionner avec, puis passa sa main sur ses yeux. Il était fatigué et un nœud venait de se loger dans sa gorge et dans son estomac. Pour autant il n'était pas inquiet et la peur n'était pas maîtresse de ses pensées. Il était apaisé et heureux de savoir que finalement, il allait pouvoir se reposer. En fin de compte, de l'autre côté du rivage, il rencontrerait peut-être la raison de sa venue dans la ville d'Avventura.

*Si la force de mon âme restera ici, dans ce monde ; si ma conscience s'envolera vers de nouvelles contrées..peut-être qu'un jour viendra où nous serons ensemble..maman...papa...*

Après quelques nouvelles secondes de silence, il expliqua à la libraire que le temps était sur le point de s'écouler, que l'heure de son départ allait sonner. Mais l'élémentaire ne pouvait pas reprendre conscience ici, dans l'appartement de la jeune louve : sa conscience s'était échappée dans les étages du dessous. S'endormir dans une pièce et s'éveiller dans une autre n'était pas une chose qui pouvait s'expliquer aisément : si Vegeo ne se souvenait de rien, il valait mieux jouer la carte du silence et ne pas lui indiquer qu'il n'était pas maître dans sa propre maison ; il était plus sage de ne pas lui dire que son âme n'était pas encore totalement la sienne. La seule solution était de tout reprendre depuis le début, de retourner à cette table où la conscience de Vegeo s'était éteinte et de reprendre position. Une fois la chose réalisée, le moment des adieux viendrait réellement et le fin mot de l'histoire reviendrait à l'élémentaire, qui allait non seulement se trouver un emploi, mais aussi une amie sur laquelle compter, une personne qui pourrait l'aider en cas de besoin. Il allait enfin se trouver quelque chose qui avait l'apparence d'une famille.

Message par Invité Ven 9 Aoû - 18:11

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Ainsi donc ses retrouvailles annonçaient bel et bien une fin. Amarra offrait la paix au jeune homme et elle sentit au fond d'elle que c'est ce qu'elle devait faire. Elle savait que cela signifiait aussi le perdre complètement. Après tout maintenant qu'il savait que son protégé avait un gardien, pourquoi resterait-il ici ? ....Pour elle ? Elle eut un rire jaune au fond d'elle. Non c'était égoïste de voir les choses ainsi... Mais pourtant elle devait avouer qu'elle l'aurait voulu pour elle. Mais pour lui... une éternité de souffrance dans un corps qui n'était pas le sien ? Du chagrin à ne pas trouver la paix.... Non elle ne voulait pas cela pour lui. Elle voulait qu'il garde d'elle l'image de cette femme sous l'arbre, de cette sirène au sourire enjôleur et de cette biche au regard tendre. Elle ne voulait pas qu'il voit la louve apeurée et blessée qu'elle était devenue. Elle se devait de faire face pour les autres jusqu'à ce que la mort la cueille à son tour.
Amarra soupira doucement et regarde à son tour par la fenêtre. L'hivers était là. La neige épaisse et les nuages sombres qui lui faisait d'autant plus aimer la douce chaleur de ses lieux qu'elle considérait comme son ultime abri contre la violence du monde. Cet univers qui, aujourd'hui allait surement devenir celui d'une autre âme perdue.


*Mon amour, aujourd'hui je viens d'offrir notre sanctuaire à l'enfant de la nature. Notre nid si cher à nous. ça me fait mal. j'ai mal mais je suis aussi un peu heureuse de me dire qu'il pourra peut être sauvé un autre chat sauvage de la rudesse du monde.... J'espère pouvoir veiller sur lui, mon coeur.*

