La journée de Lily allait bientôt débuter. Ou pour être plus exacte sa nuit de service. Avec les évènements qui avaient lieu dans la ville depuis plusieurs dizaine de jours, on assignait davantage les tours de service par faculté que part désir d’équité. C’était pourquoi, la jeune policière se retrouvait pour la troisième nuit consécutive à surveiller les rues de la ville. Le terme nuit n’était pas encore très approprié, puisqu’il n’était que 18h00 lorsqu’elle prit son service. Elle devrait donc travailler jusqu’à 6h le lendemain matin. Des nuits de 12h pour avoir les mêmes agents sur le terrain. C’était éprouvant, mais la plus part du temps, il ne se passait rien d’extraordinaire dans les rues de la ville. Ce qui était à la fois une bonne et une mauvaise chose. La bonne, c’était pour la population : elle restait saine et sauve. La mauvaise concernait les Rebelles. Où étaient-ils donc passés pour ne plus faire entendre parler d’eux après cet enlèvement massif ? Seuls quelques cas isolés faisaient l’objet de rapport de certains de ses collègues, mais rien qui rappelait cette organisation. Dans les vestiaires, mixes mais déserts à cette heure, Lily était en train d’ajuster son holster d’épaule avant de vérifier son arme de service. Des gestes qu’elle faisait avec une certaine routine mais une précision qu’on ne lui aurait pas donnée sans l’avoir vu. Elle vérifia également le deuxième jeu de recharge, balles bois. Elle laissait toujours son chargeur de balles en argent dans son arme. Certains de ses collègues laissaient des munitions dites normales, mais pour sa part, elle trouvait que cela serait une perte de temps que de devoir changer au moment fatidique. Et comme des balles restent des balles, même sur des vampires, la douleur sera assez forte pour probablement les ralentir. Bien sûr, pendant toutes ses années de service, Lily n’avait pas utilisé son arme. Elle avait un outil beaucoup plus imposant à sa disposition. Bien qu’elle regrette assez souvent son utilisation. Zehel. Elle sursauta violemment, sortant par la même occasion de ses pensées, lorsque des mains se posèrent sur ses épaules.
« Alors Lily, encore en train de rêvasser ? » La taquina son partenaire de ronde pour cette nuit encore.
« Samuel ! »
Virant au rouge cramoisie, parce qu’il avait parfaitement raison, la jeune femme passa rapidement sous ses bras, faisant signe de remettre son holster. Mais il l’a connaissait et n’était pas dupe, elle pouvait essayer de convaincre qui elle voulait, elle n’y arriverait pas.
« C’était quoi cette mine toute sérieuse que tu avais hein ? Encore en train de te demander si on va en croiser un ce soir ? »
Lily revint à son placard pour le refermer, hochant la tête dans le même temps. Ils avaient déjà eu cette conversation et il savait que même si elle était une bonne policière, la jeune femme restait quelqu’un qui n’aimait pas faire du mal à autrui. Qu’il le mérite ou non, d’ailleurs.
« On verra bien... Conrad et Dawson n’ont rien fait signaler de presque toute la journée... Des petits délits mais rien d’important. »
Après une petite dizaine de minutes supplémentaires, les deux partenaires, fins habillés de leur uniforme et prêt, sortirent du commissariat pour commencer leur service. Il y aurait encore trois autres équipes qui patrouilleraient dans les rues de l’Avventura pour quadriller le maximum de lieux. Pour l’équipe de Lily et Samuel, il allait s’agir des rues. Bondées à cette heure-ci, à cause des sorties de bureau et surement la toute fin des derniers cours. Il n’y avait plus entre les deux policiers cette plaisanterie sous jacente, il ne restait que du sérieux et leur sens du devoir. Même si cela n’empêcha pas Samuel de lancer à l’encontre de la jeune femme :
« Ce te dirais d’aller prendre un petit dej’ dans un café, après le service ? »
Il ne perdait pas une occasion de l’inviter et cela faisait plus sourire qu’autre chose. Elle n’était même pas exaspérée par son attitude, que pas mal de leurs collègues prenaient comme sujet de plaisanterie.
« On verra si tu n’es pas trop fatigué, Sam ! » Répondit-elle le sourire aux lèvres alors que ses yeux scrutaient les individus au devant d’eux.
Alors que son attention était attirée vers un jeune homme, son partenaire se fit aborder par une jeune femme, aux bords des larmes. Lily entendit vaguement qu’elle avait perdu sa fille dans la foule de personne et qu’elle venait trouver de l’aide auprès de la police pour l’aider à la retrouver.
« On se retrouve devant l’auberge dans deux heures, d’accord ? »
Après tout, ils étaient formés pour savoir se débrouiller seul et même si à deux, les recherches auraient été plus rapides, Samuel pensait que ce n’était pas nécessaire.
« D’accord ! »
Lily avait à peine tourné la tête du côté de son partenaire. La cause ? Cette silhouette, ou plutôt, ce profil lui disait quelque chose. Elle était certaine de l’avoir déjà vu quelque part. Alors qu’elle suivait plus ou moins de loin, ce jeune homme brun, la lumière se fit : l’avis de recherche. Si elle ne se trompait pas, et cela arrivait à tout le monde, il s’agissait de ce dénommé Bran. Devait-elle alerter son collègue ? La darkness se mordit la lèvre inférieure en décidant que non. Si jamais elle s’était trompée... Elle se mit à trottiner vers l’individu qui semblait marcher avec un but précis, peut-être qu’il rentrait chez lui ? Ou peut-être qu’il avait rendez-vous avec quelqu’un ? Quoi qu’il en soit, la policière arriva à ses côtés, posant sa main sur l’épaule de l’inconnu pour lui faire signe qu’on allait s’adresser à lui.
