| par Invité Mar 15 Oct - 22:57
| Ne jamais refuser de défi ? Après s'être autant démenée pour lui tenir tête, voilà que l'humaine avouait son penchant pour le goût du risque ? C'était un peu prétentieux de sa part car, à moins qu'elle n'ait d'autres talents cachés que son caractère hautain et froid comme toute défense, Séréna n'irait pas loin dans cette ville. Le Lightness en savait quelque chose, pour côtoyer des créatures aux desseins bien moins louables que les siens, puisqu'il acceptait de recruter cette femme faible et sans pouvoirs apparents. Quand il en arriva à cette conclusion, Jilan dut se retenir pour ne pas soupirer. Faible... ? Elle venait de prendre le dessus sur un lycan -un peu trop sûr lui- tout en faisant venir à elle, le second des rebelles après avoir malmener sans pitié un prétendu voyou. Il était certain que l'humaine n'égalerait jamais la force ou encore la rapidité, atouts de certaines créatures mais elle savait comment parvenir à ses fins tout en tirant son épingle du jeu. Conscient qu'il s'était perdu dans ses pensées avant de pouvoir le faire complètement, le jeune professeur reporta son attention sur son interlocutrice. En réalité, il ne l'avait jamais quittée des yeux, par méfiance ou simplement par prudence ? S'il passait -pour le moment- la familiarité de Séréna sous silence, il devait reconnaître qu'elle n'avait pas -pour une fois- tort dans ses propos. Effectivement, si les forces de l'ordre avaient reçu des témoignages d'agression et que son portrait avait été donné... Se serait comme se livrer directement au commissariat le plus proche que de tenter d'infiltrer le Cercle. Et le Lightness doutait que sa supérieure directe apprécia la démarche. Qu'en était-il réellement alors ? Il faisait en sorte de ne pas laisser de témoin lorsqu'il tuait, ce n'était pas pour rien. Le seul qui y ait réchappé c'était... Jilan ferma les yeux pour éviter que l'humaine n'aperçoive une trace d'irritabilité. Car oui, se souvenir de ce qui s'était passé dans cette ruelle, petite escapade qui avait plutôt bien commencé après que la louve ait débusqué le garçon jusqu'au moment où il leur avait échappé in-extremis grâce à deux facteurs féminins, ne lui plaisait pas. Et puis que Séréna avait déjà essuyé une tentative de meurtre de sa part -oui parce qu'il n'y avait pas d'autres termes pour décrire le choix du jeune professeur-, il doutait qu'elle accepta de prolonger l'entrevue, ou même de maintenir son souhait de rejoindre le groupe armé si elle devait encore essuyer une trace de sa mauvaise humeur. Donc, effectivement, si le gamin avait été porter plainte contre lui et Kyarra, il ne faisait aucun doute que les policiers avaient de quoi les retrouver facilement. Il faisait nuit lorsque l'agression avait eu lieu, la peur avait peut-être altéré les souvenirs de Natsume et si le physique de sa complice pouvait passer pour banal, le sien en revanche... Yeux hétérochromes, chevelure écarlate... Difficile pour les forces de l'ordre de demander détails plus frappants. Le Lightness devait-il pour autant renoncer à son plan ? Si la louve en avait été informée, sa réponse aurait pu être affirmative. Elle disait avoir besoin de lui, comme conseiller, non comme appât derrière les barreaux. Pourtant, la spécialité de la jeune femme en face de lui se résumait à faire des faux papiers. Du moins, du peu qu'il avait appris d'elle. Peut-être serait-elle capable de créer de nouvelles identités pour les membres qui souhaitaient pouvoir se déplacer -et tuer- en toute tranquillité. C'était un atout à ne pas négliger mais dans ce cas là, autant mettre un terme à cette entrevue non ? Puisqu'il n'était pas dans son intention d'aller retrouver des connaissances pour que cette femme lui fournisse une preuve de son habilité en tant que faussaire. Toutefois, les derniers mots de Séréna lui arrachèrent un sourire et le jeune professeur consentit à soulever ses paupières pour lui jeter un regard. Lui ? Se trahir ? C'était bien mal le connaître. S'il n'était pas né avec des caractéristiques physiques si particulières, les choses auraient certainement été plus faciles. Mais qu'en auraient dit ses conquêtes dans ce cas ?...