La jeune femme sentit son regard se brouillait alors que ses mots résonnaient dans sa tête en une prière muette. Des mots d'amour, de chagrin et d'espoir qui disparurent dans le silence de l'hivers. Il ne restait que ce vide qu'elle ressentait déjà. Le monde semblait suspendu à eux, attendant semblait-il l'instant de l'ultime séparation. Amarra sentit son coeur se serrer quand le jeune homme la prit dans ses bras et elle ne put lui rendre son geste, se sentant trop mal. Elle ravala sa peine et lui fit un sourire en hochant la tête.
Oui Vegeo avait raison, il fallait qu'il retourne à sa place. Elle se leva donc et lui fit signe de le suivre puis repartit en direction du rez-de-chaussé où elle avait revu Calions. Elle ne préféra rien dire, laissant le calme et la sagesse du lieu la rassurer sur le devenir de son ami.
Arrivée en bas elle se décala pour le laisser se reposer et s'approcha alors de lui et mit son visage à hauteur du sien afin de plonger ses prunelles humides mais dénuées de larmes dans celle de son ami.


"J'ignore où te mènera ce voyage. Nombre de ceux que j'aime l'ont empruntés, dont l'homme que je tiens encore dans mon coeur. Ne te perds pas en route et ne regrette rien. Sache que comme tout ceux que j'ai aimé et perdu, tu resteras en moi malgré tout."

Elle lui fit un sourire puis ferma les yeux et alla déposer un baiser sur son front. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi douce et démonstrative. Mais à ses yeux c'était un adieu et elle ne voulait rien regretter. Elle le prit dans ses bras et le serra contre elle avec tendresse, cherchant une dernière fois, cette présence qu'elle avait tant aimé, se remémorant les souvenirs passés ensemble en une si courte après midi qui, pourtant resterait l'une des plus douce et joyeuse de sa vie.
Puis elle le libéra de son étreinte, sentant un changement infime et se recula, sachant que désormais elle venait de le perdre. C'est alors à ce moment qu'elle sentit le poids de son chagrin et que ses larmes commencèrent à couler en silence.

Message par Invité Dim 11 Aoû - 17:45

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C'était finalement le moment. Peu de temps s'était écoulé et pourtant, il avait la sensation d'être dans cet appartement depuis longtemps. Son regard s'éloigna d'elle. Il venait de tout expliquer, il ne restait qu'à mettre en œuvre son départ, il ne restait qu'à quitter ce monde une seconde fois. Il l'observa se lever sans trop savoir quoi faire, elle n'avait pas le visage serein, son aura n'était pas aussi heureuse que lors de ce moment, près du rivage. On ne pouvait se surprendre de la chose à cause des circonstances actuelles, Calions s'en voulait. Revenir comme un fantôme vers une rencontre d'une journée ; lui demander de réaliser un ultime souhait alors que rien ne l'obligeait en quoi que ce soit ; c'était désagréable. Malgré tout c'était la seule solution et l'élémentaire pourrait peut-être l'aider à l'oublier, lui, qui n'était qu'une image brouillée d'un passé lointain.

Il se leva à son tour, puis s'engagea derrière elle sans un mot, sans un soupir. Le bois des marches craquait encore une fois sous ses pieds ; l'odeur des livres était encore présente et touchait chaque objet, chaque mur, chaque grain de cette poussière qui se soulevait sous ses pas. Il ne lâchait pas du regard les couleurs des pièces, se concentrait sur les sensations éprouvées en descendant, oubliait où il se dirigeait à présent. En quelques secondes seulement, le duo arriva en bas. Calions se dirigea dans la pièce du côté pour reprendre la veste de l'élémentaire, puis se posa à table, en plaçant une nouvelle fois la tasse de thé devant lui. Il soupira en se posant sur la chaise et regarda fixement devant lui : Amarra était en train de s'approcher de lui.

"J'ignore où te mènera ce voyage. Nombre de ceux que j'aime l'ont empruntés, dont l'homme que je tiens encore dans mon coeur. Ne te perds pas en route et ne regrette rien. Sache que comme tout ceux que j'ai aimé et perdu, tu resteras en moi malgré tout."

"Oh pas besoin de s'en faire, je connais déjà la route, alors se perdre n'est pas une option." répondit-il en souriant doucement.