« Excusez-moi... Bran ? »
D’accord, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus formel comme façon de rentrer en contact avec un potentiel suspect, mais si elle s’était trompée, cela passerait mieux que si elle s’était mise à hurler qu’il devait s’arrêter. Et si c’était bien lui ? L’uniforme allait probablement lui mettre la puce à l’oreille...
Depuis l'incident qui s'était déroulé à l'université, où nous, Rebelles, avions kidnappé un bon nombre de pauvres et innocents citoyens -je n'en croyais pas un mot des adjectifs employés pour qualifier ces citoyens-, les rues de l'Avventura étaient quotidiennement surveillées par des hommes en uniforme. C'était certainement afin d'éviter que le kidnapping de masse organisé ne se reproduise. Mais c'était peine perdue pour les forces de l'ordre. Après cet évènement, il était évident que nous nous étions mis à carreau, histoire de peaufiner les détails de ce qui allait suivre tranquillement, sans être dérangés. Nous avions reçu pour ordre de nous faire discret, ce que chaque membre avait appliqué à la lettre. Plusieurs incidents s'étaient produits en ville depuis l'évènement Rebelle comme j'aimais à l'appeler, mais aucun de ceux-ci n'étaient rattachés à nos membres. Nous nous promenions toujours en ville, mais nos identités étant restées secrètes, nous n'avions aucune raison de nous inquiéter de notre sort. Pour ma part, tous les soirs je me promenais dans les rues sombres et polluées après les cours, tentant de faire une reconnaissance sommaire des différents hommes -et femmes- en uniforme et au bout de deux semaines, je les connaissais pratiquement tous ile me semblait. Non pas que c'était la raison première de mes promenades nocturnes, juste que je n'appréciait pas rester enfermé dans une maison trop longtemps. Mais depuis quelques temps, il semblait il y avoir de moins en moins de personnel disponible dans les rangs. Ce qui voulait peut-être dire qu'il se passait quelque chose du côté de la police aussi. Peu importait. Ce soir, comme les autres soirs, je connaissais tous les "protecteurs" de la ville qui se promenaient pour leur ronde habituelle. Et ce soir là, sous le coup de la lassitude, j'avais rabattu la capuche de mon sweat-shirt sur mes cheveux et mes oreilles et marchait les yeux à moitié fermés.
Décidant finalement de rentrer chez moi, je quittai la grande circulation pour emprunter les rues, tout aussi bondées à cause de l'heure de pointe. J'entendis distraitement des bouts de conversations, les cancans habituels à la sortie du boulots, une femme qui pleurait à propos de sa fille, les histoires d'amour et de cul des collégiens et lycéens. Sans m'attarder plus longtemps, je continuai mon chemin. Mais petit à petit, je sentis une odeur de démon devenir de plus en plus prononcé, signe qu'un darkness se rapprochait de moi. Ou plutôt une darkness. Au début, je n'y avais pas vraiment prêté attention car j'avais déjà identifié cette odeur auparavant comme appartenant à l'une des policières. Mais alors qu'elle devenait de plus en plus pressante, un bruit de pas presque précipités résonna à mes oreilles. Soupirant discrètement d'avance, je fis comme si de rien n'était jusqu'à ce que la femme arrive et touche mon épaule. Ne prenant même pas la peine d'avoir l'air surpris, je me tournai vers celle qui visiblement allait être mon interlocutrice et la regardai avec un regard interrogateur. Je n'avais rien fait d'autre que marché toute la soirée, ainsi que la bonne majorité des soirées des semaines précédentes. Rien ne me valait cette arrestation, qui pour l'instant n'avait rien d'officielle. Arborant un air tout à fait détendu et naturel, j'étais prêt à écouter l'agent. Mais lorsqu'elle prononça mon prénom après s'être excusée, hésitante, le sang ne fit qu'un tour dans mon corps. Et pendant une fraction de seconde, mon visage exprima une réelle surprise, que je tentai de dissimuler illico avec un sourire narquois et amusé.
-Ça vous arrive souvent d'interpeler des inconnus dans la rue, et tester des noms au hasard en espérant tomber sur le bon ?
C'était dit avec un ton légèrement moqueur et séduisant. Mon cerveau quant à lui tournait à plein régime afin de trouver une explication sur le fait qu'elle connaissait en effet ma personne. Et pourtant, j'étais sur et certain que je ne connaissais pas cette policière d'aucunement avant. Alors pourquoi savait-elle mon identité..? En une fraction de seconde le mot "traître" s'infiltra dans les failles de mes pensées, mais je repoussai cette idée. Aucun membre de mes rebelles ne s'en était allé, et avait commencé à révéler des informations sur ses anciens camarades. Était-ce seulement pour cela qu'elle m'avait appelé ? Ne sachant pas, je préférai continuer de jouer la comédie.
-J'espère que ce Bran n'était pas votre amant si jamais vous le connaissiez vraiment, dis-je en ricanant, je serais à la fois flattée et très inquiet pour ce dernier.
Un petit rire léger et innocent s'échappa de mes lèvres. Je découvris un sourire qui faisait honneur aux pubs de dentifrices, et prêtai attention à la demoiselle de toutes les manières dont je le pouvais.