« Je ne suis pas dans cette catégorie. Le temps permet à qui veut de peaufiner ses techniques. Il faut simplement se donner la peine d'apprendre pour ne pas se trahir. »
Voilà qui était dit. Cela faisait pompeux ? Arrogant ? Tant pis. On ne lui ferait pas prétendre le contraire, d'autant qu'il se savait être un bon manipulateur. Jilan ne pouvait pas cacher certaines choses, notamment contre les créatures avec de meilleurs sens que les siens mais il pouvait toujours induire en erreur. Kyarra en avait été la première surprise quand elle avait appris pour sa race. Un Lightness du côté des rebelles n'était pas une chose courante d'après ce que le jeune professeur avait pu comprendre, ce qui ne ferait que renforcer le doute dans l'esprit de ses interlocuteurs futurs. Si toutefois, il avait la chance d'en rencontrer faisant parti du Cercle... Bon, et maintenant ? L'humaine semblait prête à accepter sa requête mais certainement pas ici. Allait-elle prendre les devants et lui proposer de poursuivre la conversation ailleurs ? Les alentours ne manquaient pas de bars, cependant, la tenue de la jeune femme pourrait en surprendre plus d'un. Surtout si on la voyait en compagnie d'un homme, à tous les coups, les rumeurs iraient bon train. Ce qui ne dérangeait pas tant que ça Jilan, il n'était plus à une femme près mais si l'esprit de son interlocutrice était aussi aiguisé que sa langue, elle risquait de ne pas apprécier l'image qu'on se ferait d'elle. Contre toutes attentes, cette dernière crut bon de demander de nouvelles précisions concernant son futur proche. Ainsi, elle ne semblait pas pressée de se mettre au chaud, malgré les tremblements qui secouaient parfois son corps tout entier ? A la question de savoir comment elle pourrait s'assurer que son interlocuteur tiendrait parole, le Lightness n'eut pas à réfléchir une seconde pour répliquer immédiatement :
« Vous n'aurez pas le choix. Vous voulez vous faire un nom n'est-ce pas ? Bossez pour les rebelles à travers moi et il n'y aura pas de problèmes. »
Le regard hétérochrome se planta dans les iris de la jeune femme tandis qu'il achevait de parler. Elle pouvait y lire O combien il était sérieux et qu'aucun point de son discours ne serait discuté cette fois. Si quelque chose ne lui convenait pas, il était encore temps de rejeter son offre et de voir ses ambitions à la baisse. Cependant, un détail, dans les yeux ou la posture de l'humaine, confirma à Jilan qu'elle ne reviendrait pas sur sa décision. Un bon point pour elle. Elle venait purement et simplement de rallonger sa durée de vie. Une sorte de sursis en attendant de s'assurer qu'elle valait bien ce qu'elle prétendait valoir. Même si une pointe de méfiance pouvait se lire dans le regard de Séréna, cette dernière reprit la parole, contraignant par là, le Lightness à redevenir simple auditeur. A plusieurs reprises, la réplique de son interlocutrice le fit sourire mais c'était davantage un sourire disant qu'il la rejoignait dans ses propos, que pour se moquer d'elle ouvertement. Lorsqu'elle évoqua le lycan toujours au sol, presque au corps-à-corps avec le dénommé Edge, le jeune professeur se retint de soupire encore une fois. Il l'avait oublié celui-là. Effectivement, il lui serait difficile de raisonner l'homme, qui devait probablement fulminer de s'être fait avoir par une femme. Lui expliquer que, désormais, elle allait