Elle l'entoura de ses bras une dernière fois, après avoir déposé un baiser sur son front. Lui se contenta de la garder contre lui un moment, sans rien dire, pensant que les gestes étaient bien plus éloquents que les paroles. C'était étrange de devoir se quitter de cette façon. On avait la sensation de partir en guerre, en sachant qu'on en reviendrait jamais. Mais ce n'était pas un conflit violent qui se trouvait au bout du chemin, simplement l'étreinte chaleureuse de la faucheuse, qui lui offrait un avenir paisible et infini. Quand la jeune louve s'éloigna pour reprendre sa place sur le siège le regard de Calions vagabonda dans le vide pendant un instant, pour ensuite laisser un corps sans conscience sur une chaise, dans une librairie. Un courant d'air souleva la pancarte du Chat Noir, qui grinça pendant quelques secondes. C'était une mort pour une vie, une conscience pour une autre, une fin pour un début.

...

Il existe un endroit. Un endroit lointain, plongé dans l'obscurité. Un lieu sacré dans lequel nul être, qu'il soit vivant ou pas, ne peut pénétrer. Au sein de ce lieu, silencieux et obscur, où ne demeure que le sombre, retourne une ombre qui s'était échappée. Cet endroit est perdu et personne ne saurait le retrouver ; personne ne saurait l'éclairer à nouveau. Car c'est dans le vide qu'il est né et, pour toujours, c'est dans le vide qu'il continuera d'exister. La conscience d'un être emprunte un chemin invisible vers le néant, se dirigeant vers sa fin ; plus loin dans les ténèbres une bulle est suspendue, dans laquelle se trouve l'autre. Deux âmes se croisent, deux histoires se frôlent. Une fin et un début ne deviennent qu'une seule et unique chose.

...

L'élémentaire cligna des yeux et secoua doucement la tête. Pendant un court instant, sa conscience s'était dirigée vers d'autres endroits et il n'avait rien ajouté à sa phrase précédente. D'ailleurs..quelle était sa phrase précédente en fait ? Il passa sa main sur sa nuque et se souvint..avoir précisé que..Calions lui avait parlé de la librairie. Il posa sa main sur la tasse, pour ensuite la prendre et boire un peu. Le thé était froid, ce qui était étrange parce qu'il venait d'être préparé. Il y avait autre chose..la libraire n'avait-elle pas..? Elle ne venait pas de..? Il ne comprenait pas. Pourtant quelques secondes auparavant il était certain de s'être retrouvé contre un mur mais là..il était posé sur la chaise et tout était en ordre. Il haussa les épaules, tout en songeant qu'il devrait dormir un peu plus à l'avenir : le manque de sommeil n'avait pas un bon effet sur lui. Son regard s'éloigna de la tasse pour observer le visage de la jeune femme qui semblait..pleurer ?

*Que..je..mais..*

Sans bouger de la chaise, il avança sa main et la posa sur celle de la commerçante.

"Je..je suis désolé je ne pensais pas que..enfin je veux dire..ne vous inquiétez pas..vraiment il se porte bien..Calions je veux dire. C'est juste que pour l'instant il est loin et..il voulait vous saluer.."

Un doute s'élança dans son esprit. Peut-être que les larmes ne coulaient pas pour cette raison ? Peut-être que la fatigue avait aussi prise sur elle, qu'elle avait des soucis en ce moment. Il bougea doucement - et grimaça discrètement en sentant son dos craquer - et s'adressa une nouvelle fois à la libraire.

"Écoutez..vous devriez peut-être vous reposer un peu ? Allez en haut, lisez un livre pour vous changer les idées. Si vous le voulez, je peux m'occuper d'accueillir les clients ? Ça ne me dérange pas de vous donner un coup de main."

C'était la seule idée qui lui était venue en tête : s'occuper de la boutique pour donner à la jeune femme la possibilité de se poser dans un coin. Il n'imaginait pas la raison pour laquelle l'ambiance venait de changer aussi radicalement, mais il ne pouvait pas envisager de quitter le Chat Noir et de la laisser seule. Par ailleurs il n'en savait rien mais à travers cette action, son emploi d'assistant allait débuter. Avec le temps, lentement, il allait souhaiter se lier d'amitié avec Amarra, la jeune louve du Cercle qui s'était engagée à s'occuper de lui pendant un moment.

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