Si elle n’était pas une policière depuis quelques années maintenant et surtout si elle n’était pas si âgée, Lily serait sans doute passée à côté de ce fugace changement d’expression sur le visage de l’homme qu’elle venait d’interpeller. Cela ne dura en effet qu’une seconde ou deux, mais elle pu voir la surprise s’emparer des traits de l’individu. Parce qu’elle savait comment il s’appelait ? Que cela l’étonnait ? Peut-être que cela l’effrayait un peu ? Mais s’il était vraiment la personne recherchée, alors elle n’était pas la pire des forces de police. Au contraire, il devait presque s’estimer heureux d’être tombée sur la plus douce d’entres eux. Mais l’homme se reprit rapidement, ce qui indiqua à la jeune darkness encore un petit détail sur lui : il avait conscience de la dangerosité de la situation. Parce que cela ne pouvait pas être autre chose. Du moins, elle ne voyait pas ce que cela pourrait être dans le cas contraire. Lily s’était reculée d’un pas ou deux, parce qu’elle n’aimait pas être trop proche d’un inconnu, même si elle était de nature naïve, elle avait vécu assez longtemps pour savoir qu’il ne fallait pas se fier à n’importe qui à longueur de temps. Et puis, maintenant qu’il était aussi près d’elle, il aurait bien du mal à s’enfuir. Est-ce que cela arrivait souvent ? Bien sûr que non ! C’était même surement la première fois qu’elle agissait comme ça ! Mais elle n’avait pas été certaine d’elle, alors elle n’avait pas pu faire autrement. Du moins, de son point de vue. C’était donc toute naturellement qu’elle secoua la tête en signe de négation quant à la question. Samuel aurait été là, il lui aurait ouvertement reproché de répondre à un potentiel suspect. Parce que ce n’était pas comme cela qu’un policier devait se comporter.
« Non mais... » Commença-t-elle à voix basse avant d’être coupée par l’individu.
Et ce qui suivit, notamment dès le mot amant, la jeune femme vira au rouge pivoine au niveau de ses joues. Pourquoi est-ce qu’il lui parlait d’amant ?! Et pourquoi est-ce qu’il lui parlait sur ce ton et avec ces yeux là ?! Et ce rire ! Lily était totalement mal à l’aise dans cette situation et il était clair que cela se voyait. Toutes les personnes aux alentours qui faisaient un tant soit attention à eux pouvaient aussi le voir. Elle et ses réactions incontrôlées, c’était toute une histoire. Que Samuel utilise ce genre de procédé était une chose, c’était un camarade, un ami et elle avait presque l’habitude mais face à un inconnu, ce n’était pas du tout la même chose ! Elle ne savait pas quoi répondre et malgré ses trois cent, elle se retrouva à balbutier des propos incompréhensibles. Des tentatives pour commencer des phrases, sans parvenir à aller jusqu’à leur fin. Ce qui donnait un spectacle parfaitement ridicule vu de l’extérieur. Alors qu’elle remettait une mèche de cheveux derrière son oreille, Lily senti son arme contre elle. Oui, elle était en train de travailler, elle ne devait pas l’oublier ! Prenant sur elle pour croiser le regard de son interlocuteur et suspect, levant un peu les yeux pour cela, elle lui répondit :
« Je... N’ai pas d’amant... »
Au moment où ces propos franchirent ses lèvres, elle détourna les yeux en se maudissant d’être aussi bête ! Ce qu’elle avait envie de se cacher en ce moment. Mais non, elle devait aller jusqu’au bout de son entreprise, quitte à ce qu’elle se ridiculise encore plus devant le jeune homme. Dire qu’il devait être plus jeune qu’elle et qu’elle réagissait comme ça simplement à cause d’un regard et de quelques paroles... Plus innocente dans ce domaine, on ne faisait pas... A son âge. Lily inspira profondément avant de se lancer de nouveau, cette fois, en faisant bien attention à ce qu’elle allait dire :
« Vous... Avez arrêté de clignoter de paupières, quand je me suis adressée à vous... Vous avez été surprit... Alors... Je pense que vous mentez et que vous êtes bien Bran. »
Bien que ses paroles étaient sérieuses et qu’elle était un peu mal à l’aise d’accuser quelqu’un de mentir, la voix de la darkness était toujours aussi douce mais légèrement plus sûre d’elle. Bien que cela ne soit pas très flagrant quand même. Elle avait toujours du mal avec ça.
« Vous voulez bien me suivre jusqu’au poste de police ? » Demanda-t-elle plus comme une proposition qu’une obligation.
Etre autoritaire, ce n’était pas dans la nature de la petite tête blonde et cela se voyait. S’il refusait, elle serait probablement obligée de sortir ses menottes et essayer de devenir plus autoritaire, justement. Mais s’il acceptait et que Natsume pouvait l’identifier comme le rebelle dont il avait donné le signalement, alors l’homme serait arrêté pour de bon et emprisonné. Son avenir jouait surement dans les quelques secondes voir minutes qui allaient suivre.
Je fus surpris de constater que la policière se tenant devant moi n'avait pas si mal réagit que ça fasse à mes paroles. Bien évidemment, je n'avais pas manqué de remarquer son regard insistant, et je savais qu'elle ne croyait pas le moins du monde les mensonges que je venais de lui sortir. Elle avait mis quelques distances entre elle et moi, je ne sus pourquoi si son but était de m'arrêter, mais je me tournai complètement vers elle. Mais d'un côté, si elle n'avait pas acheté mes bobards, il allait falloir que je quitte la scène au plus vite et que je la sème. Cela impliquait aussi tout un tas d'autres complications. Mais pour l'instant nous n'en étions pas encore là. Même à cette distance, l'odeur de darkness de la jeune femme me remplissait les narines et parvenait presque à me faire oblitérer celles -pas forcément meilleures en cette fin de soirée- des autres membres de la population. Un loup et un démon, au milieu d'une foule. Si jamais je me mettais à courir, cela me donnerait un certain avantage de me servir de cette foule. Surtout que les darkness ne possédaient pas des sens aussi aiguisés que nous autres lycans, voir même que les vampires. Enfin...je croyais. En fait je ne m'y connaissais pas énormément en pouvoirs de darkness. Je savais que ceux-ci pouvaient se servir des ombres comme maison plus ou moins, que certains pouvaient même les utiliser pour former des objets, d'autres pouvaient ramener un corps à la vie, et j'avais même rencontré un démon qui était capable de booster sa vitesse pour égaler celle d'un vampire. Peut-être leur pouvoir étaient-ils tous différents ? Mais je savais qu'ils avaient en commun que la tombée de la nuit leur était favorable. Et la nuit tombait. Triste réalité.