bosser pour eux, risquait de ne pas lui plaire. Et Jilan avait tout, sauf envie de devoir faire entendre raison à son subordonné en argumentant pendant des heures. Puisqu'ils avaient convenu de se séparer en cas de rencontre indésirable avec les forces de l'ordre, l'autre n'y verrait aucun inconvénient que le Lightness quitta la ruelle sans lui. Dans le pire des cas, une petite mise au point aurait lieu directement dans la Grotte. Mais alors qu'il allait approuver la démarche de son interlocutrice, cette dernière reprit alors la parole et les propos qui suivirent ne lui plurent qu'à moitié, voir pas du tout. Ainsi, l'humaine s'opposait catégoriquement à la manipulation, même consciente ? A cela, Jilan eut l'envie folle de lui rire au nez. Avait-elle seulement conscience qu'il jouait principalement de cette carte et ce, depuis le début de leur rencontre ? Cela risquait certainement de ne pas plaire à l'intéressée mais que pouvait-il bien y faire ? Le mensonge était une question de gênes chez lui. Au fond, le Lightness aurait pu lui répondre quelque chose, n'importe quoi, soit pour la faire enrager, soit pour lui insuffler un peu de confiance. Mais il se contenta de lui adresser une expression parfaitement neutre en guise de réponse, signe qu'il avait compris le message... Sans pour autant lui donner sa parole. Devait-il l'avertir qu'au sein du groupe terroriste, seule la loyauté envers le leader était reconnue des membres eux-mêmes ? Le reste n'avait d'importance que si l'on était suffisamment fort pour l'imposer à autrui ? De toutes manières, si la jeune femme était amenée à côtoyer d'autres recrues, au sein ou en dehors des murs de l'organisation, certains pourront l'avertir au sujet de la manière de procéder du second de la louve. A Séréna de se faire sa propre opinion ensuite. Il ne serait pas celui qui la retiendrait contre sa volonté. Si son interlocutrice sembla lui lancer une ultime pique au sujet de la tournure de la soirée, à savoir si l'homme préférerait reporter leur entretien pour s'occuper d'affaires plus urgentes, Jilan y répondit par un haussement d'épaules. Mais puisque cette réponse gestuelle ne suffirait pas à renseigner la jeune femme sur ses réelles intentions, Jilan pivota sur lui-même pour venir la rejoindre, puis la dépasser alors que l'humaine avait pris la direction de l'avenue principale, non sans lancer un dernier regard en direction de ses complices présumés. S'il leur faisait confiance pour tenir leurs langues respectives en cas d'arrestation ? On pouvait dire que oui car ils savaient de quoi il était capable dans le cas contraire... Une fois bien en vue sous les lampadaires blafards, le Lightness leva le bras pour faire s'arrêter un taxi. S'il avait une idée de la destination ? Pas la moindre. Mais s'éloigner rapidement de cet endroit semblait être la meilleure chose à faire pour le moment. Quitte à ce que la voiture ne les déposa que quelques rues plus loin, à l'entrée d'un bar ou d'une discothèque. Après avoir laissé Séréna s'installer du côté de son choix à l'arrière du véhicule, le jeune professeur prit machinalement la place de l'autre côté du taxi. Un regard suffit pour que son interlocutrice décida de la direction à prendre. Quand elle indiqua celle du quartier résidentiel, l'ombre d'un sourire passa brièvement sur le visage de Jilan. Elle optait pour chez elle en fin de compte ?