Mais comme dit plus haut, nous n'en étions pas encore là. À ma première question, elle secoua la tête en signe de dénégation puis commença à nier. Cependant, ne lui laissant pas le temps de continuer, j'enchaînai avec mon semblant de flirt qui n'en était pas un, l'accusant de me confondre avec son "amant". Et en un rien de temps, alors même que la luminosité était faible -ce qui ne voulait rien dire pour les êtres surnaturelles de l'Avventura en général-, ses joues se couvrirent de rouge, son coeur battant la chamade sous la gêne occasionnée par mes taquineries. Elle tenta de balbutier quelques propos qui finirent par être un méli-mélo sans queue ni tête de paroles confuses. Et j'eus presqu'envie d'éclater de rire, songeant que c'était la darkness la plus "mignonne" que je rencontrais jusqu'à ce jour. Sachant que les darkness étaient des êtres déjà morts en pratique, ils étaient imperméables aux effets du temps, et pourtant j'eus l'impression que celle-ci en était une très jeune. Le peu de passant qui s'arrêtaient quelques secondes pour nous regarder fronçaient des sourcils, étonnés. Surement devaient-ils penser que la jeune femme blonde et moi nous connaissions. Pour ma part, un sourire taquin et un sourcil interrogateur se figèrent sur mon visage en attendant que les paroles de la femme des forces de l'ordre reprennent du sens. Elle passa une main dans ses cheveux, réarrangeant une mèche et agitant une bouffée de son parfum sous mon nez à la même occasion, son geste hésita quelques secondes et je sentis les muscles de son visage et ses épaules se détendre. Comme si ce simple geste avait réussi à la rassurer. Reprenant un peu de mon sérieux, le regard de ma policière tomba dans le mien...pour m'avouer qu'elle n'avait pas d'amants. Une fois de plus, je ne pus m'empêcher de rigoler. Ce n'était pas vraiment une attitude très professionnelle de sa part. Cependant il ne fallait pas que je baisse la garde.
-Excusez moi, dis-je simplement. Ce n'était pas drôle. Je n'avais juste jamais rencontré de membre de forces de l'ordre tel que vous.
Sa gêne était touchante. Je ne me laissai pas attendrir pour autant. Faisant de même que moi, elle reprit son sérieux et s'adressa à moi avec une voix toujours douce, mais un peu plus assurée. Mois hésitante, moins gênée. Et son analyse était, ma foi, tout à fait correcte. Ce qui me fit penser que sous ses airs de petite fille innocente et timide, se cachait une excellente policière. J'aurais pu tenté de trouver un autre mensonge pour pouvoir couvrir celui-ci, mais si elle s'en rendait compte aussi, cela ne prouverait que d'avantage que j'étais bien celui qu'elle pensait que j'étais. Et même si elle n'avait pas tord, cela m'intriguait de savoir qui avait révélé mon identité, et je voulais connaître celle de la jeune femme blonde aussi. Souriant donc, de manière plus franche, je pris à mon tour la parole.
-Et à qui donc ai-je l'honneur ? Et comment Diable me connaissez-vous alors que je suis sur que je ne vous ai jamais rencontré auparavant ?
Je venais en effet de révéler que j'étais bien Bran. Mais c'était possible qu'elle ne sache rien de ma nature pour l'instant, et puis au milieu de toute cette foule, j'avais encore plein de possibilités de fuite. Tentant tout de même de réfléchir à toutes les personnes qui avaient pu découvrir mon appartenance au groupe, une seule me vint à l'esprit sur ces dernières semaines. Cela me vint comme une évidence.
-Satané darkness ! soufflai-je avec véhémence.
C'était un autre foutu démon que j'avais rencontré dans les plaines, prêt d'une petite cabane. Il avait été amoureux d'Amarra, une louve puissante mais quelque peu démoniaque sur les bords, mais l'avais tué. Il ne m'avait rien révélé sur ses sentiments pour la demoiselle, mais j'étais sur que c'était le cas. Je l'avais senti. Et je savais maintenant qu'il était membre du Cercle. Je n'avais pas eu son prénom, mais son odeur était imprimée dans mon cerveau tout comme son visage. Les dernières paroles de la policière résonnèrent à mes oreilles, ressemblant plus à une invitation plutôt qu'à un ordre. Haussant les épaules avec un sourire désolé, je secouai la tête à mon tour en signe de dénégation. Si elle m'emmenait au poste de police, j'étais quasiment sur que je reverrais la tête de ce darkness et que je finirais derrière les barreaux. Mais je n'étais pas encore prêt à finir en prison. J'avais bien des choses à faire avant cela, et il me fallait donc trouver un moyen de m'échapper. La situation devenait urgente.
-Désolé, mais je me vois dans l'obligation de refuser votre offre, madame l'agent, continuai-je avec un sourire faussement désolé.
Son rire faillit la faire encore plus rougir. Il n’y avait qu’elle pour se comporter comme cela avec un inconnu et de surcroit, un potentiel suspect. Il était clair qu’elle n’était pas tout à fait faite pour arrêter les gens seule, mais bien en binôme. Pourquoi avait-il fallut qu’elle parte dans son coin, à cause de son intuition ? Si elle ne l’était pas déjà, Lily se serait peut-être un peu maudite d’être aussi bête face à des étrangers. Malheureusement, cela faisait partie d’elle depuis trop longtemps pour qu’elle puisse espérer changer. Un faible sourire gêné prit place sur ses lèvres lorsqu’il s’excusa et enchaina sur son comportement. Pour cela, elle le croyait sur parole sans même avoir à le connaitre. Mais elle ne voyait pas quoi lui répondre, du moins, rien que l’on répond à quelqu’un que l’on soupçonne de faire parti du camp adverse. Il était pourtant si jeune, une petite vingtaine à peine atteinte, elle supposait. Et déjà, il se tournait vers ce qui était mal ? Cela attristait la jeune femme de le constater. Ce n’était surement pas une vie facile tous les jours et elle le regrettait pour lui. Elle finit par secouer légèrement la tête avant de répondre machinalement et avec son sourire sur les lèvres.
« Ce n’est rien. »
Et la taquinerie n’était pas quelque chose de punissable par la loi, encor moins à ses yeux. Il lui fallait juste apprendre -même si c’était définitivement impossible- à ne pas réagir aussi bêtement face à ce genre de sujet. Trois cent ans et toujours aussi innocente de ce côté, si on le savait, elle n’en finirait pas d’en entendre parler... Revenant à son suspect rapidement, elle écouta attentivement les paroles que prononça son interlocuteur. Il lui demandait son identité ? Lily faillit ouvrir la bouche pour lui répondre qu’il était plus poli de finir de se présenter avant de poser une telle question, mais comme elle l’avait d’abord attaqué sur ce terrain sans décliner son identité à elle, ce serait pas très honnête. Sa peur de perdre de vue le jeune homme lui avait fais perdre ses bonnes manières ? Non, cela ne se pouvait. Mais une chose ne lui échappa pas. Même s’il ne le disait pas blanc sur noir, il lui avouait qu’il était bien celui qu’elle cherchait. Bran. Elle allait donc devoir faire davantage attention, puisqu’on leur avait communiqué sa race. Un lycanthrope. Elle n’aimait pas vraiment se battre contre eux, ils étaient forts et rapides et cela plaisait un peu trop à Zehel d’être face à de telles personnes. Heureusement qu’il n’avait pas l’air de vouloir passer aux choses sérieuses !
« Je... » Commença-t-elle avant d’être coupée.
L’insulte qui franchit les lèvres de son interlocuteur lui fit froncer les sourcils. Dans les premières secondes, elle l’avait pris pour elle. Peut-être parce qu’il en avait assez de l’avoir en face de lui ? Qu’elle essaye de l’emmener au poste ? Mais après avoir examiné son visage, elle avait pu noter qu’il semblait plutôt être en train de réfléchir. Se pourrait-il qu’il parle de Natsume ? Cette optique ne lui plaisait pas plus. Et le fait qu’il semble penser savoir qui avait donné son signalement à la police, non plus. Elle ne savait pas les circonstances qui avaient mené les deux hommes à se croiser et comment cette rencontre s’était terminée, mais elle se doutait, au vue de la réaction de Bran, que ce n’était pas tout à fait en bon terme. La suite lui fit fermer les yeux. Il refusait mais restait tout de même sur place ? Déclarant naturellement qu’il ne voulait pas la suivre ? Lily n’avait aucune envie d’utiliser la force avec lui, sachant pertinemment qu’elle aurait besoin de la force de Zehel pour cela et cette idée lui donnait froid dans le dos. Mais d’un autre côté, il faisait parti de cette organisation rebelle et plusieurs dizaines de personne avaient été enlevées. La police ainsi que le Cercle avait besoin d’informations sur le sujet et qui de mieux placé pouvait les leur fournir ? La jeune darkness afficha à son tour un sourire désolé sur ses lèvres et elle l’était réellement. Désolée de ne pas pouvoir agir dans la normalité et la gentillesse avec tout le monde. Mais elle comprenait aussi le point de vue de son interlocuteur. Qui accepterait d’accompagner un agent de police lorsque l’on se savait en faute ?
« Agent Ridell. » Finit-elle par lui répondre. Cette fois, elle se rapprocha un peu de lui et tenta une dernière fois d’utiliser la manière douce pour le faire obéir. « Je vous le demande une dernière fois, Bran, venez avec moi... » Elle hésita quelques secondes et finit par ajouter, plus bas. « Je n’ai pas envie de vous faire du mal... »
Et malgré sa sincérité, elle ne pouvait faire autrement. S’ils avaient été dans un lieu moins bondé peut-être qu’elle aurait sorti son démon sur le champ, pour l’impressionner et l’arrêter. Mais il y avait encore beaucoup trop de monde pour qu’elle puisse se le permettre. Malgré tout, un mouvement rapide, presque trop même pour elle, dans sa direction et provenant de Bran, la fit réagir. Ou peut-être était-ce parce qu’elle y pensait depuis quelques minutes déjà ? Quoi qu’il en soit, alors qu’elle se reculait maladroitement, se prenant les pieds dans le trottoir, le sol se mit à trembler et Zehel en émergea. Lily se retrouva dès lors sur l’épaule de l’immense bête. Des cris de stupeur se firent aussitôt entendre autour d’eux et la marée humaine s’écarta vivement d’eux. Elle se tint aux poils du démon pour ne pas tomber, consciente que s’il se mettait à courir pour lui échapper, alors elle ne pourrait pas les suivre, elle devait donc rester à sa place. Le regard qui suivit cette arrivée et probablement aussi sa transformation physique serra la gorge de la jeune femme. Elle aussi, elle détestait cette vue...