D'un bref mouvement de tête, l'homme au volant acquiesça sans même lâcher un mot. Encore un qui pensait que savoir faire son métier excluait le fait de se montrer poli... Le trajet se déroula en grande partie dans le silence le plus complet. Pourquoi en grande partie et non complètement ? Et bien, les deux seuls échanges dignes de ce nom, furent lorsque l'humaine donna l'endroit où ils souhaitaient être emmenés et celui où le Lightness paya leur chauffeur. Le reste du temps, chacun demeurait aux prises avec ses pensées. Le jeune professeur s'était contenté de fixer le paysage qui défilait de l'autre côté de la vitre, au fur et à mesure que le taxi les rapprochait de leur destination. Entre temps, il s'était mis à pleuvoir mais cela ne dura pas, heureusement. Les gouttes s'écrasaient sur la vitre, rendant celle-ci floue, donnant parfois aux passants malchanceux qui tentaient en vain d'éviter l'averse, des allures de monstres étranges. Tout en demeurant silencieux, Jilan réfléchissait à ce qu'ils pourraient bien se dire. Ils étaient loin d'être sur la même longueur d'ondes tous les deux et il doutait d'avoir la patience pour de nouvelles joutes verbales avec la jeune femme. D'un autre côté, elle venait, probablement sans le savoir, de le rapprocher de son domicile, ce qui lui permettrait de s'éclipser rapidement si l'envie de reporter leur conversation revenait à la charge. Une fois arrivés, il laissa volontiers son interlocutrice servir de guide pour se rendre jusqu'à chez elle. Après avoir passé un peu de temps à l'intérieur du véhicule, le Lightness pouvait à présent se rendre compte à quel point le temps s'était rafraîchi avec la progression de la nuit. Pas étonnant que l'humaine désira se réchauffer au plus vite, vêtue comme elle était contrairement à lui. Sans grande surprise, le chemin jusqu'à son appartement se fit lui aussi dans un silence presque religieux. Ni l'un, ni l'autre n'avait l'envie d'ajouter quelque chose semblait-il. Et c'était tout aussi bien. Les divergences d'opinion surviendraient bien assez tôt. C'était du moins le sentiment qu'avait le jeune professeur concernant la suite des événements entre eux. Après que sa guide improvisée l'eut fait rentré dans sa demeure, Jilan s'autorisa quelques pas à l'intérieur, dévisageant les lieux sans laisser paraître enthousiasme ou ennui sur les traits de son visage. Pas un commentaire ne franchit ses lèvres, à croire qu'il n'avait pas suivi Séréna pour le plaisir mais pour le travail. Toutefois, il s'autorisa une remarque pour ce qu'il croyait, être la raison de ce retour au chaud proposé indirectement par son interlocutrice alors qu'ils se trouvaient toujours dans cette ruelle aux effluves de meurtre.
« Ne vous préoccupez pas de moi si vous désirez vous changer. Des femmes, j'en ai vu d'autres. Au point où j'en suis, je peux bien vous consacrer encore une heure ou deux, afin de satisfaire votre curiosité qui, je n'en doute pas, ne peut être que malsaine. Si vous acceptez toujours de me procurer de faux papiers bien entendu. »
Le sarcasme était de mise semble t-il, saurait-elle le percevoir ou bien le prendrait-elle au mot ? Tout en souriant, le Lightness s'approcha de ce qui ressemblait être un petit canapé pliant, sans doute pour accueillir des clients importants ou simplement envahissants, pour s'y asseoir. Sans gêne lui ? Peut-être que Kyarra commençait à déteindre sur lui toute compte fait... Mais s'il avait opté pour cette position, c'était surtout pour ne pas avoir à attendre debout si la demoiselle se décidait à prendre son temps. Le jeune professeur se moquait bien des questions qui pourraient lui être posées. Si Séréna avait besoin d'informations pour réaliser des preuves convaincantes, alors il se plierait au jeu, du moment que celui-ci ne dura pas trop longtemps. La jeune femme ignorait encore sa race, elle pouvait donc pas prétendre à de l'intérêt pour son retour à la vie ou ce qui avait constitué sa vie d'avant. Et surtout, Jilan se réservait le droit d'user de jokers si l'humaine se montrer un peu trop...insistante. |
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