« Ne lui fais pas de mal. Il faut juste qu’il vienne avec moi... » Murmura-t-elle à l’oreille de son démon.
Lequel se mit à rire, d’un rire froid et démoniaque, qui n’annonçait rien de bon.
« Tu penses encore pouvoir me donner des ordres petite sotte ? »
Sitôt cette phrase qui n’attendait pas de réponse formuler, qu’il se lança sur sa proie. Qu’elle s’estime heureuse, il voulait aussi se faire ce loup alors qu’il y avait tellement d’autres gens à tuer et à dépecer !
Mon rire déclencha un nouvel accès d'embarras pour la petite darkness qui me faisait face, et pendant un instant je la trouvai mignonne de s'embarrasser pour si peu. Elle avait vraiment l'air jeune, et sa capacité à s'empourprer en un clin d'oeil n'arrangeait en rien cette vision que j'avais d'elle. Mon odorat ou mes yeux étaient inutiles pour essayer de déterminer approximativement l'âge de la policière, tout comme il était impossible pour mes sens de déterminer l'âge d'un vampire. C'étaient des êtres immortels qui avaient arrêté de vieillir au moment de leur transformation. Se fier à leur apparence physique n'avait rien de fiable du coup. Cependant, si je devais me fier à son apparence physique et ce que j'avais sous les yeux, je dirais que mon interlocutrice avait tout juste la vingtaine passée. Et je n'étais pas sur que son véritable âge s'en éloigne énormément. Mais je pouvais tout aussi bien me tromper sur toute la ligne. Je m'excusai de mon comportement auprès de la présumée jeune darkness et celle-ci sourit faiblement tout en acceptant mes excuses. Puis sans crier gare, un voile de tristesse passager ombragea ses grands yeux d'un bleu ciel assez prenant. Pendant un instant je me demandai ce qui pouvait bien attrister la petite demoiselle aux traits fins : était-ce mes remarques, ou bien le fait qu'elle soit là tentant de m'arrêter, ou autre chose ? Mais avant que je n'ai pu continué mon interrogatoire intérieur cette dernière secoua la tête tout en répondant à mes excuses avec une douceur qui semblait être inhérente à sa personne. Je me fis la réflexion que cette dernière était bien différente des darkness qui aimaient semer le chaos, et que sa présence au sein de la police -force de l'ordre- me semblait bien ironique. Tout comme c'était une créature qui utilisait la lumière pour combattre qui étaient à la tête de notre groupe de Rebelle. Je ne savais pas exactement ce qu'était Jilan, mais si il y avait bien des Darkness, créature démoniaques se servant des ombres pour se battre, pourquoi pas des êtres de lumière comme des anges ? Ce qui rendait cela encore plus ironique. Un démon servant la lumière et un ange servant les ténèbres de cette ville. Ou tout du moins était-ce comme cela que le percevrait des personnes extérieurs.
Je lui demandai alors comment elle s'appelait, et pendant un instant elle ouvrit la bouche avec un air sur le visage que je ne connaissais que trop bien. Honnêtement, combien de fois les gens m'avaient regardé ainsi en me disant "C'est impoli de demander cela à quelqu'un sans décliner son identité au préalable" ou les différentes variantes de cette phrase qui revenait sommes toutes au même point : "toi d'abord !". Cette phrase commençait carrément à me fatiguer. Oui, il était vrai qu'avec un prénom on pouvait faire bien des choses, mais ce n'était pas une raison pour me sortir cette phrase à tout bout de champ. Je n'étais qu'un loup, je ne risquais pas de faire du vaudou ou une quelconque magie avec juste un prénom, et je ne connaissais personne qui était capable d'en faire que je sache -bien qu'ils n'étaient pas censés le savoir ça. Surtout que dans le cas ici présent, c'était la jeune femme qui m'avait abordé en prétendant connaître mon prénom -et c'était bien le cas-. Il était donc normal que je demande l'identité de la personne qui m'avait interpelé ainsi. Lorsque vous ne connaissiez pas quelqu'un qui vous appelait au téléphone, décliniez-vous votre identité avant de lui demander la sienne ? Non, il me semblait. Mais quittant mes fustigations internes, je remarquai que mon interlocutrice s'était ravisée, et je lui en fus reconnaissant. Réfléchissant de mon côté à qui pouvait bien m'avoir dénoncé, une idée me vint comme un coup de fouet et l'image de l'albinos démoniaque me vint à l'esprit. Alors que la jeune demoiselle aux cheveux blonds commençaient à parler, mon juron l'interrompit net, ne lui laissant pas le temps d'aller plus loin. Et bien que dans un temps elle sembla froncer les sourcils de mécontentement, elle m'observa et soudain ce mécontentement fut teinté d'une note d'inquiétude. Avait-elle compris que je parlais bien du darkness albinos et non d'elle ?
-Excusez-moi, ce juron ne vous étais pas adressé. Mais est-ce bien un darkness albinos aux cheveux blancs et aux yeux rouges qui m'a dénoncé ?
Je ne voyais pas qui d'autre pouvait m'avoir dénoncé. Les seuls autres membres qui connaissaient mon identité et pouvaient me rattacher aux Rebelles étaient justement ces membres des Rebelles. Et prenez-moi pour quelqu'un de stupide, mais étant un loup la loyauté était quelque chose à laquelle j'apportais une grande importance et j'avais du mal à imaginer qu'un de nos camarades nous ait trahi. Faust avait bien disparu pendant un certain temps, mais ce vampire était bien plus sanguinaire que je ne l'étais je le voyais mal me balancer aux autorités du Cercle. Je n'avais aucune certitude concernant L'implication de Natsume avec le Cercle, mais j'espérais bien que cette policière me donnerait ce dont j'avais besoin. Le fait que je ne voulais la suivre au commissariat lui fit fermer les yeux, comme si elle regrettait ce choix qui était mien. Relevant les paupières, elle afficha à son tour ce sourire désolé qui n'était que le miroir du mien mais qui cachait une certaine détermination. Même si elle semblait vraiment désolé. Mais en même temps, à quoi s'attendait-elle ? A ce que je me rende au commissariat avec elle sans même protester un peu ? Je savais qu'elle avait une arme sur elle et avec un peu d'attention de ma part je pouvais flairer les balles en argent qui y reposaient. J'étais assez sensible à l'odeur de ce métal pour pouvoir le flairer même à travers le renflement du vêtement de la policière. Au bout du compte elle finit par me donner un nom, se présentant comme l'agent Ridell, tout en se rapprochant de moi. Ridell disait-elle ? Ridell...Non, c'était impossible. Il me semblait que notre estimé chef Jilan était le professeur Ridell, enseignant à l'université. Était-ce une simple coïncidence ou bien était-il bien apparenté ? Voilà encore qui rajoutait à l'ironie de la situation. Un homme lightness à la tête des Rebelles possédant un autre membre de sa famille darkness à la solde du Cercle. Je fus presque tenté d'éclater de rire. Mais les paroles qui suivirent recelaient une menace -hésitante, mais menace quand même- qui me passa l'envie de sourire. Si elle savait mon identité de la bouche de ce darkness, elle devait aussi certainement savoir ma nature. Le fait qu'elle profère ce genre de douce menace me fit penser qu'il ne fallait pas que je sous-estime ce petit bout de femme.
Loin de vouloir la blesser, je profitai du fait qu'elle se soit rapprocher de moi pour me défaire de son arme la plus dangereuse actuellement pour ma part. En un mouvement extrêmement rapide qui surpris la policière, je fis pousser mes griffes et frappai en direction du renflement de son uniforme où son arme de service reposait. Sans blesser ni même érafler la darkness, mes griffes s'accrochèrent au fusil pour venir déchirer le holster qui retenait l'arme à feu et envoyer cette dernière au milieu de la foule. Surpris par mon geste, la darkness se recula maladroitement. Mais alors que tout cela se passait très rapidement, un tremblement de terre se fit ressentir. Et une seconde plus tard, la darkness se retrouvait sur l'épaule d'un grand méchant démon. Passant la surprise, je reniflai et je détectai par dessous la flagrance de démon l'odeur de canidé du méchant monstre à l'air sadique et mes yeux virèrent au doré. Deux boules de poils sur le même territoire, ça annonçait un petit combat. De son côté, l'agent Ridell avait viré pâle comme un cadavre et ses yeux pleuraient des larmes du liquide de vie. Les cris de stupeur des passants ne tardèrent pas à se faire entendre, et une soudaine odeur massive de peur vint chatouiller mes narines, faisant le loup à l'intérieur lâcher les babines.
-Alors voici ta vraie forme...
Mes yeux n'avaient pas retrouver leur couleur naturelle et ça ne risquait pas d'être le cas avant que cette boule de poil démoniaque avec des cornes ne disparaisse. Par ailleurs, j'avais conscience que tous ces cris et la foule qui commençait à se mouver en masse pour échapper au conflit qui se profilait à l'horizon allaient alerter les autres policiers en faction aux alentours. Et bien que je désirais ardemment en découdre avec cette boule de poil, je devais d'abord éviter de me retrouver encercler par les forces de l'ordre. La forêt me paraissait un endroit bien plus approprié pour poursuivre cet affrontement. Malgré les bruits aux alentours, je perçus clairement les murmures de la policière aux oreilles de son loup démoniaque et souris à ce propos. Autant la requête de l'agent Ridell ne me surprenait pas, autant le rire et la réponse du démon ne m'étonnèrent pas plus que ça non plus. Car bien que la darkness semblait douce, c'était tout l'inverse de ce démon qui empestait la malveillance et la soif de sang.
-Le louveteau n'a pas l'air très obéissant on dirait, raillai-je avec un sourire arrogant.
Mais sans attendre plus longtemps, le grand loup brun cornu et démoniaque s'élança vers moi avec une vitesse qui n'avait rien à envier à celle d'un lycan. Ses griffes passèrent littéralement à un cheveu de ma tête, alors que je plongeai sur le côté pour éviter sa patte griffue. Je ne doutai pas que ce dernier allait perdre son temps en blabla et allait continuer à me charger. Prenant donc la direction du pistolet que j'avais envoyé plus tôt, je piquai un sprint, ramassant l'arme au passage et me ruant dans les ruelles.
-Une petite course petit démon ? lâchai-je tout en courant.
L'arme que j'avais ramassé n'allait pas servir contre mon adversaire, non. Je la tordis sans ménagement, la rendant par la même occasion inutile, et la balançai à travers la fenêtre d'un bâtiment tout en filant à toute vitesse entre les ruelles. Par chance, il se trouvait que la direction par laquelle j'avais envoyé l'arme de la policière semblait être le chemin le plus court vers la forêt. L'adrénaline courait dans mes veines, brûlant dans mon corps et me donnant cette sensation vivifiante que j'appréciais tant. Le loup blanc qui se tapissait à l'intérieur de mon corps remuait dangereusement près de la surface, impatient de sortir et d'affronter le monstre.
Un faible sourire se dessina sur les lèvres de la darkness quand l’excuse du lycanthrope franchit ses lèvres. Après avoir supposé qu’il ne s’adressait pas à elle, ce n’était pas tout à fait nécessaire, mais elle apprécia le geste, beaucoup. Mais la suite, Lily ne voulait pas répondre à la question que venait de lui formuler son interlocuteur. D’abord, parce qu’elle n’avait pas le droit de donner ce genre d’information au principal intéressé, il s’agissait d’une enquête de police et un avis de recherche. Ensuite, parce que les deux hommes, à savoir Natsume et Bran, se connaissaient, au moins de vu pour que le premier ait donné des informations concernant le second et elle ne voulait pas qu’il y ait des représailles sur le premier des deux individus. Secouant d’abord la tête doucement, elle notifia au jeune homme qu’elle en était désolée mais qu’elle n’avait pas le droit de répondre à cette question. Ce qui était la stricte vérité.
Une fois sur l’épaule de Zehel, Lily prit alors connaissance qu’il lui manquait un poids sur le côté gauche de son corps. Sans avoir besoin de poser sa main pour s’en assurer, elle sut qu’il lui manquait son arme de service. Si elle ne la retrouvait pas avant de rentrer au commissariat, elle allait se faire enguirlander par son supérieur pour ne pas avoir fait attention à ses affaires. Malheureusement, elle ne pouvait pas perdre du temps à chercher l’objet des yeux, surtout avec la foule qui commençait dangereusement à s’agiter autour d’eux. Vu de l’extérieur, elle passerait probablement pour la méchante de l’histoire, notamment à cause de son physique et de la présence de son démon près d’elle. Une malédiction qu’elle ne pourrait jamais se défaire. Elle afficha un faible sourire, à la fois désolé et gêné de se montrer ainsi, mais la surprise et la peur de le voir agir aussi vite à son encontre, l’avait fait réagir aussitôt. Si tout se passait bien, ou du moins, pas trop mal, elle s’excuserait auprès de Bran. Une fois que ce dernier serait au poste de police. Parce qu’elle ne perdait pas pour autant de vue son objectif premier : ramener le suspect pour être interrogé. Un si jeune suspect... La pic du loup concernant Zehel la fit sortir de ses pensées alors que l’intéressé riait de nouveau de son rire mauvais. Il n’avait pas besoin qu’on lui parle de la sorte pour qu’il ait envie d’en découdre. Ce petit morveux ne faisait que précipiter sa fin. Mais peut-être qu’il aurait la chance d’être son jouet. Quelques minutes. Avant qu’il ne termine comme toutes ses autres proies : en morceaux. Le démon se délectait déjà de sentir la chair et les os de ce morveux se déchirer sous ses crocs. Que de plaisir en perspective ! Lily, elle, n’était pas du même avis et elle ne le laisserait pas faire, dans la mesure du possible. Elle ne voulait pas le tuer, comme elle ne voulait jamais tuer personne, ils avaient besoin de cet individu, vivant. Blessé dans le pire des cas, mais cela devait s’arrêter à ça. Elle poussa un petit cri quand la patte de Zehel frôla la tête de Bran.
« Ne le tues pas ! » S’écria-t-elle alors que le démon était déjà à la poursuite de sa proie.
Quand elle vit l’objectif du lycanthrope, Lily se mordit la lèvre inférieure. S’il tirait avec... Elle ne voulait pas voir de civils et innocents se faire blesser par sa faute. Mais un soupir de soulagement lui échappa lorsqu’elle vit qu’il la rendait inutilisable. Cela ne l’épargnerait pas face à Vince mais au moins, il n’y aurait pas de blessés collatéraux et c’était tout ce qui lui fallait.
La darkness remercia mentalement le jeune suspect de s’enfuir, de prendre la direction de la sortie de la ville. Ce n’était surement pas pour les mêmes raisons, mais ils étaient d’accord sur un même point : il ne fallait personne autour d’eux. Lui, probablement pour ne pas avoir de témoin ou de force de l’ordre en renfort pour Lily. Elle, pour ne pas voir Zehel changer de cible ou prendre des passants comme moyen de l’atteindre plus facilement. Dans le fond, elle se fichait de la raison, le temps qu’ils ne se retrouvaient que tous les trois. Les mains de la policière serraient les poils raides et rêches du démon pour ne pas tomber face à la rapidité qu’ils mettaient dans cette course.
« Cours petit, cours ! »
Zehel jouait et elle le savait. Sous forme humaine, il n’était pas possible à un lycan de le distancer. Cela signifiait donc qu’il en faisait exprès de ne pas courir aussi vite qu’il le pouvait. Surement pour fatiguer un peu sa proie, ou simplement par plaisir de la voir courir devant lui, pensant peut-être pouvoir lui échapper. Si jeune et si impertinent. Ca méritait d’être puni comme il se doit ! Une fois arrivés aux abords de la forêt, la bête accéléra le pas et vint faucher une jambe de sa proie. Non pas pour le faire tomber mais bien pour lui faire comprendre qu’il ne riait plus, que les choses sérieuses allaient maintenant commencer et qu’il était là, assez proche de lui pour le toucher. Pour le moment, la jeune femme n’intervint pas. S’il n’était pas blessé mortellement -et il en fallait pour faire face à un lycan- elle laisserait faire Zehel.
« T’attends quoi pour être sérieux petit con ? Que je te démembre ? » Cracha le démon avec délice.
Ils s’enfonçaient de plus en plus dans la forêt alors que les premiers signes de l’utilisation de la créature se faisaient sentir chez la jeune femme. Elle avait quinze minutes devant elle, trente si elle mettait sa vie en jeu... Mais elle ne pouvait pas se le permettre et elle le notifia à l’intéressé par un simple.
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par Invité Mar 3 Mar - 16:23
